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  • Trois décisions historiques de Benoît XVI

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    De Philippe Maxence sur le site du Figaro via artofuss.blog :

    Les trois décisions historiques de Benoît XVI

    31/12/2022

    TRIBUNE – Après avoir donné le cap doctrinal du long pontificat de Jean-Paul II, le cardinal Ratzinger entama en tant que pape d’importantes réformes consistant à épurer le passif né de Vatican II, analyse le journaliste et écrivain Philippe Maxence.

    Philippe Maxence est journaliste et écrivain, rédacteur en chef de «L’Homme Nouveau».

    Il faudra certainement encore du temps pour mesurer exactement la portée de l’œuvre de Benoît XVI. Sa renonciation en 2013 avait pu laisser croire qu’il prenait définitivement le chemin du silence, voire celui de l’oubli. Certainement, l’avait-il voulu lui-même ainsi. Mais, sur ce point également, il avait dû apprendre à ne plus s’appartenir. Même silencieux, même retiré, même reclus, Benoît XVI restait une référence.

    Peu de temps après avoir répondu à l’appel de Jean-Paul II en 1981 pour prendre la tête de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, Joseph Ratzinger se vit affubler du sobriquet de « Panzer-Kardinal ». Parlante, l’expression faisait choc. Mais elle était fausse. Tous ceux qui ont pu le rencontrer peuvent en témoigner. L’homme était physiquement petit. Seuls un sourire avenant et des yeux pétillants d’intelligence cachaient une sorte de timidité. En lui, rien d’un char d’assaut déferlant sur la France en 1940. Rien non plus d’un inquisiteur tel que se l’imaginent ceux qui repeignent l’ère médiévale de couleur sombre. Tout, en revanche, d’un « cardinal sourire ».

    À la tête de l’ex-Saint-Office, le cardinal Ratzinger donna le cap doctrinal du long pontificat de Jean-Paul II. Les rôles semblaient partagés. Au pape, le devant de la scène, les bains de foule, les voyages, l’évangélisation des peuples et des nations quasiment en prise directe. Des actes aussi salués par le monde mais qui restent incompris d’une partie des fidèles comme les réunions interreligieuses d’Assise ou le baiser au Coran. Au cardinal, en revanche, le travail de bureau, les explications de la doctrine catholique, la réalisation d’un catéchisme universel, le fignolage des encycliques papales pour éviter de donner prise à des interprétations hétérodoxes. Des avertissements et des condamnations aussi. À chaque fois, du point de dentelle, du sur-mesure, du cousu main. De l’art à l’état pur, dans une époque qui ne vivait plus que de la grosse industrialisation à la chinoise. Le hiatus était inévitable.

    À lire aussi : L’ultime leçon de Benoît XVI : son abdication

    Quand Jean-Paul II rendit son âme à Dieu, Joseph Ratzinger lui succéda. Ce fut une surprise et pourtant c’était inévitable. Le pape défunt avait laissé une telle empreinte qu’il était impossible de lui imaginer un successeur qui ne fut pas un proche. Il fallait aussi un homme de l’intérieur du système ecclésial afin de le réformer. Il y avait urgence car la marmite pontificale était prête à exploser. Le cardinal Ratzinger était l’homme tout désigné. Il l’était d’autant plus qu’il n’avait pas craint lors du Vendredi Saint 2005 d’évoquer clairement la fange qui salissait l’Église.

    Élu rapidement, Joseph Ratzinger prit le nom de Benoît XVI. On attendait donc de lui qu’il réformât la curie tambour battant. L’attente était légitime mais c’était décidément mal connaître le nouveau Souverain Pontife. Il voyait les choses de haut. De trop haut ? Peut-être ! Il préféra une réforme de grande ampleur, une réforme bénédictine qui visait à restaurer l’unité de l’Église et la paix en son sein à travers quelques actes décisifs.« Autre geste historique, Benoît XVI décida en 2007 de mettre fin à la querelle liturgique née du changement du rite de la messe en 1969… Il rappela que l’ancienne messe n’avait jamais été interdite et que tout prêtre pouvait la célébrer. »

    Le premier consista à épurer le passif né de Vatican II. Le 22 décembre 2005, il prononça un discours historique dans lequel il opposait deux interprétations du Concile. Celle qui perçoit Vatican II comme une rupture avec le passé et celle qui l’insère dans la continuité d’un renouveau toujours nécessaire. La seconde, bien sûr, avait sa préférence et constituait sa politique. Elle représentait une tentative de sauvetage du Concile, pas d’une remise en cause, pas même d’un essai de bilan. Ce fut pourtant comme une déflagration.

    Autre geste historique, Benoît XVI décida en 2007 de mettre fin à la querelle liturgique née du changement du rite de la messe en 1969. Depuis des décennies, Joseph Ratzinger travaillait dans ce sens. Avec son motu proprio Summorum Pontificum, il rappela que l’ancienne messe n’avait jamais été interdite et que tout prêtre pouvait la célébrer. On crut alors à la seule volonté de réconciliation avec la Fraternité Saint-Pie X. Si ce désir n’était pas absent – comme le montra en 2009 la levée des excommunications des évêques sacrés par Mgr Lefebvre – il n’était pas premier. Dans la pensée de Benoît XVI, la connaissance de l’ancienne liturgie devait permettre de corriger les déficiences de la nouvelle, réinsérer l’art de célébrer des prêtres dans la grande tradition de l’Église latine. Un pari ? Oui, mais un pari réussi tant les nouvelles générations de prêtres s’emparèrent alors avec joie de l’ancienne messe et révisèrent leur manière de célébrer la nouvelle.

    Moins connue du grand public, une autre décision alla dans le même sens. En 2009, Benoît XVI créa des structures d’accueil pour les anglicans désireux de devenir catholiques. Ils étaient les héritiers d’un riche patrimoine liturgique et artistique difficile à abandonner. Cette tradition anglicane, Benoît XVI leur permit de la conserver tout en étant pleinement catholiques au plan doctrinal et disciplinaire. La réussite fut modeste, mais réelle. Elle s’insérait surtout dans le cadre de cette réforme bénédictine tentée de 2005 à 2013.

    À lire aussi : Jean Sévillia: «Il restera de Benoît XVI une œuvre théologique immense»

    Pour quel bilan ? En lançant l’Église dans la voie synodale, le Pape François a mis définitivement fin à toute interprétation de continuité à propos de Vatican II. Son motu proprio Traditionis custodes a tenté de rendre caduc Summorum Pontificum, en interdisant la célébration de la messe traditionnelle au nom du même concile. Bien que des évêques anglicans continuent de passer au catholicisme, les ordinariats mis en place pour les accueillir ne constituent plus une voie privilégiée et une réponse claire au dévoiement de l’œcuménisme.

    De Benoît XVI, il reste bien sûr une œuvre théologique de haute volée et d’une grande finesse. L’histoire éclairera certainement un jour les conditions réelles de sa renonciation. Il se peut surtout que son pontificat passe au tamis de l’Évangile qui veut que le grain, tombé en terre, meure pour porter du fruit. Ainsi, parmi les jeunes prêtres abreuvés au lait de Summorum Pontificum se trouve certainement le pape de demain. Benoît XVII ?

  • La fin de l'ère des trois papes

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    D'Andrea Gagliarducci sur Korazym.org :

    La fin de l'ère des trois papes

    19 février 2024

    Il était une fois trois papes. L'un était le Pape Blanc, le Pontifex Maximus, Chef de l'Eglise catholique et Vicaire du Christ par-dessus tout. Ensuite, il y avait le Pape noir, le Général des Jésuites, qui avait entre autres un vœu spécial d'obéissance au Pape. Enfin, il y avait le pape rouge : le préfet de Propaganda Fide, plus tard appelé Congrégation pour l'évangélisation des peuples. Pourquoi étaient-ils tous "papes" ?

    Pour le pape blanc, il n'y a rien à dire, car tout le monde sait qu'il est le pape de Rome. Le pape noir a reçu ce surnom parce que sa charge était à vie et que ses pouvoirs dans l'Ordre étaient absolus. Le pape rouge a été appelé ainsi parce que Propaganda Fide était un dicastère sui generis, avec une autonomie financière et des terres de mission où il pouvait nommer des évêques - le seul cas où ce n'est pas le dicastère pour les évêques qui est chargé de choisir les candidats à l'épiscopat.

    Avec le pape François, cependant, les trois papes sont devenus un seul, le pape blanc. C'est-à-dire, tout simplement, lui.

    Le pape François est lui-même un jésuite et il est clair qu'il est un point de référence plus important pour les jésuites que le général actuel, bien que François prenne soin d'éviter de paraître influencer directement l'ordre des jésuites dont il est issu. Le pape François a d'ailleurs souligné son affiliation en rencontrant les jésuites locaux lorsqu'il y en avait lors de chacun de ses voyages, se comportant après tout un peu comme un supérieur de la Congrégation.

    En ce qui concerne le pape rouge, la situation reflète quelque peu ce qu'a été la réforme de la Curie sous le pape François jusqu'à présent. Le préfet de Propaganda Fide a été rétrogradé et s'appelle désormais Pro-préfet, car le pape est idéalement à la tête du dicastère. Le dicastère lui-même est le résultat de la fusion de deux dicastères différents, à savoir l'ancienne Congrégation pour l'évangélisation des peuples et le Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation. Cela signifie qu'il existe d'autres domaines de compétence plus nuancés, car la section pour la nouvelle évangélisation n'a certainement rien à voir avec le choix des nominations épiscopales, pour lesquelles la section pour l'évangélisation des peuples est toujours compétente, du moins en terre de mission.

    Surtout, la réforme de la Curie a privé la Propaganda Fide de son autonomie financière. Tout est désormais sous le contrôle des auditeurs du Secrétariat pour l'économie, et le nouveau mot d'ordre semble être de louer des biens immobiliers, de tout professionnaliser, et de perdre ainsi les clients les plus importants, ou plutôt les premiers utilisateurs du dicastère : les pauvres et les religieux.

    L'effondrement du Pape rouge est révélateur d'une centralisation vaticane qui galope sans relâche et qui voit François engagé dans une grande lutte pour un changement de mentalité, un renouveau de l'esprit qui était alors représenté dans le Synode des évêques, célébré sur la communion, la participation et la mission.

    Le terme "synode" devient maintenant l'expression du renouveau, car l'idée qu'un synode puisse conduire à des décisions controversées effrayait les pères synodaux de tous bords.

    Cependant, le changement de mentalité sous le pape François semble voir le Saint-Siège traité comme n'importe quelle autre entreprise, dont le pape est le PDG. Dès le début, le pontificat a été caractérisé par l'avènement de commissaires, de commissions et de consultants externes qui, en plus d'alourdir les finances du Saint-Siège, n'ont eu d'autre solution à proposer que de traiter le Saint-Siège et l'État de la Cité du Vatican dans les faits comme des entreprises sur le marché financier.

    Ainsi, dans la quête d'un renouveau qui devrait être spirituel, le pape François accepte la sécularisation du Saint-Siège, dans un processus qui va de pair avec la vaticanisation du Saint-Siège.

    Avant le Saint-Siège, il y a l'État de la Cité du Vatican, qui semble tout contrôler, tout décider et avoir un pouvoir quasi illimité. Il suffit de noter comment le pape François a accordé des pouvoirs spéciaux aux magistrats du Vatican, avec quatre rescrits lors des enquêtes qui ont conduit au procès pour la gestion des fonds de la Secrétairerie d'État du Saint-Siège.

    Cette vaticanisation est liée à un autre sujet peu exploré : l'italianisation - ou la redynamisation - du Vatican et du Saint-Siège sous François. Il s'agit d'un retour au passé, car tous les travaux antérieurs visaient précisément à libérer le Saint-Siège de l'influence de son encombrant voisin italien. Lorsque l'Autorité de renseignement financier a été créée, elle a été immédiatement confiée à d'anciens fonctionnaires de la Banque d'Italie. Mais ensuite, on a changé d'orientation et on a créé un organisme plus international et moins dépendant des idées qui caractérisaient la structure de l'État.

    Si l'on y réfléchit bien, tous les récents scandales financiers du Vatican sont nés et ont évolué dans le contexte italien. Même le récent procès du Vatican, qui concernait principalement l'investissement dans une propriété à Londres, impliquait principalement des intermédiaires italiens, a fait l'objet d'enquêtes qui ont révélé des liens avec des politiciens, des gestionnaires ou même des services secrets italiens, et a été traité par des magistrats italiens ne travaillant au Vatican qu'à temps partiel - ce qui est un signe de la faiblesse du système judiciaire du Vatican, soulignée entre autres par la commission MONEYVAL du Conseil de l'Europe.

    Les signes sont nombreux.

    Le 15 février, le pape François a nommé le général à la retraite Salvatore Farina à la tête de la Direction des infrastructures et des services de l'État de la Cité du Vatican. Il est intéressant de noter que le général Farina prend la place d'un prêtre et que, dans la pratique, un ancien cadre supérieur de l'armée italienne est appelé à diriger la Direction des infrastructures et des services, qui a notamment un rôle dans le contrôle des appels d'offres conformément à la dernière loi sur les marchés publics du Vatican.

    En 2020, le pape François a nommé cinq gentilshommes de Sa Sainteté - ceux qui assistent et gèrent les visites des chefs d'État et des dignitaires au pape François - en les prenant dans les rangs des bureaux cérémoniels italiens. D'une certaine manière, c'est un signe de faiblesse, car le Saint-Siège a son propre langage cérémoniel, qui précède le langage italien et qui est de plus en plus mal compris.

    La centralisation du pouvoir dans le pape, avec la fin de l'ère des trois papes et l'omniprésence de l'intervention du pape dans les décisions, conduit paradoxalement à une vision opposée à celle mise en avant par le pape François : la structure de l'État prévaut sur celle du Saint-Siège, et donc la bureaucratie devient plus importante que la mission - ce qui a également été certifié lorsque le pape a transformé l'Elemosineria apostolique en Dicastère pour le service de la charité, éliminant un membre de la famille papale afin de bureaucratiser et de nationaliser la charité du pape.

    Mais si c'est l'État qui fait foi, et si l'État vit dans un "hôpital de campagne" réglementaire parce qu'il n'y a pas eu de véritable formation à la loi vaticane, alors il faut prendre des points de référence. Et le premier point de référence a toujours été l'Italie.

    Ainsi, un chemin de croissance et d'indépendance s'est en quelque sorte arrêté. Au nom des réformes nécessaires, nous nous trouvons aujourd'hui dans une situation de rupture substantielle avec le passé récent, visant à tout changer et à montrer le changement. Dans de nombreux cas, il y a un manque d'écoute des différentes demandes. Une vision est imposée, avec l'idée - cf. le débat sur Fiducia supplicans, la Déclaration du Dicastère pour la Doctrine de la Foi sur les bénédictions des couples irréguliers - que ceux qui critiquent la réforme ou soulignent ses côtés critiques, ne comprennent tout simplement pas ce qui est en train de se passer.

    En fin de compte, cela peut être lu comme une colonisation idéologique paradoxale et brutale réalisée alors que le Pape la dénonce.

  • Quelques extraits du livre choc de Benoît XVI et du cardinal Sarah

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    De Sandro Magister (Settimo Cielo) en traduction française sur Diakonos.be :

    Encore dans le livre choc de Ratzinger et Sarah.  Petite anthologie sur le célibat

    Extrait du livre à quatre mains de Joseph Ratzinger / Benoît XVI et du cardinal Robert Sarah, dont nous avons annoncé la sortie en France le 15 janvier dans un article précédent et dont nous proposons ici quelques passages qui concernent justement la question du célibat des prêtres.

    Les deux premiers sont rédigés par le pape émérite et les trois suivants sont du cardinal Sarah.

    *

    1. Célibataires ou continents, pour célébrer l’Eucharistie

    Trés vite – nous ne savons pas exactement quand, mais en tout cas très rapidement –, la célébration régulière, et même quotidienne, de l’Eucharistie est devenue essentielle pour l’Église. Le pain «  supersubstantiel » est en même temps le pain « quotidien » de l’Église. Cela eut une conséquence importante qui, précisément, hante aujourd’hui l’Église.

    Dans la conscience commune d’Israël, les prêtres étaient rigoureusement tenus de respecter l’abstinence sexuelle dans les périodes où ils exerçaient le culte et étaient donc en contact avec le mystère divin. La relation entre l’abstinence sexuelle et le culte divin fut absolument claire dans la conscience commune d’Israël. À titre d’exemple, je voudrais rappeler l’épisode de David qui, fuyant Saül, pria le prêtre Achimélek de lui donner du pain : «  Le prêtre répondit à David : “Je n’ai pas de pain ordinaire sous la main, il n’y a que des pains consacrés : tes hommes pourront en manger s’ils se sont gardés de rapports avec les femmes.” David répondit au prêtre : “Oui, bien sûr ! Nous nous sommes abstenus de rapports avec les femmes depuis trois jours” » (1 S 21, 5 sq.). Étant donné que les prêtres de l’Ancien Testament ne devaient se consacrer au culte que durant des périodes déterminées, le mariage et le sacerdoce étaient compatibles.

    Mais, en raison de la célébration eucharistique régulière et souvent même quotidienne, la situation des prêtres de l’Église de Jésus-Christ se trouve radicalement changée. Désormais, leur vie entière est en contact avec le mystère divin. Cela exige de leur part l’exclusivité à l’égard de Dieu. Cela exclut par conséquent les autres liens qui, comme le mariage, embrassent toute la vie. De la célébration quotidienne de l’Eucharistie, qui implique un état de service de Dieu permanent, naquit spontanément l’impossibilité d’un lien matrimonial. On peut dire que l’abstinence sexuelle qui était fonctionnelle s’est transformée d’elle-même en une abstinence ontologique. Ainsi, sa motivation et sa signification étaient changées de l’intérieur et en profondeur.

    De nos jours, on affirme trop facilement que tout cela ne serait que la conséquence d’un mépris de la corporéité et de la sexualité. La critique selon laquelle le fondement du célibat sacerdotal serait une conception manichéenne du monde a déjà été formulée au IVe siècle. Elle fut cependant immédiatement repoussée de manière décisive par les Pères de l’Église qui y mirent fin pour un certain temps.

    Un tel jugement est erroné. Pour le démontrer, il suffit de rappeler que l’Église a toujours considéré le mariage comme un don octroyé par Dieu dès le paradis terrestre. Toutefois, l’état conjugal concerne l’homme dans sa totalité, or le service du Seigneur exigeant également le don total de l’homme, il ne semble pas possible de réaliser simultanément les deux vocations. Ainsi, l’aptitude à renoncer au mariage pour se mettre totalement à la disposition du Seigneur est devenue un critère pour le ministère sacerdotal.

    Quant à la forme concrète du célibat dans l’Église ancienne, il convient encore de souligner que les hommes mariés ne pouvaient recevoir le sacrement de l’Ordre que s’ils s’étaient engagés à respecter l’abstinence sexuelle, donc à vivre le mariage dit « de saint Joseph ». Une telle situation semble avoir été tout à fait normale au cours des premiers siècles. Il existait un nombre suffisant d’hommes et de femmes qui considéraient qu’il était raisonnable et possible de vivre de cette manière en se donnant ensemble au Seigneur.

    2. «Le Seigneur est mon partage et ma coupe » (Psaume 16,5)

    Dans l’Ancien Testament, les lévites renoncent à posséder une terre. Dans le Nouveau Testament, cette privation se transforme et se renouvelle : les prêtres, parce qu’ils sont radicalement consacrés à Dieu, renoncent au mariage et à la famille. […]  Le véritable fondement de la vie du prêtre, le sel de son existence, la terre de sa vie est Dieu lui-même. Le célibat, qui vaut pour les évêques dans toute l’Église orientale et occidentale et, selon une tradition qui remonte à une époque proche de celle des apôtres, pour les prêtres en général dans l’Église latine, ne peut être compris et vécu en définitive que sur ce fondement.

    3. Dans les villages éloignés de Guinée

    Au début de l’année 1976, alors jeune prêtre, je me suis rendu dans certains villages reculés de Guinée. Certains d’entre eux n’avaient pas reçu la visite d’un prêtre depuis presque dix ans, car les missionnaires européens avaient été expulsés en 1967 par Sékou Touré. Pourtant, les chrétiens continuaient à enseigner le catéchisme aux enfants et à réciter les prières de la journée et le chapelet. Ils manifestaient une grande dévotion envers la Vierge Marie et se réunissaient le dimanche pour écouter la Parole de Dieu.

    J’ai eu la grâce de rencontrer ces hommes et ces femmes qui gardaient la foi sans aucun soutien sacramentel, faute de prêtres. Ils se nourrissaient de la Parole de Dieu et entretenaient la vitalité de la foi par la prière quotidienne. Je ne pourrai jamais oublier leur joie inimaginable lorsque je célébrais la messe qu’ils n’avaient pas connue depuis si longtemps. Qu’il me soit permis de l’affirmer avec certitude et force : je crois que si l’on avait ordonné des hommes mariés dans chaque village, on aurait éteint la faim eucharistique des fidèles. On aurait coupé le peuple de cette joie de recevoir, dans le prêtre, un autre Christ. Car, avec l’instinct de la foi, les pauvres savent qu’un prêtre qui a renoncé au mariage leur fait don de tout son amour sponsal.

    4. À propos des prêtres mariés d’Orient

    Il nous faut écouter les témoignages qui émanent des Églises catholiques orientales. Plusieurs membres de ces Églises ont clairement souligné que l’état sacerdotal entrait en tension avec l’état conjugal. […] Le clergé oriental marié est en crise. Le divorce des prêtres est devenu un lieu de tension œcuménique entre les patriarcats orthodoxes. […] Pourquoi l’Église catholique admet-elle la présence d’un clergé marié dans certaines Églises orientales unies ? À la lumière des affirmations du magistère récent sur le lien ontologique entre sacerdoce et célibat, je pense que cette acceptation a pour but de favoriser une évolution progressive vers la pratique du célibat qui aurait lieu non par voie disciplinaire mais pour des raisons proprement spirituelles et pastorales.

    5. Au sujet des prêtres mariés issus de l’anglicanisme ou d’Amazonie

    On pourrait me faire remarquer qu’il existe déjà des exceptions, et que des hommes mariés ont été ordonnés prêtres dans l’Église latine tout en continuant à vivre more uxorio avec leurs épouses. Il s’agit bien d’exceptions au sens où ces cas procèdent d’une situation singulière qui ne doit pas être amenée à se répéter. Ainsi en est-il de l’entrée dans la pleine communion de pasteurs protestants mariés destinés à recevoir l’ordination sacerdotale. Une exception est transitoire par définition et constitue une parenthèse dans l’état normal et naturel des choses. Tel n’est pas le cas d’une région reculée qui manque de prêtres. Leur rareté n’est pas un état exceptionnel. Cette situation est commune dans tous les pays de mission, et même dans les pays de l’Occident sécularisé. Par définition, une Église naissante manque de prêtres. L’Église primitive s’est trouvée dans cette situation. Nous avons vu qu’elle n’a pas renoncé au principe de la continence des clercs. L’ordination d’hommes mariés, fussent-ils auparavant diacres permanents, n’est pas une exception, mais une brèche, une blessure dans la cohérence du sacerdoce. Parler d’exception serait un abus de langage ou un mensonge.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

  • Cafouillages autour du livre de Benoît XVI et du cardinal Sarah

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    De Hugues Lefèvre sur le site de Famille Chrétienne :

    Comprendre la polémique sur le livre du cardinal Sarah et de Benoit XVI

    14/01/2020

    Des profondeurs de nos cœurs

    Le livre Des profondeurs de nos cœurs, dont la publication est prévue le 15 janvier 2020 ©H.LEFEVRE

    La sortie du livre Des profondeurs de nos cœurs (Fayard, 15 janvier) signé du cardinal Sarah et de Benoit XVI suscite une vive polémique. Par cet ouvrage, le pape émérite sort de son silence pour défendre vigoureusement le célibat des prêtres alors que cette question agite particulièrement l’Église depuis le Synode sur l’Amazonie, en octobre dernier. Mais le secrétaire particulier du pape émérite vient de demander que soit retiré « le nom de Benoît XVI comme co-auteur du livre, et de retirer aussi sa signature de l'introduction et des conclusions ». Retour sur une polémique à rebondissements.

    A l’approche de la publication de l’exhortation post-synodale sur l'Amazonie, la sortie d’un livre co-signé par le pape Benoit XVI sur le sujet du sacerdoce et du célibat fait l’effet d’une bombe. Lors du synode, en octobre dernier, il avait été envisagé la possibilité d’ordonner des hommes mariés afin de répondre aux besoins spécifiques de la région. Le pape François s’est toujours montré très prudent sur cette question. Mais après trois semaines de travaux, les Pères du synode avaient notamment voté en faveur de l’ordination d’hommes mariés dans cette zone géographique.

    Le livre de 180 pages qui doit paraître le 15 janvier se compose d’une introduction et d’une conclusion signées par le pape émérite et le cardinal Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Le pape Benoit XVI signe par ailleurs un chapitre intitulé « Le sacerdoce catholique ».

    Dans cet ouvrage, ils implorent le pape François de ne pas autoriser l’ordination d’hommes mariés dans l’Église latine, même de manière exceptionnelle. A tel point que ce plaidoyer pour le célibat est perçu par certains comme une attaque voilée contre le pape François. Le 12 janvier, dès l’annonce par le Figaro de la parution du livre, certains commentateurs, dubitatifs, se sont demandés si le pape émérite était bel et bien d’accord de la publication d’une telle réflexion sous cette forme.

    La genèse du livre selon le cardinal Sarah

    Sur son compte twitter, le cardinal Sarah a démenti ces accusations. Dès le lundi 13 janvier, il a expliqué que le livre ne s’opposait « rigoureusement pas au pape ». Et d’ajouter : « nous avons travaillé dans un esprit filial. Il est malsain de vouloir sans cesse opposer les hommes d’Église. » Le lendemain, alors que la polémique continue, il fait parvenir un communiqué pour expliquer la genèse de ce livre. On y apprend que ce projet remonte au 5 septembre 2019, après une visite au monastère Mater Ecclesiae où habite Benoît XVI. « J’ai écrit au Pape émérite pour lui demander s’il était possible qu’il compose un texte sur le sacerdoce catholique, avec une attention particulière concernant le célibat ». Le cardinal guinéen précise qu’il a fait alors part au pape émérite que ces réflexions « pourraient ne pas être opportunes à cause des polémiques qu’elles provoqueraient peut-être dans les journaux ». Selon le cardinal, Benoît XVI lui aurait répondu qu’il avait déjà commencé un travail sur le sujet qu’il pourrait reprendre et transmettre.  « J’ai donc immédiatement proposé au Pape émérite la parution d’un livre qui serait un immense bien pour l’Église, intégrant son propre texte et le mien ». Et de préciser dans le communiqué : « j’ai finalement envoyé, le 19 novembre, un manuscrit complet au Pape émérite comportant, comme nous l’avions décidé d’un comme accord, la couverture, une introduction et une conclusion communes, le texte de Benoit XVI et mon propre texte ». Le pape émérite aurait alors exprimé « sa grande satisfaction concernant les textes rédigés en commun ».

    Deux versions contradictoires

    Seulement, deux heures après la parution de ce communiqué, le cardinal Sarah publie un nouveau message sur son compte Twitter : « Considérant les polémiques qu’a provoqué la parution de l’ouvrage Des profondeurs de nos cœurs, il est décidé que l’auteur du livre sera pour les publications à venir : cardinal Sarah, avec la contribution de Benoît XVI. En revanche, le texte complet demeure absolument inchangé. »

    Nouveau rebondissement quelques minutes plus tard avec la réaction du secrétaire particulier du pape émérite, Mgr Georg Gänswein, via le site Vatican News. Selon lui, si le pape savait que le cardinal était en train de préparer un livre, et que Benoit XVI « lui avait envoyé un bref texte sur le sacerdoce en l’autorisant à en faire l’usage qu’il voulait […], il n’avait approuvé aucun projet pour un livre à double signature, ni n’avait vu et autorisé la couverture. » Mgr Gänswein, explique par ailleurs avoir demandé au cardinal Robert Sarah de « contacter les éditeurs du livre en les priant de retirer le nom de Benoît XVI comme co-auteur du livre, et de retirer aussi sa signature de l'introduction et des conclusions.» Le secrétaire particulier précise qu’il « s'agit d'un malentendu, sans mettre en doute la bonne foi du cardinal Sarah ».

    En fonction des éléments dont nous disposons à l’heure actuelle, il reste difficile de retracer la genèse exacte de ce livre puisqu’il existe aujourd’hui deux versions incompatibles. Une chose est certaine, ces oppositions apparentes entre le pape émérite, le cardinal Sarah et le pape François créent un climat peu propice à la réflexion de fond sur le sacerdoce.

    Hugues Lefèvre

    Lire également : http://yvesdaoudal.hautetfort.com/archive/2020/01/14/turbulences-6205219.html

  • Un nouveau livre met en lumière le côté diabolique de Karl Marx

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    De John Grondelski sur le National Catholic Register :

    Le nouveau livre de Paul Kengor met en lumière le côté diabolique de Karl Marx

    "J'ai donc renoncé au Paradis, je le sais parfaitement", écrivait Karl Marx dans un poème en 1837, une décennie avant son Manifeste. "Mon âme, autrefois fidèle à Dieu, est choisie pour l'enfer..."

    Book cover of 'The Devil and Karl Marx' by Paul Kengor.

    29 mai 2021

    LE DIABLE ET KARL MARX : LA LONGUE MARCHE DU COMMUNISME VERS LA MORT, LA TROMPERIE ET L'INFILTRATION 

    Par Paul Kengor

    TAN Books, 2020 

    461 pages, 29,95 $ ; couverture rigide

    https://www.amazon.fr/Devil-Karl-Marx-Communisms-Infiltration-ebook/dp/B08FBP5H46

    Ce livre se divise en trois grandes parties : L'engagement de Karl Marx avec le satanisme et l'occulte ; l'histoire de l'infiltration marxiste des églises, protestantes et catholiques ; et les mutations contemporaines du marxisme d'une force de "révolution" essentiellement économique à une force essentiellement culturelle. 

    Nous savons que le marxisme s'opposait à la religion, mais Paul Kengor montre clairement que son fondateur n'était pas seulement influencé par des considérations théoriques, même si "les songeries de Marx sur le prince des ténèbres sont un sujet évité comme les sept fléaux par ses aficionados..." (p. 35). (p. 35), bien qu'il soit clair dans sa production littéraire. (En plus d'être un mauvais économiste et philosophe, Marx était aussi un mauvais poète et dramaturge). Il y a "certaines images qui reviennent constamment dans les écrits de Marx, comme la mort, la torture, les bourreaux, les mutilations, même les utérus rompus, ainsi que la manière féroce avec laquelle il boursouflait ses ennemis avec un langage de caniveau et des mots vicieux" (p. 77). Si l'on reconnaît les fruits d'une personne, ceux de Marx sont toxiques.

    Kengor puise également dans les témoignages du Congrès sur les efforts déployés par les communistes américains, en particulier dans les années 1930 et 1940, pour infiltrer les églises chrétiennes, principalement en plaçant des marxistes à des endroits stratégiques de l'église, comme les séminaires et les postes de direction, afin d'influencer ou du moins de duper les autres. La qualité, et non la quantité, importait : La masse critique nécessaire pour contrôler le récit n'était pas numériquement élevée. "C'est un axiome de la stratégie organisationnelle communiste : si un organisme infiltré compte 1 % de membres du parti communiste et 9 % de sympathisants du parti communiste, avec des plans d'action bien rodés, il peut contrôler efficacement les 90 % restants...". (pp. 274-75). Il souligne le rôle du Vénérable Fulton Sheen dans la dénonciation (et la conversion) de plusieurs agents communistes.

    Enfin, Kengor explique comment les marxistes économiques d'hier se sont métamorphosés en marxistes culturels d'aujourd'hui, promouvant la "théorie critique" dans les institutions de formation de la culture comme les écoles et les médias. Si la "transformation" ne vient pas du renversement de l'ordre économique, elle pourrait peut-être venir du renversement de l'ordre moral et culturel. 

    "Les marxistes culturels comprennent que la révolution nécessite une guerre culturelle plutôt qu'une guerre économique. Alors que l'Occident - et certainement l'Amérique - n'est pas vulnérable à une révolte des masses syndicales opprimées, il est éminemment vulnérable lorsqu'il s'agit, par exemple, de sexe ou de pornographie. Alors qu'une révolution pour la redistribution des richesses a été peu attrayante pour la plupart des citoyens de l'Occident, une révolution sexuelle serait irrésistible" (pp. 387-88).

    Les critiques peuvent prétendre que Kengor établit des liens qui n'existent pas vraiment ou qu'il se livre à une culpabilité par association, mais il a raison. Le seul point commun des révolutionnaires marxistes - qu'ils soient d'origine économique ou culturelle - est leur demande de "transformation". Derrière cela se cache une hypothèse commune : il n'y a pas de nature humaine constante, rien de stable et encore moins de transcendant dans l'homme, mais il est infiniment malléable aux dernières idées ou modes.

    Les Allemands l'appellent Zeitgeist, "l'esprit du temps". Inspiré par Hegel, le marxisme postule une dialectique historique qui fait "avancer l'histoire". Mais quel est (ou qui est) ce Geist qui est le moteur historique qui réduit les êtres humains à un mastic chronologique successif entre ses mains, et dans quel but ?

    J'ai toujours trouvé Paul Kengor difficile à cataloguer. Politologue, son travail est historique mais va au-delà du purement historique, du moins tel que défini aujourd'hui. D'autre part, Saint Augustin a mis en œuvre une philosophie et une théologie de l'histoire qui reconnaissait des moteurs au-delà des acteurs économiques, politiques ou culturels contingents. Contrairement aux myopes qui ont déclaré le marxisme mort et vaincu en 1989, Kengor a une vision à long terme. Il pense en termes de siècles, identifiant le fil conducteur qui rejette une nature humaine stable, depuis le scribouillard de la British Library jusqu'aux "socialistes" et "progressistes" d'aujourd'hui qui arborent fièrement l'étiquette marxiste tachée de sang, en passant par le socialisme d'État. Un ouvrage qui donne à réfléchir.

  • Vatican II en questions; un livre de Mgr Aillet

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    9782360403394FS.gifDe Franck Abed sur Agora Vox :

    Vatican II, le Concile en questions par Monseigneur Marc AILLET

    Plus de cinquante ans après sa clôture, le deuxième Concile du Vatican continue de faire couler beaucoup d’encre. Ce dernier « a promulgué 16 textes dont l’autorité varie : il y a quatre grandes Constitutions, neufs décrets et trois déclarations  », comme le précise l’auteur. En quatrième de couverture, nous pouvons lire : « Dissiper tous les malentendus qui encombrent souvent la vie ecclésiale et qui empêchent encore aujourd’hui le Concile Vatican II de porter les fruits que l’on peut légitimement en attendre. » Il est intéressant de constater que la présentation du livre expose une idée que tous les esprits lucides et honnêtes expriment depuis des lustres : les bons fruits du Concile tardent vraiment à venir. A qui la faute ? A un texte mal écrit ? Mal compris ? Mal interprété ? Pourtant ce Concile fut : « annoncé comme le printemps de l’Eglise » mais en réalité « il a ouvert une période de crise. » L’Evêque de Bayonne, qui est par ailleurs docteur en théologique, tente de répondre à ces épineuses questions - et à d’autres - avec cet ouvrage se présentant sous la forme d’un entretien avec questions réponses. Il en ressort un texte dialogué et clair qui se veut pédagogique. Contrairement à de nombreux de clercs, il ose aborder ce sujet majeur, à savoir les enjeux du Concile et sa réception, en tentant avec ses idées, son histoire et son parcours d’expliquer cette histoire douloureuse. Y parvient-il ? En partie seulement selon nous…

    Monseigneur (Mgr) Aillet rappelle que « Jean XXIII affirme que la doctrine de l’Eglise est certaine et immuable  » à celles et ceux qui déjà dans les années 1960 voulaient en changer la moelle substantifique. Il poursuit sa pensée lors de la question consacrée à l’aggiornamento en précisant ce qui suit : « ce mot italien qui signifie mise à jour, est celui qui définit le mieux dans l’esprit l’objectif du Concile. A condition de ne pas confondre cette mise à jour avec une remise en question comme l’auraient voulu certains, ou une mise au goût du jour qui signifierait une adaptation aux idéologies et aux modes du moment. » Malheureusement certaines idées développées, telles que la collégialité, la liberté religieuse, le dialogue interreligieux, par des acteurs de premier plan du Concile Vatican II laisse apparaître plus qu’une remise en question de la doctrine séculaire… Comme le rappelle très justement l’évêque, beaucoup de catholiques regrettèrent et regrettent encore : « que le Concile ne se soit pas contenté de rappeler les formules dogmatiques déjà définies pour condamner les erreurs d’aujourd’hui et prévenir les fidèles contre l’apostasie. »

     

    Mgr Aillet ne semble pas faire sienne l’analyse de certains catholiques dits de tradition qui expliquent que le Concile Vatican II ne fut pas un concile dogmatique mais pastoral, même s’il écrit : « Vatican II n’a pas défini de nouveaux dogmes ». Effectivement, nous lisons dans la préface écrite par Mgr Aillet lui-même, au sujet des textes conciliaires : « (qu’) il y avait des motifs dogmatiques et pastoraux importants ». Il prend même le soin d’apporter des précisions supplémentaires : « l’ecclésiologie du Concile Vatican II est une ecclésiologie fondamentalement théologique. Car en fait, le Concile Vatican II ne fut pas un Concile ecclésiologique mais bien un discours sur Dieu, et cela non seulement à l’intérieur de chrétienté mais face au monde. » Cependant, plus loin, Mgr Aillet prend le contre pied de ce qu’il annonçait plus tôt dans le livre en tentant de décrypter la pensée du Pape d’alors : « sans doute le Pape Jean XXIII avait-il souhaité que l’enseignement du Concile soit présenté de manière pastorale, considérant que Vatican II ne devait pas faire porter son effort sur des discussions d’ordre théologique. » Il poursuit avec cette idée : « il reste qu’en voulant donner à son enseignement un caractère surtout pastoral c’est bien la doctrine immuable qu’il cherche à exposer de manière plus accessible aux hommes et aux femmes de notre temps : en ce sens Vatican II, est aussi un concile doctrinal. » Ces explications contraires, confuses, et les différentes précisions apportées sur la nature du Concile paraissent quand même déconcertantes… Ceci étant dit, Mgr Aillet accepte pleinement et sans réserve ce Concile : « J’adhère à Vatican II car j’y reconnais une expression conforme à la tradition bimillénaire de l’Eglise. » Selon lui : « Vatican II est une expression de la foi de l’Eglise pour notre temps, mais il ne peut être en rupture avec le passé, sans être infidèle à la foi de l’Eglise elle-même. » Ainsi sur la « Messe versus populum  » son propos est on ne peut plus pertinent : « Pour beaucoup c’est l’un des acquis essentiels du Concile. Pourtant, contrairement à des idées reçues, le Concile n’a rien dit sur la question. Si la pratique s’est généralisée après le Concile, ce n’est pas parce que des directives ont été données par le législateur, en l’occurrence le Saint-Siège ». A l’aune de cette pensée non pas lumineuse, mais tout simplement conforme à la doctrine catholique, nous espérons du fond du cœur que tous les prêtres de son diocèse, à commencer par lui, célèbrent la Sainte Messe à l’endroit… Il enfonce le clou, sans mauvais jeu de mots, en rappelant que : « L’esprit est indissociable de la lettre qui l’incarne précisément : de même qu’il n’est pas possible d’atteindre la divinité du Christ qu’en passant par son humanité, de même on ne peut rejoindre l’esprit du Concile qu’en passant par la lettre.  »

    A la lecture de cet ouvrage des questions s’imposent : pourquoi donc certains clercs prirent leurs fantasmes et leurs erreurs doctrinales pour la réalité en les imposant au mépris du respect des règles et de la tradition ? Pour quelles mystérieuses raisons ceux qui agirent ainsi ne subirent-ils pas des légitimes réprimandes infligées par l’autorité suprême ? Malheureusement, l’évêque de Bayonne élude ces questions fondamentales, alors qu’à nos yeux elles s’avèrent essentielles pour la compréhension des évènements. L’auteur revient sur la « Semaine Noire » en rappelant les luttes et les combats qui se jouèrent lors des derniers jours de la troisième session, au point que Paul VI dut lui-même intervenir pour jouer la carte de l’apaisement entre les différents protagonistes. D’une manière générale, l’avis plus que favorable de Mgr Aillet à l’endroit de Daniélou et Lubac ne nous inspire pas positivement, pour ne pas dire plus… Il termine son livre entretien par une note d’espoir en forme de prière. Effectivement, il a composé une prière à Marie dans laquelle il L’implore « O Cœur Immaculé de Marie, Mère de l’Eglise, soyez notre refuge.  » afin qu’Elle nous guide : « pour accueillir cette nouvelle Pentecôte tant désirée. » Qu’Elle l’entende et l’exauce.

  • Roi, prêtre et prophète : la signification des trois offrandes faites au Christ à l'Epiphanie

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    Lu sur aleteia.org :

    « C’est parce que vous avez abandonné le Seigneur que tout va mal »

    À l'occasion de l'Épiphanie, Dom Samuel nous livre une réflexion sur la signification des trois offrandes faites au Christ.

    Des intellectuels et des politiques, même chrétiens, prétendent que nous pourrons sortir de la crise que traverse la société contemporaine en mettant en œuvre des idées humaines justes, des attitudes humaines droites. Ils se trompent. Les prophètes d’Israël n’ont cessé de rappeler au Peuple élu : « C’est parce que vous avez abandonné le Seigneur que tout va mal ».

    Un adage des Pères de l’Église commente le mystère de l’Épiphanie. Au pied de la crèche, les mages apportèrent « de l’or pour celui qui vient comme roi, de l’encens pour celui qui vient comme Seigneur, de la myrrhe pour celui qui vient comme homme ». La myrrhe servait en effet à oindre les cadavres. Le petit enfant dont nous venons de célébrer la naissance est appelé à régner ; il est Dieu et Seigneur ; il est homme et devra passer, comme nous, les portes de la mort.

    Nous pouvons rapprocher ces trois offrandes des trois dons attribués au Messie : Roi, Prêtre et Prophète, trois dons que tout chrétien reçoit le jour de son baptême et les prêtres, d’une manière particulière, pour exercer leur ministère. Pour être acteurs dans le monde d’aujourd’hui et fidèles à notre vocation, nous devons, par la puissance du Messie qui vient de naître, accepter d’être par Lui : roi, prêtre et prophète.

    Lire la suite sur aleteia.org
  • Trois docteurs de l'Eglise, Hildegarde de Bingen, Grégoire de Narek et Jean d’Avila, inscrits au Calendrier romain génér

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    D' sur zenit.org :

    Hildegarde de Bingen, Grégoire de Narek et Jean d’Avila inscrits au Calendrier romain général

    Les trois Docteurs de l’Eglise de cette dernière décennie

    Dans un décret publié ce 2 février 2021, la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements rappelle que les « Docteurs de l’Eglise » sont des « disciples de la Sagesse divine », qui sont « à leur tour devenus des enseignants de sagesse pour toute la communauté ecclésiale ».

    La religieuse bénédictine allemande sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179), le prêtre espagnol saint Jean d’Avila (1500-1569) ont été proclamés Docteurs de l’Eglise en 2012 – sous le pontificat de Benoît XVI – et l’abbé arménien saint Grégoire de Narek (950-1005) en 2015 – sous celui du pape François.

    Ces « figures particulières de saints d’Occident et d’Orient », précise le texte du décret signé du cardinal Robert Sarah, préfet du dicastère, sont désormais des mémoires facultatives qui doivent être inscrites dans tous les calendriers et les livres liturgiques pour la célébration de la messe et de la Liturgie des Heures.

    Les lectures fixées pour la messe de leur fête sont en première lecture Sagesse 7, 7-10. 15.16, ; en Psaume 36, 3-4. 5-6. 30-31 ; en Evangile Matthieu 7, 21-29.

    Hildegarde de Bingen

    Surnommée « la sybille du Rhin », prophétesse et poéte, médecin et moraliste politique, Hildegarde de Bingen est considérée comme la première des grandes mystiques allemandes. Elle réprimanda des papes et des princes – sans exception pour l’empereur Frédéric Barberousse -, des évêques et des laïcs, avec, dit-on « une probité entière et une justice sans erreur ».

    Elle n’avait pas huit ans lorsque ses parents la confiérent à la mystique Jutta de Sponheim qui vivait auprés des bénédictines de Diesenberg et gouvernait le monastère. A la mort de celle-ci, en 1136, elle lui succéda comme abbesse. Dix ans plus tard, elle transféra le monastère à Rupertsberg, prés de Bingen.

    Grégoire de Narek

    Grégoire de Narek, prêtre et moine, a vécu au 10e siècle en Arménie : il est né aux environs de 950 à Andzevatsik (aujourd’hui en Turquie) et mort à Narek vers 1005. Issu d’une lignée d’érudits et d’hommes d’Église, il entra dans la vie monastique – il vécut la plus grande partie de sa vie au monastère de Narek – à un âge précoce et excella en musique, astronomie, géométrie, mathématiques, littérature et théologie.

    Il devint prêtre à l’âge de 25 ans et commença ses écrits par un commentaire du « Cantique des cantiques », qui lui avait été commandé par un prince arménien. Son oeuvre fut réputée pour la clarté de sa pensée et de son langage et pour l’excellence de sa présentation théologique. Il écrivit aussi de nombreuses lettres, « sharagans » (ou hymnes), trésors, odes, mélodies et discours connus. Beaucoup de ses prières sont incluses dans la Divine liturgie célébrée le dimanche dans les églises arméniennes à travers le monde.

    Jean d’Avila

    Né en 1499 ou 1500 près de Tolède, dans une famille de juifs qui avaient embrassé la foi chrétienne, Jean d’Avila a été ordonné prêtre dès 1525, après la mort de ses parents. Il mit ses talents d’orateur au service de l’Evangile, à Tolède, tout en menant une vie simple et sainte.

    A Salamanque, Jean d’Avila était aussi proche de la Compagnie de Jésus. Il a guidé certains jésuites, il a étudié avec eux, et il les a aidés dans les difficultés. Constatant cette proximité, saint Ignace de Loyola aurait voulu qu’il rejoigne la Compagnie. Une grande partie de l’expansion des Jésuites en Espagne lui est en effet attribuée.

  • Quand le plus ancien diocèse d'Allemagne veut fermer une église sur trois

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    De Peter Hahne sur kath.net/news :

    "Auto-dissolution auto-infligée : le diocèse de Trèves veut fermer une église sur trois"

    "Des ventes à prix cassés". Contribution d'invité de Peter Hahne

    Trèves (kath.net) Un estimé collègue de Tichys Einblick m'a demandé si je ne voulais pas commenter cette triste nouvelle. Mais comment se fait-il que je ne sois pas triste du tout ? Mieux : je ne suis pas surpris parce que ce qui est arrivé devait arriver. C'est quasiment le bilan logique d'une autodissolution que l'on s'est infligée : A Trèves, le plus ancien diocèse d'Allemagne, une église sur trois doit être fermée. Tabula rasa ! La raison : les départs massifs ont fait fondre les recettes. Les bâtiments, mais aussi le personnel et la diversité bigarrée des institutions ecclésiastiques ne peuvent plus être payés.

    Pourquoi cela ne m'ébranle-t-il pas ? Prenons la grande ville badoise de Mannheim. Là-bas, dès le début de l'année, les grands journaux titraient : "Mannheim - bientôt la ville sans églises ?" L'un après l'autre, les lieux de culte, catholiques comme protestants, sont fermés. Les mosquées poussent cependant comme des champignons. Il y a 32 églises protestantes dans la ville, seules 12 peuvent encore être conservées.

    Un avertissement avait déjà été lancé il y a deux ans par un organisme compétent : environ un tiers de tous les bâtiments religieux en Allemagne ne seront plus utilisés en 2060. C'est ce que prévoyait le professeur Thomas Erne, directeur de l'Institut pour la construction d'églises à l'université de Marburg. Chacune des deux grandes confessions allemandes entretient environ 25.000 bâtiments religieux. Celui qui se rend par surprise à un service religieux découvre la plupart du temps un vide effrayant et béant. En revanche, des projets d'églises indépendantes, souvent à vocation œcuménique, fleurissent surtout dans les villes. Elles parviennent à peine à gérer l'affluence, organisent leur culte dans des salles de cinéma ou de théâtre ou construisent de grands centres communautaires. Tandis que les églises établies sont dans la même situation que les vieux partis en politique : les membres comme les électeurs s'en vont, déçus.

    Tout cela était prévisible. Ce n'est pas (seulement) le scandale des abus qui saigne les catholiques. Non, les protestants perdent autant de membres, souvent même plus. Et ce sont tout sauf des raisons financières qui accélèrent l'exode, lequel mène désormais littéralement à l'exitus.

    Chez les catholiques, nous assistons à quelque chose qui, en termes de marketing et de stratégie d'entreprise, est d'une rareté mondiale. C'est tellement absurde qu'il n'y a pas de mots pour le dire : Pour se renouveler, pour regagner des membres perdus ou pour les garder, le clergé catholique prend la mesure de l'Eglise protestante, qui pratique tout ce que l'on aimerait qu'elle pratique, et qui a perdu des millions de membres.

    Ce serait comme si le drugstore Rossmann s'orientait stratégiquement vers les magasins Schlecker qui ont fait faillite. C'est fou ! Ceux qui espèrent réussir en appliquant les méthodes d'une entreprise en faillite ne doivent pas s'étonner. Trèves nous fait signe. La protestantisation de l'Eglise catholique conduit à se diviser par deux.

    La "voie synodale" est le fossoyeur du catholicisme. On y jette des millions d'impôts ecclésiastiques par la fenêtre pour plaquer sur l'Eglise le "modèle de réussite" du luthéranisme. L'éternelle rengaine du mariage homosexuel, des paroisses arc-en-ciel, du sacerdoce féminin ou de l'abolition du célibat coûte moins cher chez les Verts, dans le mouvement queer ou chez AOK et ADAC. Personne n'a besoin de l'Eglise pour cela.

    "Mais quand on avait le plus besoin d'elle", affirment les deux collègues libéraux de gauche Stefan Aust (ex-patron du Spiegel) et Heribert Prantl (ex-patron du Süddeutsche), "l'Eglise nous a laissés tomber". Celle qui laisse les personnes âgées mourir sans les consoler et dépérir dans la solitude, personne n'en veut plus et n'en a besoin. Les deux dernières "années Corona" en ont été la dernière preuve. "Chanter depuis les balcons", c'est la seule chose qui est venue à l'esprit du haut clergé. C'est un crime de se mettre au service des organes de l'Etat par obéissance anticipée, au lieu de se laisser déclarer "organisation d'importance systémique". Et maintenant, c'est la rançon !

    Si même certains évangéliques de haut niveau entendent désormais par cercle œcuménique de femmes la collaboration avec des musulmans, alors bonne nuit. Et la contribution officielle de l'Église à la Journée de l'unité allemande, diffusée par la ZDF il y a quelques semaines dans la cathédrale d'Erfurt, n'était-elle pas la dernière preuve de la direction prise par ce qui reste du christianisme organisé ? On l'a appelé de manière mensongère un "service œcuménique", mais en réalité, il s'agissait d'un "Erfurter Allerlei", un théâtre idéologique absurde de protestants, catholiques, athées, juifs, humanistes et musulmans. Tout le monde parlait et priait pêle-mêle, en quelque sorte. On ne peut pas faire mieux en matière d'abandon et d'autodestruction. Les Bonhoeffer et les von Galen, les Dibelius et les Dyba se retournent dans leur tombe.

    Il est maintenant trop logique que l'on puisse répartir les églises superflues entre les "confessions" d'Erfurt. Chacun aura sa part des soldes. Si de toute façon tout est pareil. Mais quand on est ouvert à tous les vents, on ne peut pas être tout à fait étanche. Il manque même de l'argent pour réparer les toits.

    Je connais suffisamment de paroisses et de pasteurs protestants et catholiques qui ont une recette pour redonner vie aux cathédrales et aux cathédrales, aux églises de village et aux maisons de paroisse et les remplir de gens : prêcher le pur Évangile, proche de la vie et orienté vers la Bible. Jésus au lieu de Marx, Marie au lieu de Greta.

    Lorsque des évêques renient la croix en entrant dans une mosquée ou placent Greta dans la triade du Père, du Fils et du Saint-Esprit, l'urgence de la foi et l'urgence de la formation se révèlent être les deux faces d'une même médaille. Aucune personne saine d'esprit n'a besoin de cela. Ou alors, laisser l'arc-en-ciel là où il a sa place dans la Bible et dans l'histoire du salut depuis des milliers d'années : chez Noé, qui a emporté deux sexes dans son arche. Celui qui utilise aujourd'hui l'étoile de genre banalise demain les bloqueurs de puberté. Celui qui interdit Winnetou aujourd'hui, interdira la Bible demain.

    À quoi sert l'Église dans ce cas ? Thomas Gottschalk n'a-t-il pas raison lorsqu'il a récemment ironisé avec un saint sérieux : "Plus personne n'a besoin de l'Église et de l'ARD !"

    Les chrétiens ne se rendent-ils pas compte de ce qui se passe, de ce que l'heure a sonné ?! Le retour aux racines est la seule méthode pour une réforme intérieure, afin de retrouver un rayonnement vers l'extérieur. Faire briller le cœur de la marque : L'espérance par-delà la mort, la pastorale et la mission.

    Et supprimez enfin cet impôt ecclésiastique terrible et mortel, encaissé par l'État, unique en Allemagne ! Devenez, dans l'esprit des deux papes vivants, une "église pauvre". Dépendante de Jésus, pas du fisc. L'impôt ecclésiastique finance toutes les folies qui, dans une Eglise orientée vers les dons comme aux Etats-Unis, auraient disparu depuis longtemps dans le nirvana : des congrès ecclésiastiques pires que n'importe quelle convention de gauche. Cette misérable aberration synodale, ce bois et cette dérive. Ce bradage de la substance de la foi comme marchandise de pacotille à prix cassé.

    La seule solution pour les finances serait la recette de l'un des plus grands connaisseurs de la scène ecclésiale depuis 50 ans, Helmut Matthies, longtemps chef de l'agence de presse protestante IDEA : l'argent doit rester dans les paroisses et y être géré de manière responsable, indépendamment des autorités religieuses cléricales. Il expose cela et d'autres propositions de réforme de manière convaincante dans son livre "Gott kann auch anders".

    Oui, ni Trèves, ni Mannheim, ni aucune autre ville ne devraient fermer une seule église si ce qui est écrit à l'intérieur était à nouveau respecté : L'enseignement biblique au lieu du vide de la foi et de la formation. Personne n'a besoin d'un emballage trompeur. Il vaut mieux chercher l'original.

    Comme le chef du quotidien "Welt", Ulf Poschardt, qui a tweeté après avoir assisté à un service religieux de Noël : "Qui peut encore aller volontairement à une messe de Noël si, à la fin du sermon, il pense avoir passé une soirée chez les #Jusos ou les Jeunes Verts ?" Eh bien, on n'a pas (plus) besoin d'une église pour cela. Dommage qu'elle se rende elle-même superflue. C'est triste !

    Comme pour le confirmer, le Welt am Sonntag titrait récemment la citation d'un pasteur : "Nous devons peu à peu nous habituer au fait que plus personne ne nous demande rien".  C'est un pasteur grassement payé qui dit cela, pas un sociologue, un athée ou un politicien de gauche. Celui qui renonce à lui-même n'a plus le droit d'exister.

    Et personne ne demande vraiment plus aux chrétiens et à leur message ? Dimanche dernier, j'ai pris la parole dans un petit village près du Sachsenring, lors d'un service religieux pour les agriculteurs. Peu de publicité, le tout en plein air sous un avis de pluie. Plus de 1800 personnes ont afflué. Des foules de jeunes, des familles entières. Je n'oublierai jamais ces images émouvantes. Le chant qui y a été chanté est programmatique : "Il va sans Dieu dans l'obscurité ..." Là où l'Eglise a oublié qu'elle avait oublié Dieu, c'est le noir complet.

  • Trois petits tours et puis s’en vont

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    Lu sur le site web de la Conférence des évêques de France :

    « A la veille de la clôture du ConcileVatican II, le 7 décembre 1965, Paul VI et les Pères du Concile adressaient leur dernier message aux jeunes garçons et filles du monde entier. « C'est vous qui allez recueillir le flambeau des mains de vos aînés et vivre dans le monde au moment des plus gigantesques transformations de son histoire, écrivaient-ils (...). C'est pour vous (...), qu'elle (L'Eglise) vient, par son Concile, d'allumer une lumière: lumière qui éclaire l'avenir, votre avenir. »

    Presque 50 ans plus tard, Samuel Grzybowski a décidé de faire sienne cette adresse et de la partager. « C'est une évidence. Après les Ecritures, il est un texte central, assure le jeune homme âgé de 20 ans. Tout ce qu'on vit aujourd'hui comme Eglise vient de ce texte. Je pense à la liturgie, par exemple : la messe en français, le prêtre face à l'assemblée, etc. »

    De retour d'un voyage avec des jeunes de différents mouvements, celui qui est aussi le président de l'association « Coexister » imagine « YouCoun », abréviation de "Youth Council", un projet autour de l'anniversaire de Vatican II pour le rendre accessible à la jeunesse. « J'ai le sentiment que c'est nécessaire : la majorité ignore son contenu », justifie-t-il.

    Le projet nourrit donc un double objectif : « comprendre, célébrer et promouvoir » le Concile et « instaurer un nouveau dialogue entre les jeunes catholiques de toutes sensibilités ». « Un esprit de chapelle passif existe, on connaît l'Eglise par la porte par laquelle on est entré », observe Samuel Grzybowski. 
     

    Réunion de l'ensemble des évêques.Culte public qui englobe l'ensemble de la prière de l'Eglise et les célébrations sacramentelles.Célébration qui commémore le sacrifice du Christ.Chrétien qui a reçu le sacrement de l'Ordre pour être signe du Christ pasteur.Concile oecuménique ouvert par le pape Jean XXIII qui réunit à Rome tous les évêques du monde.

    2012-2015 : trois années jubilaires

    Premier acte posé, la signature d'un texte commun par une trentaine de membres de différents mouvements (JOC, MEJ, Scouts et Guides de France, etc.), le 11 octobre 2011. Le document fixe les années universitaires 2012 à 2015 comme « trois années jubilaires ». Constitué en association, avec à sa tête un comité de pilotage (Samuel Grzybowski, Inès Azaïs, Frère Arnaud Alibert, a.a.), Youcoun entend uniquement mettre en œuvre trois rendez-vous: le lancement du cinquantenaire, le 11 octobre ; un pèlerinage national en 2014 et un rassemblement de clôture en France, le 8 décembre 2015. Aux diocèses et mouvements de se saisir du projet. L'association se veut une plate-forme pour impulser largement la dynamique avec un site à venir (www. youcoun.fr), une application "Icoun" pour smartphone comprenant textes du Concile, commentaires de théologiens et experts, actualités.

    Par ailleurs, un collège est en cours de constitution. Formé de jeunes de différents mouvements, il se retrouvera plusieurs fois par an pour échanger, débattre. Prochainement, il contribuera à la réalisation d'un document papier tiré à 20 000 exemplaires dont la sortie est prévue en novembre 2012. Cette publication et son usage constituent un élément clef de la dynamique YouCoun. Il se présente comme un manuel à l'usage des
    diocèses et mouvements. Pour travailler Vatican II, ceux-ci pourront y piocher des textes et des éclairages, des propositions pour célébrer l'anniversaire, des pistes pour s'approprier les éléments du Concile au quotidien, des thèmes de réflexion et des suggestions autour du dialogue intrareligieux.

    En 2015, après le rassemblement du 8 décembre, l'association YouCoun cessera d'exister, le défi sera alors que la dynamique impulsée continue au-delà. « 

     Ici:    YouCoun : Vatican II expliqué aux jeunes

    Communiqué dans ce style inimitable des mouvements (ou ce qu’il en reste) d’église conciliaires. Perspectives « exaltantes »  pour apparatchiks en herbe ?…

  • Trois mères reçoivent le prix européen pour la Vie

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    « Si tu veux la paix défends la vie » - Le prix européen pour la vie remis à trois mamans du continent

    Antonio Gaspari -Traduction d’Océane Le Gall (ZENIT.org)

    Au moment où, à Oslo, l’Union européenne recevait à Oslo son prix Nobel pour la paix, à Rome, au capitole, les mères d’Europe recevaient le prix européen pour la vie.

    Le président de la commission pour les affaires constitutionnelles du parlement européen et président du Mouvement italien pour la vie, Carlo Casini, a remis le prix Mère Teresa de Calcutta à  trois mamans héroïques:  Chiara Corbella Petrillo qui a donné sa vie pour faire naitre son enfant, représentée par son mari, Irene de Nomadelfia, et Sabrina Pietrangeli Paluzzi, présidente de la « Quercia Millenaria ». « Si tu veux la paix, défends la vie », a dit Carlo Casini durant la cérémonie, en reprenant les paroles prononcées par le pape Paul VI, à l’occasion de la Journée mondiale pour la paix, le 1 janvier 1977.

    Ce même concept a été exprimé par Mère Teresa de Calcutta, en 1979, au moment où elle recevait le Prix Nobel pour la paix. Elle a dit : «  Si nous acceptons qu’une mère puisse supprimer le fruit de son sein que nous reste-t-il ? Le principe de l’avortement met en danger la paix dans le monde ». Hélas, a commenté Carlo Casini, aujourd’hui en Europe, on compte beaucoup plus d’un million d’interruptions volontaires de grossesses par an. C’est la raison pour laquelle Jean Paul II, en s’adressant aux évêques du continent, en 1985, parla de « défaite de l’Europe ». Dans ce contexte, le Prix européen pour la vie remis aux mamans d’Europe est un regard vers l’avenir, car sans enfants, a dit Carlo Casini,  il n’y a pas d’avenir et parce qu’ « un nombre incalculable de mères d’Europe, en silence, répandent et encouragent ces valeurs que l’Europe proclame, mais souvent trahit ».

    Andrea Riccardi, le ministre italien pour la coopération internationale et l’intégration, a remercié Carlo Casini, saluant en lui  « le pèlerin intrépide du droit à la vie » qui continue à « frapper aux portes et aux palais d’Europe et d’Italie ». Le ministre, qui est aussi le fondateur de la communauté de Sant’ Egidio, a précisé que « l’Europe est le cœur d’un humanisme où l’on proclame des droits et des opportunités qui s’inspirent de la Déclaration universelle des droits de l’homme », mais émerge la contradiction pour ces enfants conçus mais jamais nés. Pour Andrea Riccardi « sans vie pas de droits » et l’Europe « a besoin de vie si elle veut un phare d’humanité et de droit dans le monde ».

  • Trois nouveautés apportées aux JMJ par Benoît XVI

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    C'est Sandro Magister qui les relève sur http://chiesa.espresso.repubblica.it/

    "Trois nouveautés au moins caractérisent les Journées Mondiales de la Jeunesse de ce pape: les temps de silence, la très grande jeunesse des participants, la passion de témoigner de sa foi dans le monde..."

    voir la suite ICI

    relevons ce passage :

    "Une troisième caractéristique est que ces jeunes sont tournés "ad extra". Ils ne sont pas du tout intéressés par les batailles internes à l’Église pour une modernisation qui la mettrait au goût du jour. Ils sont à des années-lumière du "cahier de doléances" de certains de leurs aînés qui demandent le mariage des prêtres, l’ordination des femmes, la communion pour les divorcés remariés, l’élection populaire des évêques, la démocratie dans l’Église, etc.

    Pour eux, tout cela est insignifiant. Il leur suffit d’être catholiques comme le pape Benoît le montre et l’explique. Sans détours, sans rabais. Si le prix auquel nous avons été sauvés, le sang du Christ, est élevé, l'offre de vie des vrais chrétiens doit également être élevée.

    Ce n’est pas la réorganisation interne de l’Église mais la passion pour l'évangélisation du monde qui fait agir ces jeunes. Le pape allait le leur dire en ces termes, dans son discours qui a été interrompu par l’orage :

    "Chers amis, qu’aucune adversité ne vous paralyse. N’ayez pas peur du monde, ni de l’avenir, ni de votre faiblesse. Le Seigneur vous a donné de vivre en ce moment de l’histoire, pour que, grâce à votre foi, son Nom retentisse sur toute la terre"."

    (Quant à la communion lors de la messe du dimanche, d'après ce que nous savons, elle n'a pas pu être distribuée parce que toutes les bâches des tentes chapelles autour du terrain d'aviation ont été arrachées par l'orage et que les hosties (non consacrées) ont été noyées par l'averse. C'est ce qui a contraint les organisateurs à demander aux jeunes de "se contenter" d'une communion spirituelle.)