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Rechercher : célibat des prêtres, stop ou encore

  • Le célibat est bien davantage qu’une obligation

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    Du site du diocèse de Namur (Olivier Collard) :

    Homélie de Mgr Warin à l’ordination de Boris Houengnissou : « Le célibat est bien davantage qu’une obligation »

    Dans l’Évangile, à celui qui dira : « je te suivrai Seigneur mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison », Jésus répondra : « quiconque met la main à la charrue puis regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume de Dieu ».  À l’exemple de son maître, le disciple ne s’appartient plus. Il accepte de se donner, et de se donner sans compter.  Il fait sien le chemin du maître. Il prend avec lui le visage déterminé, la route de Jérusalem, conscient que le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête.

    Ce dimanche 26 juin, en cette église cathédrale, j’ordonne un prêtre. Un seul. Certains disent : « n’y aurait-il pas davantage de candidats si l’on renonçait au célibat. Ne faudrait-il pas un autre type de prêtre ? »  Permettez-moi de souligner que le célibat est bien davantage qu’une obligation.  Se consacrer pour toujours, et exclusivement, à la cause divine, n’est-ce pas la réponse qui convient plutôt quand le Seigneur vous appelle ainsi : « Viens, laisse tout et suis-moi » ?  Dans l’Évangile de Marc, au chapitre 10 verset 28, Pierre prend ainsi la parole : « Eh bien nous, nous avons tout laissé pour te suivre ! ». La radicalité est une caractéristique de la vocation des Douze. Il s’agit de s’en remettre en tout à Jésus. C’est ici que le célibat trouve ses racines évangéliques profondes.

    J’ai devant moi aujourd’hui Patrick et Justin qui viennent de recevoir un petit ministère ainsi que Boris qui, dans un instant, sera ordonné prêtre.  Je voudrais leur dire que le célibat consacré n’est pas un chemin facile.  Dans Pastores dabo vobis, l’exhortation apostolique du saint pape Jean-Paul II sur la formation des prêtres dans les circonstances actuelles, il note que le charisme du célibat, même authentique et éprouvé, laisse intacte les inclinations de l’affectivité et les pulsions de l’instinct.

    Cher amis futurs prêtres, ne vous effrayez pas si, à certaines heures, vous êtes tourmentés et si, à l’occasion, votre cœur saigne. Notre société, en même temps qu’elle la banalise, absolutise la relation amoureuse et sexuelle. Elle nous murmure : « impossible de vivre sans elle ! ». Nous vivons dans un monde très érotisé. Le célibat consacré, et il en va de même pour le mariage, implique une ascèse. On ne lit pas et on ne regarde pas n’importe quoi. Le prêtre doit éviter les apartés au clair de lune avec une jeune animatrice ou une maman catéchiste. Il doit s’arranger pour ne pas être là quand les enfants au camp se lavent, ou se changent. Il doit maintenir une saine distance, la distance d’une table, disait-on volontiers naguère. Des jeunes – ou des moins jeunes – vous balanceront peut-être un jour : « que vous soyez célibataire ou mariés, pour moi, cela ne change rien ». Il faut alors savoir s’accrocher mais ne croyez pas trop vite que le célibat n’est plus du tout un signe. Le célibat ne se comprend bien que dans la foi. Or, on assiste aujourd’hui à un crépuscule de la foi et de Dieu.

    Le chemin sur lequel s’engagent les mariés n’est pas non plus un chemin facile. Il m’est arrivé en célébrant un mariage, de dire : « vous réaliserez que, dans le mariage, il n’est pas possible de tout marier et vous aurez à en souffrir. Maintes fois, vous expérimenterez que le mariage est une concession à perpétuité ». Puis, tout de même, j’ai ajouté : « mais vous vérifierez surtout que, quand l’épreuve du temps fortifie l’union entre époux, le métal devient toujours plus précieux. Après les noces d’étain, ce sont les noces d’argent, ensuite les noces d’or, puis les noces de platine, après 70 ans de vie main dans la main ».

    Chers futurs prêtres, le célibat consacré n’est pas un chemin facile, mais il n’est en soi un chemin triste. Prêtre depuis bientôt 50 ans, je voudrais vous dire que le célibat est possible et que le chemin du célibat en lui-même n’est pas un chemin qui rend amer. Le célibat du prêtre est une forme d’amour qui engage toutes les énergies dans une relation personnelle avec le Christ et dans la charité pastorale à l’égard de tous. Or, l’amitié intense avec le Christ ainsi que l’amour oblatif, sont sources d’épanouissement profond. C’est cet épanouissement profond que je vous souhaite de tout cœur aujourd’hui.

  • La chasteté et le célibat ne conduisent pas à la délinquance sexuelle

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    De Catherine Mallaval sur le site de Libération :

    Roland Coutanceau : «La chasteté et le célibat ne conduisent pas à la délinquance sexuelle»

    Le psychiatre Roland Coutanceau rappelle que l’attirance pour les mineurs revêt des formes très variées et qu’il est possible, dans certains cas, d’éviter le passage à l’acte.

    Psychiatre expert en criminologie auprès des tribunaux, président de la Ligue française pour la santé mentale, Roland Coutanceau est à l’origine de la création, en région parisienne, d’un pôle de victimologie et de thérapie familiale qui fait référence. Auteur des Blessures de l’intimité (éd. Odile Jacob), il décortique le profil des pédophiles.

    L’Eglise est confrontée de par le monde à des scandales de pédophilie. Cela est-il surprenant ?

    En général, vous vous en doutez, les institutions qui ont affaire à ce genre de scandale sont surtout celles dans lesquelles des adultes sont directement en relation avec des enfants. L’éducation nationale, le milieu des associations qui gèrent l’après-scolaire… L’Eglise, c’est un peu différent. Il y a manifestement un certain nombre de personnes qui présentent un attrait pédophilique en son sein. Même si à ce jour aucune étude statistique de référence ne permet de quantifier le problème.

    Comment peut-on essayer d’expliquer la présence de ces pédophiles ?

    Un certain nombre d’êtres humains, à la fin de l’adolescence ou lorsqu’ils sont jeunes adultes, ne sont pas au clair avec leur sexualité, leur orientation, leurs fantasmes. On peut supposer que certains de ceux-là, outre la sincérité de leur foi, sont enclins à se réfugier dans un idéal, une forme de sublimation que sont le célibat et la chasteté. Pour être plus direct : mon hypothèse est qu’il y a parmi les prêtres des pédophiles qui se sont tournés vers l’Eglise pour de mauvaises raisons, sans qu’ils en soient forcément conscients. Le psychanalyste et prêtre catholique Marc Oraison, disparu en 1979, avait conseillé à ses pairs de créer une sorte de filtre lorsque des hommes s’engagent dans la voie du séminaire, permettant d’analyser précisément les motivations qui poussent vers la prêtrise. L’Eglise aurait pu le faire.

    L’absence de sexe, le vœu d’abstinence ne sont-ils pas des pousse-au-crime ?

    Non. C’est ce que beaucoup pensent intuitivement, mais la chasteté, le célibat ne conduisent pas à la délinquance sexuelle. Ce ne sont pas des facteurs aggravants ou facilitants. La pédophilie, cette sexualité maudite, ne naît pas de ça.

    De quoi alors ?

    D’abord, il faut savoir que la pédophilie est un monde. Varié. De la même façon qu’il y a des Don Juan, des inhibés, des hommes qui ne couchent qu’avec des prostituées… Concrètement, l’attrait pédophilique que certains ressentent est, à un niveau fantasmatique, une excitation sexuelle pour un corps prépubère, garçon ou fille. Cet attrait peut être exclusif (les sujets ne sont attirés que par des enfants) ou pas. Il peut aussi être ressenti par une personne qui a une orientation hétérosexuelle (et préférera les petites filles), homosexuelle (avec une attirance pour les petits garçons) ou bi. Des tas de gens, des médecins, des juges, des journalistes peuvent avoir ce fantasme qu’on ne choisit pas (de même que son orientation) sans pour autant passer à l’acte. Il n’y a pas de mécanicité.

    Mais des hommes franchissent le pas. Qu’ont-ils en commun ?

    On observe souvent une forme d’immaturité. Le pédophile peut avoir un QI brillant, mais se sentir comme un enfant au niveau affectif. Autre trait : un égocentrisme au carré, qui se traduit par une moindre capacité à réfléchir à ce qui se passe dans la tête des autres et un intérêt quasi exclusif pour leur propre sexualité et leurs fantasmes. Ces sujets présentent ce que nous, les psys, avons appelé «troubles de la personnalité». Ils ne sont pas en capacité de se demander quelle est la réalité sexuelle de l’autre. Et sont atteints d’une distorsion, une déformation cognitive qui les empêche de voir clairement ce qui est. Ainsi, ils vont mal interpréter le comportement d’un enfant. Qu’une petite fille sourie, et ils ont l’impression qu’elle leur fait du gringue. Ils mésinterprètent les discours et le comportement de l’enfant. Et projettent leur propre sexualité sur celle de l’enfant. En outre, ils érotisent tous les faits et gestes de ces enfants : un sourire donc, s’asseoir sur les genoux, prendre la main… Et interprètent une demande d’intérêt ou d’affection de l’enfant comme une demande sexuelle. C’est ce type de distorsion qui est le trait des délinquants sexuels. Mais je précise qu’en dépit de cette distorsion, ils connaissent l’interdit que représente la pédophilie. Ils en ont conscience. Et sont responsables de leurs actes.

    Parmi ceux qui passent à l’acte, y a-t-il des différences ?

    Il y a ceux qui culpabilisent, des fatalistes, des très égocentriques, uniquement centrés sur leur désir. Mais aussi des cyniques qui sont dans une mégalomanie de leur désir.

    Peut-on les repérer ?

    On ne peut pas scanner la vie fantasmatique des gens. Mais on peut avoir l’intuition des comportements qui dérapent. Des comportements de promiscuité. Ceux qui souvent s’isolent avec un enfant ou ont un chouchou… Il ne s’agit pas d’être parano, mais vigilant.

    Peut-on les soigner ?

    La sexualité humaine s’apprivoise quand on en parle à un autre être humain. Dans ma consultation, je reçois des sujets qui n’en sont qu’au stade du fantasme, d’autres qui sont passés à l’acte. La première chose à faire avec ces derniers est de clarifier la distorsion cognitive dont ils sont atteints. Dire : "Vous avez une attitude pédophile mais un enfant ne désire pas ça". Il s’agit de faire monter le niveau de lucidité. On peut leur apprendre une vie auto-érotique (masturbation), les aider à être plus structurés, plus au clair avec leur sexualité. Et à replacer leur attrait pédophile au niveau du fantasme. Nous pouvons aussi essayer de faire avancer l’âge de l’objet sexuel qu’ils désirent. La plupart d’entre nous, sans nous en rendre compte, à mesure que nous avançons en âge, désirons des partenaires plus âgés que lorsque nous avions 20 ans.

    Est-ce vraiment possible ?

    La sexualité est plus souple qu’on ne le croit. Il y a une certaine plasticité qui permet d’en faire passer certains qui n’étaient attirés que par des enfants à la peau soyeuse, sans poil, vers un désir pour de jeunes adultes. Cela ne marche pas toujours. Certains ne veulent pas changer. Et vous disent et redisent «les enfants ont une peau plus belle». C’est une idéalisation à laquelle ils tiennent, une forme de fétichisme.

    Comment l’Eglise peut-elle se dépêtrer de tout ça ?

    Comme toutes les institutions confrontées à ce genre d’affaires, elle a voulu laver son linge sale en famille. Mais, comme les autres, elle ne peut pas couvrir et doit répondre à la justice des hommes. Et se préoccuper de cette question. Ce que l’on pourrait conseiller à l’Eglise, c’est de parler vrai avec certains prêtres : beaucoup de gens parlent quand ils se sentent devinés. Quand on soupçonne quelqu’un de pédophilie, il faut donc lui en parler. Quitte à s’être trompé.

  • Le célibat des prêtres continuer d’agiter les médias : à Paris, une homélie remarquée de l’abbé Philippe de Maistre curé

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    pere-philippe-de-maistre_article.jpgUne amie bruxelloise connaît bien ce prêtre formé à l’IET et qui fut déjà à l’époque un évangélisateur de feu pour la jeunesse catholique de Bruxelles en quête de vrais bergers.

    En une quinzaine de jours, cette vidéo a déjà été regardée plus de 18.000 fois : percutant et pertinent.

    JPSC

  • Des prêtres mariés ? Prudence !

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    Des prêtres mariés ? Prudence !

    Écrit par Aceprensa le 

    Face au manque de prêtres dans certaines régions, certains voient la solution dans les prêtres mariés, comme dans les Eglises de rite oriental, où il y a des prêtres mariés depuis des siècles. Cependant, Sviatoslav Shevchuk, archevêque de Kiev, à la tête de l’Eglise gréco-catholique d’Ukraine, la plus grande des Eglises orientales en communion avec Rome, a un message élémentaire pour les Eglises de rite latin : « Soyez prudents ».

    Dans une interview réalisée par Crux pendant le synode des évêques, on lui a demandé quel conseil il donnerait aux Eglises de rite latin. Voici sa réponse :

    « Qu’elles soient prudentes ! Si je devais donner un conseil, je leur dirais que la suppression du célibat sacerdotal ne résout pas le problème. Mon expérience me dit qu’il y a des prêtres saints qui sont mariés… leur sainteté, leur maturité, est un grand trésor, mais elle n’est pas une conséquence directe de leur style de vie. »

    Shevchuk signale les difficultés pour la formation de séminaristes qui doivent décider avant l’ordination s’ils vont se marier ou rester célibataires. « Nos séminaires n’acceptent aujourd’hui que des jeunes qui ne sont pas mariés, car il est presque impossible d’assurer une période tranquille de discernement pendant la formation » après le mariage.

    Les séminaristes ne peuvent se marier tant qu’ils sont au séminaire. Cependant, dans la seconde partie de leurs études, souvent ils ont une fiancée. Et cela crée des tensions. « Parfois, pendant la formation, il est difficile de centrer l’attention du séminariste sur la communauté, car il y a quelqu’un qui l’attire depuis l’extérieur. »

    « Ils doivent décider s’ils vont être des prêtres mariés ou célibataires avant l’ordination diaconale. Il arrive souvent qu’un candidat qui se sent appelé au mariage, à être père, doive attendre des années pour trouver sa future épouse. Beaucoup de nos séminaristes ne sont pas ordonnés car, après avoir achevé leur formation au séminaire, ils vont à Rome pour poursuivre leurs études. Ils ne peuvent être ordonnés que lorsqu’ils ont achevé leurs études. Et on ne peut vivre comme prêtre marié dans un collège sacerdotal à Rome. »

    Il y a aussi des difficultés pratiques, explique l’archevêque, dans la formation au sacerdoce d’hommes déjà mariés. « Si un homme marié entre au séminaire, il doit abandonner sa famille pendant six ans. Je me rappelle qu’au début des années 90, lorsque notre Eglise est sortie de la clandestinité, il y avait un grand besoin de prêtres et nous avons accepté tous les candidats au séminaire. Chaque semaine, je voyais la souffrance de ces familles qui étaient privées de père. C’était une tragédie sur le plan humain, spirituel, mais aussi économique. »

    « Quand j’ai été nommé recteur du séminaire, avec l’accord de l’évêque, nous avons créé un programme pour les vocations tardives. Si un père voulait commencer sa formation au sacerdoce, s’il avait une formation universitaire, nous l’aidions à s’intégrer dans la communauté du séminaire, mais sans abandonner sa famille. Nous l’aidions à étudier et à recevoir une formation sans abandonner son travail, puisqu’il devait subvenir aux besoins de sa famille. C’était un parcours très personnalisé, que nous pouvions assurer dans notre séminaire. Il a connu un succès partiel, car de ce programme sont issus six prêtres. »

    Shevchuk signale que « la crise de la famille affecte également les familles des prêtres. Nos évêques sont préoccupés non seulement par leurs séminaristes mais aussi par leurs fiancées, et nous avons créé un programme adressé à ces femmes. Souvent, après deux ou trois rencontres, elles décident de ne pas se marier avec un prêtre, ce qui peut rendre les choses plus difficiles. »

    Source: http://www.aceprensa.com/articles/no-es-facil-contar-con-sacerdotes-casados/. Cet article reprend quelques éléments d’une interview plus large à Mgr Shevchuk, réalisée par John Allen et Inés San Martin et publiée dans Crux sous le titre « Eastern prelate urges ‘prudence’ on married priests ». Ce texte a été traduit de l'espagnol par Stéphane Seminckx.

  • Les prêtres dévoyés sont parmi nous

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    De nos jours, les fidèles doivent faire preuve de prudence et de discernement à l'égard de ministres du culte dont la vie privée peut être très éloignée de la morale catholique et, en particulier, des exigences de la chasteté. L'article qui suit, sous la plume d'Arnaud Bédat, sur le site de l'Illustré, présente un cas particulièrement déplorable en Suisse romande mais croit-on vraiment qu'il en va différemment chez nous ? Nous ne le croyons pas et nous nous interrogeons sur la vigilance des autorités ecclésiastiques responsables, même si, bien sûr, nous restons convaincus que la plupart de nos prêtres restent dignes de notre estime et de notre attachement.

    16 juillet 2020

    La double vie du chanoine Alain C.

    Nommé il y a quelques jours à la tête de la cathédrale de Fribourg, il avait tout du prêtre irréprochable. Mais le chanoine C. draguait aussi activement sur un site de rencontres, photos pornos à l’appui. Un nouveau scandale qui mine le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF), confirmant une fois de plus la présence en son sein d’une importante communauté homosexuelle.

    C’est l’histoire d’une trahison, celle d’un ecclésiastique qui n’aura pas su ni pu résister à ses pulsions sexuelles, infidèle aux vœux d’abstinence et de chasteté que sa religion lui impose. C’est aussi l’histoire d’un drame humain: celui d’un prêtre qui s’est longtemps menti à lui-même et qui aura mené une double vie fondée sur le mensonge, tenaillé par la culpabilité et la honte. Mais c’est surtout la confirmation d’un certain climat, dénoncé déjà, notamment par le journaliste français Frédéric Martel dans son livre best-seller «Sodoma», qui révélait l’existence d’une importante communauté gay dans le clergé catholique.

    Après avoir dû refuser une autre candidature qui avait les faveurs de la cote – un abbé fribourgeois soupçonné d’abus sexuels, sous enquête de police –, l’évêque Charles Morerod pensait avoir enfin trouvé la perle rare pour succéder à l’abbé Paul Frochaux (démissionné de son poste pour abus sexuels sur mineurs le mois dernier) à la cathédrale Saint-Nicolas de Fribourg. Il nommait en effet il y a quelques jours le chanoine Alain C., 46 ans, ancien numéro deux du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF) dont il fut le vicaire général de 2012 à 2017, actuellement curé dans le canton de Genève, où il a été notamment chargé de la préparation de la messe du pape François à Palexpo le 21 juin 2018, apparaissant même sur l’estrade auprès du Saint-Père, auquel il avait serré la main.

    Son entrée en fonction à Fribourg à ce poste envié et prestigieux était prévue pour le 1er septembre prochain – mais semble désormais impossible. Cet ecclésiastique plutôt conservateur, inscrit dans la mouvance du pape Jean Paul II – qui avait lancé naguère une croisade contre les gays en stigmatisant l’homosexualité qu’il dénonçait comme «contraire à la loi naturelle» – et de son ancien bras droit devenu son successeur sous le nom de Benoît XVI, est volontiers décrit comme rigide, souvent dans le rapport de force et assez autoritaire. Originaire de Domdidier (FR), il a suivi une formation commerciale, puis fait un apprentissage à l’Office des poursuites d’Avenches avant d’avoir la révélation de sa foi. Comme séminariste, il fut longtemps proche de la Garde suisse pontificale à Rome. Il est aussi aumônier des scouts d’Europe (AGSE), groupe d’éclaireurs et louveteaux catholiques avec lesquels il part régulièrement en camp (...).

    Mais la nuit venue, ce prêtre ultra-catholique plutôt apprécié de ses paroissiens, distribuant la communion, confessant les ouailles, donnant les sacrements, changeait de peau et se drapait dans celle d’un homme à la recherche d’aventures torrides avec d’autres hommes, surfant sur des sites internet pour y trouver des partenaires occasionnels.

    Il fréquentait notamment la plateforme gay très populaire PlanetRomeo, où il s’affichait encore jusqu’il y a quelques jours dans le plus simple appareil, dissimulé derrière le pseudonyme de Solinas, mais ne cachant ni son visage ni aucun détail de son intimité, échangeant aussi à l’occasion des photos avec ses amants, virtuels ou pas. Confronté à ces faits, l’abbé C. nous a fait parvenir dimanche après-midi une lettre en réponse à nos questions que nous publions pratiquement in extenso (lire également ci-dessous).

    Devant l’ampleur des révélations qui se succèdent depuis des mois, le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg semble vaciller plus que jamais sur ses bases. Ces affaires en cascade jettent en tout cas le trouble dans l’esprit de nombreux paroissiens. Dans une lettre à l’évêque Charles Morerod du 29 octobre 2019, dont les médias se font alors l’écho, l’abbé Nicodème Mekongo, en poste à Peseux (NE), dénonçait des abus mais aussi un climat «homo-érotique», citant de nombreux noms d’abbés dont il révélait l’homosexualité à travers des scènes et comportements qu’il avait observés. Enfin, à la suite de notre article sur les dérives du chanoine Frochaux, des dizaines de témoignages et réactions sont parvenus à la rédaction, de tous les horizons, renforçant encore cette impression.

    Ils sont nombreux à dénoncer l’hypocrisie de membres du clergé qui condamnent l’homosexualité en public, mais la pratiquent en privé. Et qui, de plus, se protègent entre eux en bannissant ceux qui ne font pas partie de la mouvance, attestant ainsi de ce cléricalisme ambiant – c’est-à-dire ici la protection des élites diocésaines, cette «véritable perversion dans l’Eglise», selon le pape François, qui n’a pas de mots assez durs pour qualifier le phénomène depuis le début de son pontificat. Pour le souverain pontife, le cléricalisme «rigide» cache le plus souvent de «graves problèmes», de «profonds déséquilibres» et des «problèmes moraux».

    Ce prisme apporterait-il désormais une nouvelle clé de décodage à toute cette série d’événements récents? Met-il cruellement en lumière les effets de l’homosexualité sur la doctrine de l’Eglise et sur les dysfonctionnements dans de nombreuses paroisses en Suisse romande? L’avenir le dira peut-être. Une chose est sûre: une partie des soupçons pesant sur le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg ne sont plus seulement des soupçons. Mais aussi, désormais, des faits avérés.


    «J’AI VOULU ARRÊTER, VRAIMENT. JE N’EN AI PAS EU LA FORCE»

    Le chanoine livre par écrit ses explications à L'illustré. Larges extraits.

    «[…] Comme beaucoup, c’est à l’adolescence que j’ai connu mes premières relations sexuelles. Elles ont cessé vers l’âge de 20 ans, bien avant que je me pose la question de devenir prêtre. Ensuite, j’ai été abstinent pendant plus de vingt ans. Ce n’est qu’après mon arrivée à Genève que je me suis inscrit sur un site de rencontre. […] Je sais, dans mon intelligence, que je ne devais pas rompre mes engagements, mais pourtant. Est-ce la crise de la quarantaine? Est-ce le contexte genevois? Je ne le sais pas. J’imagine que ce doit être un peu pareil lorsque l’on trompe son conjoint: on le fait, bien qu’on sache qu’on ne devrait pas le faire. J’ai voulu arrêter, vraiment. J’ai consulté un psychothérapeute pour m’y aider. Malheureusement, il ne m’a pas permis de trouver les réponses nécessaires. J’aurais dû chercher encore, je n’en ai pas eu la force.

    »[…] ma présence sur ce site et les rencontres qui en ont découlé ne sont pas compatibles avec mon engagement. Je me suis perdu. Dans ma volonté de quitter cette situation, la nomination à Fribourg est arrivée comme une planche de salut. […] La perspective de revenir à Fribourg était alors synonyme de changement et de reprise en main. J’ai donc supprimé mon compte, voulant tirer un trait sur mes égarements… et vous êtes arrivé. Alors tout le monde saura. Mais ce sera l’occasion pour moi d’être aidé et accompagné afin de mieux connaître et définir la suite pour moi. Il y aura au moins cela de positif.

    »Dans vos questions, vous parlez d’un lobby gay dans le diocèse. S’il existe, je n’en ai pas connaissance et je n’en ai pas entendu parler. […] Quant à la règle du célibat, je reste convaincu qu’elle est belle et bonne, même si je n’ai pas réussi à la respecter […].

    »Ce compte et ces rencontres sont une erreur que j’ai commise par rapport à mon engagement de prêtre mais qui, aujourd’hui, a des conséquences sur ma famille, les paroissiens, mon évêque et tous ceux que je blesse et déçois. A toutes ces personnes, en particulier à ma famille et à mon évêque, je voudrais demander sincèrement pardon et présenter mes excuses de n’avoir pas été pleinement fidèle à ma vocation de prêtre.»

  • Tous prêtres ?

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    orant.jpgChaque année, dans tous les diocèses du monde, prêtres, diacres et fidèles se réunissent pour célébrer la Messe Chrismale. Elle se célèbre normalement au matin du Jeudi Saint mais peut être anticipée. Ainsi dans de nombreux diocèses elle est célébrée le soir du Mercredi Saint  et même avant.

    La Messe Chrismale reçoit cette appellation parce que c’est au cours de cette célébration que le Saint Chrême est consacré. Cette huile servira dès les baptêmes de Pâques puis tout au long de l’année pour les sacrements du baptême, de la confirmation et de l’ordre.

    Avec le Saint Chrême qui est l’objet d’une consécration spéciale, deux autres huiles sont bénites : l’Huile des Catéchumènes qui sert dans les célébrations préparatoires au baptême surtout pour les adultes ou les enfants déjà grands ; et l’Huile des Malades qui sert dans la célébration du Sacrement des malades .

    Prêtres, diacres et fidèles sont invités largement à cette célébration qui manifeste l’unité de toute la communauté diocésaine autour de son évêque.

    Elle nous offre un point de départ pour réfléchir  au sens du sacerdoce royal du Christ dont dérivent le sacerdoce baptismal et le sacerdoce ministériel, deux modes qu’il convient de distinguer soigneusement l’un de l’autre, comme le démontre l’abbé Bruno Jacobs dans l’article ci-dessous paru dans le magazine « Vérité et Espérance - Pâque Nouvelle » (n°82, 1er trimestre 2012)  Une réflexion d’autant plus appropriée qu’au soir même du Jeudi-Saint on célèbre aussi, à la messe commémorative de la Dernière Cène, l’institution des sacrements de l’Eucharistie et de l’ordre:

    « Pourquoi les laïcs ne peuvent-ils pas présider l’Eucharistie, alors que tous les baptisés ont part au sacerdoce du Christ ?  Pourquoi faire une distinction entre prêtres et laïcs ?  Et d’ailleurs, le Christ n’était pas prêtre…  Il arrive que des chrétiens d’aujourd’hui posent des questions ou font des remarques de ce genre, en rappelant que le Concile Vatican II a insisté sur le sacerdoce commun de tous les fidèles baptisés.  Mais que signifie cette expression ?  Récemment, je lisais dans un bulletin paroissial une réflexion semblable :  … les laïcs peuvent exercer des charges dans l’Église…  on appelle cela le sacerdoce commun des fidèles.  S’agit-il seulement d’un droit de présider des célébrations, d’aider, voire de remplacer les prêtres devenus trop rares ?  Lorsque le sens des mots n’est pas clair, le sens des textes – en l’occurrence ceux du Concile Vatican II, a peu de chances d’être compris.  Il convient donc de clarifier les choses.

    1. Qu’est-ce qu’un prêtre ?

    Dans la plupart des religions, le mot prêtre désigne un médiateur entre la divinité et les hommes.  Une des difficultés est que dans la langue française, ainsi que dans les langues germaniques, on utilise ce mot pour traduire deux termes grecs, qui, dans le Nouveau Testament, ont un sens différent :

    - hiereus, qui désigne la charge sacerdotale telle qu’elle est exercée dans la religion juive (de même que dans beaucoup de religions païennes) ;

    - presbyteros, qui signifie ancien : c’est ainsi que l’on appela, dans les premières communautés chrétiennes, les ministres, initialement établis par les Apôtres, pour prolonger leur action.  Ces ministres, qui recevaient leur charge par l’imposition des mains, ne portaient donc pas le titre propre aux prêtres de la religion juive (en grec : hiereus).  C’est ce mot, presbyteros, qui est à l’origine du mot prêtre en français.  Ces deux mots grecs ont leur équivalent en latin (sacerdos pour le mot grec hiereus, et presbyter pour presbyteros), mais le français n’a qu’un seul substantif pour traduire ces deux mots :

    Grec         Latin               Français

    hiereus                sacerdos    prêtre

    presbyteros         presbyter   prêtre

    Paradoxe : Bien que l’adjectif sacerdotal et le substantif sacerdoce soient toujours courants en langue française, le seul substantif pour désigner la personne qui exerce cette fonction est le mot prêtre, alors qu’à l’origine, ce mot (presbyteros) désignait les anciens des communautés chrétiennes, mais pas les prêtres du culte juif.  Remarquons que le Concile Vatican II, dans les textes latins, a repris ces deux mots pour désigner les ministres de l’Eglise Catholique, ce qu’on ne remarque pas lorsqu’on lit ces textes en français.  Mais pourquoi le Nouveau Testament emploie-t-il deux mots différents ?  Expriment-ils deux idées différentes du sacerdoce, ou bien s’agit-il d’une seule et même réalité ?  Pour répondre à cette question, il vaut la peine d’en poser une autre.

    2.  Le Christ était-il prêtre ?

    A notre époque, il n’est pas rare d’entendre dire que Jésus n’était pas prêtre.  Pourquoi alors faire encore une différence entre prêtres et laïcs ?  Et pourquoi réserver certaines fonctions aux ministres ordonnés ?

    Dans le judaïsme, les prêtres étaient issus de la tribu sacerdotale de Lévi : on devenait prêtre si on était né fils d’un prêtre, descendant du grand prêtre Aaron.  En tant que médiateurs entre Dieu et le peuple, ces prêtres avaient essentiellement deux fonctions.

    1.  A l’origine, ils transmettaient au peuple la Parole de Dieu, notamment lors des célébrations liturgiques, mais aussi dans certaines circonstances de la vie ordinaire.  C’étaient les interprètes de la Loi, qui répondaient aux consultations des fidèles et exerçaient, à certaines périodes, un rôle judiciaire.  Toutefois, au fil du temps, le service de la Parole prenait de moins en moins de place dans l’exercice de leur fonction.  Avec l’avènement des prophètes, la Parole vient au peuple par une autre voie.  Ensuite, dans les derniers siècles avant Jésus, les synagogues se multiplient et les scribes (laïcs) gagnent en autorité en tant que maîtres de la Parole.  Les prêtres gardent toutefois le rôle de proclamer la Parole lors des célébrations liturgiques.

    2.  Le sacerdoce se concentre alors de plus en plus sur la fonction cultuelle qui remonte à Aaron.  En tant qu’hommes du culte et du sanctuaire, les prêtres offrent des sacrifices, ils présentent à Dieu l’offrande des fidèles et transmettent au peuple la bénédiction de Dieu.  Fait significatif pour la compréhension du sacerdoce chrétien :  une fois l’an, au jour de l’expiation, le Grand Prêtre, en tant que médiateur suprême, pénètre dans cet espace du Temple que l’on appelait le Saint des Saints pour l’offrande de l’encens et l’aspersion du sang. 

    Revenons donc à la question : Jésus était-il prêtre ?  On remarque qu’il ne s’attribue nulle part ce titre (et les apôtres ne le feront pas davantage), et il ne participe pas à la charge des prêtres de son époque.  Il n’aurait d’ailleurs pas pu le faire pour la simple raison évoquée plus haut : il n’était pas de la tribu de Lévi et, selon la loi juive, il n’avait donc aucun droit d’exercer cette charge.  D’autre part, comme nous le verrons plus loin, le sacerdoce du Christ est d’un autre ordre, et le fait de lui attribuer ce titre risquait de prêter à confusion. 

    Toutefois, une lecture attentive des Evangiles et des autres Epîtres ne laissent pas de doute sur le rôle du Christ comme médiateur : il transmet au peuple la Parole de Dieu, et il intervient devant Dieu en faveur du peuple.  Nombreux sont les passages où Jésus est présenté comme le maître qui enseigne la Parole ; il consacre une grande partie de son temps à cette tâche qui, dans le sacerdoce juif, avait perdu en importance au profit des scribes et des pharisiens.  Et contrairement à ceux-ci, Jésus enseigne avec autorité !  (cf. Lc 4,32).  Il est celui qui vient accomplir la Loi (Mt 5,17), prolongeant ainsi le ministère des prêtres en le dépassant.  D’autre part, si Jésus, à la différence des prêtres juifs, n’offre pas de sacrifice d’animaux, il n’y a pas de doute pour lui que sa mort est le véritable sacrifice expiatoire :  il donne sa vie en rançon (Mc 10,45) ; son sang est le sang de l’Alliance répandu pour la multitude (Mc 14,24 ; cf. Ex 24,8).  Saint Paul dira de son sacrifice sur la Croix que notre Pâque, le Christ, a été immolé (I Cor 5,7).  Le Christ est donc en même temps le Prêtre et la Victime : contrairement aux prêtres lévitiques, il n’offre pas le sang des animaux, mais sa propre vie !  En se référant à l’Evangile de saint Jean, on pourrait dire de la même manière qu’il est à la fois le Prophète et la Parole (le Verbe, cf. Jn 1,1 ; 4,19 ; 4,44 ; 6,14).

    Il n’y a donc pas de doute que, dans le Nouveau Testament, Jésus apparaît comme médiateur sacerdotal (hiereus) entre Dieu et les hommes, même si les auteurs sont réticents à lui attribuer le vocabulaire sacerdotal pour éviter toute confusion.  Son sacerdoce dépasse celui du culte de l’Ancienne Alliance, car unique est son sacerdoce comme son sacrifice.  C’est ce que montre l’Épître aux Hébreux, le seul texte du NT à appeler Jésus Grand Prêtre.  Elle le fait à l’intérieur d’un exposé théologique très riche et unique en son genre. 

    Concernant le ministère de la Parole de Jésus, l’auteur de cette Épître est bref :  Après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé jadis aux Pères par les prophètes, Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils (He 1,1).  Par contre l’auteur consacre la partie essentielle de son exposé sur le lien entre le sacerdoce de l’Ancienne Alliance et le sacrifice du Christ.  Il montre en quoi le sacerdoce du Christ est supérieur à celui d’Aaron : le Christ est prêtre selon l’ordre de Melchisédech (cf. Ps 110,4), à qui Abraham (ancêtre d’Aaron) remit la dîme.  Mais c’est surtout en raison de son sacrifice unique que le sacerdoce du Christ est supérieur :

    Tandis que tout prêtre se tient debout chaque jour,
       officiant et offrant maintes fois les mêmes sacrifices,
         
    qui sont absolument impuissants à enlever des péchés,

       lui au contraire, ayant offert pour les péchés un unique sacrifice,
    il s'est assis pour toujours à la droite de Dieu  (He 10,11-12).

    On voit donc en quoi le Christ non seulement est prêtre, mais il est le seul véritable Grand Prêtre :  alors que les prêtres de l’ancienne Alliance se succèdent et offrent chaque année des sacrifices, le sacerdoce du Christ est éternel et son sacrifice unique, étant seul capable d’enlever les péchés.  Remarquons, dans ce passage, que le Christ se trouve dans la position du roi : il s’est assis à la droite de Dieu.  Comme Melchisédech, il est Grand Prêtre et Roi, mais aussi Prophète (cf. He 1,1).  La supériorité du sacerdoce du Christ tient également du fait qu’il est entré non pas dans un sanctuaire fait de mains d’hommes (comme le Grand Prêtre qui pénétrait dans le Saint des Saints, au jour de l’expiation, avec le sang d’un taureau), mais dans le véritable sanctuaire, le Ciel, en offrant son propre sang. 

    3. Du sacerdoce du Christ à celui des fidèles

    Dans ce contexte, l’Epître aux Hébreux emploie plusieurs fois une expression qui est souvent sujette à des interprétations diverses : l’auteur nous dit que le Christ a été rendu parfait (en particulier He 2,10 : il a été rendu parfait par ses souffrances).  En réalité, cette expression n’implique nullement qu’auparavant le Christ fût en quelque sorte imparfait ; elle est employée dans l’Ancien Testament pour désigner la consécration des prêtres.  L’auteur affirme ainsi que le Christ, contrairement aux prêtres de l’Ancienne Alliance, n’a pas été consacré prêtre par un rite, mais par l’offrande de sa vie.  Fait significatif : à deux reprises, l’Epître emploie cette même expression en parlant des chrétiens : Car par une oblation unique il a rendu parfaits pour toujours ceux qu'il sanctifie (He 10,14; 12,23).  Tout en étant le seul et unique véritable Grand-Prêtre, le Christ fait donc participer les baptisés à son sacerdoce (cf. He 3,14).  Par le baptême, ils sont consacrés pour offrir à Dieu un sacrifice spirituel :  Par lui, offrons à Dieu un sacrifice de louange en tout temps, c'est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom (He 13,15).  C’est pourquoi on parle d’un sacerdoce baptismal :  à la suite du Christ, les baptisés s’unissent à Lui pour faire de leur vie une offrande au Père en confessant son nom, en annonçant la bonne nouvelle dans la vie de tous les jours.  On retrouve cette même idée dans d’autres écrits du NT, exprimée en d’autres termes :

    - « Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il se charge de sa croix chaque jour, et qu'il me suive.  Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera »  (Lc 9,23-24).

    - « Je vous exhorte donc, frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos personnes en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu : c'est là le culte spirituel que vous avez à rendre »  (Rm 12).

    D’autres passages utilisent de façon plus explicite le vocabulaire relatif au sacerdoce.  Ainsi, dans l’Apocalypse les chrétiens sont appelés prêtres[1] de Dieu, non pas à titre individuel, mais en tant que peuple sacerdotal et royal (cf. Ap 1,6 ; 5,10 ; 20,6).  La première Épître de Pierre utilise des termes semblables en parlant d’un sacerdoce royal (cf. 1 P 2,9). 

    Le sacerdoce des fidèles repose donc sur le baptême qui les a unis au Christ, et il consiste donc dans l’offrande de leur vie à Dieu, en union avec le Christ.  Le Concile Vatican II l’a rappelé dans la constitution sur l’Eglise Lumen Gentium, au n° 34 :

    … toutes leurs activités, leurs prières et leurs entreprises apostoliques, leur vie conjugale et familiale, leurs labeurs quotidiens, leurs détentes d’esprit et de corps, si elles sont vécues dans l’Esprit de Dieu, et même les épreuves de la vie, pourvu qu’elles soient patiemment supportées, tout cela devient « offrandes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus Christ’» (1 P 2,5).

    Cette offrande spirituelle est indissociable de l’offrande du Christ présente dans l’Eucharistie :

    « Participant au sacrifice eucharistique, source et sommet de toute vie chrétienne, ils offrent à Dieu la victime divine et s’offrent avec elle. »  (LG 11).

    « … les fidèles, eux, par le sacerdoce royal qui est le leur, concourent à l’offrande de l’Eucharistie et exercent leur sacerdoce par la réception des sacrements, l’oraison et l’action de grâces, le témoignage de leur vie, leur renoncement et leur charité effective »  (LG 10).

    Reste alors la question : pourquoi faut-il parler d’un sacerdoce ministériel, qui repose sur une consécration particulière, celle de l’ordination ?

    4. Sacerdoce baptismal et sacerdoce ministériel

    Rappelons que le vocabulaire sacerdotal n’a pas été employé dès l’origine pour les ministres ordonnés[2] ; il était trop lié aux pratiques sacrificielles juives, alors que les chrétiens avaient compris que depuis la mort du Christ, ces sacrifices n’avaient plus de raison d’être.  Pour désigner les fonctions des ministres chrétiens, on employait plutôt la terminologie du gouvernement profane :  episcopos (surveillant) d’où vient le mot évêque, presbyteros (ancien) et diakonos (serviteur).  Toutefois, les écrits du NT ne laissent pas de doute sur l’existence d’un ministère particulier : le Christ choisit des Apôtres pour les associer à sa mission, et ceux-ci choisiront d’autres ministres en leur imposant les mains pour les faire participer à leur charge (cf. 1 Tim 2,8 ; 4,14 ; 2 Co 4,1 ; 5,18 ; 6,3).  C’est que l’action du Christ dans le monde et à travers les siècles passe par son Corps qui est l’Eglise.

    Ces ministères « ordonnés »[3] concernent en particulier :

    - la célébration de l’Eucharistie (cf. Lc 22,19 ; 1 Co 11,24) ;

  • Prêtres mariés : la lucarne des diacres permanents

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    Lu sur le site web de bimensuel « L’Homme Nouveau » ce billet rédigé par l'abbé Claude Barthe* le 27 octobre 2019 dans Res Novae 

    diacres-permanents.png« Personne ne le conteste : le Pape François est un politique génial. Le document final de l’assemblée du Synode sur l’Amazonie le montre une fois encore.

    Tout le monde attendait que le document demande simpliciter que soit désormais possible l’ordination sacerdotale d’hommes mûrs et éprouvés, des viri probati. Il n’en est rien, du moins apparemment : comme si les critiques très fortes venues de toute part avaient été entendues, l’assemblée, guidée d’une main sûre, ne s’est pas engagée en ce sens.

    Elargissement

    En revanche, elle propose, au n. 111 du document, l’ordination sacerdotale de diacres permanents, éventuellement mariés : il est demandé que l’autorité compétente établisse des critères pour ordonner prêtres des « hommes idoines et reconnus par la communauté, qui exercent un diaconat permanent fécond », lesquels pourront avoir une « famille stable légitimement établie ». Lucarne fort astucieuse par laquelle va pouvoir passer l’ordination des prêtres mariés, sans en avoir trop l’air.

    On pourra même se prévaloir du fait que l’on se calque sur la discipline des Eglises orientales, qui font du diaconat une sorte de cliquet : les candidats au sacerdoce qui entendent se marier doivent l’être avant le diaconat, sinon, ils seront tenus au célibat sacerdotal.

    Mesure « libératrice »

    Ainsi donc, on pourra désormais ordonner prêtres ces presque prêtres que sont les diacres mariés. Et pour accéder au sacerdoce, les candidats mariés pourront d’abord être ordonnés diacres « permanents ». L’étape du diaconat étant au reste une obligation disciplinaire rigoureuse.

    Du coup, la mesure « libératrice » n’aura aucun mal à devenir universelle. On devine que les évêques de nos régions, aussi pauvres en prêtres que l’Amazonie, à Langres, à Rodez, à Auch, ne vont pas tarder à demander à pouvoir ordonner prêtres leurs diacres permanents. Le célibat sacerdotal à l’imitation du Christ, gloire ascétique de l’Eglise romaine, aura vécu. »

    Ref.Prêtres mariés : la lucarne des diacres permanents

    Génial? Il y a de bons et de mauvais génies.  Le diaconat permanent restauré à la suite du concile Vatican II peine déjà aujourd’hui à trouver sa propre voie. Une telle mesure lui porterait un coup mortel …

    JPSC

    * L'abbé Claude Barthe dirige la lettre mensuelle internationale (français, anglais et italien)d'analyse et de prospective Res Novae, proposée en version papier et en version numérique.

    Pour s'abonner à la version papier de Res Novae, il suffit de cliquer ici.

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  • Célibat sacerdotal : la réaction du porte-parole des évêques de France

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    Le célibat des prêtres, par pertes et profits?
    Les "mille signes" du porte-parole des évêques de France

    Mgr Bernard Podvin

    PARIS, 15 septembre 2013 (Zenit.org) - Le nouveau Secrétaire d'Etat choisi par le Saint Père répond à une interview? Le microcosme s'enflamme. Comme si l'hypothétique levée de l'obligation du célibat sacerdotal devenait un Sésame vocationnel. Comme si des siècles de tradition n'avaient plus aucune signification prophétique. Comme si le clergé mondial vivait en puérile clandestinité affective. Comme si les candidats au sacerdoce n'étaient pas préparés à cet engagement pendant près de dix ans.

    Comme si le célibat était une coquille vide. Comme si les prêtres ne recevaient pas un sacrement admirablement complémentaire du sacrement de mariage. Comme si le Christ n'appelait pas des prêtres selon son cœur, et non à l'aune de nos sensibilités conjoncturelles… Comme si l'Occident, démuni de prêtres, se croyait nombril de l'Eglise, alors que le nombre de vocations va croissant à échelle planétaire. Le Pape François fera ce que Dieu lui inspirera de bon pour l'humanité et pour l'Eglise. Son Secrétaire d'Etat est à son service. 

    Ne pas éluder les questions cruciales et authentiques que pose le célibat sacerdotal latin n'a jamais voulu dire remettre en question la raison d'être de ce célibat sacerdotal! De même que la communauté chrétienne est confiée aux prêtres, le célibat des prêtres doit davantage être confié à la prière et à l'estime de tous les baptisés.

    Mgr Bernard Podvin
    Porte-parole des évêques de France

  • Les prêtres mariés au menu du prochain Synode ?

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    De Sandro Magister sur chiesa.espressonline.it :

    Le prochain synode est déjà en chantier. Sur les prêtres mariés

    À la mi-février, le pape François se rendra au Chiapas, où des centaines de diacres mariés demandent à être ordonnés prêtres. En Amazonie aussi, le changement semble proche. Tout cela figurait déjà dans le programme élaboré par le cardinal Martini

    ROME, le 9 décembre 2015 – Alors que l’on attend une décision du pape François au sujet de l’accès des divorcés remariés à la communion, question à propos de laquelle deux synodes ont débattu et se sont divisés, on entrevoit déjà quel sera le thème de la prochaine session synodale : les prêtres mariés.

    C’est au pape que reviendra le choix du thème, comme pour les synodes précédents et pour celui qui viendra ensuite, indépendamment de ce que pourront proposer les quinze cardinaux et évêques qui constituent le conseil qui sert de pont entre une session et la suivante.

    Et plusieurs indices donnent à penser que le prochain sujet de discussion synodale sera les prêtres mariés.

    *

    Le premier indice est la volonté évidente du pape François de mettre en œuvre le programme présenté en 1999 par le cardinal Carlo Maria Martini dans une intervention mémorable au synode qui s’était tenu cette année-là.

    Le prélat jésuite, alors archevêque de Milan, était le leader incontesté de l’aile "liberal" de la hiérarchie catholique. Il déclara qu’il avait "fait un rêve" : celui d’une Église capable de se mettre sans cesse en état de synode et de procéder à une "confrontation collégiale, faisant autorité, de tous les évêques à propos de quelques thèmes essentiels".

    Et voici la liste de "thèmes essentiels" qu’il donna :

    "Le manque de ministres ordonnés, le rôle de la femme dans la société et dans l’Église, la discipline du mariage, la conception catholique de la sexualité, la pratique pénitentielle, les relations avec les Églises sœurs de l'orthodoxie et, plus généralement, la nécessité de raviver l’espérance œcuménique, le rapport entre la démocratie et les valeurs mais aussi entre les lois civiles et la loi morale".

     

    Parmi les éléments du programme de Martini, les deux synodes qui, jusqu’à présent, ont été ordonnés par le pape François ont discuté justement de "la discipline du mariage" et, en partie, de "la conception catholique de la sexualité".

    Rien ne s’oppose, par conséquent, à ce que le "thème essentiel" du prochain synode puisse être celui qui avait été placé avant tous les autres par Martini : "le manque de ministres ordonnés".

    *

    Le manque de prêtres – normalement, dans l’Église catholique latine, ils doivent être célibataires – se fait particulièrement sentir dans certaines régions du monde. C’est surtout le cas en Amérique latine.

    Il y a un an, l’évêque Erwin Kräutler, autrichien de naissance et titulaire de la prélature de Xingu, au Brésil - qui ne dispose que de 25 prêtres pour un territoire plus vaste que l’Italie, ce qui ne permet de célébrer la messe et d’administrer les sacrements que deux ou trois fois par an dans les localités les plus reculées – a transmis au pape François une demande formulée par beaucoup d’évêques ses confrères  : celle de pouvoir pallier le manque de prêtres célibataires en conférant aussi les ordres sacrés à des "viri probati", c’est-à-dire à des hommes d’une vertu éprouvée, mariés.

    Cette demande n’était pas nouvelle. Et les évêques brésiliens – mais ils ne sont pas les seuls – l’ont relancée à plusieurs reprises. Le cardinal Claudio Hummes, 81 ans, archevêque émérite de São Paulo, ami et grand électeur de Jorge Mario Bergoglio, l’a également formulée à l’époque où il était, au Vatican, préfet de la congrégation pour le clergé, entre 2006 et 2010.

    Aujourd’hui Hummes est président non seulement de la commission pour l’Amazonie de la conférence des évêques du Brésil, mais aussi du Réseau Pan-amazonien qui réunit 25 cardinaux et évêques des pays de cette zone ainsi que des représentants indigènes de diverses ethnies locales. C’est en cette qualité qu’il a déclaré à Radio Vatican, le mois dernier, qu’il "travaille pour qu’il y ait une Église indigène, une Église immergée dans l’histoire, dans la culture et dans la religion des indigènes, une Église qui ait comme guide un clergé indigène. Les indigènes y ont droit. Ils sont l’ultime périphérie que nous ayons, la plus éloignée".

    À cette occasion, Hummes n’en a pas dit davantage. Toutefois on sait bien que, dans ce contexte, lorsque l’on parle de "clergé indigène", cela signifie que l’on envisage même un clergé marié.

    Le bruit a couru, cette année, que le pape François aurait écrit au cardinal brésilien Claudio Hummes une lettre dans laquelle il apportait son soutien à une réflexion sur le célibat ecclésiastique et sur l’ordination de "viri probati". Le père Federico Lombardi a nié l’existence de cette lettre. Mais il a ajouté qu’"il est vrai, en revanche, que le pape a invité, en plus d’une occasion, les évêques brésiliens à rechercher et à proposer avec courage les solutions pastorales qui permettraient, selon eux, de traiter les grands problèmes pastoraux de leur pays".

    *

    Dans une autre partie de l'Amérique latine, le Chiapas, situé au sud du Mexique, la pression en faveur de l’ordination de prêtres mariés s’est concrétisée, ces dernières décennies, par l’ordination d’une quantité exorbitante de diacres indigènes - plusieurs centaines - dans un diocèse très étendu comme celui de San Cristobal de Las Casas, où l’on ne compte que quelques dizaines de prêtres, presque tous âgés.

    L'ordination en masse de ces diacres, qui étaient tous mariés, a atteint son point culminant pendant les quarante années - de 1959 à 2000 - de l’épiscopat de Samuel Ruiz Garcia, rendu célèbre par ses contacts avec le sous-commandant Marcos, lors de la longue lutte qui, au Chiapas, opposa l'Ejercito Zapatista de Liberacion au gouvernement fédéral mexicain.

    Cependant, en 2000, Ruiz Garcia ayant donné sa démission, Rome ordonna de suspendre les ordinations d’autres diacres et interdit l'usage consistant à appeler "diacres indigènes" ceux qui avaient été ordonnés, comme s’ils avaient constitué un type nouveau et différent de ministres de l’Église. Rome ordonna par ailleurs  à leurs épouses de ne pas se faire appeler "diaconesses" et, plus encore, de ne pas faire croire, en s’appuyant sur l’usage consistant à leur imposer les mains lors de l’ordination diaconale de leur mari, qu’elles avaient reçu, elles aussi, une ordination sacramentelle. Enfin il fut demandé aux diacres déjà ordonnés de déclarer publiquement que leur ordination s’arrêtait là et qu’elle ne constituait en aucune manière une étape vers une future ordination sacerdotale, qui aurait fait d’eux des prêtres mariés :

    > Congregación para el culto divino y la disciplina de los sacramentos. Carta al obispo de San Cristóbal de Las Casas, 20 de julio de 2000

    Mais, une fois Bergoglio élu pape, l’interdiction a été révoquée. Au mois de mai 2014, Rome a autorisé le successeur de Ruiz Garcia, l’évêque Felipe Arizmendi Esquivel, à procéder de nouveau à des ordinations diaconales. Et l’évêque a immédiatement annoncé qu’il en avait programmé une centaine :

    > Autoriza el Vaticano ordenar más diáconos permanentes en Chiapas

    Dans le même temps, à Rome, le pape François procédait à un profond remaniement de la direction et du personnel de la congrégation vaticane pour le clergé, qui constituait le principal foyer de résistance à la création d’un clergé marié.

    Mais ce n’est pas tout. Il est désormais certain que François, lors de son prochain voyage intercontinental qui le conduira, à la mi-février, au Mexique, fera étape précisément au Chiapas, à San Cristobal de Las Casas.

    Le 10 février dernier, François, qui recevait à la maison Sainte-Marthe douze prêtres, dont cinq qui ont abandonné leur ministère parce qu’ils se sont mariés, a déclaré, en réponse à une question : "Le problème est présent dans mon agenda".

    Et certains observateurs entrevoient déjà une étape de plus : que François remette en discussion non seulement le célibat du clergé, mais également l’interdiction de conférer les ordres sacrés aux femmes. Ce que souhaite, par exemple, une religieuse bénédictine américaine bien connue, Joan Chittister :

    > Ordination of married men would cause other major changes within the church

    __________


    Les précédents articles de www.chiesa à ce sujet :

    > Journal du Vatican / Des prêtres contre le célibat. En Autriche, c'est la deuxième fois (20.3.2012)

    > Mariés et ordonnés. La série B du clergé catholique (16.11.2011)

    > Benoît XVI "repense" le célibat du clergé. Pour le renforcer (15.6.2010)

    > Eunuques pour le Royaume des Cieux. Le débat sur le célibat (28.6.2010)

    __________


    Traduction française par Charles de Pechpeyrou, Paris, France.

  • Un nouveau scoop : le célibat n'est pas un dogme !

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    De l'abbé Rimaz sur le Suisse rom@in :

    Grande découverte: le célibat n'est pas un dogme

    Le clivage entre le Pape Benoît XVI et le Pape François est médiatiquement entretenu. Ratzinger était très conservateur, Bergoglio serait plutôt révolutionnaire et changerait enfin l'Eglise sur certains points "moraux", tels que le célibat des prêtres, les divorcés remariés ou l'homosexualité. Ces trois points restent très médiatiques, car objet de tensions qui rendent intéressant le débat, source de polémique.

    Certains pensent avoir révolutionné la science, inventé la poudre ou découvert une nouvelle planète dans le système solaire: le célibat n'est pas un dogme !

    En effet, dans une interviewe, le futur secrétaire d’Etat du Saint-Siège, Mgr Pietro Parolin, laisse entendre que le célibat des prêtres peut être discuté car il n’est pas un dogme mais une tradition ecclésiastique

    L'Eglise a toujours enseigné cette vérité. Le célibat reste un trésor que les prêtres portent dans des vases d'argiles. Pour l'Eglise, la vocation au célibat demeure un critère fondamental pour le discernement d'une vocation sacerdotale.

    Lire aussi : 

    http://www.hommenouveau.fr/index.php?id_billet=652#main

  • Un célibat sacerdotal optionnel ? L'avis du Père Delhez

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    Du journal La Croix :

    « C’est parce que je crois à la beauté du célibat qu’il doit devenir libre ! »

    Interrogé dans le documentaire d’Arte sur le célibat des prêtres, le père Charles Delhez regrette qu’il développe une thèse à sens unique, « il faut renoncer à l’obligation du célibat pour les prêtres », en omettant la proposition longuement formulée au cours de l’entretien d’un « double clergé », célibataire et marié.

    16/09/2022

    Beaucoup de personnes ont pu voir, ce mardi 13 septembre, l’émission d’Arte intitulée « Le célibat des prêtres, calvaire de l’Église catholique ». En vue de celle-ci, j’ai été longuement interviewé par les journalistes. Selon les lois du genre, quelques minutes seulement ont été reprises. L’envie me brûle de mettre un peu plus de nuances, car le contexte dans lequel j’apparais me semble quelque peu réducteur de ma pensée.

    Manifestement, en effet, cette émission développe une thèse : il faut renoncer à l’obligation du célibat pour les prêtres. Cela fait longtemps que je soutiens l’idée de retrouver, comme aux origines et dans les Églises orientales, un « double clergé », l’un marié et l’autre célibataire. Mais je soutiens tout autant la beauté du célibat, et sa convenance avec le « ministère presbytéral » – tel est le mot exact. Dans cette émission, pratiquement rien n’est dit à ce propos.

    Dossier à charge

    Un dossier à charge, donc. Et les réalisateurs n’y vont pas de main morte. La majorité des personnes interviewées mènent une double vie. Des prêtres vivent en couples, ou bien ont quitté l’état clérical tout en continuant à exercer leur ministère, ou bien encore ont des enfants, cachés ou assumés. L’Église apparaît systématiquement hypocrite… Certains choisissent une autre confession chrétienne pour pouvoir être prêtres mariés. De l’invention que tout cela ? Absolument pas. C’est une réalité, mais est-ce la seule ? N’y aurait-il donc aucun prêtre célibataire heureux, vivant son célibat dans la fidélité, ce qui ne signifie pas sans combat à mener ou sans manquements ?CHAQUE MATIN

    Toute institution avance à coups de transgressions – réfléchies ou non – qui se répètent. La question est de savoir jusqu’où on peut aller sans que cela devienne une rupture. Actuellement, les autorités ferment les yeux. N’est-il pas urgent qu’une décision soit prise au niveau institutionnel afin d’éviter un schisme ? Ne pourrait-on pas anticiper ? Il ne faudrait pas que ce soit dans l’urgence que le changement advienne.

    Célibat à option

    Depuis longtemps, je souhaite que le célibat soit à option, mais je fais un lien avec un reformatage de l’Église elle-même. Notre société a changé, l’Église est devenue minoritaire et on revient progressivement aux « maisonnées » des premiers siècles, à des communautés de plus petite taille qui, au nom du Christ et de l’Évangile, se rassemblent. Ces communautés doivent pouvoir poser ce geste essentiel pour les chrétiens : la fraction du pain en mémoire du Christ mort et ressuscité. Il faut aussi qu’elles soient « présidées » et que cette présidence soit reconnue par les autres communautés, l’évêque étant chargé de veiller à leur unité.

    Cette évolution aura des conséquences, bien sûr, sur le style de prêtres dont nous aurons besoin. La manière de fonctionner de l’Église de Corinthe fondée par saint Paul, avec ses anciens qui veillaient sur elles tandis que l’apôtre faisait le lien avec les autres communautés, peut servir de modèle.

    La vocation au célibat est le propre de la vie religieuse (les pères, les frères, les sœurs). Il fut un temps où tout moine un peu instruit devait être ordonné prêtre, comme si c’était un grade supérieur. Or, la vie religieuse a son sens en elle-même, indépendamment du sacerdoce. Ne faut-il pas aussi retrouver un presbytérat indépendant du célibat tout en reconnaissant que ces deux vocations peuvent aussi aller de pair ? Bref, c’est parce que je crois à la beauté du célibat qu’il doit devenir libre !

    Le père Charles Delhez vient de publier Église catholique. Renaître ou disparaître aux Éditions jésuites. Préfacé par Christine Pedotti.

  • Le scandale absolu des prêtres et religieux pédophiles

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    Plusieurs nouveaux cas de pédophilie dont se sont rendus coupables des membres du clergé ont à nouveau défrayé la chronique durant ces derniers jours. On saluera, à ce propos, le courage d'Eric de Beukelaer, doyen du centre-ville de Liège, qui a accepté de rencontrer sur un plateau de télévision les mères de deux victimes et de répondre aux rudes interpellations du présentateur. Et que pouvait-il faire d'autre sinon exprimer notre honte et notre tristesse face à des comportements que rien ne peut justifier? On retiendra aussi son appel en faveur d'un environnement affectif équilibrant dont doivent bénéficier ceux qui se sont engagés dans un célibat consacré; à ce propos, nous pouvons nous interroger sur la façon dont nous entourons et soutenons nos prêtres...

    C'est le moment de reproduire ces propos du cardinal Ouellet formulés il y a quatre ans lors d'une veille de prière pénitentielle en l’église Saint-Ignace de Rome, dans le cadre du symposium sur les abus sexuels sur mineurs organisé par l’Université pontificale grégorienne du 6 au 9 février 2012 :

    Abus sexuels : homélie du cardinal Ouellet

    Homélie du card. Ouellet

    Chers frères évêques et prêtres, chers frères et soeurs dans le Christ

    Dans le contexte de la réflexion que nous effectuons au cours de ce Symposium « Vers la guérison et le renouveau », nous nous rappelons que nous sommes ici ce soir non seulement comme croyants, mais aussi comme pénitents.

    La tragédie de l’abus sexuel de mineurs perpétré par des chrétiens, spécialement lorsque commis par des membres du clergé, est une source de grande honte et un énorme scandale. C’est un péché contre lequel Jésus lui-même s’est prononcé : « Si on lui attachait au cou une meule de moulin et qu'on le précipite à la mer, ce serait mieux pour lui que d'entraîner au péché un seul de ces petits » (Lc 17, 2). L’abus est un crime qui en fait provoque une authentique expérience de mort pour des victimes innocentes, que Dieu seul peut réellement ressusciter à une vie nouvelle par la puissance de l’Esprit-Saint. Ainsi, avec une profonde conviction et conscience de ce que nous faisons présentement, nous nous tournons vers le Seigneur et nous l’implorons.

    Ce geste de purification engage l’Église tout entière, et chacun de nous - évêques, supérieurs religieux, éducateurs, tous les chrétiens – souffre de ce qui est arrivé. Nous demandons que l’Esprit de Dieu, qui guérit et renouvelle radicalement toutes choses, descende sur nous.

    Comme membres de l’Église, vous devons avoir le courage de demander humblement le pardon de Dieu, et aussi le pardon de ses « petits » qui ont été blessés ; nous devons demeurer près d’eux sur leur chemin de souffrance, en cherchant de toutes les manières possibles à guérir et soigner leurs blessures selon l’exemple du Bon Samaritain. Le premier pas sur cette route est de les écouter attentivement et de croire leurs histoires douloureuses.

    Le chemin de renouveau pour l’Église, qui continuera à éduquer les gens et à établir ses propres structures pour aider à prévenir des crimes semblables, doit inclure le sentiment de « plus jamais ». Comme le disait le Bienheureux Jean-Paul II : « Il n'y a pas de place dans le sacerdoce et dans la vie religieuse pour quiconque pourrait faire du mal aux jeunes » (Allocution aux Cardinaux des États-Unis, 23 avril 2002, n. 3). C’est intolérable que l’abus d’enfants puisse survenir à l’intérieur de l’Église ! Plus jamais !

    Avec tristesse, nous voyons tous trop bien que l’abus sexuel des enfants se retrouve partout dans la société moderne. C’est notre profonde espérance que l’engagement de l’Église à affronter ce grand fléau encouragera le renouveau en d’autres communautés et instances de la société affectées par cette tragédie.

    Dans ce chemin nouveau, nous, Chrétiens, devons être conscients que seule la foi peut garantir une oeuvre authentique de renouveau dans l’Église : la foi comprise comme personnelle, comme une relation d’amour réelle et vivifiante avec Jésus-Christ. Soucieux de nos propres lacunes de foi vivante, nous demandons au Seigneur Jésus de nous renouveler tous et chacun et de nous conduire par son agonie sur la Croix jusqu’à la joie de la Résurrection.

    Quelquefois la violence a été commise par des personnes profondément dérangées ou par d’autres qui ont été elles-mêmes abusées. Il était nécessaire de prendre des mesures à leur endroit et de les empêcher de poursuivre toute forme de ministère dont elles n’étaient évidemment pas dignes. Cela ne s’est pas toujours fait correctement et, une fois encore, nous nous excusons auprès des victimes.

    Ayant appris de cette terrible et humiliante expérience, les Pasteurs de l’Église ont le grave devoir d’être responsables du discernement et de l’acceptation des candidats qui veulent servir dans l’Église, en particulier de ceux qui aspirent au ministère ordonné.

    Encore choqués par ces tristes événements, nous espérons que cette Veillée liturgique nous aidera à voir ces péchés horribles qui se sont produits dans le Peuple de Dieu à la lumière de l’histoire du salut, une histoire que nous avons retracée ensemble ce soir. C’est une histoire qui parle de notre misère, de nos fautes répétées, mais surtout de la miséricorde infinie de Dieu, dont nous avons toujours besoin.

    Aussi nous confions-nous entièrement à la puissante intercession du Fils de Dieu qui s’est « dépouillé lui-même » (Ph 2, 7) dans le mystère de l’Incarnation et de la Rédemption, et qui a pris sur lui toute forme de mal, même ce mal, en détruisant son pouvoir de sorte que celui-ci n’ait pas le dernier mot.

    Le Christ ressuscité, en fait, est la garantie et la promesse que la vie triomphe de la mort. Il est capable d’apporter le salut à toute personne.

    En poursuivant notre veillée de prière, prions, avec les mots du Pape Benoît XV, pour une appréciation plus profonde de nos vocations respectives, de manière à redécouvrir les racines de notre foi en Jésus-Christ et à nous abreuver profondément à l’eau vive qu’il nous offre par son Église (cfr. Lettre pastorale aux Catholiques d’Irlande).

    Puisse l’Esprit Saint, lui qui est Seigneur et qui donne la vie, lui toujours à l’oeuvre dans le monde, descendre sur nous et nous aider par les prières de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Église, dont la puissante intercession nous soutient et nous accompagne pour être dociles et réceptifs à l’amour divin. Amen.

    Card. Marc Ouellet