Pourquoi l’abbé Ringlet reste-t-il dans l’Eglise catholique ? (02/08/2015)

Suite à l’article paru ici un ami nous communique la réflexion suivante : 

« Dans la veine moderniste des deux derniers siècles illustrée par de grands ancêtres comme Lamennais, Renan et autres Loisy, j’avais pensé qu’on inscrirait peut-être un jour, dans une  note érudite, le nom d’un lointain épigone belge, dont « le Soir » a encore recueilli dévotement les oracles, ce 18 juillet.  Ses propos sont aujourd’hui (71 ans) dédiés à la mémoire et au souvenir.  A leur lecture, je me ravise : il ne suffit pas d’avoir le goût de la transgression,  de forcer le trait et de jouer les provocateurs pour atteindre le niveau de ces maîtres d’hier qui inspirèrent la figure de l’abbé Donissan à Bernanos ou celle de l’abbé Bourret à Joseph Malègue.  Nous sommes finalement ici dans un registre léger, dont la postérité me semble bien moins assurée, comme le suggère d'ailleurs malicieusement le titre ambigu de l’article du « Soir »: « je n'ai jamais tenu la femme à distance. 

C’est en ces termes que le site Belgicatho introduisait de longues citations de l’interview données par l’abbé Ringlet au « Soir ». 

Lecture faite, deux questions viennent à l’esprit : comment et pourquoi le comportement et les positions de l’abbé Ringlet ont-ils été tolérés (du séminaire à aujourd’hui) dans l’Eglise de Belgique ?  Pourquoi reste-t-il dans l’Eglise catholique alors que tant de chapelles l’accueilleraient sans difficulté extra-muros? 

Nous pouvons trouver un élément de réponse à la seconde question dans un ouvrage de Karl Rahner où l’auteur s’exprime comme suit : « Pourquoi des chrétiens qui sont conscients de l’opposition de leurs conceptions avec la doctrine de l’Eglise officielle, veulent-ils pourtant rester dans l’Eglise ? Une raison en a déjà été indiquée : ils se mettraient eux-mêmes par là aussi en contradiction avec une proposition de foi déjà reconnue par eux-mêmes, celle qui concerne la véritable Eglise et son magistère. Mais il s’y ajoute certainement d’autres raisons encore. Par opposition aux temps d’un individualisme et d’un libéralisme conscient de soi, l’homme d’aujourd’hui n’a plus autant de confiance en sa propre opinion, il n’est plus si bien convaincu que l’on puisse facilement soi-même fonder une nouvelle communauté religieuse, sans se perdre dans l’esprit de secte et dans des rêveries sans issue. Lorsqu’on  éprouve ce sentiment sans pourtant réaliser la foi inconditionnée en l’Eglise, on en vient – depuis l’époque du modernisme – aux essais de bâtir sa propre petite chapelle au sein de la grande Eglise, et de former une secte ésotérique au sein de la grande communauté » (Dangers dans le catholicisme d’aujourd’hui, DDB, 1959, p.121). »

JPSC 

15:05 | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook | |  Imprimer |