De l'European Conservative (Uzay Bulut) :
Démasquer le progressisme : entretien avec Stelios Panagiotou
« La croyance dans la désirabilité du progrès est presque universelle. Le désaccord porte sur la façon dont nous allons comprendre ce qui constitue un progrès. »
Le journal The European Conservative a interviewé le Dr Panagiotou sur certaines des questions urgentes qui touchent l’Europe aujourd’hui, notamment le progressisme, le wokisme, la haine de soi culturelle, la montée des partis politiques conservateurs et l’état de la liberté académique.
Vous évoquez souvent l’« extrême droite ». Existe-t-il une définition claire et actuelle de ce terme ? Veuillez expliquer pourquoi les institutions politiques occidentales et les médias grand public utilisent souvent ce terme pour qualifier les gens.
Dans l’acception conventionnelle de l’expression « extrême droite » en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, on entend par « extrême droite » des conceptions politiques qui présentent de fortes ressemblances avec le fascisme et/ou le nazisme (le national-socialisme). En ce sens, la question « Qu’est-ce que l’extrême droite ? » devient la question « Qu’est-ce que le fascisme et qu’est-ce que le nazisme ? » Les débats scientifiques sur ce sujet sont et resteront en cours, car l’une des principales questions méthodologiques est de savoir si nous devons comprendre chacun de ces concepts en termes d’essence partagée par tous les mouvements fascistes et tous les mouvements nazis, respectivement, ou non. Mais d’une manière générale, les principales caractéristiques qui sont souvent associées aux deux sont : a) l’autoritarisme, b) l’ultranationalisme couplé à une haine intense de groupes particuliers, c) l’antiparlementarisme, d) l’anti-Lumières (se concentrant sur les forces irrationnelles par opposition à la raison), e) l’antilibéralisme, f) l’anti-individualisme, g) l’opposition au marché libre, et h) une glorification mythique de la violence qui la présente comme un moyen purificatoire et nécessaire à la palingénésie nationale.
Mais dernièrement, le terme « extrême droite » est couramment utilisé de manière très trompeuse. Les médias grand public l’utilisent pour désigner l’opposition aux politiques mondialistes et woke et la défense des valeurs conservatrices traditionnelles comme le patriotisme, la sécurité des frontières, l’ordre public et le souci de la cohésion sociale, associés à un scepticisme à l’égard du multiculturalisme abstrait. L’exemple le plus scandaleux est peut-être la description quasi constante par The Guardian du nouveau président argentin Javier Milei comme étant « d’extrême droite », alors qu’il ne possède aucune des caractéristiques mentionnées dans la première description ci-dessus.
La raison de cette campagne de diffamation organisée est très simple : il s’agit d’un effort systématique pour discréditer les conservateurs, les libéraux classiques et ceux qui s’opposent au wokisme et aux politiques mondialistes. Le débat public implique souvent une compétition pour convaincre le grand public. Dans l’esprit du grand public, l’« extrême droite » est synonyme de politiques qui ont causé une destruction sans précédent en Europe et en Occident. Certains espèrent qu’en jetant de la boue sur les conservateurs, les libéraux classiques et tous ceux qui n’appartiennent pas à la gauche et qui s’opposent aux politiques mondialistes, le grand public les associera, eux et leurs politiques, au désastre et au mal. Cela est également révélateur de leur opinion sur le niveau d’intelligence du grand public.