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"Atmosphère de pogrom" pour l’Eglise ? Polémique

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Marcel Linden, correspondant de « La Libre » en Allemagne, s’en émeut aujourd’hui dans les colonnes de ce journal :

 « Une polémique est lancée par le prélat catholique allemand le plus influent après le Pape :  Gerhard Ludwig Müller, depuis juillet dernier préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi à Rome, est d’un tempérament batailleur : il a provoqué les milieux anticléricaux allemands en affirmant que l’Eglise est exposée à une "atmosphère de pogrom" en Amérique et en Europe.

"De mauvais goût"

Pour la ministre libérale de la Justice, Sabine Leutheusser-Schnarrenberger, cette "comparaison avec l’holocauste est de mauvais goût, s’il s’agit de divergences d’opinion sur le rôle du mariage, de la famille et de partenariats homosexuels". Il faut savoir que le petit parti libéral est favorable à la mise à égalité de l’union homosexuelle avec le mariage entre hommes et femmes.

Selon Claudia Roth, présidente des verts, les propos de l’archevêque sont "absolument inacceptables et dangereux en relation avec le passé". Elle reproche à "l’idéologue en chef" de l’Eglise de "vouloir ramener les catholiques au Moyen-Âge".

L’attaque de Mgr Müller fait d’autant plus sensation que l’Eglise allemande est actuellement sur la défensive: l’avalanche d’abus sexuels de prêtres discutés depuis 2010 et des scandales dans des cliniques catholiques ont renforcé l’impression que l’Eglise catholique n’est plus en diapason avec la société.

Une femme violée refusée

À Cologne, deux hôpitaux catholiques ont ainsi refusé d’accueillir une femme violée pour ne pas devoir lui prescrire une pilule contraceptive. Devant le tollé ainsi suscité, le cardinal Meisner, archevêque de Cologne, a surpris en autorisant désormais les cliniques catholiques à prescrire, dans de tels cas, la pilule.

En fait, dans son interview à "Die Welt", le préfet de la congrégation romaine n’a pas directement mentionné l’Allemagne. Confronté avec l’opinion du cardinal-archevêque de Chicago, Francis George - gravement malade et aigri par la politique religieuse de l’administration Obama - qui aurait dit : "Je mourrai sans doute dans mon lit, mon successeur peut-être en prison et son successeur risquera d’être assassiné", Mgr Müller a répondu : "Des campagnes de discrédit ciblées contre l’Eglise catholique en Amérique du Nord et aussi chez nous en Europe, ont pour résultat que dans certains secteurs, des ecclésiastiques sont déjà publiquement pris à partie. On le voit dans beaucoup de blogs. La télévision lance aussi contre l’Eglise des attaques, dont l’outillage remonte à la lutte menée par les idéologies totalitaires (NdlR : nazie et communiste) contre le christianisme. Ici grandit une colère artificielle, qui parfois rappelle une atmosphère de pogrom".

Mgr Müller est, après le Pape, l’homme d’Eglise allemand le plus influent du catholicisme mondial. L’ex-évêque de Ratisbonne en Bavière, âgé de 65 ans, est, comme Benoît XVI, un théologien hors pair, et est d’ailleurs lié d’amitié avec lui.

Réactionnaire ?

Le préfet est-il carrément réactionnaire?

D’un côté, il a réduit les compétences des conseils de laïcs de son diocèse et, chargé du dialogue avec le protestantisme par la conférence épiscopale allemande avant d’aller à Rome, il a donné peu d’espoir aux luthériens de pratiquer bientôt la communion en commun.

D’autre part, il a séjourné au Pérou et rédigé un ouvrage approuvant la théologie de la libération latino-américaine, pourtant condamnée par Jean-Paul II.

De plus, l’évêque de Ratisbonne a défilé dans la rue à la tête d’une manifestation réclamant l’interdiction du parti néonazi NPD. Il a aussi interdit à l’évêque négationniste Richard Williamson toute activité dans son diocèse.

Référence : "Atmosphère de pogrom" pour l’Eglise ? Polémique

Voir aussi: Mgr Gerhard Müller évoque « une atmosphère de pogrom » contre l’Église

Le nouveau préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi est un esprit clair et un homme d’ordre. Selon l’AFP, Mgr Müller a aussi déclaré que l’Église catholique souffrait d’abord d' «un manque d’unité» et de «forces centrifuges trop puissantes», tout en réfutant les critiques d’un trop fort centralisme du Vatican. Soit dit par parenthèse, pour répondre aux assertions pas toujours bien informées de M. Linden, il existe une acception légitime de la théorie de la libération qui n’est certainement pas celle que Jean-Paul II a condamnée…

Commentaires

  • Le mot 'pogrom' est un mot d'origine russe qui veut dire à peu près 'persécution'. Cela ne se réfère donc pas d'office à des persécutions contre la communauté juive, mais contre toute communauté rejetée, comme les tziganes ou les chrétiens par exemple. Les persécutions anticléricales des 18ème au 20ème siècle, contre les catholiques, en France, Espagne ou Mexique peuvent donc aussi être qualifiées de pogroms. De même, les persécutions contre les chrétiens orthodoxes en URSS, à l’ère soviétique, ou les persécutions des chrétiens arméniens par l'empire ottoman. Il est juste de défendre la mémoire des juifs victimes de pogroms, pour autant qu'on ait autant de respect pour la mémoire des chrétiens qui en ont été victimes. Au risque sinon de voir renaître ces pogroms ou persécutions contre les chrétiens des siècles passés.

  • Mgr. Müller a été maladroit en employant le terme "progrom" qui évoque un lourd passé. Toutefois on ne peut pas nier l'existence d'attaques ciblées et récurrentes
    de la part des médias d'Europe occidentale, du Québec et dans une moindre mesure des USA. Mais là c'est le "New York Times" qui met souvent le feu aux poudres et comme leur site internet est immédiatement répercuté par les agences de presse, dans des traductions non rigoureuses, c'est eux qui déclenchent des cabales mondiales contre le pape.

    Quelles sont les raisons de ces campagnes de dénigrement ? Il y en a plusieurs,certaines anciennes et bien connues, d'autres plus récentes comme les affaires de pédophilie.

    Mais il faut bien savoir qu'il existe de puissants lobbies, notamment à l'ONU, financés par de grosses firmes phamaceutiques ou de biotechnologie qui voient l'Eglise comme une empêcheuse de "cloner en rond", une adversaire de l'amélioration de l'homme et ses délires style Frankestein, où certains ont investi des capitaux colossaux dont ils espèrent retirer des bénéfices juteux.

    Et puis il y a le problème de l'ignorance religieuse incroyable de la jeune génération de journalistes qui racontent des énormités dont ils seraient les premiers à rire s'ils en avaient conscience.

    En ce qui concerne la Théologie de la Libération, vous avez raison, en ce sont les excès de certains clercs qui ont été condamnés. Et c'est un second texte, d'ailleurs écrit par Joseph Ratzinger, qui a remis les pendules à l'heure

  • Je pense que c'est surtout d'avoir pointé que les manoeuvres des medias rappelaient la lutte menée par les idéologies totalitaires contre l'Eglise qui a fait bondir tous ces gens en Allemagne, ainsi que notre journaliste... Il n'y a que la vérité qui blesse, surtout si elle est dite sans agressivité aucune!

  • « ... renforcé l’impression que l’Eglise catholique n’est plus en diapason avec la société. »

    C'est le moins que l'on puisse dire, et grâce à Dieu. Car l'Église est encore à peu près la seule institution qui ait le courage de ne pas chanter sur le ton aussi faux que la société civile veut imposer à tous. Et c'est bien cette opposition ferme de l'Église au politiquement correct, mais humainement faux, qui énerve les César qui nous gouvernent, et qui explique leurs attaques, propagandes, pogroms ou persécutions contre l'Église. Ceux qui chantent faux n'aiment pas ceux qui leur rappellent les règles de la musique et du chant. Comme ceux qui fabriquent des idéologies inhumaines n'aiment pas ceux qui leur rappellent les réalités naturelles de notre monde et de notre humanité.

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