Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Impressions dans un de ces lieux terribles de la modernité

IMPRIMER

Un panneau indique, comme dans une gare, l’horaire des cérémonies « d’adieu » (mais il n’y a plus de Dieu qui tienne). L’atmosphère est aseptisée, baignée par une musique d’ambiance « soft ». Les salles se suivent et se ressemblent, disposées autour d’un espace central vert et vide. Un personnel constipé, en habit strict, vous accueille dans une ambiance feutrée. C’est dans une de ces salles sans âme que nous dirons un dernier adieu à notre ami. Devant un parterre de têtes chenues, des familiers se succèdent pour débiter des hommages convenus. Après une demi-heure, les préposés ouvrent les portes du fond pour y emmener seule la bière qui se dérobe à nos yeux et sera incinérée à l’abri des regards. Rendez-vous est fixé, deux heures plus tard pour la dispersion des cendres. Heureusement, le Centre dispose d’une buvette pour y tuer le temps "en attendant"… Temps mort, ô combien !

Rien n’évoque en ces lieux vides une quelconque destinée ultérieure. Après des dizaines de milliers d’années où l’homme depuis l’âge des cavernes jusqu’il y a peu s’est adonné à des rites funéraires attestant sa croyance dans un au-delà, l’homme moderne a renoncé à toute espérance. Sa trace se termine ici et s’efface à tout jamais. Exit le sacré; ni symbole, ni rite, il n’y a plus aucun mythe qui tienne.

La mort de Dieu semble avoir signé à tout jamais celle de l’homme.

Commentaires

  • Je trouve qu'il y a aussi un côté très pathétique chez ces gens, dans leurs cérémonies funèbres. C'est qu'ils essaient quand même de copier les rites religieux traditionnels, mais en les ayant vidés de tout sens religieux. On a donc l'impression qu'ils font « comme si », qu'ils jouent un scénario, mais maladroitement et sans âme. Dans le fond, on peut dire qu'ils copient les rites funéraires de leurs ancêtres, tout en prétendant que leurs ancêtres n'étaient que gens superstitieux et obscurantistes.

    Mais l'on se dit tristement que ce serait à peu près la même chose s'ils devaient accompagner l'incinération d'un animal de compagnie. Ces gens ne professent-ils pas d'ailleurs que l'homme n'est jamais qu'un animal comme un autre ? Pourquoi donc faudrait-il qu'ils le considèrent et le traitent autrement, puisqu'ils ne voient guère que le corps, que le côté matériel, physico-chimique, dans leurs semblables ?

    Ne leur évoquez donc pas l'âme spirituelle du disparu, ils ne veulent pas en entendre parler, vous les choqueriez. Car ils refusent d'admettre la spécificité extraordinaire de l'espèce humaine dans le monde du vivant. Il faut les respecter, et prier Dieu en silence aussi bien pour eux que pour leur défunt.

  • Pour ce qui est de la position de l’Eglise sur l’incinération, après avoir rappelé le principe général d’ensevelissement des morts, qui est une des sept œuvres de miséricorde corporelle, le Catéchisme de l’Eglise Catholique s’exprime ainsi, au n° 2301, en petits caractères (comme si on était un peu gêné ?) : « L’Eglise permet l’incinération, si celle-ci ne manifeste pas une mise en cause de la foi dans la résurrection des corps ».

    La note renvoi au Canon 1176, § 3, qui dit ceci : « L’Eglise recommande vivement que soit conservée la pieuse coutume d’ensevelir les corps des défunts ; cependant elle n’interdit pas l’incinération, à moins que celle-ci n’ait été choisie pour des raisons contraires à la doctrine chrétienne ». La note de mon code évoque en effet, à propos de cette concession, l’Instruction Piam et Costantem qui n’émane pas directement du Pape Jean XXIII mais de la Suprême Congrégation du Saint Office du 08-05-1963 (sans doute approuvée ensuite par le Pape). Étonnamment donc, cette nouvelle attitude plus conciliante quoique réservée à propos de l’incinération a donc été prise par le Saint Office à l’époque où le Cardinal Ottaviani en était encore le Préfet…

    Il ne s’agit pas d’un dogme en matière de foi ou de morale.

    Je ne serais pas étonné qu’on revienne un jour à la position précédente (quitte à conserver une possible dispense pour raison grave et juste cause, en des circonstances exceptionnelles, où il y aurait par exemple des risques d’épidémie dans des lieux fermés, etc…). Mais ne nous trompons pas: il s’agit d’une concession (cf. les termes utilisés : « n’interdit pas », « permet », « si », « à moins que »), restant sauve la vive recommandation d’ensevelir les corps, selon la tradition chrétienne, où on sent l’Eglise respirer vraiment.

    J'ai été frappé ce mardi par le sondage publié ce jour dans La Libre, au sujet de l'attente des catholiques belges liés au futur pape, et à ce désir de "modernité", sans qu'on explique véritablement ce qu'on entendait par modernité.

    Je ne peux m'empêcher de faire le lien avec la symbolique de l'incinération, et donc, pour ce qui nous concerne, nous, catholiques, à l'espérance de la résurrection des corps, probablement méconnue par de nombreux catholiques eux-mêmes. Ici comme ailleurs, l'Eglise doit faire preuve de pédagogie... pour autant que son message ne soit pas "sapé", déformé... comme il l'est souvent. C'est aux prêtres aussi qu'il appartient de faire circuler la parole du magistère. De rappeler ce qui fonde notre foi et les trésors qu'elle recèle.

    L'idéologie moderniste est en phase avec l'orgueil humain qui veut tout contrôler, y compris sa propre mort, y compris le rythme auquel il revient à la terre, pourtant créée bonne par un Créateur bon.

    Les saints nous ont montré l'exemple. Saint Ignace d’Antioche, par exemple, allait vers le martyre, en désirant même que son corps soit entièrement broyé par les bêtes, pour ressusciter entièrement en Dieu.

    C'est bien là, finalement, notre but ultime.

  • "Rappelle-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière" : C'est ce que me dit le prêtre à chaque mercredi des Cendres quand il marque mon front...
    Le fait d'être incinéré au lieu d'être inhumé ne doit donc pas choquer le Chrétien. Dans de nombreuses villes, il est devenu très difficile d'étendre les cimetières. Les "colombariums" où sont placées les urnes avec les cendres du défunt offrent une alternative à la tombe classique.
    En réalité, je me moque assez bien de ce que deviendra mon corps après ma mort, c'est ce qu'il adviendra de mon âme qui importe!

Les commentaires sont fermés.