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La communication du Vatican va-t-elle évoluer ?

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Dans « La Croix », sous la plume de Frédéric Mounier :

« De ses trois casquettes, le P. Federico Lombardi n’en a plus que deux. S’il reste directeur de la salle de presse du Saint-Siège et de Radio Vatican, le jésuite, âgé de 70 ans, a cédé, le 22 janvier, la direction de la télévision vaticane (CTV) à Mgr Dario Edoardo Vigano, jeune prêtre milanais, expert en cinéma et réputé créatif. Le P. Lombardi se dit bien plus soulagé de ce poids, jusqu’à présent essentiellement technique, que désavoué.

L’occasion de s’interroger sur l’équilibre général du système de communication externe du Vatican, durement secoué par des crises récurrentes depuis 2008 (discours de Ratisbonne, crises du préservatif et de « la petite fille de Recife », béatification de Pie XII, Vatileaks, etc..).

Blessé, le système a tenté de se régénérer. Oubliant l’éternelle théorie du complot, chère à de nombreux hiérarques, plusieurs cadres intermédiaires du Vatican, notamment non italiens, ont tenté, avec un certain succès, de rationaliser la communication externe. La tâche est immense, tant sont divers les cinq émetteurs, et faible leur coordination.

  • La salle de presse, sous la tutelle directe de la Secrétairerie d’Etat, fonctionne essentiellement comme une administration productrice de communiqués, fermant ses portes tous les jours à 15 h. Nonobstant le fascinant dévouement et l’éternelle disponibilité du P. Lombardi, démineur infatigable, qui s’est fixé pour ligne, avec un vrai succès, de ne jamais dire quoique ce soit de contraire à la vérité des faits, elle n’est pas le lieu d’un éventuel « storytelling », des « briefings off » dont sont friands les journalistes. De son propre aveu, le P. Lombardi n’est pas le porte-parole du pape, et ne fait pas partie de son premier cercle. La récente lettre « personnelle » de Mgr Di Noia, responsable au Vatican des relations avec les Lefebvristes, aux prêtres de la Fraternité Saint Pie X, n’est pas passée par ce canal. De même, l’important Motu Proprio de Benoît XVI sur le caractère propre des organismes caritatifs catholiques n’a pas fait l’objet d’une conférence de presse, alors que de nombreux autres événements, objectivement mineurs, en ont bénéficié.
  • Radio Vatican, émetteur en 40 langues, au sérieux internationalement reconnu, n’est pas toujours le premier informé des dernières nouvelles du Saint-Siège.
  • « L’Osservatore Romano », sous la tutelle de son directeur Gian Maria Vian, historien italien fin, cultivé et stimulant, décline en huit éditions linguistiques hebdomadaires un quotidien romain attentivement scruté par les vaticanistes : on y trouve régulièrement, entre de nombreuses informations internationales et culturelles de qualité, l’expression d’un choix doctrinal, d’une orientation diplomatique du Saint-Siège.
  • Le Conseil pontifical pour les Communications sociales, en dépit de son titre, n’est pas en charge de la communication du Saint-Siège. Ses deux responsables, Mgr Celli et son numéro deux, l’irlandais Mgr Tighe, s’évertuent avec justesse à favoriser les relations au sein de l’immense galaxie des systèmes de communication des Eglises locales et des médias catholiques à travers le monde. Ils ont également promu la mise en ligne des nombreuses applications, sites internet, Facebook et autres tweeters qui, depuis trois ans, ont passablement modernisé la diffusion et le « packaging » des messages pontificaux. Et sont en charge de l’appui aux équipes audiovisuelles souhaitant réaliser des documentaires sur le Vatican.
  • La CTV filme et diffuse l’ensemble des apparitions publiques du pape. Ses moyens techniques sont de qualité et ses réalisations de grande qualité formelle. Mais sans véritable projet éditorial.

L’ensemble de ces acteurs dépendent, en théorie, de la Secrétairerie d’Etat, qui est au centre de l’Eglise universelle ce que tout à la fois l’hôtel Matignon, la place Beauvau et le quai d’Orsay sont à la République française. En son sein a été récemment agrégé en tant que consultant, un jeune et entreprenant journaliste américain, Greg Burke. Réputé à Rome pour sa gentillesse et son efficacité, ce membre de l’Opus Dei a contribué, depuis plusieurs mois, à une certaine mise en cohérence de l’ensemble du système. Avec le P. Lombardi, ils anticipent les crises, envisagent des argumentaires, réagissent mieux, vite et souvent bien. G. Burke a même tenté, avec courage, d’alléger la liturgie des conférences de presse, majoritairement consacrée à la lecture publique des textes simultanément distribués aux journalistes présents.

Reste que ce système reste polymorphe, peu coordonné, miné par des réflexes bureaucratiques et par la hantise du fameux secret pontifical, qui rend les acteurs du Vatican plus que mutiques, prévention accrue après l’affaire « Vatileaks ». Pendant de longs mois, tout le monde s’est alors méfié de tout le monde.

Comment ce système, si particulier, peut-il évoluer ?

Le P. Lombardi jettera-t-il l’éponge, usé à la tâche ? Sera-t-il promu ? Rejoindra-t-il la Compagnie dont il est membre pour d’autres fonctions  ? Rien ne permet, aujourd’hui, de l’envisager.

Greg Burke sera-t-il promu à des fonctions explicitement opérationnelles ? Son CDD d’un an sera-t-il prolongé ? Nul ne sait.

Un point reste assuré : les acteurs du Vatican restent les ouvriers infatigables du « mur de coton » qui entoure le centre de l’Eglise catholique universelle. Toujours courtois, souvent aux abonnés absents, virtuoses du « small talk », ils font tourner avec application une administration à l’italienne, largement autoréférentielle.

Un diplomate expérimenté faisait récemment remarquer que son métier et celui des vaticanistes s’apparentent tous deux à « une radiogoniométrie permanente autour de la « boite noire » du Vatican. ». Il ne croyait pas si bien dire…

Ici : La communication du Vatican va-t-elle évoluer ?

Il est loin le temps du charismatique Joaquín Navarro-Valls qui fut, pendant vingt-deux ans, le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège et porte-parole personnel de Jean-Paul II : cette double fonction lui donnait, après le pape lui-même la plus grande visibilité vaticane auprès des  médias de la planète entière. D’aucuns en ont-ils conçu quelqu’ombrage expliquant l’actuelle gestion polymorphe « à l’italienne » ?

Commentaires

  • Moi, je me demande quand la communication de "La Croix" va évoluer. Pour l'instant, nous sommes encore et toujours à l'aube des années 70...

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