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Abbé Gabriel Ringlet : les confessions du prieur de Malèves Sainte-Marie

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Dans la veine moderniste des deux derniers siècles illustrée par de grands ancêtres comme Lamennais, Renan et autres Loisy, j’avais pensé qu’on inscrirait peut-être un jour, dans une  note érudite, le nom d’un lointain épigone belge, dont « le Soir » a encore recueilli dévotement les oracles, ce 18 juillet.  Ses propos sont aujourd’hui (71 ans) dédiés à la mémoire et au souvenir.  A leur lecture, je me ravise : il ne suffit pas d’avoir le goût de la transgression,  de forcer le trait et de jouer les provocateurs pour atteindre le niveau de ces maîtres d’hier qui inspirèrent la figure de l’abbé Donissan à Bernanos ou celle de l’abbé Bourret à Joseph Malègue.  Nous sommes finalement ici dans un registre léger, dont la postérité me semble bien moins assurée, comme le suggère d'ailleurs malicieusement le titre ambigu de l’article du « Soir »: "je n'ai jamais tenu la femme à distance". Quelques extraits de cette entrevue, commentés par nos soins, le montrent mieux qu'une longue plaidoirie:

Malèves Sainte-Marie ce n’est pas la Colline inspirée , ni la Roche de Solutré  mais, tout de même, l’abbé y tient sa petite cour.  « Le soleil matinal est délicieux et le cadre idyllique », note le journaliste : «  Gabriel Ringlet nous reçoit chez lui, dans la bâtisse de style fermette dont il a fait son havre de paix, à quelques enjambées du prieuré de Malèves-Saintes-Marie, véritable Q.G. de la communauté qu’il anime depuis trente ans. Un lieu qui lui a redonné le lien à la terre, vital pour ce prêtre, théologien, écrivain, ancien directeur de l’école de journalisme de Louvain-la-Neuve et vice-recteur émérite de la même université. » .

Voilà pour le décor et voici pour les références : « Opposé dès son entrée au séminaire au célibat des prêtres, fervent défenseur de l’euthanasie, de la procréation médicalement assistée, très critique sur la façon dont les instances catholiques belges ont géré la crise de la pédophilie, Gabriel Ringlet n’a jamais cessé de dire ses quatre vérités à une Eglise qu’il n’a pourtant jamais songé à quitter. Et c’est sans doute ce qui donne à sa critique de l’institution une telle légitimité ». 

Où commence son histoire ? « Tout commence à Pair-clavier, dans le Condroz. Mon papa, François, est maçon, il a une toute petite entreprise de maçonnerie avec son frère. A l’époque, on fait encore le métier à pied : on part à 4 heures du matin pour être sur le chantier. Quand je traverse le Condroz aujourd’hui, je peux encore dire quelles sont les maisons construites par mon papa. Mon père est donc maçon, puis clerc de notaire, puis chantre grégorien, dans les petites églises où il m’emmenait petit garçon. Cela ne paraît plus possible aujourd’hui ! Mon père a uniquement fait l’école primaire, mais il écrivait admirablement, sans une faute d’orthographe, et s’exprimait comme un intellectuel. Ma mère, Germaine, était mathématicienne : elle avait fait ses études à l’université à Liège. Si je refuse tellement le clivage entre le monde intellectuel et le monde manuel, c’est que je ne l’ai jamais vécu à la maison. J’ai toujours trouvé un dialogue extraordinaire entre mes parents venant de deux horizons différents ».

Et il précise : "Ma liberté intérieure vient de là, du fait que je n’ai jamais dû « être contre ». Je n’ai pas à me venger contre la religion, contre l’Eglise, car j’en ai eu dès l’enfance un visage très joyeux et très ouvert. Je suis donc libre de dire que ce qui ne va pas. Je ne règle pas de comptes. » Il est vrai que ni les siens ni l’Eglise ne l’ont guère contredit, ce qui lui a permis d’être contrariant sans subir de contrariétés. 

Son rapport à Dieu dans tout cela ?

Passons sur l’histoire  des gamins qui célèbrent la messe  par jeu avec la panoplie complète des accessoires du culte,  pour retenir la grave maladie pulmonaire  qui le cloue au lit pendant six mois : une épreuve que le jeune garçon traverse en découvrant surtout l’imaginaire des grands reportages  radiophoniques  et la littérature : « Ma maman a toujours hésité entre les maths et la littérature. Tous les grands poètes, les grands récits, elle me les apporte ». Adolescent, il se retrouvera au collège des Pères Croisiers à Hannut : « ce qui sera tout à fait déterminant pour moi » explique-t-il : « Je crois que j’étais très animateur au collège. En tout cas, je prenais beaucoup d’initiatives, dont la plus spectaculaire est de réunir les élèves de l’athénée, des sœurs et du collège. J’ai 17 ans et je me dis ‘qu’est-ce que c’est que ce clivage entre enseignement officiel et catholique, filles et garçon ?’ A cette époque, j’ai vécu quelque chose de très fort, qui a peut-être boosté ma vocation: le dimanche, à la messe, le doyen de Hannut prêche contre moi en disant: ‘ce qui est organisé au collège maintenant, je vous signale que les parents n’en ont aucune garantie, ni avant, ni pendant, ni après’. Je n’ai jamais oublié cette phrase » 

« Et la vocation naît à cette époque ? » interroge le journaliste. Voici la réponse que n’a peut être jamais entendue le directeur de séminaire qui a du l’interroger sur sa vocation religieuse: 

«Jusqu’au bout, vous avez des tas de doutes. J’étais un passionné de littérature, un passionné de journalisme, et j’adorais vulgariser l’évangile. Car au patro, ce n’est pas le vicaire qui parlait religion aux enfants, c’était le président du patro, c’est-à-dire moi. J’ai donc cherché quel était le métier qui me permettrait de faire les trois: suivre l’actualité, entretenir ma passion de la littérature, et commenter l’évangile. J’ai finalement choisi le clergé séculier, pour tous les points de chute qui resteraient possibles. Contrairement peut-être à aujourd’hui, ce chemin-là, le chemin du sacerdoce, était plutôt valorisé intellectuellement. On n’entrait pas au séminaire honteux, en rasant les murs. Aujourd’hui, il faut un fameux courage pour un jeune d’entrer au séminaire. Pour un jeune qui serait un jeune d’ouverture en tout cas (…) » . 

A propos de ses « doutes », il précise : « Pour moi, l’hésitation venait plutôt du fait que j’étais aussi très attiré par la vie contemplative, notamment parce que j’avais cette tante carmélite que j’adorais ». Cette "vocation" manquée était de la même eau: « Déjà quand j’avais quatre ans, j’allais la voir au Carmel à Liège. Sœur Marie-Joseph de l’enfant Jésus, ou tante Antonie. Nous sommes dans le carmel des années 50: aux fenêtres, il y a des rideaux, des volets, des barreaux et des picots en fer forgé! Et il y a une tourière, c’est-à-dire une surveillante. Quand vous venez au parloir pour rencontrer la religieuse de votre famille, cette surveillante écoute la conversation et va tout rapporter à la mère supérieure. Bref, l’horreur absolue! Mais ma tante et ma maman ont inventé un espéranto entre elles, pour larguer complètement la tourière! Elles m’ont appris à me moquer du système, à le défier. » 

Et comme si cela ne suffisait pas à édifier un supérieur sur son aptitude au sacerdoce, le « prieur » de Malèves-Sainte-Marie ajoute un peu plus loin : 

«On m’apprend la transgression depuis petit, et à plusieurs reprises. Une autre anecdote: mon papa a construit une partie de l’abbaye de Rochefort, car nous avions un cousin trappiste qui avait donc fait en sorte de confier le chantier à la petite entreprise de mon père. Les hommes partaient travailler et ne revenaient à la maison qu’après un mois. Le week-end, nous allions avec ma maman voir mon père et passer le dimanche là-bas. Moi on me traitait comme un roi dans toute l’abbaye, mais les femmes ne pouvaient pas franchir la clôture, sous peine d’excommunication! Ma maman, elle, franchissait la clôture. Quand un moine lui criait: «Germaine! Germaine!» (il mime en levant les bras en l’air), elle répondait: «Je voulais sentir ce qu’était la décharge de l’excommunication (...) »!

Last but not least,comme dans toute bonne enquête romanesque, cherchons la femme. Le journaliste en vient au fait : « Vous entrez au séminaire… Cela signifie que le séducteur qui sommeillait en vous a fait une croix sur les femmes? »  Réponse du vice-recteur honoraire : « Ah ça, c’était mon tout grand problème et, en réalité, ma seule véritable angoisse. J’étais convaincu que professionnellement – j’ose employer ce mot – c’était quelque chose qui allait m’épanouir. Mais pourquoi le célibat? Cela m’était insupportable! ». Mais alors pourquoi persiste-t-il dans son choix ? Voici  : «  (…) le premier directeur de conscience que j’ai eu, je lui ai dit: ‘j’ai choisi ce chemin car il m’intéresse, mais je trouve insupportable que vous exigiez le célibat. Et, d’ailleurs, je suis encore très lié aux filles que j’ai connues en rhéto, et en particulier je continue à sortir avec l’une d’entre elles’. Quand je lui dis cela, j’entre au séminaire! Mais lui me répond: «tu dois continuer, tu as le temps, tu verras bien de quel côté va pencher la balance».

Reste qu’il fallait en fin de compte choisir, ce qu’il fit, à sa manière : « Quand on fait un choix, explique-t-il au journaliste du Soir, on tente de l’assumer au mieux. Même si c’est de la corde raide. Dès le séminaire, j’ai d’ailleurs écrit l’un ou l’autre article pour protester contre l’obligation du célibat des prêtres ».  Il a donc suivi une  voie critique et ambiguë que ses supérieurs auraient sans doute du le dissuader de suivre, s’il a eu la franchise de leur avouer son état d’esprit aussi clairement qu’au reporter, aujourd’hui :  « Puisque la vocation pèse tellement, je vais le faire. Mais non seulement jamais je ne tiendrai la femme à distance, elle aura une place toute naturelle dans ma vie et accepter le célibat, ce n’est pas renoncer à la vie affective, ce n’est pas renoncer à des amitiés qui vous portent très loin.»

Laissons notre "prieur" tirer lui-même la morale de ses Confessions journalistiques, qui ne sont pas tout à fait  celles de saint Augustin :  « Je crois que je ne peux pas être plus clair que ce que j’ai écrit dans 'Ceci est ton corps'. Les lecteurs, de tous les milieux d’ailleurs, ont très bien compris ce que je disais. Pour ce livre, j’ai quand même répondu à des courriers de lecteurs pendant six mois, cinq heures par jour! Il y a des évêques qui ont osé me dire en privé, ce qu’ils ne diraient jamais en public. J’ai aussi reçu beaucoup de témoignages du monde contemplatif. Des tas de prêtres qui m’ont dit «merci, tu oses poser des questions que personne n’ose aborder». A savoir: comment un prêtre peut-il accompagner une femme d’aussi près. Je n’ai jamais voulu renier le fait que je trouve la présence féminine très bénéfique dans une vie. J’ai respecté un engagement, mais sans jamais devenir «curé» au sens péjoratif du terme. Car j’ai en détestation l’image du clergé habituel. »

JPSC

Commentaires

  • Ce type est bien trop systématiquement interviewé par la rtbf pour être honnête. Il est beaucoup plus proche des milieux ultra-laicards catophobes que de l'église (même dans sa version light post conciliaire). Je me souviens d'un débat concernant les prêtres pédophiles lors duquel il abondait dans le sens de pierre galand du centre d'action laïque. Il jubilait manifestement à l'écoute des tombereaux d'amalgames proférés par le franc-maçon de service. Ce judas moderne a volontairement consacré sa vie à la dissolution de notre civilisation chrétienne traditionnelle dans l'idéologie libérale libertaire issue de mai 68. Pas sur qu'on gagne au change...

  • S'il n'y avait pas eu de tels hommes (prêtres et autres ...) sur mon parcours de la foi, j'aurais quitté l'Eglise catholique depuis longtemps.

    Vos critiques frisent l'hystérie !
    C'est de cette manière que vous croyez pouvoir "évangéliser" ?

  • Les propos de Francoys ne sont qu'un simple constat.

    "S'il n'y avait pas eu de tels hommes (prêtres et autres ...) sur mon parcours de la foi, j'aurais quitté l'Eglise catholique depuis longtemps."

    Reste à définir ce que l'on attend d'un prêtre et de l'Eglise.

  • On peut se poser la question suivante : quand ce style de ministre du culte dit la Messe, n'est-t-il pas distrait par tout ce romantisme qui l'envahit, ce besoin de jouir par tous ses sens ?
    Si l'amour humain vous obsède, l'amour de Dieu n'aura que ce qui reste comme espace ... d'où l'exigence du célibat me semble-t-il.
    Par contre, un ministre du culte que je connais et qui est aussi Père carme, recherche lui la solitude, l'austérité, l'union à Dieu, le détachement, l'apostolat, la mission ... et cela depuis 60 ans dans la même cellule ! Il est respecté et aimé par tous et toutes .... Il suscite l'admiration, le respect ...

    Il faut peut-être attendre la trentaine pour bien se connaître avant de s'engager dans la prêtrise...
    Il faut aussi mettre en garde les femmes non respectueuses des engagements des prêtres. Ce n'est pas assez dit, mais c'est très grave de détourner un prêtre de sa vocation.
    C'est mon avis, mais pas seulement ... cela se trouve aussi dans la Bible.

  • Voilà : qu'elle est belle notre Eglise catho quand elle médit, méprise ... Juge ...

    " Je n'ai jamais tenu la femme à distance" : et alors ? Mais heureusement ! Il faut les éloigner de nous en nous disant : " Trop dangereux de voir, de toucher une femme ! " La femme pour eux c'est la tentation, la bassesse, le péché !!!! ???

    Vous parlez d'un carme : mais "il y a plusieurs demeures dans la maison de mon père " !

  • Merci Aubelle pour ces paroles vraies et lucides !

  • Les enfants de Mai 68 nous ont embourbés dans une si grande misère spirituelle..... (et apparemment on va devoir payer aussi niveau matériel....cqfd)

  • En tout cas, les positions de "l'abbé" Ringlet comblent d'aise ceux qui y trouvent la justification de leur éloignement à l'égard des positions de l'Eglise et qui rejoignent le cher Gabriel dans sa détestation de tout ce qui ne rejoint pas le culturellement correct. ambiant. "L'abbé" est bien en phase avec l'air du temps et n'a guère de souci à se faire: il sera toujours le bienvenu dans les studios de la RTBF et dans les colonnes du Soir, de la Libre ou du Vif. Mais "Malheur, lorsque tous les hommes diront du bien de vous, car c'est ainsi qu'agissaient leurs pères à l'égard des faux prophètes!" (Luc, 6, 26))

  • En effet et ceux qui prétendent rester encore dans l'Eglise grâce à ce genre de prêtre (pour lequel il faut vraiment beaucoup prier !) devraient se demander s'ils s'y trouvent réellement toujours. Car suivre un berger aveugle n'est pas une garantie que nous marchons encore sur le chemin du Christ.

  • je vous lis bien J. Delen, mon intervention vous a déplu. Bien. Je m'explique.
    Cependant, vous devez aussi savoir que la correction fraternelle est utile ... partout... et bien évidemment dans l'Eglise, si nous souhaitons qu'Elle soit crédible. Il s'agit d'une mission de la part du Christ confiée à celui qui se sent appelé par Lui pour baptiser, évangéliser, confesser, nourrir du Pain Eucharistique, marier, ordonner, et ... aider à mourir.
    Vous ressentez comme de la médisance, du mépris, un jugement ... c'est votre avis, dans ce cas pardonnez moi.
    Il faut savoir que nous ne sommes sur la terre que pour un temps, nous "passons" et que la jeunesse a le droit de constater par elle-même si nous sommes crédibles ou pas. Si nous sommes "justes" ou pas. C'est à elle que je pense, Mr Delen, les jeunes aiment à voir des modèles de différentes vocations. Ils aiment aussi admirer l'authenticité des valeurs qu'ils proclament et pratiquent, tout en sachant qu'ils sont humains, bien sûr et qu'ils ont des défauts somme nous tous.
    Il y aura toujours une attirance de l'homme envers la femme puisque Dieu Créateur l'a voulu, mais il a aussi choisit des hommes et les a mis à part pour leur parler, les guider, pour être ses instruments, pour les instruire en vue de la Gloire du Père et le salut du monde. C'est ce que le Christ nous a démontré jusqu'à en mourir, puis en ressuscitant et en nous donnant son Esprit...

  • La prose de Gabriel Ringlet (on n'ose même pas parler de "pensée") transpire la tiédeur, la mollesse, la compromission, l'esprit du monde, le péché. Il est de ces tièdes que vomit le Seigneur. Il vit dans le péché, dans le doute systématique, dans le relativisme et il s'en vante, se donne en exemple, plastronne sur les plateaux de télévision.
    La vie spirituelle est un combat sans merci, une guerre totale ("jusqu'au sang" dit la lettre aux Hébreux), S. Paul parle de "discipline sévère" de "traiter durement son corps" (1 Cor)... Que pèse le pauvre Gabriel dans ce combat ? Dieu seul le sait. Mais malheur à cet homme s'il a conduit à sa perte "un seul de ces petits" qui croient en Dieu !

  • convertie vers mes trente ans, elevée dans un milieu agnostique, athee et anticlérical , je suis toujours émerveillée des trésors que recèle cette Eglise, vieille de deux mille ans . L'éternité sera courte pour aprofondir l'amour que j'ai pour chacun de ses membres .( et ses écrivains , et Pascal ....) Mais , ici bas, je ne comprends RIEN à l' Abbé Ringlet et parfois , j'ai peur de comprendre .

  • A Aubelle.
    Laissons Mr. Ringlet à son cheminement personnel pour revenir à ce qui pose problème à certains et parfois les irrite, a savoir les liens entre sexualité et religion, et en particulier entre sexualité et prêtrise. C'est bien cela qui fonde un certain nombre d'attaques contre l'Église catholique et justifie parfois des attaques journalistiques déloyales comme celle des prêtres dits « pédophiles ».
    Il est évident que la très grande majorité des dits « pédophiles » ne sont pas clercs, et que la très grande majorité des clercs ne sont pas « pédophiles ». Mais cet angle d'attaque est une façon de dire sans le dire « vous voyez bien que la ''morale sexuelle'' prônée par l'Église n'est pas réaliste ». C'est exactement le même combat mené contre les « méthodes naturelles » de régulation des naissances impliquant des périodes de continence. C'est encore le même combat pour l'acceptation des divorcés remariés. Et c'est encore le même combat en faveur du « mariage » homosexuel.

    Ce point central qui pose problème (et dont on parle rarement ouvertement) est la soumission à, la régulation ou le contrôle des pulsions sexuelles présentes chez tout homme et toute femme, quels qu'ils soient. Et le lien entre sexualité et engendrement.
    Cette limitation des pratiques sexuelles ou leur refus définitif, s'il n'est pas névrotique, ne peut avoir qu'une perspective de libération.
    Libération pratique, bien sûr, de ne pas avoir charge de famille, de se libérer jusqu'à un certain point de préoccupations matérielles (qu'il est impossible de supprimer totalement),
    mais libération intérieure d'abord, disponibilité à un amour divin prenant toute la personne dans une communion avec le divin.
    La communion avec le divin implique alors en retour une ouverture inconditionnelle à l'autre, au différent, mais dans une relation non charnelle.

    Voilà, je crois ce que certains ne voient pas, ou ne veulent pas voir, car c'est incontestablement un chemin étroit et difficile. Un chameau passerait plus facilement par le chas d'une aiguille.

  • Entièrement d'accord Shimon. La continence avant une visée pratique de limitation de l'engendrement est d'abord une voie de libération et de croissance personnelle par le détachement du contingent transitoire, pour l'attachement à l'essentiel permanent.

  • L'Abbé Ringlet semble heureux comme prêtre, du point de vue intellectuel - dit-il, mais pas une fois dans l'article je ne vois le nom de Jésus, L'Abbé Ringlet n'aime pas l'Eglise, parce qu'il n'aime pas Jésus, car L'Eglise, c'est Jésus-Christ, comme le dit Sainte Jeanne d'Arc. Ou peut-être qu'il aime Jésus comme homme, mais pas comme Dieu, Jésus homme et Dieu, voilà LE modèle à suivre. car c'est Lui qui appelle et c'est à Lui que le prêtre répond par une vie toute entière consacrée à Son Amour et à ceux qu'Il lui envoient.
    Prions pour ce prêtre et pour tous les prêtres.

  • N'est-ce pas l'Abbé Gabriel Ringlet qui disait à propos d'un sujet comme la vie après la mort" : "C'est un thème parfaitement accessoire voire étranger à la religion. Ce que nous devons construire, c'est le monde d'ici."

    A vérifier... Mais je pense que cela résume sa pensée et celle de Hans Küng...

  • Hans KÜNG :

    Je crois que si je suis sûr de moi, si je n'ai pas peur de la vérité, si je suis tout à fait enraciné dans ma propre foi, alors je serai également prêt pour être ouvert vis-à-vis des autres et les estimer. En effet, j'ai mené de très nombreux dialogues, avec des Musulmans, avec des Juifs, avec des hommes qui provenaient de toute tendance religieuse. J'ai toujours constaté que lorsque je disais ouvertement que j'allais à eux en tant que chrétien convaincu, mais que je voulais essayer de mieux les comprendre, on avait une bonne base. En effet, très souvent, ceux qui sont les plus agressifs en matière religieuse, sont ceux qui ne sont pas très sûrs de leur foi. Nous avons de très nombreux catholiques conservateurs, des protestants fondamentalistes qui deviennent tout de suite nerveux dès qu'on leur dit un simple mot, du genre : oh ! Attention. Alors, à ce moment là, ils se sentent menacés dans leur propre croyance. Mais moi je ne me sens pas du tout menacé dans ma croyance, et je peux parfaitement discuter avec un Juif qui lui aussi est enraciné dans sa religion, ou avec un Musulman qui est enraciné dans sa foi.

  • L'abbé Ringlet, ayant perdu ses mandats universitaires et renoncé à une carrière ecclésiastique plus brillante, a réussi à se faire attribuer une thébaïde sous forme d'un splendide prieuré tout à côté d'une ravissante et très ancienne église en Brabant, où, confortable pensionné, il tient salon et invite les personnalités qu'il veut, pour y pratiquer une "spiritualité" toute personnelle. Le tout aux frais de la princesse bien entendu.

    Voici deux informations exemplatives trouvées à ce sujet sur internet:

    Propriété de la petite paroisse Sainte-Marie, proche du Doyenné de Perwez, du Vicariat du Brabant wallon, et lié à l’Université catholique de Louvain, le Prieuré est aujourd’hui une ASBL (…) aidés au quotidien par un personnel de secrétariat, de cuisine et d’entretien, financé grâce à un projet de la Région Wallonne.
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    "Ce qui fait toute la richesse des Samedis du Prieuré, c’est la diversité des invités.
    La foi, ou une foi différente, ou l’absence de foi, n’est jamais un critère de sélection." (Site officiel du "Prieuré")
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    Pour lui permettre de mener à bien ses indispensables projets, son site explique enfin, longuement, comment lui faire des dons (ou même des legs, tant qu'à faire) avec exemption fiscale bien entendu. Ainsi nous sommes tranquillisés, l'Abbé Ringlet ne laisse rien au hasard. (ni à la providence bien entendu !)

  • La réapparition de l'abbé Ringlet me donne envie de sortir des archives une "cartes blanche" que Le Soir avait accepté de publier. C'était en 2001.
    Rien à changer. Rien n'a changé.
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    Séraphin en purgatoire

    Mardi 9 janvier 2001
    Carte blanche

    Le corps de Mgr Lebonze était à peine froid que le chapeau de cardinal et primat de Belgique fut proposé à l'aimable Séraphin Riglette qui disait avoir fait de sa vie «une passerelle entre les hommes». Le jour où l'abbé Riglette s'avisa de se laisser pousser la foi, l'idée lui vint de faire sa contre-révolution prosélytique en attrapant les mouches avec du miel. Il croyait donc sans excès, pratiquait à sa manière, prêchait la Belgique aux Belges, la tolérance aux agnostiques, l'unité de Dieu aux musulmans et se vantait de visiter les mouches à miel sans filet protecteur, c'est-à-dire de compter des francs-maçons parmi ses amis qu'il se défendait par ailleurs de «vouloir convertir».
    Il proposait à ses contemporains et coreligionnaires un dieu à sa propre image qui était émolliente et béate, ce qui lui valait de ses étudiants l'alphabétique surnom d'AB-BA (abbé béat). Il prenait le Dieu catholique romain à la dose indiquée, mais en infusion, avec une petite grimace souffreteuse, comme une cuillère à soupe d'huile de foie de morue ; à ses porteurs de chaise, il prescrivait un autre Dieu, savant électuaire, à l'ingestion moins vomitive et aux effets plus mesurés. Sa parole, glabre comme un cierge pascal et tranchante comme une crosse en meringue, évoquait sur un ton douceâtre et homéliqueux les vertus éprouvées d'un «Dieu fragile et démuni», sorte de bibelot mystérieux à usage multiple, à la fois extrêmement cassable et immensément poussiéreux, sans précision sur le lieu (brocante, marché aux puces, quincaillerie en gros) où l'amateur de curiosités, l'antiquaire de luxe ou la ménagère pressée pouvait se procurer un exemplaire en état de marche de cet Insignifiant Personnage.
    L'oscillant Riglette n'évoquait la «morale catholique romaine» qu'avec une circonspection pharmacologique et à la condition que cette dernière fût expressément coincée à la page du jour, dans la pose molle, grasse et effilochée d'un vieux signet de bréviaire.
    Avec Guillaume Larcher, son «ami de l'autre bord», sensible comme lui à la piqûre de frelon de la «question du sens», Séraphin Riglette courait de colloques en conférences et d'articles de fond en minute télévisée.
    On s'invitait à boire et à manger, car on avait la digestion fraternelle ; on se citait dans les bas de page et dans les bibliographies, car on savait le prix de l'amitié. Ces deux pôles de la pensée pensante et de la parole parlante semblaient s'être entendus pour faire tourner la planète belge entre les crocs de leurs hémisphères : dans les journaux du matin, Larcher disait la doctrine et dans ceux du soir, Riglette la commentait ; quand Larcher servait la soupe, Riglette lui passait le sel ; quand Riglette semait des points de suspension, Larcher agitait des points d'interrogation.
    Les catholiques romains «fanatiques et rétrogrades» que l'abbé avait renoncé à éduquer à la modernité ne prenaient plus la peine de s'adresser à sa hiérarchie pour s'en plaindre, sachant que cette dernière avait fait sienne le précepte évangélique de «ceux qui se sont fait eunuques en vue du Royaume des cieux».
    Le jour où Riglette mourut, il fut très étonné de ne trouver en purgatoire que de vieilles connaissances cléricales et académiques, saucissonnées et maugréantes, qui n'en finissaient pas de geindre sur l'ingratitude de Dieu; l'endroit déçut paradoxalement l'apôtre du vacuum, vu qu'il n'y trouvait nul public à caresser et plus rien à dire à ces bougonnants confrères, la question du sens étant définitivement réglée. Il chercha longtemps son vieux compagnon Larcher qui était mort depuis longtemps, rongé par ses questions sans réponses : qu'est-ce qui fonde le monde ? pousse-t-il des racines infinies sous le droit ? y a-t-il un Dieu qui vaille plus que l'amour humain ?
    La stupeur de Riglette fut à son comble lorsque, après avoir déambulé pendant un siècle dans les filandreux méandres de cet assommant purgatoire, il reçut un message de Larcher : «Courage, Séraphin, bientôt tu seras avec moi dans le paradis!». Le secret de ces destins croisés? Les questions de Larcher étaient porteuses d'éternité, car il ne connaissait pas Dieu, tandis que les doutes de Riglette avaient brisé l'espérance des hommes, car il connaissait Dieu et avait feint de l'ignorer.

    Pierre René Mélon
    Ecrivain

  • "Car j’ai en détestation l’image du clergé habituel. » Tout est dit, me semble-t-il, dans cette phrase qui sent la suffisance et le mépris pour tout ce qui n'est pas son auteur. Je pourrais en dire pas mal sur ce personnage dont j'ai partagé l'existence durant un certain temps au grand séminaire de Liège où il tenait déjà salon tous les jours de 13 à 14 heures, distillant à doses homéopathiques des propos doctes et déviants devant quelques dévots. Aujourd'hui, il a sa propre église et est son propre pape! Quand il nous quittera, tout cela s'écroulera.

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