Encore plus fort que l’abbé Marcel Gravet (02/08/2011)

Nous avons relaté - ICI , ICI et ici : Buissonville (Rochefort) : l'affaire est grave et Mgr Vancottem ne peut se dérober- les provocations de l’abbé Marcel Gravet (diocèse de Namur), bénéficiant du concours actif de son doyen et, jusqu’ici, du silence de son évêque.

Voici encore plus fort, lu sur le site « garrigues et sentiers ». C’est un appel à la désobéissance émanant de prêtres et diacres autrichiens, publié le 19 juin dernier :

« Le refus romain d’une réforme de l’Église nécessaire depuis bien longtemps et l’inaction des évêques non seulement nous autorisent, mais nous obligent à suivre notre conscience et à agir de notre propre initiative : Nous prêtres voulons porter à votre connaissance nos intentions futures :

1 – Nous allons à l’avenir lors de chaque célébration intercéder en vue d’une réforme de l’Église. Nous prenons au sérieux la parole biblique : Demandez et vous recevrez. Ce qui compte devant Dieu, c’est la liberté de parole.

2 – Par principe, nous n’allons pas refuser l’accès à l’eucharistie aux croyants de bonne volonté. Ceci s’applique en particulier aux divorcés-remariés, aux membres d’autres Églises chrétiennes et à l’occasion à ceux qui ont quitté l’Église.

3 – Nous allons éviter autant que possible lors des dimanches et jours fériés de faire plusieurs célébrations ou de faire intervenir des prêtres qui sont de passage ou qui sont étrangers à la localité. Il est préférable d’élaborer soi même une célébration de la parole plutôt que d’avoir une liturgie présidée par des acteurs en tournée.

4 – Nous allons à l’avenir considérer qu’une liturgie de la parole avec distribution de la communion est une célébration eucharistique en l’absence de prêtres et la nommer ainsi. Nous remplirons ainsi nos obligations dominicales en cette période de pénurie de prêtres.

5 – Nous n’allons pas non plus respecter l’interdiction d’homélie à des laïcs compétents et formés ou à des professeures de religion. Il est nécessaire en ces temps difficiles d’annoncer la parole de Dieu.

6 – Nous allons aussi œuvrer pour que chaque paroisse ait son propre chef, que ce soit un homme ou une femme, marié ou non, que ce soit sa fonction principale ou non. Il ne s’agit pas de faire des regroupements de paroisses mais de définir une nouvelle image du prêtre.

7 – En conséquence nous allons donc utiliser toutes les occasions pour nous exprimer en faveur de l’accession à la prêtrise des femmes ou des personnes mariées. Et nous les accueillerons en tant que collègues prêtres.

De plus nous nous sentons solidaires de tout collègue qui a dû interrompre ses fonctions parce qu’il s’est marié, mais aussi avec celui qui continue d’exercer en tant que prêtre bien qu’il entretienne une relation. Par leur décision, les uns et les autres suivent leur conscience, comme nous d’ailleurs aussi avec notre protestation. Nous les considérons de la même manière que le pape et les évêques, comme nos frères. Quels sont ceux qui seront nos prochains, nous ne le savons pas. Un seul est notre maître et nous tous devrions, en tant que chrétiens et chrétiennes, être des frères et sœurs.

C’est la raison pour laquelle nous nous mobilisons, nous intervenons et nous prions. Amen. » 

Cette association cléricale a été fondée en 2006 à Sankt Pölten (Autriche) pour remettre en cause ce qu’elle estime être «  des dysfonctionnements dans l’Église autrichienne ». L’initiative compterait plus de 200 signataires qui ont assorti leur appel de la précision suivante « Nous allons à l’avenir dire une intercession pour la réforme de l’Église pendant chaque messe. Nous n’allons plus refuser aux croyants de bonne volonté l’Eucharistie, ce qui vaut particulièrement pour les divorcés-remariés et les membres d’autres églises chrétiennes. Nous nous déclarerons à toute occasion pour l’admission de femmes et de mariés au sacerdoce. »

Le cardinal-archevêque de Vienne, Mgr Schönborn, (qui ne passe pas pour un esprit très ferme ni autoritaire) a cependant vite réagi. Le 7 juillet 2011, dans la revue du diocèse de Vienne, «Thema Kirche », le cardinal  a publié une longue réponse aux mouvements contestataires qui agitent l’Église de son pays. Il commence sa réponse par un appel à l’unité : « Je vous appelle à l’unité, que Jésus a demandée au Père et pour laquelle il a donné sa vie. » Il se dit « bouleversé » par cet appel ouvert à la désobéissance. Il rappelle aux prêtres qu’ils ont promis librement respect et obéissance à l’évêque au moment de leur ordination. « Vous l’assumez ? », demande-t-il. Car celui qui lâcherait le principe de l’obéissance, décomposerait l’unité ajoute-t-il. L’obéissance chrétienne est, aux dires du cardinal, une école de liberté, il s’agit d’une traduction concrète dans la vie de ce que nous prions dans le Notre Père, que Sa volonté soit faite. « Cette prière reçoit son sens et sa force par la disposition intérieure du prieur d’accepter la volonté de Dieu là aussi où elle s’écarte de ses propres idées », rappelle l’archevêque.

Le cardinal propose une voie concrète pour un cheminement commun : donner à la mission la première place et surtout, « faire des efforts pour devenir nous-mêmes de nouveaux et meilleurs disciples de Jésus. »

En même temps, il répond aux membres de l’initiative qui se sentent poussés à désobéir : « Celui qui, avec une conscience examinée, aboutit à la conviction que « Rome » est sur une fausse piste, qui contredit gravement la volonté de Dieu, devrait tout au plus tirer la conclusion de ne plus cheminer avec l’Église catholique romaine. Mais je crois et espère que ce cas ne se produira pas ici. » De ce point de vue, il annonce vouloir dialoguer avec les représentants de l’initiative des prêtres, « car ce serait un signe d’estime réciproque qui ferait avancer ». Source ici : Appel de prêtres et de diacres en Autriche

Le dialogue n’est pas tout. Dans une société normalement constituée, l’obéissance a aussi ses droits. À fortiori si cette société est d’institution divine.

 JPS

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