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Le ministre pakistanais pour les minorités a été assassiné

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Le ministre Shabbaz Bhatti vient d'être tué par balles le mercredi 2 mars par des inconnus qui ont tiré sur sa voiture. Il était mort à son arrivée à l'hôpital.

Ce ministre (de confession catholique) avait pris la défense d'Asia Bibi, mère de famille chrétienne condamnée à mort pour blasphème contre l'islam. Il avait en particulier condamné la promesse par un mollah d'une récompense de 6000 dollars pour le meurtre de la jeune femme.

Il militait pour la modification de la loi sanctionnant le blasphème, qui prévoit la peine de mort et qui est mise en oeuvre dans les cas cas les plus légers, servant de prétexte à règler toutes sortes de conflits inter-individuels.

(Source : Agoravox)

Le P. F. Lombardi, Directeur du Bureau de Presse du Saint-Siège, a déclaré : "L'assassinat de M.Shabbaz Bhatti, Ministre pakistanais pour les minorités, et d'une extrême gravité. Cet acte de violence prouve la justesse des interventions successives du Saint-Père pour dénoncer les violences perpétrées contre les chrétiens et plus largement contre la liberté religieuse. La victime, qui était le premier catholique à occuper une telle fonction, avait été reçu par le Pape en septembre dernier et avait fait part de son engagement en faveur de la coexistence pacifique entre les communautés religieuses de son pays. A la prière en suffrage de M.Bhatti, à la condamnation d'une violence inqualifiable, à la solidarité à l'encontre des chrétiens pakistanais frappés par la haine, s'ajoute un appel à une prise de conscience générale de ce qu'il est urgent de défendre la liberté religieuse comme les chrétiens persécutés." VIS 20110302

Deuil et terreur au sein de la communauté chrétienne au Pakistan. Le Ministre fédéral chargé des Minorités religieuses, le catholique Shahbaz Bhatti, a été tué ce matin à Islamabad. Des sources locales de Fides racontent que le Ministre était sorti de sa résidence pour se rendre à son bureau et qu’il se trouvait en voiture avec sa nièce et son chauffeur sans escorte quand, à l’improviste, une petite voiture de marque Suzuki s’est approchée de la voiture du Ministre. Un coup de feu en est partie en direction du chauffeur afin d’arrêter la voiture. Un groupe d’hommes armés et masqués a ensuite extrait le Ministre de sa voiture et l’a criblé de coups de feu. L’exécution, qui a vu l’emploi d’armes automatiques, aurait duré près de deux minutes. Le commando a ensuite pris la fuite. Le chauffeur a conduit le Ministre à l’hôpital d’Islamabad où Bhatti est arrivé déjà mort. Il n’existe pas de revendication officielle mais, sur la base des premières constatations de l’enquête, il semble que l’attentat puisse être attribué à des groupes talibans qui auraient laissé sur le lieu du crime des tracts signés « Tehrik-i-Taliban- Punjab ».
Des sources locales de Fides se demandent pourquoi le Ministre, qui avait déjà fait l’objet de menaces publiques de la part de groupes terroristes tels que « Laskar e-toiba » (voir Fides 04/12/2010), avait été laissé sans escorte. Des prêtres et des religieuses pakistanais n’hésitent pas à définir Bhatti comme « un martyr », une personne qui « a donné sa vie pour la défense des droits des minorités religieuses, spécialement des chrétiens ».
Dans une réaction à chaud, Peter Jacob, Secrétaire de la Commission épiscopale Justice et Paix, ami personnel de Bhatti, déclare à Fides : « Nous sommes en état de choc et de panique : la communauté catholique, tous les chrétiens, sont traumatisés par ce énième homicide. Nous sommes abasourdis et sans défense. Ce meurtre veut dire que le pays est à la merci des terroristes qui peuvent se permettre de tuer des personnalités de rang aussi élevé. Nous nous sentons très vulnérables et les défenseurs des droits de l’homme et des minorités religieuses le sont spécialement. Nous condamnons avec force ce geste barbare. Maintenant, c’est le temps du deuil. Ensuite, en tant que chrétiens, nous penserons à ce que devra être fait ».
Bhatti, 42 ans, avait été confirmé à son poste de Ministre fédéral chargé des Minorités religieuses dans le cadre du récent remaniement ministériel et occupait ce poste depuis 2008. Il était originaire du village de Khushpur dans les environs de Faisalabad au Punjab appelé « le Vatican du Pakistan » en ce qu’il s’agit d’un village fondé par les Pères dominicains qui a vu la naissance de nombreux prêtres, religieuses et religieux pakistanais.
Dans le cadre de son engagement militant en faveur des droits de l’homme et des minorités religieuses, Bhatti avait fondé la « All Pakistan Minorities Alliance » et le « Christian Liberation Front », organisations très actives au sein de la société civile. Il s’était fait le héraut de la lutte en faveur de la révision de la loi sur le blasphème, qui lui a coûtée la vie. Ces jours derniers, il avait rassuré de manière confidentielle, l’Agence Fides sur le fait que la « Commission pour la Révision de la loi sur le blasphème » voulue par le Président Ali Zardari sous la conduite de Bhatti, en constituait pas un projet mis de côté mais qu’il continuait loin des feux de la rampe. Ces derniers temps, il aimait répéter « j’ai coupé les ponts » se référant à un engagement qui impliquait toute son existence et ne pouvait pas prévoir de reculades. Dans un récent entretien accordé à Fides (voir Fides 12/02/2011), il considérait son service en politique comme « témoignage de la foi au Christ ». (PA) (Agence Fides 02/03/2011)

Sur une population de 185 millions d’habitants, à 96% musulmans, les chrétiens au Pakistan représentent environ 2% de la population totale sachant que les catholiques sont un peu plus d’un million. Les chrétiens, tout comme les hindous et les sikhs (les 2% restants de la population), vivent dans une condition quotidienne de discrimination et de marginalisation sociale.
Avant même la division entre l’Inde et le Pakistan (1947) qui eut pour conséquence la naissance de la nation, ils faisaient en effet partie des « dalits » c’est-à-dire des hors caste selon la classification sociale rigide existant en Inde. Leur condition d’infériorité n’a pas changé au sein de la République du Pakistan. Les minorités religieuses font aujourd’hui l’objet de discriminations dans les domaines de l’accès à l’instruction, au monde du travail et aux offices publiques.
La Constitution du Pakistan, rédigée par le fondateur de la patrie, le musulman Ali Jinnah, proclame le principe d’égalité de tous les citoyens devant la loi « sans distinction de race ou de credo ». Mais, à partir de 1980, avec le gouvernement du dictateur Zia-ul-Haq, le pays a subi une progressive islamisation de la société, de la législation, de la politique et du système d’instruction. Dans un tel contexte, la condition des minorités a empiré, surtout à cause de certaines mesures telles que la « loi sur le blasphème » (art. 295b et 295c du Code pénal) et les « Ordonnances Hudood », normes de droit pénal basées sur la loi islamique.
Aujourd’hui, selon le Rapport 2009-2010 de la Commission épiscopale Justice et Paix du Pakistan, « la tendance des violences contre les minorités religieuses connaît une croissance constante ». La loi sur le blasphème est « une épée de Damoclès qui pend sur la tête des minorités ». La liberté religieuse « est réduite à un mythe » et « face à l’apathie du gouvernement, il est urgent d’agir afin de protéger les droits fondamentaux ». Entre 1987 (année de son entrée en vigueur) et 2009, 1.032 personnes ont été injustement frappées par la loi sur le blasphème. La liberté religieuse a connu une érosion progressive : au cours de la période 2005-2009, 622 cas de conversions forcées du christianisme à l’islam ont été recensés – ce qui représente seulement la partie émergée de l’iceberg.
L’Eglise catholique compte au Pakistan 7 Evêques (pour un total de 6 Diocèses et un Vicariat apostolique), 279 prêtres (dont 127 religieux), 76 religieux non prêtres, 799 religieuses, 53 missionnaires laïcs et 702 catéchistes. L’Eglise est très engagée dans les écoles et les œuvres sociales, en ce qui concerne le dialogue interreligieux et la défense de la liberté religieuse et des droits des minorités. (PA) (Agence Fides 02/03/2011)

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