L’évêque d’Anvers en remet une couche (08/04/2012)

1194991884264.jpgDécidément, l’évêque d’Anvers Johan Bonny aime s’épancher dans les médias. Voici quelques semaines, il avait communiqué dans la presse flamande  -le « Standaard » et le  « Morgen »- son point de vue fort positif concernant la pièce provocante de Castellucci « Sur le concept du visage du Fils de Dieu » qu’il avait été voir au Singel d’Anvers, le 4 février 2012.

Mais Mgr Bonny a encore d’autres flèches dans son carquois. Pour Pâques, c’est à nouveau dans le « Standaard » qu’il a choisi de s’exprimer en reprenant, avec quelques précautions oratoires qui ne trompent personne, une antienne bien connue du psautier moderniste :

"Je crois en la valeur du célibat sacerdotal déclare Bonny. Je ne la remets pas en question. Dans une société de consommation comme la nôtre, où la sexualité est parfois banalisée, le célibat des prêtres peut revêtir une valeur particulière en tant que signe prophétique.

 Mais j'aimerais également ordonner prêtre des hommes mariés si c'était possible", a indiqué l'évêque. Les prêtres mariés peuvent être un enrichissement pour le service pastoral, selon l'évêque. "L'ordination des hommes mariés existe déjà dans les Eglises de l'Est, comme en Ukraine ou en Roumanie par exemple. Par ailleurs, l'Eglise catholique accepte les hommes mariés qui étaient pasteurs dans l'Eglise protestante avant de se convertir au catholicisme".

La question des prêtres féminins est plus complexe. "Ordonner ou non des hommes mariés, c'est une question de droit canonique. L'ordination de la femme est un dossier aux implications théologiques. Cela touche à l'interprétation tant de la bible que de la tradition. Dans notre pays, l'ordination de femmes serait acceptée. Mais à l'échelle mondiale, il s'agit d'un dossier lourd. Les femmes demandent, à juste titre, plus d'implication. Dans la mesure du possible, j'essaie de nommer des femmes engagées à des postes à responsabilités". Voir ici : L'évêque d'Anvers aimerait pouvoir ordonner des hommes mariés prêtres

Cette prise de position n’est pas neuve : lors de la révélation de l’épidémie pédophile des années conciliaires, trois évêques flamands, dont deux récemment nommés par Benoît XVI, Mgr Bonny himself (Anvers), Mgr De Kesel (Bruges) et Mgr Hoogmartens (Hasselt)  avaient déjà saisi  la balle au bond pour faire des amalgames, afin de rompre une lance en faveur de l’ordination des femmes et des hommes mariés. Dans une interview à la radio flamande VRT, Mgr De Kesel déclarait (18 septembre 2010): « Je pense que l'Eglise doit se poser la question de savoir s'il convient de conserver le caractère obligatoire du célibat » et, poursuivant sur sa lancée: « on pourrait dire qu'il y a des prêtres célibataires mais que des personnes pour lesquelles le célibat est humainement impossible à respecter devraient aussi avoir la chance de devenir prêtre » pour conclure: « la discussion sur le célibat [des prêtres] pourrait avoir une suite bien plus rapide que celle sur l'accès des femmes à la prêtrise" ». 

Et, ramant à la suite du bateau épiscopal néerlandophone, le P. Charles Delhez s.j. lançait le 27 février suivant dans « Dimanche » (le journal des paroisses francophones) :

« (…) Dans l’Église latine, on n’ordonne prêtres que ceux qui font la promesse de rester célibataires. Ne pourrait-on cependant pas imaginer, dans l’Église latine, la même diversité qu’à l’intérieur de l’Église catholique dans son ensemble ? C’est que les Églises locales évoluent bien différemment aujourd’hui. Des réponses adaptées à la situation de chaque pays ou de chaque région du monde serait sans doute  heureuses.                                                                                  

« Tout autre est la question posée par l’ordination des femmes. Elle est théologique. L’Église est-elle tenue par le fait que Jésus n’a choisi comme apôtres – les Douze – que des hommes, alors qu’il était entouré également de femmes ? Elles ont d’ailleurs joué un rôle très important, comme premiers témoins de sa résurrection, par exemple. S’agirait-il d’une donnée culturelle ou d’une volonté divine ? (…) ».

L’agence Cathobel  s’empressa de reproduire l’article sur son site. Mais mal (ou, plutôt, bien)  lui en prit. Dans un commentaire « posté » sous le texte de son confrère, le Père Thierry Dejond s.j. apporta au lecteur du site officiel des médias catholiques francophones un excellent antidote à la culture du doute pratiquée par le Père Delhez. Une mise au point claire et précise :

 « (…) Il est évident que l’ordination des Douze Apôtres, et non de Marie, Mère de Dieu, ni de Marie-Madeleine, Suzanne et autres Femmes ayant suivi Jésus, n’est pas une « donnée culturelle », mais bien une « volonté divine », au sujet de laquelle toutes les Eglises ont maintenu un accord unanime, jusqu’à la fin du XXème siècle.  C’est donc une idée de la « post-modernité », lancée par le Mouvement féministe, dont la philosophie est la « gender philosophy », dont la thèse, validée par l’ONU, est qu’on choisit librement d’être homme ou femme, car il ne s’agirait pas d’un donné « naturel », mais purement « culturel ».

Si les Eglises orientales ‘revenues au catholicisme’ ont accepté d’ordonner des hommes mariés (vu leur passé orthodoxe datant de 690) [ndlr : concile « in trullo »], c’est par miséricorde de l’Eglise catholique, qui ne voulait pas briser une tradition de cinq siècles.

Le « célibat des prêtres » dans l’Eglise latine n’est autre qu’une manière d’être fidèle à la « Tradition remontant aux Apôtres », et acceptée tant chez les Grecs que chez les Latins jusqu’en 690, et exigeant des Evêques, Prêtres et Diacres mariés, de renoncer, le jour de leur Ordination, à l’usage du mariage. Cette tradition apostolique s’est maintenue en Occident, tandis que l’Orient grec cédait aux décisions de l’Empereur de Byzance.

Pourtant, même en Orient, subsistent des traces évidentes de l’ancienne discipline commune: les Evêques n’ont pas le droit de vivre en mariage, jamais; les prêtres et les diacres, après le décès de leur épouse, n’ont pas le droit de se  remarier,  puisque ils ont été ordonnés. Ce qui prouve bien qu’il s’agissait d’une  tolérance, Idem, pour les  diacres mariés  en Occident, depuis le Concile Vatican II: ils ne peuvent pas se  remarier.

Cette discipline remonte aux Apôtres, dont un seul, Simon-Pierre, était certainement marié avant l’appel du Christ, mais qui répond à Jésus: « Nous qui avons tout quitté pour te suivre… », Jésus répond: « Amen, je vous le dis: personne n’aura quitté maison, femme, frères, parents ou enfants, à cause du Royaume de Dieu, qu’il ne reçoive beaucoup plus en ce temps-ci et, dans le monde à venir, la vie éternelle. » (Luc 18, 28-30). Bien d’autres textes de L’Ecriture Sainte, et de la Tradition des Pères de l’Eglise, confirment cette exigence de Jésus. Exigence rappelée au 1er Concile Oecuménique de Nicée en 325, canon 3; et déjà avant, dans des Conciles régionaux: Elvire (Espagne) en 304 et Ancyre (=Ankara, Turquie) en 314. Il est clair que ces canons disciplinaires de l’Eglise ne faisaient que « rappeler » la Tradition remontant aux  Apôtres et attestée par de nombreux  Pères de l’Eglise  auparavant ».

Le Père Dejond est professeur de théologie dogmatique et directeur spirituel du Séminaire de Namur depuis 1994.

Référence : "sacerdos, alter Christus"

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