Manifestations et signes d'appartenance religieuse (14/01/2014)

Faut-il, lors de manifestations organisées autour de problèmes de société tels que l'avortement ou l'euthanasie, porter ostensiblement des signes d'appartenance religieuse? Cela fait débat. Une amie formule les observations suivantes qui nous paraissent procéder du meilleur bon sens :

Comment (ré)agir publiquement pour défendre une juste cause.

La stratégie à utiliser lors de manifestations publiques divise les uns et les autres. Nous n’avons aucun lieu en Eglise pour nous exercer à un tel discernement et exercice ; il est normal que les sensibilités divergentes affleurent ou s’entrechoquent, sachant que chacun pourra extraire de la Bible ou de l’enseignement de l’Eglise de quoi argumenter sa position. Restons cependant unis de cœur et de prière, même si nous ne tenons pas tous la même « place »  ni position, dans ce combat/débat.

Permettez-moi d’apporter encore d'autres éclairages :

- Ce n’est pas parce que des organisateurs demandent une discrétion au niveau des signes religieux qu’il y a intolérance religieuse : le Christ a vécu Lui-même incognito pendant 33 (30 ?) ans dans un village de Palestine. Il ne se révèle pas à n’importe qui, n’importe quand, n’importe comment.

- Le Christ puis les apôtres n’annoncent pas la Bonne Nouvelle de la même manière quand ils s’adressent à des « juifs » (= croyants ») ou à des païens (= non croyants); en bref, pour « évangéliser » un juif, ils partent de Dieu, de la loi et des prophètes, mais pour évangéliser un païen, ils partent de faits concrets, de témoignages, d’argumentations philosophiques (branche totalement absente des cursus scolaires belges habituels, d’où notre difficulté à entrer dans le débat public), des « sciences humaines », etc. On ne « dialogue » pas de la même manière avec une culture encore quelque peu chrétienne (cfr Italie, Espagne, Pologne, …)  que dans une culture hostile au christianisme comme en Belgique. La demande des organisateurs est dès lors tout à fait légitime.

- Nous argumentons trop souvent le rejet « du monde » devant la cause que nous défendons en nous présentant comme des victimes persécutées comme le Christ l’a été. Il y a sûrement une part de vérité : le disciple n’est pas au-dessus du Maitre. Mais nous ne considérons pas assez que nous sommes, nous, catholiques, responsables en partie de la haine que le monde nous porte. Il ne nous a pas encore pardonné (notamment) une morale rigide (mal) enseignée aux générations précédentes et les comportements sexuels meurtriers ou pervers de religieux (qui se prolongent aujourd’hui encore dans notre Eglise, couverts par nos évêques). Il est évident que toutes les lois qui blessent la famille et la vie sont une revanche du monde par rapport à un catholicisme qui a davantage blessé que construit. Plus nous exhiberons donc nos insignes religieux, plus nous exciterons ceux qui ne nous ont pas encore pardonné nos blessures ou crimes (récents ou plus lointains).

- La conversion la plus difficile à opérer est celle qui doit se vivre au sein de notre Eglise catholique belge : du simple fidèle à l’évêque, en passant par les assistants pastoraux et prêtres, il y a une grande proportion de catholiques qui n’acceptent pas la doctrine de l’Eglise sur les question éthiques, y compris l’avortement et l’euthanasie. (...) N’est-ce pas dans ce milieu religieux et ecclésial que ceux qui veulent mener un combat visiblement religieux doivent en priorité agir, convaincre, interpeller, dialoguer ? D’avance, nous les en remercions.

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