Décatholicisons-nous ! (24/04/2012)

Les papys de Vatican II font de la résistance et « La Libre », leur fidèle disque-jockey, remet une fois de plus un de leurs 33 tours sur sa vieille platine. Mais s’agit-il vraiment d’un disque demandé par les auditeurs ? A titre documentaire, voici quelques extraits du « tombeau » commis ce jour par un ami de feu l’abbé Jean Kamp, ancien combattant de la contestation conciliaire. L’auteur de cette oeuvre s’appelle Yves Genin, professeur (émérite bien sûr) à l’Université (oserions nous dire catholique ?) de Louvain :

« L’effondrement accéléré du catholicisme en Belgique, comme d’ailleurs partout en Europe occidentale, est un fait d’observation. (…).C’est bien plus d’une "décatholisation" (sic) que d’une déchristianisation qu’il s’agit. Tous ceux qui, comme moi-même, ont été élevés dans la religion catholique et qui ont choisi de la quitter l’ont fait avec regret, sans pour autant renoncer aux valeurs évangéliques, mais acculés par leur propre itinéraire spirituel.

Bien entendu, la révélation récente des actes de pédophilie dans le clergé, le manque de courage et les silences coupables de la hiérachie face à ces scandales n’ont rien arrangé. Si graves que soient ces faits, ce n’est toutefois qu’un épiphénomène récent. Les racines de cette "décatholisation" (re-sic)sont multiples et bien plus profondes.

"Il y a certainement cette volonté, cette arrogance disent certains, de l’Eglise catholique à vouloir imposer à ses fidèles, voire à la société tout entière, une morale de comportement dans des domaines tels que la sexualité, l’euthanasie, la recherche sur les cellules souches et tant d’autres au nom d’une prétendue loi naturelle dont elle serait la dépositaire éclairée.(…) Au sein du clergé même, des craquements se font de plus en plus souvent entendre tant en privé qu’en public. L’appel à la désobéissance d’un groupe de prêtres autrichiens en juin 2011 ou l’enquête effectuée par le "Standaard" auprès des prêtres flamands en février de cette même année en sont deux exemples récents. (…)

Pourquoi donc, par exemple, faut-il imposer à des communautés, par décret pontifical ou épiscopal, des pasteurs qu’elles ne veulent peut-être pas ? Pourquoi aussi refuser l’ordination sacerdotale aux femmes ? Que s’y oppose-t-il vraiment sinon la "sainte" tradition, érigée en absolu intégriste et momifiée en un conservatisme bétonné?

Il y a enfin, et c’est le plus radical, cette conviction intime et profonde qui a lentement mûri chez bien des hommes et des femmes de ma génération, que le christianisme s’est progressivement encrassé au cours des siècles de mythes et légendes, que le catholicisme a transformés en dogmes et vérités théologiques. Toute cette "dogmatisation", tamponnée du sceau de l’infaillibilité, a conduit le catholicisme droit dans le mur, dans une impasse d’où il s’interdit lui-même de faire machine arrière. De toutes ces questions, il est sacrilège d’y réfléchir, encore plus d’en débattre. Les Küng, les Castillo, les Schillebeeck, les Boff, chez nous Jean Kamp, et tant d’autres l’ont appris à leurs dépens. Pourtant cette conviction, et ce n’est un pas grand secret, bien des clercs avouent la partager en privé; pour la plupart, ils se taisent, effrayés devant les conséquences potentielles de tels ébranlements aussi bien que par la menace des sanctions canoniques auxquelles ils s’exposeraient (…)

Constatons enfin que même dans nos collèges et écoles catholiques, tous ces dogmes et vérités théologiques ne sont plus enseignées ou alors, si peu. La plupart de nos jeunes n’y sont même pas hostiles: ils y sont imperméables.

(…) Qui n’a pas été sidéré devant ces grandes cérémonies vaticanes où l’on voit de longs cortèges de princes de l’église, mitrés et vêtus d’ornements d’un autre temps, encadrés de gardes suisses revêtus d’uniformes de théâtre, célébrer sous la conduite du souverain pontife la puissance et la gloire de l’imperium catholique dans une basilique-palais Saint-Pierre regorgeant d’or, de marbre et d’œuvres d’art ? A moins de revirements déchirants et inattendus, le catholicisme disparaîtra donc de nos régions ou, plus vraisemblablement, se réduira à une peau de chagrin (…)."

 Toutes les variations sur ce thème, ici : Déchristianisation? Non, "décatholisation"!

 Bref, « O rage ! O désespoir ! O vieillesse ennemie ! N'ai-je donc tant  vécu que pour cette infamie ? » (Pierre Corneille, Le Cid, Acte I, Scène 5) .

 Eh oui, le catholicisme se porte mal en Europe, et singulièrement en Belgique, alors qu’il progresse largement ailleurs, mais à qui la faute messieurs les beaux « esprits du concile » ?

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