Le curieux témoignage d'un curé de paroisse et l'étrange attitude de sa hiérarchie (14/09/2013)

C'est paru sur l'Avenir, ça a été relayé par la RTBF, et ça nous ramène aux désordres d'époques anciennes où les curés donnaient l'exemple d'une vie peu conforme à leurs engagements (avant le concile de Trente, par exemple). En réalité, cela ne nous surprend pas vraiment mais l'attitude de l'évêque concerné paraît assez peu adéquate; c'est le moins qu'on puisse en dire. Et voilà que les imprudentes paroles de Mgr Parolin sont récupérées par ceux qui cautionnent de tels écarts...

« Au village, on invite aussi la copine du curé »

Le futur numéro 2 du Vatican ouvre une porte sur la fin du célibat des prêtres. Déjà une réalité pour certains d’entre eux. Témoignage.

Le célibat des prêtres «n’est pas un dogme» et constitue un précepte dont il est possible de «discuter». Quand c’est le futur numéro 2 du Vatican qui tient ces propos, il y a de quoi faire des vagues dans les bénitiers de plus d’une église.

Mais sans doute pas dans celle de la paroisse de Bellevaux (Bouillon) où le curé Jean-Marie Wilmotte n’a pas attendu Mgr Parolin pour assumer ses convictions profondes sur la question.

Six ans déjà qu’il affiche aux yeux de tous sa vie sentimentale avec son «amie», après avoir déjà vécu deux histoires amoureuses auparavant, dont l’une a débouché sur l’adoption de deux enfants. Une situation qui est d’abord particulière parce qu’elle s’affiche au grand jour. Mais les prêtres qui vivent une relation amoureuse ne sont pas si rares. Et si certains préfèrent quitter la maison du Père pour fonder un foyer, d’autres préfèrent vivre en parallèle, et plus ou moins clandestinement, leur sacerdoce et leur relation amoureuse.

«Pour moi, l’important c’est la vie, dit l’abbé Wilmotte, prêtre engagé socialement et qui dit célébrer des choses liturgiquement discutables (des remariages de divorcés par exemple). Vivre à deux c’est la vie, voyez la Genèse. Pourquoi les hommes d’Église seraient-ils hors de cela?»

Sa vie sentimentale, il l’assume donc aux yeux de tous. Avec son «amie» qui se prénomme… Marie, ils partent en vacances, ils ont une vie culturelle et sociale riche et sans cachotteries. «Tout le monde dans la région sait qu’elle est la copine du curé, dit l’abbé Wilmotte. Quand je suis invité quelque part, elle l’est de plus en plus souvent aussi. Ça ne pose de problème à personne ici, à part à deux ou trois vieilles femmes qui ne viennent plus à la messe. Mais moi, je suis épanoui et bien dans ma peau, alors…»

« Ma sœur est un peu bigote et ne veut plus me voir »

Du côté de l’Église, c’est parfois plus compliqué. «Avec les collègues, c’est variable. Mais ils sont de plus en plus nombreux à l’accepter. Je pars d’ailleurs prochainement en voyage avec trois autres prêtres et ils n’ont vu aucun inconvénient à ce que mon amie nous accompagne.»

Sa hiérarchie? «Quand j’ai rencontré l’évêque, je lui ai dit qu’il n’avait pas le choix», dit le curé ardennais. Depuis, on lui a diplomatiquement demandé s’il ne voulait pas s’engager à 100 % dans son action sociale (aumônier de prison, il héberge d’anciens détenus mais aussi des SDF) en laissant tomber ses activités sacerdotales. Une façon de l’éloigner qu’il a refusé, même si on lui a retiré 5 des 7 paroisses dont il avait la charge. «Je trouve que ce serait dommage de quitter le sacerdoce pour cette raison. Partir c’est un peu fuir le problème, mieux vaut combattre de l’intérieur», dit le curé. Qui dit ne pas comprendre ces collègues qui vivent un amour caché et qui, aussitôt l’âge de la pension atteint, laissent tomber la soutane pour se marier.

Le mariage, lui n’y pense pas. «Mon amie travaille à Liège et on ne se voit que quelques fois par semaine. Mais on pense à vivre ensemble.» Les familles respectives sont d’ailleurs évidemment au courant de l’idylle. «Et ça se passe très bien, même si quand elle m’a présenté à son père, elle s’est fait engueuler. De mon côté, c’est très bien accepté par ma famille, mes frères… Seule ma grande sœur qui est un peu bigote ne veut plus me voir.»

Pour le curé de Bellevaux, l’Église «n’est pas au clair» avec cette question du célibat des prêtres puisqu’elle tolère des situations clandestines et admet en son sein d’anciens prêtres anglicans ou protestants qui se convertissent et intègrent l’Église catholique en étant mariés.

Dès lors, pourquoi lui ne pourrait-il pas vivre aussi pleinement sa foi et son amour terrestre? «J’ai entendu un récent discours du pape dans lequel il disait aux jeunes que leur devoir était de changer le monde, dit-il. Ça ne concernait pas la question du célibat, mais cela montre que tout est affaire de conviction.

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