Lettre à un membre d'une équipe paroissiale au sujet de la célébration des funérailles (19/11/2012)

Un ami nous communique la lettre qu'il a adressée à un membre de l'équipe paroissiale de son Unité pastorale (du diocèse de Liège) où il a été décidé de ne plus célébrer la messe lors des funérailles :

Cher ...,

Je m’adresse à toi mon ami en ta qualité de membre de l’équipe paroissiale de ...

J’ai continué à être interpellé par plusieurs personnes concernant les modifications imposées dans ton unité pastorale à propos des célébrations des funérailles

Tu sais que, ce qui choque, c’est le caractère obligatoire de l’absence de messe de funérailles et leur remplacement forcé par des liturgies sans Eucharistie.

Dans l’information que l’unité pastorale a publiée à ce propos, je lis que  «  Il n’y aura plus  de messe de funérailles au jour de l’inhumation. L’Eucharistie est devenue pour la plupart des participants, venus d’horizons divers, une rèalité  trop étrangère. Ceci est particulièrement vrai pour les jeunes de nos familles. Nous pensons vraiment qu’une  liturgie de la parole digne, soignée, respectueuse de structure plus souple, mettant en valeur les symboles de l’espérance chrétienne conviendra mieux aux évolutions de la mentalité actuelle »

Je ne souhaite pas mettre en cause la bonne volonté de beaucoup de laïcs qui prépareront des liturgies belles et profondes, ni nier qu’ils pourront souvent toucher le cœur des familles et proches des défunts qu’ils accompagneront pour le dernier voyage. Je ne puis non plus méconnaître que le nombre de prêtres qui diminue de plus en plus ne permet plus d’assurer des messes de funérailles  dans toutes les circonstances.

Je  ne puis cependant accepter le caractère obligatoire de la mesure et te demande donc d’influer de tout ton poids pour permettre une flexibilité  que beaucoup d’autres unités pastorales et de prêtres tiennent à maintenir. La messe d’enterrement est pour bien des défunts et leurs familles un bien d’une très grande richesse et l’Eucharistie qui fut centrale dans leur vie doit en être le point central. Les familles doivent pouvoir choisir, faire appel s’il est disponible au curé de la paroisse ou à un autre de leur famille, de leur entourage ou d’une communauté dont ils sont proches.

On ne peut priver d’Eucharistie et de Pain eucharistique ceux pour lesquels ce n’est pas une réalité étrangère, mais le cœur même de leur foi.

On ne peut priver les familles de ce moment d’intense communion avec Celui qui accueille leur proche

On ne peut priver les jeunes  mais aussi d’autres personnes plus éloignées de l’institution, de l’opportunité d’une rencontre à laquelle le Christ peut les convier

On ne peut priver un prêtre du droit, voire du devoir de célébrer l’Eucharistie pour celui de ses proches, de ses paroissiens ou de sa propre famille qui tout au long de sa vie à vécu sa foi au rythme des Saintes Messes.

On ne peut parler de structure plus souple et encore moins de mentalité actuelle face à la splendeur et à la simplicité du mystère eucharistique. Laissons aux célébrants le soin d’en expliquer la portée et la richesse.

On ne peut priver notre Eglise européenne en repli, de ces moments  privilégiés qu’ont nos prêtres de se faire rencontrer les familles, leur défunt et notre Seigneur.

On ne peut priver l’Eglise de ces moments d’exemplarité du prêtre  où peuvent naître ou se réveiller des vocations ou des appels à cet engagement radical

On ne peut, au motif des horizons divers, capituler notre foi, nos symboles, notre attachement à ce qui en est le cœur. Aujourd’hui  moins que jamais.

Les réactions témoignent de grosses déceptions. Elles pousseront aussi à des radicalisations ou à des découragements, et en tous cas à des énervements et à des combats..

Nous ne pouvons en arriver à des réactions du genre de celle d’un de tes paroissiens qui a promis à un prêtre proche de le reprendre dans son testament s’il s’engageait à célébrer sa messe de funérailles.

Dans la période d’après-concile, des erreurs ont été commises quand toute une richesse a été jetée par-dessus bord. Ne tombons pas dans le même excès en rapport avec ce qui reste un des moments les plus importants de notre pélerinage  terrestre.

Pour ce qui me concerne et ma famille, je demeure dans l’absolue certitude qu’il y aura une messe de funérailles le jour de l’inhumation.

Merci pour ton implication pour apporter cette flexibilité que beaucoup de chrétiens dont je me fais le porte-parole appellent de leurs vœux.

J’adresserai copie de la présente à notre évêque et à notre archévêque en les priant d’œuvrer pour une application souple des mesures proposées.

En union de prière..

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