France : le bilan désastreux d'un quinquennat oublieux des principes non négociables (23/04/2022)

Nous pensons que tous ceux qui rêvent d'une défaite d'Emmanuel Macron au deuxième tour de la présidentielle s'égarent. Selon nous, le scénario de sa réelection est prévisible depuis le début de la campagne électorale. Y aurait-il d'ailleurs une alternative crédible ? Il n'empêche qu'au vu des principes que nous défendons, la politique menée par le président sortant est catastrophique.

De Marc Eynaud sur Boulevard Voltaire :

Mgr Aillet : « Du point de vue des principes non négociables, le bilan de ce quinquennat est désastreux »

22 avril 2022

L’évêque de Bayonne revient, pour Boulevard Voltaire, sur le quinquennat d’Emmanuel Macron, mais également sur les prises de position de certains membres du clergé en faveur de Jean-Luc Mélenchon ou plus récemment Emmanuel Macron.

Marc Eynaud. Qu’avez-vous pensé de cette élection présidentielle ? En tant qu’évêque et en tant que citoyen, l’avez-vous trouvée à la hauteur des enjeux du moment ?

Monseigneur Marc Aillet. En regardant les résultats du premier tour de l’élection présidentielle, on est frappé par les blocs en présence et par les colères, les insatisfactions profondes du peuple français et par les grandes fractures qui traversent aujourd’hui notre société. C’est un constat facile à faire et qui en dit long sur ceux qui président aux destinées de notre nation.

M.E. Vous avez demandé à juger les actes et non les paroles. Vous avez demandé à ce que les chrétiens s’interrogent sur le bilan du quinquennat précédent et rappelé les différentes atteintes faites à la dignité humaine. Vous n’appelez pas à voter pour le président sortant ?

Mgr M.A. Je ne donne aucune consigne de vote, cela ne nous appartient pas, comme disait le pape Benoît XVI dans sa lettre encyclique Dieu est amour. L’Eglise ne peut pas prendre en main la bataille politique d’aucune façon. Ce n’est pas son ordre, même si elle ne se met pas à l’écart de la lutte pour la justice. L’Eglise est là pour éclairer les consciences et donner des critères de discernement. Elle n’a pas à influencer un vote, ni à dire qu’il faut voter pour un tel ou un tel. D’ailleurs aujourd’hui, si on doit accomplir son devoir de citoyen, on a trois manières de voter : pour l’un ou l’autre des candidats, ou un vote blanc, dont on déplore qu’il ne soit pas comptabilisé. Cependant, il y a des critères de discernement et parmi eux, les principes non négociables, dont celui du respect de la vie depuis la conception jusqu’à la mort naturelle. Quand on interroge le bilan du quinquennat précédent, au vu des principes non négociables, il est désastreux. Un catholique ne peut pas faire l’impasse sur la loi du délai d’avortement allongé à 14 semaines, sur les terribles lois bioéthiques, avec la désorganisation de la filiation de manière institutionnelle, la PMA sans père, l’atteinte faite aux droits de l’enfant à naître et à être élevé par un père et une mère. Tous ces principes sont très importants et éclairent le discernement des catholiques. Après, dans une démocratie comme la nôtre, chacun peut prendre ses responsabilités.

M.E. Il y a eu des prises de position de certains membres du clergé, comme Monseigneur Ravel qui a appelé à voter pour Emmanuel Macron. Que pensez-vous de ces initiatives ?

Mgr M.A. Ce sont des imprudences qui peuvent être assez graves. Nous ne pouvons pas prendre position d’une manière aussi abrupte, face aux enjeux de civilisation qui sont forcément engagés dans une élection présidentielle qui déterminera le gouvernement de la France, pendant cinq ans. Ce sont des impairs.

M.E. Ce quinquennat a été marqué par une recrudescence folle des actes de profanation d’églises. Assiste-t-on à une forme de fin de la chrétienté en France ?

Mgr M.A. Il y a un effacement dans la visibilité de la religion catholique dans la société. Cela ne date pas d’aujourd’hui. C’est à la fois la conséquence d’un laïcisme qui grandit dans les institutions de notre pays, à travers les lois, sous prétexte d’éviter le séparatisme islamiste. De plus, nous-mêmes avons pris le pli d’un certain enfouissement, au nom du dialogue, depuis des décennies. C’est notre responsabilité de ne pas avoir suffisamment donné de visibilité et de crédibilité à notre proclamation de l’Évangile.

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