Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

International

  • "Chaque vie est précieuse ! Celle de l’enfant dans le ventre de sa mère, comme celle de la personne âgée ou malade" (message pascal du Pape)

    IMPRIMER

    MESSAGE URBI ET ORBI DU PAPE FRANÇOIS

    PÂQUES 2025

    Place Saint-Pierre
    Dimanche, 20 avril 2025

    Le Christ est ressuscité, alléluia !

    Frères et sœurs, joyeuses Pâques !

    Aujourd’hui, l’Alléluia résonne enfin dans l’Église, se répercutant de bouche en bouche, de cœur à cœur, et son chant fait couler des larmes de joie dans le peuple de Dieu du monde entier.

    Du tombeau vide de Jérusalem nous parvient l’annonce sans précédent : Jésus, le Crucifié, « n’est pas ici, il est ressuscité » (Lc 24, 6). Il n’est pas dans le tombeau, il est vivant !

    L’amour a vaincu la haine. La lumière a vaincu les ténèbres. La vérité a vaincu le mensonge. Le pardon a vaincu la vengeance. Le mal n’a pas disparu de notre histoire, il restera jusqu’à la fin, mais il n’a plus le dessus, il n’a plus de pouvoir sur ceux qui accueillent la grâce de ce jour.

    Sœurs et frères, surtout vous qui êtes dans la souffrance et l’angoisse, votre cri silencieux a été entendu, vos larmes ont été recueillies, pas même une seule n’a été perdue ! Dans la passion et la mort de Jésus, Dieu a pris sur lui tout le mal du monde et, dans son infinie miséricorde, il l’a vaincu : il a déraciné l’orgueil diabolique qui empoisonne le cœur de l’homme et sème partout la violence et la corruption. L’Agneau de Dieu a vaincu ! C’est pourquoi aujourd’hui nous proclamons : « Le Christ, mon espérance, est ressuscité ! » (Séquence pascale).

    Oui, la résurrection de Jésus est le fondement de l’espérance : à partir de cet événement, espérer n’est plus une illusion. Non. Grâce au Christ crucifié et ressuscité, l’espérance ne déçoit pas ! Spes non confundit ! (cf. Rm 5, 5). Et ce n’est pas une espérance évasive, mais engageante ; elle n’est pas aliénante, mais responsabilisante.

    Ceux qui espèrent en Dieu mettent leurs mains fragiles dans sa main grande et forte, se laissent relever et se mettent en route : avec Jésus ressuscité, ils deviennent des pèlerins d’espérance, des témoins de la victoire de l’Amour, de la puissance désarmée de la Vie.

    Le Christ est ressuscité ! Cette annonce renferme tout le sens de notre existence, qui n’est pas faite pour la mort mais pour la vie. Pâques est la fête de la vie ! Dieu nous a créés pour la vie et veut que l’humanité ressuscite ! À ses yeux, chaque vie est précieuse ! Celle de l’enfant dans le ventre de sa mère, comme celle de la personne âgée ou malade, considérées dans un nombre croissant de pays comme des personnes à rejeter.

    Que de volonté de mort nous voyons chaque jour dans les nombreux conflits qui touchent différentes parties du monde ! Que de violence nous voyons souvent aussi dans les familles, à l’égard des femmes ou des enfants ! Que de mépris se nourrit parfois envers les plus faibles, les marginalisés, les migrants !

    En ce jour, je voudrais que nous recommencions à espérer et à avoir confiance dans les autres, même dans ceux qui ne sont pas proches de nous ou qui viennent de pays lointains avec des usages, des modes de vie, des idées et des coutumes différents de ceux qui nous sont les plus familiers, car nous sommes tous enfants de Dieu !

    Je voudrais que nous recommencions à espérer que la paix est possible ! Depuis le Saint-Sépulcre, l’église de la Résurrection, où cette année Pâques est célébrée le même jour par les catholiques et les orthodoxes, que la lumière de la paix rayonne sur toute la Terre Sainte et sur le monde entier. Je suis proche des souffrances des chrétiens de Palestine et d’Israël, ainsi que de tout le peuple israélien et de tout le peuple palestinien. Le climat d’antisémitisme croissant qui se répand dans le monde entier est préoccupant. En même temps, mes pensées vont à la population et en particulier à la communauté chrétienne de Gaza, où le terrible conflit continue de semer la mort et la destruction et de provoquer une situation humanitaire dramatique et ignoble. J’appelle les belligérants : cessez le feu, que les otages soient libérés et que l’aide précieuse soit apportée à la population affamée qui aspire à un avenir de paix !

    Prions pour les communautés chrétiennes du Liban et de Syrie qui aspirent à la stabilité et à participer au destin de chaque nation, alors que ce dernier pays traverse une période délicate de son histoire. J’exhorte l’Église tout entière à accompagner les chrétiens du Moyen-Orient bien-aimé par l’attention et la prière.

    J’adresse également une pensée particulière au peuple du Yémen, qui connaît l’une des pires crises humanitaires “prolongées” au monde, en raison de la guerre, et j’appelle tout le monde à trouver des solutions par le biais d’un dialogue constructif.

    Que le Christ Ressuscité répande le don pascal de la paix sur l’Ukraine meurtrie et encourage tous les acteurs à poursuivre les efforts pour parvenir à une paix juste et durable.

    En ce jour de fête, pensons au Caucase du Sud et prions pour que soit rapidement signé et mis en œuvre un Accord de paix définitif entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, conduisant à la réconciliation tant désirée dans la région.

    Que la lumière de Pâques inspire des propositions de concorde dans les Balkans occidentaux et aide les acteurs politiques à œuvrer pour éviter la montée des tensions et des crises, ainsi que les acteurs de la région à rejeter les comportements dangereux et déstabilisants.

    Que le Christ Ressuscité, notre espérance, accorde la paix et le réconfort aux populations africaines victimes de violences et de conflits, en particulier en République Démocratique du Congo, au Soudan et au Soudan du Sud, et qu’il soutienne ceux qui souffrent des tensions au Sahel, dans la Corne de l’Afrique et dans la région des Grands Lacs, sans oublier les chrétiens qui, en de nombreux endroits, ne peuvent pas professer librement leur foi.

    Aucune paix n’est possible là où il n’y a pas de liberté religieuse ni de liberté de pensée et d’expression, ni de respect des opinions d’autrui.

    Aucune paix n’est possible sans véritable désarmement ! Le besoin de chaque peuple de pourvoir à sa propre défense ne peut se transformer en une course générale au réarmement. Que la lumière de la Pâques nous pousse à abattre les barrières qui créent des divisions et qui sont lourdes de conséquences politiques et économiques. Qu’elle nous pousse à prendre soin les uns des autres, à accroître notre solidarité mutuelle, à œuvrer pour favoriser le développement intégral de toute personne humaine.

    Ces jours, aidons le peuple birman, tourmenté depuis des années par un conflit armé, et qui affronte avec courage et patience les conséquences du tremblement de terre dévastateur à Sagaing ayant causé la mort de milliers de personnes et provoqué la souffrance de nombreux survivants, parmi lesquels des orphelins et des personnes âgées. Nous prions pour les victimes et leurs proches et remercions de tout cœur tous les généreux bénévoles qui participent aux opérations de secours. L’annonce d’un cessez-le-feu par divers acteurs du pays est un signe d’espérance pour tout le Myanmar.

    J’appelle tous ceux qui, dans le monde, ont des responsabilités politiques, à ne pas céder à la logique de la peur qui enferme, mais à utiliser les ressources disponibles pour aider les personnes dans le besoin, lutter contre la faim et favoriser des initiatives qui promeuvent le développement. Ce sont là les “armes” de la paix : celles qui construisent l’avenir, au lieu de semer la mort !

    Que le principe d’humanité ne soit jamais abandonné, car il est la clé de voûte de notre action quotidienne. Face à la cruauté des conflits qui impliquent des civils sans défense, qui s’en prennent aux écoles et aux hôpitaux ainsi qu’aux agents humanitaires, nous ne pouvons pas nous permettre d’oublier que ce ne sont pas des cibles qui sont touchées, mais des personnes avec une âme et une dignité.

    Et en cette année jubilaire, que Pâques soit aussi l’occasion de libérer les prisonniers de guerre et les prisonniers politiques !

    Chers frères et sœurs,

    dans la Pâques du Seigneur, la mort et la vie se sont affrontées dans un duel prodigieux, mais le Seigneur vit désormais pour toujours (cf. Séquence pascale) et nous donne la certitude que nous sommes nous aussi appelés à participer à la vie qui ne connaît pas de déclin, dans laquelle on n’entendra plus le fracas des armes ni les échos de la mort. Confions-nous à Lui qui seul peut faire toutes choses nouvelles (cf. Ap 21, 5) !

    Joyeuses Pâques à tous !

  • Il y a cinquante ans, le cauchemar des Khmers rouges commençait au Cambodge

    IMPRIMER

    De Stefano Magni sur la NBQ :

    Il y a cinquante ans, le cauchemar des Khmers rouges commençait au Cambodge

    Le 17 avril 1975, Phnom Penh, la capitale du Cambodge, tombe aux mains des Khmers rouges. Les communistes maoïstes intransigeants ont soumis la population à une gigantesque expérience sociale qui a entraîné deux millions de morts en trois ans.

    17_04_2025

    Victimes des Khmers rouges à Tuol Sleng (La Presse)

    Le 17 avril, il y a 50 ans, Phnom Penh tombait. La capitale du Cambodge est tombée aux mains des Khmers rouges, le mouvement communiste maoïste le plus meurtrier de l'histoire. Au cours des trois années suivantes, le régime, dirigé d’une main de fer par Pol Pot, éliminera un tiers de sa propre population. Son objectif déclaré était de réaliser l’utopie communiste d’ici 1990, peu importe les méthodes utilisées ou le nombre de morts.

    L'arrivée au pouvoir des Khmers rouges intervient après huit années de guerre civile . C'est surtout la guerre du Vietnam qui a détruit l'équilibre déjà précaire de cette région d'Asie du Sud-Est, indépendante de la France en 1953. Le prince Sihanouk, qui avait succédé pacifiquement à la France, était tiraillé entre le communisme (qui se répandait dans toute la région) et une alliance avec les États-Unis, protecteurs du Sud-Vietnam. Lorsque le Nord-Vietnam communiste a commencé à envahir le Sud-Vietnam (nationaliste) en 1959, en infiltrant son armée et ses guérilleros, Sihanouk n'a pas pu ou n'a pas voulu s'y opposer. En 1965, première année de l’intervention américaine au Vietnam, le Cambodge était déjà devenu le principal lieu de transit des Nord-Vietnamiens. Étant un pays neutre, ils ne pouvaient pas être touchés par les Américains et les Sud-Vietnamiens. Sihanouk a violemment réprimé le communisme dans son pays. Dans la seule révolte paysanne du district de Samlaut (qui a éclaté à la suite d'expropriations arbitraires), de 1967 à 1970, il a tué 12 000 personnes. Les militaires coupèrent les têtes des agriculteurs et les envoyèrent à Phnom Penh comme preuve du travail accompli. C'est durant cette période, en opposition au régime, que se développe le mouvement armé des Khmers rouges, inspiré par le maoïsme le plus intransigeant. Mais en politique étrangère, Sihanouk lui-même s'est rapproché de la Chine de Mao et de l'URSS de Brejnev et a rompu avec les Américains.

    En 1970, alors que Sihanouk était à Moscou en visite d’État, l’armée prit le pouvoir. Lon Nol, l’un des pires bourreaux de la répression de Samlaut, devient président, dictateur de facto, de la nouvelle « République khmère ». Il a promis de lutter contre la corruption et d’expulser les Vietnamiens et a immédiatement demandé aux États-Unis d’intervenir pour l’aider. En un mois, Nixon autorisa une intervention terrestre secrète sur le territoire cambodgien. Sur le plan militaire, ce fut un succès : les Nord-Vietnamiens furent chassés des zones frontalières. Politiquement, ce fut un désastre : les communistes de Ho Chi Minh se dispersèrent à travers le pays et enseignèrent aux Khmers rouges comment se battre contre une armée régulière. Lon Nol s’est encore davantage aliéné la population, tout d’abord parce qu’il s’est montré encore plus corrompu que son prédécesseur. Puis, parce qu’il était encore plus violent, il persécuta tous les Vietnamiens du pays, les catholiques et les autres minorités religieuses et réprima dans le sang toute manifestation de dissidence. Les monarchistes et les communistes s'allièrent contre lui : Sihanouk et les Khmers rouges formèrent un Front d'unité nationale. En 1973, ils contrôlaient déjà la moitié du pays et Lon Nol demanda à nouveau l'aide américaine. Nixon autorisa une campagne de bombardements (également secrète) au cours de laquelle des dizaines de milliers de civils, en plus des guérilleros, périrent. Ce fut un succès éphémère : l'avancée des communistes ne fut que temporairement enrayée, mais en réaction aux bombardements les populations paysannes s'engagèrent en masse dans les rangs des Khmers rouges, même s'il était désormais clair, dans les zones qu'ils avaient occupées, que leur régime était bien plus meurtrier que le régime nationaliste de Lon Nol.

    En avril 1975, alors que le Sud-Vietnam était sur le point d’être submergé par le Nord et que les Américains étaient partis depuis longtemps, les Khmers rouges remportèrent la guerre civile. Sihanouk est resté officiellement chef de l’État pendant une année supplémentaire, puis a été placé en résidence surveillée. Le Kampuchea démocratique est né, Khieu Samphan en est le président, mais le véritable homme aux commandes est le Premier ministre, chef du mouvement communiste armé, Saloth Sar, connu sous le nom de Pol Pot. Formé à Paris (il eut Jean Paul Sartre comme mentor), il voulut créer l'utopie communiste dès le premier jour de son règne. Toutes les villes, à commencer par Phnom Penh, ont été évacuées d’urgence. Même les malades et les blessés admis dans les hôpitaux étaient jetés dans la rue. Les nouvelles autorités ont indiqué aux évacués qu'il s'agissait d'une mesure temporaire et qu'il s'agissait d'apporter le strict minimum. En réalité, ils étaient destinés à participer à une expérience sociale gigantesque : transformer des citoyens en paysans. Les évacuations, menées selon des méthodes de déportation, ont coûté des dizaines de milliers de victimes. Et ce n’était que le début de la souffrance.

    L’ensemble de la population cambodgienne a été réorganisée en communautés paysannes. Il n’y avait aucune liberté de mouvement possible : ils étaient en fait des prisonniers dans des camps de travail. Les quarts de travail variaient de 12 à 14 heures par jour, sans aucune pause, sauf pour subir un lavage de cerveau idéologique lors de séances de rééducation. Tous les membres de l’ancien régime et leurs familles ont été exterminés. Toutes les personnes religieuses, quelle que soit leur religion, ont été tuées. Pour le reste, chaque commandant et fonctionnaire local avait droit de vie et de mort sur ses paysans. Les plus sadiques et les plus méfiants tuaient même ceux qui portaient simplement des lunettes, symbole de la dégénérescence bourgeoise. Quiconque était considéré comme « paresseux » dans le travail des champs, qui n’avait pas suffisamment de callosités sur les mains, qui ne répondait pas de manière appropriée aux séances de rééducation, qui connaissait des langues étrangères ou qui exerçait des professions libérales avant l’an zéro de la nouvelle ère pouvait également être tué.

    Parler à la première personne du singulier n'était pas autorisé : le je était banni. L'affection personnelle n'était pas autorisée : les mots doux et les gestes affectueux étaient interdits et punis. Seule la fête devait être aimée. À partir du début de 1977, les mariages étaient arrangés uniquement par des cadres du parti, entre des hommes et des femmes qui ne se connaissaient pas. Les enfants ont été séparés de leurs parents et éduqués par le parti. Tout était partagé, les récoltes étaient enregistrées, la nourriture était rationnée et consommée dans des cantines collectives. La mort par inanition devint la règle et les paysans qui tentaient de voler de la nourriture ou de la consommer pendant qu'ils la cultivaient étaient condamnés à mort.

    Même les cadres et les dirigeants khmers n’étaient pas à l’abri de la peur. Il y a eu de nombreuses tentatives de coup d’État, au moins neuf en trois ans. Pol Pot a réagi en procédant à des purges périodiques. Les principales victimes furent les communistes de retour de l’étranger, encouragés par la propagande de Phnom Penh. Presque tous ont fini sous la hache de la répression. La prison de Tuol Sleng, destinée aux purgés, est devenue le symbole de l'extermination cambodgienne, le seul endroit où l'identité des victimes et la date de leur exécution étaient documentées en détail. Presque tous les détenus de Tuol Sleng ont été tués, soit par des pelotons d’exécution, soit dans des chambres de torture.

    Le régime khmer était également profondément raciste. Malgré l'alliance avec Pékin, il extermina presque tous les Chinois vivant au Cambodge (environ 200 000 périrent dans ce génocide dans le génocide), la minorité musulmane Cham et des dizaines de milliers de Vietnamiens. Et c’est précisément pour sauver ce dernier de l’anéantissement que, fin 1978, le Vietnam envahit le Cambodge. En un peu plus d’un mois, il a balayé le régime infernal. Mais la liberté n'est pas revenue dans le pays, un autre régime communiste a été établi, dirigé par Samrin (un ancien Khmer rouge qui a fui au Vietnam) et seulement moins répressif et meurtrier que le précédent. C’est pourquoi il est si difficile, encore aujourd’hui, de faire la lumière sur l’immense crime des Khmers rouges et de punir les responsables. Faire table rase du passé n’efface cependant pas les deux millions de morts, assassinés en seulement trois ans, avec une intensité sans précédent. Tués au nom d’une utopie, d’un paradis sur terre qui garantissait l’enfer à tout un peuple.

  • L’office des ténèbres du Samedi saint : voyage au bout de la nuit

    IMPRIMER

    Publié le 06 Avr 2023 Sur le site web du bimensuel « L’Homme Nouveau » :

    « Si les trois cérémonies majeures du Triduum sacré – Messe vespérale du Jeudi Saint, Office de la Croix le Vendredi Saint et Vigile Pascale – sont familières à nombre de fidèles, les offices des Ténèbres sont plus méconnus. Est-ce dû à l’horaire auquel ils sont chantés, peu familial, ou à l’absence d’action liturgique qui les rend peu perméables au néophyte ?  Coup de projecteur sur un office éminemment singulier.

    Communauté Saint-Martin, Office des Ténèbres du Samedi-Saint

    Héritage très ancien des temps où les Matines étaient chantées au cœur de la nuit, ce qui se pratique encore en certains monastères, les Ténèbres rassemblent les deux offices de Matines et Laudes pour chacun des trois jours saints. Cet office nous plonge dans la contemplation de l’abaissement inouï du Fils de Dieu, « qui se fit pour nous obéissant jusqu’à la mort » (Ph 2, 8).

    Alors que d’ordinaire l’office des Laudes s’achève au lever du soleil, symbole triomphant de la gloire de Dieu chantée par l’Église, le principe même des Ténèbres consiste à terminer l’office dans une obscurité profonde. Les rideaux d’un vaste drame en trois actes s’ouvrent sous les yeux de notre âme : les funérailles du Fils de Dieu.

    « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? » : laisser la liturgie nous plonger dans l’obscurité

    Afin de baigner les cœurs dans la compassion aux souffrances du Sauveur, la liturgie se dépouille entièrement de ce qui pouvait rappeler la joie du Ciel ou même la Gloire de Dieu. Les traditionnelles formules telles que « Domine, labia mea aperies / Seigneur ouvrez mes lèvres », « Deus in adjutorium meum intende / Dieu venez à mon aide », « Tu autem Domine, miserere nobis / Vous aussi Seigneur ayez pitié de nous », et même le Gloria Patri ont disparu. Les hymnes de même.

    Ne restent que les psaumes encadrés de sobres antiennes, les leçons des nocturnes et les répons qui donnent à eux seuls l’atmosphère spirituelle de ces Offices. Ils ne conservent plus que ce qui leur est essentiel dans la forme, et ils ont perdu toutes ces aspirations vives que les siècles y avaient ajoutées.

    Au maître autel, les six cierges sont de cire jaune, comme les quinze cierges du chandelier mystérieux qui trône dans le chœur. C’est l’extinction progressive de ce chandelier qui marque la seule action liturgique de ces offices. Ces flammes soufflées au rythme des psaumes qui s’achèvent nous représentent ce mystère de la Gloire de Dieu qui peu à peu abandonne Notre-Seigneur…

    Un seul, celui qui est placé à l’extrémité supérieure du chandelier à quinze branches, reste allumé. Pendant le Cantique du Benedictus, en conclusion de l’office de Laudes, les six cierges qui brûlaient sur l’autel sont pareillement éteints. Alors le cierge restant, solitaire, est posé quelques instants sur l’autel, luttant seul contre les ombres qui remplissent l’église : le Christ, abandonné de tous, est cloué à la Croix, mourant pour les hommes, alors que les ténèbres s’amoncellent dans le ciel. Puis le cierge est caché, figure de la sépulture du Christ.

    Alors les clercs présents au chœur, ainsi que les fidèles à genoux dans les travées de la nef, sont invités « taper sur leur banc ». Ce bruit, volontairement confus, se fait entendre tandis que le dernier flambeau a plongé dans l’obscurité. Ce tumulte joint aux ténèbres, explique dom Guéranger, exprime les convulsions de la nature, au moment de la mort du Rédempteur. Mais tout à coup le cierge reparaît ; le bruit cesse. Pourquoi donc ? Car le Rédempteur a triomphé de la mort.

    Les trois jours, ce sont exactement les mêmes cérémonies qui se répètent ; le seul changement est à l’autel : mercredi soir, les nappes sont encore présentes : Jésus n’est pas encore aux mains de ses bourreaux, nous assistons à son agonie au Mont des Oliviers (comme le chante le premier répons) ; jeudi soir, l’autel a été dépouillé : Jésus est entré pleinement dans sa passion, et nous assistons aux profondeurs de ses souffrances ; vendredi soir, la croix est dévoilée, montrant à tous le corps sans vie du Rédempteur : les Ténèbres sont alors le chant de deuil de l’Église qui pleure son Epoux.

    Jérémie, prophète de la déréliction

    La structure des Ténèbres est parfaitement symétrique sur les trois jours. Aux premiers nocturnes, les lamentations du prophète Jérémie, témoin impuissant du malheur et de la ruine de Jérusalem infidèle, font retentir chaque soir leurs accents déchirants sur une mélodie que l’on ne retrouve en aucune autre circonstance, culminant avec la déchirante Oraison de Jérémie du Samedi Saint ; à chaque fois, revient ce lancinant appel à la conversion, seule moyen de sauver la Cité Sainte, qui s’adresse à chacun de nos cœurs : « Jérusalem, Jérusalem, convertis-toi au Seigneur ton Dieu. »

    Les répons, reconstitution de la Passion

    Les répons séparant les leçons sont les seules pièces grégoriennes véritablement développées de ces offices. Ils fondent, par les textes qui les composent, la progression des trois jours en reconstituant les trois étapes du drame de la Passion : trahison, crucifixion, sépulture. Les âmes n’ont qu’à se laisser porter par les différents sentiments que provoquent en elles ces mélodies tour à tour plaintives, graves, tristes ou violentes.

    Le Jeudi Saint met en scène la trahison : nous assistons d’abord à l’agonie du Christ, nous invitant à regretter nos fautes qui font de lui l’Homme de douleur prophétisé par Isaïe. Puis advient la trahison de Judas : nous sommes alors confrontés à nos propres trahisons.

    Les trois derniers répons représentent les douloureux reproches de Jésus : d’abord à tous ceux qui fomentent des complots contre Lui, figures des âmes tièdes qui ne se détournent pas assez du péché ; ensuite aux apôtres (et à nous à travers eux) qui n’ont pas pu veiller une heure avec Lui, malgré l’infinie abondance des grâces reçues ; enfin aux anciens du Peuple, tous ces hommes à l’âme flétrie, qui se sont détournés, de cet esprit d’enfance sans lequel nul n’entrera au Royaume des cieux…

    Le Vendredi Saint nous fait assister à la Crucifixion : commençant par nous dévoiler les sentiments d’abandon et de trahison qui remplissent l’âme de Jésus, ils nous montrent le voile du Temple qui se déchire en même temps que Jésus promet le Paradis au bon larron.

    Au deuxième nocturne, c’est le cœur de la détresse du Christ qui est illustré, avec les ténèbres qui couvrent la terre lorsqu’Il s’écrie vers son Père : « Pourquoi m’avez-Vous abandonné ? », rejoignant ainsi toutes les âmes qui font l’expérience de la nuit spirituelle, cet état où l’on se sent abandonné de Dieu. Le dernier nocturne n’est qu’une longue suite de plaintes exprimant toute la douleur de l’Homme-Dieu : douleur physique bien sûr, mais surtout douleur de nous voir si infidèles à l’amour qu’Il nous porte…

    Le Samedi Saint est en quelque sorte une veillée funèbre autour du Tombeau du Christ. Les répons du premier nocturne se contentent de rappeler les évènements de la veille, suscitant dans les âmes le deuil et l’angoisse bien sûr, mais également une grande tendresse envers Jésus : c’est toute la fécondité surnaturelle de la componction, par laquelle le pécheur revient au Père, sauvé par les mérites que lui a acquis la mort du Fils. Les répons des deux derniers nocturnes invitent l’âme à contempler les effets de la Passion. On entre plus profondément dans le mystère de la Rédemption, source de grande paix.

    Obéissant jusqu’à la mort…

    À la fin de l’Office, du chœur plongé dans l’obscurité la plus complète monte une dernière mélodie qui chaque jour se prolonge un peu : « Le Christ s’est fait pour nous obéissant jusqu’à la mort / la mort de la Croix / et c’est pourquoi Dieu l’a exalté en lui donnant un Nom au-dessus de tout nom. » Très grave Jeudi et Vendredi, le verset du Samedi, dernier chant de ces Offices, revêt une grande légèreté, comme une clarté céleste : à l’image d’une Église voulant sécher les larmes de ses enfants en leur donnant enfin l’explications de toutes ces souffrances endurées par son Époux.

    En définitive, c’est en se laissant porter par les impressions conjuguées de l’obscurité grandissante et de la profondeur des chants que nous pourrons réellement entrer dans l’esprit de ces Ténèbres. Ils nous porteront par une longue méditation de la Passion aux portes du Sépulcre, où nous pourrons attendre avec toute l’Eglise la lumière de la Résurrection. »

    Chanoine Baudouin Chaptal +

  • Comment les catholiques du Soudan survivent à la guerre

    IMPRIMER

    De Luke Coppen sur le Pillar :

    Comment les catholiques du Soudan survivent à la guerre

    Lorsque la guerre civile a éclaté il y a deux ans, il y avait plus de 1,2 million de catholiques dans le pays.

    Lorsque la guerre civile a éclaté au Soudan il y a deux ans aujourd’hui, il y avait plus de 1,2 million de catholiques dans le pays.

    Cathédrale Saint-Matthieu de Khartoum, Soudan. David Stanley via Wikipédia (CC BY 2.0).

    Bien que 90 % des quelque 50 millions d'habitants du pays soient musulmans, le Soudan compte une importante présence catholique depuis près de 200 ans. Le troisième plus grand pays d'Afrique est lié à des saintes comme Joséphine Bakhita et Daniel Comboni , ainsi qu'à d'autres figures saintes comme Zeinab Alif , une esclave devenue abbesse.

    Avant que les combats ne bouleversent la vie quotidienne, les catholiques se rendaient à leur culte dans des bâtiments importants tels que la cathédrale Saint-Matthieu dans la capitale, Khartoum, et la cathédrale Notre-Dame-Reine d'Afrique à El-Obeid.

    En 2023, année où la guerre a éclaté, l’archidiocèse de Khartoum, qui couvre la moitié nord-est du pays, comptait 79 prêtres, 123 religieux et 4 diacres permanents, au service d’une communauté catholique en constante croissance dans 17 paroisses.

    Qu'est-il arrivé aux catholiques soudanais ces deux dernières années ? Il est difficile d'en dresser un tableau complet en raison du brouillard de la guerre. Les rapports sont inégaux, mais ils nous donnent un aperçu de l'impact du conflit sur la minorité catholique du pays.

    Voici ce que nous savons.

    Une carte montrant les parties du Soudan contrôlées par les forces armées soudanaises (rose) et les forces de soutien rapide (sarcelle), au 13 avril 2025. ElijahPepe via Wikimedia (CC BY-SA 4.0).

    Lire la suite

  • Les Philippines consacrées à la Divine Miséricorde

    IMPRIMER

    Une dépêche de l'Agence Fides :

    ASIE/PHILIPPINES - La nation se consacre à la Divine Miséricorde : une « réponse collective de foi et d'espérance »

    mardi 15 avril 2025 
     

    Archidiocese of Manila

    Manille (Agence Fides) – En cette période de polarisation, alors que la société philippine apparaît de plus en plus divisée sur le plan social et politique, la nation se consacre et se confie à la Divine Miséricorde pour retrouver son unité. C'est l'initiative des évêques des Philippines qui ont promu pour le 27 avril, le dimanche après Pâques, appelé « Dimanche de la Divine Miséricorde », un acte solennel de consécration qui sera prononcé pendant les messes dans toutes les églises du pays. Comme l'a écrit le cardinal Pablo Virgilio David, président de la Conférence épiscopale catholique des Philippines, dans la lettre annonçant l'initiative, la consécration représente « une réponse collective de foi et d'espoir » face aux « graves défis » auxquels le pays et la communauté mondiale sont confrontés : la corruption généralisée ; l'érosion de la vérité et l'opposition croissante aux enseignements de l'Église sur la vie et la famille ; les divisions et les hostilités généralisées dans la société ; la menace de conflits locaux comme d'une guerre à l'échelle mondiale. « La consécration nationale sera une expression profonde de notre confiance en la Divine Miséricorde, une confiance qui reste notre refuge ultime en ces temps d'incertitude et d'épreuve », a expliqué le cardinal. « Nous confions nous-mêmes, notre Église et notre nation à la miséricorde infinie de Dieu, confiants que dans Sa miséricorde nous trouverons la guérison, le renouveau et l'espoir dont nous avons si profondément besoin », a-t-il écrit.

    Il récite la prière de consécration : « Jésus, avec une foi et une confiance totales en ton océan infini d'amour, nous nous plaçons sous la protection de ta miséricorde. Nous nous unissons à ton offrande parfaite, avec le Saint-Esprit, au Père, afin que nous puissions être complètement transformés dans ta miséricorde. » Et il poursuit : « Aie pitié de nous pour les guerres entre les nations et les terreurs avec lesquelles nous nous tourmentons les uns les autres. Aie pitié de nous pour le péché répandu contre la vérité et les péchés horribles contre la justice et la fraternité humaine. Aie pitié de nous pour le blasphème auquel est soumise Ta Divine Miséricorde et la tromperie abominable des faibles et des pauvres. Aie pitié de nous pour les abus contre la dignité humaine, le péché contre la vie, l'amour et la famille ».

    L'acte fait écho aux conclusions du Ve Congrès apostolique mondial sur la miséricorde, qui s'est tenu à Cebu, aux Philippines, à l'automne 2024, au cours duquel les fidèles philippins se sont reconnus et se sont engagés à « être des véhicules de la compassion et de la miséricorde du Seigneur envers les autres », afin « exprimer la miséricorde du Seigneur dans toutes les communautés » et être « de véritables messagers de miséricorde ». La nation , a-t-on dit à la fin du Congrès, a besoin « d'œuvres qui traduisent en actes concrets l'esprit de miséricorde : les baptisés sont appelés à être la miséricorde vivante pour les autres ».

    Le dimanche de la Divine Miséricorde a été institué par le pape Jean-Paul II en 2000 à l'occasion de la canonisation de sainte Faustine Kowalska, religieuse et mystique polonaise dont les visions ont inspiré cette dévotion, et est célébré chaque année le deuxième dimanche de Pâques.
    (PA) (Agence Fides 15/4/2025)

  • Inde : la police de Delhi interdit la procession annuelle du Chemin de Croix

    IMPRIMER

    De Luke Coppen sur The Pillar :

    La police de Delhi interdit le chemin de croix

    Les catholiques de l'archidiocèse de Delhi ont exprimé leur « profond choc » après que la police leur a refusé l'autorisation d'organiser une procession annuelle du Chemin de Croix.

    Les catholiques de l'archidiocèse de Delhi ont exprimé dimanche leur « profond choc » après que la police leur a refusé l'autorisation de participer à une procession annuelle du Chemin de Croix dans les rues de la capitale indienne.

    L'Association catholique de l'archidiocèse de Delhi a déclaré le 13 avril que l'événement, organisé depuis plus d'une décennie le dimanche des Rameaux, ne pouvait pas avoir lieu après que la police de Delhi a invoqué « des problèmes d'ordre public et de circulation ».

    Les organisateurs auraient demandé l'autorisation de la police pour l'événement le 12 mars, mais ont été informés le 12 avril, à la veille du défilé, qu'il ne pouvait pas avoir lieu.

    Une autre procession du dimanche des Rameaux, menée par la Ligue de la jeunesse chrétienne et inaugurée par l'évêque anglican de Delhi, a eu lieu comme d'habitude dans la ville.

    L'association catholique, un organisme enregistré représentant les catholiques latins locaux, a déclaré que ses membres étaient « profondément blessés et déçus » par la décision de bloquer la procession, qui commence à l'église Sainte-Marie, l'une des plus anciennes églises de la ville, et se termine à la cathédrale du Sacré-Cœur de rite latin.

    Chaque année, environ 2 000 catholiques méditent sur les 14 stations du chemin de croix le long du parcours d'environ trois milles.

    L'association a déclaré que les raisons invoquées par la police pour refuser l'autorisation étaient « difficiles à accepter », car d'autres communautés et groupes politiques étaient fréquemment autorisés à organiser des cortèges et des rassemblements dans la ville, même aux heures de pointe.

    « Depuis plus de dix ans, le Chemin de Croix annuel se déroule dans la plus grande discipline, dans le calme et en totale coopération avec les autorités. Aucun incident de circulation ni problème d'ordre public n'a été signalé en lien avec notre événement », a-t-il déclaré.

    « Le refus d’autorisation cette année semble partial et injuste, jetant une ombre sur les principes d’égalité de traitement et de liberté religieuse. »

    Les organisateurs auraient tenu la procession du Chemin de Croix dans l'enceinte de la cathédrale, respectant ainsi la décision de la police.

    L'annulation de la procession de rue a créé des remous dans le monde politique indien.

    KC Venugopal, un haut dirigeant du Congrès national indien, le principal parti d'opposition, a critiqué la décision dans une lettre du 13 avril adressée au ministre indien de l'Intérieur, Amit Shah, membre du parti au pouvoir, le Bharatiya Janata Party.

    Bien que Shah soit responsable de la police de Delhi, on ignore s'il a été impliqué dans la décision de refuser l'autorisation de défilé. Les médias indiens ont indiqué que la police de Delhi n'avait pas répondu aux demandes de commentaires.

    Le BJP, un parti nationaliste hindou, a remporté les élections à l'Assemblée législative de Delhi en février, revenant au pouvoir sur le territoire après une absence de 27 ans.

    Dans sa lettre au Shah, Venugopal écrit que « refuser une autorisation sans raisons concrètes soulève des questions sur l’engagement du gouvernement à défendre le droit fondamental de pratiquer et de professer librement sa religion ».

    Il a ajouté : « Il ne s'agit pas d'un simple oubli, mais d'un acte délibéré de répression. Le refus du gouvernement d'apporter la moindre justification crédible à cette interdiction révèle ses motivations : une discrimination déguisée en politique. »

    Pinarayi Vijayan, le ministre en chef du Kerala, l'État indien qui compte la plus grande population chrétienne, a également déploré cette décision.

    « De telles actions, qui portent atteinte aux croyances religieuses des minorités, ne sont pas conformes à une société pluraliste », a déclaré Vijayan, membre du bureau politique du Parti communiste indien (marxiste).

    Les catholiques indiens entretiennent une relation complexe avec le BJP, qui affirme que l'hindouisme, ou « hindouisme », est le fondement de la culture du pays. Si la minorité catholique se méfie généralement du BJP, les évêques ont récemment soutenu un projet de loi gouvernemental réformant la réglementation des fondations caritatives islamiques.

    Les évêques ont déclaré qu'ils voulaient obtenir justice pour les familles chrétiennes sur des terres revendiquées comme un don islamique dans l'État du Kerala, dans le sud de l'Inde, mais les critiques ont fait valoir que le soutien des évêques pourrait nuire aux relations entre catholiques et musulmans.

    Peu de temps après l'intervention des évêques et l'adoption réussie du projet de loi par le Parlement, le magazine nationaliste hindou Organiser a publié un article en ligne exhortant le gouvernement à se concentrer ensuite sur les terres appartenant à l'Église catholique.

    Le Telegraph a déclaré que l’article « semblait établir l’ordre du jour d’une action similaire visant l’Église catholique ».

    L'organisateur a retiré l'article suite à une réaction négative.

    Il y a environ 77 000 catholiques dans l'archidiocèse de Delhi, sur une population totale de près de 30 millions d'habitants.

    La cathédrale du Sacré-Cœur occupe un emplacement privilégié à New Delhi, siège du gouvernement indien. Le Premier ministre indien Narendra Modi, membre du BJP, s'y est rendu à Pâques 2023. Il a également assisté à une célébration de Noël 2024 au siège de la Conférence des évêques catholiques d'Inde, également à New Delhi.

    Le groupe de défense Open Doors a classé l'Inde comme le 11e pire pays au monde où être chrétien dans sa World Watch List 2025 des nations où les chrétiens sont confrontés à des niveaux élevés de persécution.

  • Un rapport révèle une escalade de la violence contre les chrétiens en Terre Sainte

    IMPRIMER

    De Victoria Cardiel sur CNA :

    Un rapport révèle une escalade de la violence contre les chrétiens en Terre Saintebouton de partage sharethis

    Chrétiens en procession à Jérusalem

    Chrétiens défilant dans la Vieille Ville de Jérusalem. | Crédit : Adi Marer/Rossing Center

    14 avril 2025

    Le rapport annuel du Rossing Center , une organisation basée à Jérusalem dédiée à la coexistence interreligieuse, a documenté 111 cas de harcèlement et de violence contre la communauté chrétienne en Israël et à Jérusalem-Est en 2024.

    Le rapport révèle un climat d’hostilité qui, selon l’une des auteurs de l’étude, Federica Sasso, ne représente que « la pointe de l’iceberg d’un phénomène beaucoup plus vaste ».

    « Il y a beaucoup plus d'attaques, mais elles sont très difficiles à surveiller », a-t-elle déclaré à ACI Prensa, le partenaire d'information en langue espagnole de CNA.

    Elle a également noté que la Terre Sainte « est actuellement dépourvue de pèlerins chrétiens » en raison de la guerre déclenchée après les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, ce qui atténue quelque peu la situation.

    « Si nous étions dans une période normale de flux de pèlerins, le nombre d’attaques serait probablement beaucoup plus élevé », a-t-elle expliqué.

    Ces dernières années, la Vieille Ville de Jérusalem a connu une grave pénurie de pèlerins chrétiens. Crédit : Adi Marer/Rossing Center

    Ces dernières années, la Vieille Ville de Jérusalem a connu une grave pénurie de pèlerins chrétiens. Crédit : Adi Marer/Rossing Center

    Sasso, qui a attribué la situation en partie à la « polarisation et à la radicalisation croissantes au sein de la société israélienne », a souligné que, bien qu’il existe un certain scepticisme généralisé quant à l’efficacité d’un signalement, le centre observe une tendance positive puisque les religieux « sont de plus en plus disposés à signaler les incidents ».

    En partie en raison d'un « historique avéré de licenciements ou de libérations de suspects sans conséquences appropriées », ils ont préféré ne pas le rendre public, a-t-elle déclaré.

    47 agressions physiques, principalement des crachats

    Sur les 111 cas d'agression signalés, 47 étaient des agressions physiques, principalement par crachats, un comportement qui a évolué d'actes subtils à des démonstrations d'agressivité ouverte. Dans plusieurs quartiers, notamment dans la Vieille Ville de Jérusalem, prêtres, religieuses, frères et moines, « facilement identifiables, sont quotidiennement exposés à ces agressions », a expliqué Sasso. 

    Lire la suite

  • Katalin Novak : la véritable urgence mondiale est l’effondrement des naissances

    IMPRIMER

    De Riccardo Cascioli sur la NBQ :

    Novak : La véritable urgence mondiale est l’effondrement des naissances

    Aujourd’hui, 75 % des pays du monde ont des taux de fécondité inférieurs au seuil de remplacement des générations. Il est urgent d’inverser la tendance pour éviter un désastre économique et social. Aujourd’hui en Occident il est commode de ne pas avoir d’enfants, les États doivent empêcher cette discrimination et créer un environnement favorable à la famille et à la vie. Katalin Novak, ancienne présidente de la République hongroise et fondatrice d'une ONG internationale qui lutte contre la crise démographique, prend la parole.   

    11_04_2025

    Katalin Novak

    « L’effondrement démographique est une urgence mondiale et doit être placé au premier rang des priorités dans les relations internationales ». C'est ce qu'affirme Katalin Novak, ancienne ministre de la Famille et ancienne présidente de la République en Hongrie, où les politiques familiales et natalistes des 15 dernières années ont obtenu des succès significatifs. Nous l'avons rencontrée à Londres en février dernier, lors de la Conférence ARC dont elle était l'une des promotrices et où elle a présenté la nouvelle organisation non gouvernementale XY Worldwide qu'elle a fondée avec le démographe Stephen Shaw. En effet, la tendance démographique mondiale est alarmante : s’il est vrai que l’hiver démographique est particulièrement rigoureux dans les pays développés, où le déclin des naissances dure depuis des décennies, 75 % des pays du monde ont désormais des taux de fécondité inférieurs à 2,1 enfants par femme, qui est le niveau de remplacement de la population. Et à ce rythme, d’ici la fin du siècle, tous les pays le seront, avec de graves conséquences économiques et sociales. Aujourd'hui déjà, le taux de fécondité mondial est de 2,2 enfants par femme, l'ONU prévoit une baisse à 1,68 d'ici 2050 et à 1,57 d'ici 2100. D'ici là, la population mondiale aura diminué en chiffres absolus pendant au moins vingt ans.

    Katalin Novak, mariée et mère de trois enfants, véritable architecte des politiques familiales et natalistes de la Hongrie, après sa démission forcée de la présidence de la République en février 2024, a donc décidé de passer de la Hongrie de laboratoire aux politiques globales.

    Madame Novak, la Hongrie est souvent citée en exemple par ceux qui prônent des politiques pro-famille et pro-natalité. Quel est le véritable équilibre de votre expérience ?

    J'ai été responsable des politiques familiales pendant huit ans et les résultats ont été très positifs. Lorsque j’ai commencé en 2010 en Hongrie, le taux de fécondité était très bas et en 2011, il a atteint un niveau historiquement bas de 1,21 enfant par femme. Depuis, la tendance s'est inversée : le taux de fécondité a augmenté de 25 %, ce qui est un véritable succès. Au cours des mêmes années, le nombre de mariages a doublé et les avortements ont diminué de moitié. Malheureusement, la tendance s’est interrompue avec la pandémie de Covid, puis avec la guerre en Ukraine, avec toutes les conséquences économiques que cela a entraînées. Cependant, une culture pro-famille a été créée qui, je crois, nous permettra de revenir sur la bonne voie.
    Mais maintenant, je m’attaque à ces problèmes à l’échelle mondiale, car il s’agit d’une urgence mondiale et nous souhaitons donc y remédier.

    Que comptez-vous faire avec votre association ?

    Nous faisons d’abord des recherches pour comprendre et expliquer les raisons de ces faibles taux de fécondité, puis nous travaillons sur la communication et ensuite en tant que consultants auprès des gouvernements, des États, des collectivités locales ; même les entreprises, car elles souhaitent changer le climat autour du choix d’avoir des enfants et mieux comprendre les implications négatives de ces faibles taux de fécondité.

    Lire la suite

  • Les prêtres nicaraguayens doivent soumettre leurs homélies à la censure de la police

    IMPRIMER

    D'Edgar Beltrán sur The Pillar :

    Les prêtres nicaraguayens doivent soumettre leurs homélies à l'inspection de la police

    Les prêtres doivent se présenter aux postes de police pour un interrogatoire hebdomadaire et un examen de leurs homélies et de leurs activités.

    La police nicaraguayenne exige désormais que les prêtres se présentent chaque semaine dans les commissariats de police pour être interrogés et soumettent leurs homélies hebdomadaires et la liste de leurs activités pour examen, selon un nouveau rapport.

    Cette répression fait suite à une déclaration du gouvernement nicaraguayen faite en février, qui évoquait la possibilité que le régime d'Ortega cesse de reconnaître les nouvelles nominations épiscopales faites par le Vatican.

    Selon un rapport de Christian Solidarity Worldwide (CSW) publié la semaine dernière, les prêtres catholiques de plusieurs diocèses sont désormais tenus de se rendre chaque semaine au poste de police le plus proche pour y être interrogés. Certains d'entre eux ont indiqué qu'un agent de surveillance leur avait été assigné en permanence et qu'ils étaient avertis qu'ils ne pouvaient pas quitter leur communauté sans autorisation.

    Cette dernière disposition touche particulièrement les diocèses qui comptent un grand nombre de prêtres exilés, comme Matagalpa, qui ont dû faire appel à des prêtres d’autres diocèses venant chaque semaine pour servir les paroisses comptant des pasteurs exilés.

    Lors de l'interrogatoire, ces prêtres seraient contraints de présenter des copies de leurs homélies à la police pour vérifier qu'elles ne contiennent aucun message critique à l'égard du régime.

    Le journal local « La Prensa » rapporte que dans d’autres diocèses, les prêtres ne sont pas obligés de se rendre au commissariat de police, mais que la police se rend dans les paroisses et leur demande un résumé des activités paroissiales hebdomadaires.

    « Ils viennent à la paroisse et demandent le programme hebdomadaire des activités du prêtre et, si possible, de l'évêque… Ils doivent inclure les messes, les activités missionnaires, les rencontres avec les agents pastoraux et demander la permission s'ils sortent de leur « juridiction », a déclaré un prêtre à La Prensa.

    La répression intervient quelques semaines après que l'évêque Rolando Álvarez de Matagalpa a accordé une interview à EWTN, la première interview approfondie depuis son exil à Rome en janvier 2024, dans laquelle il a déclaré qu'il continuerait à exercer ses fonctions en exil.

    « J'ai été ordonné évêque de Matagalpa, je suis le chef visible de [l'Église de] Matagalpa et l'administrateur apostolique d'Estelí [le diocèse voisin d'] et je continuerai à l'être jusqu'à ce que Dieu le veuille. »

    Le régime nicaraguayen a répondu à l'interview deux jours plus tard, la qualifiant d'« attaque » contre la souveraineté nicaraguayenne par les « sites Web et plateformes » du Vatican.

    Le communiqué du gouvernement qualifie le Vatican d’institution « dépravée et pédophile » et affirme que l’Église du pays est remplie de « menteurs et de pharisiens » qui veulent influencer la politique intérieure.

    La déclaration du régime affirmait en outre que « rien n’autorise l’État du Vatican, qui doit suivre les règles du droit international et respecter les gouvernements et les institutions nationales, à procéder à quelque nomination que ce soit sur le territoire souverain de notre Nicaragua ».

    Cette déclaration a laissé penser que le gouvernement pourrait refuser de reconnaître les futures nominations épiscopales dans le pays et ne reconnaîtrait pas Álvarez et d’autres évêques exilés comme les évêques légitimes de leurs sièges.

    La dernière nomination épiscopale dans le pays remonte à 2020, lorsque l'évêque Francisco Tigerino a été nommé évêque de Bluefields, le plus petit diocèse du Nicaragua.

    Avant que la persécution contre l'Église ne s'intensifie en 2022, le seul siège sans évêque était celui d'Estelí, dont Álvarez a été nommé administrateur apostolique en 2021.

    Deux évêques ont eu 75 ans l'année dernière, dépassant l'âge nominal de la retraite : le cardinal Leopoldo Brenes, du siège de la capitale Managua, et l'évêque Carlos Herrera, récemment exilé, de Jinotega, qui est également président de la conférence épiscopale.

    En raison de l'importance de leurs rôles, Brenes et Herrera étaient déjà censés servir au-delà de l'âge de la retraite, mais il est de plus en plus difficile de savoir quand et comment le Vatican sera en mesure d'identifier et de nommer des successeurs potentiels dans un avenir prévisible.

    Cherchant à consolider son emprise sur le pouvoir, le dictateur nicaraguayen Daniel Ortega a entrepris un programme de réforme de la constitution du pays, élevant sa femme, Rosario Murillo, de vice-présidente à « co-présidente » et la positionnant comme successeur probable.

    Lire la suite

  • On évoque souvent Parolin comme candidat, mais est-ce crédible ?

    IMPRIMER

    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    On évoque souvent Parolin comme candidat, mais c’est un canard boiteux

    La santé précaire du Pape François alimente les conjectures sur la proximité d’un conclave. Entretemps, le fait que le cardinal Pietro Parolin, 70 ans, fasse fonction dans l’intérim, semble faire de lui la personne toute désignée pour assurer la transition et la succession, fort de cet équilibre prudent dont il fait preuve en ce moment difficile.

    Rien n’est plus illusoire. François n’a jamais totalement compté sur Parolin, et ce dernier ne semble pas non plus en mesure de faire en sorte que les cardinaux lui accordent la large confiance nécessaire en vue d’une élection.

    Entre Parolin et le Pape François, les contacts sont bien plus rares et froids que ce qu’on pourrait penser, même en ce moment où leur collaboration semble plus nécessaire qu’auparavant. En réponse à la question des journalistes quelques jours après le retour du Pape de l’hôpital, le cardinal a répondu qu’il ne savait rien, ou pas grand-chose : « À ce que je sache, pour le moment le Pape ne voit personne, il ne reçoit pas et je n’ai pas d’autres informations ».

    Mais Parolin a subi bien pire que cela pendant l’hospitalisation du Pape à la Polyclinique Gemelli.

    La première visite du Secrétaire d’État au Pape François avait été fixée au 19 février. Mais plutôt que lui, le Pape a préféré recevoir la première ministre italienne Giorgia Meloni, à laquelle il a affirmé être au courant « que certains prient pour ma mort » mais qu’en attendant « le Seigneur de la moisson a préféré me laisser ici ».

    Il aura fallu attendre le 24 février pour que le Pape accorde une visite à Parolin, à la condition qu’il soit accompagné de son « substitut » Edgar Peña Parra, qui est dans les bonnes grâces du Pape bien plus que lui.

    Idem le 2 mars, deux jours après la pire crise respiratoire qu’ai connu le Pape. Ce dernier a cependant laissé Parolin poireauter derrière la porte en n’autorisant que Peña Parra à entrer.

    Le 9 mars, ils ont tous deux ont autorisés à le rencontrer. Ensuite, plus aucune rencontre avec Parolin jusqu’au 7 avril, quinze jours après le retour de de François au Vatican, le 23 mars.

    Un peu avant son mois passé à l’hôpital, le Pape avait infligé une autre humiliation à Parolin le 6 février, en prolongeant à durée interminée en tant que doyen du collège des cardinaux le nonagénaire Giovanni Battista Re, pourtant arrivé en fin de mandat. Le doyen est chargé de diriger le pré-conclave et le conclave et Parolin avait toutes les cartes en mains pour être élu comme nouveau doyen par le cercle restreint des « cardinaux évêques » qui ont la faculté de faire ce choix, et dont il fait également partie. Mais de toute évidence, le Pape François ne souhaitait pas que Parolin prenne en charge sa succession.

    Et en effet, Parolin aura davantage subi le pontificat de François qu’il ne l’aura soutenu. D’abord exclu du comité restreint, appelé C9, des cardinaux appelés par le Pape à le conseiller dans le gouvernement de l’Église universelle, il aura vu les pouvoirs de la Secrétairerie d’État fondre comme neige au soleil, année après année, jusqu’à ce qu’on lui coupe tous ses budgets. Sans parler de la piètre réputation que lui a valu le procès au Vatican portant sur l’acquisition malheureuse d’un immeuble à Londres situé Sloane Avenue : un procès où Parolin n’était pas assis au banc des accusés mais qui aura cependant démontré son incapacité à gouverner la machine de la Secrétairerie d’État placée sous sa direction.

    Lire la suite

  • Des experts se réunissent à Budapest pour discuter de la crise existentielle qui touche la famille en Occident

    IMPRIMER

    De Solène Tadié sur CNA :

    Des experts se réunissent à Budapest pour discuter de la crise existentielle qui touche la famille en Occident

    Conférence de Budapest

    Les intervenants de la conférence internationale « Formation de la famille et avenir », qui se tiendra les 1er et 2 avril 2025 à l'Institut du Danube à Budapest, en Hongrie, débattront des crises qui touchent la famille. | Crédit : Photo : gracieuseté de l'Institut du Danube

    Budapest, Hongrie, 9 avril 2025

    Alors que les taux de natalité chutent, que la solitude augmente et que le tissu de la vie sociale s’effrite dans une grande partie du monde occidental, la question de savoir comment soutenir la formation de la famille est devenue un défi politique, culturel et même civilisationnel.

    Lors de la conférence « Formation de la famille et avenir » organisée par l’Institut du Danube à Budapest, en Hongrie, du 1er au 2 avril, des experts des États-Unis et d’Europe ont exploré les causes complexes et entrelacées de cette crise sans précédent en Occident et ont proposé des mesures ambitieuses pour restaurer le mariage comme épine dorsale de la société.

    Le message contenu dans le panel intitulé « Mariage, famille et politique publique » était clair : sans familles fortes, les sociétés s’affaiblissent – ​​et aucune croissance économique ou progrès technologique ne peut compenser cette perte.

    Le pays qui a accueilli ces discussions, la Hongrie, a souvent servi d'étude de cas aux participants. Avec ses politiques audacieuses en faveur de la famille, elle est devenue une sorte de laboratoire, un modèle dont les autres pays occidentaux s'inspirent de plus en plus. Si le pays n'a pas inversé toutes les tendances mondiales, ses efforts ciblés pour rendre le mariage et l'éducation des enfants plus viables ont suscité l'attention internationale.

    Malgré leurs points de vue différents, les intervenants ont tous convergé vers l’idée que la crise familiale est réelle, multiforme et politiquement inévitable – et que la renaissance de la famille n’est pas seulement une préoccupation privée mais un impératif public.

    Le coût de l'éclatement de la famille

    Fiona Bruce, une ancienne députée qui a passé plus d'une décennie au Parlement britannique à défendre des politiques favorables à la famille, a ouvert la session avec un diagnostic brutal : près de la moitié des enfants britanniques connaissent une instabilité familiale avant l'âge de 5 ans, ce qui entraîne des problèmes de santé mentale généralisés et une augmentation des placements en famille d'accueil.

    Bruce a relaté sa longue campagne en faveur des « centres familiaux » pour soutenir les parents et les communautés, déplorant que malgré ses efforts, le Royaume-Uni demeure l'un des pays où les taux de rupture familiale et d'absence de père sont les plus élevés. Sa contribution a rappelé avec force que le déclin de la famille n'est plus une simple théorie : il se manifeste en temps réel, avec des conséquences mesurables pour la génération suivante.

    Lire la suite

  • Au Nigeria, le christianisme connaît une croissance spectaculaire

    IMPRIMER

    © AED

    De Jonas Soto & Filipe d’Avillez sur zenit.org :

    Nigeria : Le christianisme connaît une croissance spectaculaire

    Entretien avec Mgr Habila Daboh

    9 avril 2025

    Première publication le 4 avril 2025 par l’AED

    Mgr Habila Daboh, évêque du diocèse de Zaria, au Nigeria, s’est entretenu avec l’AED de la situation difficile vécue par les chrétiens dans le nord du pays, mais a également insisté sur le fait que, malgré tout, son peuple est heureux, parce qu’il a Jésus-Christ.

    Les chrétiens du nord du Nigeria doivent faire face à de nombreuses difficultés. Les activités djihadistes, la criminalité et les rivalités tribales constituent une menace directe pour leur sécurité et leur vie, aggravée par l’imposition de la charia dans de nombreuses régions. Néanmoins, dans un entretien avec l’AED, Mgr Habila Daboh, évêque de Zaria, a déclaré que « le nombre de chrétiens augmente de façon spectaculaire dans le nord du Nigeria ».

    Mgr Habila Daboh, évêque de Zaria. ©AED

    Mgr Habila Daboh, évêque de Zaria. ©AED

    Mgr Daboh a expliqué que depuis l’époque coloniale, les missionnaires ont été dissuadés d’œuvrer dans le nord, qui était majoritairement musulman. Lorsque le christianisme a commencé à s’implanter dans la région, l’harmonie prévalait, mais un afflux récent d’idées fondamentalistes au sein de la communauté musulmane a envenimé l’atmosphère. « Nous avons grandi ensemble avec les différentes groupes ethniques », a déclaré l’évêque, originaire de la région. « La vie se déroulait normalement. Nous partagions le repas de Noël avec les musulmans, et pendant leurs célébrations, ils partageaient leur repas avec nous. Nous mangions ensemble, nous jouions au football ensemble, nous allions sur les mêmes marchés, nous nous baignions dans les mêmes ruisseaux. Puis les extrémistes sont arrivés, prétendant que si vous n’êtes pas musulman, alors vous ne devriez pas être en vie, et la vie est devenue terrible pour les chrétiens. » « C’est de là que vient la tension actuelle. Les extrémistes pensent que nous ne devrions pas être dans cette région. Comme ils voient que nous nous développons, ils nous considèrent comme une menace pour la communauté musulmane. »

    « Mon peuple a soif d’éducation »

    L’évêque a rappelé un incident paradoxal de 2020, lorsque quatre de ses séminaristes ont été enlevés. Trois d’entre eux ont finalement été relâchés, mais l’un d’eux, Michael Nnadi, a été assassiné. À l’époque, les gens ont commencé à penser que d’autres séminaristes abandonneraient, par peur.  « Il est intéressant de noter que c’est l’inverse qui s’est produit, car de nombreux jeunes garçons ont commencé à postuler. Ils veulent devenir prêtres. Et quand on leur demande pourquoi, ils répondent qu’ils veulent prêcher Jésus-Christ. Malgré les tensions, nous avons des gens qui sont zélés, qui s’intéressent au christianisme, et c’est pourquoi le christianisme prospère dans le nord du Nigeria. »

    Alors que les groupes djihadistes les plus extrémistes tels que Boko Haram sont fermement opposés à toute forme d’éducation occidentale, l’évêque de Zaria a insisté sur le fait que les chrétiens sont investis dans leurs études. « Mon peuple a soif d’éducation. Quand ils sont éduqués, ils sont libérés. Avec l’éducation, ils peuvent trouver de la nourriture par eux-mêmes. Avec l’éducation, ils sauront ce qui est bien et ce qui est mal. »

    Pour ces raisons, Mgr Daboh a déclaré à l’AED qu’il croyait que même s’ils étaient constamment menacés et que de nombreux chrétiens étaient déplacés, son peuple trouvait le bonheur au milieu des épreuves. « Mon peuple est un peuple heureux. Malgré les difficultés, malgré la pauvreté, malgré la persécution, mon peuple reste un peuple heureux », a-t-il dit. « Ils sont heureux parce qu’ils ont le Christ. » 

    Nigeria : Le christianisme connaît une croissance spectaculaire | ZENIT - Français