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Culture

  • Semaine de prière pour l'unité des chrétiens : l’Église et l’Europe respirent avec deux poumons

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    De Cyril Vasily SJ* sur la NBQ :

    semaine de prière pour l'unité des chrétiens

    L’Église et l’Europe respirent avec deux poumons

    Tournons-nous vers l’union passée entre l’Est et l’Ouest pour guérir les fractures ecclésiales et politiques. Sur  La Bussola Mensile  Msgr. Cyril Vasiľ retrace la route principale indiquée par saint Jean-Paul II. Un extrait du numéro de janvier.

    24_01_2025

    L’élection au trône papal de l’archevêque de Cracovie, le cardinal Karol Wojtyła, le 16 octobre 1978, est entrée de manière surprenante dans l’histoire de l’Église, bouleversant les anciens paradigmes ecclésiaux et culturels. (...) En fait, la division européenne de cette période n'était pas seulement politique, mais surtout religieuse et spirituelle. C’est pour cette raison que Jean-Paul II a perçu avec urgence la nécessité de promouvoir l’unité des chrétiens. Dans ce voyage, il fait référence à la figure symbolique du poète et peintre russe Vjačeslav Ivanov.

    Le 17 mars 1926, Ivanov avait confessé le Credo catholique dans la basilique Saint-Pierre de Rome et, comme il l'écrivait à Charles du Bos, avait la conscience de «se sentir pour la première fois orthodoxe au sens plein de ce mot, en pleine possession de le trésor sacré qui était mien depuis le baptême, et dont la jouissance, au fil des années, n'avait pas été exempte d'un sentiment de mal-être, devenu peu à peu souffrance, d'être séparé de l'autre moitié de ce trésor vivant de sainteté et grâce, et respirer, pour ainsi dire, comme un phtisique qui n'a qu'un seul poumon » (V. Ivanov, Lettre à Charles Du Bos , 1930, dans V. Ivanov et M. Gerschenson, Correspondance d'un coin à l' autre , Éd. L'Âge d'Homme, Lausanne 1992).

    Paraphrasant cette description d'un converti russe, le 31 mai 1980, à Paris, devant les représentants des communautés chrétiennes non catholiques, le pape Jean-Paul II déclarait : « On ne peut pas respirer en tant que chrétiens, je dirais plutôt en tant que catholiques. , avec un seul poumon ; il faut avoir deux poumons, c'est-à-dire celui de l'Est et celui de l'Ouest » ( Allocutio Lutetiae Parisiorum ad Christianos fratres a Sede Apostolica seiunctos habita , 31 mai 1980 : AAS 72 [1980] 704).

    Raviver la sensibilité à l’Orient chrétien est une condition fondamentale pour pouvoir avancer sur le chemin de l’unité des chrétiens. (...) Pour Jean-Paul II, l'héritage des Pères, dont témoigne l'expérience vivante et vivante de l'Orient chrétien profondément enracinée en eux, était la voie principale pour redécouvrir l'unité d'une Église indivise et un chemin pour surmonter les divisions politico-sociales provenant en partie de la division confessionnelle.

    La recherche de l'unité des chrétiens était, selon Jean-Paul II, également indissociable de la recherche de l'unité européenne., l'un des thèmes clés de son pontificat. Cette conception a été exprimée par le pontife dans son magistral discours sur l'Europe, prononcé à Saint-Jacques-de-Compostelle le 9 novembre 1982. Pour Jean-Paul II, l'histoire de la formation des nations européennes est parallèle à celle de leur évangélisation, au point que l'histoire de la formation des nations européennes est parallèle à celle de leur évangélisation. Les frontières européennes coïncident avec celles de la pénétration de l'Évangile. Après vingt siècles d'histoire, malgré les conflits sanglants qui ont opposé les peuples d'Europe les uns aux autres et malgré les crises spirituelles qui ont marqué la vie du continent, force est de constater encore que l'identité européenne est incompréhensible sans le christianisme. La rencontre entre l’Évangile et les cultures a fait de l’Europe un « laboratoire » dans lequel, au fil des siècles, se sont consolidées des valeurs significatives et durables.

    Cette vision de l’unité spirituelle européenne n’a rien de nouveau. Cependant, au début des années 1980, Jean-Paul II a relancé cette idée, en y ajoutant l'image suggestive d'une Europe qui respire avec deux poumons (occidental et oriental), identifiable dans les figures des saints Benoît de Nursie et Cyrille et Méthode, patrons de 'Europe. Jean-Paul II a souligné que Benoît savait unir le romanisme à l'Évangile, le sens de l'universalité et du droit à la valeur de Dieu et de la personne humaine. Avec sa célèbre devise « ora et labora » (prier et travailler), il nous a laissé une règle qui est encore valable aujourd'hui pour l'équilibre de la personne et de la société. Cyrille et Méthode ont cependant pu anticiper certaines conquêtes que l'Église a pleinement assumée lors du Concile Vatican II concernant l'inculturation du message évangélique dans leurs civilisations respectives, assumant le langage, les coutumes et l'esprit du lignage dans toute leur plénitude. Ils y parvinrent au IXe siècle, avec l'approbation et le soutien du Siège Apostolique, commençant ainsi la présence du christianisme parmi les peuples slaves, qui perdure encore aujourd'hui, malgré les difficultés du moment. (...)

    Dans cette double référence de Jean-Paul II - c'est-à-dire aux deux poumons d'une Église indivise et aux figures des saints Cyrille et Méthode comme témoins de l'union passée entre l'Orient et l'Occident et précurseurs d'une union renouvelée - on peut noter toute l'appréciation que le saint Pontife a manifestée envers les Églises orientales tout au long de son pontificat.
    Cette valorisation de l'Orient chrétien dans son ensemble a également amené Jean-Paul II à valoriser la présence actuelle des Églises orientales catholiques, témoins de la fidélité et de l'unité avec Pierre et avec l'Église de Rome, et porteuses de la grande tradition de l'Orient chrétien, enraciné dans la tradition des apôtres.

    Jean-Paul II faisait référence à toutes ces réalités dans son discours aux gréco-catholiques slovaques du 2 juillet 1995, dans lequel on peut saisir son sentiment à l'égard des Églises orientales : « L'unité de l'Église du Christ est embellie par la koinonia des diversités légitimes qui, tout au long de l'histoire, ont permis la l'annonce vivifiante de l'Évangile pour qu'elle devienne le patrimoine et la tradition propre à chaque peuple. Vous, frères et sœurs de rite oriental, avez conservé votre liturgie pendant des siècles, vous avez rassemblé un héritage spirituel aux multiples facettes qui caractérise votre Église et qui s'exprime dans les édifices sacrés, les icônes, les chants et les dévotions. Soyez reconnaissants envers Dieu pour les richesses qui vous ont été accordées et restez fidèle aux dons qu’Il ​​vous a accordés ! (...)".

    Les paroles du Pontife concernant la nécessaire sauvegarde de la présence enrichissante des communautés catholiques orientales ont une signification universelle, encore plus accentuée aujourd'hui. Pensons, par exemple, aux communautés catholiques orientales qui vivent dans un contexte religieux et culturel majoritairement latin ou, plus encore, non chrétien, comme dans le Moyen-Orient contemporain, où l'on constate une diminution ou, pour mieux dire, un « assèchement » des communautés dû aux guerres et aux flux migratoires qui en découlent. Aujourd’hui plus que jamais, l’appel à sauvegarder ces communautés devient prophétique.

    * Archevêque éparchial de Košice (Slovaquie)

  • Saint François de Sales (24 janvier)

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    Saint_francois_de_sales.jpgLors de l'audience générale du mercredi 2 mars 2011, Benoît XVI évoquait la figure de François de Sales que l'on fête aujourd'hui :

    Chers frères et sœurs,

    «Dieu est le Dieu du cœur humain» (Traité de l’Amour de Dieu, I, XV): dans ces paroles apparemment simples, nous percevons l’empreinte de la spiritualité d’un grand maître, dont je voudrais vous parler aujourd’hui, saint François de Sale, évêque et docteur de l’Eglise. Né en 1567 dans une région frontalière de France, il était le fils du Seigneur de Boisy, antique et noble famille de Savoie. Ayant vécu à cheval entre deux siècles, le XVIe et le XVIIe, il rassemblait en lui le meilleur des enseignements et des conquêtes culturelles du siècle qui s’achevait, réconciliant l’héritage de l’humanisme et la tension vers l’absolu propre aux courants mystiques. Sa formation fut très complète; à Paris, il suivit ses études supérieures, se consacrant également à la théologie, et à l’Université de Padoue celles de droit, suivant le désir de son père, qu’il conclut brillamment par une maîtrise in utroque iure, droit canonique et droit civil. Dans sa jeunesse équilibrée, réfléchissant sur la pensée de saint Augustin et de saint Thomas d’Aquin, il traversa une crise profonde qui le conduisit à s’interroger sur son salut éternel et sur la prédestination de Dieu à son égard, vivant avec souffrance comme un véritable drame spirituel les questions théologiques de son époque. Il priait intensément, mais le doute le tourmenta si fort que pendant plusieurs semaines, il ne réussit presque plus à manger et à dormir. Au comble de l’épreuve, il se rendit dans l’église des dominicains à Paris, ouvrit son cœur et pria ainsi: «Quoi qu’il advienne, Seigneur, toi qui détiens tout entre tes mains, et dont les voies sont justice et vérité; quoi que tu aies établi à mon égard...; toi qui es toujours un juge équitable et un Père miséricordieux, je t’aimerai Seigneur (...) je j’aimerai ici, ô mon Dieu, et j’espérerai toujours en ta miséricorde, et je répéterai toujours tes louanges... O Seigneur Jésus, tu seras toujours mon espérance et mon salut dans la terre des vivants» (I Proc. Canon., vol. I, art. 4). François, âgé de vingt ans, trouva la paix dans la réalité radicale et libératrice de l’amour de Dieu: l’aimer sans rien attendre en retour et placer sa confiance dans l’amour divin; ne plus demander ce que Dieu fera de moi: moi je l’aime simplement, indépendamment de ce qu’il me donne ou pas. Ainsi, il trouva la paix, et la question de la prédestination — sur laquelle on débattait à cette époque — s’en trouva résolue, car il ne cherchait pas plus que ce qu’il pouvait avoir de Dieu; il l’aimait simplement, il s’abandonnait à sa bonté. Et cela sera le secret de sa vie, qui transparaîtra dans son œuvre principale: le Traité de l’amour de Dieu.

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  • Saint François de Sales, "gentilhomme de Dieu", évoqué sur CNEWS

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    Sur CNEWS, dans l'émission consacrée aux "belles figures de l'histoire" du 22 janvier, Aymeric Pourbaix et ses invités Véronique Jacquier et le Père Jean-François Thomas, jésuite, évoquent la grande figure de saint François de Sales.

  • Rejet du concept de loi naturelle et déclin de la démocratie

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    L'éditorial de Christophe Geffroy sur le numéro de janvier de La Nef :

    Nécessité de la loi naturelle

    Nous constatons chaque jour que notre démocratie s’affaiblit progressivement, et ce n’est pas la séquence politique actuelle qui démentira ce jugement. Les causes, assurément, en sont multiples : nous avons souvent évoqué ici la fracture grandissante entre des élites mondialisées (les anywhere de David Goodhart) et les classes moyennes paupérisées attachées à leurs racines (les somewhere), fracture qui se retrouve également entre les politiques et le peuple qui ne s’estime plus représenté ; ou encore le transfert du pouvoir politique vers Bruxelles, sans parler de notre système de redistribution pléthorique qui a créé des castes de profiteurs qui, par leur capacité de nuisance, empêchent toute réforme structurelle. Et cela est loin d’épuiser le sujet.
    Aujourd’hui, c’est un autre aspect de la question que je souhaite aborder et le prétexte m’en est donné par la publication d’un texte remarquable de Pierre Manent qui est aussi essentiel qu’il est modeste en taille : le déclin de la démocratie, qui est aussi celui du politique, a l’une de ses sources importantes dans le rejet du concept de loi naturelle (1).

    Pourquoi la loi naturelle ? - Pierre Manent | Lgdj.fr

    Nécessité d’une base morale reconnue

    Il y a encore peu, il existait un consensus tacite autour de principes universels tenus pour tellement évidents par tous qu’il n’était pas nécessaire de les spécifier, par exemple le mariage comme étant l’union d’un homme et d’une femme. Ces principes moraux formaient la « loi naturelle » : cela signifiait qu’il existait une « nature humaine » – les philosophes diraient une « essence » – commune à tous les hommes, soumise à des lois spécifiques (toutes les morales convergent peu ou prou en bannissant le vol, le meurtre, le mensonge, l’adultère…) et animée d’inclinations « naturelles », au nombre de quatre principales, que saint Thomas d’Aquin résumait ainsi : la préservation de l’être, la tendance de l’homme et de la femme à s’unir et à se reproduire, la prédisposition à s’associer pour former une société ou corps politique, le désir enfin de connaître la vérité sur Dieu.
    De ses quatre inclinations, les Modernes ne reconnaissent que la première. La société, notamment, n’étant pas naturelle, sa conservation n’est pas une fin en soi et ne saurait justifier ou motiver la loi. En ramenant tout à l’individu, on en a fait un être isolé, aspirant à l’autonomie, capable de se donner à lui-même la loi, ne voulant rien recevoir, s’affranchissant au contraire de toute détermination contraignant sa volonté, qu’elle provienne de Dieu, de la nature ou de la culture. En effet, pour le Moderne, la loi naturelle (a fortiori la loi divine) est une restriction insupportable à sa liberté, comme l’est également tout ce qui la limite et qui n’est pas le fruit de sa propre décision. Ainsi, cette volonté est créatrice d’un ordre nouveau, centré sur l’individu – seul élément « naturel » encore reconnu – et fondé sur un contrat de chacun avec chacun, le « contrat social ». « Dans la perspective du progrès moderne, écrit Pierre Manent, tout ce qui est au-delà du corps propre et de ses besoins immédiats relève du voulu ou du construit, et n’est guidé ni légitimé par aucune tendance ou inclination naturelle » (p. 23). Désormais, le principe de toute justice réside dans le rapport à soi de l’individu, et non plus dans le rapport aux autres.

    Relation au politique bouleversée

    Cela modifie profondément la relation au politique des démocraties occidentales, par « la subversion active et pour ainsi dire systématique de la tendance humaine à l’association » (p. 39), par la primauté de l’individuel sur le collectif, ce qui contribue à la désagrégation des communs et finalement à la dislocation du lien social – dont souffrent en premier lieu les plus pauvres, les plus vulnérables. Cela se traduit par une invraisemblable inflation de « droits de l’homme » sans référence à la notion de bien, car la recherche du bien exige effort et vertu et, affirme-t-on, chacun est libre d’avoir sa propre vision du bien, d’où son élimination de l’espace public au profit des droits qui bénéficient à tous les hommes sans distinction. Le corps politique apparaît désormais comme une association particulière face auquel tout individu est porteur d’un droit opposable qui s’impose à la communauté.
    La démocratie représentative, le politique comme la nation sont les principales victimes de cette idéologie moderne. En effet, le principe d’un corps politique (comme la nation) est d’instituer des séparations, des préférences (entre citoyens et étrangers, par le droit de vote, par exemple). Mais cela est désormais vu comme une injustice. On comprend ainsi pourquoi la tendance moderne conduit à l’effacement du politique, de la nation et des communs, comme on ne l’observe que trop aujourd’hui.
    Ajoutons que nous ne résoudrons pas la crise profonde que nous traversons sans renverser les principes mortifères qui nous gouvernent. Cela semble une montagne infranchissable tant cela suppose un bouleversement radical de nos mentalités d’hommes modernes. À l’origine de cette longue évolution qui a conduit à la situation actuelle, il y a le rejet progressif de Dieu, de nos cœurs d’abord, puis de nos cités. On ne parviendra pas à reconstruire une société digne de ce nom sans revenir sur ce rejet, donc sans une évangélisation de nos vieilles nations jadis chrétienne.

    (1) Pierre Manent, Pourquoi la loi naturelle ?, Boleine, 2024, 60 pages, 9 €.

  • Wikipedia : une fabrique de la désinformation qui peut être corrigée

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    De Stanislas Gabaret sur la Sélection du Jour :

    Wikipédia : un laboratoire de la désinformation qui peut être corrigé

    Forte d'un succès fulgurant depuis son lancement le 15 janvier 2001, Wikipédia vient de célébrer son 24e anniversaire. Consultée environ 500 millions de fois par jour, l'encyclopédie collaborative en ligne offre — en apparence — une information neutre, fournie et précise. Mais dans la réalité, sur Wikipédia comme dans la rue, les militants actuels — souvent d'extrême gauche — font passer leurs idées avec une efficacité redoutable.

    Elle est le premier résultat qui s'affiche après une recherche sur internet. Wikipédia est devenue « La » référence des encyclopédies en ligne avec un concept révolutionnaire : n'importe qui peut écrire sur n'importe quel sujet, à condition de respecter les principes fondateurs du site. Les articles nouvellement créés sont aussitôt mis en ligne avec une seule règle d'or : le contenu doit rechercher la neutralité et s'appuyer sur des sources fiables et vérifiables. Dans sa version francophone, l'encyclopédie compte 3,8 millions de visiteurs et voit environ 17 000 contributeurs effectuer au moins une modification dans le mois. Pourtant, ce chiffre est en baisse, laissant la place à un noyau restreint d'utilisateurs actifs et aux militants les plus virulents. C'est regrettable, d'autant plus que la plateforme repose sur la collaboration de tous : chacun, en tant que simple utilisateur, peut modifier les pages, sauf celles qui sont protégées.

    Les 150 administrateurs de la plateforme — bénévoles pour la grande majorité d'entre eux — empêchent le vandalisme et peuvent réguler la diffusion de fausses informations. Mais ils ne sont pas partout ni forcément exempts de partis pris. L'outil est pourtant apprécié : Wikimédia France (l'association qui finance Wikipédia dans notre pays) a eu l'agrément de l'Éducation Nationale et reçu près de 600 000 € de dons de particuliers en 2022. Une récente enquête du Point (en sélection) permet d'en savoir plus.

    Entreprises, personnalités, sujets divers et variés… Les exemples regorgent de pages modifiées par des groupes suivant un agenda idéologique. Ceux-ci ont recours à un faisceau de sources selon eux tout à fait fiables. On y retrouve Télérama, Mediapart, Arrêt sur images, Reporterre, Libération… C'est sur ce dernier que la page dédiée aux OQTF se fonde pour affirmer qu'il « n'y a pas de lien entre OQTF et délinquance ». Avant l'enquête du Point, un contributeur sous pseudonyme, identifié comme chimiste dans un laboratoire du CNRS à Marseille, avait pris soin de supprimer de cette même page la référence aux affaires de la petite Lola et de la jeune Philippine. Ces deux jeunes filles avaient respectivement été tuées par une Algérienne et un Marocain qui étaient sous l'obligation de quitter le territoire. Le profil de plusieurs contributeurs/activistes correspond à celui d'individus diplômés du supérieur qui ne s'investissent pas forcément dans leurs domaines de compétence, mais plutôt dans des croisades personnelles. Un autre exemple est celui d'un certain « Factsory » — maître de conférences en informatique à l'université de Lille — qui s'est entêté à présenter le glyphosate comme produit cancérogène, contre l'avis de l'Agence européenne des produits chimiques.

    En 2021 (voir LSDJ n°1367), le cofondateur de Wikipédia, Larry Sanger, expliquait que son but originel était d'aider les visiteurs à se faire leur propre opinion, avec — sur un sujet controversé — une présentation équilibrée de différents points de vue. Mais il déplorait en même temps que les équipes de modérateurs se soient politisées. Selon l'un des membres du conseil d'administration de Wikimédia Canada, « on laisse subsister de l'information qui n'est pas toujours fiable, mais on fait le pari que d'autres vont améliorer ce qui est imparfait ». Pari raté souvent, du moins quand les groupes militants ne trouvent pas de contrepoids de la part d'avis politiques divergents.

    Cela se vérifie dans les pages consacrées aux médias de droite, fondées pour la plupart sur l'avis d'une presse recouvrant tout le spectre de la gauche, jusqu'à la plus radicale. Ainsi, Le Point est taxé d'« islamophobe » (la source mentionnée est l'étude d'une universitaire, militante LGBTIQ+ et auteur d'une thèse sur la discrimination à l'embauche des musulmans), Causeur « classé à l'extrême droite » (selon Le Monde, L'Obs, Libération, Les Inrocks, Télérama, Arrêt sur images,...) ou Valeurs Actuelles, qualifié de « faussaire » dans son traitement du réchauffement climatique (selon Basta !, Mediapart, Politis et Reporterre). L'inverse ne se vérifie pas, la presse de gauche n'est pas décrite en fonction de son homologue de droite : la page consacrée au site web Arrêt sur images est un cas d'école, tellement elle est lisse. Pourtant, son fondateur est l'un des journalistes qui a le plus flatté la complaisance de gauche envers l'islamisme.

    Sur Wikipédia, Jordan Bardella est à la tête du « principal parti d'extrême droite en France », avec — en hyperlien sur l'expression « extrême droite » — la définition suivante : « une droite de refus, de rejet. Rejet des institutions gouvernementales ou constitutionnelles, rejet de la démocratie, haine des étrangers (xénophobie), remise en cause de l'ensemble des institutions civiles, administratives, sociales, économiques et religieuses […]. » Voilà ce pour quoi voteraient près de 11 millions d'électeurs du Rassemblement National, alors même que le leader du RN n'a jamais été condamné pour de tels positionnements et qu'un parti qui les revendiqueraient aujourd'hui serait interdit. Dans le même temps, l'encyclopédie évite de qualifier Jean-Luc Mélenchon de leader d'extrême gauche, même si elle se montre critique à certains égards…

    Le traitement est le même sur la page en anglais des personnalités américaines. Les portraits d'Elon Musk ou Donald Trump sont nourris par ceux qu'en font leurs opposants. Le second a notamment droit à la description la plus acerbe : « Plusieurs universitaires et historiens le classent comme un des pires présidents de l'histoire américaine [...]. Bon nombre de ses commentaires et actions ont été qualifiés de provocateurs sur le plan racial, racistes et misogynes. Il a promu des théories du complot et fait des déclarations fausses et trompeuses [...], à un niveau sans précédent dans la politique américaine. » Ses affaires judiciaires sont soigneusement rappelées, mais aucune mention du fait qu'il soit le seul président américain à ne pas avoir déclenché de guerres depuis près de quarante ans.

    La page consacrée à Joe Biden est nettement moins critique, ce qui est logique dans la mesure où les avis sur son image publique reposent sur le New York Times et non sur ce qu'en pensent les Républicains. Celle de son fils Hunter omet les éléments les plus gênants découverts sur son ordinateur portable. Kamala Harris bénéficie elle d'une description qui pourrait presque paraître élogieuse. Son rôle comme première vice-présidente femme, à la fois afro-américaine et d'origine asiatique, est particulièrement mis en avant, contrairement aux raisons de sa défaite calamiteuse face à D. Trump.

    Face à ces pratiques d'orientation idéologique, voire de désinformation, quel avenir se dessine pour Wikipédia ? Renoncer à sa démocratisation pourrait être contre-productif. Cependant, qu'est-ce qui empêche tout un chacun de contrebalancer l'information parfois biaisée du site en apportant, autant que faire se peut, des contenus objectifs et fiables ?

    Wikipédia, plongée dans la fabrique d’une manipulation

    >>> Lire l'article sur le site du Point

  • Marée humaine aux Philippines : 8 millions de fidèles participent à la procession du "Nazaréen noir"

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    De

    Une mer de foi : plus de 8 millions de fidèles se joignent à la procession du « Nazaréen noir » aux Philippines

    La procession est l’une des plus grandes manifestations de dévotion religieuse au monde.

    Des millions de catholiques philippins se joignent à la procession du « Nazaréen noir », incarnant leur profonde dévotion et leur foi inébranlable en « Jésus Nazareno ».
    Des millions de catholiques philippins se joignent à la procession du « Nazaréen noir », incarnant leur profonde dévotion et leur foi inébranlable en « Jésus Nazareno ». (Photo : avec l'aimable autorisation de Jahbee Cruz)

    MANILLE, Philippines — Le 9 janvier, plus de 8 millions de fidèles philippins, pour la plupart pieds nus, ont rempli les rues de Manille pour la procession annuelle du « Nazaréen noir », l'une des plus grandes manifestations de dévotion religieuse au monde.

    La procession, connue localement sous le nom de Translacion , voit les fidèles porter à travers Manille une statue grandeur nature de Jésus-Christ vieille de 400 ans portant une croix en bois noir. Des millions de catholiques philippins se joignent à la marche chaque année pour voir et toucher Jésus Nazareno , considéré comme la source d'innombrables guérisons et miracles au fil des ans.

    Tout comme la femme atteinte d’une hémorragie incurable tend la main pour toucher le manteau de Jésus dans les Écritures, des millions de fidèles viennent chercher la guérison du Christ. 

    « Les fidèles ne veulent pas nous lâcher, mais honnêtement, c'est lui qui ne veut pas nous lâcher. C'est lui qui nous tient », a déclaré le père Rufino Sescon Jr., recteur de la Basilique Mineure et Sanctuaire National de Jésus Nazaréen, dans son homélie après la procession. « Nous savons qu'il est le premier qui ne se fatigue jamais, le premier qui ne se fatigue jamais, le premier qui ne s'arrête jamais pour nous aider », a-t-il dit.

    Nazaréen Noir 2025
    Des millions de pèlerins philippins se pressent autour de la statue du Nazaréen noir, cherchant à la toucher lorsqu'elle passe. (Photo : avec l'aimable autorisation de Jahbee Cruz)

    Le Nazaréen noir, une statue en bois de Jésus-Christ couronné d'épines et portant sa croix, a été amené à Manille depuis le Mexique en 1606 par des missionnaires espagnols. Bien que le navire qui la transportait ait pris feu, la statue carbonisée a survécu et a été baptisée « Nazaréen noir ». Aujourd'hui conservée dans l'église de Quiapo, elle reste un puissant symbole de miracles et de prières exaucées pour les fidèles. 

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  • L’« option bénédictine » est-elle une stratégie de redressement chrétienne valable ?

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    Comme on le sait, en 2017, le journaliste américain Rod Dreher a publié un livre qui proposait ce que l'on appelle l' option bénédictine, comprise comme un choix stratégique visant à préserver la civilisation chrétienne résiduelle de l'offensive d'une laïcité de plus en plus agressive et répressive. Ce livre a connu un succès mondial, même dans son édition italienne ( L'associazione Benedetto , Edizioni San Paolo, Cinisello Balsano 2018). Quelques années plus tard, sur le blog The American Conservateur, l'auteur revoit et corrige sa proposition à la lumière des objections reçues et des nouveaux développements.


    Cependant, il semble approprié d'examiner brièvement son livre car il contient une bonne analyse historique et de nombreuses indications valables, rassemblant les suggestions d'experts appartenant à diverses confessions chrétiennes. Il semble avant tout nécessaire d'évaluer si la proposition originale « néo-bénédictine » constitue une stratégie valable de résistance culturelle et politique qui permet aux chrétiens de se sauver de la persécution, en vue de préparer une reprise capable de vaincre l'ennemi de la civilisation chrétienne. .

    En fait, après une analyse minutieuse, les doutes ne manquent pas à cet égard.

    La crise actuelle de la civilisation est-elle similaire à celle de l’Antiquité ?

    Le premier doute sur l’option néo-bénédictine vient du fait qu’elle présuppose une similitude entre la crise de l’ancienne civilisation préchrétienne et celle de la civilisation post-chrétienne moderne. Ainsi, selon Dreher, les facteurs qui, vers le Ve siècle, ont déclenché la construction de la civilisation chrétienne pourraient aujourd'hui être repris pour la sauver de l'extinction, en les adaptant évidemment à nos besoins.

    Cependant, cette comparaison entre l’époque du haut Moyen Âge et l’époque contemporaine ne résiste pas à l’analyse historique et remet donc en question les prémisses qui fondent l’option néo-bénédictine.

    Par exemple, la crise civilisationnelle vécue à l’époque du grand saint italien était bien moins grave que celle contemporaine. En fait, la crise du VIe siècle n’était pas unitaire, car elle présentait des aspects de lieu et de secteur très différents ; elle n'était pas dominante, parce qu'elle s'opposait à des facteurs spirituels hérités de la tradition gréco-romaine et surtout à la diffusion rapide du christianisme ; elle n’était pas mondiale, car elle a renversé l’Empire romain d’Occident mais a épargné celui d’Orient. Il suffit de rappeler que, tandis que saint Benoît fondait le monastère de Mont-Cassin, l'empereur Justinien supprimait l'Académie païenne d'Athènes et lançait le code légal du christianisme.

    Au contraire, la crise que nous traversons aujourd’hui présente les graves caractéristiques d’être unitaire, dominante et mondiale ; elle nécessite donc une solution à la fois unitaire, dominante et globale, c’est-à-dire une solution radicale.

    Par ailleurs, la crise de civilisation vécue à l’époque de saint Benoît était très différente de celle contemporaine. En effet, le christianisme naissant prospérait en Europe de l’Est et survivait faiblement en Europe occidentale malgré l’effondrement de Rome et les invasions barbares ; l'Église grandissait et commençait la conversion des peuples nordiques. Pour restaurer la civilisation, les moines bénédictins n'avaient qu'à restaurer les bases culturelles et les structures politico-juridiques de la société, transformant les peuples barbares de facteurs destructeurs en facteurs constructifs. En effet, des réformes bénédictines et carolingiennes sont nés l'Empire franco-germanique à l'Ouest et les royaumes slaves à l'Est, destinés à durer plus d'un millénaire.

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  • Notre-Dame et l'avenir de l'Église aux Pays-Bas

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    De Mgr Rob Mutsaerts évêque auxiliaire de 's-Hertogenbosch :

    Notre-Dame et l'avenir de l'Église aux Pays-Bas

    Notre-Dame a été ressuscitée dans toute sa splendeur et sa gloire. Dieu merci, car au départ, il y avait des plans très différents. Bon, il y a quelques ratés : un autel minimaliste en bronze au design étrange qui détonne avec la grandeur de la cathédrale, des sièges en métal, des fonts baptismaux qui ne ressemblent pas à des fonts baptismaux, une chape qui semble empruntée à un clown et des calices bizarres. - mais l'ensemble montre une grande beauté. Les cérémonies liturgiques entourant la réouverture de Notre-Dame ont également été dignes. Cela amène les croyants à s’élever au-dessus du banal et à entrer dans le surnaturel. C’est cette dernière qui fait cruellement défaut à notre époque, à l’époque où tout doit être compréhensible. Le latin serait incompréhensible et ennuyeux. Le sacré a laissé la place au relationnel.

    Comment est-il arrivé que nous voyons aujourd'hui dans les cercles religieux : des drapeaux arc-en-ciel, des militants LGTB dansant autour de l'autel, des groupes de second ordre jouant des airs pop, des sermons qui sont plutôt des expressions du politiquement correct. Pourquoi le beau et le vrai ont-ils laissé la place à la laideur et aux opinions ? Bâtiments laids, murs blanchis à la chaux, iconoclasme et spectacles mal joués qui passent pour de la liturgie. Les bancs à genoux et les rampes de communion ont été supprimés. Le mystère, le sacré, le surnaturel ont dû céder la place à la planéité horizontale.

    À Notre-Dame, j'ai vu le respect de la Tradition, j'ai entendu les chants célestes des enfants, j'ai senti une faim de transcendant. Le Christ était une fois de plus central. Je vois un tel désir parmi les soi-disant nouveaux catholiques, dont nous parlerons plus loin. Mais cela n’a pas encore pénétré Rome. Là, ils s'intéressent au nouveau mot à la mode, Synodalité. Si seulement nous devenons synodaux, l'Église redeviendra attractive et l'Église aura à nouveau un avenir, telle est l'opinion ferme. Si nous écoutons simplement, tout sera différent. Les gens donnent l’impression que les pasteurs n’ont jamais écouté depuis 2 000 ans. Je ne pense pas qu'ils fassent quelque chose de différent chaque jour. On donne l’impression que le Saint-Esprit est endormi depuis 2 000 ans. Je vois quelque chose de différent. C’est précisément l’esprit de l’ère laïque moderne qui a séduit les gens. La direction de l’Église ressemble à Démas, que Paul a abandonné par amour pour le monde laïc. Et à Judas qui croyait que l’argent dépensé pour Jésus aurait été mieux dépensé pour les pauvres. Ceci est bien accueilli par les plus libéraux. Ils sont comme ceux qui réclament Barabbas, le militant qui recherchait une utopie mondaine. Ils disent : nous prendrons les choses en main. Jésus, quant à lui, a fait la volonté du Père et a choisi la croix. Cela semblait être un échec, mais c’est la croix qui a apporté le salut.

    Pourquoi les gens ont-ils quitté l’Église au cours des soixante dernières années ? Parce que l’Église les a laissés tomber. L’Église a égaré les gens de l’Église. Oui, dit l’Église, nous défendons l’environnement, le changement climatique, la diversité, les pauvres et des choses de ce genre. Et cela est plus important que la liturgie digne, la sacralité, l’appel à la conversion et la priorité au salut des âmes. Les gens oublient que c’est précisément cela qui nourrit les gens pour qu’ils accomplissent réellement les œuvres de miséricorde. Mère Teresa, Peerke Donders, Saint François, le Père Damien n'auraient jamais fait ce qu'ils ont fait s'ils ne s'étaient pas nourris des sacrements, de la prière, de l'adoration eucharistique et du chapelet. Non, ils ne s’en sont pas remis à la politique ou aux institutions. Mère Teresa a été très claire à ce sujet : « Si les gens ne changent pas, les structures ne changeront pas non plus. » Depuis les années 1960, l’Église a simplifié la religion, n’en a plus identifié l’essence et n’a corrigé aucun déraillement. Regardez les abus liturgiques qui sont monnaie courante. À Vormselmissen, je suis régulièrement terrorisé par des chœurs qui ne chantent que les 2000 meilleures chansons. J'ai déjà fait l'expérience que la chorale, accompagnée d'un groupe assourdissant, ne chantait que des chansons de Bruce Springsteen. « Parce que la nuit appartient aux amoureux » était la chanson d'offrande. A la fin de la messe, j'en étais sûr : nous ne reverrons plus jamais ces confirmations à l'église. Lors d'une autre messe de confirmation (Nimègue), le curé refuse la communion à une confirmation qui voulait communier sur la langue. C'est en réalité très clérical : ce prêtre fait ses propres règles et les impose aux fidèles.

    C'est le problème de l'Église depuis Vatican II : l'Église n'enseigne pas ce qu'enseigne l'Évangile. Nous avons peur d’exprimer des opinions catholiques. Quel pasteur parle encore du salut des âmes, des quatre extrêmes, du pardon des péchés ? Nous avons tendance à nous en éloigner. Nous nous excusons pour le collègue occasionnel qui regarde et prie dans une clinique d'avortement. Nous soutenons la décision du conseil d'administration d'une école catholique romaine (Limbourg) qui refuse l'accès à l'école aux sœurs parce que ces sœurs n'ont mentionné qu'une seule variante lorsqu'elles discutent du sacrement de mariage : homme/femme. Pas étonnant que l’Église soit en train de mourir. Que défendons-nous réellement ? Le Pape qui interdit la messe traditionnelle latine à Chartres et à Notre-Dame et met un pèlerinage LGTB au programme de l'Année Sainte la même semaine. Nous aspirons tant à la « Liberté et au Bonheur », mais dans la pratique, cela tend à aboutir à la débauche et à l'insatisfaction. Ce qu’il faut, ce sont des normes et des valeurs que nous avons en commun. D'où est-ce qu'on tient ça ? Des normes et des valeurs qui s'appliquent à tous et à tout moment. Oui, il existe une vérité qui s’applique à tout le monde. Et oui, nous pouvons les connaître. Socrate, Platon et Aristote le savaient déjà. Cette loi naturelle a une origine surnaturelle que le monde profane ignore.

    Que s'est-il passé après Vatican II ? Les gens sont entrés en dialogue avec le monde. Ce n'est pas déraisonnable. Mais qu’ont-ils fait ? Ils ont temporairement mis entre parenthèses la vérité de la foi catholique pour entrer en conversation avec la modernité. Cela a finalement conduit à une adhésion totale au monde laïc. L’Église était si désireuse de démontrer sa pertinence pour le monde qu’elle a complètement perdu son identité. Il a été conclu que le Saint-Esprit était autant, voire plus, à l’œuvre dans le monde séculier que dans l’Église elle-même. On est même allé jusqu’à relativiser, voire nier, les vérités intemporelles de l’Église. Ils ne seraient que le produit de l’imagination des thomistes et autres théologiens dépassés. Cela s’est traduit par une traduction complètement horizontale de l’Évangile. La métaphysique a été jetée par-dessus bord, l’accent a été mis sur la communauté. La conséquence est une liturgie plate, dans laquelle il n’y a plus de place pour le péché et le pardon. La faute est tombée sur les autres. Ce sont les structures qui devaient simplement changer. Le mea culpa est devenu tua culpa, parce que je vais bien, ce n'est pas ma faute. Le caractère sacré était devenu méconnaissable. On ne croyait plus à la réalité présente. C'était devenu un symbole, rien de plus. La présence de Jésus est en nous, pas dans le pain et le vin. L'Eucharistie était reléguée à un repas. C'est pourquoi Jan et Alleman sont invités à recevoir l'hôte, présenté par Flip et Loulou en jeans assortis. Évidemment pas à genoux et sur la langue. C'est juste un symbole. Jésus ne s'est-il pas également assis à table avec les pécheurs ? (Eh bien, non. Lors de la Dernière Cène, seuls les apôtres étaient présents. Jésus a explicitement lié cette Dernière Cène au sacrifice sur la croix le lendemain). Pourquoi célébrer uniquement les messes alors que nous pouvons également proposer des services de toilettes ? Flip et Loulou savent très bien faire ça.

    Il doit s’agir de justice sociale, de soupes populaires et d’action. Oui, surtout de l'action. Nous nous dressons contre la discrimination et le racisme, nous participons au débat social sur le changement climatique. Nous sommes bien sûr inclusifs et diversifiés et arborons le drapeau arc-en-ciel. On ne parle évidemment pas d’avortement, d’euthanasie et de mutilation des personnes transgenres. La distinction entre le sacré et le profane a complètement disparu.

    Les jeunes, en particulier, l'ont parfaitement compris et ont voté avec leurs pieds. Si la liturgie est un désordre incohérent, si vous n’êtes pas mis au défi d’organiser votre vie différemment, où le pardon et le péché sont des mots interdits, alors à quoi bon ? La bonne liturgie, la clarté et la cordialité font la différence. Les jeunes cherchent des réponses aux questions. Et nous avons ça. Des réponses raisonnables. Fides quaerens intellectum, on s'en souvient ? Ce que l’Église doit faire, c’est mettre à nouveau l’accent sur le sacré, comme étant d’un ordre différent et supérieur. C'est pourquoi nous avons des lieux saints, des liturgies sacrées, des édifices consacrés destinés uniquement au culte et à la dévotion. C’est pourquoi il faut distinguer le langage sacré de la liturgie du langage courant. D’ailleurs, si l’on ignore le surnaturel, cela se fait également au détriment du naturel, qui est réduit à un contenu plat et dénué de sens. La disparition de la religion de la société se fait également aux dépens du laïc. Qui s’intéresse à une religion dépouillée du sacré ? Personne. C'est juste ennuyeux. La liturgie plate n'est qu'une mauvaise pièce avec un scénario bizarre interprété par des acteurs de second ordre. Il n’est pas étonnant que les jeunes avides de sens, avides de pardon, avides de vérité ne s’intéressent pas du tout à Laudato Si, à Fiducia Supplicans et à la Synodalité. Les paroisses et les diocèses qui croient s'y engager n'attirent pas les jeunes. Où les trouve-t-on : dans des paroisses où les choses sont simplement traditionnelles, où la Sainte Messe reste la Sainte Messe, où le sacré est souligné, où la liturgie se distingue clairement du mondain. C'est là que vous découvrez quelque chose que vous ne saviez pas auparavant. C'est un mouvement vers la beauté, la vérité, la sacralité, vers la dévotion, vers les lieux où l'on offre le sacrement de la confession, où l'on prie le chapelet. Là je vois des familles, là je vois des jeunes, là je vois l'avenir de l'Église. Celui-là a l'air bien.

    +Rob Mutsaerts

  • Il y a tellement de choses que nous pouvons savoir – et que nous devons savoir – sur Jésus, Marie et les miracles

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    Il y a tellement de choses que nous pouvons savoir – et que nous devons savoir – sur Jésus, Marie et les miracles

    L' ouvrage Christ, Science, and Reason du Père Robert Spitzer offre une richesse d'arguments et de documentation tout en offrant un contraste utile entre le christianisme et le libéralisme moderne.

    Le Père Robert Spitzer, SJ, observe dans Christ, Science et Raison que la réfutation de ceux qui ont nié l'existence de Jésus en tant que personnage historique peut se résumer en un seul mot : Tacite. Cet historien romain du premier siècle est l'une des pierres de touche des études classiques et, depuis des générations, les étudiants en latin sont censés analyser des extraits de ses Annales , comme celui qui confirme les persécutions brutales des premiers chrétiens par l'empereur fou Néron.

    Selon Tacite, lorsque de terribles incendies éclatèrent à Rome, ils semèrent la mort et la désolation dans toute la ville. Inévitablement, les soupçons se tournèrent vers l'empereur fou, qui avait exprimé le désir de démolir puis de reconstruire plusieurs secteurs de la capitale. Personne n'osa porter d'accusations ouvertes, mais les critiques de l'empereur furent même assez audacieux pour faire circuler un prétendu témoignage oculaire selon lequel Néron aurait accueilli la vue de l'énorme incendie avec joie et chants :

    Aussi, pour faire taire la rumeur, Néron rendit-il la justice et infligea-t-il les tortures les plus exquises à une classe de gens haïs pour leurs abominations, que le peuple appelait chrétiens. Christus, de qui ce nom tire son origine, fut puni de la plus grande peine sous le règne de Tibère par un de nos procurateurs, Ponce Pilate, et une superstition des plus funestes, ainsi réprimée pour un moment, éclata de nouveau non seulement en Judée, première source du mal, mais même à Rome, où toutes les choses hideuses et honteuses de toutes les parties du monde trouvent leur centre et deviennent populaires.

    Ici, les préjugés évidents de Tacite contre le christianisme ne font que renforcer son témoignage selon lequel, oui, un personnage extraordinaire en Judée avait fondé une nouvelle forme de culte avant d'être exécuté sous l'autorité de Ponce Pilate. Du point de vue de l'apologiste chrétien, les Annales de Tacite peuvent être mises en parallèle avec le fait que certains des athées militants les plus éminents d'autrefois niaient avec enthousiasme l'existence même de Jésus de Nazareth en tant que personnage historique.

    Tout comme le Talmud babylonien et l'historien juif hellénisé Flavius ​​Josèphe, l'ouvrage de Tacite révèle que ce déni est une erreur flagrante de la part du mouvement athée, erreur qui a été commodément oubliée par ceux qui aiment se moquer du créationnisme. Les athées n'ont pas toujours été aussi rigoureux intellectuellement que certains d'entre eux voudraient le croire.

    Quant au nouveau livre du Père Spitzer, il peut être considéré comme une suite naturelle à La science aux portes de Dieu . Des « Cinq voies » de Thomas d’Aquin au Pari de Pascal, les arguments fondamentaux en faveur de la croyance en Dieu sont familiers à la plupart des catholiques catéchisés. Moins connus, peut-être, sont les arguments et les preuves qui pointent vers une compréhension spécifiquement chrétienne de Dieu. « Oui », pourrait répondre le païen moderne honnête et perspicace, « il existe une sorte de Premier Moteur, une force spirituelle, un Être suprême par lequel nous vivons, nous mouvons et avons notre être. Mais pourquoi supposer que cet Eternel s’intéresse personnellement à nous, et encore moins que nous devrions l’identifier – ou L’identifier – à un prédicateur messianique d’il y a quelques millénaires ? »

    C'est une bonne question. La réponse du Père Spitzer commence par le témoignage du comportement humain. D'une part, la doctrine selon laquelle le Christ diffère non seulement en degré mais en nature de tout autre être humain n'a pas été inventée au Moyen-Âge, mais remonte à ses premiers disciples. Quoi que nous puissions dire, croire en la deuxième personne de la Trinité n'était clairement pas la solution de facilité :

    L’Église primitive aurait pu proclamer Jésus « prophète martyr », ce qui aurait permis aux convertis de l’adorer sur sa tombe et de prier par son intercession. Cette affirmation plus modeste l’aurait rendu acceptable aux yeux du public juif qui l’aurait alors classé parmi les « saints ». Pourquoi alors les dirigeants de l’Église apostolique ont-ils proclamé sans complexe et dangereusement que « Jésus est Seigneur » ? Pourquoi ont-ils subi des pertes sociales et financières, une aliénation religieuse et même des persécutions et la mort, alors que tout cela aurait pu être évité en renonçant simplement à l’implication de sa divinité ? La réponse la plus probable est qu’ils croyaient vraiment qu’il était divin.

    Ce fil conducteur nous conduit à des apôtres comme saint Paul, qui est passé du mépris du christianisme comme blasphème à la volonté de mourir pour lui. Il semble peu plausible qu’il ait simplement inventé l’histoire de sa rencontre sur la route de Damas, étant donné la sévérité avec laquelle un Juif pieux comme Saul aurait considéré le sacrilège et l’impiété. L’autre possibilité – l’hallucination – ne peut être logiquement exclue, mais l’affirmer simplement comme un fait est une pirouette commode. En supposant que nous n’excluons pas simplement l’expérience directe de l’au-delà, nous devons au moins admettre la possibilité que Paul ait eu une véritable rencontre.

    Les remarques du Père Spitzer nous offrent également un contraste intéressant entre le christianisme et le libéralisme moderne. Alors que les premiers chrétiens acceptaient volontiers le martyre pour avoir proclamé des vérités indésirables aux Juifs comme aux Romains, le libéralisme s’est imposé en Occident en grande partie grâce à un mélange de dissimulation, de manipulation et de violence révolutionnaire. Voltaire, par exemple, prétendait respecter la foi ou s’en moquait, selon le moment. Avant les années 1990, aucun libéral n’aurait osé prêcher ouvertement le « mariage gay » ou l’ouverture des frontières, et encore moins le transgendérisme, car peu de libéraux, voire aucun, ont eu le courage de reconnaître les implications à long terme de leur propre enseignement – ​​et encore moins de subir l’équivalent politique du martyre pour cela. (Combien de libéraux éminents aujourd’hui sont assez francs pour reconnaître que leurs doctrines impliquent en fin de compte un système post-humain, un système qui pourrait bien se révéler tout à fait répugnant pour nous tous, libéraux inclus ?)

    Quoi qu’il en soit, si l’on revient au livre du Père Spitzer, on constate qu’il consacre une grande partie de son texte à des miracles modernes tels que celui de Fatima. Comme peu de lecteurs auront besoin d’un compte rendu détaillé du miracle du Soleil, où des dizaines de milliers d’observateurs ibériques ont vu le Soleil danser dans le ciel, il suffit de résumer brièvement le commentaire du Père Spitzer. Cet événement a été vu par un très grand nombre de personnes, observe-t-il, ce qui rend difficile le rejet pur et simple de l’événement de Fatima – ce qui a à son tour forcé les négateurs à adopter un récit d’hypnose de masse ou d’illusion de la part des religieux et des crédules.

    Pourtant, comme le répond le père Spitzer, parmi les témoins oculaires se trouvaient des sceptiques qui s’étaient rendus sur les lieux « spécialement pour réfuter le « miracle », mais qui [plus tard] ont rapporté les mêmes événements que ceux qui s’attendaient à un miracle ». De plus, certains phénomènes objectifs seraient particulièrement difficiles à expliquer par des hallucinations : le séchage soudain et inquiétant du sol et des vêtements des spectateurs après des pluies torrentielles, par exemple. En tout cas, prononcer allègrement « hallucination collective » ressemble une fois de plus à une gesticulation.

    Bien que la foi ne repose sur aucun événement particulier évoqué dans les chapitres trois à six – Lourdes, les miracles eucharistiques, le Suaire de Turin – il est certainement utile d’être ouvert d’esprit aux manifestations divines. En effet, à la lumière de l’effort évident des médias pour exciter le public au sujet des OVNI, il est ironique de constater que les autorités sont si satisfaites de leur hypothèse a priori selon laquelle il est impossible que les récits traditionnels d’intervention de puissances supérieures dans l’histoire humaine soient fondés sur des faits.

    La vérité existe-t-elle ou non ?

    Sur une note plus positive, il est intéressant de penser à la façon dont nous pourrions apprendre et grandir en contemplant le miraculeux. Dans certains cas, des sceptiques se sont convertis, ce qui nous donne plus de raisons d’espérer pour l’homme. Dans d’autres cas, des croyants ont acquis une appréciation plus profonde des doctrines de la Trinité, de Notre-Dame et de la Création. Comme l’histoire récente en témoigne, le monde est toujours plus surprenant que tout ce que les planificateurs, les experts et les prétendus contrôleurs auraient pu prédire.

    Christ, Science, and Reason: What We Can Know about Jesus, Mary, and Miracles
    By Fr. Robert Spitzer, S.J
    Ignatius Press, 2024
    Paperback, 370 pages

  • Pierre Manent menacé de poursuites en justice

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    De Gérard Leclerc sur France Catholique :

    Pierre Manent, le mauvais procès

    Parce qu'il met en garde contre les difficultés liées à l'islam, le philosophe est menacé de poursuites en justice. La « police de la pensée » veut faire taire la contradiction.
    Pierre Manent est l’objet de deux demandes de poursuite judiciaire au motif que, par ses propos à la chaîne de télévision du Figaro, il aurait provoqué « à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ». Puisqu’il est question de violence, celle de certains réseaux sociaux semble dépasser toute mesure, lorsque le philosophe est accusé de procéder à « une incitation claire à commettre un crime contre l’humanité »… Quand on connaît Pierre Manent, ses écrits, ses convictions, et la façon dont il les exprime, on s’interroge, face à cet acharnement poussé jusqu’à la calomnie, sur la surchauffe d’un certain climat idéologique.

    Les impasses de la laïcité

    Il convient de revenir, bien sûr, à ce qui a provoqué tant de vindicte et qui se rapporte à l’expansion démographique de l’islam en Europe. Pour le philosophe, qui n’a cessé de réfléchir aux fondements des liens sociaux, il y a un réel danger : « Nous allons au-devant de drames qu’aucune version de la laïcité ne permettra de maîtriser. » Voilà qui mériterait au moins une discussion de la part de ceux qui sont en désaccord. Mais plutôt que de se prêter à une controverse argumentée, on préfère répliquer par les procédés de ce qu’Orwell appelait « la police de la pensée ». Pierre Manent ne s’en prend nullement à la personne des musulmans qui vivent dans notre pays. Il ne réclame pas leur expulsion. Il a expliqué dans un essai important, Situation de la France (DDB, 2015), qu’il y avait lieu de procéder avec ces compatriotes à ce qu’on peut appeler des « accommodements raisonnables ». Déjà, il est vrai, il mettait en doute que la « laïcité » soit en mesure de comprendre le véritable défi que constitue l’islam à l’intérieur d’une cité dont le passé, les mœurs lui sont si étrangers. C’est pourquoi il recommandait, à propos d’un phénomène religieux sui generis, l’expertise de l’Église catholique – pour peu que celle-ci soit suffisamment avertie des aléas d’un dialogue interreligieux rendu difficile par la différence, voire l’opposition, des sources et des traditions dogmatiques.

    Défi civilisationnel

    En insistant, dans son intervention au Figaro TV, sur l’importance du nombre de migrants musulmans, Pierre Manent met l’accent sur un problème civilisationnel que ses contradicteurs se refusent obstinément à envisager. Comme si un régime de laïcité pouvait à lui seul résoudre des obstacles considérables. C’est d’abord oublier qu’un tel régime s’enracine dans une histoire qui a mis aux prises un régime anticlérical et l’Église catholique. L’accord qui en est résulté est complètement étranger à un islam qui ne peut s’y reconnaître qu’au prix de révisions radicales de sa nature originelle.

    Par ailleurs, Pierre Manent n’est nullement isolé dans son appréciation de ce défi civilisationnel. Elle est de plus en plus partagée dans l’ensemble de l’Europe, avec des révisions radicales à l’égard de la politique migratoire. Les pays d’Europe du Nord, telle la Suède qui avait été le plus loin dans l’accueil d’une population étrangère, ont désormais complètement revu leurs positions. Ce n’est nullement que ces pays seraient devenus intolérants ou racistes. C’est que la difficulté d’une intégration leur est apparue plus que problématique.

    Interdit de penser…

    Au-delà de l’offensive actuelle à l’égard d’une personne, on est bien obligé de s’interroger sur un climat général qui rend difficile l’expression d’une pensée libre. Lorsqu’on veut faire condamner par les tribunaux un homme de pensée comme notre philosophe, c’est comme si on jetait un interdit sur cette pensée. En l’espèce celle d’un catholique qui sait s’exprimer dans les termes les plus rationnels, mais qui est aussi en mesure de faire rayonner le génie du christianisme dans une époque qui le méconnaît. On ne saurait trop recommander son magnifique Pascal et la proposition chrétienne (Grasset, 2022).

  • La Marche des Rois Mages

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    De bon matin,
    J'ai rencontré le train
    De trois grands Rois qui allaient en voyage,
    De bon matin,
    J'ai rencontré le train
    De trois grands Rois dessus le grand chemin.

    Venaient d'abord les gardes du corps,
    Des gens armés avec trente petits pages,
    Venaient d'abord les gardes du corps
    Des gens armés dessus leurs just'au corps.

    Puis sur un char,
    Doré de toute part,
    On voit trois rois modestes comme d'anges
    Puis sur un char,
    Doré de toute part
    Trois rois debout parmi les étendards.

    L'étoile luit
    Et les Rois conduit,
    Par longs chemins,
    Devant une pauvre étable,
    L'étoile luit
    Et les Rois conduit,
    Par longs chemins devant l'humble réduit.

    Au fils de Dieu
    Qui naquit en ce lieu
    Ils viennent tous présenter leurs hommages,
    Au fils de Dieu
    Qui naquit en ce lieu
    Ils viennent tous présenter leurs doux vœux.

    De beaux présents,
    Or, myrrhe et encens
    Ils vont offrir au maître tant admirable
    De beaux présents,
    Or, myrrhe et encens
    Ils vont offrir au bienheureux enfant.

  • Les évêques espagnols condamnent les moqueries envers le Sacré-Cœur de Jésus à la télévision publique espagnole

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    De Nicolás de Cárdenas sur CNA :

    Les évêques espagnols condamnent les moqueries envers le Sacré-Cœur de Jésus à la télévision publique espagnolebouton de partage sharethis

    Sacré Coeur de JésusLe Sacré-Cœur de Jésus. | Crédit : Peintre non identifié, Domaine public, via Wikimedia Commons

    Les évêques espagnols s'expriment après que le présentateur d'un compte à rebours du Nouvel An à la télévision publique espagnole a montré pendant l'émission une image avec le visage de la mascotte d'un programme bien connu à la place du visage de Jésus sur une image traditionnelle du Sacré-Cœur.

    Laura Yustres Vélez, connue sous le nom de « Lalachús », est une actrice et comédienne espagnole qui apparaît dans l'émission « La Revuelta » (« La Révolte »), une émission humoristique nocturne de la télévision publique espagnole caractérisée par son humour irrévérencieux et interrogeant les invités de l'émission sur leur vie sexuelle et leur valeur financière.

    Yustres a joué dans l'épisode du réveillon du Nouvel An aux côtés de David Broncano, animateur de « La Revuelta », dans un segment de la Puerta del Sol, une grande place de Madrid, alors que sa célèbre horloge sonnait les derniers instants de 2024.

    À un moment donné de l'émission, Lalachús a montré une image dans laquelle le visage d'un taureau qui est un personnage de « El Gran Prix », une émission de divertissement familiale bien connue en Espagne, était superposé à l'endroit où se trouverait le visage de Jésus dans une image du Sacré-Cœur.

    L'image comprend un halo derrière la tête du personnage, un Sacré-Cœur sur la poitrine sur lequel repose la main gauche, et la main droite est levée avec trois doigts étendus et deux pliés, symbolisant la Trinité.

    « J'ai toujours avec moi ma petite image de la Vaquilla [le joli taureau] du Grand Prix », a déclaré Yustres, la montrant aux téléspectateurs comme l'une de ses amulettes pour la nouvelle année.

    Les évêques espagnols réagissent

    Le président de la Conférence épiscopale espagnole, l'archevêque Luis Argüello, s'est dit attristé par cette image controversée. « Sous prétexte de liberté d'expression et des excès des fêtes, TVE [la télévision publique espagnole] se moque du symbole du cœur si cher à tous les catholiques », a-t-il déclaré.

    « Le plus triste, c'est que les responsables ne sont pas conscients de ce qu'ils font. Une fois de plus, nous sommes dans la banalité », a-t-il ajouté.

    L'archevêque de Séville, José Ángel Saiz Meneses, a également critiqué ces moqueries et s'est demandé : « Jusqu'à quand profiteront-ils de notre patience ? »

    L’évêque de Vitoria, Juan Carlos Elizalde, a souligné que « les catholiques ne sont pas des citoyens de seconde zone, et encore moins dans un pays où la grande majorité des citoyens sont baptisés ou sont enfants de catholiques ».

    L'évêque de Bilbao, Fernando Prado, a invité la population à protester contre l'incident en choisissant d'autres options de télévision l'année prochaine.

    En outre, la plainte souligne que López a publié sur ses réseaux sociaux l’image de Yustres tenant l’image sainte modifiée, ainsi que d’autres images du programme, affirmant qu’il est « heureux de travailler avec des personnes qui prennent des risques ».

    Pour les avocats, « ce message sur les réseaux sociaux montre que les moqueries envers les chrétiens avaient, à tout le moins, son approbation ou étaient même orchestrées par lui ».

    L'organisation a également dénoncé « les attaques contre les chrétiens qui sont utilisées pour créer la controverse et ainsi augmenter l'audience, ce qui s'est déjà produit lors du gala d'ouverture des Jeux olympiques » et a ajouté que « l'utilisation de l'image du Sacré-Cœur de Jésus comme [taureau] lors du Grand Prix dénote un mépris et une moquerie évidents envers les rites et les symboles du catholicisme et constitue un affront, une insulte et un outrage aux sentiments religieux et aux croyances catholiques ».

    Éliminer les crimes contre les sentiments religieux

    En juillet dernier, le gouvernement espagnol a annoncé qu'il allait aborder la question de l'élimination du délit contre les sentiments religieux du code pénal, ce qui a été critiqué par différentes entités et personnalités, dont le président de la Conférence épiscopale espagnole.

    L’annonce est devenue officielle en septembre dernier, lorsque la mesure a été incluse dans le Plan d’action pour la démocratie.

    Argüello a souligné sur X que « les sentiments ont été élevés au rang de catégorie dans la loi, par exemple le fait de pouvoir changer de sexe ; de plus en plus d’expressions sont considérées comme des crimes de haine. Dans ce contexte où la loi rend hommage aux émotions, les sentiments religieux cessent d’être un bien protégé par la loi ».

    L'intention du gouvernement a également été contestée par les confessions chrétiennes autres que l'Église catholique ainsi que par les communautés juive et musulmane.

    Dans une récente déclaration commune, ils ont souligné que « en tant que citoyens et croyants, nous revendiquons également le droit de nos fidèles à pouvoir vivre leur foi dans un climat de respect des sentiments religieux, protégé par d'autres droits également protégés par la Constitution, tels que le droit à la liberté religieuse, la liberté de conscience et le droit à la dignité et à la moralité ».

    Cette mesure retirerait l'Espagne de la majorité des pays de l'Union européenne qui protègent la liberté religieuse, puisque 21 des 27 États membres prévoient des sanctions pour les actes contre les sentiments religieux.

    Le ministre de la Présidence, de la Justice et des Relations avec le Parlement, Félix Bolaños, a réagi à la plainte des Avocats chrétiens avec un message sur X déclarant que leur plainte représente une « tentative d'intimidation de la part de l'opposition de droite » et réitérant l'intention du gouvernement d'abroger le délit d'offense aux sentiments religieux.

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    Nicolás de Cárdenas est correspondant d'ACI Prensa en Espagne depuis juillet 2022. Au cours de sa carrière de journaliste, il s'est spécialisé dans les sujets socio-religieux et a également travaillé pour des associations civiles locales et internationales.