L'athéisme est-il respectable ? (04/10/2013)

Notre amis Jean-Pierre Snyers s'exprime aujourd'hui dans La Libre au sujet des "Etats généraux de l'athéisme"

OPINIONS Toute personne est respectable, quelles que soient ses convictions mais toute idée n’est pas respectable. L’athéisme ne l’est pas à mon sens. On se pose la question de savoir d’où vient l’univers, ce qu’il y avait au point de départ. Si on dit qu’il ne vient de rien, c’est absurde, car du néant, rien ne peut naître.

Jean-Pierre Snyers

Rédacteur de la revue "Médiatrice et Reine"; auteur d’ouvrages religieux. (jpsnyers.blogspot.com)

Que pensez-vous des valeurs défendues par les athées ?

Elles n’ont pas de socle. En fait, on se rend compte que l’idée même d’une morale ne peut pas tenir la route s’il n’y a pas un être qui nous dépasse infiniment, et qui nous dise ce qui est bien et ce qui est mal. Ce qu’il y a de plus négatif, c’est que l’athéisme est bâti, non sur le sens, mais sur le non-sens. Quand on raisonne, on s’aperçoit que nous avons le choix entre le mystère et l’absurde. Dieu existe, c’est un mystère. S’il n’existe pas, nous sommes dans l’absurde à partir du moment où nous ne savons alors pas qui nous sommes, d’où nous venons et où nous allons. Dans ce cadre-là, l’existence n’a pas de but en soi. Nous serions le produit du hasard, sans plus. Peut-on vivre sans croire à quelque chose ? En fait, tout le monde croit en quelque chose, c’est certain. Le problème, c’est de croire en quelque chose sur lequel on peut bâtir son existence et répondre aux questions essentielles qui se posent à l’homme.

Quand on réfléchit froidement, on se rend compte qu’après la mort, il y a trois possibilités qui nous attendent. Ou il n’y a rien, ou c’est pire qu’ici-bas, ou c’est mieux. Inévitablement, nous allons tomber dans une de ces trois possibilités. La question de savoir si nous aurons une éternité dans le néant, dans quelque chose de pire ou de mieux, ne semble hélas pas préoccuper beaucoup de personnes. J’en suis étonné et chagriné. Et je trouve surprenant, quand on a des enfants, que l’on ne se demande pas si, ces êtres que nous avons pris la responsabilité de faire naître, nous les retrouverons ou pas. C’est quand même fondamental. Et selon vous, la religion chrétienne apporte des réponses crédibles à ces questionnements ? La religion chrétienne, et catholique en particulier, apporte bien des réponses convaincantes. Nous ne venons pas du néant, nous sommes issus d’un être qui est l’existence, la vie et la pensée, et nous allons vers lui. Le christianisme prend en compte les questions les plus pertinentes que peut se poser un être humain. La foi n’est-elle pas quelque chose de purement irrationnel, comme les athées le disent ? Je connais l’argument. D’abord, des actes de foi, nous en faisons quotidiennement. Quand on prend sa voiture, nous n’avons pas la preuve ou l’assurance que nous n’aurons pas d’accident. Quelque part, il y a un acte de foi. Tout le monde fait des actes de foi sans même s’en rendre compte. L’argument des athées, c’est de dire que ce n’est pas à moi, athée, de prouver que Dieu n’existe pas, mais bien à vous, croyants, de prouver qu’il existe. Cet argument peut paraître logique à certains, mais on peut le retourner : si vous me dites que cette voiture n’a pas de constructeur, est-ce à moi de prouver qu’elle en a un ? Les athées disent souhaiter un dialogue, par exemple avec les chrétiens, mais ils ne sentent pas la même volonté chez les croyants… Il n’y a pas de raison de refuser le dialogue mais dans quelle mesure est-ce utile s’il s’agit de se mettre d’accord sur le plus petit dénominateur commun ? Pour arriver à quoi ? La mission du chrétien, c’est de convertir, comme le Christ l’a demandé à ses apôtres. Les athées disent que pour les croyants, quels qu’ils soient, ils incarnent le diable. C’est comme cela que vous le ressentez ? Il faut faire la distinction entre les personnes et les idées. Il y a un abîme entre elles. Toute personne est respectable, quelles que soient ses convictions mais toute idée n’est pas respectable. L’athéisme ne l’est pas à mon sens. Si quelqu’un me dit que Paris est la capitale de l’Australie, je le respecte en tant que personne, mais son affirmation, je ne la respecte pas. Quand on se pose la question de savoir d’où vient l’univers, ce qu’il y avait au point de départ, on constate que toute existence provient d’une autre existence. La question est de savoir d’où provient la toute première des existences. Si on dit qu’elle ne vient de rien, c’est absurde, car du néant, rien ne peut naître. Si on croit que la vie vient d’une coïncidence de particules, qui manifestement ne pensaient pas, comme en arrive-t-on alors à un être qui a la conscience d’être ?

Entretien : J-P. Du.

"Il n’y a pas de raison de refuser le dialogue mais dans quelle mesure est-ce utile s’il s’agit de se mettre d’accord sur le plus petit dénominateur commun ? Pour arriver à quoi ? La mission du chrétien, c’est de convertir, comme le Christ l’a demandé à ses apôtres."

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