Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

France : l’avortement, seulement une question de chiffres ?

IMPRIMER

Lu sur le blog du bimensuel « L’Homme Nouveau » :

 

"L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) recense 810 000 naissances et 222 500 avortements en France pour l’année 2013. Ce qui fait environ 21,8 % de bébés avortés, soit, en d’autres termes, plus d’un bébé sur cinq tués dans le sein de leur mère. On estime par ailleurs que 96 % à 98 % des enfants dépistés porteurs de la trisomie 21 suite à un diagnostic prénatal sont avortés. La systématisation du dépistage – informatif à l’origine et finalement préventif - de cette anomalie chromosomique a pour conséquence l’éradication quasi totale de ce handicap en France comme dans la plupart des pays dits « développés ».

Un chiffre qui fait frémir

Grâce à l’immense travail d’information et de sensibilisation des défenseurs des personnes porteuses de la trisomie 21, comme la Fondation Lejeune pour ne citer qu’elle, cet eugénisme silencieux commence progressivement à être dénoncé publiquement. Si quelques figures du monde politique ou scientifique se targuent d’atteindre un jour 100 % de trisomiques avortés, le chiffre de 96 % est difficile à justifier, même pour ceux qui ne sont pas spécialement acquis à la cause de la défense de la vie. Une dénonciation forte du sort terrible qui attend les fœtus porteurs du fameux chromosome surnuméraire avait notamment été faite à l’occasion de la Journée mondiale de la trisomie 21 le 21 mars dernier, comme nous l’avions expliqué ici.

Militer pour les 27,5 % ?

Nous mettions en lumière la position paradoxale de nombre de défenseurs des personnes atteintes de trisomie 21 qui consiste à déplorer l’eugénisme dont elles sont victimes sans toutefois remettre en cause la pratique même de l’avortement. Éléonore Laloux a 27 ans, elle est trisomique, elle est l’égérie rieuse et attachante de l’association « Les Amis d’Éléonore » qui se bat pour faire changer le regard de la société sur ce handicap.  Elle a publié à l’occasion de la Journée mondiale de la trisomie 21 et avec la collaboration du journaliste Yann Barte, « Triso, et alors ? » (éd. Max Milo). Éléonore y raconte sa naissance, son enfance, son entrée dans le monde professionnel, elle y raconte aussi la manière dont son chromosome surnuméraire est vu par ceux qui l’entourent, combien elle a dû se battre pour surmonter toutes les difficultés liées à son handicap. Poussée et encouragée par ses parents eux-mêmes très investis dans la cause, elle ne se contente pas seulement de livrer un témoignage sur sa vie, elle s’offusque également de ce que la plupart des personnes trisomiques soient avortées sans autre forme de procès. Et pourtant, celle qui semble si heureuse de vivre et si reconnaissante à ses parents de l’avoir menée à terme écrit ainsi : « C’est une maladie génétique qui n’est pas lourde à porter mais il faut vivre avec. Il faut aider la recherche et puis surtout informer et rassurer. Mais on doit aussi respecter le choix des parents. S’ils ne veulent pas garder l’enfant, ce n’est pas grave. Mais c’est quand même dommage. » Pour certains, il n’est pas question de s’interroger sur la pratique de l’avortement : comme si le problème n’était pas tant le fait que les trisomiques soient avortés mais le fait qu’ils le soient en masse, du moins plus que les autres. On entend ainsi de nombreux défenseurs de la cause déplorer la différence de traitement entre personnes saines et handicapées.

À croire qu’il faudrait militer pour que 21,8 % des trisomiques soient tués in utero : au moins, tout le monde serait logé à la même enseigne. L’égalité jusque dans la mort, est-ce vraiment ce pour quoi nous devons nous battre ? Devrons-nous cesser de nous battre pour les trisomiques si un jour « seulement » 21,8 % d’entre eux étaient tués ?"

Rédigé par Adélaïde Pouchol le 02 mai 2014 dans Éthique et tac

Éléonore Laloux, porte-parole du collectif "Les Amis d'Éléonore".

Réf. Avortement : seulement une question de chiffres ?

JPSC

 

Commentaires

  • En ce qui concerne l'avortement, ne faut-il pas faire une distinction entre ce qu'on appelle l'IMG (interruption médicale de grossesse) par rapport à l'IVG (interruption volontaire de grossesse) ? J'ai connu un cas de parents catholiques qui ont dû se résoudre, sur avis médical sérieux, à interrompre par IMG une grossesse mettant en danger la vie de la mère et trop tôt de toutes façons pour permettre à l'enfant de vivre. On ne pourrait donc non plus fixer comme but final un chiffre de 0% d'avortements. Mais en espérant bien sûr que la médecine n'arrive pas un jour à déclarer que tout handicap génétique détecté justifierait de s'appeler une IMG.
    .
    On pourrait aussi poser une question intéressante aux partisans de l'IVG pour le handicap détectable génétiquement. Quel est donc l'objectif qu'ils fixent à cet eugénisme, à cette recherche de la naissance de « personnes génétiquement parfaites » ou de personnes « répondant à certains critères de perfection corporelle » ?
    .
    En effet, ils ne pourront jamais, par un examen pré-natal, savoir si cet enfant à naître sera un bienfaiteur ou un malfaiteur pour l'humanité. Ils ne sauront jamais s'il apportera du bien ou du mal sur Terre. Je n'ai jamais rencontré de porteurs du gène de trisomie 21 faisant beaucoup de mal à leur prochain. Je dirais même au contraire, ils apportaient plutôt de la joie et de la paix sur Terre. Par contre, l'on peut citer une longue liste de dictateurs, criminels, médisants ou escrocs, qui génétiquement seraient considérés comme 'parfaits', 'bons pour le service'. Et comment savoir en outre quelle proportion de génies et de bienfaiteurs de l'humanité, n'aurait-on pas éliminé par examen pré-natal, comme 'imparfaits' ou 'pas aptes au service' ?
    .
    L'homme n'est pas que corps, il est corps et esprit. Le corps peut être en parfaite santé alors que l'esprit serait malade, et inversement. S'il fallait choisir, qu'est-ce qui serait le plus important pour un être humain, un corps ou un esprit en bonne santé ? Fallait-il éliminer Jean-Paul II ou Beethoven, dès que leur corps montra des signes de faiblesse ou maladie ?
    .
    Car la logique de l'eugénisme et de l'euthanasie est la même. On décide de supprimer une vie humaine dès que son fonctionnement corporel devient 'insatisfaisant', que ce soit avant la naissance ou après la naissance, au courant de sa vie, suite à la maladie, l'accident ou la vieillesse.
    .
    Et ce qui est le plus étonnant, c'est que cette même société matérialiste se refuse, dans certains pays, à donner la mort à quelqu'un dont le corps est en parfaite santé mais dont l'esprit est très malade, porté au mal (des criminels récidivistes, des tueurs en série). On trouve donc dans cette société bizarre, des gens qui sont contre la peine de mort pour des criminels endurcis, ayant bénéficié de toutes les garanties de la Justice humaine, mais qui sont par contre pour la peine de mort infligée à des innocents, sans aucune possibilité que leur droit à la vie soit au moins défendu par la société.
    .
    Pourquoi ce respect à deux vitesses de la vie humaine par la société matérialiste occidentale ? On peut supposer que, pour l'IVG en tout cas, ces bons apôtres se disent qu'ils ne risquent plus rien à l'autoriser, puisque eux-mêmes y ont échappé. Tant pis pour les autres bébés qui n'auront pas leur chance. Mais que, pour la peine de mort infligée par la Justice humaine, le risque n'est pas nul qu'ils en soient un jour eux-mêmes victimes, que ce soit à cause d'une erreur ou non de cette Justice.

  • Une IMG pour sauver la vie de la mère ?
    Dans le cas d'une grossesse où l'on pressent que la vie de la maman est en danger, il convient d'être très attentifs et prudents. Nos hôpitaux permettent de mettre la maman sous surveillance et, de jour en jour, essayer de permettre à l'enfant de grandir le plus possible dans le sein maternel.
    Il se peut que grâce à cette observation rapprochée, l'enfant puisse grandir et naître quand même. Il sera peut être prématuré, mais il sera vivant.

    Toutefois, si durant cette période d'observation, la vie de la mère est vraiment en danger et qu'une intervention médicale chirurgicale est impérative, alors oui, il faut intervenir, même si cela provoque la mort du foetus.
    Vous avez remarqué que le terme utilisé est "intervention chirurgicale " et non "avortement" ou "IMG".
    L'intention de l'équipe médicale en intervenant, est de sauver la vie de la mère (premier effet, recherché pour lui-même), quitte à ce que malheureusement, le bébé perde la vie (deuxième effet, non recherché et regretté).
    Cette précision de vocabulaire est importante ainsi que la dynamique de l'acte à double effet, dont ce cas est l'une des applications.
    Dans le cadre décrit ci-dessus, l'intervention chirurgicale ayant comme intention de sauver la vie de la maman, est un acte qui n'est pas moralement condamnable.
    Il est vrai que, par prudence, certains médecins craindraient de procéder de la sorte.

Les commentaires sont fermés.