Le pape François et les Pentecôtistes (24/07/2014)

jpg_1350850.jpgA Caserte,  le 28 juillet prochain, le pape ne rencontrera pas le roi de Naples et des Deux-Siciles mais son ami le pasteur  Giovanni Traettino. Celui-ci  n’est pas catholique mais pentecôtiste. C’est-à-dire qu’il fait partie de l’une de ces communautés chrétiennes qui connaissent l’expansion la plus stupéfiante dans le monde. Le pape rencontre peu à peu leurs dirigeants. De rivaux qu’ils sont, il veut en faire des amis et, pour cela, il va jusqu’à leur demander pardon .

De Sandro Magister sur son blog « Chiesa » (Extrait)

«  (…) Cela fait plusieurs mois que Jorge Mario Bergoglio s’est fixé comme objectif de rencontrer cet ami. Déjà, le 15 janvier, il y avait fait allusion devant un groupe de fidèles venus de Caserte, après une audience générale sur la place Saint-Pierre. Il en avait à nouveau parlé le 19 juin, au cours d’une rencontre à Rome avec des pasteurs évangéliques, au nombre desquels se trouvait justement son ami de Caserte, Giovanni Traettino. Il a fait la connaissance de celui-ci en 2006, à l’occasion d’un débat organisé à Buenos Aires auquel lui-même participait en tant qu’archevêque de la capitale argentine.

En réalité la rencontre à Caserte avec le pasteur Traettino n’est pas un événement isolé, mais elle fait partie d’un effort à plus grande échelle que le pape François fait dans le but de conquérir la sympathie des leaders mondiaux de ces mouvements "evangelical" et pentecôtistes qui, en Amérique latine principalement, sont les plus redoutables concurrents de l’Église catholique, à laquelle ils arrachent des quantités énormes de fidèles. (…)

Le 4 juin, le pape a longuement rencontré, à la résidence Sainte-Marthe, plusieurs leaders "evangelical" venus des États-Unis, parmi lesquels le célèbre télévangéliste Joel Osteen, le pasteur californien Tim Timmons et le président de l'Evangelical Westmont College, Gayle D. Beebe. Le 24 juin, autre rencontre. Cette fois-là, c’était avec les télévangélistes texans James Robinson et Kenneth Copeland, avec l’évêque Anthony Palmer de la Communion of Evangelical Episcopal Churches, avec les époux John et Carol Arnott de Toronto, et avec d’autres leaders religieux de premier plan. Étaient également présents Geoff Tunnicliffe et Brian C. Stiller, respectivement secrétaire général et "ambassadeur" de la World Evangelical Alliance. La rencontre a duré trois heures et elle s’est poursuivie au cours du déjeuner, pris au réfectoire de la résidence Sainte-Marthe, où le pape, au milieu de grands éclats de rire, a frappé de sa paume celle du pasteur Robinson (voir photo). Copeland et Osteen sont partisans de la "théologie de la prospérité", qui affirme que plus la foi augmente, plus la richesse augmente. Ils sont eux-mêmes très riches et leur mode de vie est très dispendieux. Mais François leur a épargné une prédication sur le thème de la pauvreté.

Au lieu de cela – d’après ce qu’a raconté l'"ambassadeur" Stiller – le pape leur a déclaré : "Je ne cherche pas à convertir les 'evangelical' au catholicisme. Sur beaucoup de points de doctrine nous ne sommes pas d’accord. Il nous suffit de montrer l'amour de Jésus".

Toutefois il leur a également dit que son amitié pour le pasteur Traettino lui avait fait comprendre que l’Église catholique, du fait de son imposante présence, fait trop obstacle au développement et au témoignage de ces communautés. Et que c’est pour cette raison aussi qu’il avait eu l’idée de rendre visite à la communauté pentecôtiste de Caserte : "afin de s’excuser pour les difficultés suscitées à la communauté".


Sous le pontificat de Jean-Paul II et plus encore sous celui de Benoît XVI, les "evangelical" américains, généralement plutôt conservateurs, avaient atténué leur traditionnel antipapisme et ils avaient trouvé des moments de rencontre avec l’Église catholique dans la bataille commune pour la défense de la liberté religieuse, de la vie et de la famille.

Mais le pape François n’a pas évoqué ces questions dans les entretiens qu’il a eus au cours de ces dernières semaines… »

 Ref. L'ami secret de François à Caserte

 Vu d’Europe, ces grandes effusions paraissent étranges. C’est que François est un Argentin et les évangéliques constituent le segment religieux qui a le plus augmenté en Amérique du Sud. Ainsi, au Brésil, ils sont passés de 26,2 à 42,3 millions de personnes, Parallèlement, le nombre de catholiques n’a cessé de chuter, en particulier dans les grandes villes et dans les régions les plus pauvres, au bénéfice des évangéliques. Dialogue œcuménique oblige, c’est donc avec ces « evangelicals » qu’il faut dépasser les clivages.

 Après l’engouement pour la théologie de la libération, qui est aujourd’hui passée de mode,  le catholicisme post-conciliaire sud-américain s’est lancé dans la pastorale de style « pentecôtiste » Il en récolte maintenant les fruits amers : pourquoi en effet acheter la copie alors qu’on peut disposer de l’original ?  Et si l’on commençait par être soi-même. A cet égard, le catholicisme africain pourrait donner de bonnes leçons aux « maîtres à penser » de l’Eglise d’Amérique latine. JPSC.

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