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Solidarité

  • Les chrétiens d'Arménie et la conscience catholique

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    De Paul Polman sur The Catholic Herald :

    Le coût moral de notre énergie : les chrétiens d'Arménie et la conscience catholique

    17 mars 2025

    Lorsque Mère Teresa parlait de « la soif d'amour », elle nous rappelait que notre foi exige que nous reconnaissions le Christ dans la souffrance d'autrui. Aujourd'hui, ses paroles résonnent avec une douloureuse actualité alors que je songe au sort de Ruben Vardanyan, qui en est à son 23e jour de grève de la faim dans une cellule de prison azerbaïdjanaise. Après avoir enduré 550 jours de détention et de torture, cet homme de foi est confronté à un procès militaire secret pour avoir aidé les chrétiens arméniens du Haut-Karabakh.

    L'Église catholique enseigne depuis longtemps que la solidarité avec les opprimés n'est pas facultative, mais essentielle à notre foi. Cet enseignement prend une importance cruciale alors que la plus ancienne nation chrétienne du monde est confrontée à un effacement systématique, tandis que les puissances occidentales cherchent à conclure des accords énergétiques avec leurs persécuteurs.

    L'enseignement social catholique met l'accent sur l'option préférentielle pour les pauvres et les vulnérables. Pourtant, où cette préférence se manifeste-t-elle dans notre réponse au nettoyage ethnique de 120 000 chrétiens arméniens en Azerbaïdjan ? Leurs églises, dont certaines datent du IVe siècle, sont détruites, leurs communautés dispersées et leurs dirigeants emprisonnés.

    La semaine dernière, l'Azerbaïdjan a expulsé le Comité international de la Croix-Rouge, privant ainsi de leur présence les derniers témoins internationaux du traitement réservé aux prisonniers comme Ruben. Par notre silence, nous devenons complices de la violation des droits humains fondamentaux que notre foi nous appelle à défendre.

    Le principe de subsidiarité nous appelle à soutenir les communautés vulnérables dans leur lutte pour l'autodétermination. Les chrétiens arméniens, sur leur terre ancestrale, cherchaient simplement à préserver leur foi et leur culture, des droits consacrés par l'enseignement catholique sur la dignité humaine. Au lieu de cela, ils ont été abandonnés par les puissances occidentales en quête de sources d'énergie alternatives après le conflit ukrainien.

    Durant mes années à la tête d'Unilever, j'ai été guidé par le principe catholique selon lequel l'activité économique doit servir le bien commun plutôt que des intérêts particuliers. Dans l'Évangile selon Matthieu, Jésus nous enseigne : « Toutes les fois que vous les avez faites à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous les avez faites » (Matthieu 25, 40). Nos partenariats énergétiques actuels avec des régimes autoritaires échouent lamentablement à ce test moral.

    Les chrétiens arméniens appartiennent à notre famille universelle de foi. Leurs Églises sont nos Églises ; leurs souffrances sont nos souffrances. En gardant le silence sur leur persécution tout en tirant profit du commerce avec leurs oppresseurs, nous trahissons cette vérité catholique fondamentale.

    L'indifférence envers les chrétiens persécutés est désormais institutionnalisée dans notre politique étrangère, où les préoccupations relatives aux droits de l'homme sont subordonnées à la sécurité énergétique. Le président azerbaïdjanais se moque ouvertement des valeurs occidentales, tout en recevant un accueil chaleureux à Bruxelles et à Londres.

    La conception catholique de la complicité morale enseigne que nous pouvons pécher par notre inaction. Par nos achats d'énergie et notre silence diplomatique, nous coopérons à la persécution des chrétiens arméniens par l'Azerbaïdjan.

    J'appelle mes frères catholiques à adopter trois actions ancrées dans notre foi : premièrement, pratiquer la solidarité par la prière et le jeûne pour les chrétiens arméniens et pour la libération de Ruben Vardanyan ; deuxièmement, contacter votre évêque et votre député afin de plaider en faveur de conséquences diplomatiques concrètes pour l'Azerbaïdjan ; troisièmement, soutenir les organisations catholiques d'aide humanitaire au service des familles arméniennes déplacées.

    La crise actuelle met à l'épreuve notre profession de foi, allant au-delà d'une rhétorique confortable, pour aller jusqu'au sacrifice significatif. Pour les chrétiens arméniens menacés d'extinction culturelle, notre réponse démontrera si notre foi apporte une lumière dans les ténèbres ou se contente de compenser l'injustice.

    La conversion de l'Arménie au christianisme, au IVe siècle, est antérieure à l'adhésion de nombreuses nations européennes à notre foi. Si nous laissons la plus ancienne nation chrétienne du monde se démembrer tout en poursuivant nos activités comme si de rien n'était, qu'est-ce que cela révèle de la profondeur de notre engagement catholique en faveur de la dignité humaine et de la liberté religieuse ?

    Allons-nous répondre à l’appel de nous tenir aux côtés de nos frères et sœurs arméniens en Christ, ou l’histoire retiendra-t-elle que nous avons choisi l’énergie bon marché plutôt qu’un discipulat coûteux ?

    Paul Polman est l'ancien directeur général d'Unilever (2009-2019) et l'un des principaux défenseurs des droits de l'homme qui a contribué à l'élaboration des Objectifs de développement durable des Nations Unies.

    (Photographie de Ruben Vardanyan avec l'aimable autorisation de sa famille)

  • Le pape François aux prises avec un système en voie d'effondrement

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    D'Andrea Gaggliarducci sur Monday Vatican :

    Le pape François aux prises avec un système en voie d'effondrement

    Selon une logique amorcée après la Seconde Guerre mondiale – vous vous souvenez du Plan Marshall ? – les États-Unis ont créé une agence qui pouvait distribuer l’aide au nom du peuple américain, ce qui était aussi une expression de soft power.

    Au fil du temps, comme c’est souvent le cas, le système est aussi devenu un moyen d’expression politique. Selon l’administration, l’USAID a soutenu des projets qui, à d’autres moments, n’auraient pas bénéficié de son soutien. Mais ce qui inquiète le plus Trump et sa bande de réformateurs, ce sont les dépenses que l’USAID a effectuées de son propre chef, sans beaucoup de discipline ni de contrôle.

    Une bonne partie de l’argent de l’USAID a été consacrée à des projets qui n’étaient peut-être pas réellement vitaux et à des activités qui avaient un but principalement – ​​voire uniquement – ​​sociopolitique .

    Il faut reconnaître que ce n’est pas toujours le cas. En fait, c’est rarement le cas. Parmi les bénéficiaires de l’aide américaine figurent de nombreuses ONG catholiques, dont le travail sur le terrain est incontestable , et parmi elles Caritas Internationalis, la Confédération de toutes les Caritas catholiques du monde, qui – ce n’est pas un hasard – a publié la semaine dernière une déclaration sévère, soulignant à quel point la décision de l’administration Trump met en danger la vie de millions de personnes .

    La déclaration de Caritas Internationalis est vraie dans les faits. Cependant, une réflexion plus large sur le pontificat du pape François s'impose.

    Au cours des siècles, l’Église catholique a toujours travaillé pour assurer son indépendance par rapport à toute aide de l’État . L’Église a créé sa souveraineté avec un État, un corps diplomatique et une organisation qui part des diaconies de la ville de Rome – aujourd’hui rappelées dans la structure des cardinaux diacres – et qui devient la Curie romaine, les fondations pontificales, l’autonomie financière de Propaganda Fide pour aider les missions de manière indépendante. Le Vatican a même un système économique autonome avec une quasi-banque (l’Institut pour les œuvres de religion) créée pour pouvoir transférer de l’argent en toute sécurité.

    Ce système a connu des hauts et des bas.

    Lorsque l'Italie envahit les États pontificaux, l'appareil d'État qui permettait une distribution équitable des richesses fut entièrement détruit. Le Denier de Saint-Pierre devint alors le moyen par lequel les catholiques du monde entier soutenaient l'Église , y compris dans sa structure organisationnelle, afin de ne pas mettre fin à l'œuvre de charité et d'unité qui l'avait toujours distinguée.

    Lorsque le Saint-Siège parvint à se réconcilier avec l'Italie en 1929 et récupéra son territoire, il utilisa l'argent de la compensation pour relancer le système économique. À cette époque, l'IOR fut créée, des fondations et des sociétés furent créées à l'étranger pour acheter et investir dans l'immobilier, et des actifs immobiliers furent réorganisés .

    Tout cela servait deux objectifs : permettre à ceux qui travaillaient au Vatican de vivre dignement, avec des loyers abordables et des supermarchés moins chers ; et permettre au Saint-Siège de faire des bénéfices , en soutenant la structure qui permettait tout cela et en distribuant une partie des bénéfices en aide aux pauvres.

    C'est dans ce sens qu'a été interprétée l'Internationalis in Caritas Internationalis, voulue par Benoît XVI. Face à une Caritas qui semblait de plus en plus se transformer en une organisation occidentale de collecte de fonds, au point de risquer d'accepter des organisations pro-avortement au sein de la Confédération, Benoît XVI a placé celle-ci sous la tutelle du Conseil pontifical  Cor Unum. Il a donné des directives précises sur la manière dont l'aide devait être gérée et a créé une nouvelle gouvernance, d'abord catholique, puis pratique.

    En bref, il y avait une nouvelle philosophie à suivre .

    Ceux qui étaient venus de l'ancienne direction et qui étaient restés à Caritas n'étaient pas d'accord et n'étaient pas contents. Le travail de transition fut long. Et puis, il arriva qu'au moment où les membres de la Confédération des pays du Tiers Monde résistèrent à la pression des membres du Premier Monde et désignèrent un secrétaire général, ce mécontentement explosa.

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  • Le pape dénonce l'indifférence à l'égard des souffrances des enfants et condamne fermement l'avortement

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    D'Elise Ann Allen sur le Catholic Herald :

    Le pape dénonce la « crise morale mondiale » provoquée par l'indifférence à l'égard des souffrances des enfants

    5 février 2025

    Le pape François a déploré que des millions d’enfants dans le monde subissent chaque jour la guerre, la pauvreté, les abus, l’exploitation, la dépression et le manque d’espoir pour l’avenir. Il a également critiqué ce qui apparaît trop souvent comme une indifférence mondiale face à une réalité aussi calamiteuse.

    Les commentaires du Saint-Père interviennent au début de la semaine du 3 février, alors que le Pape organisait un Sommet international sur les droits de l'enfant intitulé « Aimez-les et protégez-les ».

    Le pape a également annoncé son intention d’écrire un document, une lettre apostolique ou exhortation, consacré aux enfants. Avec ce document, a-t-il ajouté, il espère « donner une continuité à cet engagement [en faveur des enfants] et le promouvoir dans toute l’Église ».

    Tenu dans la salle Clémentine du Palais apostolique du Vatican, le sommet a été marqué par des discours liminaires du pape François et du secrétaire d'État du Vatican, le cardinal italien Pietro Parolin, ainsi que du secrétaire du Vatican pour les relations avec les États, l'archevêque britannique Paul Gallagher, entre autres.

    Elle a attiré des participants de haut niveau venus du monde entier, dont l'ancien vice-président américain et lauréat du prix Nobel de la paix Al Gore, la reine Rania Al Abdullah de Jordanie et de nombreux représentants des gouvernements d'Italie, de Gambie, d'Indonésie, d'Égypte et d'Afrique du Sud, ainsi que des représentants d'institutions telles que le Programme alimentaire mondial, la FIFA, Interpol et Mary's Meals.

    Le pape François s'adresse aux participants au Sommet international sur les droits de l'enfant dans la salle Clémentine du Palais apostolique du Vatican, État de la Cité du Vatican, le 3 février 2025. (Crédit : Vatican Media, via Crux.)

    Dans son discours d’ouverture, le pape a déploré que partout dans le monde, les droits des enfants « soient quotidiennement bafoués et ignorés ».

    Il a souligné que de nombreux enfants sont confrontés à la pauvreté, à la guerre, au manque d’accès aux soins de santé et à l’éducation, ainsi qu’à l’injustice et à l’exploitation, et que même dans les pays les plus riches, « les petits sont souvent vulnérables et souffrent de problèmes que nous ne pouvons pas sous-estimer ».

    Les enfants du monde entier doivent faire face à diverses difficultés, a déclaré le pape, et ceux des pays développés souffrent souvent d’anxiété et de dépression, et beaucoup sont « attirés par des formes d’agression ou d’automutilation ».

    « En outre, une culture de l’efficacité considère l’enfance elle-même, comme la vieillesse, comme une « périphérie » de l’existence », a déclaré le pape, notant que de nombreux jeunes ont du mal à trouver l’espoir en eux-mêmes et dans leur situation, qualifiant cela de « triste et troublant ».

    « Ce que nous voyons tragiquement presque tous les jours ces derniers temps, à savoir des enfants mourant sous les bombes, sacrifiés aux idoles du pouvoir, de l’idéologie et des intérêts nationalistes, est inacceptable », a-t-il déclaré, ajoutant que « rien ne vaut la vie d’un enfant ».

    Le pape François a souligné : « Tuer des enfants, c'est nier l'avenir », et a déploré que là où la guerre est absente, d'autres problèmes tels que la violence liée à la drogue et aux gangs sont répandus, ainsi qu'un « individualisme pathologique » destructeur.

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  • Comment les évêques américains réagissent aux décrets de Trump sur l'immigration

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    De Jonah McKeown sur CNA :

    Voici comment les évêques américains ont réagi aux décrets de Trump sur l'immigration

    30 janvier 2025

    Depuis la semaine dernière, les évêques catholiques de tout le pays ont répondu publiquement aux récents décrets du président Donald Trump sur l'immigration, nombre d'entre eux appelant à une approche plus globale et plus humaine de la politique d'immigration qui respecte la dignité des migrants et des réfugiés. 

    Les agents de l'Immigration and Customs Enforcement (ICE), nouvellement habilités à procéder à des arrestations dans des lieux tels que des églises et des écoles sans avoir besoin de demander l'approbation d'un supérieur, auraient déjà commencé à intensifier les arrestations dans certaines grandes villes après que Trump a promis « la plus grande opération d'expulsion de l'histoire américaine » se concentrant principalement sur « les criminels les plus dangereux ». 

    Les autres ordres du premier jour de Trump, faisant suite à de nombreuses promesses de campagne, comprenaient la déclaration d'un état d'urgence national à la frontière sud des États-Unis avec le Mexique, le rétablissement de la politique controversée de « rester au Mexique » à la frontière de son mandat précédent, et la désignation des cartels de la drogue comme « organisations terroristes étrangères ».

    Un autre décret signé par Trump a lancé un processus visant à mettre fin au droit de naissance pour les personnes nées sur le territoire américain, quel que soit le statut juridique de leurs parents, bien qu'un juge ait déjà bloqué ce décret dans le cadre d'un important défi juridique mené par une coalition d'États. 

    L’Église catholique enseigne que les pays, en particulier les plus riches, doivent essayer d’accueillir les migrants « dans la mesure où ils le peuvent », mais que les nations ont également le droit de réglementer la migration.

    Les plans d'immigration de Trump, dont beaucoup sont en voie de concrétiser, ont attiré les critiques des dirigeants catholiques au niveau national. Le président de la conférence des évêques américains, l'archevêque Timothy Broglio, a déclaré le 22 janvier que « certaines dispositions » des décrets d'immigration sont « profondément troublantes et auront des conséquences négatives, dont beaucoup porteront préjudice aux plus vulnérables d'entre nous ». 

    Le 23 janvier, l'évêque Mark Seitz d'El Paso, au Texas, président du comité épiscopal américain sur les migrations, a dénoncé « les généralisations hâtives visant à dénigrer un groupe, comme celle consistant à décrire tous les immigrants sans papiers comme des « criminels » ou des « envahisseurs » pour les priver de la protection de la loi ». Ce faisant, a-t-il écrit, « c'est un affront à Dieu, qui a créé chacun de nous à son image ».

    De nombreuses déclarations d’évêques ont été adressées directement aux immigrants, cherchant à leur offrir des mots d’encouragement et de soutien et à les assurer que l’Église les accueille avec plaisir.

    Les évêques catholiques du Michigan ont exprimé dans une récente déclaration leur inquiétude face aux « déportations massives et à la rhétorique néfaste qui rabaisse de manière générale nos frères et sœurs immigrés ». Ils ont promis « un soutien et un respect indéfectibles pour la dignité humaine de tous les migrants » et ont exhorté les élus à soutenir les politiques qui assurent la sécurité et l’unité des familles immigrées. 

    Les évêques du Michigan ont toutefois précisé que l’enseignement catholique sur l’immigration rejette l’idée de « frontières complètement ouvertes » en faveur d’une approche équilibrée qui donne la priorité à la sécurité des frontières et à un accueil empreint de compassion. Ils ont appelé à un « système d’immigration humain qui accueille les réfugiés et les immigrants en leur offrant un chemin équitable vers la citoyenneté ».

    Les évêques du Maryland ont publié une déclaration commune le 27 janvier pour exprimer leur solidarité avec les immigrants et renouveler leur engagement à défendre des politiques qui protègent les droits et défendent leur dignité. Citant le pape François, ils ont appelé à voir dans chaque migrant « non pas un problème à résoudre mais des frères et sœurs à accueillir, à respecter et à aimer ».

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  • Face à la Shoah : l’Église de France fut au rendez-vous

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    De France Catholique :

    Face à la Shoah : l’Église fut au rendez-vous

    Régulièrement accusés d’avoir entretenu un silence coupable à l’égard de la persécution des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale, les catholiques de France ont souvent rasé les murs à l’évocation de ce sujet. Une vision qui évolue à la faveur de travaux historiques toujours plus précis.
    Plusieurs signaux récents en témoignent : le regard porté sur l’action de l’Église durant la Seconde Guerre mondiale est en train de changer. Il était temps. En particulier sur le comportement du clergé français face aux persécutions antijuives menées par les Allemands, avec le soutien objectif des autorités de Vichy dans de nombreux cas.

    Entre le récit d’une France unanimement résistante et celui d’une France bovinement « collabo », se cache l’histoire d’une Église en France, partagée entre le souci de préserver ses brebis en priorité et celui de venir en aide, à la manière du Bon Samaritain, à celles d’entre elles qui n’appartiennent pas au troupeau. En la matière, les priorités des pasteurs furent divergentes. Mais beaucoup d’entre elles révèlent que l’impératif de charité ne fut pas délaissé, comme en témoignent les paroles d’éminentes figures de la communauté juive.

    Le geste le plus significatif fut, à n’en pas douter, celui du Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, qui, le 16 juillet dernier, à l’occasion du 80e anniversaire de la rafle du Vél’ d’Hiv, a demandé que soit lue dans toutes les synagogues du pays la lettre de protestation rédigée en août 1942 par Mgr Jules Saliège. « Dans notre diocèse, des scènes d’épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récébédou. Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Les étrangers sont des hommes, les étrangères sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut l’oublier », écrivait l’archevêque de Toulouse dans ce courrier, qui fut alors lu dans toutes les paroisses de son diocèse, trois mois avant l’invasion de la zone sud par les Allemands. Quel symbole !

    « 18 juin spirituel »

    Emboîtant le pas du Grand Rabbin, les évêques ont préconisé à leur tour la lecture de ce texte – qualifié naguère de « 18 juin spirituel » par Maurice Schumann – à l’occasion de la messe de l’Assomption, pour commémorer le 80e anniversaire de sa rédaction. En ce jubilé symbolique – restera-t-il encore des survivants de la rafle lors de son 90e anniversaire ? – on soulignera aussi l’exposition du Mémorial de la Shoah, intitulée « À la grâce de Dieu – Les Églises et la Shoah » (cf. p. 13), l’exposition itinérante consacrée aux Justes organisée conjointement par la conférence des évêques de France et le comité Yad Vashem, ou encore le colloque sur la question qui s’est tenu au Collège des Bernardins, en partenariat avec la Fondation pour la mémoire de la Shoah, le 7 septembre dernier.

    Un esprit sceptique pourrait craindre que ces initiatives n’aboutissent qu’à mettre en valeur quelques comportements exemplaires, dont le caractère lumineux ferait ressortir par contraste la passivité, sinon la complicité, de l’institution considérée dans son ensemble. Cette vision des choses, il faut le craindre, imprègne en partie le clergé français depuis la cérémonie de repentance organisée au Mémorial de Drancy en 1997. « Nous devons reconnaître que l’indifférence l’a largement emporté sur l’indignation et que devant la persécution des Juifs, en particulier devant les mesures antisémites multiformes édictées par les autorités de Vichy, le silence a été la règle et les paroles en faveur des victimes, l’exception », avait alors déclaré Mgr Olivier de Berranger, évêque de Saint-Denis, en présence de quinze de ses homologues. Cette vision, celle de quelques chrétiens courageux et intrépides extraits d’une masse indifférente, filtre encore à Rome quelques mois après la déclaration de Drancy, en mars 1998, dans un texte intitulé « Nous nous souvenons. Une réflexion sur la Shoah », rédigé par la Commission pour les relations religieuses avec le judaïsme, signé par le cardinal Cassidy, et explicitement approuvé par Jean-Paul II. « Quoi qu’il en soit, […] à côté de ces hommes et femmes si courageux, la résistance spirituelle et l’action concrète d’autres chrétiens n’ont pas été celles auxquelles on aurait pu s’attendre de la part de disciples du Christ », y lisait-on, au cœur d’un texte fouillé et nuancé. « Nous regrettons profondément les erreurs et les fautes de ces fils et filles de l’Église », précisait encore le document. Que des chrétiens, clercs ou laïcs, n’aient pas toujours été à la hauteur, que certains se soient tenus au silence, que d’autres se soient désintéressés du sort des Juifs, que quelques-uns se soient même compromis avec les persécuteurs, nul n’en disconvient. Rien de surprenant à ce constat. Il faudrait néanmoins chiffrer un jour l’effectif de ceux dont on parle réellement… Mais, faire de ceux qui se sont élevés les exceptions confirmant une règle de lâcheté généralisée, est une tentation, souvent non dénuée d’arrière-pensées idéologiques, qui ne tient pas face au travail historique. Et les premiers à l’affirmer sont parfois ceux que l’holocauste a le plus cruellement meurtris.

    « L’enjuivement des curés »

    Le plus emblématique d’entre eux est Serge Klarsfeld, président de l’Association des fils et filles de déportés de France, dont le père, Arno, raflé par la Gestapo à Nice en 1943, fut assassiné à Auschwitz. Déjà, en 2001, il avait donné au sixième chapitre de son livre Vichy-Auschwitz un titre sans ambiguïté : « Le haut clergé français et l’opinion publique contraignent Vichy en septembre 1942 à mettre fin à son concours massif dans la chasse aux Juifs. »

    De même, lors du colloque des Bernardins du 7 septembre, il a rappelé, documents irréfutables à l’appui, combien l’intervention du cardinal Gerlier, archevêque de Lyon – celui-là même qui avait dit que « Pétain c’est la France et la France aujourd’hui, c’est Pétain » – avait contribué à ralentir la traque à laquelle collaboraient les autorités d’alors.

    Et de citer aussi cette phrase stupéfiante de l’époque, extraite du Journal de Paul Morand, alors membre du cabinet civil de Pierre Laval : « Les évêques font une démarche collective des plus énergiques en faveur des Juifs en zone libre. C’est inouï l’enjuivement des curés ! C’est à vous rendre anticlérical ! » La conclusion de l’intervention de Serge Klarsfeld, dépourvue de la moindre ambiguïté, évoque une « dette immense à l’égard de l’Église », dette qu’il aimerait que « notre pays reconnaisse, partage et mette en lumière, plutôt que de la laisser dans l’ombre par préjugé anticlérical ».

    Fierté chrétienne

    Que notre pays la reconnaisse serait à n’en pas douter plus que fondé. Mais il serait logique que les chrétiens eux-mêmes commencent à en tirer fierté. Fierté de ces évêques qui ont pris la parole, fierté de ces religieuses qui ont caché des familles juives, fierté de ces curés anonymes qui ont signé de faux certificats de baptême pour des enfants réfugiés, fierté de ces plumes clandestines qui, dans Les cahiers du Témoignage Chrétien, ont dénoncé très tôt l’antisémitisme hitlérien. Beaucoup d’entre eux sont honorés depuis longtemps comme « Justes parmi les nations » au Mémorial de Yad Vashem, à commencer par l’abbé Jean Fleury (1905-1982) qui fut le premier Français à être reconnu comme tel dès 1964, au regard de son action en faveur des Juifs internés au camp de la route de Limoges.

    Attention néanmoins à ne pas considérer l’inscription au Mémorial de Yad Vashem – aussi probante soit-elle – comme le tampon indispensable pour valider l’action des chrétiens durant la guerre. Nombreux furent ceux d’entre eux qui menèrent d’autres combats, plus que légitimes. Ou qui œuvrèrent en faveur du sauvetage des Juifs sans être encore reconnus : et l’on songe notamment à Mgr Bruno de Solages (1895-1983), dont chacun reconnaît le rôle incontournable dans ce combat, et qui ne possède toujours pas son arbre dans le jardin du sanctuaire israélien.

  • L'incroyable courage et la foi du père Marie-Benoît, religieux français et sauveteur de l'Holocauste 

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    De Heather Tomlinson sur le Catholic Herald :

    L'incroyable courage et la foi du père Marie-Benoît, frère français et sauveteur de l'Holocauste 

    27 janvier 2025

    De nombreux prêtres et religieux ordinaires et humbles ont travaillé dur pour sauver la vie de juifs en danger dans l'Europe occupée par les nazis, mais le courage, la compassion et l'audace de ce frère capucin brillent particulièrement au milieu de la terrible obscurité de l'Holocauste.

    Malgré les allégations ultérieures selon lesquelles l'Église catholique n'aurait pas fait assez contre le régime nazi, de nombreux fidèles catholiques ont risqué la torture et ont même donné leur vie pour sauver des vies dans les zones contrôlées par les nazis. Certains sont devenus célèbres, comme le « mouflon du Vatican » Monseigneur Hugh O'Flaherty, sujet d'un film réalisé sur ses exploits audacieux à Rome, et le champion cycliste Gino Bartali, qui a parcouru la campagne italienne à vélo en travaillant secrètement pour la résistance. 

    De nombreux hauts dignitaires religieux ont eux aussi pris des mesures. Ainsi, Mgr Jules-Géraud  Saliège , archevêque de Toulouse de 1928 à 1956, a  dénoncé les horreurs dont il a été témoin dans une lettre pastorale  publiée en 1942. (On pourrait citer aussi l'évêque de Liège, Mgr Kerkhofs, qui a sauvé de nombreux juifs pendant l'occupation nazie, reconnu "Righteous Among the Nations" le 6 juillet 1981. ndB)

    Cette lettre inspirera bien d’autres, dont le modeste moine capucin Pierre-Marie Benoît, dont l’histoire sera racontée par sa collaboratrice Fernande Leboucher dans ses mémoires de 1969 (L’incroyable mission du père Benoît, Fernande Leboucher, trad. JF Bernard, 1970, William Kimber & Co). Mme Leboucher dirigeait une entreprise de couture à la mode, mais la brutalité nazie s’est immiscée dans sa vie lorsque son mari juif, Ludvik, a été détenu dans un camp local. 

    On ne sait pas encore quel sera le sort des détenus, mais de terribles rumeurs courent sur des déportations dans des camps allemands infernaux. Désemparée, Mme Leboucher a entendu dire que le Père Benoît vient en aide aux juifs en danger et elle va le chercher dans son couvent de capucins à Marseille. Ensemble, ils réfléchissent aux mesures pratiques à prendre, mais il l’encourage surtout à prier. « Vous pouvez être sûre que, d’une manière ou d’une autre, Dieu répondra à vos prières, dit le moine à Mme Leboucher. Après tout, son fils était juif lui aussi, et lui aussi a été persécuté de son vivant. Il n’est pas difficile de croire que Dieu a un sentiment particulier pour la race juive. »

    Mme Leboucher était novice en matière de prière, « peut-être n’avais-je jamais vraiment eu besoin de Dieu auparavant », écrit-elle. Après avoir commencé à prier, elle a découvert en quelques jours où son mari était détenu et lui a rendu visite peu de temps après. 

    Il peut sembler que ses demandes n'aient pas été entendues, car le sort de son mari a fini par être celui des six millions d'autres. Pourtant, depuis son arrestation jusqu'à sa déportation à Auschwitz, ils ont travaillé ensemble pour sauver d'autres personnes du camp, avec l'aide du Père Marie-Benoît. 

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  • "Jésus, la véritable espérance de la Terre Sainte et du monde entier" (Cardinal Pizzaballa)

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    De Pierbattista Pizzaballa, patriarche de Jérusalem (source) :

    Jésus, la véritable espérance de la Terre Sainte et du monde entier

    La dureté de la réalité ne doit pas nous enlever la joie de Noël, cette joie déjà vécue, malgré les difficultés, par Joseph et Marie. Cet Enfant entre dans l'histoire de l'humanité comme Prince de la Paix et héraut de la Vie éternelle : il est l'issue pour la Terre Sainte et pour le monde entier. Extrait de l'homélie du Card. Pizzaballa pour la messe de la nuit de Noël.

    25_12_2024

    Nous publions ci-dessous le texte de l'homélie préparée par le Cardinal Pierbattista Pizzaballa, Patriarche de Jérusalem des Latins, pour la Messe de la nuit de Noël 2024 (Is 9, 1-16 ; Tit 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14), à Bethléem.

    ***

    Chers amis,

    Cette année, je n'ai aucun mal à reconnaître ma difficulté à vous annoncer, à vous qui êtes ici et à ceux qui, dans le monde entier, regardent vers Bethléem, la joie du Noël du Christ. Le chant de gloire, de joie et de paix des anges me semble peu adapté après une année épuisante de larmes, de sang, de souffrance, d'espoirs souvent déçus et de projets de paix et de justice brisés. Les lamentations semblent submerger le chant et la rage impuissante semble paralyser tout chemin d'espoir.

    Je me suis demandé plusieurs fois au cours de ces dernières semaines comment vivre, voire surmonter, cette fatigue, ce sentiment désagréable de l'inutilité des mots, même ceux de la foi, face à la dureté de la réalité, à l'évidence d'une souffrance qui semble ne pas vouloir s'éteindre. Mais j'ai été aidé par les bergers de Noël qui, comme moi et comme les évêques et les prêtres de ce pays, ont veillé la nuit sur leur troupeau. Cette nuit-là, qui est la nôtre, ils ont écouté les anges et ils ont cru. C'est ainsi que j'ai décidé, moi aussi, d'écouter à nouveau l'histoire de Noël dans le contexte de souffrance dans lequel nous nous trouvons, qui n'est pas très différent de celui de l'époque.

    Comme nous l'avons entendu :

    « En ce temps-là, un décret de César Auguste ordonna le recensement de toute la terre. Ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. Tout le monde alla se faire recenser, chacun dans sa ville. Joseph lui-même, de la maison et de la famille de David, monta de la ville de Nazareth et de Galilée en Judée, à la ville de David, appelée Bethléem, pour se faire recenser avec Marie, sa femme, qui était enceinte » (Lc 2, 1-5).

    J'ai été frappé par cet aspect : Joseph et Marie vivent la grâce de leur Noël, le vrai Noël, non pas d'une manière, à un moment ou dans des circonstances décidées par eux, ou qui leur sont particulièrement favorables. Une volonté de puissance impérialiste régnait alors sur le monde et pensait décider de ses destinées, sociales et économiques. Cette Terre Sainte qui est la nôtre était alors, pas moins qu'aujourd'hui, soumise aux jeux des intérêts internationaux. Un peuple de pauvres vivait en se faisant recenser, en contribuant par son labeur au bien-être des autres... Pourtant, sans se plaindre, sans refuser, sans se rebeller, Joseph et Marie sont allés à Bethléem, préparant là même Noël. Leur résignation ? Cynisme ? Impuissance ? Ineptitude ? Non, c'était la foi ! Et la foi, quand elle est profonde et vraie, est toujours un regard nouveau et éclairé sur l'histoire, car « celui qui croit, voit ».

    Et qu'ont vu Joseph et Marie ? Ils ont vu, à travers la parole de l'Ange, Dieu dans l'histoire, le Verbe fait chair, l'Eternel dans le temps, le Fils de Dieu fait homme ! Et c'est ce que nous voyons aussi ici, ce soir, éclairés par la Parole de l'Évangile.

    Nous voyons dans cet Enfant le geste inédit et inouï d'un Dieu qui ne fuit pas l'histoire, ne la regarde pas de loin avec indifférence, ne la rejette pas avec indignation parce qu'elle est trop douloureuse et mauvaise, mais l'aime, l'assume, y entre avec le pas délicat et fort d'un Enfant nouveau-né, d'une Vie éternelle qui parvient à faire place, dans la dureté du temps, à des cœurs et à des volontés disposés à l'accueillir. Le Noël du Seigneur est là : par son Fils, le Père s'implique personnellement dans notre histoire et en porte le poids, partage ses souffrances et ses larmes jusqu'au sang, et lui offre une issue de vie et d'espérance.

    Il ne rivalise cependant pas avec les autres puissances de ce monde. La puissance de l'amour divin n'est pas simplement plus puissante que le monde, mais elle est autrement puissante. Cet Enfant, ayant vécu pleinement notre vie, le révélera avec une clarté lumineuse : « Mon royaume n'est pas de ce monde ; si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour que je ne sois pas livré... mais mon royaume n'est pas de ce monde » (Jn 18,36). Le pas avec lequel Dieu entre dans l'histoire est celui de l'Agneau, parce que seul l'Agneau est digne de pouvoir et de puissance, et seul à lui appartient le salut (cf. Ap 5,12). Les Césars augustes de ce monde sont dans le cercle vicieux du pouvoir, qui élimine les ennemis des uns et des autres pour en créer toujours de nouveaux (et nous devons en faire l'amère constatation chaque jour). L'Agneau de Dieu, en revanche, immolé et victorieux, gagne, parce qu'il gagne vraiment, en guérissant à la racine le cœur violent de l'homme, avec un amour disposé à servir et à mourir, générant ainsi une vie nouvelle.

    Marie et Joseph, bien qu'ils semblent obéir passivement à une histoire plus grande qu'eux, l'ont en réalité traversée et dominée du pas de ceux qui regardent Dieu et son projet, et y apportent la gloire et la paix.

    Nous aussi, nous pouvons et nous devons habiter cette terre qui est la nôtre et vivre cette histoire qui est la nôtre, mais sans y être contraints, sans être résignés et encore moins prêts à fuir dès que possible. Nous sommes appelés par les anges de cette nuit à la vivre avec foi et espérance. Nous aussi, comme Joseph et Marie, comme les bergers, nous devons choisir et décider : accepter avec foi l'annonce de l'ange ou suivre notre propre chemin. Croire ou partir. Décider pour le Christ et faire nôtre le style de Bethléem, le style de celui qui est prêt à servir avec amour et à écrire une histoire de fraternité. Ou prendre le style de César Auguste, d'Hérode et de tant d'autres, et choisir d'appartenir à ceux qui ont la prétention d'écrire l'histoire avec le pouvoir et l'oppression.

    L'Enfant de Bethléem nous prend par la main cette nuit et nous entraîne avec lui dans l'histoire, nous accompagne pour l'assumer jusqu'au bout et pour la traverser en faisant le pas de la confiance et de l'espérance en lui.

    Il n'a pas eu peur de naître dans ce monde ni de mourir pour lui (non horruisti Virginis uterum). Il nous demande de ne pas avoir peur des puissances de ce monde, mais de persévérer sur le chemin de la justice et de la paix. Nous pouvons et devons, comme Joseph et Marie, comme les bergers et les mages, emprunter les chemins alternatifs que le Seigneur nous montre, trouver les espaces adéquats où peuvent naître et grandir de nouveaux styles de réconciliation et de fraternité, faire de nos familles et de nos communautés les berceaux de l'avenir de la justice et de la paix, qui a déjà commencé avec la venue du Prince de la Paix. Il est vrai que nous sommes peu nombreux et peut-être même insignifiants dans les constellations du pouvoir et sur l'échiquier où se jouent les jeux d'intérêts économiques et politiques. Mais nous sommes, comme les bergers, le peuple auquel est destinée la joie de Noël et qui participe à la victoire pascale de l'Agneau.

    Nous nous sentons donc particulièrement interpellés par l'invitation que le Saint-Père a fait résonner il y a quelques heures pour toute l'Église, en franchissant le seuil de la Porte Sainte et en inaugurant ainsi le Jubilé 2025 : nous sommes des pèlerins de l'espérance. Nous, chrétiens, ne traversons pas l'histoire comme des touristes distraits et indifférents, ni comme des nomades sans but, ballottés au gré des événements. Nous sommes des pèlerins et, tout en connaissant et en partageant les joies et les travaux, les tristesses et les angoisses de nos compagnons de route, nous marchons vers le but qui est le Christ, la véritable Porte Sainte grande ouverte sur l'avenir de Dieu (cf. Jn 10,9). Nous osons croire que, depuis que le Verbe s'est fait chair, en toute chair et en tout temps, il continue à féconder l'histoire, en l'orientant vers la plénitude de la gloire. Ainsi, chers amis, cette année même, ici, il est encore plus logique d'écouter le chant des anges qui annoncent la joie de Noël ! En ce moment même, il est logique et beau de vivre l'Année Sainte du Seigneur, en fait, l'Année Sainte qui est le Seigneur ! Car ce chant n'est pas désaccordé, mais il rend les bruits de la guerre et la rhétorique vide des puissants désaccordés ! Ce chant n'est pas trop faible, mais il résonne puissamment dans les larmes de ceux qui souffrent, et il nous encourage à désarmer la vengeance par le pardon. Nous pouvons aussi être des pèlerins de l'espoir dans les rues et les maisons brisées de notre pays, car l'Agneau marche avec nous jusqu'au trône de la Jérusalem céleste.

    Dans la tempête, une foi sûre
    L'année du jubilé, selon la tradition biblique, est une année spéciale au cours de laquelle les prisonniers sont libérés, les dettes sont annulées, les biens sont restaurés et même la terre se repose. C'est une année où l'on fait l'expérience de la réconciliation avec son prochain, où l'on vit en paix avec tous et où l'on promeut la justice. C'est une année de renouveau spirituel, personnel et communautaire. Cela se produit parce que, avec le jubilé, c'est Dieu qui, le premier, annule toutes les dettes avec nous. C'est l'année de la réconciliation entre Dieu et l'homme, où tout est renouvelé. Et Dieu veut que cette réconciliation s'achève dans le renouvellement de la vie et des relations entre les hommes. Tel est mon souhait pour notre Terre sainte, qui a besoin plus que quiconque d'un véritable jubilé. Nous avons besoin d'un nouveau départ dans tous les domaines de la vie, d'une nouvelle vision, du courage de regarder l'avenir avec espérance, sans se laisser aller au langage de la violence et de la haine qui, au contraire, ferme toute possibilité d'avenir. Que nos communautés connaissent un véritable renouveau spirituel. Qu'il y ait aussi ce nouveau départ pour nous en Terre Sainte : que les dettes soient remises, que les prisonniers soient libérés, que les biens soient restitués, et que des voies sérieuses et crédibles de réconciliation et de pardon, sans lesquelles il n'y aura jamais de paix véritable, s'ouvrent vraiment avec courage et détermination.

    Je tiens à remercier nos frères de Gaza, que j'ai pu rencontrer à nouveau récemment. Je vous renouvelle, chers frères et sœurs, nos prières, notre proximité et notre solidarité. Vous n'êtes pas seuls. Vous êtes vraiment un signe visible d'espoir au milieu du désastre de la destruction totale qui vous entoure. Mais vous n'êtes pas détruits, vous êtes toujours unis, fermes dans l'espoir. Merci pour votre merveilleux témoignage de force et de paix !

    Mes pensées vont également à vos chers frères et sœurs de Bethléem. Cette année aussi a été un triste Noël pour vous, marqué par l'insécurité, la pauvreté et la violence. Le jour le plus important pour vous est vécu une fois de plus dans la fatigue et dans l'attente de jours meilleurs. À vous aussi, je dis : courage ! Ne perdons pas espoir. Renouvelons notre confiance en Dieu. Il ne nous laisse jamais seuls. Et ici, à Bethléem, nous célébrons le Dieu-avec-nous et le lieu où il s'est fait connaître. Courage. Nous voulons qu'ici retentisse la même proclamation de paix qu'il y a deux mille ans pour le monde entier !

    Alors, avec les bergers, allons voir encore et encore cet événement que le Seigneur nous a fait connaître. Célébrons aussi Noël avec les signes extérieurs de la fête, car un Enfant est né pour nous et a rempli d'espérance l'histoire et le monde entier. Il a transformé la douleur en accouchement et nous a donné à tous la possibilité d'anticiper l'aube d'un monde nouveau !

  • Quand Mgr Léonard appelait à prier pour les chrétiens de Syrie "menacés"

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    Sans titre.pngL'homélie est publiée sur le site de la RTBF :

    Mgr Léonard appelle à prier pour les chrétiens de Syrie "menacés"

    L'archevêque de Malines-Bruxelles André-Joseph Léonard a consacré son homélie de Noël aux chrétiens d'Orient, particulièrement ceux de Syrie, "frères et sœurs dans la foi gravement menacés, voire franchement persécutés". Voici le texte de son homélie, de ce 25 décembre 2013 à Malines et à Bruxelles.

    Par quelle magie se fait-il que, chaque année, même dans notre monde sécularisé, la fête de Noël touche les coeurs ? Le folklore lié à cette fête, les sapins, les retrouvailles familiales y sont pour quelque chose. Mais, même si c’est souvent refoulé dans l’inconscient, les gens savent encore qu’il s’agissait de l’anniversaire d’une naissance. C’est d’ailleurs la signification du mot : "Noël" est la déformation de "natal". Nous y célébrons la "nativité", le jour "natal" de Jésus.

    Ce ne peut qu’être source d’émerveillement. L’émerveillement que l’amour de Dieu pour nous soit si grand qu’il ait voulu devenir lui-même un homme parmi les hommes, un homme parmi nous. Et d’abord un enfant. Le Fils de Dieu en et par lequel l’univers entier fut créé, a été comme nous un minuscule embryon, un simple foetus dans le sein de sa mère, avant de naître à Bethléem et d’être déposé dans une mangeoire pour animaux.

    Pourquoi s’est-il fait si petit, un petit enfant totalement dépendant de son entourage ? Pourquoi sinon pour que, devant lui, nous ne perdions pas la face, malgré notre petitesse ? Et nous savons qu’après l’humilité déconcertante de sa naissance viendra l’effrayante humiliation de sa mort en croix, entre deux brigands, dans le silence de Dieu. Pourquoi un tel abaissement, une telle solitude ? Pourquoi sinon pour que même le plus grand pécheur n’ait pas peur de s’approcher de lui ? Ne craignons donc pas de venir à lui, tels que nous sommes, en ce jour de Noël. Il nous réservera un accueil au-delà de toute espérance.

    Il est de tradition qu’en cette fête familiale, notre pensée, notre prière et notre engagement se tournent vers les plus fragiles de nos frères et soeurs en humanité. Cette année, je vous propose de tourner votre coeur vers nos frères et soeurs dans la foi, gravement menacés, voire franchement persécutés, en Syrie et en plusieurs autres pays où pourtant ils sont présents depuis parfois près de vingt siècles, tels que, par exemple, l’Irak ou l’Égypte.

    Dans nos pays sécularisés, beaucoup de baptisés prétendent avoir la foi, mais sans la pratiquer. Entendons le cri de ceux pour qui la pratique de leur foi implique quotidiennement une menace de mort. Je vous voudrais répercuter ici le cri de Mgr Samir Nassar, archevêque maronite de Damas, publié sous le titre : "Le bruit infernal de la guerre étouffe le Gloria des anges" : "La Syrie en ce Noël ressemble le mieux à une crèche : une étable ouverte sans porte, froide, démunie et si pauvre… L’enfant Jésus ne manque pas de compagnons en Syrie… Des milliers d’enfants qui ont perdu leurs maisons vivent sous des tentes aussi pauvres que la crèche de Bethléem… Les enfants syriens abandonnés et marqués par les scènes de violences souhaitent même être à la place de Jésus qui a toujours Marie et Joseph qui l’entourent et le chérissent… Ce sentiment d’amertume est bien visible dans les yeux des enfants syriens, leurs larmes et leur silence… Certains envient même l’Enfant divin parce qu’il a trouvé cette étable pour naître et s’abriter alors que certains de ces malheureux enfants syriens sont nés sous les bombes ou sur la route de l’exode."

    Je pourrais poursuivre la citation. Et celle d’autres confrères évêques, comme Mgr Warduni, évêque auxiliaire à Bagdad. Mais je me limite à ceci. Ne restons plus indifférents en Occident à tant de frères et soeurs chrétiens qui sont discriminés, menacés, persécutés, qui doivent quitter leur patrie pour assurer la sécurité de leur famille et, par cette émigration, affaiblissent encore la position de leur frères dans leur pays d’origine.

    Et n’oublions pas que, depuis que nous sommes confortablement rassemblés dans cette cathédrale, 5 ou 6 de nos frères dans la foi sont morts de mort violente à cause de leur foi en Jésus. Il en tombe, en moyenne, un toutes les cinq minutes. Par amour de l’enfant Jésus dans la crèche, portons-les dans notre prière et attirons sur eux l’intérêt de nos médias. Amen.

    André-Joseph Léonard

    Archevêque de Malines-Bruxelles

  • Que devons-nous faire ? (3e dimanche de l'Avent)

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    L'homélie (archive 2009) du Père Joseph-Marie Verlinde fsJ (homelies.fr) :

    Les foules se pressent autour de Jean en réponse à son appel à la conversion. Ils l’assaillent de questions, lui demandant « ce qu’il leur faut faire ». On ne demande pas à Jean ce qu’il faut croire ou penser, mais ce qu’il faut faire. Or le Précurseur n’exige rien de ce que nous nous attendions à entendre : pénitence, ascèse, exercices de piété. A tous il demande seulement de partager nourriture et vêtement avec celui qui en a besoin. Autrement dit, il demande à chacun de nous de reconnaître que nous ne sommes pas seuls, et que cet autre à côté de moi, m’oblige par sa seule présence à m’intéresser à lui, et à pourvoir - dans la mesure de mes possibilités - à ses besoins élémentaires.

    Dans la foule, des personnages particuliers se détachent : collecteurs d’impôts et soldats. Jean leur impose à nouveau le même comportement en signe de conversion : ne pas faire de l’égoïsme le critère de leur action ; ne pas profiter de leur profession ou de leur pouvoir pour s’enrichir injustement. On est encore loin du sermon sur la Montagne, mais n’est ce pas déjà un signe de conversion au Royaume, que de ne plus faire de son « moi » sa seule raison de vivre ? Par ces règles qu’il donne à ceux qui veulent se préparer à la venue de Celui dont il a proclamé l’avènement imminent, Jean veut creuser le désir de cet Autre qui vient, en nous ouvrant à l’autre qui est déjà là.

    L’Evangile souligne l’efficacité de la méthode du Baptiste : « le peuple était en attente » ; sortir de nous-mêmes en prêtant attention à nos proches, est le meilleur moyen, hier comme aujourd’hui, pour nous préparer à la venue du Seigneur ; c’est même déjà l’accueillir dans ce frère qui m’est confié.

    Jean-Baptiste se défend d’être le Messie, mais ne décline pas son identité ; il s’efface derrière sa mission : il est envoyé uniquement pour donner forme à l’attente, en suscitant un « bain de conversion ». La parole « conversion » signifie en hébreu « retournement » : il s’agit de changer d’angle de vue, d’échelle de valeurs, de critères d’évaluation, en nous tournant vers quelqu’un de radicalement différent, porteur d’une nouveauté inouïe - c'est-à-dire : qui n’a jamais encore été entendue. C’est pourquoi Jean lui-même ne peut rien faire de plus qu’aiguiser son désir, creuser son attente de Celui qui est « plus puissant » que lui, et dont il ne se juge « pas digne de défaire la courroie de ses sandales ». Ce geste d’humilité du serviteur dénouant la chaussure de son maître à son retour de voyage, exprime la distance qui sépare le Précurseur de Jésus, et situe à leur juste place son message et son rite d’immersion.

    Celui qu’annonce le Précurseur va baptiser lui-aussi, mais ce sera « dans l’Esprit Saint et dans le feu ». Le mot que l’on traduit par « esprit » signifie d’abord « vent, souffle » en grec. Probablement le Baptiste présente-t-il le Juge qui vient comme un vanneur qui bat son blé en plein vent pour séparer le grain de la balle, cette dernière étant vouée au feu. Ce faisant, il agit en tant que propriétaire : l’aire qu’il nettoie est sienne ; il se prépare à engranger le fruit de sa moisson. Celui-qui-vient vient donc en réalité chez lui. Nous qui pensions être chez nous ici bas, nous découvrons que nous sommes en réalité chez lui, mais nous n’en savions rien ; un peu comme Jacob qui découvre à sa plus grande stupéfaction, que la terre qu’il foule est sainte, puisqu’il s’agit de « la maison de Dieu et de la porte du ciel » (Gn 28, 17-19).

    Dieu est mystérieusement présent à notre monde sans que nous le sachions. Aussi le véritable travail de conversion auquel nous sommes invités en ce temps de l’Avent, consiste-t-il à découvrir - dévoiler - la présence cachée de l’Emmanuel, à l’accueillir, et par le fait même à le faire advenir (adventus : avent) en nos vies.

    Il reste cependant encore à clarifier l’action de Celui-qui-vient, car la description qu’en donne le Précurseur est pour le moins inquiétante. Il nous faut donc trouver les clés de lecture appropriées.
    Les gestes qu’il va accomplir sont tous des actes de séparation : de même qu’au commencement, Dieu crée en séparant, cette nouvelle intervention divine s’annonce comme une action re-créatrice. Dieu tire un monde nouveau de l’ancien monde retourné au chaos, en séparant les éléments qui étaient conjoints durant le processus de croissance – la paille et le grain – mais qu’il est temps de séparer et de consigner à leur place respective.

    La paille qui ne s’est pas envolée avec le vent, est destinée au feu : dans les deux cas, il n’en restera rien ; son rôle n’était que passager : elle n’a pas de consistance, pas de poids, pas de valeur durable. Par contre le blé ainsi purifié de la balle, sera amassé – on peut traduire « rassemblé » – dans le grenier du propriétaire.

    Telle est la Bonne Nouvelle : tout ce qui dans nos vies a été préparation, apprentissage, avec tout ce que cela comporte d’essais infructueux, d’erreurs, d’échecs, mais aussi de péchés, tout cela disparaîtra. Seul le bon grain caché au cœur de nos existences souvent enlisées dans bien des préoccupations nécessaires mais éphémères, seul le fruit de nos efforts désintéressés accomplis pour les autres - seuls nos partages fraternels du vêtement et de la nourriture avec ceux qui en ont besoin - seront engrangés dans les demeures éternelles, où nous partagerons avec tous nos frères, l’unique pain qui résultera de cette moisson universelle.

    De même qu’au matin de Pâque, le Seigneur Ressuscité demande à ses disciples redevenus pécheurs, de tirer à terre le fruit de leur pêche pour la partager avec eux (Jn 21), ainsi fera-t-il au terme de notre vie, rompant pour nous et avec nous le pain des bonnes œuvres qu’il aura lui-même accomplies en nous par son Esprit, dans une commensalité qui sera notre joie éternelle.

    Dans chaque Eucharistie nous anticipons ce repas eschatologique. Nous offrons à Dieu le pain, « fruit de la terre et du travail des hommes » (Prière d’offrande), et il nous le rend en Pain de la vie éternelle (cf. Jn 6, 51) ; pain qui nous sanctifie et qui fait notre unité en nous unissant en un seul Corps : le Corps du Christ ressuscité, présent et agissant au milieu de nous, source de notre paix et de notre joie (2nd lect.), comme nous le rappelle ce dimanche du « gaudete ».

    C’est à nous qui avons le bonheur de participer à cette Eucharistie, que s’adresse l’exhortation du prophète Sophonie entendue en première lecture :

    « Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Éclate en ovations, Israël !
    Réjouis-toi, tressaille d'allégresse, fille de Jérusalem !
    Le roi d'Israël, le Seigneur ton Dieu est en toi, c'est lui, le héros qui apporte le salut.
    Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ;
    il dansera pour toi avec des cris de joie, comme aux jours de fête » (1ère lect.).

    Père Joseph-Marie

  • Le Nicaragua est devenu une dictature anti-chrétienne

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    De l'ECLJ :

    Le Nicaragua est devenu une dictature anti-chrétienne.

    Depuis 2018, le président Daniel Ortega a instauré un régime répressif de plus en plus intraitable. Les opposants politiques au gouvernement sandiniste sont réduits au silence, jetés en prison ou expulsés, déchus de leur nationalité, tandis que des centaines de milliers de Nicaraguayens ont fui le pays.

    Les catholiques, et le clergé en particulier, sont devenus des cibles privilégiées du régime.

    Le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), qui agit depuis plus de 25 ans auprès des institutions internationales pour défendre et promouvoir la liberté religieuse dans le monde, publie aujourd’hui un rapport dénonçant La persécution des chrétiens au Nicaragua:

    La persécution des chrétiens au Nicaragua 

    Ce nouveau rapport expose objectivement cette persécution, qualifiée de “crime contre l’humanité” par des experts des Nations unies.

    ­Lire le rapport complet:

    "La persécution des chrétiens au Nicaragua"

    Une guerre culturelle et spirituelle contre les chrétiens

    Plus de 870 attaques contre l’Église catholique ont été recensées depuis 2018. Ces actions comprennent des agressions physiques, des fermetures forcées de lieux de culte, des détentions arbitraires de membres du clergé et des confiscations de propriétés religieuses.

    Le cas de Monseigneur Rolando Álvarez, évêque de Matagalpa, illustre la violence du régime. Emprisonné en août 2022, il a été condamné à 26 ans de prison après avoir refusé l’exil. Libéré en janvier 2024, il est déchu de sa nationalité et expulsé au Vatican, après 17 mois de détention. Il demeure une figure de la résistance chrétienne face à l’oppression. Plus de 245 membres du clergé ont déjà été exilés, tandis que d’autres sont détenus arbitrairement dans les prisons, privant les fidèles de leurs pasteurs.

    En plus de la violence physique, le régime d’Ortega mène une guerre culturelle et spirituelle. 

    En août 2023, l’Université d’Amérique centrale, dirigée par les Jésuites, a été confisquée par le gouvernement, tout comme le monastère Santa María de la Paz. Les manifestations religieuses, comme les processions de la Semaine Sainte, ont été massivement interdites. 

    Entre 2022 et 2024, plus de 5 000 processions ont été annulées par les autorités, marquant la volonté du gouvernement d’effacer les traditions chrétiennes du paysage national. Les malades et les mourants ne sont pas épargnés: interdiction est faite aux prêtres d’administrer les sacrements dans les hôpitaux.

    Des associations caritatives internationales, comme Caritas International, l’Agence catholique pour le développement d’outre-mer, ou encore Christian Aid et Compassion International, ont été dissoutes et interdites par le gouvernement, privant ainsi les Nicaraguayens de l’aide humanitaire qu’elles offraient. 

    La liberté de la presse n’est pas en reste: au moins 54 médias, dont 22 médias chrétiens, ont été censurés et environ 280 journalistes sont actuellement exilés, etc.

    L’urgence d’agir au soutien des chrétiens persécutés du Nicaragua

    Cette persécution s’inscrit dans une stratégie de propagande soigneusement orchestrée par le régime Ortega pour affaiblir l’Église et porter atteinte à sa réputation. Les autorités multiplient les discours qualifiant les prêtres et les évêques de « putschistes » ou d’ennemis de l’État, pour présenter l’Église comme une menace pour la sécurité nationale. Ces accusations s’accompagnent de campagnes de diffamation publique créant un climat de haine.

    Le rapport de l’ECLJ met en évidence la relative inaction de la communauté internationale face à cette crise. Bien que des sanctions ciblées aient été imposées par les États-Unis et l’Union européenne, leur impact reste limité. Pendant ce temps, le Nicaragua renforce ses alliances avec la Russie et la Chine, contournant les pressions occidentales tout en intensifiant sa répression interne. En même temps, le Nicaragua exerce une pression migratoire sur les États-Unis, en facilitant le transit des migrants contre le paiement de taxes qui viennent enrichir le régime.

    Nous ne pouvons rester silencieux face à cette persécution contre les chrétiens par un régime de plus en plus dictatorial. Il faut faire connaître et dénoncer ces atteintes, puis agir auprès des instances internationales pour que le régime en place au Nicaragua ressente la pression internationale. C’est ce que l’ECLJ s’engage à faire aujourd’hui.

    Il faut imposer des sanctions efficaces, offrir une protection accrue aux exilés et engager des poursuites judiciaires contre les responsables de ces crimes. Il est également essentiel de fournir un soutien humanitaire direct aux communautés chrétiennes, qui incarnent une résistance courageuse face à la dictature et aux persécutions.

    Il faut aussi prier. Prier pour l’Église qui souffre de tant de persécutions dans le monde, alors qu’elle veut seulement aimer Dieu et son prochain.

    Nous ne pouvons pas nous résigner à tant de persécutions.

    Pour cela nous vous invitons à lire et partager ce rapport et à signer notre pétition contre la persécution des chrétiens pour soutenir notre action institutionnelle.

  • Les bénédictines de Liège vous invitent à leur Marché de Noël (jusqu'au 26 décembre)

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  • C'est demain ! Invitation vernissage et exposition de peintures au profit de KTO Belgique

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    Chers amis de KTO Belgique,

    Le vernissage de cette belle exposition est dans 2 jours !

    Il sera suivi de 3 jours d'exposition pendant lesquels vous pourrez choisir des cadeaux de Noël ou vous offrir des tableaux, cartes de voeux, sets de table… et soutenir KTO Belgique par la même occasion !

    Retrouvez toutes les informations ci-dessous, nous nous réjouissons de vous y retrouver et de faire plus ample connaissance autour d'un verre !

    À jeudi !

    Philippe Le Hodey                                Lambertine de Béthune

    Président de KTO Belgique                    Directrice

    Invitation vernissage KTO Belgique du 28.11.24 au 01.12.24

    Venez y découvrir de jolies peintures,
    des sets de tables élégants, des cartes de voeux !

    Une belle occasion pour trouver vos cadeaux de Noël originaux tout en soutenant KTO Belgique.

    boulevard saint michel 24, Bruxelles
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