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La nouvelle pastorale a aussi sa doctrine

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En lisant les articles consacrés au synode de la famille, on voit fleurir une novlangue relativiste dont le jésuite Alain Thomasset, professeur de théologie morale au Centre Sèvres à Paris, nous expose fort bien le sens. Pour être miséricordieux "comme François", il s'agit de bien prendre en compte des limites humaines : "nous sommes des êtres historiques, faibles et habités par le péché ! Ce qui signifie que l’on ne peut exiger du chrétien qu’il applique toute la loi morale, entièrement et d’un coup, mais qu’il faut au contraire l’aider à avancer sur un chemin de croissance, dans la durée”. 

Certes et, comme dit l’Ecriture, le juste lui-même pèche sept fois par jour (Proverbes, 24, 16). Le danger serait que, dès lors, la loi objective se relativise ou cesse même d’être enseignée.

Or,il n’y a pas de miséricorde sans justice ni peine adéquate et c’est ce qu’on découvre dans la pratique du sacrement de guérison que nous appelons pénitence. Une pénitence dont l'objet est médicinal. Mais qui se confesse encore aujourd’hui ?

Sur son site « Pro liturgia », Denis Crouan poursuit  le commentaire en ces termes :  

«... Et le jésuite d’expliquer qu’il s’agit de mettre en œuvre une pastorale basée sur la “loi de gradualité” qui peut aider le fidèle à “distinguer l’idéal à atteindre et le bien qu’il arrive sincèrement à faire”. Et de conclure qu’ “il est nécessaire de changer de langage, de supprimer des formules qui ne sont plus comprises, telles “vivre dans le péché” ou “actes intrinsèquement désordonnés”.... 

On comprend que ce qu’il faut, c’est nommer une commission (nos évêques sont très friands de commissions) qu’on chargera de publier le dictionnaire de la “novlangue” pastorale. Comme dans “1984”, le livre d’Orwell, il faut diminuer le nombre de mots d’une langue. Car plus on diminue le nombre de concepts avec lesquels les gens peuvent réfléchir en éliminant les finesses du langage, plus on rend les gens incapables de réfléchir, et plus ils raisonnent à l’affect. Cette simplification de la langue rendra impossible l’expression d’idées potentiellement subversives pour la pastorale qu’on aura officialisée.

Parallèlement, il faudra toujours se souvenir que tout est “historique”. C’est-à-dire qu’il ne faudra jamais rappeler que c’est au nom de l’ “historique” que Bultmann et ses disciples ont réduit les Evangiles à une simple histoire sans dimension surnaturelle ; que c’est au nom de l’ “historique” que les idéologues de Mai 68 ont déconstruit le socle qui garantissait la solidité de valeurs sociales permanentes ; que c’est au nom de l’ “historique” qu’on nous impose des liturgies sans cesse reconstruites et au cours desquelles ont chante des refrains qui, au bout de 3 ans au maximum, sont démodés et doivent être remplacés par d’autres airs tout aussi éphémères.

Une Eglise qui, au nom de l’ “historique”, statuera par un fléchissement de ses règles, finira immanquablement par ouvrir la porte à d’autres opportunités pour toucher aux règles. N’oublions pas que ceux qui militent pour une idéologie ont déjà un processus de remplacement en tête. Pire : ils ont déjà d'autres requêtes dévastatrices à présenter. »

 http://www.proliturgia.org/

 JPSC

Commentaires

  • La "loi de gradualité" est une jolie expression, qui fait savant, mais que veut-elle dire ? Il me semble que cela peut se rapporter à tout ce qui est humain, en bien comme en mal. Tout homme cherche naturellement à faire de mieux en mieux (graduellement) ce qu'il a décidé et entrepris. Elle est donc valable aussi pour un escroc, par exemple. C'est donc bien en quelque sorte une loi naturelle à l'homme.
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    Mais que donne cette "loi de gradualité" appliquée à un homme qui a décidé et entrepris de faire le bien selon Jésus-Christ ? C'est-à-dire, d'aimer Dieu et son prochain (même son ennemi, celui qui ne l'aime pas). Je ne crois pas que la hauteur de cet objectif ait découragé la multitude de nos ancêtres victimes de persécutions, ou encore nos contemporains, en Syrie, en Irak, au Nigéria ou ailleurs.
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    Si des formules simples ne sont plus comprises en Europe, telles “vivre dans le péché” ou “actes intrinsèquement désordonnés”, comment se fait-il que d'humbles catholiques non européens les comprennent au point de sacrifier leur vie pour elles ? Ces pauvres gens semblent avoir très bien compris au contraire que le mot "péché" signifie pour un catholique le "manque d'amour charité" et que le mot "désordonné" signifie "non ordonné" au bien voulu par Dieu pour ce monde.

  • Lu sue le site de « La Croix » cette réflexion d'un lecteur : Intéressante cette perspective de gradualité mais il me semble qu'elle n'est pas pratiquée de fait dans tous les comportements de la vie ni des sacrements de l'Eglise. Vatican II a insisté fortement sur l'Eucharistie, source et sommet de l'Eglise. Or, pour faire sa première communion, l' Eglise demande assez peu de choses a un petit enfant : avoir été au catéchisme, connaitre la vie de Jésus, avoir perçu un lien entre le Jeudi Saint et la célébration de l'Eucharistie.... Pas beaucoup de gradualité dans cette démarche : l'enfant (même très jeune) communie pour de bon une première fois... et il lui reste toute la suite de la vie pour en comprendre davantage la portée... ou pas. En résumé, l'accès à ce sacrement pourtant central se joue dans une forme de " tout ou rien" et n'a rien de graduel ; la foi de l'enfant peut être tout à fait pleine - même si elle est loin d'être mature - ; Ce qui se jouera graduellement par la suite, c'est la compréhension plus pleine du sacrement et de sa portée. Face à cette pratique aussi nette, il me semble qu'il est fort compliqué d'un point de vue pastoral de proposer un accès graduel à d'autres sacrements - mariage notamment - , ce changement de cadence étant difficile à expliciter. A moins de généraliser une pastorale de la gradualité à tous les sacrements et de proposer des temps de préparation longs et par étape pour tous les sacrements. Bonne idée peut-être.... mais qui risque de décourager bien du monde en route.

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