Jubilé : le pape Léon XIV n’a pas béni le pèlerinage arc-en-ciel, ne l’a pas nommé ni commenté (09/09/2025)

Lu sur Tribune Chrétienne :

Le pape Léon XIV traité de « machiavélique » par les « pèlerins gays » : retour sur un mensonge médiatique

Déçus de ne pas retrouver les élans du très complaisant François, les pèlerins arc-en-ciel ont découvert un pape Léon XIV qui n’a pas béni ce pèlerinage, ne l’a pas nommé, ne l’a pas commenté. Un silence ressenti comme une gifle par ceux qui espéraient une reconnaissance

« Léon XIV ne concède pas, il calcule. Il n’ouvre pas les portes, il évite simplement de les fermer » : ces mots violents ne viennent pas de la plume d’un éditorialiste catholique conservateur mais de la journaliste italienne Mandalina Di Biase, sur le site militant Gay.it. Ce jugement cinglant révèle la frustration des activistes LGBT, qui, loin de célébrer une reconnaissance ecclésiale, se disent « trahis par le silence » du pape.

En France, certains médias, dont La Croix, ont voulu présenter ce pèlerinage comme un « jubilé gay » reconnu par l’Église, accréditant l’idée d’une reconnaissance implicite de l’identité LGBT. Or, les premiers à démentir cette fable sont précisément ceux qui espéraient cette reconnaissance.

Sur Gay.it, Mandalina Di Biase écrit : « Léon XIV n’a pas prononcé ne serait-ce qu’une seule parole pour le pèlerinage catholique LGBT au Jubilé. » Et encore : « À l’Angélus qui suivait la canonisation d’Acutis et de Frassati, aucun mot du pape américain pour les 1 500 fidèles queer qui, quelques heures plus tôt, traversaient la Porte Sainte : une procession approuvée mais non nommée, existante et pourtant invisible. » Autrement dit : même leurs propres médias admettent qu’il n’y a eu ni geste ni parole pontificale.

Ce que la presse militante omet sciemment de rappeler est tout aussi révélateur. L’entrée dans la basilique Saint-Pierre a été marquée par des provocations ouvertes : une croix arc-en-ciel brandie pour franchir la Porte Sainte en lieu et place de la croix officielle du Jubilé, un sac à dos proclamant « fottere le regole » – « baiser les règles » – porté par un couple de pèlerins, un exhibitionnisme prévisible qu’aucun service n’a empêché. Ces gestes ne sont pas des témoignages de foi mais des actes de défi et d’agression symbolique, visant à instrumentaliser un lieu sacré et à humilier les fidèles.On peut d’ailleurs regretter qu’au moment du franchissement des portes de la basilique Saint-Pierre, les « pèlerins arc-en-ciel », souvent vêtus de manière peu conforme au respect dû à un lieu sacré, n’aient pas été rappelés à l’ordre par les services de sécurité. Ceux-ci exigent normalement une tenue décente pour entrer dans la basilique.

Ce contraste entre les provocations tolérées dans la basilique et l’absence de réaction officielle éclaire d’autant mieux la virulence des critiques formulées ensuite par Mandalina Di Biase. En effet Le ton de la journaliste est sans équivoque :

« Léon XIV ne concède pas, il calcule. Il n’ouvre pas les portes, il évite simplement de les fermer : un geste machiavélique déguisé en miséricorde. »

Il est frappant de voir que ce sont les militants eux-mêmes qui qualifient le pape de « machiavélique ». Ce vocabulaire trahit une colère : ils attendaient une validation explicite, ils n’ont eu que l’indifférence. Ils espéraient une rupture historique, ils n’ont trouvé qu’un silence ferme. Là où les médias français voient une « reconnaissance », les militants parlent, eux, de « trahison ».

Le pape Léon XIV n’a pas béni ce pèlerinage, il ne l’a pas nommé, il ne l’a pas commenté. Le silence qu’il a choisi ressemble à une indifférence prudente face à un événement qui n’avait, aux yeux de l’Église, aucune valeur ecclésiale.

Comme le reconnaît Di Biase : « Pour les personnes catholiques LGBTIAQ+ dans l’Église de l’Américain Prevost, il n’y a que le silence. » Voilà la vérité : il n’y a jamais eu de « jubilé gay » reconnu par l’Église. Il n’y a eu qu’une marche militante, instrumentalisée par certains médias pour fabriquer une reconnaissance qui n’existe pas.

Le pape Léon XIV a rappelé depuis le début de son pontificat qu’« une véritable famille est seulement entre un homme et une femme » . Ceux qui transforment son silence en approbation commettent un abus idéologique et médiatique. Même leurs propres médias, Gay.it en tête, admettent que le pape n’a pas prononcé un mot. Les provocations, les insultes et l’exhibitionnisme sont eux bien réels. La reconnaissance, elle, n’existe que dans les colonnes de La Croix et de quelques rédactions complices.

Cela pose clairement la question de la vérité, de l’objectivité et du professionnalisme de certains médias qui préfèrent véhiculer leur idéologie partisane au détriment de la réalité des faits. Reste-t-il encore une éthique journalistique ? Comment accepter qu’au lieu de rapporter ce qui s’est réellement passé – un silence du pape, une absence de reconnaissance, des provocations vestimentaires et symboliques dans la basilique Saint-Pierre – certains titres transforment un non-événement en « jubilé gay » officiel ? Ce procédé révèle une dérive préoccupante : celle de journalistes qui se veulent « donneurs de leçons », prompts à rappeler à l’Église ce qu’elle devrait dire ou faire, mais qui eux-mêmes ne respectent plus la rigueur minimale du métier. Quand la vérité des faits est tordue pour faire passer un message idéologique, le journalisme cesse d’informer, il devient propagande.

En prétendant défendre la transparence, ces médias fabriquent de la confusion ; en se présentant comme gardiens de la liberté, ils imposent un récit unique, où toute nuance disparaît. Or, une presse qui renonce à la vérité pour servir une cause cesse de remplir sa mission première : éclairer les consciences. Elle ne fait plus œuvre de journalisme, mais de militantisme. Il serait temps que ceux qui donnent des leçons de morale aux fidèles et au pape commencent par balayer devant leur porte. Car l’opinion publique, elle, perçoit de plus en plus le décalage entre la réalité et ce que racontent certains titres. Et c’est cette fracture croissante, alimentée par les manipulations médiatiques, qui fragilise le débat démocratique autant que la confiance envers les institutions de presse.

Reste-t-il encore une éthique journalistique ? La question mérite d’être posée. Car si la vérité est sacrifiée sur l’autel de l’idéologie, alors le journalisme n’est plus qu’une arme de combat, et non plus un service rendu à la société.

De son côté, sur la NBQ, Nico Spuntoni commente :

Gay Pride à Saint-Pierre : ce désordre aurait pu être évité

Une croix arc-en-ciel pour franchir la Porte Sainte, un sac à dos proclamant « enfreindre les règles », un exhibitionnisme prévisible pour tous, sauf pour ceux qui auraient dû être vigilants pour éviter toute exploitation. L'assistance papale faisait défaut, mais la machine vaticane semble ancrée dans de vieux slogans et des silences ambigus.

photo de Mauro Scrobogna / LaPresse

Il figurait au calendrier des événements du Jubilé sous le nom de  « pèlerinage de l'association La Tenda di Gionata et d'autres associations »,  mais derrière ce nom, qui peut ne pas évoquer grand-chose pour le lecteur, se cache l'un des sujets les plus controversés du débat ecclésiastique contemporain. Il a d'ailleurs été immédiatement baptisé « Jubilé LGBT » et a été évoqué dans les médias du monde entier pendant au moins deux semaines. De toute évidence, cependant, les membres du très coûteux Dicastère pour la Communication n'ont pas dû remarquer le silence pesant qui persiste concernant l'événement. Et ce, malgré la controverse entourant les images des quelque 1 000 pèlerins entrant dans la basilique Saint-Pierre le 6 septembre.

On savait depuis longtemps que cet événement jubilaire serait très controversé, à tel point qu'après son inscription initiale, il a été retiré du calendrier officiel, puis réintégré définitivement. Finalement, ce qui était largement prévisible en l'absence de toute surveillance s'est produit : les pèlerins, au lieu de marcher derrière la croix du Jubilé 2025 créée par Riccardo Izzi et mise à disposition de tous les groupes, ont franchi la Porte Sainte de la Basilique derrière une croix arc-en-ciel. Dans ce lieu de culte où le code vestimentaire des dizaines de milliers de visiteurs quotidiens est étroitement surveillé, un couple d'hommes participant au pèlerinage a été photographié, sac au dos à la main, scandant « Dérogations aux règles ». Ces scènes, qui ont circulé sur les réseaux sociaux, ont provoqué l'indignation de nombreux fidèles du monde entier et ravivé la controverse sur la pertinence de cet événement controversé du Jubilé. En bref, ce scénario prévisible a terni l'image du pontificat de Léon XIV.

Il est triste de penser que tout cela aurait pu être facilement évité si les responsables avaient surveillé avec intelligence et prudence. Et dire que Diane Montagna, correspondante attentive au Vatican, avait même donné l'alerte à l'avance, en écrivant au directeur du service de presse, Matteo Bruni, pour l'avertir que la possible diffusion de matériel multicolore à cette occasion pourrait « dominer l'actualité plutôt que les canonisations ». Bruni, comme il le fait souvent lorsque les journalistes qui lui écrivent l'interrogent, a répondu qu'il allait enquêter, mais a ensuite disparu. Plus tard encore, interrogé par le correspondant américain du Vatican sur la possibilité de publier une déclaration sur l'incident, il n'a pas répondu. La Nuova Bussola Quotidiana a également écrit hier pour connaître les intentions de communication du Vatican face au tollé suscité par le pèlerinage. À l'heure où nous écrivons ces lignes, aucune réponse n'a été reçue. Finalement, Montagna a été tristement prophétique car, sans éclipser la nouvelle de l'élévation aux autels de Carlo Acutis et Pier Giorgio Frassati, les événements du 6 septembre dans la basilique continuent d'occuper l'attention de l'opinion publique intéressée.

Quelles que soient les véritables intentions du pèlerinage, le message véhiculé par son déroulement sème la confusion et jette de l'huile sur le feu.  Le Iene  en procession et les articles enthousiastes de La Repubblica ont trahi l'espoir de Prevost de voir une approche plus discrète dans la gestion de la question arc-en-ciel. Ceux qui connaissent le pape de longue date disent qu'en privé, il a l'habitude d'exprimer sa proximité pastorale envers les personnes homosexuelles qui cherchent à suivre le Seigneur, mais il n'est pas en phase avec les excès observés ces dernières années chez certains prélats.

Concernant le prétendu pèlerinage LGBT, il est clair que Léon XIV en était informé et ne s'y est pas opposé. Cependant, à l'exception de l'audience avec le père James Martin, il faut reconnaître qu'il a pris soin de ne pas offrir l'illusion d'une assistance  à ceux qui auraient probablement espéré que des gestes ou des paroles déclencheraient les manipulations habituelles. En témoigne le fait que le pèlerinage arc-en-ciel coïncidait avec une audience jubilaire place Saint-Pierre. Habituellement, pour ces événements inscrits au calendrier officiel du Jubilé, des rencontres avec une délégation de pèlerins sont autorisées. Dans le cas présent, il ne semble pas que cela ait eu lieu ; sinon, il aurait été très peu probable que l'affaire soit restée confidentielle. De plus, l'audience jubilaire coïncidait avec la messe du pèlerinage en l'église du Gesù, présidée par Mgr Francesco Savino. L'évêque de Cassano All'Jonio a révélé pompeusement que sa présence avait été autorisée par Léon lui-même, et cette nouvelle a été saluée par certains médias comme une sorte d'approbation papale. Certes, le vice-président de la Conférence épiscopale italienne (il y en a trois) semble avoir une très haute opinion de lui-même, mais il n'est certainement pas préfet de la Curie.

Bref, le signal « politique » que certains voulaient attribuer au « oui » du pape au pèlerinage arc-en-ciel n'a pas été au rendez-vous. Ceux qui ne sont pas partiaux pourraient déceler dans l'attitude du pape une volonté d'atténuer le tollé suscité par cette affaire : dans les nouvelles « de soutien », par exemple, il était fait référence aux personnes transgenres de Torvajanica qu'une religieuse (présente samedi dernier) amenait à François presque chaque semaine. Si elle avait quitté ses vêtements, cependant, on aurait remarqué que ces personnes transgenres, bien que prises en charge dans une paroisse du diocèse d'Albano, n'avaient pas rencontré Léon le 17 août dernier lors du déjeuner au Borgo Laudato Si', réservé aux personnes les plus vulnérables soutenues par la Caritas diocésaine. Auraient-elles été absentes avec François ? Difficile. Léon, autant que possible, s'efforce d'éviter un récit qui le prendrait par la soutane et le conduirait à des positions plus médiatiques qu'ecclésiastiques.

Le problème est que la vieille machine vaticane, habituée aux silences « rusés » de l'administration Bergoglio, semble s'être convaincue que le pontificat de Prévost est une solution de compromis où, hormis la mozzetta, tout restera comme avant. On verra si, après l'expiration hier de la période de rodage de quatre mois, Léon XIV ressentira le besoin de réfuter ces certitudes désormais bien ancrées et, par conséquent, de révolutionner les secteurs les plus stratégiques de la Curie pour éviter d'être à nouveau pris dans le moulin de la controverse et de l'exploitation, sans qu'il en soit responsable.

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