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L’évêque d’Anvers en remet une couche

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1194991884264.jpgDécidément, l’évêque d’Anvers Johan Bonny aime s’épancher dans les médias. Voici quelques semaines, il avait communiqué dans la presse flamande  -le « Standaard » et le  « Morgen »- son point de vue fort positif concernant la pièce provocante de Castellucci « Sur le concept du visage du Fils de Dieu » qu’il avait été voir au Singel d’Anvers, le 4 février 2012.

Mais Mgr Bonny a encore d’autres flèches dans son carquois. Pour Pâques, c’est à nouveau dans le « Standaard » qu’il a choisi de s’exprimer en reprenant, avec quelques précautions oratoires qui ne trompent personne, une antienne bien connue du psautier moderniste :

"Je crois en la valeur du célibat sacerdotal déclare Bonny. Je ne la remets pas en question. Dans une société de consommation comme la nôtre, où la sexualité est parfois banalisée, le célibat des prêtres peut revêtir une valeur particulière en tant que signe prophétique.

 Mais j'aimerais également ordonner prêtre des hommes mariés si c'était possible", a indiqué l'évêque. Les prêtres mariés peuvent être un enrichissement pour le service pastoral, selon l'évêque. "L'ordination des hommes mariés existe déjà dans les Eglises de l'Est, comme en Ukraine ou en Roumanie par exemple. Par ailleurs, l'Eglise catholique accepte les hommes mariés qui étaient pasteurs dans l'Eglise protestante avant de se convertir au catholicisme".

La question des prêtres féminins est plus complexe. "Ordonner ou non des hommes mariés, c'est une question de droit canonique. L'ordination de la femme est un dossier aux implications théologiques. Cela touche à l'interprétation tant de la bible que de la tradition. Dans notre pays, l'ordination de femmes serait acceptée. Mais à l'échelle mondiale, il s'agit d'un dossier lourd. Les femmes demandent, à juste titre, plus d'implication. Dans la mesure du possible, j'essaie de nommer des femmes engagées à des postes à responsabilités". Voir ici : L'évêque d'Anvers aimerait pouvoir ordonner des hommes mariés prêtres

Cette prise de position n’est pas neuve : lors de la révélation de l’épidémie pédophile des années conciliaires, trois évêques flamands, dont deux récemment nommés par Benoît XVI, Mgr Bonny himself (Anvers), Mgr De Kesel (Bruges) et Mgr Hoogmartens (Hasselt)  avaient déjà saisi  la balle au bond pour faire des amalgames, afin de rompre une lance en faveur de l’ordination des femmes et des hommes mariés. Dans une interview à la radio flamande VRT, Mgr De Kesel déclarait (18 septembre 2010): « Je pense que l'Eglise doit se poser la question de savoir s'il convient de conserver le caractère obligatoire du célibat » et, poursuivant sur sa lancée: « on pourrait dire qu'il y a des prêtres célibataires mais que des personnes pour lesquelles le célibat est humainement impossible à respecter devraient aussi avoir la chance de devenir prêtre » pour conclure: « la discussion sur le célibat [des prêtres] pourrait avoir une suite bien plus rapide que celle sur l'accès des femmes à la prêtrise" ». 

Et, ramant à la suite du bateau épiscopal néerlandophone, le P. Charles Delhez s.j. lançait le 27 février suivant dans « Dimanche » (le journal des paroisses francophones) :

« (…) Dans l’Église latine, on n’ordonne prêtres que ceux qui font la promesse de rester célibataires. Ne pourrait-on cependant pas imaginer, dans l’Église latine, la même diversité qu’à l’intérieur de l’Église catholique dans son ensemble ? C’est que les Églises locales évoluent bien différemment aujourd’hui. Des réponses adaptées à la situation de chaque pays ou de chaque région du monde serait sans doute  heureuses.                                                                                  

« Tout autre est la question posée par l’ordination des femmes. Elle est théologique. L’Église est-elle tenue par le fait que Jésus n’a choisi comme apôtres – les Douze – que des hommes, alors qu’il était entouré également de femmes ? Elles ont d’ailleurs joué un rôle très important, comme premiers témoins de sa résurrection, par exemple. S’agirait-il d’une donnée culturelle ou d’une volonté divine ? (…) ».

L’agence Cathobel  s’empressa de reproduire l’article sur son site. Mais mal (ou, plutôt, bien)  lui en prit. Dans un commentaire « posté » sous le texte de son confrère, le Père Thierry Dejond s.j. apporta au lecteur du site officiel des médias catholiques francophones un excellent antidote à la culture du doute pratiquée par le Père Delhez. Une mise au point claire et précise :

 « (…) Il est évident que l’ordination des Douze Apôtres, et non de Marie, Mère de Dieu, ni de Marie-Madeleine, Suzanne et autres Femmes ayant suivi Jésus, n’est pas une « donnée culturelle », mais bien une « volonté divine », au sujet de laquelle toutes les Eglises ont maintenu un accord unanime, jusqu’à la fin du XXème siècle.  C’est donc une idée de la « post-modernité », lancée par le Mouvement féministe, dont la philosophie est la « gender philosophy », dont la thèse, validée par l’ONU, est qu’on choisit librement d’être homme ou femme, car il ne s’agirait pas d’un donné « naturel », mais purement « culturel ».

Si les Eglises orientales ‘revenues au catholicisme’ ont accepté d’ordonner des hommes mariés (vu leur passé orthodoxe datant de 690) [ndlr : concile « in trullo »], c’est par miséricorde de l’Eglise catholique, qui ne voulait pas briser une tradition de cinq siècles.

Le « célibat des prêtres » dans l’Eglise latine n’est autre qu’une manière d’être fidèle à la « Tradition remontant aux Apôtres », et acceptée tant chez les Grecs que chez les Latins jusqu’en 690, et exigeant des Evêques, Prêtres et Diacres mariés, de renoncer, le jour de leur Ordination, à l’usage du mariage. Cette tradition apostolique s’est maintenue en Occident, tandis que l’Orient grec cédait aux décisions de l’Empereur de Byzance.

Pourtant, même en Orient, subsistent des traces évidentes de l’ancienne discipline commune: les Evêques n’ont pas le droit de vivre en mariage, jamais; les prêtres et les diacres, après le décès de leur épouse, n’ont pas le droit de se  remarier,  puisque ils ont été ordonnés. Ce qui prouve bien qu’il s’agissait d’une  tolérance, Idem, pour les  diacres mariés  en Occident, depuis le Concile Vatican II: ils ne peuvent pas se  remarier.

Cette discipline remonte aux Apôtres, dont un seul, Simon-Pierre, était certainement marié avant l’appel du Christ, mais qui répond à Jésus: « Nous qui avons tout quitté pour te suivre… », Jésus répond: « Amen, je vous le dis: personne n’aura quitté maison, femme, frères, parents ou enfants, à cause du Royaume de Dieu, qu’il ne reçoive beaucoup plus en ce temps-ci et, dans le monde à venir, la vie éternelle. » (Luc 18, 28-30). Bien d’autres textes de L’Ecriture Sainte, et de la Tradition des Pères de l’Eglise, confirment cette exigence de Jésus. Exigence rappelée au 1er Concile Oecuménique de Nicée en 325, canon 3; et déjà avant, dans des Conciles régionaux: Elvire (Espagne) en 304 et Ancyre (=Ankara, Turquie) en 314. Il est clair que ces canons disciplinaires de l’Eglise ne faisaient que « rappeler » la Tradition remontant aux  Apôtres et attestée par de nombreux  Pères de l’Eglise  auparavant ».

Le Père Dejond est professeur de théologie dogmatique et directeur spirituel du Séminaire de Namur depuis 1994.

Référence : "sacerdos, alter Christus"

Commentaires

  • C'est donc à une époque où l'institution du mariage est complètement dévalorisée, vidée de son sens, transformée en n'importe quoi, bousillée au premier souffle de vent, que ces 'progressistes' proposent aux prêtres de s'y lancer, en plus de leur sacerdoce. C'est de l'humour noir ?

    Quand le mariage était autant valorisé que le sacerdoce, personne ne pensait à proposer aux prêtres de s'y lancer, et d'assumer les deux fonctions. Chacun avait sa vocation, aussi belles l'une que l'autre. Chaque vocation respectant l'autre, le mariage comme le sacerdoce. Et chacune ayant ses côtés épanouissants, comme ses côtés plus lourds à porter.

    Mais ces 'progressistes' semblent préférer la 'provocation' à la 'vocation'. Selon eux, le prêtre devrait donc être un surhomme, et être capable d'assumer deux vocations à plein temps à la fois, celle du mariage et celle du sacerdoce. Comme si ces deux vocations, assumées sérieusement, ne réclamaient pas chacune énormément d'investissement et de temps.

    Je ne sais ce qu'il en est du droit canonique ou de la théologie, mais du simple point de vue pratique, on ne peut charger les épaules d'un seul homme avec deux charges aussi lourdes.

  • Tout à fait, Pauvre Job.
    Je trouve aussi que la revendication de certains prêtres au "droit au mariage" est une triste preuve - je dirai même 'tragique' - d'une perception au rabais du mariage et du sacerdoce lui-même. Le sacerdoce ne serait-il plus considéré que comme un simple métier? Le mariage ne serait-il perçu que comme un apport affectif? Personnellement,en tant que personne mariée, c'est toujours une gifle que je reçois lorsque j'entends ces demandes...

  • Cet article est vraiment très bien construit: il resitue clairement l'exigence du célibat dans la tradition apostolique et tort le cou à des fantasmes modernistes qui voudraient que cette exigence soit dictée par des préoccupations liées à la transmission des biens à l'intérieur du clergé.

    Pauvre Job situe le débat dans une perspective qui me semble, malheureusement, tout à fait réaliste. Le but du moderniste, de l'esprit du monde d'aujourd'hui, est de tout mélanger, de gommer les différences jusqu'à rendre l'engagement du sacerdoce contre-nature. Au mieux désuet, voire insupportable. Il suffit d'ailleurs de voir comment une certaine presse, même en Belgique, avait fait bon accueil aux appels à la révolte lancés par des prêtres autrichiens.

    Priver le prêtre de moments de prière, court-circuiter sa disponibilité envers ceux qui sont en état de besoin spirituel. En faire un homme comme un autre, avec un boulot comme un autre, qui fait tout comme tout le monde... comme les prêtres ont déjà sur les épaules les charges de plusieurs paroisses, on rendrait ainsi leur mission encore plus difficile, jusqu'à provoquer leur épuisement. Il n'y a pas à dire: l'ennemi fait du bon boulot. Il est aussi bien secondé.

    Et notre devoir, à nous, chrétiens laïques, c'est de prier pour nos prêtres et pour le pape. C'est vital.

  • Je suis contre le mariage des prêtres.
    Je ne saurais me confesser à un prêtre marié.
    Les diacres devraient être célibataires.
    J'appartiens à un Ordre Séculier comme Membre associée et la consécdation n' est d' ailleurs admise
    qu' aux célibataires ou veuves....
    S' engager demande une vie entière.
    Comment un prêtre marié avec femme et enfants
    saurait- il se conscrer à temps plein à plusieurs
    paroisses?
    Il y a une influence légèrement protestante qui
    n' est pas heureuse.
    On peut avancer et pour le reste, je ne me prononce pas.

  • Il existe toujours la possibilité pour les prêtres qui souhaitent renoncer à la prétrise pour fonder une famille de se "défroquer" (Ce n'est pas nouveau). Ils pourraient être "reclassés" au sein de l'Eglise en tant que diacres permanents.

  • @ JLC

    L'Eglise latine n'appelle au sacerdoce ministériel que des hommes faisant vœu de célibat. Personne n'est forcé à devenir prêtre. Celui qui est infidèle à son vœu presbytéral fera-t-il nécessairement un bon diacre marié? ...

    Ceci dit, la question posée par l'évêque d'Anvers n'est pas celle du mariage des prêtres mais de l'ordination d'hommes mariés (et même de femmes, dans une perspective théologique aventureuse).

    L'ordination d'hommes mariés (contrairement à celle des femmes) ne soulève pas d'objection doctrinale mais elle est contraire à la tradition ascétique du sacerdoce qui s'est développée depuis l'antiquité chrétienne (l'orthodoxie connaît, il est vrai, à côté du clergé célibataire auquel ressortissent d'ailleurs obligatoirement tous ses évêques, un bas-clergé marié, en quelque sorte supplétif, dont Benoît XVI disait encore récemment qu'il a quelque chose d'inabouti et même, si je puis me permettre,de régressif).

  • J'ai pu constater dans un message de CATHOBEL daté du 11.4.12, que lors d'une interview accordée au journal De Standaard à l’occasion de Pâques, Mgr Bonny, évêque d’Anvers, a déclaré, en effet, qu’il aimerait pouvoir ordonner des hommes mariés!!

    La réponse est toute simple à l'égard de ces religieux qui sont imbus de leur personne, orgueilleux, autosuffisants. En effet, la réponse est: Que nous importe ce que pense, souhaite, espère, et ce pourquoi Monseigneur Bonny d’Anvers, ou d'autres plaide!
    Seul importe ce que le Vatican dit, ce que le Pape Benoît XVI décide au nom de Dieu. Le chef suprême de l'Eglise EST Benoit XVI.

    Nous prions partout dans les églises pour un accroissement des vocations sacerdotales, mais pourquoi ne sommes nous pas exaucés? Parce que des évêques, des prêtres et des religieux, dans le monde, servent Dieu SANS HUMILITE, SANS OBEISSANCE, sans loyauté.

    Le Saint Padre Pio disait avec justesse: » Obéir aux supérieurs, c’est obéir à Dieu » . Toute sa vie, lui, fut un « miracle d’obéissance ».

    Je trouve lamentable et il m'arrive d'en avoir ras-le-bol de cette auto-suffisance de plus en plus manifeste de la part de religieux, d’une partie importante du clergé. Mais pour qui se prennent-ils donc? Où est l'exemple pour le commun des mortels que nous sommes?

    Un prêtre français de Toulouse, disait ceci, lors de l'une de ses homélie :

    « "Ah que le prêtre est grand disait le curé d’Ars » ... et en même temps que les prêtres sont petits et faillibles, pleins des mêmes limites, et sujets aux mêmes tentations et péchés que vous, mais avec cette différence, que chaque dimanche, chaque jour même, il leur revient de monter en chair, de prendre la parole, de prêcher, d’annoncer Jésus Christ. Mais, chacune des paroles qu'ils disent met en lumière l’écart qu’il y a entre leur vie et CELUI qui est annoncé".

    Les exigences de Mgr Bonny sont-elles bien là pour rendre nos prêtres bons? Son exemple d'obéisance et d'humilité devant supérieur les rendront-ils justes? Sa sainteté rendra-t-elle les prêtres saints ? ».

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