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Rechercher : célibat des prêtres, stop ou encore

  • La règle du célibat des prêtres, une simple question de discipline ?

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    L’attachement de l’Église latine à la règle du célibat sacerdotal est bien souvent mal compris. Pourquoi l’Église maintient-elle cette discipline ? Quel en est son fondement ? Comment des jeunes peuvent-ils aujourd’hui s’y préparer ? Voici, puisés dans le Magistère et la pratique de l’Église, quelques éléments de réponse apportés ici par la Communauté Saint-Martin  (France) :

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    Le célibat: une loi ecclésiastique à remettre en cause ?

    L’affirmation que la pratique du célibat « n’est pas exigée par la nature du sacerdoce » (Concile Vatican II, décret Presbyterorum Ordinis n°16) a souvent été utilisée pour ne faire du célibat qu’une question purement disciplinaire. Le célibat ne serait qu’une contrainte imposée aux prêtres par l’Église latine, contrainte de plus en plus incompréhensible au vu de la mentalité actuelle et du manque de prêtres pour célébrer l’Eucharistie. Cette façon de présenter les choses, relayée par les médias, ne rend pas compte des vraies motivations de l’Église quand elle parle des « multiples convenances » du célibat avec le sacerdoce.

    iLe vrai fondement du célibat sacerdotal

    Mettre en valeur l’argument de la totale disponibilité à la mission comme motif du célibat fait naître rapidement des objections. Des gens mariés pourront être très disponibles et des prêtres célibataires fort peu tant ils seront préoccupés d’eux-mêmes. Le vrai fondement du célibat est ailleurs.

    Il est dans la consécration de toute une vie au Christ. En effet, le prêtre annonce la Bonne Nouvelle du Royaume comme quelqu’un qui ne craint pas de sacrifier les joies du mariage et de la famille dans le but de témoigner de sa foi dans les réalités qu’on ne voit pas. Saisi par le Christ, le prêtre devient « l’homme pour les autres », tout disponible au Royaume, sans cœur partagé, capable d’accueillir la paternité dans le Christ. Le célibat n’est nullement en marge de la vie du prêtre ; il témoigne d’un Amour modelé sur l’Amour du Christ lui-même pour son Père et notre Père, son Église et notre Église et tous les hommes. Cette manière d’aimer dans et par le célibat est le langage du don de soi. Son parfait symbole est pour toujours la Croix du Christ. Comme pour le Christ, le renoncement n’est pas premier dans le célibat. Le célibat est l’expression, le signe, la conséquence du désir de se donner. Finalement, le motif véritable et profond du célibat consacré est « le choix d’une relation personnelle plus intime et plus complète au mystère du Christ et de l’Église, pour le bien de l’humanité tout entière » (Paul VI, encyclique Sacerdotalis coelibatus, n°54).

    Le célibat : un charisme a choisir librement

    C’est une des grandes richesses du Concile Vatican II et de la réflexion des derniers papes de ne pas présenter le célibat seulement comme une loi, mais d’abord comme un don, un charisme profondément lié à la grâce de l’appel et de l’ordination : « Parmi les conseils évangéliques, il y a en première place ce don précieux de grâce fait par le Père à certains (cf. Mt 19, 11 ; 1 Co 7,7) de se consacrer plus facilement et avec un coeur sans partage à Dieu seul dans le célibat. Cette continence parfaite à cause du royaume de Dieu a toujours été l’objet, de la part de l’Église, d’un honneur spécial, comme signe et stimulant de la charité pastorale, et comme une source particulière de fécondité spirituelle dans le monde » (Jean-Paul II, exhortation Pastores dabo vobis n°29).

    Ce don de la vocation à la chasteté dans le célibat exige par conséquent une préparation adéquate : les séminaristes sont invités progressivement à recevoir un tel don pour en vivre fidèlement toute leur vie comme prêtre. Étant donné que le célibat engage tout l’être, c’est toute la personne avec ses différentes composantes qui doit être prise en compte dans cette formation au célibat. Ainsi, le célibat nécessite aussi bien une formation humaine et psychologique que spirituelle et théologique.

    Le pape François sur le célibat

    « L’Église doit être attirante. Réveillez le monde ! Soyez témoins d’une autre façon de faire, d’agir, de vivre ! Il est possible de vivre autrement dans ce monde. On parle d’un regard eschatologique, des valeurs du Royaume incarnées ici, sur cette terre. Il s’agit de tout laisser pour suivre le Seigneur. (Pape François aux supérieurs généraux, 2013) »

    Ref. La règle du célibat des prêtres, une simple question de discipline ?

    mercier.jpgComme l’explique le regretté Jean Mercier, rédacteur en chef adjoint du magazine « La Vie », dans son  essai « Célibat des prêtres : la discipline de l'Église doit-elle changer ? » Desclée De Brouwer, 2014, «  n’ordonner que des célibataires est une règle qui s'est définitivement imposée dans l’Eglise latine au XIIe siècle : jusqu'alors, il y avait aussi des prêtres mariés. Mais le Christ est une figure célibataire, un itinérant. Il emmène avec lui des disciples eux aussi célibataires, consacrés à cette itinérance. L'apôtre Paul est encore une figure de célibataire.

    Puis l'Église s'installe et on ordonne des hommes mariés au diaconat, à la prêtrise et à l'épiscopat. Mais on leur impose de s'abstenir de relations conjugales avec leur femme. Dès le début? Probablement. La première trace de cette demande remonte au début du IVe siècle. Mais on pense que la règle a été imposée dès le départ, dans une vision du prêtre qui, même s'il est marié, est totalement voué à la fonction de l'intercession dans la messe. On considère que les relations conjugales sont incompatibles avec ce don, cette consécration totale du prêtre pour l'Église.

    C'est donc devenu une discipline de l'Église mais il y a tout un débat pour savoir si ce n'est qu'une discipline, ou si c'est un peu plus que cela. Je pense que nous avons derrière nous une tradition très longue, qui a inspiré la spiritualité catholique. Avoir des prêtres célibataires implique toute une formation dans la manière de vivre la consécration au Christ qui, je pense, a influé sur la spiritualité catholique, même pour les laïcs.

    L’imposition du célibat n’a jamais été simple mais cela a fonctionné. Et ce modèle de prêtre sera renforcé au moment du concile de Trente, qui répond à la première grande crise qui se pose à l'Église d'Occident : la Réforme. Les réformateurs en effet considèrent que le célibat est une règle contre nature, malsaine, qui mène à des déviances. Quand les deux Églises se sont séparées, l'Église catholique a réaffirmé au cours du concile de Trente le célibat sacerdotal. Et, jusqu'à Vatican II, il n'a jamais été vraiment remis en question. D'ailleurs, Vatican II réaffirmera le célibat, ainsi que Paul VI dans la foulée. Sous la Révolution française, en 1793, on a forcé la main à pas mal de prêtres pour qu'ils se marient, mais c'était là une parenthèse historique extraordinaire. Dans l'Église catholique, la règle du célibat est restée inchangée. Et au cours de la crise des années 1970, alors que de nombreux prêtres quittaient le sacerdoce, Jean-Paul II en a réaffirmé le caractère sacré, notamment à travers le célibat.

    L'Église orientale, elle, ne suit pas la même règle. A la fin du VIIe siècle, il y a eu une première séparation entre l'Orient et l'Occident, l'Orient considérant que les prêtres pouvaient avoir des relations sexuelles avec leur femme. L'Occident a continué à ordonner des hommes mariés en leur imposant la continence. En Orient, les prêtres ne sont pas astreints à la continence, mais on n'ordonne plus évêques des hommes mariés. Et, si l'on peut ordonner prêtres des hommes mariés, une fois ordonnés, ils ne peuvent plus changer d'état. Un prêtre célibataire ne peut pas se marier. Cette règle se retrouve dans les Église catholiques orientales comme l'Église maronite, l'Église chaldéenne.. ».

    JPSC

  • Derrière le célibat des prêtres se pose la question de la foi

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    Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon depuis 2000, a accepté de revenir pour Boulevard Voltaire sur la polémique occasionnée par les propos de Mgr Pietro Parolin sur le célibat des prêtres qui, selon lui, n’est pas un « dogme » et dont le principe « peut être discuté ». Quelles sont les principales objections vis-à-vis du célibat du prêtre ?

    « Le célibat a mauvaise presse : on objecte que, dans l’Évangile, Jésus n’a pas exigé le célibat pour ses apôtres ; on souligne aussi que le sacerdoce conféré à des hommes célibataires est source de désordres, car c’est une violence faite à l’homme et à son équilibre. Dans une société marquée par l’érotisation des relations, la continence relèverait d’une prouesse ou témoignerait de troubles affectifs. Dans un autre ordre d’idée, on compare le prêtre catholique au statut du rabbin ou du pasteur qui peuvent, eux, se marier. Mais surtout dans une société qui promeut la revendication des choix individuels et la libre disposition de soi, en particulier de son corps, le célibat semble être un verrou moral qu’il faut faire sauter.

    Pensez-vous que ce soit la volonté du nouveau Pape d’ouvrir ce débat ? Rien ne le suppose. Dans un livre récent (« Je crois en l’homme ») le Cardinal Bergoglio, futur Pape François déclarait : « À l’heure d’aujourd’hui, je souscris à la position de Benoît XVI : le célibat doit être maintenu […] J’en suis convaincu. » Cette prise de position n’est pas nouvelle. Elle s’inscrit dans la droite ligne de la tradition de l’Église. Les évêques du monde entier, lors du second concile du Vatican, ont confirmé le choix du célibat sacerdotal pour les prêtres et après eux, les Papes Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI ont rappelé cette position.

    Le célibat explique-t-il le problème des vocations ? La pénurie des pasteurs qui frappe les églises protestantes historiques dans les pays occidentaux, alors même que la plupart sont mariés, témoigne du contraire.

    Dans une société sécularisée et marquée par des transformations profondes de mode de vie des gens, la fragilisation de la cellule familiale et la réduction du nombre d’enfants dans chaque famille rendent plus incertaine l’éclosion des vocations sacerdotales et religieuses quel que soit le mode de vie de celle-ci.
    Je constate que ce qui attire les jeunes à suivre le Christ, c’est précisément le désir de l’imiter jusque dans son célibat. La vraie question c’est d’aider les jeunes à assumer cet état de vie par un équilibre de vie, par une ascèse spirituelle, par un vrai soutien communautaire et dans une attitude de foi.
    En effet, ce choix est à contre-courant des mœurs de nos contemporains et pour qu’il soit une source d’attestation prophétique, il faut qu’il puisse s’inscrire dans la durée. De mon point de vue, derrière la question du célibat, se pose la question de la foi.

     Pourquoi l’Eglise défend encore ce principe du célibat des prêtres ? Plusieurs raisons s’entrecroisent. En premier lieu, le prêtre est configuré au Christ. C’est-à-dire qu’il adopte un style de vie identique à celui du Christ en particulier le choix du célibat, l’obéissance à Dieu et à l’Église, une simplicité de vie. Le prêtre veut se consacrer totalement à Jésus et témoigne de son message par l’exemplarité de sa propre vie.

    En second lieu, à la suite du Christ, le prêtre est appelé à servir l’Église d’une manière totale et exclusive. Comme le disait un ami prêtre à ses paroissiens : « Je n’ai pas fondé de famille car ma famille c’est vous ! » La raison de vivre d’un prêtre, c’est le bien de sa communauté dont il a reçu la charge comme pourrait le vivre un père et une mère de famille vis-à-vis de leurs enfants.

    La tradition catholique évoque une dernière raison pour évoquer le célibat des prêtres. Paul VI disait : « Le chrétien habite le monde en venant à lui à partir de son avenir. » Le célibat du prêtre est un signe visible du royaume définitif de Dieu où comme le dit Jésus : « Nous n’aurons plus de maris ni de femmes. »

     Pourquoi les Églises catholiques d’orient, en particulier les maronites du Liban, autorisent les hommes mariés à devenir prêtres ? Dans les traditions des Églises catholiques d’Orient, des hommes mariés peuvent accéder aux ordres sacrés. Mais la conception du ministère est différente. Ces derniers ne peuvent pas devenir évêques. Ceux-ci sont choisis parmi les célibataires, en particulier les moines. Par ailleurs, une part importante de ces hommes a fait le choix de ne pas se marier.

    Le célibat : dogme ou discipline ? Le célibat n’est pas un dogme, mais un style de vie qui s’est développé dans l’Église depuis les temps apostoliques (IIe siècle). C’est plus qu’une discipline canonique, car ce choix est d’abord un témoignage de fidélité au Christ. Il relève aussi d’une exigence de paternité. Au prêtre est confié l’enfantement spirituel des chrétiens, ce qui suppose que toutes ses ressources affectives soient mobilisées pour cette cause. Cet engagement réclame à la fois une abnégation et une distanciation, à savoir ne pas exercer de mainmise sur la liberté des consciences, cela exige aussi la capacité d’assumer des frustrations face aux échecs, aux refus. Le célibat choisi est à la fois un témoignage de fidélité au Christ, mais aussi une haute exigence. À propos du célibat, Benoît XVI faisait cette remarque :« Quand l’exigence est haute, les chutes sont possibles. » Et il ajoutait avec justesse : « Dans les époques où le mariage est en crise, le célibat l’est aussi. » (« Le sel de la Terre »).

    La responsabilité d’un évêque est d’aider ceux qui font librement ce choix de l’assumer dans la durée, dans la sérénité et dans le courage de la foi même si ce témoignage est parfois mal compris. Je suis témoin chaque année, en accompagnant beaucoup de prêtres, dont certains sont jeunes et d’autres très âgés, que ce choix est vécu pour beaucoup non pas comme une aliénation mais comme le lieu d’une vraie joie et la source d’une fécondité pastorale.

    Référence : Derrière le célibat des prêtres, se pose la question de la foi

    L’Occident n’est pas l’Orient. La question ouverte par la "petite phrase" ambigüe de son Secrétaire d’Etat est de savoir si le Pasteur suprême (pour reprendre une expression de Paul VI) va concéder une alternative dans la discipline de l’Eglise latine : un clergé marié à coté du clergé célibataire, sachant que la mentalité séculariste, à laquelle le catholicisme occidental a succombé dans nos pays, aura tôt fait d’achever la ruine du second . Un paramètre connexe  est à prendre en compte : la tentation latente du protestantisme dans l’Eglise latine car, avec l’esprit de la Réforme, on passe d’une affaire de discipline à un problème de  doctrine. Qu’est-ce que le prêtre aujourd’hui ? JPSC

  • Le célibat sacerdotal vu par le cardinal Ouellet

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    D'I.Media via cathobel.be :

    Ce que pense le cardinal Ouellet du célibat sacerdotal

    À la veille de l’ouverture, au Vatican, du symposium sur le sacerdoce, I.Média revient sur la façon dont le cardinal québécois, Marc Ouellet, pense le sacerdoce ordonné. 

    Dans cet ouvrage, le cardinal Marc Ouellet décrit «une vague de contestation sans précédent sur l’Église et sur le sacerdoce», et «des assauts du dehors et même de l’intérieur pour diviser l’Église». Les 400.000 prêtres de par le monde «se sentent inconfortables dans leur rôle, plus que jamais incompris», note-t-il alors que la figure du prêtre se trouve entachée par les scandales des abus. «Il faut se poser la question de savoir s’il ne serait pas contre-productif pour l’évangélisation d’introduire une alternative au célibat sacerdotal», écrit le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation des évêques, dans son récent livre Amis de l’époux (ed. Paroles et Silence, 2019).

    Le célibat du prêtre « ridiculisé »

    Dans «un monde qui n’estime pas la chasteté et ne croit pas à un engagement d’amour définitif», le cardinal canadien constate que «le célibat du prêtre est non seulement soupçonné d’hypocrisie et ridiculisé, mais parfois même honni et dénoncé comme une honteuse mascarade»

    Pourtant, «ce n’est pas en baissant pavillon devant les contestations ou les lamentations, ni en abaissant les exigences de la formation qu’on suscitera de nouvelles vocations», écrit celui qui invoque son histoire personnelle de prêtre ordonné en mai 1968 «dans une ambiance de contestation généralisée». 

    Cette époque, ajoute-t-il, «aurait pu faire dévier ou même interrompre ma course, comme ce fut le cas pour beaucoup de prêtres et de religieux à cette époque». Si le cardinal – qui après son ordination a rejoint la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice – a survécu aux turbulences, confie-t-il, « c’est grâce à l’expérience missionnaire, l’amitié sacerdotale et la proximité des pauvres ».

    Au fil de son ouvrage apologétique, il exhorte à ne rien sacrifier «des valeurs permanentes de la tradition chrétienne». Sous peine d’être condamnée à l’échec, explique-t-il, la nouvelle évangélisation ne peut être «une modernisation des mœurs et des coutumes afin de rendre le christianisme plus recevable».  

    Par un argumentaire théologique, le cardinal Ouellet entend montrer la pertinence de la loi du célibat. «L’heure présente de l’Église ‘en sortie’ ne gagnerait pas, à mon sens, à réduire les exigences du sacerdoce au nom d’impératifs culturels et pastoraux régionaux», martèle-t-il. 

    Il souligne que l’abandon de cette pratique aurait «un impact incalculable et tout à fait prévisible» sur la vie religieuse: «Si le célibat n’est plus une valeur décisive pour l’exercice du ministère sacerdotal, la vie religieuse elle-même en ressort dévalorisée et reléguée au second plan au profit de la fonction sacerdotale.»

    Retrouver l’amour et la foi

    Dans ses nombreuses conférences, notamment à Ars en France, retranscrites dans cet ouvrage, le préfet canadien tente une nouvelle approche de la question qui sorte de la dialectique de «l’idéal de la virginité», ou d’une perspective «purement ascétique et spirituelle». Les motivations anciennes ne suffisent plus, reprend-il en leitmotiv, il faut une conversion en profondeur. 

    Alors, quelle est la nouvelle direction à emprunter? Voir le sacerdoce comme une «représentation du Christ-Époux», répond-il. Tout comme Jésus «a livré son Corps une fois pour toutes», le prêtre est alors appelé à «une réponse du même ordre, c’est-à-dire totale, irrévocable et sans condition». Le cardinal Ouellet souhaite que les prêtres gardent «une vive conscience d’agir in persona Christi» – en la personne du Christ. 

    Cette vision théologique est aussi, selon le cardinal sulpicien, «une réponse à la prétention féministe au ministère ordonné»

    En filigrane de la vocation au sacerdoce ordonné, le préfet du dicastère chargé de la nomination des évêques dans le monde insiste sur l’amour: «C’est la conscience d’un appel personnel d’amour, soutenu par la grâce, qui est la première condition pour réussir le dépassement de soi qu’exige le célibat sacerdotal»

    Il inscrit plus globalement «la crise du célibat dans une cause anthropologique», à savoir la «perte du sens de la nuptialité et de la fécondité» qui touche aussi les laïcs. 

    Mais au fond, pour le cardinal Ouellet, le point crucial est de retrouver la foi. Car sans elle, affirmait-il à I.MEDIA, le célibat sacerdotal «est incompréhensible».

  • Célibat sacerdotal et radicalité évangélique

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    index.jpg« Le célibat est une question de radicalité évangélique », a estimé dans L'Osservatore Romano le cardinal Mauro Piacenza, préfet de la Congrégation pour le clergé, qui a encouragé à ne pas avoir peur de la baisse des vocations dans le monde.

    S'il est difficile à la société sécularisée de comprendre le célibat des prêtres, le cardinal a invité à ne pas se laisser « intimider » par ceux qui ne le comprennent pas ou cherchent à le modifier. Le célibat « défie la mentalité du monde » et sa « valorisation dans l'Eglise et dans le monde peuvent représenter un des chemins les plus efficaces pour dépasser la sécularisation », a-t-il expliqué.

    Pour le cardinal Piacenza, « le célibat est un don du Seigneur que le prêtre est librement appelé à accueillir et à vivre en plénitude ». Et le débat sur le célibat, « qui s'est réveillé périodiquement au cours des siècles, ne favorise certainement pas la sérénité des jeunes générations pour comprendre une donnée aussi déterminante de la vie sacerdotale ».

    « Le célibat est une question de radicalité évangélique », a-t-il observé. « Pauvreté, chasteté et obéissance ne sont pas des conseils réservés exclusivement aux religieux. Ce sont des vertus à vivre avec une passion missionnaire intense ».

    « Nous ne pouvons pas abaisser le niveau de la formation et, de fait, de la proposition de foi. Nous ne pouvons pas décevoir le peuple saint de Dieu, qui attend des pasteurs saints comme le curé d'Ars », a ajouté le cardinal Piacenza, « nous devons être radicaux à la suite du Christ, sans craindre la baisse du nombres des clercs ». Car, a-t-il expliqué, « ce nombre décroît quand la température de la foi s'abaisse, parce que les vocations sont ‘affaires' divines et non humaines ».

    A ses yeux, « dans un monde sécularisé, il est toujours plus difficile de comprendre les raisons du célibat ». Mais, a-t-il estimé, « nous devons avoir le courage, comme Eglise, de nous demander si nous entendons nous résigner à cette situation en acceptant la sécularisation progressive de la société et des cultures comme inéluctables, ou si nous sommes prêts à une œuvre de nouvelle évangélisation réelle et profonde, au service de l'Evangile et donc de la vérité sur l'homme ».

    « Je considère, en ce sens, qu'un soutien motivé au célibat et sa valorisation dans l'Eglise et dans le monde peuvent représenter un des chemins les plus efficaces pour dépasser la sécularisation », a-t-il ajouté.

    Le cardinal a enfin invité à ne pas se laisser « conditionner » ou « intimider » par ceux qui ne comprennent pas le célibat et voudraient « modifier la discipline ecclésiastique, au moins en ouvrant des failles ». « Au contraire, nous devons retrouver la conscience motivée que notre célibat défie la mentalité du monde, mettant en crise son sécularisme et son agnosticisme et criant, à travers les siècles, que Dieu existe et qu'il est présent », a-t-il conclu.

    Marine Soreau sur ZENIT

  • Célibat: nier la doctrine tout en la confirmant

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    De Stefano Fontana dans la Nova Bussola Quotidiana, cet article traduit et publié sur le site web « Benoit et moi »:

    François c074c399c9475ea6dd34093d34ff5f28.jpg

    « L’idée s’est désormais répandue dans l’Église que ce pontificat veut changer beaucoup de choses doctrinales tout en réaffirmant la doctrine. Nous sommes confrontés à une nouvelle preuve évidente que dans l’Église aujourd’hui il y a deux langages théologiques incompatibles.

    Après les anticipations du livre sur la question du célibat sacerdotal, les jeux se durcissent et le niveau de tension est très élevé. Les enjeux et les protagonistes eux-mêmes sont au taquet. Les commentateurs creusent dans diverses directions pour comprendre ce qui se passe dans l’Église. A leurs réflexions, je voudrais ajouter une observation non pas tant sur le contenu (célibat) que sur la méthode.

    Nous sommes confrontés à une nouvelle preuve évidente qu’il y a deux langages théologiques incompatibles dans l’Église aujourd’hui. Au niveau de la pensée, le tremblement de terre qui se produit depuis un certain temps désormais peut être expliqué ainsi.

    Le Pape François a affirmé à plusieurs reprises que pour lui la richesse du célibat est un fait certain et qu’on ne doit pas y toucher. Pourquoi, alors, y a-t-il un nouveau livre de Benoît XVI et du Cardinal Sarah défendant farouchement le célibat ecclésiastique? Il n’est pas en danger, le pontife régnant prétend le considérer comme une richesse pour l’Église. Ses défenseurs ont beau jeu de prétendre que le pape François ne dit rien de nouveau par rapport à ses prédécesseurs, lui aussi confirme la validité du célibat. Ce qui signifie que le livre doit être considéré comme un prétexte, dénué de fondement. Mais beaucoup ont salué le livre comme une libération, signe que la crainte que quelque chose d’important sur le célibat change dans l’Église est répandue. Mais pourquoi cette impression est-elle si répandue si le Pape François a affirmé que le célibat est une richesse, confirmant ainsi la vérité de tous les temps? Ceux qui craignent un changement de norme sur cette question étaient-ils distraits quand le pape François a exprimé sa confirmation du célibat? Comme on le le voit, c’est un cercle vicieux et c’est cela qu’il faut clarifier.

    L’idée s’est désormais répandue dans l’Église que ce pontificat veut changer beaucoup de choses doctrinales tout en réaffirmant la doctrine. Beaucoup pensent que ce n’est qu’une tactique, d’autres, allant plus loin, pensent que c’est une façon de penser, nourrie théologiquement. C’est pourquoi quand le Pape dit que le célibat est une richesse, pour beaucoup, cela ne signifie pas qu’il n’y aura pas de changement sur le célibat et ils ne se sentent pas rassurés. Si le célibat est une richesse, pourquoi le pape a-t-il permis que les documents du Synode de l’Amazonie disent beaucoup de choses qui s’y opposent? Pourquoi a-t-il permis que des cardinaux réclament l’approbation universelle des prêtres mariés dans la région amazonienne? Pourquoi a-t-il initié un processus de discussion s’il n’a pas l’intention de changer les choses sur le célibat? De telles observations conduisent beaucoup à penser que des changements vont se produire, bien que le pape ait dit que le célibat est une richesse et qu’en tant que tel il n’est pas touché, et que ces changements s’étendront à toute l’Église.

    Du reste, ces craintes sur l’avenir du célibat, malgré les propos rassurants du Pape, n’auraient aucun sens si elles n’étaient pas induites par d’autres cas précédents, au point de pouvoir parler d’une nouvelle façon de procéder de la part de l’autorité ecclésiastique. Le prototype de cette façon de faire a été Amoris laetitia. Dans ce cas également, il a été réitéré que ce que Jean-Paul II a enseigné est une richesse, aucune nouvelle doctrine n’a été officiellement annoncée, mais un processus a été engagé qui, de fait, a changé la doctrine, alors qu’elle était confirmée. Antonio Livi avait fait remarquer que cette façon de penser et de procéder est hégélienne: la thèse n’est pas annulée, mais maintenue dans la synthèse, laquelle toutefois naît de sa négation. L’interprétation est intéressante, mais il manque un petit ajout important. La synthèse ne sera pas une nouvelle doctrine mais une nouvelle praxis impliquant, mais n’exprimant pas, une nouvelle doctrine. De cette façon, il devient possible qu’il y ait une doctrine, et beaucoup de pratiques différentes avec la même doctrine, c’est-à-dire une doctrine et beaucoup de ses exceptions qui de fait éduquent à une nouvelle doctrine, qu’à ce stade nous pourrions appeler implicite.

    Une étape importante dans ce type de parcours est que la situation existentielle, qui devrait être lue à la lumière de la doctrine, devient au contraire point de départ de la relecture de la doctrine, d’abord comme circonstance atténuante, puis comme exception. Si le célibat est une richesse pour l’Église en tant que tel, pourquoi n’est-il pas aussi une richesse pour l’Église en Amazonie? La situation en Amazonie est mise en cause pour atténuer la doctrine, mais ensuite elle devient une exception et beaucoup craignent qu’une fois généralisée, elle ne devienne une nouvelle doctrine, sinon formulée, du moins vécue. Il en est de même pour les divorcés remariés après Amoris laetitia: d’abord, leur situation devait expliquer l’atténuation de la règle découlant précisément des circonstances atténuantes liées à l’histoire de vie spécifique des personnes concernées, mais ensuite la situation, de circonstance atténuante est devenue exception et, dans de nombreuses parties de l’Église, elle est maintenant devenue une norme de fait.

    Cette façon de faire cause de graves torts à l’Église. Le Pape devrait confirmer la doctrine, et il le fait aussi, mais ces confirmations ne nous rassurent pas, car il semble avoir une conception nouvelle et différente de la relation entre la doctrine et la pratique. De sorte qu’aujourd’hui, beaucoup de fidèles craignent l’ouverture de processus non validés en amont par la doctrine, même si celle-ci est formellement confirmée, et ils voient le danger d’une doctrine confirmée et niée en même temps, bien qu’à des niveaux différents. Les deux approches différentes semblent maintenant être entrées en conflit au sommet de l’Église. »

    Ref. Célibat: nier la doctrine tout en la confirmant

    JPSC

  • Marier les prêtres ?

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    Du Père Alain Bandelier sur le site de Famille Chrétienne :

    Faut-il marier les prêtres ?

    MAGAZINE – La voilà de retour, la question sans cesse débattue et rebattue du « mariage des prêtres ». La dénonciation des abus et des scandales, douloureuse mais ô combien nécessaire, sert parfois d’argument pour réclamer l’abolition de la règle du célibat. Cette logique apparente est en fait odieuse et deux fois trompeuse. Odieuse, car elle considère le mariage comme un remède, or ce grand sacrement est une vocation et non une thérapie ! Trompeuse car, hélas, la majorité des agressions pédophiles sont le fait non pas de célibataires névrosés, mais de pères de famille très ordinaires. En plus, vérité à ne pas dire, 80 % des agressions commises par des clercs sont de nature homosexuelle...

    L’ordination est une consécration

    Cela dit, quand on voit qu’il y a si peu d’ordinations dans tant de diocèses (et pas seulement en France), il y a une interrogation légitime. La compassion de Jésus devant la foule est toujours d’actualité : « Ils étaient comme des brebis sans berger » (Mc 6, 34). Faut-il marier les prêtres ? Non ! Répétons-le encore une fois, quoique sans illusion : aucune Église (d’Orient ou d’Occident) ne marie (ni n’a marié, ni ne mariera) des prêtres (ni des diacres) ; l’ordination est une consécration qui saisit la personne telle qu’elle est.

    Dans le rituel des ordinations, la grande prostration du futur diacre, prêtre ou évêque pendant la litanie des saints en est le signe impressionnant. S’il a été ordonné dans le célibat et se marie un jour, il reprend ce qu’il a donné. Ce n’est ni incompréhensible ni impardonnable. Mais c’est une blessure. Pas seulement pour lui.

    « Nous avons tout quitté »

    La vraie question n’est donc pas celle du mariage des prêtres, mais celle de l’ordination d’hommes mariés. En ce qui concerne les évêques, la réponse est unanime (y compris dans les Églises orthodoxes) : ne sont appelés à la plénitude du sacerdoce que des solitaires (en grec monoï, d’où vient le mot « moine »). C’est la logique de l’Évangile : « Laissant tout, ils Le suivirent » (Lc 5, 11). Pierre le rappelle : « Nous avons tout quitté » (Mc 10, 28). Luc précise : entre autres, « une femme » (Lc 18, 29). L’Église latine fait le même choix pour ses prêtres, avec quelques exceptions. Le cardinal Lustiger y voyait un choix missionnaire. « Celui qui n’est pas marié a le souci des affaires du Seigneur » (1 Co 7, 32). Du matin au soir ! Et c’est ma joie.

    Si j’avais femme et enfants, j’aurais bien d’autres choses à faire. Des choses belles et bonnes. Mais ce serait autre chose. Prêtre à temps partiel ? Le risque serait plus grand de devenir « fonctionnaire de Dieu ». Par l’imposition des mains, je n’ai pas reçu une fonction, mais une onction : « Je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle mes amis »(Jn 15, 15). Compagnon de l’Époux virginal (Mc 2, 19), je veux le suivre, le servir, l’annoncer. De tout mon cœur !

    Père Alain Bandelier

  • Le célibat sacerdotal au risque de la communication

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    Alors que les journaleux de tout poil glosent à tort et à travers sur l'abandon "du dogme du célibat sacerdotal", les observations de Philippe Maxence sur l'Homme Nouveau se révèlent d'une cruciale opportunité :

    Pendant longtemps, la discrétion fut la marque distinctive de la diplomatie et cette vertu fut portée à son plus haut degré d'incandescence par la diplomatie pontificale. Certes, les rapports entre l'Église et les États, entre les Princes de l'Église et les Grands de ce monde ne se réglaient pas forcément dans l'obscurité des confessionnaux. Mais, pendant des siècles, on préféra privilégier la lettre personnelle ou l'entretien tranquille aux bruits de la rue. Les temps ont-ils changé ?

    La question est vaine parce qu'elle est positive. Et elle l'est au moins depuis le XXe siècle quand les papes se sont mis à répondre aux questions des journalistes, ce qui fut le cas, par exemple pendant la Première Guerre mondiale et que les pères Lombardi de l'époque furent mobilisés en toute hâte pour en rattraper les effets désastreux.

    Le tout-médiatique, qui est comme l'âme profonde de notre monde actuel, n'épargne pas l'Église. Alors même qu'il n'entrera en fonction que le mois prochain, Mgr Pietro Parolin, nouveau Secrétaire d'État, a accordé un entretien dont la teneur nous est notamment présentée par Jean-Marie Guénois du Figaro. Il faut certes toujours vérifier à la source les propos rapportés. Gageons, cependant, que le chroniqueur religieux du Figaro, qui n'a rien d'un anti-romain, est resté fidèle à la teneur des propos de Mgr Parolin. Il tente même de désamorcer à sa manière les effets destructeurs que pourrait avoir l'exploitation des propos de Mgr Parolin. Ainsi il écrit à propos du nouveau bras droit du Pape : « Il ne dit pourtant rien de révolutionnaire et reste d'une grande prudence, mais il reconnaît que ce débat du célibat des prêtres pourrait être ouvert dans le cadre du nouveau pontificat. »

    Alors, de quoi s'agit-il exactement ? À une question posée sur le célibat des prêtres, le prélat aurait répondu qu'il ne s'agissait pas d'un dogme, mais d'un effet de la tradition, renforcé par le concile de Trente et que de ce fait, on peut en discuter. Mais cette discussion, précise-t-il, ne peut pas aller dans n'importe quel sens : « L'on ne peut pas simplement dire que cela appartient au passé ».

    Quand on préfère la communication à la discrétion efficace, il faut prendre soin à être précis et complet. Il faut savoir aussi à qui l’on s’adresse. Quand le monde moderne entend de la part de l’Église qu’une affirmation n’est pas dogmatique, il comprend de facto qu’on peut la remettre en cause et que l’on doit même le faire. Les subtilités théologiques ne l’intéressent pas, et d’abord parce qu’elles desservent son dessein d’établir le règne absolu de ce qui ne l’est pas, l’empire du dogme de l’a-dogmatique. Quand la société médiatique entend le mot tradition, elle est mue par un réflexe maladif qui consiste à allumer un feu de joie pour célébrer la fin des carcans humains. Quand la même entend qu’une réalité religieuse peut être discutée, elle comprend tout aussitôt qu’elle doit être abolie, mise au rencart, balayée par le dynamisme du progrès. Ne le sait-on pas encore à la Secrétairerie d’État ou dans les bureaux de la communication romaine ? N’entend-on pas encore tirer les leçons du précédent pontificat dont on se plaît aujourd’hui à répéter dans les couloirs romains et dans l’agora médiatique qu’il fut miné par des fautes de communication, qui devient au fil du temps, et selon le catéchisme de la société du spectacle, l’unique péché contre l’Esprit.

    Le problème de l’Église aujourd’hui ne réside pas dans la communication, bien ou mal gérée, utilisée à bon escient ou dans l’« esbroufe » quotidienne, dans une course à l’alignement avec le reste du monde. Le problème de l’Église réside d’abord dans le fait de savoir ce que nous avons fait du commandement du Christ d’être dans le monde sans être du monde. Ce commandement s’adresse à chacun des baptisés et oblige chacun de nous en conscience. Cet examen de conscience n’est pas inutile, du plus simple des fidèles jusqu’au sommet de l’Église.

    Une chose est certaine : ce commandement, difficile dans son application, implique une clarté dans l’engagement. C’est l’autre commandement du Christ : que votre oui, soit oui ! Concernant la question du célibat des prêtres, il aurait été ainsi souhaitable de rappeler l’enseignement des papes sur ce thème, l’encyclique du pape Paul VI sur le célibat sacerdotal qui étudie de front cette question ainsi que les nombreux documents du pape Jean-Paul II sur ce sujet (un exemple ici).

    Il serait bon également de faire appel au bon sens. L’abolition du célibat obligatoire des prêtres dans l’Église latine est présentée dans une visée pastorale, afin de mieux répondre aux exigences du temps, aux difficultés des prêtres et à leur raréfaction. Comparaison n’est pas raison. Mais quand même ! Il suffit de regarder l’état déliquescent et catastrophique des confessions anglicane et épiscopalienne, où non seulement le célibat obligatoire a été aboli, mais où il a été la porte ouverte à l’ordination de femmes et de personnes homosexuelles, pour se rendre compte que ce n’est pas ainsi que l’on résoudra une crise réelle dont on ne veut pas dire le nom ni l’analyser en profondeur et justesse. Il semble qu’une fois encore l’on préfère mettre des cautères sur des jambes de bois.

    Mgr Parolin a raison d’évoquer le concile de Trente. Si celui-ci a statué avec tant d’énergie sur le célibat des prêtres, ce fut aussi, en dehors des raisons spirituelles et théologiques, parce que la situation du clergé était généralement assez lamentable (prêtres mariés ou concubins, etc.). Cette décision, liée aux autres concernant le renouveau du sacerdoce, a suscité la naissance d’un nouveau clergé qui a permis la réalisation de la contre-réforme catholique et qui a porté des fruits profonds. C’est l’un des reproches que l’on peut faire au concile Vatican II, me disait souvent l’abbé Chanut. Le dernier Concile a traité de l’épiscopat et du laïcat – et il le fallait – mais a oublié les prêtres. Il ne faudrait pas que ces derniers fassent une nouvelle fois les frais d’une réforme ratée.

  • Célibat sacerdotal : Un silence éloquent

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    pape_franc_ois-it624098k-a6b6f.jpgQuerida Amazonia : le Pape appelle à envoyer des prêtres en Amazonie et non à remettre en cause la règle du célibat. D’Aymeric Pourbaix sur le site de France Catholique :

    "Après la discussion synodale, le chef de l’Église catholique a exercé son autorité: il a tranché. Cela n’a pas forcément arrêté les discussions ni les arrière-pensées, de part et d’autre, mais une décision a été prise, et elle est souveraine. En ce sens, elle fera date.

    Le plus étonnant est que cette décision, amplement commentée, s’apparente plutôt à une décision en creux : « le Pape ne s’est pas prononcé », lit-on dans la presse, sur la question qui a agité les esprits pendant le synode, et jusqu’à ces derniers jours, avec la parution du livre du cardinal Sarah, avec la participation de Benoît XVI : l’ordination d’hommes mariés, les viri probati. Et de fait, le pape n’en parle pas, mais ce silence est éloquent. Car c’est un fait qu’il n’a pas retenu une proposition qui figurait dans le document final du synode de l’automne dernier, donc approuvé par une majorité des évêques participants.

    Et il serait réducteur d’en faire un simple calcul politique, issu d’un rapport de forces. Celui-ci existe certes, mais ce n’est pas le tout de la vie de l’Église. L’Église n’est pas plus une ONG qu’une assemblée politique. « Je ne pense pas à ce stade que c’est quelque chose que nous allons faire, parce que je n’ai pas senti que le Saint-Esprit est à l’œuvre en ce moment », avait-il confié aux évêques américains reçus à Rome, deux jours avant la publication de l’exhortation.

    Ce qui rejoint une autre de ses déclarations, dans un livre d’entretien paru le 11 février, veille de la publication de l’exhortation apostolique : « Je suis convaincu que le célibat est un cadeau, une grâce et, marchant dans le sillage de Paul VI et puis de Jean-Paul II et de Benoît XVI, je ressens fortement le devoir de penser au célibat quant à une grâce décisive qui caractérise l’Église catholique latine ».

    La Sainte Église, corps du Christ, est avant tout gouvernée par l’Esprit-Saint. C’est son principe premier, le plus puissant, car divin. Il n’est pas inutile de le rappeler par les temps qui courent… L’histoire et l’actualité récente enseignent que cela ne lui a pas épargné les errements de certains de ses membres, mais que la foi de Pierre, elle, n’a jamais défailli, conformément à la parole du Christ (Luc 22,32).

    Dès lors, on ne peut que considérer que cette décision magistérielle s’inscrit dans le droit fil de la tradition de l’Église sur l’importance du célibat sacerdotal. C’est ce que l’histoire retiendra, et c’est ce qui compte vraiment, par-delà les commentaires."

    Ref.Un silence éloquent

    Quels que soient les termes de la déclaration faite par le pape aux évêques américains, le Saint-Esprit est toujours à l’œuvre: il souffle, mais où il veut. On peut penser qu’en ne s’écartant pas de la voie tracée par ses trois prédécesseurs directs, François a obéi au souffle réitéré de l’Esprit.

    JPSC  

  • Selon une psychiatre australienne, le célibat des prêtres n'est pas la cause des abus sexuels

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    Du site du journal La Croix (extraits):

    Une psychiatre australienne estime que le célibat des prêtres n’est pas la cause des abus sexuels

    Une psychiatre australienne, interrogée lundi 25 mai par la Commission royale sur les réponses institutionnelles aux abus sexuels sur mineurs, a souligné que, si ces abus étaient plus fréquents dans l’Église catholique, on ne pouvait les mettre en relation avec le célibat sacerdotal.

    Professeur associé à l’École de psychiatrie de l’Université de Nouvelle-Galles du Sud et travaillant depuis les années 1980 sur les abus sexuels, notamment dans l’Église catholique, Carolyn Quadrio a souligné que l’Église catholique était sans doute l’institution la plus touchée par la question des abus sexuels sur mineurs.

    Mais pour cette psychiatre formée par les théories féministes et les études de genres, si la question du célibat ecclésiastique est « importante », il est exagéré d’affirmer qu’il est la cause des abus sexuels commis par des membres du clergé. (...)

    « Je ne pense pas que le célibat conduise aux abus, mais je pense que des hommes qui sont déjà attirés par des enfants comme objets sexuels se sentiront plus à l’aise dans le sacerdoce », a-t-elle expliqué rappelant qu’il y avait aussi des abuseurs « dans des religions où les prêtres peuvent se marier ». « Mais dans la majorité des cas, et spécialement dans un contexte catholique », il s’agit d’hommes « qui ont clairement une orientation exclusive vers les enfants ». (...)

  • Les prêtres voués au célibat sont des témoins de l'invisible, des sentinelles de l'espérance

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    De

    «Les prêtres qui vouent le célibat sont des témoins de l'invisible, des sentinelles de l'espérance»

    FIGAROVOX/TRIBUNE - Lors de la publication du rapport Sauvé, le célibat des prêtres a parfois été présenté comme une des causes des actes pédocriminels. Jean de Saint-Chéron réfute avec force cette accusation et réaffirme le sens du célibat sacerdotal.

    Jean de Saint-Chéron est essayiste et a publié Les bons chrétiens en 2021 (Salvator), un essai sur le sens du christianisme dans le monde contemporain.

     

    Le christianisme est une histoire de fou. Que voulez-vous. C'est la religion de tous les excès. On le sait depuis le début. «Nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes», comme disait saint Paul (1 Co 1,23). Le célibat «pour le Royaume», selon la formule consacrée, c'est-à-dire pour l'amour de Dieu et des hommes, qu'il concerne les religieux, les laïcs consacrés ou encore les prêtres, manifeste un peu de cette folie. «Mais, ajoute Paul, pour ceux que Dieu appelle, qu'ils soient Juifs ou Grecs, ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu» (1 Co 1,24). Pour les chrétiens, la «folie» du christianisme est une image de la sagesse de Dieu. Or c'est toujours à cette dernière que se heurte notre bon sens bien terre à terre, quand nous essayons de comprendre la religion.

    S'agissant du célibat des prêtres dans l'Église catholique latine – où l'on n'ordonne prêtres que des hommes célibataires, tandis qu'en Orient, y compris dans l'Église catholique, il est possible d'ordonner des hommes mariés –, le débat n'est pas neuf, bien sûr. Au IVe siècle, saint Jean Chrysostome, évêque de Constantinople, rappelait à l'occasion de débats sur les mœurs sacerdotales : «Tout le monde juge le prêtre, et on le juge comme s'il n'était plus dans sa chair, comme s'il n'était pas pétri du limon commun, comme s'il était un ange affranchi de toutes les faiblesses de l'homme». Or nous savons bien que c'est plus compliqué que ça. Mais pourquoi alors l'Église s'obstine-t-elle à prendre ses prêtres parmi des célibataires qu'elle appelle à garder cet état ?

    Qu'on établisse un lien entre la discipline du célibat et les prêtres qui partent avec une paroissienne ou, plus tragique, qui mènent une double vie dans l'ombre, soit. Mais avec la pédocriminalité !... Une telle suspicion de causalité repose d'ailleurs sur une étrange conception des penchants naturels de l'homme.

    Jean de Saint-Chéron

    En 1967, en ce temps où la continence sexuelle n'était pas franchement dans l'air du temps, le pape Paul VI s'était fendu d'une encyclique sobrement intitulée Sacerdotalis caelibatus. Il y présentait en détail la triple signification du célibat sacerdotal : correspondance au Christ célibataire ; don radical de soi-même au peuple de Dieu ; témoignage de la vie éternelle. Loin de tout angélisme, le texte était non seulement bien incarné – et n'éludait pas l'épreuve que constitue le célibat, même choisi librement et par amour, dans la vie d'un homme – mais faisait droit aux grandes objections du monde et du «pragmatisme». La lettre ouvrait en effet sur un exposé de ces objections (complexité historique de la question du célibat ; pénurie de prêtres ; «violence faite à la nature» ; risque d'infidélité au célibat et donc de défroquage, etc.). Cette liste demeure tout à fait actuelle en 2021, et les détracteurs du célibat sacerdotal en manque d'idées seraient bien inspirés d'aller y puiser de nouveaux arguments pour leurs dîners en ville.

    Avant d'essayer d'éclairer, par un très parcellaire rappel de ce qu'est au fond le christianisme, le sens du célibat sacerdotal, il est une objection contemporaine que l'on entend, que l'on lit, et qui se fraie aujourd'hui un chemin dans les méandres de certaines consciences visiblement très éclairées : il y aurait une causalité entre le célibat sacerdotal et les crimes abominables révélés par le rapport Sauvé. Il m'est extrêmement pénible d'avoir à rappeler ici que l'immense majorité des crimes pédophiles sont commis par des hommes qui n'ont pas voué le célibat, et qui ont d'ores et déjà une, un, ou plusieurs partenaires sexuels appartenant à la catégorie des adultes consentants. Il est pénible de le rappeler, mais sans doute faut-il que quelqu'un s'en charge. Qu'on établisse un lien entre la discipline du célibat et les prêtres qui partent avec une paroissienne ou, plus tragique, qui mènent une double vie dans l'ombre, soit. Mais avec la pédocriminalité !... Une telle suspicion de causalité repose d'ailleurs sur une étrange conception des penchants naturels de l'homme. Et ce serait une bien piètre vision du mariage que d'y voir un remède aux pires turpitudes sexuelles.

    Passée la mention de cette absurdité, il faut rappeler que le sens du célibat ne saurait en aucun cas se limiter à une discipline ecclésiastique, comme un «fardeau obligé» imposé à tous ceux qui auraient le désir de devenir prêtres. Au contraire, il faut comprendre que l'Église catholique latine n'appelle ses prêtres que parmi ceux qui choisissent d'être célibataires. Et si l'on est un catholique romain de rite latin, le fait de ne pas se sentir «appelé» au célibat est un excellent indice que l'on n'est tout simplement pas appelé à être prêtre. (Encore une folie que seule la foi permet de reconnaître comme une sagesse).

    Le célibat des prêtres est incompréhensible, bien sûr ! Mais le Christ lui-même proclame au sujet de ceux qui renoncent à se marier « à cause du royaume des cieux », que peut seul le comprendre « celui qui peut le comprendre ».

    Jean de Saint-Chéron

    Une fois que l'on a dit cela, n'esquivons pas la question du combat qui reste à vivre pour ceux qui sont appelés au célibat. Il ne s'agit pas de faire l'innocent, le désincarné ou le naïf, comme si de rien n'était. Mais de reconnaître l'épreuve pour en découvrir le sens profond, la grandeur, la joie mystérieuse d'une vie donnée et prophétique, selon le témoignage de tant de prêtres à la vie belle et féconde, aujourd'hui et au cours de l'histoire. Cette joie échappe à qui refuse d'entendre que dans le christianisme, «ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes» (1 Co 1,25). Mais comprenons au moins que la «folie de Dieu» est toujours ordonnée à l'amour, et nulle radicalité chrétienne ne saurait aboutir à un fanatisme violent – qui est bien plutôt la marque d'une absence de dieu.

    Le Père Albert Chapelle, grand théologien jésuite, écrivait en 1977 dans Sexualité et sainteté que «qui n'accepte pas de ressentir le célibat de manière douloureuse ne sait pas ce qu'est le célibat. Le célibat appauvrit au niveau pulsionnel ; le célibat est renoncement au complément d'humanité qu'un partenaire de vie peut apporter». Or seul le mystère de l'Évangile, ainsi que le mystère d'une vocation propre, peuvent faire entrer dans l'intelligence d'un acte aussi élevé que celui du renoncement volontaire à la vocation naturelle de l'homme (le mariage), qui est chose bonne et archi-bonne. Écartons tout de suite que dans la spiritualité chrétienne le mariage ne serait pas vu comme un choix radical, un don de sa vie par amour. Le célibat des prêtres est incompréhensible, bien sûr ! Mais le Christ lui-même proclame au sujet de ceux qui renoncent à se marier «à cause du royaume des cieux», que peut seul le comprendre «celui qui peut le comprendre». (Mt 19,12) Or ceux qui à la fois «peuvent comprendre» et sont appelés à embrasser cette vie ne forment qu'une infime partie de la population (sinon le taux de natalité en prendrait un coup).

    Nous autres laïcs, croyants ou non, que pouvons-nous comprendre ? Certains prêtres eux-mêmes confient n'avoir compris que bien tard le sens du célibat auquel ils s'étaient sentis appelés des années plus tôt, en discernant sans doute la grandeur amoureuse radicale, sans bien la saisir. Tel est le cas de Mgr Gobilliard, évêque auxiliaire du diocèse de Lyon, qui évoque la «croix» du célibat et la «souffrance» du renoncement à être père selon la chair, tout en disant la joie très haute de ce sacrifice : «Je me souviens très bien du jour où j'ai à la fois compris et accepté mon célibat, écrit-il. J'étais déjà prêtre. C'était à l'hôpital Spallanzani, hôpital de phase terminale des maladies infectieuses où j'étais aumônier. Mario, auprès de qui je me trouvais, était en train de mourir du S.I.D.A. Un jour, me regardant bien dans les yeux, il m'a dit : “Je crois avoir compris le célibat des prêtres !” Du tac au tac, je lui ai répondu : “Eh bien explique-moi parce que moi, je n'ai pas tout compris !” Il a réfléchi et paisiblement il m'a dit : “Quand tu es là, je me repose dans ton cœur ! […] Il n'y a personne dans ton cœur que tu dois aimer plus que moi lorsque tu es à côté de moi. Ton cœur est libre d'être pour moi tout seul, et c'est cela qui me repose. […] Si tu étais marié, alors je saurais qu'il y a dans ton cœur quelqu'un de plus important que moi et ce serait normal. Pareil si tu avais des enfants. […]” Il avait raison, le célibat que vit le prêtre diocésain, c'est le célibat même du Christ. Tout cela nous dépasse et, bien sûr nous ne sommes jamais à la hauteur de l'exigence que ce célibat implique». C'est en découvrant qu'il avait choisi d'être un pauvre parmi les pauvres que celui qui était alors un prêtre mûr a compris le sens de ce qu'il vivait depuis quinze ans.

    Les prêtres qui vouent le célibat sont des témoins de l'invisible, comme des sentinelles de l'espérance. Ils témoignent que, selon le mot de Thérèse d'Avila, Dieu seul suffit à remplir une vie humaine. Ils nous disent que nous sommes faits pour nous donner entièrement et pour vivre éternellement.

    Jean de Saint-Chéron

    La question surnaturelle, quand il s'agit de christianisme, ne peut être éludée. C'est toujours à ça qu'il faut revenir. Car rien n'est plus concret que le célibat d'un prêtre, ni plus mystérieux. C'est une réalité physique, visible, difficile, dont le sens redit par le pape Paul VI il y a plus de cinquante ans révèle la haute dignité de l'homme, capable d'aimer au-delà de ses forces, et ainsi de parler de l'invisible. Si la sagesse de ce monde est folie devant Dieu, le christianisme a l'audace d'enseigner que c'est parce que la sagesse du monde ne regarde pas assez loin. «Tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celle des hommes» (Mt 16,23), dira le Christ à Pierre effrayé à l'idée de la croix.

    Le célibat consacré ne rabaisse ni la dignité de l'acte sexuel ni la splendeur du mariage. Il dit autrement, de façon plus surnaturelle, de façon incompréhensible peut-être à nos esprits trop inquiets de ne plus jouir, que l'amour est un don total de soi, et que les chrétiens vivent déjà d'une autre vie, éternellement joyeuse. Les prêtres qui vouent le célibat sont des témoins de l'invisible, comme des sentinelles de l'espérance. Ils témoignent que, selon le mot de Thérèse d'Avila, Dieu seul suffit à remplir une vie humaine. Ils nous disent que nous sommes faits pour nous donner entièrement et pour vivre éternellement.

    Devant une signification si haute, on perçoit mieux la blessure que fait à toute l'Église l'infidélité à ce célibat. On perçoit aussi combien – par-delà tous les arguments fallacieux calqués sur l'esprit du monde – l'Église catholique de rite latin perdrait de son prophétisme, même incompris ou mal compris, en revenant sur cette discipline qui veut qu'elle n'ordonne prêtres que des célibataires. Jamais on ne pourra comprendre le christianisme et son ahurissante folie si l'on cesse de considérer qu'un chrétien est quelqu'un qui croit vraiment à la résurrection du Christ, dans sa chair. Et qui affirme que la vie est éternelle.

     
  • Instituer un célibat optionnel des prêtres ? ”Non, je ne le ferai pas” répond le pape

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    D'Aline Lizotte sur Smart Reading Press :

    LE «NON» FERME DU PAPE FRANÇOIS AU CÉLIBAT OPTIONNEL DU PRÊTRE

    «Est-il possible de penser que, dans l’Église catholique, en suivant le rite oriental, vous permettrez à des hommes mariés de devenir prêtres ?», a demandé une journaliste au pape François dans l’avion de retour des JMJ ? La réponse donnée par le pape ouvre à une réflexion sur le sens profond du célibat sacerdotal et de l’amour auquel le prêtre est appelé.

    Dans l’avion de retour des JMJ de Panama, le pape François a prononcé des paroles très claires : «Deuxièmement, je ne suis pas d’accord pour permettre le célibat optionnel. Non. Seulement, permettre quelques possibilités pour des endroits très éloignés – je pense aux îles du Pacifique. Mais c’est une chose à penser quand il y a une nécessité pastorale. Là, le pasteur doit penser aux fidèles. C’est une chose en discussion entre les théologiens, ce n’est pas ma décision. Ma décision, c’est que le célibat optionnel avant le diaconat : non. C’est mon opinion personnelle. Mais je ne le ferai pas, que cela reste clair. Je peux peut-être sembler fermé là-dessus mais je ne me sens pas paraître devant Dieu avec cette décision».

    UN CHOIX FERME DE L’ÉGLISE LATINE

    Pour l’Église catholique de rite latin (et non pas pour le rite maronite) et pour toute l’Église orthodoxe, le célibat du prêtre, sans faire l’objet d’un vœu, est la règle imposée. Lorsqu’il entre au séminaire, le jeune séminariste sait qu’on ne lui demandera pas, avant qu’il ne soit ordonné diacre, de choisir une vie de prêtre marié ou une vie de prêtre célibataire. Cela est devenu un choix ferme de l’Église latine, qui ne marie pas ses prêtres, bien qu’elle puisse, dans des cas très particuliers, ordonner des hommes mariés.

    Il y a une très grande différence entre introduire une option du célibat et ordonner des hommes mariés.

    Il y a une très grande différence entre introduire une option du célibat et ordonner des hommes mariés. L’option du célibat revient à instaurer un clergé de prêtres mariés auquel, selon la tradition de toutes les Églises, on ferme l’accession à l’épiscopat. On constitue ainsi un clergé à deux niveaux.

     

    Permettre l’ordination d’hommes mariés afin d’assurer dans des Églises en situation de précarité le minimum d’une vie sacramentelle – le munus sanctificandi, c’est-à-dire la possibilité de donner à la communauté des fidèles l’Eucharistie, la Réconciliation et l’Onction des malades – répond à une situation d’urgence sans instituer un nouvel état de vie pour le prêtre. L’état de vie demeure le célibat, et on n’en institue pas un autre. Dans le choix optionnel, on instaure un nouvel état de vie pour le prêtre, celui du mariage. C’est à ce choix que le pape Francois, fidèle à toute la tradition de l’Église latine, refuse fermement d’ouvrir la porte.

    «MARIER LES PRÊTRES» : UNE HISTOIRE ANCIENNE

    La pression sociale pour «marier les prêtres» n’est pas une nouveauté. Chaque fois que l’Église s’est trouvée en état de crise dans son clergé, des voix se sont élevées pour demander la fin du célibat obligatoire. Aux Xe et au XIe siècles, face au nicolaïsme – l’existence d’un clergé concubinaire – on prônait le mariage des prêtres. Il a fallu l’énergique réforme de l’Église accomplie par Grégoire VII et préparée par ses prédécesseurs Nicolas II et Alexandre II pour sortir l’Église de cet état.

    Aujourd’hui, devant les scandales sexuels qui secouent nos sociétés – instabilité du mariage, hypersexualité, homosexualité, pédophilie – on prône le mariage des prêtres. Comme si le mariage était la porte ouverte à toutes les déviations sexuelles et ne comportait pas, dans sa nature, une véritable orientation à la chasteté conjugale. Le prêtre qui serait marié n’en resterait pas moins un être humain à qui serait demandée une vraie maîtrise de lui-même, comme à tout laïc qui emprunte cette voie. Ni l’un ni l’autre ne sont, en raison de leur état de vie, dispensés de la pratique d’une vertu qui s’appelle la chasteté.

    LE CÉLIBAT DU PRÊTRE ET LA CHASTETÉ

    L’état social déclaré du prêtre est celui de célibataire. Cela n’est qu’une définition négative. Ne pas être marié n’est pas un état de vie, c’est une condition subie ou acceptée. Il y a des célibataires hommes qui ne sont pas des prêtres et qui doivent trouver, comme les célibataires femmes, un sens profond à leur vie, sans lequel ils errent dans un état «psychologiquement et sociologiquement indéfini».

    Le célibat du prêtre n’est pas de cette nature. Il est inconcevable et impraticable sans l’entrée dans une vie profondément marquée par la chasteté. Mais la chasteté n’est pas un «ne pas être». Elle est une vertu qui s’acquiert et qui dispose la personne à vivre intensément et plus parfaitement l’état de vie qu’elle choisit ou qu’elle accepte. Elle est la condition intérieure du «vivre avec», du «vivre pour», du «vivre en». Elle marque d’un sceau indissoluble le désir d’un amour de don, le purifiant progressivement d’un amour de possession.

    Chaque homme, qui se trouve face aux exigences de la sexualité humaine, se trouve dans son état de vie face aux exigences de la chasteté.

    Bien qu’elle soit différente, la chasteté est aussi nécessaire à l’homme marié époux d’une seule femme qu’au prêtre, et aussi indispensable à l’homme non marié qu’au prêtre. Chaque homme, qui se trouve face aux exigences de la sexualité humaine, se trouve dans son état de vie face aux exigences de la chasteté. Aucun «être humain» n’est dispensé d’être un être sexuel propre à son «genre». L’homme, même prêtre, ne peut pas nier la femme, et la femme ne peut pas nier l’homme masculin. Il faut cependant se garder de faire de la sexualité de la personne l’inéluctable joug de la «concupiscence de la chair» à laquelle la pratique contrainte de la «vertu de chasteté» viendra tordre le coup et procurer à son possesseur le «bouclier» protecteur qui l’éloignerait magiquement de toutes déviations.

    DIEU NE CRÉE RIEN QUI SOIT STÉRILE

    La sexualité humaine est une richesse profonde de la personne ; elle est l’orientation radicale et première de sa participation à la Création. Elle est pénétrée de la puissance la plus inouïe que Dieu ait donné à sa créature humaine : la capacité du don de la vie. «Croissez et multipliez-vous», dit la Genèse (Gn 2, 25). Elle est la force de l’amour humain le plus total et le plus plénier. Donner la vie est ce qu’il y a de plus grand au monde, encore plus grand que «donner sa vie». Donner la vie a quelque chose de «divin», disaient les grands philosophes grecs. En contrepartie, être stérile est probablement la plus grande misère.

    Dieu ne crée rien qui soit stérile. Il crée des êtres faits pour être, librement et par amour, des donneurs de vie et, par la complémentarité qu’implique charnellement la sexualité, être des donneurs dans une «unité» d’amour qui dépasse la limite du corps individué de la personne. Cependant, sans la chasteté, cette force de l’amour qu’est la sexualité atteint vite sa limite et s’autodétruit dans la recherche abyssale de la dénaturation du plaisir. La joie de l’amour passe du signe de la perfection du don à celui de la possession de la personne, la tournant vers la satisfaction de son ego solitaire et la conduisant à la stérilité contre nature.

    LA CHASTETÉ SACERDOTALE, PARTICIPATION À L’ŒUVRE DE LA RÉDEMPTION

    La chasteté du prêtre n’en fait pas un eunuque selon la nature ou selon le vouloir des hommes. Elle ne détruit pas sa masculinité. Bien au contraire, le prêtre reste un homme masculin et doit s’en réjouir et développer les propriétés de son être masculin. La chasteté du prêtre n’en fait pas un impuissant, ni un obsédé des règles de la pureté. Elle ne lui enlève pas la force de l’amour. Elle lui donne un «vivre autrement», dans un «vivre pour» et un «vivre en». Elle le rend plus pleinement homme et plus profondément père. Elle en fait le donneur de la vie, d’une autre vie.

    Si la chasteté des époux leur permet, en tant qu’êtres humains, une participation radicale et première à l’œuvre de la Création, la chasteté sacerdotale du prêtre est une participation radicale et première à l’œuvre de la Rédemption. La Rédemption n’est pas uniquement la réparation infinie de l’offense faite à Dieu par la faute de l’homme ; elle est un exhaussement de la participation de l’homme à l’œuvre de sagesse et de gloire de la Trinité. L’être humain n’est plus seulement le dernier degré de perfection dans l’ordre naturel de la création des personnes ; il peut devenir, dans l’ordre de la grâce, bien au-dessus des anges. Car aucun ange n’a sa propre espèce unie à la divinité du Fils. «Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges?» (1 Co 6, 3), nous dit saint Paul.

    Le prêtre aime par la force de l’amour Rédempteur ; l’époux et l’épouse aiment par la force de l’amour Créateur.

    Cette participation à l’humanité du Christ élevée au-dessus même des anges est le fruit de la Rédemption. Elle exige ce que le Christ incarne, un amour de don qui atteint l’universalité de l’Univers. C’est à cette participation qu’est convié le prêtre dans son union au mystère de l’Église, dont il est l’un des ministres et à laquelle il a donné sa vie. Principe de don en tant qu’homme, appelé à un plus grand amour en tant que ministre du Seigneur de vie, convié à «vive autrement», c’est-à-dire à offrir les richesses de sa masculinité pour servir un amour plus universel ; il est appelé à vivre pour l’Église, qu’il doit aimer d’un amour plus fort que l’époux charnel aime sa propre épouse, aimait rappeler saint Jean-Paul II. Il est appelé à vivre en Christ, qui est sa vraie force, son secours, son paradigme. Il doit aimer le Père, duquel il tire sa vraie paternité, et dont il doit dire le Verbe dans l’âme de ceux qui lui sont confiés.

    Cet amour auquel le prêtre est appelé, il ne le trouvera jamais dans les bras d’une femme. Ce n’est pas parce que l’amour de l’homme et de la femme est moins beau, moins noble, moins pur, plus charnel, que celui du prêtre. Tout simplement, parce qu’il est autre. Le prêtre aime par la force de l’amour Rédempteur ; l’époux et l’épouse aiment par la force de l’amour Créateur. La Rédemption n’efface pas la Création, ni la Création la Rédemption. Le prêtre doit à l’amour créateur d’être ce qu’il est dans sa personne ; les époux doivent à l’amour rédempteur la sainteté du mystère des noces du Christ, qui se donne à l’Église comme l’Époux à l’épouse. L’amour créateur donne vie ; l’amour rédempteur conduit à la plénitude de Dieu dans le Christ, qui appelle le prêtre à quitter ses filets pour le suivre !

    Merci au pape François, d’avoir dit ce : «Non, je ne le ferai pas».

  • Mode d'emploi pour abolir la règle du célibat des prêtres dans l’Eglise latine

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    Le pronostic de Denis Crouan sur le site « Pro Liturgia »

    Lorsque se tiendra le synode des évêques de l’Amazone, en octobre, la possibilité discutée depuis longtemps d’ordonner à la prêtrise des hommes mariés dans les régions où il y a une pénurie de prêtres (la France sera bientôt au nombre de ces régions) sera mise sur la table.

    Qui n’a pas remarqué que lorsque celui que Saint-Ignace de Loyola appelle « l’ennemi de la nature humaine » fait des propositions aux hommes, ses propositions contiennent toujours les trois mots suivants : « préservé, exceptionnel, légal » ?

    Cette stratégie verbale a été employée dans le domaine liturgique. On sait, par exemple, que la communion reçue dans la main n’a commencé qu’en 1969 par un indult - une exception à la loi - pouvant entrer en ligne de compte uniquement sous certaines conditions. Et puis... on sait la suite : l’exceptionnel est devenu la norme.

    En Amazonie brésilienne, il est un fait que de nombreuses communautés catholiques n’ont qu’une messe par an, généralement célébrée par un prêtre arrivant en bateau.

    Alors, qu’en est-il de tous ces fidèles qui, là-bas, aimeraient avoir davantage d’occasions d’aller à la messe tandis qu’ici, en France, on supprime des messes sous x prétextes tous plus fallacieux les uns que les autres ?

    Oui, le « synode amazonien » décidera probablement que, pour la « bonne cause », il faudra imaginer le « bon moyen » : celui des prêtres mariés. En fait, c’est le moment idéal pour que cette nouveauté sacerdotale soit adoptée sans faire de vagues : on sort tout juste d’une discussion sur les « abus sexuels ». On devine déjà quels seront les titres des médias : « Grâce à François, l’Eglise évolue enfin : le mariage des prêtres va permettre de mettre un frein aux abus sexuels dont ont été victimes des séminaristes et des enfants. » Ou mieux : « Francesco santo subito ! »

    Encore une fois, la fin - l’Eucharistie pour les fidèles - va justifier un moyen exceptionnel : les prêtres mariés. Et peu après, on verra ce moyen « exceptionnel » devenir la norme tandis que la norme du célibat sacerdotal deviendra l’exception exigeant l’obtention d’un indult. Oui, à ce rythme-là, un prêtre souhaitant demeurer célibataire pour se donner totalement à sa mission sacerdotale devra obtenir un indult d’une commission spéciale créée dans les coulisses de Sainte-Marthe.

    Ref. Dimanche, 3 mars 2019.

    La même tactique a été employée pour éliminer pratiquement l’usage du chant grégorien et du latin dans la messe réformée de Paul VI, alors que la constitution « sacrosanctum concilium » adoptée par Vatican II prétendait réserver la place "principale" mais non exclusive à cet usage …  

    JPSC