La nouvelle pastorale a aussi sa doctrine (10/10/2014)

En lisant les articles consacrés au synode de la famille, on voit fleurir une novlangue relativiste dont le jésuite Alain Thomasset, professeur de théologie morale au Centre Sèvres à Paris, nous expose fort bien le sens. Pour être miséricordieux "comme François", il s'agit de bien prendre en compte des limites humaines : "nous sommes des êtres historiques, faibles et habités par le péché ! Ce qui signifie que l’on ne peut exiger du chrétien qu’il applique toute la loi morale, entièrement et d’un coup, mais qu’il faut au contraire l’aider à avancer sur un chemin de croissance, dans la durée”. 

Certes et, comme dit l’Ecriture, le juste lui-même pèche sept fois par jour (Proverbes, 24, 16). Le danger serait que, dès lors, la loi objective se relativise ou cesse même d’être enseignée.

Or,il n’y a pas de miséricorde sans justice ni peine adéquate et c’est ce qu’on découvre dans la pratique du sacrement de guérison que nous appelons pénitence. Une pénitence dont l'objet est médicinal. Mais qui se confesse encore aujourd’hui ?

Sur son site « Pro liturgia », Denis Crouan poursuit  le commentaire en ces termes :  

«... Et le jésuite d’expliquer qu’il s’agit de mettre en œuvre une pastorale basée sur la “loi de gradualité” qui peut aider le fidèle à “distinguer l’idéal à atteindre et le bien qu’il arrive sincèrement à faire”. Et de conclure qu’ “il est nécessaire de changer de langage, de supprimer des formules qui ne sont plus comprises, telles “vivre dans le péché” ou “actes intrinsèquement désordonnés”.... 

On comprend que ce qu’il faut, c’est nommer une commission (nos évêques sont très friands de commissions) qu’on chargera de publier le dictionnaire de la “novlangue” pastorale. Comme dans “1984”, le livre d’Orwell, il faut diminuer le nombre de mots d’une langue. Car plus on diminue le nombre de concepts avec lesquels les gens peuvent réfléchir en éliminant les finesses du langage, plus on rend les gens incapables de réfléchir, et plus ils raisonnent à l’affect. Cette simplification de la langue rendra impossible l’expression d’idées potentiellement subversives pour la pastorale qu’on aura officialisée.

Parallèlement, il faudra toujours se souvenir que tout est “historique”. C’est-à-dire qu’il ne faudra jamais rappeler que c’est au nom de l’ “historique” que Bultmann et ses disciples ont réduit les Evangiles à une simple histoire sans dimension surnaturelle ; que c’est au nom de l’ “historique” que les idéologues de Mai 68 ont déconstruit le socle qui garantissait la solidité de valeurs sociales permanentes ; que c’est au nom de l’ “historique” qu’on nous impose des liturgies sans cesse reconstruites et au cours desquelles ont chante des refrains qui, au bout de 3 ans au maximum, sont démodés et doivent être remplacés par d’autres airs tout aussi éphémères.

Une Eglise qui, au nom de l’ “historique”, statuera par un fléchissement de ses règles, finira immanquablement par ouvrir la porte à d’autres opportunités pour toucher aux règles. N’oublions pas que ceux qui militent pour une idéologie ont déjà un processus de remplacement en tête. Pire : ils ont déjà d'autres requêtes dévastatrices à présenter. »

 http://www.proliturgia.org/

 JPSC

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