"Atmosphère de pogrom" pour l’Eglise ? Polémique (04/02/2013)

Marcel Linden, correspondant de « La Libre » en Allemagne, s’en émeut aujourd’hui dans les colonnes de ce journal :

 « Une polémique est lancée par le prélat catholique allemand le plus influent après le Pape :  Gerhard Ludwig Müller, depuis juillet dernier préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi à Rome, est d’un tempérament batailleur : il a provoqué les milieux anticléricaux allemands en affirmant que l’Eglise est exposée à une "atmosphère de pogrom" en Amérique et en Europe.

"De mauvais goût"

Pour la ministre libérale de la Justice, Sabine Leutheusser-Schnarrenberger, cette "comparaison avec l’holocauste est de mauvais goût, s’il s’agit de divergences d’opinion sur le rôle du mariage, de la famille et de partenariats homosexuels". Il faut savoir que le petit parti libéral est favorable à la mise à égalité de l’union homosexuelle avec le mariage entre hommes et femmes.

Selon Claudia Roth, présidente des verts, les propos de l’archevêque sont "absolument inacceptables et dangereux en relation avec le passé". Elle reproche à "l’idéologue en chef" de l’Eglise de "vouloir ramener les catholiques au Moyen-Âge".

L’attaque de Mgr Müller fait d’autant plus sensation que l’Eglise allemande est actuellement sur la défensive: l’avalanche d’abus sexuels de prêtres discutés depuis 2010 et des scandales dans des cliniques catholiques ont renforcé l’impression que l’Eglise catholique n’est plus en diapason avec la société.

Une femme violée refusée

À Cologne, deux hôpitaux catholiques ont ainsi refusé d’accueillir une femme violée pour ne pas devoir lui prescrire une pilule contraceptive. Devant le tollé ainsi suscité, le cardinal Meisner, archevêque de Cologne, a surpris en autorisant désormais les cliniques catholiques à prescrire, dans de tels cas, la pilule.

En fait, dans son interview à "Die Welt", le préfet de la congrégation romaine n’a pas directement mentionné l’Allemagne. Confronté avec l’opinion du cardinal-archevêque de Chicago, Francis George - gravement malade et aigri par la politique religieuse de l’administration Obama - qui aurait dit : "Je mourrai sans doute dans mon lit, mon successeur peut-être en prison et son successeur risquera d’être assassiné", Mgr Müller a répondu : "Des campagnes de discrédit ciblées contre l’Eglise catholique en Amérique du Nord et aussi chez nous en Europe, ont pour résultat que dans certains secteurs, des ecclésiastiques sont déjà publiquement pris à partie. On le voit dans beaucoup de blogs. La télévision lance aussi contre l’Eglise des attaques, dont l’outillage remonte à la lutte menée par les idéologies totalitaires (NdlR : nazie et communiste) contre le christianisme. Ici grandit une colère artificielle, qui parfois rappelle une atmosphère de pogrom".

Mgr Müller est, après le Pape, l’homme d’Eglise allemand le plus influent du catholicisme mondial. L’ex-évêque de Ratisbonne en Bavière, âgé de 65 ans, est, comme Benoît XVI, un théologien hors pair, et est d’ailleurs lié d’amitié avec lui.

Réactionnaire ?

Le préfet est-il carrément réactionnaire?

D’un côté, il a réduit les compétences des conseils de laïcs de son diocèse et, chargé du dialogue avec le protestantisme par la conférence épiscopale allemande avant d’aller à Rome, il a donné peu d’espoir aux luthériens de pratiquer bientôt la communion en commun.

D’autre part, il a séjourné au Pérou et rédigé un ouvrage approuvant la théologie de la libération latino-américaine, pourtant condamnée par Jean-Paul II.

De plus, l’évêque de Ratisbonne a défilé dans la rue à la tête d’une manifestation réclamant l’interdiction du parti néonazi NPD. Il a aussi interdit à l’évêque négationniste Richard Williamson toute activité dans son diocèse.

Référence : "Atmosphère de pogrom" pour l’Eglise ? Polémique

Voir aussi: Mgr Gerhard Müller évoque « une atmosphère de pogrom » contre l’Église

Le nouveau préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi est un esprit clair et un homme d’ordre. Selon l’AFP, Mgr Müller a aussi déclaré que l’Église catholique souffrait d’abord d' «un manque d’unité» et de «forces centrifuges trop puissantes», tout en réfutant les critiques d’un trop fort centralisme du Vatican. Soit dit par parenthèse, pour répondre aux assertions pas toujours bien informées de M. Linden, il existe une acception légitime de la théorie de la libération qui n’est certainement pas celle que Jean-Paul II a condamnée…

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