Suspension / limitation des cultes : quelques réflexions (13/12/2020)

D'un ami :

En Belgique, les catholiques, singulièrement les évêques et une partie du clergé semblent timorés à l’extrême quand il s’agit de demander la reprise du culte public.

Pourtant c’est une très grave erreur (et dans le cas de certains, probablement un péché très grave).

  • Notons qu’en demandant la reprise DES cultes, les catholiques ne demandent pas un privilège mais un droit pour toutes les religions.
  • Réclamer la reprise du culte public revient, du point de vue humain et juridique, à demander le respect de la Constitution du peuple belge, qui stipule

« article 19 - La liberté des cultes, celle de leur exercice public, ainsi que la liberté de manifester ses opinions en toute matière, sont garanties, sauf la répression des délits commis à l'occasion de l'usage de ces libertés. »

Les catholiques sont moralement tenus de se montrer solidaires du reste de la population en exigeant le strict respect des libertés constitutionnelles, qui ne peuvent être restreintes que des lors qu’une forme de leur exercice présente un trouble pour l’ordre public.

  • Etant moralement tenus d’être soucieux de la santé de tous et d’être solidaire avec le personnel soignant, les catholiques doivent, en tout lieu, respecter les gestes sanitaires demandés tels que le port du masque, pratiquer une grande hygiène des mains (lavage et désinfection) et respecter la distance physique entre personnes, en ce compris dans les églises.
  • La plupart des lieux publics sont aujourd’hui ouverts, seuls sont interdites les activités qui ne permettent a priori pas de se tenir à moins de 1,5 mètre l’un de l’autre et avec le masque (impossible pour le coiffeur de se tenir à 1,5 mètre de son client, ou pour des clients de boire ou manger dans l’horeca en portant le masque, de même pour les repas entre membres de ménages différents, etc)

Il est considéré comme sanitairement non dangereux d’être dans un magasin, de quelque nature qu’il soit, du moment que les clients se désinfectent les mains à l’entrée, portent le masque, se tiennent à 1,5 mètres les uns des autres et qu’il y ait n’importe quel nombre de personnes au total du moment que ce ne soit pas plus de 1 par 10 m².

Il n’y a aucune raison scientifique pour penser que le virus se propage plus vite dans une église que dans un magasin, bien au contraire, puisque les fidèles restent à leur place alors que les clients d’un magasin bougent sans cesse.

Pire encore, les églises restent ouvertes pour la prière personnelle sous réserve du respect des normes générales (les même que dans les magasins), de sorte qu’une cathédrale peut accueillir 100 personnes simultanément pour la prière personnelle mais pas plus de 15 pour la messe. Ceci est évidemment absurde.

Notons que certains prêtre prétendent faussement qu’il est interdit d’être à plus de 4 dans une église pour la prière personnelle : les arrêtés ministériels des 28 octobre 2020, 1 novembre 2020, 28 novembre 2020 n’en touchent mot et autorisent la prière personnelle dans les lieux de culte quel que soit le nombre total de personne présentes (dans la limite de 1 par 10 m²). L’arrêté ministériel du 23.10.2020 prévoyait la possibilité de célébrer le culte public moyennant le respect des normes générales et le respect d’un protocole de sécurité, avec maximum 200 personnes). L’arrêté du Ministre-Président de la région de Bruxelles-Capitale prévoit l’interdiction du culte public mais permet la prière personnelle dans les lieux de culte selon les normes habituelles, avec une limite de 100 personnes

Si 100 personnes peuvent se trouver simultanément dans une église, il n’y a aucune raison de penser que le risque de propagation du corona virus augmente si un prêtre célèbre la messe. L’argument qu’il y aurait nécessairement plus de monde à la messe ne tient pas la route. Dans ma paroisse, il y a bien des années qu’il n’y a plus 100 personnes à l’unique messe dominicale. Dans d’autres paroisse, les fidèles sont plus nombreux, mais le clergé y est parfois aussi plus nombreux. Si chaque prêtre nommé en paroisse célèbre 2 ou 3 messes les dimanches (multipliées éventuellement par 2 ou 3 là où il y a 2 ou 3 prêtres disponibles), cela permet de répartir les fidèles, avec éventuelle inscription à l’avance

Pour le jour de Noël (y compris le 24 au soir), objet de plus d’affluence, on pourrait faire appel à des prêtres réguliers ou des prêtres aux études, voire quelques prêtres retraités pour assurer l’une ou l’autre messe publique supplémentaire là où le besoin d’en ferait sentir.

Il y a 2 objections majeures à cela. Tout d’abord, là où ces éléments sont déjà présents, à quoi bon supprimer la messe ? Le concile Vatican II enseigne que les célébrations liturgiques sont très supérieures en valeur à ces pieuses pratiques, qui sont recommandées en plus de la liturgie. En outre, la vertu surnaturelle de la liturgie est de nature à développer les pieuses pratiques … la suspension de la liturgie risque au contraire de faire reculer les pieuses pratiques dans le peuple chrétien.

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