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Une interview du cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris

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Lu sur "Riposte catholique" :

Le pape, je ne trouve pas qu’il est moderniste

En ce dimanche de Pâques, l’archevêque de Paris, le cardinal Vingt-Trois répond longuement au Parisien. Extraits :

« […] L’Eglise a-t-elle un rôle à jouer dans la lutte contre les phénomènes de radicalisation ?

Le véritable combat, c’est : Comment désarmer ou désamorcer les pulsions violentes du salafisme ? Cela ne se fera pas par une guerre des religions, donc l’Eglise ne cherche pas un ennemi à combattre : il faut développer au maximum des relations avec des musulmans de façon à ce que la réflexion telle que nous la pratiquons dans nos traditions chrétiennes – l’association de l’intelligence à la démarche de foi – soit un soutien pour les musulmans qui essayent de se dégager de ce courant salafiste. Tous les efforts qui peuvent être entrepris pour introduire une vision critique à l’intérieur de cette mouvance doivent être encouragés. […]

L’archevêque de Lyon, Mgr Barbarin, est actuellement dans la tourmente pour avoir laissé en fonction des prêtres soupçonnés de pédophilie et d’agressions sexuelles. Lui apportez-vous votre soutien ?

Je ne suis pas le juge du cardinal Barbarin. Je lui apporte mon soutien parce que c’est mon frère, que j’ai confiance en lui et je pense que tout ce qu’il fait ou a fait dans sa responsabilité d’archevêque de Lyon a été significatif d’un engagement très fort dans la lutte contre la pédophilie. Et jusqu’à présent, du moins dans un régime démocratique, ça n’est pas l’opinion publique qui se substitue à la justice. […]

Mgr Barbarin doit-il démissionner ?

Il n’y a pas de raisons qu’il démissionne. […]

Selon notre sondage paru dimanche dernier, 56% des Français ont une mauvaise image de l’Eglise…

C’est bien possible, oui ! Et alors ? Vous me posez la question dans la semaine où Jésus a été arrêté, jugé et mis à mort. Je ne pense pas qu’il avait une très bonne image… Nous ne travaillons pas pour fabriquer notre image. Il n’est jamais agréable d’être mal perçus, mais ça n’est pas vraiment très nouveau.

Contrairement à l’Eglise, les Français ont une très bonne image du pape François…

Il ne fait pas partie de l’Eglise, lui ? Les journalistes ont construit un personnage, tant mieux. Moi, je peux dire que c’est d’abord profondément un homme de foi et de prière, un homme courageux qui ne recule pas devant des décisions difficiles.

Est ce qu’il vous agace parfois ?

Ce n’est pas de l’agacement, c’est plutôt un sentiment d’appréhension dans la mesure où toute une part de ce qu’on montre de lui est essentiellement médiatique. Or, tout ce qui est construit de façon médiatique est fragile, c’est à dire que ça peut se retourner en 24 heures.

Il n’est pas tendre avec la curie et les cardinaux. Vous êtes-vous senti visé par ses attaques ?

J’ai entendu un appel très fort à la conversion, un appel à mener une vie plus conforme à l’Evangile. Si vous êtes surpris que ça s’adresse aux cardinaux, ça signifie que vous imaginez que les cardinaux ne sont pas des chrétiens comme les autres ! Je n’y vois pas d’attaques particulières. C’est au contraire une provocation à mieux faire.

Trouvez-vous ce pape trop moderniste ?

Je ne trouve pas qu’il est moderniste du tout. Ce n’est pas parce qu’il a un comportement sud-américain qu’il est moderniste. Sa culture relationnelle, son estime pour la religion populaire, tout ça, c’est sa personnalité.

Faites-vous partie de ses proches ?

Je pense qu’il en a suffisamment, si j’en crois les rumeurs qui circulent : tout le monde est proche du pape. Je suis l’un de ses collaborateurs, mais on est 200, alors je ne suis pas forcément dans le premier cercle. […]

Le monde a-t-il suffisamment pris conscience du drame subi par les chrétiens d’Orient ?

Je ne crois pas du tout, mais ce n’est pas nouveau, parce que la situation difficile des chrétiens d’Orient ne remonte pas à l’année dernière, mais à plusieurs dizaines d’années. J’ai plaidé avec ma modeste voix, quand je suis allé à Jérusalem, pour dire que le soutien aux chrétiens d’Orient n’était pas une faveur confessionnelle, mais que c’était une condition de l’équilibre politique du Moyen-Orient. Si les chrétiens disparaissent de cette région, on laisse en face à face des ennemis irréconciliables. Cela suppose qu’on aide les chrétiens d’Orient non pas à venir en France même si ça peut être le cas dans certaines circonstances, mais qu’on les aide à rester. C’est pour ça que la conférence épiscopale de France s’est engagée à financer un plan pour des étudiants à Kirkouk en Irak. »

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