Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

environnement

  • Vatican : le document sur la dignité humaine sera publié début avril

    IMPRIMER

    On attendait la publication d'un document romain centré sur la théorie du genre mais il semble que le texte annoncé reprendra des thèmes chers au pape dont l'environnement et les migrations...

    D'Edward Pentin sur le National Catholic Register

    Cardinal Fernández : le document sur la dignité humaine sera publié début avril

    Le préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi a déclaré qu'un "nouveau texte" avait été récemment préparé après avoir connu "plusieurs versions".

    8 mars 2024

    Un document du Vatican sur le thème de la "dignité humaine" est presque terminé et sera publié au début du mois prochain, a confirmé le préfet du Dicastère du Vatican pour la Doctrine de la Foi.

    Le cardinal Victor Fernández, qui supervise la rédaction du document, a déclaré au Register le 7 mars que le document a connu "plusieurs versions" mais que le "texte est presque terminé et sera publié au début du mois d'avril".

    Le cardinal argentin, qui a commencé son travail de préfet du dicastère en septembre dernier, a déclaré qu'un "nouveau texte" avait été "préparé ces derniers mois et discuté par les cardinaux et les évêques du dicastère lors de la Feria IV", une réunion régulière des membres dirigeants du dicastère qui a lieu le mercredi.

    "En ce moment, nous sommes en train d'incorporer certaines suggestions proposées par eux lors de la Feria IV", a ajouté le cardinal.

    Ses commentaires font suite à la révélation, lors d'une interview le 12 janvier, que le dicastère préparait "un document très important sur la dignité humaine" qui contient "une forte critique" des tendances immorales de la société contemporaine.

    Le cardinal Fernández a déclaré à l'agence de presse espagnole EFE que le nouveau document inclurait "non seulement des questions sociales mais aussi une forte critique des questions morales telles que la chirurgie de changement de sexe, la maternité de substitution et l'idéologie du genre".

    Le correspondant de La Croix à Rome, Loup Besmond, a donné plus de détails dans un article du 5 mars, affirmant que des théologiens avaient travaillé sur le document au cours des cinq dernières années, mais que le cardinal Fernández l'avait "complètement révisé" et que le pape lui avait "donné des instructions spécifiques à cet effet".

    "Le document à venir devrait se concentrer sur des thèmes centraux du pontificat de François, tels que la migration et l'environnement, alors que la première version se limitait aux questions de bioéthique", écrit M. Besmond, qui prédit que le nouveau texte pourrait "provoquer davantage d'ondes de choc dans toute l'Église". 

    Le cardinal Fernández assiste depuis longtemps le pape François dans la rédaction de documents, depuis la conférence d'Aparecida des évêques d'Amérique latine et des Caraïbes en 2007, où il avait aidé le cardinal Jorge Mario Bergoglio à rédiger le document final de la réunion.

    Depuis qu'il a succédé au cardinal Luis Ladaria Ferrer en tant que préfet en septembre, le cardinal Fernández a publié quatre réponses officielles du DDF à diverses questions doctrinales, ainsi que la déclaration controversée Fiducia Supplicans sur la bénédiction des couples de même sexe et des personnes en union irrégulière, qui a donné lieu à un document de suivi visant à clarifier la déclaration.

    Dans l'entretien qu'il a accordé à EFE en janvier, le cardinal Fernández a déclaré qu'il ne prévoyait pas d'autres documents controversés de ce type : "Je dois dire que je ne pense pas faire parler de moi dans un avenir proche parce que dans le dicastère, nous ne prévoyons pas de sujets qui pourraient être très controversés, comme les derniers."

  • 63 % des résultats de recherche sur Google Actualités sont de gauche

    IMPRIMER

    De kath.net/news :

    63 % des résultats de recherche sur Google Actualités sont de gauche

    7 mars 2024

    L'observatoire des médias AllSide Technologies a analysé les résultats de Google. Seuls 6 pour cent proviennent de sources de droite, 16 pour cent du centre.

    News sur Google News a un net parti pris en faveur de la gauche politique. Ceci est le résultat d’une analyse réalisée par AllSides Technologies Inc.

    L'organisation a analysé 494 articles sur le site d'information Google News et 480 résultats de recherche également sur Google News en deux semaines en octobre et novembre 2023. 63 pour cent des résultats provenaient de sources de gauche ou plus à gauche, tandis que seulement 6 pour cent provenaient de sources de droite ou plutôt de droite. 16 pour cent étaient issus du centre politique, 15 pour cent n'étaient pas affectés.

    2024_03_07_10_20_16_Greenshot.png

    Sur la page d'accueil de Google, les principales sources étaient CNN (de gauche), le New York Times (de gauche), Reuters (au centre), Fox News (à droite) et Yahoo! News (de gauche). Les dix premiers résultats provenaient tous de sources de gauche ou plus à gauche, aucun de Reuters ou de Fox.

    Les résultats pour certains termes de recherche étaient encore plus unilatéraux. Lors de la recherche sur « avortement », 76 % étaient à gauche ou quelque peu à gauche, 77 % pour « changement climatique », 78 % pour « économie » et 67 % pour « élections ».

    Par rapport à 2022, les résultats ont augmenté avec des tendances à gauche et à droite, tandis que le centre a perdu dix pour cent, précise l'analyse.

  • C’est dans ce monde que Dieu nous a placés pour y témoigner et y agir pour le bien qui est à notre portée

    IMPRIMER

    L'éditorial de Christophe Geffroy pour le numéro de décembre 2023 de La Nef :

    La peur, responsable d’une vision déformée du réel

    Le moins que l’on puisse dire est que l’actualité ne pousse guère à la joie. Tout concourt à nous démoraliser, à nous faire peur. Comment ne pas avoir de l’avenir une vision bien sombre ? La guerre, avec son cortège d’horreurs, est omniprésente dans nos médias : après le conflit en Ukraine qui tournait en boucle sur les chaînes d’information continue, c’est maintenant l’affrontement entre Israël et le Hamas qui occupe le devant de la scène. L’insécurité devient de plus en plus inquiétante, entre le terrorisme islamique qui peut frapper à tout instant n’importe où et la violence gratuite qui tue pour un rien, violence qui est maintenant aussi le fait d’adolescents de plus en plus jeunes n’ayant plus aucun repère moral ; ils sont souvent issus de l’immigration ou de familles disloquées, leur univers se limitant au virtuel des écrans. Les difficultés autour de la loi immigration du gouvernement révèlent combien nos politiques sont impuissants à régler ce problème, alors que certains de nos concitoyens ne se sentent plus chez eux dans leur propre pays : le concept de « grand remplacement », traduction imparfaite d’une situation bien réelle, contribue à ce climat général de peur.

    La liste est loin d’être complète. On peut encore s’arrêter à la dislocation du lien social et à l’accroissement des fractures qui détachent toujours plus la frange supérieure de la population de la « France périphérique » dont l’horizon continue de s’obscurcir. Cette grave fragilisation du tissu social s’opère au moment même d’une déconstruction anthropologique sans précédent qui, hormis les milieux catholiques convaincus, ne rencontre guère de résistance. Et elle se produit dans un système encore démocratique mais qui glisse vers ce que Mathieu Bock-Côté nomme un « totalitarisme sans goulag » (1), qui gomme progressivement la liberté de penser, quiconque s’opposant au « régime diversitaire » étant exclu de la vie sociale.

    Enfin, parmi les peurs soigneusement entretenues à grande échelle, comment ne pas évoquer la « catastrophe climatique » annoncée sur tous les tons comme une certitude scientifique avérée ? Si l’on se souvient comment les gouvernements ont joué sur la peur à l’occasion de la pandémie du Covid-19 pour imposer un dispositif technocratique de coercition qui a permis d’enfermer des populations entières avec leur consentement, on mesure à quel point la peur est devenue une puissante arme de contrainte pour gouverner.

    Bref, tous ces sujets « négatifs » sont pain béni pour les médias qui ne vendent jamais autant que lorsque tout va mal. C’est bien l’un des problèmes du fonctionnement de nos sociétés hyper médiatisées. Le bien, la normalité n’intéressent pas les faiseurs d’opinion ; le mal, la catastrophe, le glauque sont ce qui permet de tenir en haleine le public. Aujourd’hui, ce n’est pas très difficile, il y a toujours un malheur dans le monde à mettre en avant. Nous sommes instantanément informés d’un tremblement de terre en Inde ou d’un déraillement de train en Australie et toutes ces mauvaises nouvelles relayées en boucle alimentent un sentiment diffus que tout va mal.

    Autrefois, personne n’était au courant de ce qui se passait à des milliers de kilomètres, ni même à des centaines. Le malheur était circonscrit à la sphère limitée du monde connu et des personnes côtoyées, il était moins fréquent mais plus concret, on pouvait venir en aide aux victimes. Aujourd’hui, le malheur est omniprésent mais lointain et virtuel, il nous sape le moral mais nous n’y pouvons rien, sinon soutenir par un don les victimes des catastrophes.

    Le bien ne fait pas de bruit

    Par les médias, donc, nous avons une vision déformée du monde où le mal semble l’emporter largement sur le bien, alors que nous ignorons à peu près tout de la somme de dévouements et de sacrifices de tant d’hommes et de femmes qui, partout, œuvrent pour un monde meilleur et plus beau – et les chrétiens ne sont pas les derniers à s’engager en ce sens. Chacun, dans sa vie ordinaire de tous les jours, croise bien plus de gens aimables, soucieux d’entretenir de bons rapports humains avec leurs prochains, que des êtres méchants et hostiles – même s’il est vrai que nous assistons à une « décivilisation » qui engendre un recul effrayant de la simple politesse et de la courtoisie la plus élémentaire, sans parler de la galanterie regardée comme ringarde ou « machiste ».

    Quoi qu’il en soit de ce que l’on pense de ce monde, qu’on l’estime bon ou mauvais, c’est dans celui-ci que Dieu nous a placés, non pour le fuir et s’en plaindre, mais pour y témoigner et y agir pour le bien qui est à notre portée. Ce temps de l’Avent peut nous y aider, car la fête de Noël que nous préparons n’est-elle pas celle de l’Espérance, propice à méditer le grand mystère de cet enfant, le plus fragile et le plus innocent des êtres, qui nous est donné pour le salut du monde ? Tout peut changer si nous reconnaissons en cet enfant notre Dieu. « Soyez sans crainte, car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David » (Lc 2, 10-11).

    (1) Le Totalitarisme sans Goulag, La Cité, 2023.

    Lire aussi : Le combat spirituel : une espérance à rude épreuve 

  • Que signifie éduquer? Une réflexion d’un spécialiste sur la tâche éducative dans le contexte actuel

    IMPRIMER

    De Gregorio Luri sur didoc.be :

    Que signifie éduquer?

    Une réflexion d’un spécialiste sur la tâche éducative dans le contexte actuel.

    (…)

    En février 2021, a été annoncée la création d’un « groupe d’experts de la Commission européenne » avec pour mission de trouver « une définition » de ce que l’on entend par « éducation et formation de qualité », étant donné que sans cette définition il ne semble pas possible « d’identifier les politiques d’éducation et de formation les plus efficaces ». La Commission européenne reconnaissait ainsi, de facto, qu’elle ne dispose pas d’une définition satisfaisante de ce qu’est une personne éduquée. C’est la raison pour laquelle il devient de plus en plus difficile de parvenir à un consensus sur l’éducation. Pour contourner cette difficulté, nous nous efforçons de trouver un terrain idéologiquement neutre sur lequel fonder notre action éducative de manière non controversée. Beaucoup pensent l’avoir trouvé dans la technologie et l’innovation.

    Il est facile de constater que ce sont les doutes sur ce qui est bon qui alimentent l’essor axiologique du nouveau. Le nouveau ne se réfère plus tant à une position dans le temps qu’à une valeur. Si une chose est présentée comme innovante, cela lui épargne de devoir justifier sa pertinence. Or, si le valable est le nouveau, on pourrait dire que le nouveau est la manifestation du relativisme moderne.

    Je ne nie pas que, dans le domaine de la technologie, l’évaluation positive de la nouveauté possède un fondement. La dernière automobile est sans doute la plus évoluée, mais ne serait-il pas stupide de croire que nous sommes de meilleurs écrivains que Proust simplement parce que nous écrivons après lui ? Qu’elle possède un fondement ne signifie pas qu’elle soit infaillible. La nouveauté d’un produit ne garantit pas son succès. Tout entrepreneur sait que l’innovation n’est pas sans risque. Le dernier produit ne supplante pas toujours le précédent, même s’il est technologiquement supérieur. L’échec n’est pas rare en matière d’innovation. L’investissement dans le domaine de l’innovation est nécessaire pour ne pas se laisser distancer, mais il ne garantit pas une position de pionnier. Si une entreprise échoue dans une innovation technologique, elle peut se retrouver en difficulté, mais l’école peut-elle se permettre un tel risque ? Ma réponse serait oui s’il n’y avait pas de permanences anthropologiques.

    Nous nous sommes laissés influencer par la rumeur selon laquelle environ 65% des enfants qui commencent l’école aujourd’hui devront faire face dans leur vie professionnelle à des technologies qui, à ce jour, n’ont pas encore été inventées pour résoudre des problèmes qui sont inimaginables aujourd’hui. Si cela était vrai, nous devrions également nous occuper des 35 % qui, selon la même rumeur, devront faire face à la permanence des problèmes actuels. Mais on n’en parle pas, car ce qui sous-tend ces annonces, c’est la conviction que l’homme est un être saisonnier, un produit technologique de plus, sujet, comme tout autre, à l’obsolescence. Mais s’il y a des permanences anthropologiques, c’est qu’il y a quelque chose dans l’homme qui n’est pas soumis au passage du temps.

    Savez-vous pourquoi les permanences anthropologiques ont été occultées ? Parce que, pour les rendre visibles, il faut se tourner vers le passé et non pas exclusivement vers l’avenir. Et c’est précisément là qu’apparaît l’un des objectifs d’une éducation humaniste : l’acquisition d’une large perspective sur les choses humaines. Si nous pouvons nous émouvoir aujourd’hui des vers de Sappho, si la Vénus callipyge porte encore bien son nom, si Platon nous fait encore réfléchir, si nous écoutons encore Mozart, si nous sommes encore déterminés à chercher un travail qui nous rend heureux et un amour sûr, si notre position dans le cosmos nous pose encore des questions... c’est qu’il y a des permanences anthropologiques.

    Lire la suite

  • Quand les évêques des Pays-Bas descendent dans l'arène politique

    IMPRIMER

    "La dignité humaine est la base d'une action commune" : tel est le titre de la lettre que les évêques néerlandais ont adressée aux catholiques à l'occasion des élections à la Chambre des représentants, qui se tiendront le 22 novembre. L'ère du leader de centre-droit Mark Rutte étant révolue, l'ancien commissaire européen Frans Timmermans tente de construire une nouvelle stabilité, avec une coalition de sociaux-démocrates et de verts. Selon les évêques, "nous sommes confrontés à de grands défis et des visions radicales de l'être humain se développent". Dans leur lettre, ils reviennent sur six thèmes majeurs du Magistère et de l'enseignement social catholique : le premier est le thème du bien commun que la politique doit poursuivre "en reconnaissant la dignité de chaque être humain et la solidarité que nous partageons tous". Le deuxième thème est la "culture de la vie", écrivent les évêques, "dans laquelle il n'y a pas de place pour l'avortement, l'euthanasie et le suicide assisté". Le troisième est la "théorie du genre", "une idée incompatible avec la vision chrétienne de la vie humaine". Les évêques parlent ensuite du "soin de la création" et de la manière dont "la dignité humaine et le soin de l'environnement vont de pair". Le dernier paragraphe est consacré à la "culture de la rencontre" : les évêques y expriment leur inquiétude "face aux divisions croissantes et à la peur grandissante dans notre pays en raison des conflits dans d'autres parties du monde" et demandent à la politique d'œuvrer pour le bien commun, "non seulement en favorisant les liens entre les personnes, mais aussi en les unissant autour de projets communs tels que l'Europe, qui a commencé comme un projet de paix construisant la confiance et la coopération", et pour "une société fondée sur la dignité humaine, où les gens prennent soin les uns des autres et où tout le monde peut participer". (source)

    De Kerk in Nederland (traduction "de travail"):

    Chacun doit pouvoir participer
    La dignité humaine est la base d'une action commune

    Lettre des évêques catholiques romains des Pays-Bas à l'occasion des élections à la Chambre des représentants du 22 novembre 2023

    Le 22 novembre, nous élirons les membres de la Chambre des représentants. Avec vous, en tant que citoyens croyants, nous voulons réfléchir au bien que nous pouvons faire pour la société en utilisant notre vote.

    Nous sommes confrontés à de grands défis et des visions profondes de l'être humain se développent. En vue des élections, nous voulons y réfléchir avec vous.

    Ce qui est bon pour tous

    La façon dont nous concevons la vie et la société sur la base de notre foi et de notre responsabilité détermine la manière dont nous voulons organiser les Pays-Bas. Le fait que nous vivions dans une démocratie ne signifie pas seulement que nous avons le droit de voter, mais aussi que nous le faisons en pensant à ce qui est bon pour tous et pas seulement de ce qui est bon pour soi. C'est ce que le pape François appelle "une meilleure politique, une politique qui sert vraiment le bien commun" (Fratelli tutti 2020, n° 154).

    Cette "meilleure" politique poursuit le bien commun en reconnaissant la dignité de chaque être humain et la solidarité que nous partageons tous. Cette reconnaissance aide les hommes politiques à trouver des réponses aux défis actuels et à façonner une société où chacun s'épanouit. Il y a aussi
    place pour ceux qui viennent d'ailleurs, qui sont dans le besoin et qui recherchent nos soins. Toutes les personnes sont égales en dignité. La pauvreté, le manque d'éducation et l'exclusion menacent cette dignité. Nous avons besoin d'arrangements sociaux qui permettent à chacun de participer.

    La dignité humaine est la base de la coopération et appelle à développer les talents en matière de liberté, d'égalité, de créativité et de solidarité. Il faut des accords qui orientent encore plus clairement l'économie vers le bien commun. Dans la société actuelle, la valeur des personnes est trop souvent considérée d'un point de vue unilatéral. L'économie de marché détermine la valeur des personnes. Notre société est individualisée. La solitude dans laquelle vivent de plus en plus de personnes signifie que nous devenons une société d'étrangers. Or, une personne ne peut se développer correctement que par et avec les autres. Être humain, c'est toujours être compatissant.

    Chacun doit avoir accès aux services. La sécurité des moyens de subsistance signifie non seulement un revenu suffisant, mais aussi un soutien à la vie communautaire, un soutien aux bénévoles et aux aidants informels, l'accès à l'allègement des dettes, l'accès à l'éducation, un logement suffisant et abordable et le soutien aux familles. Nous pouvons évaluer la législation et les politiques en fonction de leur impact pour une société dans laquelle la participation, l'attention et l'équité sont récompensées.

    Lire la suite

  • Pour la première fois, un pape se rendra à la COP

    IMPRIMER

    D'Anne Kerléo sur RCF :

    LE PAPE À LA COP 28 POUR COMBATTRE L'EFFRITEMENT DU MONDE

    2 novembre 2023

    Entre inquiétude, colère contre l'inaction et le climatoscepticisme et désir de faire bouger les lignes, le pape François ira à la COP 28. Parce que pour lui, ne rien faire alors que "le monde s’effrite et s’approche peut-être d’une rupture" serait "suicidaire". Difficile de dire quel impact aura ce voyage de François à Dubaï.

    Première COP pour un pape

    "Oui, j’irai à Dubaï. Je pense que je partirai le 1er décembre jusqu'au 3 décembre. J'y resterai trois jours" a annoncé le pape à l'occasion d'un entretien avec le directeur de l'information de la première chaîne de la RAI, la télévision publique italienne. C'est la première fois qu'un pape se rend à une COP. En novembre 2021 déjà, François avait annoncé qu'il irait à Glasgow, en Écosse, pour la COP26. Avant d'y renoncer face à l’impasse vers laquelle se dirigeait le sommet.

    "On peut encore tout arrêter"

    Mais cette fois l'urgence est trop grande : "le monde s’effrite et s’approche peut-être d’une rupture" a écrit le pape dans l'exhortation apostolique Laudate deum, publiée le 4 octobre dernier. La tonalité globale de ce texte témoigne de l'immense inquiétude du pape, et même de sa colère face à l'inaction des responsables politiques et économiques. Et de sa conscience d'un échec collectif : "Nous avons été mauvais en matière de sauvegarde de la création." Pourtant, il refuse la résignation :  "On peut encore tout arrêter, affirme-t-il dans l'entretien à la RAI. Notre avenir est en jeu. L'avenir de nos enfants et de nos petits-enfants. Nous devons faire preuve de responsabilité." 

    Nous avons été mauvais en matière de sauvegarde de la création

    La colère d'un pape contre l'inaction climatique 

    En matière d'écologie comme sur d'autres sujets, le pape François tente de pratiquer une dénonciation lucide et sans concession de l'inaction et de la préservation d'intérêts particuliers. Notamment ceux des plus riches, et en particulier ceux des entreprises pétrolières et un dialogue avec les responsables du maintien de structures qui empêchent la transition énergétique.

    Ainsi, il a reçu le 11 octobre au Vatican, le président de la Cop28, le Sultan Al-Jaber, ministre de l’Industrie et patron de la compagnie pétrolière des Émirats arabes unis. Et pourtant, il n'occulte pas le caractère gênant de la tenue de la COP aux Emirats arabes unis, l’un des plus grands producteurs d’hydrocarbures au monde, et l’un des plus gros émetteurs de CO2 par habitant.

    COP 28 à Dubaï : un jeu d'équilibriste

    "Les Émirats Arabes Unis accueilleront la prochaine Conférence des Parties (COP28). C’est un pays du Golfe Persique qui se définit comme un grand exportateur d’énergies fossiles, bien qu’il ait fait d’importants investissements dans les énergies renouvelables. Pendant ce temps, les compagnies pétrolières et gazières ambitionnent de réaliser de nouveaux projets pour augmenter encore la production. Dire qu’il n’y a rien à espérer serait un acte suicidaire qui conduirait à exposer toute l’humanité, en particulier les plus pauvres, aux pires impacts du changement climatique" analyse le pape dans le paragraphe 53 de Laudate Deum. Le pape ne va sans doute pas à Dubaï de gaieté de coeur, mais il fait le pari qu'y aller aura plus d'impact que de ne pas y aller. 

    Lire la suite

  • Laudate Deum : il est problématique que le pape commente la question climatique de cette manière

    IMPRIMER

    De Benjamin Leven sur le Tagespost :

    "Laudate Deum" : loin d'être une compétence de base

    Avec « Laudate Deum », le pape François s’aventure loin dans le domaine politique. Mais les questions en jeu ne peuvent pas recevoir de réponse en passant. Une contribution au débat

    19 octobre 2023

    La papauté est une force politique mondiale. Le Saint-Siège entretient des relations diplomatiques avec 183 États. Un réseau de diocèses catholiques, tous redevables au Pape, s'étend sur toute la planète. Les innombrables communautés religieuses actives au niveau international relèvent également de lui. À cela s’ajoute le soft power avec lequel le pape, en tant que personnalité médiatique, est capable d’influencer bien au-delà des frontières de l’Église catholique. Il utilise désormais son capital symbolique pour intervenir dans un débat mondial en soulignant la grande plausibilité d'une hypothèse scientifique.

    Le problème est urgent et revêt une grande importance politique. Et pourtant, il est problématique que le Pape commente cela de cette manière. Car l’autorité de la papauté est essentiellement une autorité religieuse. Mais le changement climatique n’est pas une question religieuse. La tâche du magistère ecclésial est de proclamer la foi catholique et de prendre position sur les questions de foi et de morale. Mais le Magistère n’a pas besoin de clarifier la question de savoir si le changement climatique est dû à l’homme, tout comme il n’a pas besoin de clarifier la question de savoir si les planètes tournent autour du soleil ou si la création de l’univers peut être attribuée à un Big Bang. Le physicien et prêtre catholique Georges Lemaître, fondateur de la théorie du Big Bang, aurait été attristé par le pape Pie XII. dans un discours à l'Académie pontificale des sciences en 1951, il adopta la théorie et suggéra qu'il s'agissait d'une confirmation de la doctrine chrétienne de la création. Quelques années plus tard, en 1965, le Concile Vatican II soulignait la « légitime autonomie de la science » dans sa constitution pastorale « Gaudium et Spes ».

    Les autorités ecclésiastiques ont tout intérêt à s’exprimer sur les questions pour lesquelles elles sont responsables et compétentes selon l’image que les catholiques ont d’elles-mêmes. Cela ne veut pas dire qu’ils n’ont rien à dire sur la question climatique. Bien entendu, les membres de l’Église peuvent et doivent parler du fait que la nature est la création de Dieu et que les humains ont la responsabilité de la préserver. Ils peuvent également prendre position sur les questions morales et socio-éthiques urgentes liées au changement climatique, en s’appuyant sur l’enseignement de l’Église.

    Lire la suite

  • “Laudate Deum” : le travestissement de notre foi

    IMPRIMER

    De Jeanne Smits sur Réinformation.TV :

    Le pape François publie “Laudate Deum”, ou le travestissement de notre foi

    François Laudate Deum foi

    Sans doute les commentaires au sujet de l’exhortation apostolique Laudate Deum se focaliseront-ils sur les recommandations du pape François pour la sauvegarde de la « Maison Commune » – expression forgée par Gorbatchev au temps de la chute de l’Union soviétique – dans la suite qu’il a voulu donner à l’encyclique « écologique » Laudato si’. Mais quoi que l’on pense de cette ingérence du pape dans un domaine qui ne relève pas de son devoir de conforter ses frères dans la foi, il y a bien plus grave, précisément au sujet de la foi. Et c’est cela qui devrait être l’objet de nous inquiétudes et de nos supplications à Dieu pour mettre fin à une crise qui semble atteindre ces jours-ci dans l’Eglise un point climatérique.

    Après de multiples considérations sur la « crise climatique », le pape François ajoute un petit chapitre sur les « motivations spirituelles » de son engagement au côté de la planète, c’est au paragraphe 61 :

    « Je ne veux pas manquer de rappeler aux fidèles catholiques les motivations qui naissent de leur foi. J’encourage les frères et sœurs des autres religions à faire de même, car nous savons que la foi authentique donne non seulement des forces au cœur humain, mais qu’elle transforme toute la vie, transfigure les objectifs personnels, éclaire la relation avec les autres et les liens avec toute la création. »

    La « foi authentique », pas moins ! Analysons les propos du pape : il attribue spécifiquement aux « frères et sœurs des autres religions » une « foi authentique », une vraie foi donc. Or cela est absurde. La foi ne peut être authentique et vraie que si son objet est vrai. Il ne peut en toute logique y avoir qu’une seule foi « authentique », car il ne s’agit pas d’un vague sentiment de l’homme mais d’une adéquation au réel, à la réalité divine.

    Laudate Deum travestit la foi, vertu surnaturelle

    Ce propos du pape révèle une ignorance abyssale, voire un travestissement volontaire, de ce qu’est la foi.

    Il y a ici une confusion entre le plan naturel et le plan surnaturel. La foi, la foi authentique, la vraie foi, est une vertu théologale, une vertu surnaturelle, infuse, qui nous est donnée, avec l’espérance et la charité, par le baptême. Elle consiste à croire en la Révélation donnée par Dieu et Dieu seul, en toutes ces vérités que l’homme ne peut connaître par la force de sa seule raison.

    La foi ne se confond pas avec la religion, vertu naturelle par laquelle l’homme, grâce à la raison, peut et doit même connaître l’existence de Dieu qui le transcende, et à qui il doit adoration et reconnaissance. La religion peut être vraie ou fausse en fonction de son objet, de l’être qu’elle adore.

    Lire la suite

  • Publication de la nouvelle exhortation apostolique "Laudate Deum" sur la crise climatique

    IMPRIMER

    EXHORTATION APOSTOLIQUE

    LAUDATE DEUM DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS

    À TOUTES LES PERSONNES DE BONNE VOLONTÉ SUR LA CRISE CLIMATIQUE

    1. « Louez Dieu pour toutes ses créatures ». C’est l’invitation que saint François d’Assise a lancée par sa vie, ses cantiques, ses gestes. Il reprenait ainsi la proposition des psaumes de la Bible et reproduisait la sensibilité de Jésus à l’égard des créatures de son Père : « Observez comment poussent les lis des champs : ils ne travaillent pas, ils ne filent pas. Or je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’était pas habillé comme l’un d’entre eux » (Mt 6, 28-29). « Est-ce que l’on ne vend pas cinq moineaux pour deux sous ? Or pas un seul n’est oublié au regard de Dieu » (Lc 12, 6). Comment ne pas admirer cette tendresse de Jésus pour tous les êtres qui nous accompagnent sur notre route ?

    2. Huit années se sont écoulées depuis que j’ai publié la Lettre encyclique Laudato si’, voulant partager avec vous tous, frères et sœurs de notre planète éprouvée, mes profondes préoccupations concernant la sauvegarde de la Maison commune. Mais je me rends compte au fil du temps que nos réactions sont insuffisantes alors que le monde qui nous accueille s’effrite et s’approche peut-être d’un point de rupture. Quoi qu’il en soit de cette éventualité, il ne fait aucun doute que l’impact du changement climatique sera de plus en plus préjudiciable à la vie et aux familles de nombreuses personnes. Nous en ressentirons les effets dans les domaines de la santé, de l’emploi, de l’accès aux ressources, du logement, des migrations forcées, etc.

    3. Il s’agit d’un problème social global qui est intimement lié à la dignité de la vie humaine. Les évêques des États-Unis ont très bien exprimé le sens social de notre préoccupation à l’égard du changement climatique, qui va au-delà d’une approche purement écologique parce que « l’attention que nous portons les uns aux autres et l’attention que nous portons à la terre sont intimement liées. Le changement climatique est l’un des principaux défis auxquels la société et la communauté mondiale sont confrontées. Les effets du changement climatique sont supportés par les personnes les plus vulnérables, que ce soit chez elles ou dans le monde entier ». [1] Les évêques présents au Synode pour l’Amazonie l’ont également exprimé en peu de mots : « Les attaques contre la nature ont des conséquences sur la vie des peuples ». [2] Et pour exprimer de manière convaincante qu’il ne s’agit plus d’une question secondaire ou idéologique mais d’un drame qui nuit à tout le monde, les évêques africains ont affirmé que le changement climatique met en lumière « un exemple frappant de péché structurel ». [3]

    4. La réflexion et les informations que nous avons pu recueillir au cours de ces huit dernières années nous permettent de préciser et de compléter ce que nous avons affirmé il y a quelque temps. C’est pour cette raison, et parce que la situation est en train de devenir encore plus urgente, que j’ai voulu partager ces pages avec vous.

    1. La crise climatique globale

    5. Nous avons beau essayer de les nier, de les cacher, de les dissimuler ou de les relativiser, les signes du changement climatique sont là, toujours plus évidents. Nul ne peut ignorer que nous avons assisté ces dernières années à des phénomènes extrêmes, à de fréquentes périodes de chaleur inhabituelle, à des sécheresses et à d’autres gémissements de la terre qui ne sont que quelques-unes des expressions tangibles d’une maladie silencieuse qui nous affecte tous. Il est vrai que toute catastrophe ne peut être attribuée d’emblée au changement climatique global. Il est cependant vérifiable que certains changements climatiques provoqués par l’humanité augmentent considérablement la probabilité d’événements extrêmes de plus en plus fréquents et intenses. Ainsi, nous savons que chaque fois que la température mondiale augmente de 0,5 °C, l’intensité comme la fréquence des fortes pluies et des inondations dans certaines régions, des sécheresses graves en d’autres, des chaleurs extrêmes en certains lieux et des chutes de neige abondantes en d’autres, augmentent également. [4] Si nous pouvions jusqu’à maintenant connaître quelques vagues de chaleur par an, que se passera-t-il avec une augmentation de la température globale de 1,5 °C, ce dont nous sommes proches ? De telles vagues de chaleur seront beaucoup plus fréquentes et plus intenses. Si l’on dépasse 2 °C, les couches de glace du Groenland fondront complètement et une bonne partie de celles de l’Antarctique, [5] ce qui aura des conséquences énormes et très graves pour tous.

    Lire la suite

  • "Laudate Deum" : la prochaine exhortation apostolique

    IMPRIMER

    De Vatican News (Johan Pacheco) :

    Laudate Deum, titre de la prochaine exhortation apostolique

    Le titre de la prochaine exhortation apostolique de François sera "Laudate Deum". La Pape en a fait l’annonce en s'adressant aux participants à une réunion de recteurs d'universités latino-américaines, jeudi 21 septembre, avec lesquels il a abordé divers sujets tels que les migrations, le changement climatique et l'exclusion.

    Le Pape François a reçu en audience, jeudi 21 septembre, dans la Salle Clémentine, au Vatican, quelque 200 participants à la rencontre des recteurs des universités publiques et privées d'Amérique latine et des Caraïbes, promue par le Red de Universidades para el Cuidado de la Casa Común (Ruc) et la Commission pontificale pour l’Amérique latine, les 20 et 21 septembre, sur le thème "Organiser l'espérance", avec la participation de plusieurs préfets et secrétaires de dicastères du Saint-Siège.

    Réfléchissant sur les diverses questions soulevées par les éducateurs, y compris le changement climatique, la migration, la culture du déchet, le Saint-Père les a exhortés à être créatifs dans la formation des jeunes en partant des réalités et des défis d'aujourd'hui. Les recteurs ont posé au Pape des questions sur l'environnement et le climat, auxquelles il a répondu en mettant l'accent sur la déplorable «culture du déchet ou culture de l'abandon». Il a expliqué qu'il s'agit d'une «culture de mauvaise utilisation des ressources naturelles, qui n'accompagne pas la nature vers son plein développement et ne la laisse pas vivre. Cette culture de l'abandon, a-t-il affirmé, nous nuit à tous».

    Le bon usage de la nature

    «Il y a une culture du déchet qui est toujours en cours, un manque d'éducation pour utiliser les choses qui restent, pour les refaire, pour les remplacer dans l'ordre de l'usage commun des choses. Et cette culture du déchet a des répercussions sur la nature». Le Souverain pontife a insisté sur l'urgence de revenir à un usage correct de la nature: «Aujourd'hui, l'humanité est fatiguée de ce mauvais usage de la nature et doit retrouver le chemin d'un bon usage. Et comment utiliser la nature? je dirais un mot qui peut sembler étrange: en dialogue; en dialogue avec la nature».

    À cette fin, le Pape a exhorté les universités à créer des réseaux de sensibilisation: «À ce stade, vous utilisez un mot très beau, qui est “organiser l'espérance”. Récupérer et organiser l'espérance», a déclaré François, «j'aime cette phrase que vous m'avez dite et on ne peut que la considérer dans le contexte de l'écologie intégrale, dans cette dimension selon laquelle les jeunes d'aujourd'hui ont droit à un cosmos équilibré et ils ont droit à l'espérance, et nous devons les aider à organiser cette espérance, à prendre des décisions très sérieuses dès maintenant».

    La nature est pour tous

    Le Pape François a également fait allusion à une "culture régénératrice", l'identifiant comme le fruit «d'une crise économique qui n'est pas toujours au service du développement des plus nécessiteux. Je dirais que parfois, ou souvent, elle n'est pas au service du développement de tous et crée davantage de personnes dans le besoin. C'est une culture de l’expropriation, nous avons tous le droit d'utiliser la nature, de dominer la nature pour la faire grandir et l'utiliser au service du bien commun».

    François  a exprimé sa préoccupation concernant «certaines universités scientifiques abstraites» qui «n'utilisent pas la réalité mais la science, une science abstraite, pas réelle, et qui procèdent donc en fonction de théories économiques, de théories sociales, tout est théorie, mais elles n'arrivent jamais» à la réalité des plus nécessiteux. «Les laissés-pour-compte, les exclus, sont des hommes et des femmes, des peuples entiers que nous laissons dans la rue comme des déchets, n'est-ce pas? Nous devons prendre conscience que nous n'utilisons les richesses de la nature que pour de petits groupes, à travers des théories socio-économiques qui n'intègrent pas la nature, ni les laissés-pour-compte».

    "Laudate Deum", titre de la prochaine exhortation apostolique

    François a appelé à des alternatives pour aider à surmonter la crise environnementale et a cité en exemple l'utilisation de panneaux solaires pour fournir de l'électricité dans plusieurs bâtiments du Vatican dont la salle Paul VI. «Nous devons être très créatifs dans ces domaines pour protéger la nature», car l'électricité est évidemment produite à partir de charbon ou d'autres éléments, qui créent toujours des problèmes dans la nature elle-même, et «les jeunes que nous formons doivent devenir des chefs de file convaincus s sur ce point».

    Dans sa réflexion, le Pape a également annoncé le nom de sa prochaine exhortation apostolique: “Laudate Deum”, qui sera publiée le jour de la fête de saint François d'Assise, le 4 octobre: «un regard sur ce qu’il s'est passé et dire ce qu'il faut faire», a-t-il déclaré.

    La dégradation de l'homme et de l'environnement vont de pair

    Le Saint-Père a également dénoncé le processus de dégradation que subit l'humanité: «Il y a un processus de dégradation de l'environnement, nous pouvons le dire en général. Mais cela mène vers le bas, vers le fond du ravin. Dégradation des conditions de vie, dégradation des valeurs qui justifient ces conditions de vie, parce qu'elles vont ensemble». Et d’expliquer que «l'inégalité» est également «évidente dans le manque d'accès aux biens de première nécessité, et de là découlent toutes ces visions qui sociologiquement, en fait, sans les nommer, font des femmes, des peuples indigènes, des Africains, des personnes avec moins de capacités».

    L'une des formes de dégradation et d'inégalité dénoncées par le Pape François est «l'extractivisme», c'est-à-dire l'accaparement des ressources naturelles. «Lorsque ce modèle “extractiviste” progresse et pénètre dans les personnes», a-t-il souligné, «j'extrais la dignité des personnes, et cela se produit. Un modèle “extractiviste” géologique, pour ainsi dire, n’est jamais isolé, il est toujours accompagné du modèle “extractiviste” humain. La dignité de la personne est extraite, la réduisant en escalve»«Faites entrer cela dans la tête des enfants, dans l'éducation aux valeurs, afin qu'ils sachent comment évaluer ces situations et qu'ils puissent dire clairement que cela s'appelle de l'esclavage».

    La politique comme vocation la plus noble

    Face à cette situation, le Pape a appelé les recteurs d'université à promouvoir l'éducation aux valeurs humanistes et au dialogue fraternel, en aidant les étudiants à «entrer en politique» comme une «noble vocation». «N'oublions pas que la vocation la plus noble de la personne humaine est la politique. Formons nos jeunes à être des hommes politiques, au sens le plus large du terme. Pas seulement pour agir dans un parti politique, qui est un petit groupe, mais pour avoir une ouverture politique et être capable de dialoguer avec des groupes politiques avec maturité. La politique n'est pas une maladie. À mon avis, c'est la vocation la plus noble d'une société, parce que c'est elle qui fait avancer les processus de développement».

    Une réponse humaine et chrétienne à la crise migratoire

    Le Successeur de Pierre a également évoqué la crise migratoire actuelle: «Le drame migratoire que connaît l'Europe aujourd'hui est extrêmement grave. Et il ne peut pas être résolu par une société d'entraide. Il y a là une question humaniste et chrétienne; une question humaniste et une décision politique, il y a des décisions qui sont humaines et chrétiennes».

    «Je vous demande, a dit le Pape aux recteurs, par respect pour l'humanité qui souffre, d'affronter ce problème dans vos universités, mais avec sa densité humaine». «En résumé, je vous dis que les migrants doivent être accueillis, accompagnés, promus et intégrés. Si nous ne parvenons pas à intégrer le migrant, nous échouons», a-t-il ajouté. «Je veux dire tout cela à propos des migrants parce que le problème des migrants me tient très à cœur», a encore dit François affirmant ensuite que «ce qui se fait aujourd'hui, ici en Europe, en les renvoyant, est criminel. Et je ne veux pas utiliser d'euphémismes, je dis les choses telles qu'elles sont».

    Les trois langages humains: la tête, le cœur et les mains

    Après avoir passé en revue toutes ces situations, le Pape a rappelé que la tâche des universités ne devait pas se limiter à «enseigner des choses», mais à «former les garçons et les filles aux trois langages humains, celui de la tête, celui du cœur et celui des mains. Pour qu'ils apprennent à penser ce qu'ils ressentent et ce qu'ils font, à ressentir ce qu'ils font et ce qu'ils pensent, et à faire ce qu'ils ressentent et ce qu'ils pensent». En conclusion, en remerciant l’assistance, François a résumé son propos en invitant les universités à être «créatives face à la réalité et aux défis, éducatrices et pas seulement distributrices d'informations».

  • La publication de Laudato Si bis : une nouvelle intéressante qui dit quelque chose de ce pontificat

    IMPRIMER

    D'Andrea Gagliarducci sur Monday Vatican :

    Le Pape François et la deuxième partie de Laudato Si

    28 août 2023

    La semaine dernière, le pape François a annoncé à la surprise générale qu'il rédigeait une deuxième partie de Laudato Si' afin de l'actualiser. Par la suite, le Bureau de presse du Saint-Siège a précisé qu'il s'agissait d'une nouvelle mise à jour environnementale sur les problèmes. C'est une nouvelle intéressante parce qu'elle dit quelque chose de ce pontificat.

    Tout d'abord, elle témoigne du pragmatisme du pape François. Il est bien connu que le pape a écrit Laudato Si pour répondre à un besoin et à une demande qui ont surgi surtout dans la sphère politique, et il l'a fait rapidement pour que cette encyclique soit prête pour la COP 25 à Paris. Il ne s'agissait pas seulement d'une question d'attention aux questions environnementales. Si l'on se souvient, Benoît XVI a été appelé "le pape vert" précisément en raison de sa conscience écologique. La Saison de la création, qui débute le 1er septembre, est née d'une idée du patriarche de Constantinople, Bartholomée Ier, et a été rapidement acceptée dans le monde catholique avec Jean-Paul II.

    Il suffit de parcourir la Doctrine sociale de l'Église, le recueil publié au milieu des années 1990, pour se rendre compte que l'attention portée par l'Église catholique à la création et à la protection de la création n'est pas nouvelle. En effet, elle a toujours fait partie de la doctrine sociale dans le contexte de ce que Paul VI a défini comme le "développement humain intégral".

    Cependant, la question actuelle est différente. Une encyclique peut-elle être définie uniquement sur une situation contingente ou un thème spécifique ? L'environnement peut-il faire l'objet d'un document papal qui ne considère pas le développement humain intégral ? Non, il ne le peut pas. Laudato Si n'est pas une encyclique écologique mais une encyclique qui cherche à considérer la Doctrine sociale dans son ensemble. C'est l'approche de l'écologie humaine intégrale. Ce n'est pas une approche nouvelle puisqu'elle a été menée pour la première fois sous les pontificats précédents.

    Alors, une encyclique centrée sur le sujet était-elle nécessaire ? Elle était utile car elle permettait au Saint-Siège d'entrer dans le débat, à tel point que l'encyclique a circulé parmi les fonctionnaires de l'ONU avant la visite du pape François en 2015. En bref, il s'agissait d'une nécessité pratique, d'un désir de répondre à un défi sous les projecteurs de l'opinion publique.

    Ce pragmatisme du pape François a cependant ses limites. Répondant à un défi contingent, l'encyclique est d'emblée apparue comme présentant des limites structurelles. Si l'on met de côté les questions de doctrine sociale de l'Église, les données utilisées sont en effet des données qui ne seront plus valables dans quelques années. Le récit des objectifs de développement durable des Nations unies est entré dans l'Église.

    Cependant, les Nations unies modifient les objectifs de développement durable tous les ans, car ils reposent précisément sur des décisions politiques et des données relatives à la situation actuelle. De plus, ils sont parfois influencés par l'idéologie. C'est ce que le pape François dénonce comme une colonisation idéologique. Il y a donc le paradoxe d'un pape qui s'attaque à la colonisation idéologique mais qui utilise en même temps certains récits de colonisation idéologique comme authentiques et valides.

    Un pragmatisme presque cynique permet à l'Église d'être au centre du débat, mais l'empêche d'être vraiment "différente" dans la discussion. Après Laudato Si, les diocèses et les structures ecclésiastiques, entre autres, se sont empressés de manifester leur attention à la création. La démonstration est pratique : on ne cesse de parler de diocèses ou d'églises locales qui ne lancent aucun projet sans impact sur l'environnement, installent des panneaux solaires et se consacrent aux énergies renouvelables, soulignant la nécessité de cesser d'utiliser les combustibles fossiles. S'agit-il de l'écologie intégrale dont parle la doctrine sociale, ou seulement d'une petite partie pratique, à évaluer avec les critères du discernement ?

    Nous arrivons ici au deuxième fait : le pape François est pragmatique et utilise son magistère pour répondre aux défis de l'ici et du maintenant. L'Église sortante, après tout, est une Église hôpital de campagne, c'est-à-dire une Église qui répond aux problèmes quand ils se posent et comme ils se posent. C'est une Église en état d'urgence. Cependant, la crise ne permet pas de planifier l'avenir.

    La vraie question est de savoir si nous faisons face à une telle urgence simplement parce qu'il s'agit d'une urgence ou parce que la planification de l'avenir semble trop compliquée à gérer. Le pape François a établi que les réalités sont plus importantes que les idées dans Evangelii Gaudium, et Laudato Si est un exemple pratique de cette hypothèse.

    Le problème est cependant qu'une encyclique doit avoir une valeur universelle. Il est vrai que les papes, dans le passé, ont utilisé des encycliques pour répondre à des situations concrètes. Pie XII a écrit trois encycliques sur la persécution des chrétiens en Chine, et deux consacrées au problème du cardinal Mindszenty en Hongrie. Il s'agissait d'encycliques qui contenaient de vives protestations mais qui, relues aujourd'hui, s'inscrivent dans un principe universel de liberté de l'Église. En somme, une vision du monde conférait à ces encycliques, nées en réponse à des situations concrètes, une validité universelle.

    Mais écrire une deuxième partie de Laudato Si, c'est admettre que Laudato Si était une encyclique qui ne répondait qu'au temps présent, qui ne donnait pas une vision du monde valable aussi pour l'avenir. Peut-être qu'une fois que l'on aura lu Laudato Si bis, toutes ces craintes seront dissipées. Mais pour l'instant, il reste crucial que le pape ait écrit une encyclique incomplète et que son achèvement ne fasse que la relier à aujourd'hui sans en donner une vision universelle.

    Qu'on se le dise sans malentendu : Le pape François a sa vision universelle des choses et probablement un projet précis pour l'Église. Mais ce projet est précisément de regarder la réalité concrète et d'être là où en est le monde aujourd'hui. Le but est d'offrir une perspective, pas d'évangéliser.

    D'où les phrases décontextualisées, les expressions imagées qui restent cependant génériques et ne semblent pas avoir d'explication concrète (comme les "purismes angéliques" ou le "totalitarisme du relatif", ou les "éthiques sans bonté", jusqu'au "rétrogradisme" actuel), et une décision générale de ne jamais répondre directement aux questions dans lesquelles une position claire doit être prise, comme en témoignent les nombreuses conférences de presse dans l'avion.

    Cependant, le Pape a une vision précise du gouvernement, une façon encore plus grossière de prendre des décisions, et une capacité à entrer dans les situations avec une jambe droite pour que sa perspective soit la seule à être suivie. Le pape François veut un modèle d'Église à son image. Il veut que ce modèle soit compris. Pour cela, il a aussi besoin d'un vote de sympathie. C'est ainsi que ce clin d'œil au monde séculier conduit à des documents comme Laudato Si, ou ce qui pourrait en être la suite. C'est peut-être ainsi que l'Église peut avoir un impact sur le monde. Mais il y a aussi le risque inverse, à savoir que, n'ayant rien de nouveau à dire, l'Église soit condamnée à l'insignifiance.

    La publication de Laudato Si bis clarifiera laquelle de ces deux voies sera empruntée.

  • Le pape annonce qu'il rédige une suite à l'encyclique Laudato si'

    IMPRIMER

    L.B., R.C. - édité par 'Il sismografo' :

    Laudato si', deuxième partie. L'annonce du pontife : "Les jeunes générations ont le droit de recevoir de nous un monde beau et vivable".

    La mise à jour de Laudato si' devra tenir compte de nombreux nouveaux problèmes survenus au cours des huit dernières années, notamment l'aggravation dramatique de la situation climatique et les nouvelles ressources technologiques telles que l'intelligence artificielle. Et puis, une question pour les experts : quel type de document peut être utilisé pour mettre à jour une encyclique sans avoir à en écrire une autre ?

    Le pape François, comme souvent, a fait lui-même l'annonce surprise : j'écris une deuxième partie de l'encyclique Laudato si'. Aujourd'hui, en conclusion de son discours à une délégation d'avocats des États membres du Conseil de l'Europe signataires de l'Appel de Vienne, le souverain pontife a déclaré : "Enfin, je suis sensible à l'attention que vous portez à la maison commune et à votre engagement à participer à l'élaboration d'un cadre réglementaire en faveur de la protection de l'environnement. Nous ne devons jamais oublier que les jeunes générations ont le droit de recevoir de nous un monde beau et vivable, et que cela nous investit de devoirs sérieux envers la création que nous avons reçue des mains généreuses de Dieu. Je vous remercie pour cette contribution. Je suis en train d'écrire une deuxième partie de Laudato si' pour mettre à jour les problèmes actuels".

    Laudato si', la deuxième des trois encycliques écrites par François, est peut-être le document le plus connu et le plus diffusé de son magistère. Le site du Vatican propose 19 traductions officielles, mais il existe au moins 12 versions dans d'autres langues. Il faut ajouter une autre particularité du texte : chacun de ses 6 chapitres, accompagnés au total de plus de 170 notes, a donné lieu à une série de réflexions sur le développement durable, depuis la racine humaine de la crise écologique jusqu'à l'écologie intégrale en passant par l'éducation et la spiritualité écologique.

    Pour l'heure, l'annonce du Saint-Père évoque d'emblée deux questions importantes. La première, bien sûr, concerne le contenu spécifique et sa pertinence au point de motiver un suivi ou une continuation de l'encyclique. Jamais auparavant une telle chose ne s'était produite, à savoir que le Pape décide d'annoncer publiquement qu'il veut reprendre une de ses lettres pastorales aux évêques du monde entier et au saint peuple de Dieu fidèle pour la mettre à jour. En l'occurrence, a déclaré François aujourd'hui, il veut réexaminer le grand défi écologique de l'humanité - analysé par lui il y a huit ans - pour le comparer aux problèmes d'aujourd'hui. Les fruits de ces réflexions du Pape seront très intéressants et pédagogiques, et d'une grande utilité pour la politique, comme nous l'avons vu avec Laudato si' en mai 2015. Il suffit de penser à ce que Bergoglio écrira sur la relation entre les guerres et l'impact écologique, et donc sur les dividendes de la paix entendue aussi comme réconciliation avec la nature et la création en général. Un autre sujet qui pourrait trouver sa place dans la question écologique en général est celui de l'intelligence artificielle en tant que ressource incomparable.

    François a déjà exploré, et de manière très approfondie, dans - disons pour l'instant - Laudato si' n° 1 la relation entre la technologie et l'éthique, concluant que "l'écologie intégrale est inséparable de la notion de bien commun, un principe qui joue un rôle central et unificateur dans l'éthique sociale" (n° 156). Le Souverain Pontife ressent donc probablement le besoin d'actualiser ses réflexions d'il y a huit ans en fonction des problèmes actuels, en grande partie des défis éthiques découlant de la rapidité et de la radicalité du progrès scientifique et technique, mais aussi de l'aggravation de la situation climatique - un abîme dramatique désormais, qui a déjà atteint le point de non-retour dans de nombreuses situations - qui, au cours des trois dernières années, a présenté la facture à l'ensemble de l'humanité, sans rabais et sans dérogations ni remises. Or, et le pape l'a dit à plusieurs reprises, face aux défis climatiques, il ne suffit pas de faire. Il ne suffit pas de bien faire. L'intervention humaine pour corriger et inverser l'urgence est devenue urgente et pressante. Il faut maintenant bien faire et le faire tout de suite. Demain, il sera tard, voire trop tard.

    Enfin, la deuxième question posée par l'annonce faite aujourd'hui par le Pape est celle de la forme qui sera utilisée pour l'exposer, et qui a été présentée comme "la deuxième partie de Laudato si". Puisqu'il s'agit d'une encyclique, toute mise à jour de celle-ci, nous l'imaginons en tant que simples lecteurs, devrait être de la même catégorie que la Lettre du pontife aux évêques, en pratique une autre encyclique, la quatrième du pontificat. Si ce n'est pas le cas, la question reste posée aux experts : avec quel type de document un pontife peut-il mettre à jour une de ses encycliques sans avoir à en écrire une autre ?

    S'il s'agit d'une Lettre, comme l'a dit aujourd'hui le Directeur du Bureau de Presse sans préciser de quoi il s'agit, il pourrait s'agir d'un document adressé à Sœur Helen Alford, Présidente de l'Académie Pontificale des Sciences Sociales.