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Rechercher : Deux trois pas au livre de Job

  • Béatification de trois infirmières tuées pendant la guerre d’Espagne

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    De Vatican News (Mireia Bonilla) :

    Béatification de trois infirmières tuées pendant la guerre d’Espagne

    Dans la province de Léon, au nord-ouest de l’Espagne, sont béatifiés ce 29 mai trois infirmières laïques volontaires, assassinées en haine de la foi en 1936, pendant la guerre civile espagnole, après avoir subis sévices et humiliations. Elles sont présentées aujourd’hui comme un modèle de foi et de charité.

    Pilar Gullon Yturriaga, Olga Pérez-Monteserin, Octavia Iglesias Blanco : toutes trois, âgées respectivement de 25, 23 et 41 ans au moment de leur mort, sont désormais bienheureuses, et entrent dans le cortège des martyrs. La messe de leur béatification s’est tenue ce samedi 29 mai en la cathédrale d’Astorga (Léon), en étant présidée par le préfet de la Congrégation pour les causes des saints, le cardinal Marcello Semeraro.

    Le service des malades et la croix de la persécution

    Ces trois espagnoles ont été unies jusqu’à la mort à partir du 8 octobre 1936, en pleine guerre d’Espagne, lorsqu’elles commencèrent à servir comme infirmières bénévoles de la Croix-Rouge à l'hôpital Puerto de Somiedo, dans les Asturies, où étaient soignés des blessés. Toutes trois avaient ardemment désiré s’engager pour soulager les souffrances de leur peuple et mettre leurs convictions religieuses au service du pays, en tant que laïques. Ainsi, Pilar et Octavia, cousines éloignées, faisaient également partie – sans y assurer de charge particulière - d’Acción Popular, formation politique promue par le cardinal-archevêque de Tolède Pedro Segura et guidée par la pensée d'Ángel Herrera Oria, également évêque et cardinal par la suite.

    L’hôpital de Somiedo, à cent vingt kilomètres d'Astorga, avait une position stratégique : il se trouvait à la frontière entre les Asturies, sous contrôle républicain, et León, soumis à l'Armée nationale.

    Dans l'hôpital, les blessés des deux camps étaient pris en charge sans distinction. Les équipes d'infirmières avaient des tours de travail de huit jours ; cependant, à la fin de leur premier tours, Pilar et ses compagnes choisissent volontairement de rester.

    Le 27 octobre, «le territoire où se trouvait l'hôpital a été reconquis par l'armée républicaine, explique à Vatican News Mgr Jesús Fernández, actuel évêque d’Astorga. Elles auraient pu s'enfuir, mais ils ne l'ont pas fait parce qu'elles voulaient rester aux côtés des blessés, les soigner. Elles ont été faites prisonnières et après une nuit de pressions, d'abus, pour essayer de forcer leur volonté et les faire renoncer à leur foi, elles sont malgré tout restés fermes dans leur foi en Jésus-Christ et ont donné leur vie vers midi, le 28 octobre 1936». Les trois infirmières avaient été emmené dans une prairie située à l’extérieur de la ville, où elles furent fusillées avec d’autres condamnés. Les miliciens se partagèrent leurs vêtements, dont elles avaient été auparavant dépouillées. Les corps restèrent toute une journée sur le lieu de l'exécution et furent enterrés de nuit dans une fosse commune creusée par des habitants, contraints par les miliciens.

    Les restes mortels des trois bienheureuses se trouvent aujourd’hui dans la cathédrale d’Astorga. (...)

  • Trois pièces du répertoire grégorien en l'honneur de la Sainte Trinité

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    Gloria tibi Trinitas
    Aequalis una Deitas
    Et ante omnia saecula
    Et nunc et in perpetuum

    O lux beata Trinitas
    et principals Unitas,
    iam sol recedit igneus :
    infunde lumen cordibus.

    Lumière, heureuse Trinité
    qui es souveraine Unité,
    quand l'astre de feu se retire,
    répands en nos cœurs ta clarté.

    Te mane laudum carmine,
    te deprecemur vespere ;
    te nostra supplex gloria
    per cuncta laudet saecula.

    A toi nos hymnes du matin,
    à toi nos cantiques du soir,
    à toi, pour les siècles des siècles,
    la prière de notre gloire.

  • Le corps de Jésus reconstitué en trois dimensions à partir du Saint Suaire

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    De Caroline Becker sur aleteia.org :

    Un corps de Jésus en 3D réalisé à partir du Saint Suaire

    RECONSTRUCTED CHRIST

    Un modèle en trois dimensions de l'homme des douleurs, réalisé à partir du Saint-Suaire, est actuellement présenté à Padoue. Le résultat de deux années de travail.

    Le Saint Suaire de Turin n’en finit pas de passionner les historiens et les scientifiques. Ce drap en lin, conservé dans la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Turin, a servi à envelopper le corps d’un crucifié, considéré depuis des siècles comme celui du Christ. Sa particularité ? L’image de l’homme et ses blessures ont été « imprimées » sur le linge et les tâches ne sont pas sans rappeler les souffrances du Christ : couronne d’épines, flagellation, blessure de lance dans la poitrine, clous dans les mains. Quasiment invisible à l’oeil nu, l’image apparaît avec précision en négatif.

    Lire aussi : Monnaies du linceul de Turin : les questions qui subsistent

    « Le Suaire reste un défi pour la science », a confié Paolo Di Lazaro, à Vaticannews, directeur adjoint du Centre international de sindonologie, institution spécialisée dans les recherches relatives au Saint-Suaire. Après deux ans de travail entre l’Université et l’hôpital de Padoue, supervisé par le professeur Giulio Fanti, les chercheurs ont pu élaborer un corps en trois dimensions.

    © P.M WYSOCKI / LUMIÈRE DU MONDE

    Un phénomène encore inexpliqué

    Si les informations laissées par le Saint-Suaire ont permis de proposer un « portrait » entier de l’homme des douleurs, les études n’ont pas encore expliqué comment ce corps, si tourmenté, avait pu sortir de son linge sans laisser de traces de sang. Pourquoi les marques et les blessures engendrées par la crucifixion ont pu s’imprimer mais les traces, attendues par la médecine quelques heures après la mort, ne sont pas présentes ? Cette mystérieuse « impression » reste de nos jours irrésolue et les scientifiques ne sont toujours pas capables, avec les technologies actuelles, de réaliser le même résultat.

    Le linceul à la lumière de la foi

    Pour les croyants, ce phénomène inexpliqué serait le signe de la Résurrection du Christ. L’archevêque émérite de Turin, Severino Poletto, avait déclaré en 2010 : « Devant nous, l’image, silencieuse mais fortement éloquente, d’un homme crucifié, qui présente toutes les caractéristiques de la violence subie par le corps de Jésus durant sa Passion, telles que les décrivent les Évangiles. Nous savons que notre foi n’est pas fondée sur le linceul, mais bien sur les Évangiles et le témoignage des apôtres. L’Église n’a pas la compétence scientifique pour se prononcer sur son authenticité. Mais ce tissu est une aide précieuse à la foi et à la prière des croyants. »

    En images : ces reliques attribuées à Jésus

    CROWN OF THORNS

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  • Le regard de Mgr Vingt-Trois sur la crise que nous vivons

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    Du site de l'Eglise catholique à Paris :

    « La vulnérabilité est la première leçon de cette crise »

    Paris Notre-Dame – 2 avril 2020

    Le monde s’enlise dans la pandémie du Covid-19. Tout est bloqué, le nombre de morts ne cesse d’augmenter, les hôpitaux sont saturés. Tout porterait au désespoir. Pas pour le cardinal André Vingt-Trois, archevêque émérite de Paris, qui offre son regard sur une crise sanitaire qui pourrait être, selon lui, l’occasion d’un sursaut de responsabilisation et de conscience face à un mode de vie et un système économique et social exsangues.

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    Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque émérite de Paris.
    © Karine Dalle

    Propos recueillis par Isabelle Demangeat @LaZaab

    Paris Notre-Dame – Un simple virus terrasse toute l’humanité, y compris l’homme occidental qui se montrait omnipotent. Comment l’interpréter ?

    Mgr André Vingt-Trois – Il y a eu la Chine, puis l’Italie. Et cette tendance à penser que cela n’arriverait pas en France. Aujourd’hui, tout le monde est concerné. Il n’y a plus de compétition ou de concurrence, mais un sort commun. Cette vulnérabilité est la première leçon de cette crise. La vulnérabilité des individus qui peuvent être contaminés sans même en avoir conscience, la vulnérabilité du système économique mondial, et, en ce qui concerne les pays occidentaux, la vulnérabilité d’un mode de vie. Nous sommes amenés à vivre ce moment à travers le confinement, c’est-à-dire à travers la suppression d’un nombre considérable d’éléments de notre vie qui nous semblaient aller de soi alors qu’ils étaient fondés sur une inégalité de répartition des richesses. Ce déséquilibre économique et social, qui était notre équilibre, est en train de s’effondrer.

    P. N.-D. – Pour continuer à vivre, il faut s’arrêter. Une aberration pour un système fondé sur la croissance. N’est-ce pas le symptôme que ce système est invivable ?

    A. V.-T. – Tout à fait. La Première guerre mondiale a été la fin du mythe du salut par le progrès scientifique tel qu’il s’était élaboré au XIXe. Le XXe siècle a élaboré son propre mythe du progrès, un progrès économique fondé sur la croissance appuyée sur la consommation. Ce système de développement permanent de la consommation s’inscrit dans la perspective que l’univers est illimité. Nous voyons bien, aujourd’hui, à travers cette crise sanitaire, la difficulté de notre société à prendre conscience que les ressources ne sont pas illimitées. Qu’il faut les économiser, ne pas les gaspiller, et, les partager. Cette crise impose un certain dénuement, de relations, de loisirs, d’activités. Ce dénuement nous force à reprendre en considération des aspects de l’existence auxquels plus personne ne pensait. Des choses qui tiennent à la vie, à la mort, à la santé, à la précarité de nos relations affectives, de nos relations sociales. René Descartes disait qu’il fallait s’enfermer dans sa chambre pour pouvoir penser. Pour prendre une référence chrétienne, nous sommes en train de vivre un Carême de réalité et non plus un Carême d’intention. Débarrassés d’un certain nombre de divertissements, les conditions nous sont plus favorables pour nous recentrer sur l’essentiel de notre vie.

    P. N.-D. – Ne pouvons-nous pas voir dans cette crise mondiale un avertissement prophétique ?

    A. V.-T. – Les avertissements prophétiques ne sont prophétiques que pour ceux qui croient aux prophètes ! Le prophète ne dit-il pas précisément : « Ils ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas ! » (Jérémie 5, 21) ? Le système dans lequel nous vivions était un système paradoxal. D’un côté, il exaltait la dimension universelle et internationale ; de l’autre, il ne tenait compte que de l’individu. C’était l’individu versus le monde entier. Or, on comprend aujourd’hui que l’individu n’est pas le summum de l’existence humaine. L’individu ne peut vivre que s’il est dans un système de relations et donc dans un système de solidarité avec le monde. Celle-ci ne consiste pas à déporter le travail à l’endroit où il est le moins cher. Mais bien à reprendre conscience de nos solidarités immédiates, de reprendre conscience qu’une nation n’est pas simplement une somme d’individus indépendants les uns des autres, mais bien une collectivité dans laquelle tous dépendent de tous. La question posée aux jeunes adultes d’aujourd’hui est : qu’allez-vous rechercher ? La situation la plus profitable pour vous ? Ou bien le désir de faire entrer, d’une façon ou d’une autre dans l’élaboration de votre projet, la question du service des autres ?

    P. N.-D. – Comment vivre au mieux cet événement, sans le fuir mais l’accueillir pleinement ?

    A. V.-T. – Comme tous les événements de notre vie. Ou bien nous vivons dans un univers clos sur lui-même. Ou bien nous vivons dans un univers qui se réfère à quelqu’un. S’il n’y a personne, si Dieu n’existe pas, nous n’avons alors pas d’autre horizon que le petit univers que nous connaissons. Chaque événement qui perturbe ou abime notre petite vision du monde devient alors toujours une catastrophe mortelle. Mais si nous considérons, dans la foi, que cet univers a été donné à l’homme pour qu’il en fasse un usage positif, alors il nous faut rechercher comment ce qui arrive peut être un chemin et un appel. Pour un certain nombre de personnes, la crise sanitaire actuelle est l’occasion d’un réveil. On redécouvre les relations de voisinage, de solidarité. On reprend conscience que, dans notre société, des personnes exercent une profession non simplement pour leur propre profit mais pour le service des autres. Je pense aux éboueurs, aux caissiers, au personnel soignant…

    P. N.-D. – En tant que chrétiens, nous n’avons plus accès aux sacrements. Est-ce un désert spirituel à vivre ou une purification de notre manière de croire ?

    A. V.-T. – La grâce de Dieu n’est pas limitée par les sacrements. La grâce de Dieu réside dans la profusion de son amour. Cette privation est peut-être l’occasion de reprendre conscience que les sacrements ne sont pas des rites sociaux que l’on fait par habitude mais vraiment une rencontre avec Dieu. Si elle n’a plus le support visible des signes liturgiques, sa réalité demeure.

    P. N.-D. – Comment rendre ce moment fécond pour l’avenir ?

    A. V.-T. – L’un des chemins est de prendre conscience qu’il existe une hiérarchie entre les valeurs. Une hiérarchie entre les activités auxquelles on consacre beaucoup de temps et d’argent. C’est peut-être une opportunité pour ne pas renouer avec le mode de vie précédent. Je pense à quelque chose. Beaucoup de familles vivaient avec des activités complètement dissociées. Une génération d’un côté ; une autre, de l’autre. Un époux d’un côté ; l’autre, de l’autre. Tout le monde était surbooké. Peut-être est-ce l’occasion de redécouvrir que la vie de famille est un moment fort, plus important que ce qu’on peut faire ailleurs ? Et pour ceux qui sont seuls ? Vous savez, nous ne sommes jamais seuls. Nous avons tous un monde intérieur. Un monde culturel de lectures, de musiques. Un monde où notre isolement peut devenir un espace de communication nouveau avec Dieu et avec les autres.

  • Une interview du cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris

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    Lu sur "Riposte catholique" :

    Le pape, je ne trouve pas qu’il est moderniste

    En ce dimanche de Pâques, l’archevêque de Paris, le cardinal Vingt-Trois répond longuement au Parisien. Extraits :

    « […] L’Eglise a-t-elle un rôle à jouer dans la lutte contre les phénomènes de radicalisation ?

    Le véritable combat, c’est : Comment désarmer ou désamorcer les pulsions violentes du salafisme ? Cela ne se fera pas par une guerre des religions, donc l’Eglise ne cherche pas un ennemi à combattre : il faut développer au maximum des relations avec des musulmans de façon à ce que la réflexion telle que nous la pratiquons dans nos traditions chrétiennes – l’association de l’intelligence à la démarche de foi – soit un soutien pour les musulmans qui essayent de se dégager de ce courant salafiste. Tous les efforts qui peuvent être entrepris pour introduire une vision critique à l’intérieur de cette mouvance doivent être encouragés. […]

    L’archevêque de Lyon, Mgr Barbarin, est actuellement dans la tourmente pour avoir laissé en fonction des prêtres soupçonnés de pédophilie et d’agressions sexuelles. Lui apportez-vous votre soutien ?

    Je ne suis pas le juge du cardinal Barbarin. Je lui apporte mon soutien parce que c’est mon frère, que j’ai confiance en lui et je pense que tout ce qu’il fait ou a fait dans sa responsabilité d’archevêque de Lyon a été significatif d’un engagement très fort dans la lutte contre la pédophilie. Et jusqu’à présent, du moins dans un régime démocratique, ça n’est pas l’opinion publique qui se substitue à la justice. […]

    Mgr Barbarin doit-il démissionner ?

    Il n’y a pas de raisons qu’il démissionne. […]

    Selon notre sondage paru dimanche dernier, 56% des Français ont une mauvaise image de l’Eglise…

    C’est bien possible, oui ! Et alors ? Vous me posez la question dans la semaine où Jésus a été arrêté, jugé et mis à mort. Je ne pense pas qu’il avait une très bonne image… Nous ne travaillons pas pour fabriquer notre image. Il n’est jamais agréable d’être mal perçus, mais ça n’est pas vraiment très nouveau.

    Contrairement à l’Eglise, les Français ont une très bonne image du pape François…

    Il ne fait pas partie de l’Eglise, lui ? Les journalistes ont construit un personnage, tant mieux. Moi, je peux dire que c’est d’abord profondément un homme de foi et de prière, un homme courageux qui ne recule pas devant des décisions difficiles.

    Est ce qu’il vous agace parfois ?

    Ce n’est pas de l’agacement, c’est plutôt un sentiment d’appréhension dans la mesure où toute une part de ce qu’on montre de lui est essentiellement médiatique. Or, tout ce qui est construit de façon médiatique est fragile, c’est à dire que ça peut se retourner en 24 heures.

    Il n’est pas tendre avec la curie et les cardinaux. Vous êtes-vous senti visé par ses attaques ?

    J’ai entendu un appel très fort à la conversion, un appel à mener une vie plus conforme à l’Evangile. Si vous êtes surpris que ça s’adresse aux cardinaux, ça signifie que vous imaginez que les cardinaux ne sont pas des chrétiens comme les autres ! Je n’y vois pas d’attaques particulières. C’est au contraire une provocation à mieux faire.

    Trouvez-vous ce pape trop moderniste ?

    Je ne trouve pas qu’il est moderniste du tout. Ce n’est pas parce qu’il a un comportement sud-américain qu’il est moderniste. Sa culture relationnelle, son estime pour la religion populaire, tout ça, c’est sa personnalité.

    Faites-vous partie de ses proches ?

    Je pense qu’il en a suffisamment, si j’en crois les rumeurs qui circulent : tout le monde est proche du pape. Je suis l’un de ses collaborateurs, mais on est 200, alors je ne suis pas forcément dans le premier cercle. […]

    Le monde a-t-il suffisamment pris conscience du drame subi par les chrétiens d’Orient ?

    Je ne crois pas du tout, mais ce n’est pas nouveau, parce que la situation difficile des chrétiens d’Orient ne remonte pas à l’année dernière, mais à plusieurs dizaines d’années. J’ai plaidé avec ma modeste voix, quand je suis allé à Jérusalem, pour dire que le soutien aux chrétiens d’Orient n’était pas une faveur confessionnelle, mais que c’était une condition de l’équilibre politique du Moyen-Orient. Si les chrétiens disparaissent de cette région, on laisse en face à face des ennemis irréconciliables. Cela suppose qu’on aide les chrétiens d’Orient non pas à venir en France même si ça peut être le cas dans certaines circonstances, mais qu’on les aide à rester. C’est pour ça que la conférence épiscopale de France s’est engagée à financer un plan pour des étudiants à Kirkouk en Irak. »

  • Vingt-trois martyrs reconnus et de nouvelles béatifications en vue

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    "Recevant en audience, jeudi 1er décembre, le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation des causes des saints, le pape François l’a autorisé à publier les décrets reconnaissant le martyre de vingt-trois serviteurs et de Dieu et le miracle attribué à l’intercession d’un quatrième, ouvrant ainsi la voie à leur prochaine béatification.

    Le pape a ainsi autorisé la Congrégation des causes des saints à reconnaître le martyre de :

    • Mgr Teofilius Matulionis (1873-1962), archevêque-évêque de Kaišiadorys (Lituanie), mort après 26 ans de goulag soviétique ;
    • le P. Vincente Queralt Lloret (1894-1936), prêtre lazariste espagnol, et ses 20 compagnons (dont 6 autres prêtres lazaristes, 5 prêtres diocésains, deux religieuses Filles de la Charité et 7 laïcs vincentiens), tués pendant la Guerre civile espagnole entre 1936 et 1937 ;
    • le P. Stanley Francis Rother (1935-1981), prêtre du diocèse de Tulsa (Oklahoma, États-Unis), assassiné au Guatemala par un escadron de la mort. Il devient ainsi le tout premier martyr des États-Unis.

    Le pape François a aussi reconnu un miracle attribué à l’intercession du P. Giovanni Schiavo (1903-1967), prêtre italien de la Congrégation de Saint-Joseph, missionnaire au Brésil.

    Huit « vénérables »

    Enfin, le pape a autorisé la Congrégation des causes des saints à reconnaître les vertus héroïques de huit serviteurs de Dieu, qui ne pourront être béatifiés qu’après la reconnaissance d’un miracle attribué à leur intercession :

    • le cardinal Guglielmo Massaia (1809-1899), capucin italien, ancien missionnaire en Ethiopie ;
    • le P. Nunzio Russo (1841-1906), prêtre du diocèse de Palerme (Italie), fondateur de la congrégation des Filles de la Croix ;
    • le P. José Bau Burguet (1867-1932), prêtre du diocèse de Valence (Espagne) ;
    • le P. Mario Ciceri (1900-1945), prêtre du diocèse de Milan (Italie) ;
    • Sœur Suzanne Aubert (1835-1926), religieuse française originaire de Saint-Symphorien-de-Lay (Loire) et missionnaire en Nouvelle-Zélande, fondatrice des Filles de Notre-Dame de la Compassion ;
    • Sœur Luz Casanova (1873-1949), religieuse espagnole, fondatrice des Dames apostoliques du Sacré-Cœur ;
    • Sœur Catherine-Aurélie Caouette (1833-1905), religieuse mystique canadienne, fondatrice des Sœurs adoratrices du Précieux Sang de l’Union de Saint-Hyacinthe ;
    • Sœur Leonia Nastał (1903-1940), religieuse polonaise des Petites servantes de la Bienheureuse Vierge Marie Immaculée."

    Source

  • Trois églises parisiennes victimes de tentatives d'incendies

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    De

    Paris : trois incendies allumés devant des églises en quelques jours

    Une enquête, confiée à la police judiciaire parisienne, a été ouverte pour « dégradations volontaires au moyen d’un engin incendiaire en raison de la religion ». Aucune interpellation n’a pour l’instant eu lieu.

    24 janvier 2023

    Qui est le mystérieux pyromane ? Le deuxième district de police judiciaire vient de se saisir des incendies dont sont la cible depuis quelques jours des églises parisiennes. Une enquête pour « dégradations volontaires au moyen d’un engin incendiaire en raison de la religion » vient d’être ouverte. Selon nos informations, deux édifices religieux de la capitale ont été dégradés récemment, dont l’un deux fois. Trois faits au total survenus à chaque fois au petit matin.

    L’église Notre-Dame-de-Fatima, située boulevard Sérurier à Paris (XIXe), a été touchée à deux reprises le 17 janvier et le 22 janvier. D’après une source proche de l’enquête, la porte de l’édifice aurait été aspergée d’un liquide inflammable. Un feu aurait ensuite été allumé à l’aide de journaux. L’incendie ne se serait pas propagé à l’intérieur du bâtiment.

    La troisième dégradation remonte au 18 janvier. Cette fois à l’église Saint-Martin-des-Champs, située rue Albert-Thomas à Paris (Xe). Un feu a été allumé avec des morceaux de bois devant la porte principale. Cette fois, les dégâts ont été plus importants. Le feu s’est en effet propagé à l’intérieur.

    Un homme filmé par la vidéosurveillance

    La réactivité de deux personnes avait permis que la situation ne vire au drame. « Cet incendie a été rapidement circonscrit grâce à la réactivité des étudiants logés dans l’église, avait fait savoir à ses paroissiens le père Stéphane-Paul Bentz. Réveillés par les alarmes incendie de leurs chambres, qui commençaient à être enfumées, ils ont appelé les pompiers. L’arrivée rapide des secours a mis fin rapidement au sinistre. »

    Selon le curé, « la vidéosurveillance atteste qu’un homme est venu peu avant 5 heures du matin et a déclenché [l’incendie] à l’aide d’un combustible apporté à dessein, vraisemblablement des hydrocarbures ». Le père Stéphane-Paul Bentz avait ensuite porté plainte au commissariat.

    « Cette dégradation aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour cette église, achevée en 1856, construite en pans de bois, explique Aleteia, le site d’actualités chrétien. En effet, Saint-Martin-des-Champs devait être à l’origine une église provisoire et fut construite avec des matériaux économiques, notamment du bois recouvert de stuc. Un tel acte aurait donc pu provoquer la destruction totale de l’édifice. L’église reste ouverte et l’accès se fait désormais par les portes latérales, précise la paroisse. »

    Selon nos informations, aucune interpellation n’avait encore eu lieu ce mardi matin. « Entre Notre-Dame-de-Fatima et Saint-Martin-des-Champs, le périmètre est relativement restreint, souligne pour sa part Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la mairie de Paris. Mais il est difficile de savoir s’il s’agit d’un auteur unique. Le mode de mise à feu n’est pas le même sur les deux sites. La police nationale enquête et nous restons très vigilants. »

  • Trois ordinations en vue dans l'archidiocèse de Malines-Bruxelles

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    De cathobel.be ( :

    Ordinations presbytérales de Cyril de Nazelle, Deiver David Gonzalez Arce et Thaddée Nzazi Ayavia Mbo

    Cyril de NAZELLE est de nationalité franco-belge, né à Paris le 27 janvier 1988, séminariste de l’archidiocèse de Malines-Bruxelles, membre de la communauté de l’Emmanuel. Il est le deuxième d’une famille de quatre enfants et a suivi son cursus scolaire à Bruxelles. Il a obtenu un master en sciences commerciales en 2012 et a travaillé une année.

    En 2014, il effectue une année de discernement (propédeutique) avec la communauté de l’Emmanuel à la Maison Saint-Joseph à Namur, suivie de deux années de formation en philosophie au Séminaire de Namur, résidant toujours à la Maison Saint-Joseph. En 2017, il est envoyé pour deux ans par la communauté de l’Emmanuel en mission, avec Fidesco, dans une paroisse d’un quartier pauvre de Salvador de Bahia au Brésil. Il y vit une belle expérience humaine et une grande ouverture au monde. Il entre en théologie en septembre 2019 au Grand Séminaire francophone à Namur. Il réalise un premier stage dans l’Unité pastorale d’Anderlecht avant de rejoindre, en septembre 2021, l’Unité pastorale Sainte-Croix d’Ixelles, où il a été ordonné diacre en vue du presbytérat par le cardinal Jozef De Kesel le 8 janvier 2023. Aujourd’hui, il a terminé sa formation au séminaire ainsi que la formation interreligieuse Emouna.

    Deiver David GONZALEZ ARCE est né le 23 décembre 1991 au Costa Rica. À l’adolescence, il écoute dans son village les catéchèses pour adultes du Chemin néocatéchuménal, qui donnent naissance à une communauté de personnes qui se laissent guider pour découvrir progressivement la richesse de leur baptême. Rapidement, dans cette communauté, il se rend compte que le Seigneur l’appelle à le suivre et il va au centre vocationnel, où à travers des rencontres avec des catéchistes et d’autres jeunes il commence à discerner sa vocation et à se préparer pour rentrer dans un séminaire, tout en continuant à fréquenter sa communauté néocatéchuménale.

    En 2011, alors qu’il était encore étudiant en informatique, il est envoyé en Belgique, au séminaire diocésain missionnaire international Redemptoris Mater de Malines-Bruxelles, alors situé à Limelette. Il y apprend d’abord le français pendant son année propédeutique, puis étudie la philosophie et la théologie au Studium Notre-Dame de Namur. Au cours de sa formation, en plus du stage dans la paroisse Saint-Jean-Baptiste à Wavre et le cheminement dans une communauté néocatéchuménale à Anvers, il aura aussi fait des expériences de mission d’évangélisation en France, au Pays-Bas et au Burkina Faso, pour terminer son dernier stage actuellement à Jette, où il a été ordonné diacre en vue du presbytérat par le cardinal Jozef De Kesel le dimanche 11 décembre 2022.

    Thaddée NZAZI AYAVIA MBO a 51 ans. Il est né à Kinshasa et est arrivé en Belgique en 2016 pour un master en sciences de la population et du développement à l’UCLouvain, qu’il termine en 2018. Thaddée est le quatrième d’une famille de sept enfants et frère de l’abbé José Nzazi, qui a servi dans l’archidiocèse et y est décédé en 2019. Il a obtenu un master en philosophie et un graduat en théologie à Kinshasa, suivi quelques années plus tard d’un graduat en agrovétérinaire.

    Attiré depuis son plus jeune âge par la vie consacrée et missionnaire, il est marqué par le mouvement Kizito Anuarite au sein de sa paroisse, s’engage davantage spirituellement et pastoralement jusqu’à se porter candidat à la vie religieuse, chemin duquel il va s’éloigner. Aidé par un accompagnement spirituel et sentant un appel à être prêtre diocésain, il vient frapper à la porte du séminaire de Malines-Bruxelles en 2018. Il commence son parcours par une année de propédeutique à Paris, suivie de trois années de théologie à l’UCLouvain. Il complète sa formation par une première insertion pastorale à la paroisse Saint-Etienne à Braine-L’Alleud tout en logeant deux ans au Collège Saint-Paul à Louvain-La-Neuve. Il rejoint ensuite la paroisse Saint-Médard à Jodoigne, où il partage la vie de la cure avec les deux prêtres qui y habitent. Enfin, les études terminées et le mémoire en poche, il arrive à l’Unité pastorale des Sources Vives à Bruxelles pour une dernière année de stage et c’est là qu’il a été ordonné diacre en vue du presbytérat, par le cardinal Jozef De Kesel, le dimanche 9 octobre 2022.

  • « La conquête du pouvoir », le livre qui aide à comprendre le pape François, les raisons profondes de ses actions, de se

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    De Jeanne Smits, sur son blog :

    Vient de paraître : « La conquête du pouvoir », le livre qui fait comprendre où le pape François cherche à mener l'Eglise

    J’ai à cœur de vous présenter un livre qui a tout de la « bombe ». Il n’a pourtant rien d’un pamphlet, rien d’une charge hostile par principe au pape François : non, c’est une mise en lumière rigoureuse de la pensée qui l’anime, des maîtres à penser qui l’ont formé, du « maître à faire » qui a été son modèle dans la praxis de la conquête du pouvoir.
     
    Les éditions Contretemps viennent en effet de publier François, la conquête du pouvoir – Itinéraire d’un pape sous influence, de Jean-Pierre Moreau.
     
    L’auteur, spécialiste de la théologie de la libération – il réalisa dans les années 1980 d’importants reportages sur les ténors de cette entreprise de dévoiement marxiste de l’Evangile – y met à nu les liens de Jorge Mario Bergoglio avec la théologie du peuple, qui en dérive mais avec la marque spécifique de l’hérésie moderniste plutôt que celle de la lutte des classes.
     
    C’est à mon sens le meilleur livre français sur le pape actuel, puisqu’il permet de comprendre les raisons profondes de ses actions, de ses déclarations, de ses préférences, de ses choix.
     
    Alors que le synode sur la synodalité entre dans sa phase romaine, La conquête du pouvoir offre une analyse serrée et précise d’une théologie qui développe une « ecclésiologie du peuple de Dieu » comme l’expliquent aujourd’hui ses tenants, parmi lesquels le théologien laïque Rafael Luciani s’est justement vu nommer à un poste de responsabilité au synode.
     
    Théologiens de la libération, théologiens « du peuple », jésuites partisans d’une réforme radicale en vue d’une « Eglise de demain » comme le Père Arrupe (dont la cause en béatification a été ouverte sous François, il y a trois ans), tous ont joué un rôle pour former l’idéologie et la praxis du pape régnant.
     
    Sa dénonciation du « cléricalisme », son engagement pour les peuples premiers, sa traque de la liturgie traditionnelle avec Traditionis custodes et Desiderio desideravi, son adhésion à la lutte « pour la planète », sa vision des jeunes, et du « peuple », et de l’histoire comme « lieux théologiques » y trouvent leur explication ultime et bien plus cohérente qu’on ne l’imagine.
     
    Il faut lire ce livre, qui transmet de manière claire et précise le fruit d’une érudition encyclopédique et de lectures dont témoigne une bibliographie impressionnante, pour s’armer face aux turbulences que le synode sur la synodalité va faire subir à l’Eglise. C’est seulement en nommant les choses qu’on peut les comprendre, et s’il le faut, les combattre.
    – François, La Conquête du pouvoir, Jean-Pierre Moreau, éd. Contretemps, 388 pages. 
    Prix unitaire : 25 euros.
  • Un contre-point au dernier livre de Chantal Delsol sur ”la fin de la chrétienté”

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    De Philippe de Labriolle sur le site de l'Homme Nouveau dans Tribune libre :

    Requiem pour une chrétienté défunte ? Contre-point au dernier livre de Chantal Delsol

    Requiem pour une chrétienté défunte ? Contre-point au dernier livre de Chantal Delsol

    Chantal Delsol, philosophe spécialiste de l’Antiquité gréco-romaine, élève de Julien Freund, a infléchi en cours de carrière sa passion spéculative vers l’étude de la pensée contemporaine. Professeur des Universités, désormais émérite, elle a publié de nombreux essais dont la tenue intellectuelle et la hauteur de vue lui ont valu d’être élue, en 2009, à l’Académie des sciences morales et politiques. Le dernier en date : La fin de la chrétienté, vient de paraître aux éditions du Cerf.

    Cette catholique, mère de six enfants (dont un adoptif), élevée dans un milieu favorisé du Lyonnais, n’a jamais caché son aversion pour le communisme, lequel était encore, durant ses études, l’opium des intellectuels, selon l’expression heureuse de Raymond Aron. Libérale-conservatrice, selon ses dires, soutien discret mais fidèle des choix de société cruciaux tels que le refus du mariage pour tous, ou la dénonciation de l’effondrement général du niveau scolaire, cette observatrice attentive de ses semblables jouit d’un crédit notable auprès des milieux catholiques soucieux de le rester.

    Un livre accessible et… décevant 

    Cette Fin de la Chrétienté méritait donc l’étude, en raison de l’excellente réception dont l’ouvrage a fait l’objet, d’une part, et de son contenu, provocateur plus encore que décevant, d’autre part. Son succès tient aussi à son accessibilité. En 170 pages lisibles par un presbyte assis sur ses lunettes, l’affaire est conclue. La Chrétienté n’est pas l’Eglise. « Il s’agit de la civilisation inspirée, ordonnée, guidée par l’Eglise ». Elle a duré 16 siècles, de l’Edit de Milan à la dépénalisation de l’IVG. Elle est désormais défunte. Elle a lassé les peuples qu’elle animait, et savez-vous de quelle façon ? « Nous avons profané l’idée de vérité, à force de vouloir à tout prix identifier la Foi à un savoir » (p.125). Cet abus aurait précipité sa fin. La croyez-vous inconsolable de ce désastre ? Que nenni : « Renoncer à la Chrétienté n’est pas un sacrifice douloureux. » (p.170). In cauda venenum.

    En clair, la Chrétienté serait morte de s’être prise au sérieux. L’harmonie entre l’Eglise et la cité chrétienne n’aurait pas survécu à la tyrannie de la vérité, aggravée du refus radical de la Modernité. Cette thèse choyée des novateurs, sans discontinuité depuis  les abbés démocrates du XIXe siècle et les modernistes de la Belle Epoque jusqu’à nos jours, pourrait suffire à remiser l’ouvrage, si n’était en question le sens de ce nouvel assaut de la part d’une érudite passant pour proche des milieux traditionnels. A vrai dire, si la thèse n’est pas neuve, et sauf à n’être pas comprise, il n’était pas d’usage, dans nos rangs, qu’elle soit applaudie !

    Par égard pour l’académicienne engagée, on pouvait faire œuvre de justice en tentant de reconstituer la genèse de ce « livre de confinement », tel que Chantal Delsol le qualifie face au journaliste Jean Marie Guénois peu après la parution. Le contenu synthétique de l’ouvrage a sa cohérence propre, et la chute, tout autant que la pointe, choqueront tout lecteur réellement catholique. Résumons-les : La fin de la Chrétienté est un fait patent, depuis la deuxième moitié du XXe siècle. Contrairement à ce que d’aucuns (chez les dévots) redoutent, ce n’est ni le début du chaos, ni la fin du monde. Le paganisme antique, que l’Eglise a subverti puis remplacé, réalise de nos jours  une subversion inverse. Cette inversion normative fait ressurgir le polythéisme, lequel devrait mériter le respect à défaut d’imposer l’adhésion. Car il fut l‘état naturel des peuples durant quelques millénaires. Cette restauration, pour être tardive, et s’effectuer sur les dépouilles opimes de la Chrétienté, donne à penser que le paganisme religieux n'a jamais disparu durant l’époque chrétienne, le bon grain et l’ivraie croissant de conserve. La résurgence ne saurait en créer l’effroi. Pourtant, une véritable inversion ontologique  est à l’œuvre : une nouvelle citoyenneté, de nouvelles valeurs, de nouveaux consensus prennent place comme mars en carême. Sans oublier la novlangue des initiés, dont l’ignorance trahit les passéistes, et les déconsidère pour mieux les traquer. Avec la modernité tardive, concept que Chantal Delsol préfère à celui de postmodernité, le temps cyclique fait son grand retour en terre déchristianisée. Qu’est-ce à dire concrètement ? Que la vie collective se déploie comme elle peut, en privilégiant ce qui repousse les conflits, et assure le « vivre-ensemble » entre deux catastrophes. A l’échelon individuel, chacun redevient Sisyphe, poussant le même rocher chaque matin,  tel un jour réitéré sans fin ni mémoire. 

    Ouf ! Tout va bien

    Pour l’académicienne, la fin de la Chrétienté n’est pas la fin du Christianisme. Certes, le discrédit du dogme, le détachement progressif des mœurs catholiques, l’éloignement de toute liturgie contribuent à vider les églises. Mais la culture chrétienne, telle que le rythme donné par les fêtes religieuses, le culte des défunts, l’admiration vouée aux cathédrales, et aux sites d’exception tels que le Mont Saint Michel, Vézelay, le Mont Sainte Odile ou Rocamadour, sans oublier les saints du calendrier, laisse perdurer la mémoire de convictions partagées, au titre, non du vrai, mais du beau. Le beau rassemble, et l’art rapproche, sans que le poète ait à justifier ses vers pourvu qu’ils rimassent, et que le romancier soit contraint à davantage qu’à la cohérence des récits de son invention. Analogiquement, nos contemporains apprécient la mythologie qui illustre sans s’imposer, et la sagesse qui s’adosse à des vertus sans contrainte. L’heure est à la décrispation, à l’optionnel, mais le libre choix est de plus en plus illusoire.

     Dix ans plus tôt, en 2011, Chantal Delsol avait publié L’âge du renoncement, aux éditions du Cerf. Rien à voir avec Le lys dans la vallée de Balzac, ou La fin d’une liaison de Graham Greene. Différents entretiens disponibles sur YouTube établissent l’importance, aux yeux de l’auteur, de cet essai très consistant. Trois cent pages d’un texte dense, où chaque ligne doit être lue au moins deux fois, pour n’en rien perdre. Cette lecture donne-t-elle accès à la pensée profonde de l’auteur ? Pour celle qui déclare à KTO que, sur une île déserte, c’est Fragment d’un Paradis de Jean Giono, qui lui suffirait, un besoin intime est concédé, celui d’un profond désir d’affranchissement. L’auteur rêve d’évoluer dans le monde platonicien des idées, où son aisance spéculative pourrait se déployer. Dans la Caverne, elle étouffe. Le prêt-à-penser ecclésial ne fut tolérable, et toléré, que par les petits, les obscurs, les sans grades. En pratique, l’élitisme d’une aristocratie pensante s’est vu consacré, en sa personne, par l’Institut de France. Derrière la consécration, le piège doré? Pour autant, le titre reste énigmatique. De quel âge s’agit-il ? Et à quoi faut-il renoncer ? Eh bien, il nous faudra chercher, sans l’assurance d’arriver au but. Serons-nous comme ces protagonistes des romans d’Henry James, astreints à voir sans comprendre, tant que l’aveu n’est pas formulé ?

    Incontestablement, notre académicienne est fascinée par le monde antique. De l’ère païenne du monde méditerranéen, elle admire la religion immanente, dont les dieux habitent l’espace commun, et dont les rites unissent les habitants d’une même cité. Cet esthétisme la déconnecte du bien commun catholique. Elle-même est élevée dans l’Eglise, en milieu pratiquant, mais sans l‘empreinte maternelle et les convictions de son époux, cette appartenance catholique aurait bien pu s’appauvrir. En connivence avec son père, biologiste reconnu, maurrassien, agnostique, un positivisme de fait la conduit vers les joies philosophiques, celles qu’un talent d’intellection  s’autorise sans rien devoir au clergé. Du même père, elle obtient de quitter l’excellente institution qu’elle pratiquait (Chevreul) pour ne pas faire sa classe de philosophie « avec une bonne sœur », et intégrer un lycée laïc. Cette complicité avec son père est-elle à l’œuvre dans ce conservatisme qui admire et protège l’œuvre sans partager l’âme de l’artisan ? Celui qui, acceptons-en l’augure, admirait l’Arche de Salut des sociétés sans croire au Ciel, à l’instar du Maitre de Martigues, a semé chez sa fille ainée la défiance des idéologies totalitaires, à bon escient. Est-il pour quelque chose dans cette ambivalence troublante vis-à-vis de la vérité, vénérée comme quête personnelle, repoussée  quand elle vient de haut? Et quel maurrassien pourrait-il déclarer que « Renoncer à la Chrétienté n’est pas un sacrifice douloureux » ? Aristotélicienne christianisé, Chantal Delsol n’est pas thomiste pour autant. Chez elle, la philosophie ne s’accomplit pas dans le service de la théologie. Elle fait son miel du mouvement des idées, qu’elle commente avec verve. Mais restituer l’agitation d’un mouvement brownien est-il une fin digne de ses dons ? 

    Pas une matière à option

    Le rôle fédérateur des rituels religieux païens a été magnifiquement restitué par Fustel de Coulanges dans La Cité antique. Ce chef d’œuvre, perpétuellement réédité depuis sa publication en 1864, se trouve être l’exact contemporain du Syllabus de Pie IX, autre chef d’œuvre assurément. Face au relevé des erreurs modernes défiant l’axiologie de la Chrétienté, le travail minutieux de l’historien, directeur de l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm, montre les invariants qui, dans les cités païennes de l’antiquité, œuvrent à la pérennité du lien mutuel, par le partage des rites funéraires, des sacrifices aux repas « conviviaux », dans un esprit propitiatoire, c’est-à-dire pour apaiser les dieux tout autant que les âmes des défunts. C’est dire, et Fustel ne s’en prive pas, que l’observance de ces rites fédérateurs n’est pas une matière à option, tant la conviction dominante est que le bien commun en dépend. Occulter l’intraitable exigence du religieux païen serait falsifier l’Histoire, certes ; ce serait surtout renoncer à  comprendre la cohésion puissante qui s’en nourrit. Mais Fustel montre bien que la Révélation périme le paradigme antique, en le dépassant par la puissance de sa vérité d’amplitude nouvelle.

    Ce monde antique, qui reprend à son compte les pratiques des sociétés traditionnelles par voie cumulative, c’est-à-dire en intégrant et non en excluant les usages des cités alliées ou conquises, porte, pour Chantal Delsol, le souci prioritaire de la vie collective. Il n’a cure des énoncés d’une « vérité » plus ou moins nécessairement clivante. La « vérité » est crainte comme ayant  l’effet d’un glaive (non sans raison, cf. Math. 10,34-36). Affirmer publiquement une foi précise, c’est se comporter en fauteur de conflit, de rupture et de mort. En effet, dans le monde circulaire, celui de l’éternel retour du chaos, quelle place pour une vérité spéculative, puisque celle-ci n’aura pas le pouvoir d’entraver la circularité inévitable de la destinée ? C’est, comme l’académicienne le précise fort à propos, le judéo-christianisme, et lui seul, qui porte, de la Promesse faite à Abraham jusqu’à l’Incarnation du Verbe de Dieu, la perspective d’un temps « fléché » qui rend concevable, et désirable, l’eschatologie conçue et préparée par Dieu, qui a soin de ses créatures. 

    Avec la laïcisation, c’est la notion de progrès qui revendique, par prétention, le temps fléché, et présume d’une croissance continue. Et les millénarismes totalitaires qui se font messianiques, ici des lendemains qui chantent, et là, de la paix en Europe pour mille ans, sont, en vrais prométhéens, les profanateurs effectifs de l’idée de vérité. Certes, le temps fléché de la Révélation ne supplantera jamais totalement le temps circulaire ici-bas, dont l’alternance du jour et de la nuit, le rythme des saisons, le cycle de la vie et de la mort, sont les illustrations les plus évidentes. Mais savoir que l’Histoire a un sens voulu par Dieu, et prétendre que ce sens est à la portée d’un démiurge auto-proclamé, ce n’est pas la même chose. Pourquoi Chantal Delsol met-elle la Chrétienté dans le même sac que les idéologies qui l’ont combattue, en vain ? 

    Delsol-Foucault, même combat ?

     Le propos de Chantal Delsol est rendu déconcertant par la convergence qui la rapproche des déconstructeurs,  qu’ils s’inspirent des Cyniques de l’Antiquité ou d’un Foucault contemporain. A force de dédramatiser l’apostasie générale, en refermant sans vergogne la parenthèse constantinienne, l’académicienne destine l’Eglise à la condition minoritaire, sanction de ses maladresses. Hier, la Rome impériale du Vatican, odieuse à Simone Weil ; demain, la thébaïde, le communautarisme des persistants, la marginalité des nostalgiques. L’Eglise n’a, à l’en croire, que ce qu’elle mérite, victime de son hybris. 

    L’invraisemblable lacune de cette mise en bière désaffectivée, c’est l’oubli du Salut des âmes, raison d’être de la civilisation animée par l’Eglise. Le Ciel n’est pas présent dans son discours. Il est tenu, semble-t-il, dans la même méfiance que l’autorité du vrai. L’élitisme d’une culture classique hors du commun, qu’elle conduise l’auteur à valoriser la mythologie des esprits cultivés, ou la sagesse stoïcienne d’un Epictète, d’un Sénèque, la porte à une vénération proche de l’idolâtrie. Laquelle ferme les yeux de l’académicienne sur l’empereur Marc Aurèle, de la même école, et persécuteur des chrétiens de son temps…Lorsqu’elle conspue l’alliance de l’Eglise avec les régimes d’autorité contre-révolutionnaires, on comprend que la mémoire de la terrible menace communiste, « oubliée » par Gaudium et Spes, manque étonnement à cette anti-communiste de toujours, dès lors en pleine contradiction avec elle-même, et se livrant à un révisionnisme historique que l’on n’attendait pas de sa part. Bref, pourquoi tant de haine contre l’Eglise, au prix de son propre discrédit… ?

    Force est de constater que la Coupole de l’Institut tend, sous l’influence de Chantal Delsol, à devenir le balcon d’Epicure, celui d’où les dieux se divertissent des avanies humaines.  Lesquelles paraissent étrangement désincarnées, par l’effet du régime d’abstraction au niveau duquel se trouve l’oxygène de l’essayiste. Si l’Eglise est dénigrée pour sa puissance d’hier, y compris celle qui ne devait guère à l’Etat qui l’avait dépossédée du bras séculier, mais beaucoup à son zèle et à sa cohérence, ainsi qu’à la Volonté Divine, qui donc orchestrait la contestation radicale dans les faits ? Sinon le camp d’en face, celui d’un Gambetta et son aphorisme fameux, « le cléricalisme, voilà l’ennemi » ? Le voir repris à son compte par le Pape argentin est, à vrai dire, si scandaleux que le renfort de l’académicienne à cette curée passerait presque inaperçu…

    La Coupole, pour s’y attarder quelque peu, fut le 14 novembre 1966, le lieu d’une trahison. Non pas de la part de l’un de ses membres éminents, mais de la part de Mgr Pierre Haubtmann, oublié de nos jours, mais mandaté à l’époque pour instruire l’éminente société que représente l’Académie des Sciences Morales et Politiques. Corédacteur de Gaudium et Spes (la funeste « constitution pastorale l’Eglise dans le monde de ce temps », que 75 pères conciliaires eurent le courage de dénoncer, sur 2 309 !), Mgr Haubtmann, recteur de l’Institut Catholique de Paris, en donnait la primeur aux illustrissimi : L’Eglise se désengage de la politique, rompt avec le triomphalisme, et ne se reconnait plus d’ennemi. Le texte en est disponible sur La Documentation Catholique (DC2012, n° 2492/17 juin 2012, p.585/590). En clair, l’Eglise du Christ n’a pas été vaincue, elle s’est rendue au monde, selon le mot exact de Maurice Clavel.

    Un monde imaginaire

    La fin de la Chrétienté n’est pas la lente, mais inexorable agonie que décrit Chantal Delsol. La Chrétienté, encore bien vivace jusqu’en 1960 comme en atteste l’historien Guillaume Cuchet, a été sabordée méthodiquement par le haut-clergé. Sous couvert d’un « esprit du Concile » dont les lutrins, à défaut des chaires désaffectées, nous rebattaient les oreilles. C’est l’honneur du philosophe catholique Jean Luc Marion, invité aux Bernardins, en 2012, pour le cinquantenaire de l’ouverture du concile, d’avoir fait à  cette occasion une intervention décisive dont l’accueil glacial confirma le courage. Il affirmait, et ce faisant confirmait les propos antérieurs d’autres commentateurs moins en cour, que, résolue à s’adresser au « monde de ce temps », l’assemblée conciliaire avait forgé un monde imaginaire, sans rapport avec la réalité. Un interlocuteur fictif. Une superstructure trompeuse, pourrait-on ajouter. Un amphithéâtre Potemkine. La méprise fut fatale aux ambitions affichées, mais le déni en perdure inlassablement.

     En 2022, le fléau qui reste à dénoncer sans ambages, c’est ce funeste concile Vatican II qui, sous des dehors pacifiques, et des rappels judicieux, recèle un poison mortel pour l’Eglise. La formule chimique de ce poison divise les chercheurs, mais, à sa façon, l’académicienne porte pierre à la critique constructive : et si Vatican II, cherchant la paix et, pour ce faire, dévaluant la vérité, avait rompu, quoique trop tard, avec son canal historique, faisant dès lors un sacrifice tout aussi fatal qu’inutile ? En somme, c’était bien vu, mais trop tardif, selon elle. Cette consomption ecclésiale, effet d’une erreur de gouvernance, réconcilierait, une fois n’est pas coutume, le temps circulaire de la fin d’un monde, et le temps fléché d’une sanction historique inéluctable. Or le terme d’erreur, dans sa mansuétude, masque le reniement, et dévie le sens de l’observable. En renonçant à porter l’Autorité du Verbe Incarné, l’Eglise dérogeait spirituellement, et, en perdant sa colonne vertébrale, assistait sans réagir à sa dévitalisation. Toutefois ses ruines désarmées forceraient sans doute, selon l’académicienne, la clémence du Monde, concédant à l’organisme brisé un sursis à exécution…En toute hypothèse, dans ce paganisme 2.0, qui donnera le ton ? Les dogmes ulcéraient les esprits forts, soit, mais les mythes n’ont pas besoin de clergé. Quant à la sagesse, pour un Socrate, combien de sophistes ?

    Chaque contemporain du concile (1962/1965) peut se souvenir que la lettre recueillie dans les Actes était largement éclipsée, tant en diffusion qu’en impact, par « l’esprit du concile ». Il fallait adhérer sans rechigner, à la façon d’un enfant, car l’adhésion à l’esprit nouveau ouvrait les mentalités aux perspectives nouvelles, alors que toute réticence attestait d’un cœur sec. Tenter d’opposer la lettre du concile à la tempête enfiévrée de l’esprit incontrôlable, c’était montrer son incompréhension du nouveau paradigme, selon lequel Vatican II revendiquait de faire toute chose nouvelle sous la houlette de l’esprit nouveau. 

    Sur ce point, rien n’a véritablement

  • Livres en Famille : des livres d'actualité pour défendre la vie, la famille...

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    CES LIVRES QUI FONT L’ACTUALITE

    Anne-Charlotte Lundi -  Tel : (00.33.(0)6 11 04 82 59)

               

    • Chronique du choc des civilisations 2013Aymeric Chauprade, 31 €
    • Histoire passionnée de la FranceJean Sévillia, 25 €
    • Et la France se réveilla –Enquête sur la révolution des valeurs, V. Trémolet de Villers…  18 €
    • Le combat de l’Eglise contre l’avortement, Laurent Aventin, 15 €
    • Témoins de Jéhovah – Les missionnaires de Satan, Robin de Ruiter & Laurent Glauzy, 23€
    • Vatican II, une histoire à écrireRoberto de Mattei, 25 €

    LES GRANDS THEMES D’ACTUALITE

              

    Défense de la Famille, défense de la Vie, Pour une société selon le droit naturel…                                       http://www.livresenfamille.fr/

  • Monseigneur Léonard à la Foire du Livre

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    Malgré la dérobade de la Vice-Première, le primat de Belgique sera à la Foire du Livre pour y débattre avec quelques politiciens. Catho.be publie cette information :
     
    Récemment, Madame , Vice-Première ministre, a déclaré que « les catholiques méritaient mieux que Monseigneur Léonard ». Les Médias Catholiques ont donc convié les principaux intéressés au dialogue. Si l’Archevêque de Malines-Bruxelles a trouvé l’idée de cette rencontre « très intéressante », l’invitation a dû être déclinée par l’actuelle ministre des Affaires sociales et de la santé qui sera à ce moment en période de contrôle budgétaire. Mais le primat de Belgique sera donc bien présent à la Foire du Livre de Bruxelles où il rencontrera Denis Ducarme (MR), Karine Lalieux (PS), Georges Dallemagne (CDH), et Philippe Lamberts (Ecolo). Les politiciens interpelleront le primat de Belgique sur des sujets d’actualité. La rencontre se déroulera le dimanche 4 mars à 18h00 et sera animée par Jean-Jacques Durré, directeur de la rédaction des Médias Catholiques, auxquels se joindront Christian Laporte, journaliste à La Libre Belgique, et Ricardo Gutiérrez, journaliste au Soir.