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Le pape François et les Pentecôtistes

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jpg_1350850.jpgA Caserte,  le 28 juillet prochain, le pape ne rencontrera pas le roi de Naples et des Deux-Siciles mais son ami le pasteur  Giovanni Traettino. Celui-ci  n’est pas catholique mais pentecôtiste. C’est-à-dire qu’il fait partie de l’une de ces communautés chrétiennes qui connaissent l’expansion la plus stupéfiante dans le monde. Le pape rencontre peu à peu leurs dirigeants. De rivaux qu’ils sont, il veut en faire des amis et, pour cela, il va jusqu’à leur demander pardon .

De Sandro Magister sur son blog « Chiesa » (Extrait)

«  (…) Cela fait plusieurs mois que Jorge Mario Bergoglio s’est fixé comme objectif de rencontrer cet ami. Déjà, le 15 janvier, il y avait fait allusion devant un groupe de fidèles venus de Caserte, après une audience générale sur la place Saint-Pierre. Il en avait à nouveau parlé le 19 juin, au cours d’une rencontre à Rome avec des pasteurs évangéliques, au nombre desquels se trouvait justement son ami de Caserte, Giovanni Traettino. Il a fait la connaissance de celui-ci en 2006, à l’occasion d’un débat organisé à Buenos Aires auquel lui-même participait en tant qu’archevêque de la capitale argentine.

En réalité la rencontre à Caserte avec le pasteur Traettino n’est pas un événement isolé, mais elle fait partie d’un effort à plus grande échelle que le pape François fait dans le but de conquérir la sympathie des leaders mondiaux de ces mouvements "evangelical" et pentecôtistes qui, en Amérique latine principalement, sont les plus redoutables concurrents de l’Église catholique, à laquelle ils arrachent des quantités énormes de fidèles. (…)

Le 4 juin, le pape a longuement rencontré, à la résidence Sainte-Marthe, plusieurs leaders "evangelical" venus des États-Unis, parmi lesquels le célèbre télévangéliste Joel Osteen, le pasteur californien Tim Timmons et le président de l'Evangelical Westmont College, Gayle D. Beebe. Le 24 juin, autre rencontre. Cette fois-là, c’était avec les télévangélistes texans James Robinson et Kenneth Copeland, avec l’évêque Anthony Palmer de la Communion of Evangelical Episcopal Churches, avec les époux John et Carol Arnott de Toronto, et avec d’autres leaders religieux de premier plan. Étaient également présents Geoff Tunnicliffe et Brian C. Stiller, respectivement secrétaire général et "ambassadeur" de la World Evangelical Alliance. La rencontre a duré trois heures et elle s’est poursuivie au cours du déjeuner, pris au réfectoire de la résidence Sainte-Marthe, où le pape, au milieu de grands éclats de rire, a frappé de sa paume celle du pasteur Robinson (voir photo). Copeland et Osteen sont partisans de la "théologie de la prospérité", qui affirme que plus la foi augmente, plus la richesse augmente. Ils sont eux-mêmes très riches et leur mode de vie est très dispendieux. Mais François leur a épargné une prédication sur le thème de la pauvreté.

Au lieu de cela – d’après ce qu’a raconté l'"ambassadeur" Stiller – le pape leur a déclaré : "Je ne cherche pas à convertir les 'evangelical' au catholicisme. Sur beaucoup de points de doctrine nous ne sommes pas d’accord. Il nous suffit de montrer l'amour de Jésus".

Toutefois il leur a également dit que son amitié pour le pasteur Traettino lui avait fait comprendre que l’Église catholique, du fait de son imposante présence, fait trop obstacle au développement et au témoignage de ces communautés. Et que c’est pour cette raison aussi qu’il avait eu l’idée de rendre visite à la communauté pentecôtiste de Caserte : "afin de s’excuser pour les difficultés suscitées à la communauté".


Sous le pontificat de Jean-Paul II et plus encore sous celui de Benoît XVI, les "evangelical" américains, généralement plutôt conservateurs, avaient atténué leur traditionnel antipapisme et ils avaient trouvé des moments de rencontre avec l’Église catholique dans la bataille commune pour la défense de la liberté religieuse, de la vie et de la famille.

Mais le pape François n’a pas évoqué ces questions dans les entretiens qu’il a eus au cours de ces dernières semaines… »

 Ref. L'ami secret de François à Caserte

 Vu d’Europe, ces grandes effusions paraissent étranges. C’est que François est un Argentin et les évangéliques constituent le segment religieux qui a le plus augmenté en Amérique du Sud. Ainsi, au Brésil, ils sont passés de 26,2 à 42,3 millions de personnes, Parallèlement, le nombre de catholiques n’a cessé de chuter, en particulier dans les grandes villes et dans les régions les plus pauvres, au bénéfice des évangéliques. Dialogue œcuménique oblige, c’est donc avec ces « evangelicals » qu’il faut dépasser les clivages.

 Après l’engouement pour la théologie de la libération, qui est aujourd’hui passée de mode,  le catholicisme post-conciliaire sud-américain s’est lancé dans la pastorale de style « pentecôtiste » Il en récolte maintenant les fruits amers : pourquoi en effet acheter la copie alors qu’on peut disposer de l’original ?  Et si l’on commençait par être soi-même. A cet égard, le catholicisme africain pourrait donner de bonnes leçons aux « maîtres à penser » de l’Eglise d’Amérique latine. JPSC.

Commentaires

  • Le discours et le comportement des protestants n'apparaît en effet pas très "évangélique". Le nom "évangéliques", que certains d'entre eux se donnent, semble bien usurpé. En effet, leur discours et leur comportement se rapproche plutôt de celui de "pharisiens". Ils s'enorgueillissent en prétendant que Dieu les justifie à travers leur réussite matérielle. Avec une telle mentalité, il n'est pas étonnant que le matérialisme capitaliste se soit développé dans les pays protestants, et qu'il soit encore aujourd'hui célébré dans ses "lieux saints" les plus célèbres, à Wall Street et à la City.
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    Sur des forums internet, il est aussi courant que le protestantisme soit présenté comme "supérieur" au catholicisme, puisque les pays protestants affichent une meilleure santé matérielle que les pays catholiques, au point de vue économique et financier. À côté de ces riches "pharisiens" protestants, les pauvres catholiques font piètre figure de "publicains", toujours prêts à demander pardon à Dieu pour leurs péchés et leurs offenses.
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    Et surtout, ils ne demandent pas à Dieu de les combler matériellement ici-bas. Ils préfèrent être comblés par l'Amour charité de Dieu offert à tout homme, plutôt que par des biens matériels dispensés très inégalement par le dieu Argent. Ce dieu Argent est injuste et cruel. Injuste, car il ne tire son pouvoir qu'en favorisant un petit nombre d'hommes riches par rapport au grand nombre de pauvres hommes qui n'ont pas "mérité" ses largesses. Et cruel, car on ne compte plus le nombre de victimes innocentes qui lui sont sacrifiées chaque jour sur les autels des temples de la Finance.
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    Comment les protestants, qu'ils soient "évangéliques" ou autres, arrivent-ils à servir à la fois Dieu et le dieu Argent ?

  • " Comment les protestants, qu'ils soient "évangéliques" ou autres, arrivent-ils à servir à la fois Dieu et le dieu Argent ? "

    Ce n'est qu'une conséquence logique de cette horrible hérésie de la "Prédestination" prônée par les réformateurs calvinistes. Les plus radicaux (evangelicals) en ont en effet tiré la conclusion ultime selon laquelle "on reconnaît les élus à leur fortune sur la terre". Certains prédicateurs plus récents sont même allés jusqu'à déclarer que cette "grâce" était héréditaire. Du moment qu'on admet comme vrai un faux postulat de départ, il n'y a pas de limite à la dérive. C'est ainsi qu'on en arrive à justifier des positions qui sont aux antipodes du message évangélique. Un comble pour des "évangéliques" autoproclamés !

    La théorie de la prédestination me fait beaucoup penser à celle du karma issue des "sagesses" orientales : si vous êtes en train de crever dans le ruisseau, c'est la faute à votre karma et il serait impie et anti-efficace de songer à vous en sortir. On est là très très loin du bon Samaritain, du sermon sur la montagne et de tant d'autres enseignements qui font la base des évangiles.

    Alors, il faut vraiment être un très très bon diplomate pour oublier cela face aux promoteurs de ces horreurs. Je suppose qu'il faut pour cela admirer le pape François, pape des pauvres, obligé par ses fonctions d'en arriver là. La question pour moi serait plutôt de savoir comment il y arrive. Mais le problème est sûrement chez moi qui suis un très mauvais diplomate, je dois le reconnaître.

  • @ eleison ... Cette théorie de la "prédestination" n'a-t-elle pas été inspirée par leur lecture fondamentaliste des livres de l'Ancien Testament ? Il me semble que cette justification, par la réussite, par la bonne santé et par les biens matériels, était aussi défendue par les docteurs de la Loi qui s'opposaient à l'enseignement de Jésus.

  • Rien à ajouter Pauvre Job.

  • @ Pauvre Job. Oui, la racine du mal est sans doute dans ce type de lecture, mais pas seulement dans l'ancien testament. Il y a aussi les nombreux écrits de Saint Paul sur la grâce. Ce n'est pas pour rien que c'est leur apôtre préféré.

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