L’instabilité du mariage dans les sociétés libérales avancées est l’un des symptômes de leur mal être (avec des taux supérieurs à un divorce pour deux mariages, la Belgique détient ici un triste record). L’Église, suivant le précepte du Christ, n’admet pas que l’on dissolve les liens d’un mariage librement consenti mais les tribunaux ecclésiastiques diocésains saisis de recours sont trop souvent tentés de chercher des motifs de nullité dans des comportements qui ne concernent pas la constitution du lien conjugal, mais sa réalisation dans la vie.
À ce propos, l’Agence Zenit vient de publier le texte d’un Discours de Benoît XVI à la Rote Romaine , prononcé le 22 janvier à l’occasion de l’ouverture de la nouvelle année judiciaire de ce tribunal. Un texte qui tente de remettre, une fois de plus, les pendules à l’heure en la matière.
Le pape observe d’abord que la relation entre le droit et la pastorale a été au centre du débat post-conciliaire sur le droit canonique et, sur ce point, il rappelle la position de Jean-Paul II : « il est faux de croire que pour être plus pastoral le droit doive devenir moins juridique » (allocution du 18 janvier 1990 à la Rote romaine) pour s’arrêter ensuite à la dimension juridique de la pastorale de préparation et d’admission au mariage.
Benoît XVI constate qu « il existe une mentalité diffuse selon laquelle l'examen des époux, les publications des bans et les autres moyens opportuns pour accomplir les enquêtes pré-matrimoniales nécessaires (can. 1067), parmi lesquels se trouvent les cours de préparation au mariage, constitueraient des actes de nature exclusivement formelle (…) ». Or, poursuit le pape, « le droit de se marier, ou ius connubii, n’est pas une prétention subjective qui doit être satisfaite par les pasteurs à travers une pure reconnaissance formelle, indépendamment du contenu effectif de l'union. Le bien que l'Eglise et la société tout entière attendent du mariage et de la famille fondée sur lui est trop grand pour qu'on ne s'engage pas totalement dans ce domaine pastoral spécifique (…)
« L’objectif immédiat de la préparation au mariage est de promouvoir la libre célébration d'un véritable mariage, avec les caractéristiques de l'unité et de l'indissolubilité, ordonné au bien des conjoints et à la procréation et l'éducation de la progéniture, et qui entre baptisés constitue l'un des sacrements de la nouvelle Alliance. Les fiancés doivent être mis en mesure de découvrir la vérité d'une inclination naturelle et la capacité de s'engager qu'ils portent inscrites dans leur être relationnel d'homme et de femme. C'est de là que naît le droit en tant que composante essentielle de la relation matrimoniale, enraciné dans un potentiel naturel des conjoints que le don consentant réalise (…).
« De cette manière, avec les différents moyens à disposition pour une préparation et une vérification soignées, on peut développer une action pastorale efficace visant à la prévention des recours en nullités de mariage. Il faut œuvrer afin que s'interrompe, dans la mesure du possible, le cercle vicieux qui a souvent lieu entre une admission facile au mariage, sans une préparation adéquate et un examen sérieux des qualités prévues pour sa célébration, et une déclaration judiciaire parfois tout aussi facile, mais de sens inverse, où le même mariage est considéré nul uniquement sur la base de la constatation de son échec (…)
« Tout cela demande que le travail des tribunaux ecclésiastiques transmette un message univoque à propos de ce qui est essentiel dans le mariage, en harmonie avec le Magistère et la loi canonique, en parlant d'une voix unanime. En raison de la nécessité de l'unité de la jurisprudence, confiée aux soins de ce tribunal, les autres tribunaux ecclésiastiques doivent s'adapter à la jurisprudence romaine (cf. Jean-Paul II, Allocution à la Rote romaine, 17 janvier 1998, n. 4: AAS 90 [1998], p. 783). (…).Il faut, souligne le Saint-Père, « résister à la tentation de transformer les simples manquements des époux au cours de leur existence conjugale en défauts de consentement »