La démission de l'archevêque de Paris (27/11/2021)

Lu sur le site du journal le Monde :

L’archevêque de Paris, Michel Aupetit, a présenté sa démission au pape

Le prélat a admis avoir eu « un comportement ambigu » envers une femme en 2012. Seul le pape peut décider d’accepter ou de rejeter sa demande de démission.

A la tête du diocèse le plus important de France depuis décembre 2017, Mgr Michel Aupetit, qui a succédé au cardinal André Vingt-Trois, se trouve dans la tourmente. Il a remis cette semaine au pape François sa démission après avoir été accusé dans la presse d’avoir entretenu une relation intime avec une femme, ce qu’il a catégoriquement démenti. « Un courrier [a été] envoyé cette semaine », a affirmé à l’Agence France-Presse (AFP) le diocèse de Paris, confirmant une information du Figaro. Le quotidien ajoute que Mgr Aupetit « a rencontré la semaine dernière à Rome le cardinal Ouellet, préfet de la Congrégation des évêques, en ce sens ». Seul le pape peut décider d’accepter ou de rejeter la démission.

Dans La Croix, l’archevêque explique sa démarche : « Le mot « démission » n’est pas celui que j’ai employé. Démission voudrait dire que j’abandonne ma charge. En réalité, je la remets dans les mains du Saint-Père, parce que c’est lui qui me l’a donnée. Je l’ai fait pour préserver le diocèse, car, comme évêque, je dois être au service de l’unité ».

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« Comportement ambigu »

Mercredi sur son site internet, Le Point affirmait que Mgr Aupetit avait eu cette année-là une relation intime et consentie avec une femme, faisant référence à un courriel qu’il aurait envoyé par erreur et qui ne laissait pas de doute, selon l’hebdomadaire, quant à la relation entretenue. Il ne s’agissait « pas d’une relation amoureuse » ni d’une « relation sexuelle », a assuré vendredi à l’AFP le diocèse. « Il s’en était ouvert à sa hiérarchie à l’époque ».

« Je reconnais que mon comportement vis-à-vis d’elle a pu être ambigu, laissant ainsi sous-entendre l’existence entre nous d’une relation intime et de rapports sexuels, ce que je réfute avec force », disait Mgr Aupetit dans l’article du Point.

La demande de démission « n’est pas un aveu de culpabilité, mais un geste d’humilité, une mise à disposition », a souligné le diocèse. Michel Aupetit fait ce geste aujourd’hui « parce qu’il comprend qu’il puisse y avoir un trouble chez les catholiques du diocèse », a-t-on ajouté.

Le Vatican tranchera

La réponse du pape peut prendre plusieurs semaines, le temps pour lui d’examiner et d’évaluer les raisons qui poussent un prélat a vouloir « remettre sa charge ». Il peut refuser la demande. François avait ainsi d’abord opposé une fin de non-recevoir à plusieurs demandes de démission du cardinal Philippe Barbarin, mis en cause pour ses silences au sujet des agressions sexuelles d’un ancien prêtre. Il avait finalement accepté la démission en 2020, lorsque l’archevêque de Lyon avait été relaxé en appel.

En juin, le souverain pontife a rejeté la demande de démission de l’archevêque de Munich, Reinhard Marx, qui souhaitait tirer les conséquences de l’« échec », selon lui, de l’Eglise quant à « la catastrophe des abus sexuels », notamment dans le diocèse de Cologne. Initialement, Mgr Aupetit ne souhaitait pas rendre publique sa demande « pour que le pape puisse prendre sa décision librement », a-t-on souligné au diocèse.

Médecin avant d’entrer dans les ordres

Nommé en décembre 2017, l’ecclésiastique fut médecin généraliste en région parisienne pendant onze ans avant d’entrer dans la prêtrise. Celui qui aime à dire que Dieu lui « a donné rendez-vous sur le tard » a été ordonné prêtre du diocèse de Paris en 1995, à 44 ans, par le cardinal Lustiger. Il y a exercé différents ministères de vicaire et curé, mais aussi d’aumônier auprès de la jeunesse.

Michel Aupetit a été promu évêque auxiliaire en 2013. Seulement un an plus tard, il hérite d’un diocèse de plein droit, celui de Nanterre. Trois ans et demi plus tard, en 2017, celui qui se rêvait « curé de campagne » est hissé à la tête du plus urbain des diocèses.

L’archevêque, qui a eu à gérer l’incendie de Notre-Dame de Paris en 2019, est connu pour ses positions strictes concernant la famille et la bioéthique : il a notamment soutenu régulièrement les « marches pour la vie » hostiles à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Il a aussi eu maille à partir avec les milieux homosexuels en 2012 lors des débats sur le « mariage pour tous ».

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