La communication du Vatican va-t-elle évoluer ? (26/01/2013)

Dans « La Croix », sous la plume de Frédéric Mounier :

« De ses trois casquettes, le P. Federico Lombardi n’en a plus que deux. S’il reste directeur de la salle de presse du Saint-Siège et de Radio Vatican, le jésuite, âgé de 70 ans, a cédé, le 22 janvier, la direction de la télévision vaticane (CTV) à Mgr Dario Edoardo Vigano, jeune prêtre milanais, expert en cinéma et réputé créatif. Le P. Lombardi se dit bien plus soulagé de ce poids, jusqu’à présent essentiellement technique, que désavoué.

L’occasion de s’interroger sur l’équilibre général du système de communication externe du Vatican, durement secoué par des crises récurrentes depuis 2008 (discours de Ratisbonne, crises du préservatif et de « la petite fille de Recife », béatification de Pie XII, Vatileaks, etc..).

Blessé, le système a tenté de se régénérer. Oubliant l’éternelle théorie du complot, chère à de nombreux hiérarques, plusieurs cadres intermédiaires du Vatican, notamment non italiens, ont tenté, avec un certain succès, de rationaliser la communication externe. La tâche est immense, tant sont divers les cinq émetteurs, et faible leur coordination.

L’ensemble de ces acteurs dépendent, en théorie, de la Secrétairerie d’Etat, qui est au centre de l’Eglise universelle ce que tout à la fois l’hôtel Matignon, la place Beauvau et le quai d’Orsay sont à la République française. En son sein a été récemment agrégé en tant que consultant, un jeune et entreprenant journaliste américain, Greg Burke. Réputé à Rome pour sa gentillesse et son efficacité, ce membre de l’Opus Dei a contribué, depuis plusieurs mois, à une certaine mise en cohérence de l’ensemble du système. Avec le P. Lombardi, ils anticipent les crises, envisagent des argumentaires, réagissent mieux, vite et souvent bien. G. Burke a même tenté, avec courage, d’alléger la liturgie des conférences de presse, majoritairement consacrée à la lecture publique des textes simultanément distribués aux journalistes présents.

Reste que ce système reste polymorphe, peu coordonné, miné par des réflexes bureaucratiques et par la hantise du fameux secret pontifical, qui rend les acteurs du Vatican plus que mutiques, prévention accrue après l’affaire « Vatileaks ». Pendant de longs mois, tout le monde s’est alors méfié de tout le monde.

Comment ce système, si particulier, peut-il évoluer ?

Le P. Lombardi jettera-t-il l’éponge, usé à la tâche ? Sera-t-il promu ? Rejoindra-t-il la Compagnie dont il est membre pour d’autres fonctions  ? Rien ne permet, aujourd’hui, de l’envisager.

Greg Burke sera-t-il promu à des fonctions explicitement opérationnelles ? Son CDD d’un an sera-t-il prolongé ? Nul ne sait.

Un point reste assuré : les acteurs du Vatican restent les ouvriers infatigables du « mur de coton » qui entoure le centre de l’Eglise catholique universelle. Toujours courtois, souvent aux abonnés absents, virtuoses du « small talk », ils font tourner avec application une administration à l’italienne, largement autoréférentielle.

Un diplomate expérimenté faisait récemment remarquer que son métier et celui des vaticanistes s’apparentent tous deux à « une radiogoniométrie permanente autour de la « boite noire » du Vatican. ». Il ne croyait pas si bien dire…

Ici : La communication du Vatican va-t-elle évoluer ?

Il est loin le temps du charismatique Joaquín Navarro-Valls qui fut, pendant vingt-deux ans, le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège et porte-parole personnel de Jean-Paul II : cette double fonction lui donnait, après le pape lui-même la plus grande visibilité vaticane auprès des  médias de la planète entière. D’aucuns en ont-ils conçu quelqu’ombrage expliquant l’actuelle gestion polymorphe « à l’italienne » ?

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