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Actualité

  • "Papabile du jour" : le cardinal Jean-Marc Aveline, un rassembleur doté d'une vision globale

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    De John L Allen Jr/ (Crux) sur le Catholic Herald :

    Pape du jour : le cardinal Jean-Marc Aveline apparaît comme un rassembleur doté d'une vision globale

    cardinal aveline

     
    29 avril 2025

    D'ici le conclave du 7 mai destiné à élire le successeur du pape François, John Allen dresse chaque jour le portrait d'un  papabile différent,  terme italien désignant un homme susceptible de devenir pape. Il n'existe aucun moyen scientifique d'identifier ces prétendants ; il s'agit principalement d'évaluer leur réputation, leurs fonctions et leur influence au fil des ans. Il n'y a également aucune garantie que l'un de ces candidats en sortira vêtu de blanc ; comme le dit un vieux dicton romain : « Qui entre dans un conclave en tant que pape en sort cardinal. » Ce sont pourtant les noms les plus en vue à Rome en ce moment, ce qui garantit au moins qu'ils seront remarqués. Connaître ces hommes permet également de se faire une idée des enjeux et des qualités que d'autres cardinaux jugent souhaitables à l'approche de l'élection.

    ROME – Le pape François a osé défier les conventions en habitant non pas l'appartement papal traditionnel du Palais apostolique, mais la Maison Sainte-Marthe. Mais imaginez que ce pontife anticonformiste ait poussé les choses plus loin et décidé de déménager non seulement d'un lieu du Vatican à un autre, mais aussi hors de Rome ?

    On pourrait soutenir que, compte tenu des priorités sociales et politiques du pontife, il aurait bien pu choisir Marseille en France – où il aurait trouvé un hôte très sympathique en la personne du cardinal Jean-Marc Aveline, 66 ans, souvent décrit comme l'évêque préféré du défunt pontife.

    Marseille est, et a toujours été, une ville portuaire, ce qui en fait un carrefour naturel de peuples, de cultures et de religions. Aujourd'hui, environ 25 % de la population est musulmane, principalement composée d'immigrés d'Afrique du Nord. C'est aussi un lieu de contrastes entre une grande richesse et une pauvreté déchirante dans les quartiers d'immigrés de la périphérie nord de la ville, appelés «  Quartiers Nord ».  C'est un point de rencontre essentiel pour toute la région méditerranéenne, que François a souvent qualifié de plus grand cimetière à ciel ouvert du monde pour tous les migrants et réfugiés morts en tentant de rejoindre l'Europe. En tant que ville côtière, c'est un endroit idéal pour évaluer l'impact du changement climatique, notamment la hausse des températures, la fréquence accrue des vagues de chaleur et l'érosion côtière.

    Le pape François s'est rendu à Marseille en septembre 2023, un voyage au cours duquel l'affection du pape pour la ville et pour son pasteur en chef semblait évidente.

    Né en Algérie dans une famille de  pieds-noirs , c'est-à-dire d'Européens (ici des Espagnols) installés en Algérie à l'époque de la colonisation française, Aveline et sa famille furent contraints à l'exil à l'âge de quatre ans après une sanglante guerre d'indépendance. Ils finirent par s'installer à Marseille en 1965, ce qui donna au futur cardinal une sympathie naturelle pour les migrants et les réfugiés, ayant lui-même vécu leur expérience. Aveline parle notamment l'arabe, ce qui lui permet de communiquer avec la population immigrée de sa ville dans sa langue maternelle.

    Aveline avait deux sœurs, toutes deux décédées, mais ses parents sont toujours en vie et vivent à Marseille, où il consacre une partie de son temps personnel à les aider à prendre soin d'elles.

    Après avoir discerné une vocation au sacerdoce, Aveline étudiera dans des séminaires à Avignon et à Paris, et sera ordonnée en 1984. Perçue comme une intellectuelle douée, Aveline enseignera la théologie et dirigera un séminaire interdiocésain à Marseille, puis deviendra professeur de théologie à l'Université catholique de Lyon.

    Aveline était connu comme le « fils spirituel » du regretté cardinal Roger Etchegaray, qui avait lui-même été archevêque de Marseille avant de diriger le Conseil pontifical Justice et Paix du Vatican. Tout au long de sa carrière, Etchegaray s'est distingué par sa grande culture et sa grande ouverture d'esprit, attaché à l'écoute et au dialogue – autant de qualités que la plupart des observateurs attribuent également à son protégé.

    Après son élection à la papauté en mars 2013, François n'a manqué presque aucune occasion de propulser la carrière d'Aveline, le nommant évêque auxiliaire de Marseille en décembre 2013, puis archevêque de Marseille en août 2019, et enfin le nommant cardinal en août 2022.

    Ce n'est pas seulement le défunt pontife qui a manifesté affection et confiance en Aveline ; plus tôt ce mois-ci, il a été élu nouveau président de la conférence des évêques de France, avec l'un de ses collègues prélats, Mgr Renauld de Dinechin, évêque de Soissons, Laon et Saint-Quentin, qui s'est exclamé : « Le cardinal est fraternel, joyeux et encourageant, doté d'une grande intelligence... il est apprécié de tous. »

    Il reçoit également de bonnes critiques dans les cercles laïcs, ayant été intronisé à la prestigieuse  Légion d'honneur du pays  en 2002 par le président français Emmanuel Macron.

    Les catholiques progressistes apprécient particulièrement Aveline. Dans certains cercles catholiques français, il est surnommé « Jean XXIV », une référence non seulement à l'esprit réformateur du « bon pape Jean » et au concile Vatican II, mais aussi à la ressemblance physique frappante d'Aveline, souriant, un peu mal fagoté et rondouillard, avec Jean XXIII.

    Pourtant, Aveline n’est pas un idéologue et, à plusieurs reprises au cours de sa carrière, il a été prêt à s’opposer à l’orthodoxie libérale.

    Par exemple, il n’est pas un partisan de l’immigration incontrôlée et a déclaré que quiconque l’est « ne vit certainement pas dans certains quartiers de nombreuses villes marqués par un taux de chômage élevé, le trafic de drogue, la dégradation et le manque de sécurité ».

    Aveline a également manifesté une certaine sympathie pour la petite mais influente aile traditionaliste du catholicisme français. Il a notamment tenté, sans succès, de régler un conflit dans le diocèse de Toulon entre Mgr Dominique Rey, un ami personnel, et le Vatican, sur des questions telles que l'accueil des mouvements traditionalistes et l'ordination d'un grand nombre de prêtres attachés à l'ancienne messe latine. Finalement, Mgr Rey a été contraint de démissionner en janvier, mais les traditionalistes se souviennent néanmoins des efforts d'Aveline pour apporter son aide.

    En général, Aveline est considérée comme une figure presque impossible à ne pas aimer sur le plan personnel, une figure avec des positions largement progressistes mais qui est ouverte à ceux qui ont des inclinations plus conservatrices, et un prélat avec un esprit agile, une solide éthique de travail et un bon cœur.

    Les arguments en faveur d’Aveline comme pape ?

    Si vous cherchez quelqu'un pour continuer l'héritage du pape François, mais peut-être avec un peu plus de considération pour les catholiques de tempéraments différents, quelqu'un capable de réduire les tensions internes dans l'Église plutôt que de les exacerber, Aveline pourrait avoir beaucoup d'attrait.

    De plus, son expérience marseillaise a certainement permis à Aveline de faire face à la plupart des grands défis sociaux et culturels du début du XXIe siècle, de l’immigration et des relations interconfessionnelles à la pauvreté et à l’environnement.

    La personnalité affable et le charme d'Aveline feraient de lui une figure incontournable sur la scène internationale, aux antipodes de la dynamique agressive des Donald Trump. Ce serait une belle image pour l'Église catholique, et contribuerait peut-être même à relancer son action missionnaire.

    Tout cela explique pourquoi Aveline semble susciter un vif intérêt, et pas seulement parmi les habituels Européens. À l'heure actuelle, par exemple, plusieurs cardinaux latino-américains seraient favorables à sa candidature, le considérant comme une figure dotée d'une vision véritablement mondiale de l'Église.

    Les arguments contre ?

    D'une part, Aveline est français, ce qui a été considéré pendant des siècles comme un obstacle à un pape potentiel en raison de l'héritage de la captivité de la papauté à Avignon, un sombre chapitre de l'histoire que personne ne souhaite revivre. Près de sept siècles plus tard, cependant, les électeurs sont peut-être enfin prêts à abandonner ce vieux préjugé, d'autant plus qu'Aveline est un fervent partisan non seulement de l'intégration européenne, mais aussi méditerranéenne.

    De plus, Aveline ne parle pas vraiment italien, ce qui constitue un handicap évident pour un éventuel évêque de Rome. Il a cependant des dons pour les langues et pourrait probablement apprendre ; en attendant, sa façon de réveiller les souvenirs de Jean XXIII pourrait suffire à lui assurer toute la crédibilité italienne dont il a tant besoin.

    L'âge d'Aveline, 66 ans, pourrait constituer un obstacle pour certains cardinaux. S'il restait en poste jusqu'au même âge que le pape François, 88 ans, cela donnerait un pontificat de 22 ans, ce qui pourrait être perçu comme extrêmement long – même si d'autres pourraient trouver la stabilité qu'un tel scénario impliquerait rassurante.

    En résumé, si vous êtes cardinal et que vous avez trouvé convaincante la récente prière pour le conclave publiée par le cardinal Camillo Ruini, âgé de 94 ans, et notamment son plaidoyer en faveur de « la certitude de la vérité et de la sécurité de la doctrine », il n'est pas certain qu'Aveline soit votre candidat. Bien qu'il n'ait pas pris de position publique ferme sur la plupart des questions théologiques controversées, jouant la carte de la discrétion, sa vision généralement progressiste ne rassurera probablement pas ceux qui recherchent une approche plus prévisible et conventionnelle.

    Aveline aurait dit un jour à quelqu’un qui craignait que le cardinal soit surmené : « Chaque fois que le poids de votre charge de travail augmente, vous devez allonger le temps de votre prière. »

    Reste à savoir s'il devra recourir à cette règle d'une toute nouvelle manière s'il est l'homme qui foulera la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre vêtu de blanc. Si cela se produit, on imaginera le pape François contemplant le ciel avec satisfaction ; après tout, il a plus d'une fois prédit que son successeur s'appellerait Jean XXIV.

  • Un conclave court ou long ? Sa durée devrait impacter le résultat

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    D'Éd. Condon sur le Pillar :

    Court ou long ? Le timing du conclave

    Que le conclave dure « juste quelques jours » ou quelques jours de plus pourrait faire toute la différence sur le résultat.

    29 avril 2025

    La date a été officiellement fixée pour le début du conclave, qui débutera le 7 mai. C'est le premier jour autorisé par les normes de l'Universi Dominici Gregis, la constitution sur les élections papales, qui stipule qu'il « doit » commencer après l'écoulement de quinze jours complets après la mort du pape.

    Certains spéculaient, peut-être avec un peu de ferveur, sur des manœuvres sournoises visant à accélérer le début des travaux. D'autres évoquaient l'idée que les cardinaux pourraient retarder de quelques jours leur visite à la chapelle Sixtine.

    En réalité, et en droit, aucune de ces deux possibilités n’a jamais été réellement envisageable.

    Bien que la loi autorise les cardinaux à se réunir plus tôt « s'il est clair que tous les cardinaux électeurs sont présents », au dernier décompte que j'ai vu, seulement 120 des 135 étaient présents à la congrégation générale de mardi.

    Outre le fait que « tous » signifie « tous », cette disposition de la loi a été créée par Benoît XVI, qui a annoncé sa propre démission plusieurs semaines à l'avance et n'avait évidemment pas besoin de neuf jours de deuil ni de funérailles papales. Ce n'est pas le cas ici.

    De même, les cardinaux ont la possibilité de retarder le conclave jusqu’à cinq jours supplémentaires « pour des raisons sérieuses ».

    Même si une poignée d'électeurs pourraient se réjouir de pouvoir mieux se connaître dans le cadre relativement détendu des congrégations générales, ce n'est pas vraiment ce que la loi a en tête non plus : elle vise à s'adapter à de sérieuses perturbations des voyages internationaux pour une partie des électeurs.

    Mais, si le conclave débutera exactement au moment prévu, sa date de clôture dépendra certainement des cardinaux électeurs et de personne d'autre. La rapidité avec laquelle ils estimeront devoir choisir le prochain pape sera probablement un facteur déterminant pour l'élection.

    Les prédictions varient, même parmi les cardinaux électeurs, quant à la durée du conclave.

    Le cardinal Rainer Maria Woelki de Cologne a déclaré qu'il s'attendait à un conclave « plus long et plus complexe » en raison de la composition « hétérogène » des électeurs, dont la majorité sont nouveaux dans ce domaine et ont eu peu de chance de se connaître.

    Le cardinal de Munich, Reinhard Marx, a quant à lui prédit un conclave court, de « quelques jours seulement ».

    Même si peu de gens prédisent une session prolongée s’étendant sur plusieurs semaines, même « quelques jours seulement » peuvent représenter une éternité pour les cardinaux, et une différence de, disons, 48 ​​heures pourrait faire une énorme différence sur le résultat.

  • Pourquoi le prochain conclave sera une étape décisive pour l'Europe

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    De Solène Tadié sur le NCR :

    Pourquoi le prochain conclave sera une étape décisive pour l'Europe

    ANALYSE : Alors que le Vieux Continent déchristianisé semble devenir sans importance au vu du déplacement en cours du leadership de l’Église vers l’hémisphère sud, ses cardinaux conserveront néanmoins un rôle clé dans les délibérations à venir.

    Lorsqu'ils entreront dans la chapelle Sixtine pour élire le successeur de Pierre, les cardinaux européens porteront sur leurs épaules une lourde responsabilité quant au sort de leur continent, confronté à des défis sans précédent depuis l'Église des premiers siècles. Alors que certains émettent l'hypothèse que l'Europe pourrait bientôt perdre toute pertinence en raison de l'importance croissante des pays du Sud – où l'Église connaît la croissance la plus rapide –, elle demeure, en tant que centre de gravité institutionnel et théologique, un acteur clé de l'issue du conclave.  

    Alors que 53 des 135 cardinaux votants viennent actuellement d’Europe — dont un tiers sont italiens — leurs priorités et préoccupations collectives influenceront non seulement le choix du prochain pape, mais aussi l’orientation de l’Église dans un monde en mutation rapide. 

    Il apparaît cependant clairement que le bloc européen n'est plus uni. Les divisions autour de l'héritage des réformes du pape François et de la réponse de l'Église aux diverses manifestations de laïcité reflètent des clivages culturels et théologiques plus profonds. Les cardinaux européens devront trouver un équilibre délicat : préserver les enseignements et l'identité traditionnels de l'Église tout en s'adaptant aux nouvelles réalités sociales. 

    Lutter contre la laïcité, les abus sexuels et les divisions au sein de l'Église 

    L'une de leurs préoccupations les plus pressantes sera la laïcité généralisée et la perte drastique d'influence religieuse en Europe. Autrefois cœur de la chrétienté, l'Europe compte aujourd'hui des pays où ceux qui se déclarent « sans religion » sont majoritaires. La fréquentation des messes a globalement chuté fortement depuis les années 1970, et l'influence morale de l'Église sur la vie publique a été presque totalement anéantie, notamment dans des pays comme la France et l'Allemagne. La nécessité de relever les défis croissants auxquels sont confrontées les institutions religieuses et la liberté religieuse dans ces sociétés laïques, où les mouvements pro-vie opèrent légalement mais subissent une pression sociale et politique croissante qui menace leur participation au débat public, pourrait être une priorité essentielle pour nombre d'entre eux. 

    Ces tendances alarmantes s'accompagnent d'un nouveau phénomène significatif : la hausse spectaculaire du nombre de baptêmes de jeunes adultes lors des célébrations de Pâques dans certains pays du Vieux Continent, au premier rang desquels la France, l'Angleterre et la Belgique. La nécessité d'accompagner ce phénomène de manière appropriée afin qu'il porte ses fruits sur le long terme ne devrait pas non plus échapper à l'attention des cardinaux électeurs, d'autant plus que les évêques de France viennent d'annoncer la tenue d'un concile provincial pour répondre aux défis des nouveaux catéchumènes à partir de la Pentecôte 2026. 

    Les cardinaux chercheront un pontife capable d'inspirer le respect des dirigeants européens et de s'adresser aux jeunes générations en quête de repères moraux et identitaires, d'une manière adaptée au langage et aux codes d'aujourd'hui.  

    Par ailleurs, la crise des abus sexuels demeure une plaie majeure pour l'Église européenne. Les scandales en Allemagne, en France, en Espagne, en Belgique et en Italie ont gravement ébranlé la confiance du public. Si le pape François a introduit certaines réformes , de nombreux cardinaux européens estiment qu'une action plus décisive est nécessaire. Certains plaideront pour une plus grande transparence et une plus grande responsabilité, tandis que d'autres pourraient se montrer plus prudents à l'égard de réformes structurelles plus profondes, craignant qu'elles n'engendrent un climat de suspicion excessive et, à terme, ne compromettent le sacerdoce et l'autorité de l'Église, voire ne compromettent le secret de la confession.  

    La question de l'unité durable de l'Église catholique a également été posée par la récente Voie synodale allemande (2019-2023) et son projet de transformation en concile synodal permanent . Ce dernier a remis en question certains enseignements doctrinaux fondamentaux de l'Église concernant la sexualité, l'ordination des femmes et la prédication laïque, provoquant des tensions avec le Vatican. Le Synode sur la synodalité, initié par le pape François entre 2021 et 2024, a révélé les divisions croissantes entre les évêques européens quant au degré d'autorité que les Églises nationales devraient avoir dans l'élaboration de la pratique catholique, ce qui constituera un autre sujet de préoccupation incontournable.  

    Parallèlement, la redéfinition des mouvements politiques en cours en Europe, marquée notamment par l'émergence de partis populistes de droite, ne manquera pas d'avoir un impact sur la vie des Églises nationales. Alors que nombre de ces nouveaux dirigeants affirment ouvertement leur foi chrétienne et leur sympathie pour l'Église catholique, de nombreux cardinaux pourraient être enclins à élire un pape capable d'engager habilement le dialogue avec eux et ainsi de maintenir l'influence du Saint-Siège sans compromettre son indépendance et son universalité.  

    Enfin, ils devront nécessairement tenir compte de la future mise en œuvre du motu proprio Traditionis Custodes qui a imposé de sévères restrictions à la célébration de la messe traditionnelle latine. Cela a donné lieu à de grandes tensions entre la hiérarchie de l’Église et les communautés locales, souvent constituées en grande partie de jeunes : l’avenir du christianisme.  

    3 blocs de base   

    Ces dynamiques contrastées ont favorisé l’émergence de trois blocs principaux qui façonneront l’approche des cardinaux votants au conclave. 

    Le bloc réformiste, ou « pro-François », aspire à la continuité avec l'approche pastorale du pape argentin, largement axée sur la miséricorde, la justice sociale et le dialogue interreligieux. Ce groupe est ouvert à des réformes sur des questions telles que l'inclusion des couples de même sexe, l'accès à la communion pour les couples divorcés remariés et une plus grande implication des laïcs. Il est également favorable à une plus grande promotion de l'œcuménisme et du dialogue avec l'islam. Des cardinaux tels que l'Italien Matteo Zuppi, le Portugais José Tolentino de Mendonça (également préfet du Dicastère pour la Culture et l'Éducation), le Français Jean-Marc Aveline et le Polonais Grzegorz Ryś en font partie. Ils sont susceptibles de plaider en faveur d'un engagement accru de l'Église dans la société moderne. 

    Le bloc conservateur, quant à lui, privilégie la clarté doctrinale et la cohérence morale à la flexibilité pastorale. Ce groupe considère la décentralisation et l'évolution doctrinale avec prudence, considérant ces changements comme une menace pour l'unité et l'autorité historique de l'Église. Il préconisera probablement une clarification et un nettoyage des différents motu proprios du pape François , perçus comme confus par une partie de l'Église institutionnelle et des fidèles, comme l'a récemment souligné le vaticaniste italien Andrea Gagliarducci . Des cardinaux comme Gerhard Müller d'Allemagne, Péter Erdő de Hongrie ou Wim Eijk des Pays-Bas représentent des figures éminentes de ce groupe.  

    Un dernier bloc, que l'on pourrait définir comme celui des stabilisateurs institutionnels, se concentre sur la gouvernance et la stabilité interne du Vatican. Ce groupe cherche à équilibrer tradition et flexibilité pastorale sans introduire de changements structurels majeurs. Des cardinaux tels que l'Italien Pietro Parolin, actuel secrétaire d'État du Saint-Siège ; le Suisse Kurt Koch, préfet du Dicastère pour la promotion de l'unité des chrétiens ; et l'Italien Claudio Gugerotti, préfet du Dicastère pour les Églises orientales, se positionnent au sein de cette faction. Qu'ils soient progressistes ou conservateurs, ces profils sont perçus comme essentiellement pragmatiques et susceptibles de soutenir un pontife capable d'unifier les différentes factions au sein de l'Église et de restaurer la crédibilité du Vatican sans introduire de réformes perturbatrices. 

    Préserver le poids institutionnel de l'Europe 

    Les cardinaux européens votants, dont 17 sont italiens, s'efforceront probablement de maintenir leur influence au sein de la gouvernance du Vatican, car un nouveau pape issu du Sud pourrait consolider le changement culturel initié par le pape François. Leur défi sera donc de trouver un pape capable de préserver le poids institutionnel de l'Europe sans compromettre la dynamique croissante du Sud. 

    Même si le prochain pape ne sera peut-être pas européen, le vote des cardinaux européens aura un poids considérable. Ils souhaiteront, comme successeur de saint Pierre, un homme capable de renforcer la clarté doctrinale et de restaurer la crédibilité de l'Église, tout en répondant aux nouvelles réalités sociales et politiques sans aliéner les factions clés. Aucun candidat ne satisfera probablement à tous ces critères, mais les priorités des cardinaux européens pèseront fortement sur l'agenda du prochain pape. Les enjeux sont d'autant plus importants qu'une perte d'influence européenne consolidée au fil du temps pourrait transformer définitivement le visage de l'Église universelle. 

  • Une « profonde résonance » avec les principes de la franc-maçonnerie – Le Grand Maître salue le travail du pape François

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    De kath.net/news :

    Une « Profonde résonance » avec les principes de la franc-maçonnerie – Le Grand Maître salue le travail du pape François

    29 avril 2025

    L'encyclique « Fratelli tutti » est un manifeste dans lequel s'exprime le triple système de valeurs de la Franc-Maçonnerie : liberté, égalité et fraternité, écrit Luciano Romoli, Grand Maître de la Grande Loge d'Italie.

    La Grande Loge d'Italie des Maçons Anciens, Libres et Acceptés (AFAM) a salué le travail du Pape François comme étant « en résonance avec les principes de la Franc-Maçonnerie ».

    « La Grande Loge d'Italie de l'AFAM se joint aux condoléances mondiales à l'occasion du décès du Pape François, un Pasteur qui, par son enseignement et sa vie, a incarné les valeurs de fraternité, d'humilité et de recherche d'un humanisme planétaire », a écrit Luciano Romoli, le Grand Maître de la Grande Loge, dans un communiqué publié le 22 avril, au lendemain du décès du Pape François.

    Jorge Mario Bergoglio, venu « des extrémités de la terre », a changé l’Église et a ramené dans l’histoire les « enseignements révolutionnaires de saint François d’Assise », a poursuivi Romoli.

    L'œuvre du pape François est marquée par une « profonde résonance avec les principes de la franc-maçonnerie : la centralité de la personne, le respect de la dignité de chaque individu, la construction d'une communauté solidaire et la recherche du bien commun ». L’encyclique « Fratelli tutti » est un « manifeste » dans lequel s’exprime le triple système de valeurs de la Franc-Maçonnerie : liberté, égalité et fraternité. Surmonter les divisions, les idéologies et la pensée unidimensionnelle pour reconnaître la richesse des différences et construire une « humanité unie dans la diversité » était l’objectif de François, que poursuit également la Grande Loge d’Italie, a poursuivi Romoli.

    François a lié la foi et la raison comme des dimensions complémentaires de l’expérience humaine. Sa foi est capable de poser des questions, d’accueillir le doute et le dialogue, comme on le retrouve également dans la méthode d’initiation de la Franc-Maçonnerie, qui se fonde sur un chemin « libre de dogmes » et dont le fondement est la recherche constante de la vérité.

    Le pape François a placé cette dernière au centre de son pontificat, avec le souci de la planète et une éthique du développement fondée sur la dignité humaine. Cela se reflète dans la construction maçonnique du « Temple intérieur », qui est basée sur « la tolérance, la solidarité et la résistance à la haine et à l’ignorance ». C’est à cela que correspondait le ministère pastoral de François, écrit Romoli.

    La franc-maçonnerie soutient l’engagement de François en faveur d’un « avenir durable, juste et solidaire », tel qu’exprimé dans « l’économie de François » et la vision de la « maison commune ».

    La Grande Loge se retrouve également dans l’appel du Pape François à une « conscience planétaire » qui reconnaît l’humanité comme une communauté de destin partagé. Elle honore la mémoire de François en œuvrant « pour une éthique des limites, pour le respect des autres et pour la construction d’un temple fondé sur la solidarité, la liberté de pensée et la fraternité universelle », écrit Romoli en conclusion.

  • L'islam de plus en plus présent chez nous : un défi pour le pape à venir

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    De Marco Lepore sur la NBQ :

    Le défi de la papauté à venir et l'islam chez nous

    Parmi les défis que le nouveau pontife devra affronter, il y a certainement celui des relations avec l'Islam « chez nous », c'est-à-dire dans ces États qui assistent aujourd'hui au dépassement des croyants musulmans. Comme en Autriche, où la confession musulmane est désormais majoritaire dans les écoles.

    30/04/2025

    Parmi les nombreux sujets brûlants que le nouveau Pontife de la Sainte Église romaine devra aborder, il y a certainement celui des relations avec l'Islam « chez nous », c'est-à-dire dans ces États qui étaient traditionnellement chrétiens et qui aujourd'hui, soit à cause de la paganisation généralisée, soit à cause de l'effondrement démographique des naissances, voient leur dépassement par les croyants musulmans. Il s’agit d’un problème répandu sur tout le continent européen, mais dans certains pays, il prend les caractéristiques d’une véritable urgence, affectant, de temps à autre, différents aspects de la vie sociale.

    Ce qui se passe par exemple dans l’Autriche voisine , autrefois bastion du christianisme européen, en est un exemple emblématique. On apprend dans un article publié ces derniers jours (« Vienne, comment l’Islam conquiert les écoles », Libero 27 avril 2025) que dans les écoles primaires et secondaires de Vienne, les élèves de confession musulmane sont désormais majoritaires, ayant atteint 41,2 %, contre un pourcentage de chrétiens de 34,5 % composé de catholiques et d’orthodoxes et environ 23 % d’élèves sans religion.

    Il n’est pas secondaire de constater que, par rapport à l’année dernière, le pourcentage d’étudiants musulmans a augmenté de près de 2 points. En 2016/17, les étudiants catholiques étaient le groupe religieux le plus important, représentant 31 % de la communauté des élèves du primaire et du collège contre 28 % des musulmans, mais ces dernières années, l'augmentation du nombre d'étudiants musulmans a été exponentielle, démontrant une tendance de croissance qui semble désormais imparable.

    Les conséquences sur l'équilibre des pouvoirs au sein des communautés scolaires ne se sont pas fait attendre : selon le quotidien le plus lu du pays, le Kronen Zeitung, « les jeunes musulmans de Vienne sont non seulement nettement plus religieux en moyenne, mais adoptent également des attitudes plus discriminatoires, comme l'antisémitisme, l'hostilité envers les homosexuels et le rejet de l'égalité entre les hommes et les femmes. » Il y a même des étudiants qui décident de se rapprocher de l'islam pour éviter d'être harcelés par leurs camarades musulmans, des cas de menaces pour avoir « insulté Mahomet » et des épisodes de destruction de crucifix et de Bibles.

    Une pente glissante qui concerne non seulement la sphère éducative , mais qui peut même impliquer les plus hautes institutions et les organes législatifs, modifiant profondément le visage de nos pays et l’identité de nos peuples. Des pays comme la Belgiquela Suède et la France elle-même s’en rendent compte avec une inquiétude croissante ; mais même là où (pour l’instant) il n’y a pas de majorité islamique, le même sort se profile déjà à l’horizon.

    Dans notre pays, à cet égard, on observe une augmentation des épisodes de révérence, voire de subjugation psychologique, avec un traitement préférentiel envers les musulmans, à qui sont accordés des espaces et des droits qui sont normalement refusés aux autres ou en tout cas non prévus par la législation en vigueur. À Monfalcone, par exemple, il arrive que certaines filles soient autorisées à porter le niqab (voile intégral) pendant les heures de cours : elles sont identifiées à l'entrée matinale dans une pièce isolée par un gardien et ensuite elles se couvrent, ne montrant que leurs yeux. Ou, au mépris de toutes les réglementations scolaires nationales, la fermeture de l'école de Pioltello à l'occasion de la fin du Ramadan a été convenue (ou plutôt acceptée avec indolence) cette année encore (nous l'avions prévue dans un autre article ), ainsi que la concession d'espaces à l'intérieur des écoles pour se rassembler en prière. Mais on pourrait citer bien d’autres cas similaires.

    En substance , le processus de substitution ethnique que de nombreux analystes craignent depuis quelques années et qui a été ridiculisé par les partis de gauche, qui accusent quiconque en parle d’être un théoricien du complot, se met progressivement en place. La confirmation qu'il ne s'agit pas du tout d'une théorie du complot se trouve cependant dans les mots mêmes d'une personnalité musulmane faisant autorité, qui, lors d'une réunion officielle sur le dialogue islamo-chrétien, s'adressant aux participants chrétiens, a déclaré à un certain moment avec calme et assurance : « Avec vos lois, nous vous envahirons et avec les nôtres, nous vous dominerons. »

    On ne sait pas comment cela va finir , mais en l'absence d'un renversement de tendance, on peut supposer que dans quelques années, il faudra demander la permission de ne pas porter le niqab ou de ne pas participer au Ramadan (permissions qui seront probablement refusées...).

    Le prix à payer pour cette « interchangeabilité » , qui n’est pourtant qu’un signe avant-coureur théorique d’une coexistence pacifique, serait, dans le meilleur des cas, une Europe qui aurait abandonné le Christ et perdu définitivement son propre visage. C'est pourquoi, en revenant aux questions brûlantes que le nouveau Pape devra affronter, évoquées au début, on entrevoit l'urgence d'une nouvelle évangélisation du continent européen, de plus en plus envahi par l'immigration en provenance des pays islamiques et immergé, pour sa part, dans le néant du relativisme et de l'indifférentisme religieux. Comme l’a dit prophétiquement l’archevêque de Bologne de l’époque, Giacomo Biffi, à l’occasion d’un séminaire de la Fondation Migrantes , le 30 septembre 2000 : « Ce qui me semble sans avenir, c’est la « culture du rien », de la liberté sans limites et sans contenu, du scepticisme vanté comme une conquête intellectuelle, qui semble être l’attitude largement dominante parmi les peuples européens, plus ou moins tous riches en moyens et pauvres en vérité. Je pense que l’Europe redeviendra soit chrétienne, soit musulmane. »

  • Le conclave, une équation à plusieurs inconnu(e)s

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    De FSSPX News :

    Le conclave, cette équation à plusieurs inconnu(e)s

     
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    Les cardinaux répartis par continents

    Nombreux sont ceux qui se livrent à des pronostics pour tenter de deviner le nom du 267e successeur de Pierre. Mais à l’heure qu’il est, bien malin qui pourrait prédire infailliblement qui sera le prochain pontife romain. Néanmoins, il existe quelques données chiffrées et factuelles qui vont entrer en compte dans l’élection du prochain pape. En voici quelques unes.

    D’abord, le nombre d'électeurs qui ont confirmé leur présence le 7 mai 2025 s'élève à 133 membres – 2 électeurs ayant annulé leur venue pour raison de santé – et le futur élu devra rallier les deux tiers des voix, soit 89 électeurs. La minorité de blocage s’élève à 45, un chiffre jamais atteint jusqu’ici et qui pourrait causer des surprises. Dans l’histoire des conclaves, ce sont souvent ces minorités de blocage qui ont permis l’élection de cardinaux inattendus. Pour le pire ou le meilleur selon les cas, d’ailleurs.

    Une deuxième variable est celle du pontificat de création des cardinaux-électeurs : 108 ont été créés par François et 27 par Benoît XVI. Les premiers représentent donc environ 80% des électeurs, ce qui reflète une influence significative du pontificat qui vient de s’achever sur la composition du conclave. Il serait néanmoins erroné de croire que ces 108 électeurs sont des “clones” de François.

    Certains ne sont pas opposés à un recentrage, comme l’a déclaré aux médias français le cardinal François-Xavier Bustillo. Mais ces cardinaux choisis par François sont, plus ou moins, le fruit d’une stratégie visant à façonner un collège cardinalice aligné sur les priorités du pontife défunt, résumées en synodalité et justice sociale, que les cardinaux n’entendent pas forcément de façon uniforme.

    L’origine des électeurs jouera un rôle. L’Afrique en compte 18. Le pape François a nommé des cardinaux de pays émergents, (République démocratique du Congo, Centrafrique, Rwanda). Ces choix illustrent l’importance croissante du continent africain qui devrait devenir le poumon de l’Eglise d’ici la fin du XXIe siècle.

    L’Asie compte 23 électeurs : autant de nominations qui manifestent la priorité donnée à l’Asie, région de 150 millions de catholiques en relative expansion. L’Amérique latine en compte 21 : François, premier pape latino-américain, a renforcé une région qui regroupe 50% des catholiques du monde, et qui constitue, pour quelques décennies encore, le centre de gravité de l’Eglise.

    L’Europe compte 53 électeurs, ce qui fait d’elle un continent sous-représenté par rapport à son influence historique passée, mais sur-représenté en raison de sa sécularisation croissante. L’Amérique du Nord rassemble 16 électeurs : des nominations marquées par une approche sélective, où les archevêques conservateurs des grands diocèses américains ont été écartés.

    L’Océanie compte 4 électeurs : des figures mineures comme les cardinaux John Dew et Soane Patita Paini Mafi illustrent l’attention portée par le défunt pape aux “petites” nations. Car le pontife argentin nommé des cardinaux de diocèses « périphériques », réduisant ainsi l’influence des centres de pouvoir traditionnels. Cette diversité pourrait compliquer la formation de blocs homogènes.

    Autre variable : le positionnement « doctrinal » des électeurs. Les cardinaux nommés par François partagent généralement sa vision d’une Eglise synodale, mais leur pensée varie de progressiste modéré à conservateur modéré. Les tendances de ces 108 cardinaux “franciscains” incluent :

    – un bloc progressiste modéré majoritaire, qui se veut « pastoral ». La plupart des ces électeurs soutiennent les priorités de François, notamment autour de la synodalité, de la justice sociale et de l’écologie : des figures comme les cardinaux Peter Turkson et Matteo Zuppi incarnent cette approche.

    – un bloc conservateur modéré minoritaire (environ un tiers des électeurs nommés par le défunt pape) : certains cardinaux, souvent d’Afrique ou d’Asie, adoptent des positions conservatrices sur les questions morales (mariage, homosexualité) tout en soutenant les réformes pastorales.

    Ainsi, les 108 électeurs forment un spectre majoritairement progressiste “pastoral”, mais avec une diversité interne qui favorise le compromis. Ils sont moins idéologiques que pragmatiques, privilégiant un visage moderne de l’Eglise qui s’inscrit toutefois dans une certaine continuité excluant les excès progressistes observés ces dernières années.

    Les 27 cardinaux électeurs nommés par Benoît XVI se caractérisent par leur conservatisme théologique, leur forte représentation européenne (55-60%), et leur ancrage curial et doctrinal. Majoritairement critiques des réformes progressistes de François, ils privilégient la rigueur doctrinale, une liturgie plus ou moins « traditionnelle », et une autorité romaine forte.

    Cependant, une minorité plus progressiste existe en leur sein, plus ouverte au compromis. Toutefois, au conclave, ces cardinaux nommés par Benoît XVI pourraient bloquer un candidat trop progressiste. Leur influence dépendra néanmoins de leur capacité à s’organiser, mais déjà, les cardinaux Robert Sarah, Gerhard Müller et Raymond Burke semblent s’être mis au travail.

    Les cardinaux issus de la Curie entendent aussi jouer un rôle dans l’élection, pour éviter un candidat qui lui serait opposé. Le pape défunt s’est en effet affronté de façon ouverte à la Curie durant son pontificat : celle-ci est donc bien peu disposée à renouveler ce qui demeurera comme une douloureuse expérience.

    Au-delà de ces variables, une constante demeure : le Saint-Esprit qui, quoi qu’il arrive, guidera le choix des électeurs dans l’exécution de la Providence divine pour le plus grand bien de l’Eglise. Mais ce bien peut être plus ou moins proche ou éloigné… Face à la fresque du Jugement Dernier de Michel-Ange, les cardinaux peuvent méditer sur leur haute responsabilité. Prions pour eux.

  • Des organisations prônant l'islam radical bénéficient de subventions européennes

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    De Philippe Oswald sur La Sélection du Jour :

    L'Union européenne finance des organisations prônant l'islam radical

    Un rapport de la Cour des comptes européenne épingle « le manque de transparence » qui a affecté la distribution par la Commission européenne et les États membres de l'UE de 7,4 milliards d'euros à diverses organisations, entre 2021 et 2023. Cette critique institutionnelle est confirmée et complétée par les enquêtes de plusieurs médias...

    La Commission européenne et les États membres de l'UE accordent de généreuses subventions à de nombreuses organisations supposées œuvrer au bien de l'humanité. Or, la Cour des comptes européenne (CCE) a publié le 7 avril un rapport (également en lien ci-dessous) dénonçant « le manque de transparence » qui a affecté la distribution de 7,4 milliards d'euros entre 2021 et 2023, à des organisations sur lesquelles les informations sont « fragmentées et peu fiables ». C'est « le grand flou des subventions aux ONG : l'UE perd la trace des milliards », titre Le Point (09/04/2025). Ce « grand flou » n'est pas totalement dissipé par la CCE, puisque les 61 pages de son rapport sont « malheureusement expurgées des noms des ONG concernées », regrette Le Point.

    Selon le rapporteur de la CCE, Laima Andrikiené, la Commission n'a pas exercé de « contrôles actifs pour vérifier que les ONG financées respectent les valeurs de l'Union »En outre, la commission « n'a pas divulgué correctement certaines activités (...) financées par l'UE, telles que le lobbying ». De fait, souligne Atlantico (10/04/2025), la CCE a identifié des « cas isolés où des ONG ont utilisé ces subventions pour faire du lobbying... envers elle-même [la Commission] ». Par-dessus le marché, relève encore Atlantico, « certaines [ONG] seraient non seulement payées pour soutenir la Commission mais aussi pour dénigrer des opposants. (…) Un exécutif qui paye des organismes censés émaner de la société civile pour appuyer ses propres actions, on voit le danger », dénonce Atlantico.

    On peut difficilement soutenir que le projet islamique « respecte les valeurs de l'Union ». Or, Le Figaro (18/04/2025) a publié une liste « non exhaustive » d'associations subventionnées par l'UE, bien qu'elles soient réputées « proches de la mouvance des Frères musulmans ou du Hamas. » En voici quelques spécimens. L'université de Gaziantep, en Turquie, est associée depuis 2023 au programme Erasmus (géré par la Commission européenne) qui permet des échanges entre étudiants turcs et européens. Elle a touché à cette fin 344 000 euros de subventions européennes. Or, cette adhésion de Gaziantep à Erasmus a eu lieu bien que, les recteurs successifs de cette université, aient multiplié les déclarations incendiaires contre les mœurs occidentales tout en soutenant la cause palestinienne. L'actuel recteur, professeur de théologie islamique comme son prédécesseur, a participé sur le campus à des manifestations pro-Hamas et « pour l'intifada mondiale », qui ont rendu hommage à Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas tué le 31 juillet 2024 (sans faire aucune mention du pogrom du 7 octobre 2023).

    Dans la bande de Gaza, l'université islamique où avait étudié Haniyeh, a reçu de l'UE 1,7 million d'euros entre 2014 et 2022, selon la sénatrice UDI de l'Orne, Nathalie Goulet, spécialiste du financement du terrorisme (cf. sa « Proposition de résolution... relative aux financements européens d'entités en lien avec les Frères musulmans et l'islam radical », le 23/10/2024). Au total, rapporte Le Figaro, l'UE a versé 2 818 363 euros aux universités de la bande de Gaza. Au nom de « l'aide humanitaire », l'UE a également investi près de 14 millions d'euros pour le « Secours islamique » (« Islamic Relief Worldwide »).

    Autre gros bénéficiaire des largesses de l'UE (562 903 euros), le « Forum des organisations européennes musulmanes de jeunes et d'étudiants » (FEMYSO), présent dans 22 pays européens à travers une trentaine d'associations de jeunesse. Proche des Frères musulmans, le FEMYSO a fourni au Conseil de l'Europe une campagne de communication pour promouvoir le voile islamique, avec des slogans utilisant les codes libéraux : « Mon hijab, mon choix », « La beauté se trouve dans la diversité comme la liberté dans le hidjab », ou « Apportez de la joie, acceptez le hidjab ». En France, le FEMYSO soutient le Collectif contre l'islamophobie.

    Mais le champion des bénéficiaires des subventions européennes, avec près de 12,5 millions d'euros reçus entre 2014 et 2023, selon Le Figaro, est l'« European Network Against Racism » (ENAR). L'un des « faits d'armes » de l'ENAR, en France, est d'avoir justifié l'attentat contre Charlie Hebdo par la voix d'une de ses porte-parole : « N'oubliez jamais que c'est Charlie qui a dégainé le premier ».

    « En 2025, la contribution française au budget annuel de l'UE s'élève à environ 23,3 milliards d'euros alors qu'elle était de 21,6 milliards d'euros en 2024 », constate le Centre européen pour le droit et la justice dans un dossier dénonçant « Comment la Commission européenne dilapide des millions d'euros » (28/02/2025). Non seulement l'UE finance « des organisations et projets qui prônent une vision ultra progressiste de la société » (proavortement ou protransgenre), mais elle promeut l'Islam en Europe, allant jusqu'à allier wokisme et islamisme, pour soutenir la création d'« espaces d'asile queer musulmans »... Un fameux tour de force !

    Transparence des financements accordés par l’Union européenne à des ONG

    >>> Lire le rapport de la Cour des comptes européenne.

  • Le cardinal Pierbattista Pizzaballa : un papabile attrayant à la fois pour ceux qui recherchent la continuité avec le pape François et ceux qui espèrent un changement

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    De John L Allen Jr/ (Crux) sur le Catholic Herald :

    Papabile du jour : le cardinal Pierbattista Pizzaballa – le bâtisseur de ponts de Jérusalem

    28 avril 2025

    D'ici le conclave qui élira le successeur du pape François, dont la date reste à déterminer, John Allen dresse chaque jour le portrait d'un  papabile,  terme italien désignant un homme susceptible de devenir pape. Il n'existe aucun moyen scientifique d'identifier ces prétendants ; il s'agit principalement d'évaluer leur réputation, leurs fonctions et leur influence au fil des ans. Il n'y a également aucune garantie que l'un de ces candidats en sortira vêtu de blanc ; comme le dit un vieux dicton romain : « Qui entre dans un conclave en tant que pape en sort cardinal. » Ce sont pourtant les noms les plus en vue à Rome en ce moment, ce qui garantit au moins qu'ils seront examinés. Connaître ces hommes permet également de se faire une idée des enjeux et des qualités que d'autres cardinaux jugent souhaitables à l'approche de l'élection.

    ROME – Lorsque le cardinal Pierbattista Pizzaballa a appris la nouvelle du décès du pape François, lundi de Pâques, il a immédiatement annulé ses rendez-vous et fait ses valises pour Rome. Alors qu'il quittait le siège du Patriarcat latin de Jérusalem, où il dirigeait le troupeau catholique en Terre Sainte depuis dix ans, un petit groupe d'assistants, d'employés et d'amis s'est rassemblé devant lui alors qu'il montait dans sa voiture pour l'aéroport.

    Visiblement ému, Pizzaballa les regarda chanter en arabe : « Que le Seigneur guide tes pas avec sa sagesse, remplisse ton cœur de son esprit et soit avec toi si c'est sa prière que tu diriges son église. »

    En plus d'être un geste doux, la sérénade impromptue avait également l'allure d'un adieu, puisque les personnes qui composaient ce groupe savaient qu'il y avait de fortes chances qu'elles ne revoient pas Pizzaballa, 60 ans, de sitôt, sauf sur un écran de télévision en tant que pape.

    Pizzaballa est né en 1965 dans la petite communauté de Castel Liteggio, à Bergame, dans la province même qui a donné à l'église saint Jean XXIII, « le bon pape Jean », dont le souvenir est encore vivant de multiples façons dans la région. Très jeune, il a ressenti une vocation religieuse et est entré au petit séminaire, avant de devenir membre de l'ordre franciscain.

    À Bologne, le jeune Pizzaballa a étudié la philosophie et la théologie, où il a attiré l'attention du cardinal Giacomo Biffi, un archiconservateur et un homme d'une grande culture et d'une grande érudition qui a finalement ordonné Pizzaballa prêtre en 1990.

    Peu après, Pizzaballa se rendit à Jérusalem, où il étudia au Studium Biblicum Franciscanum et obtint un diplôme en théologie biblique. Il étudia ensuite l'hébreu moderne et les langues sémitiques à l'Université hébraïque de Jérusalem avant d'entrer au service de la Custodie franciscaine de Terre Sainte, avec pour principale responsabilité la population catholique hébréophone.

    Pizzaballa est devenu le 167e custode de Terre Sainte en 2004 et, pendant les douze années suivantes, il allait devenir l'une des rares personnalités de cette région du monde, éternellement divisée, à nouer des amitiés au-delà des clivages habituels. Il gagna la confiance des Israéliens, des Palestiniens, des Jordaniens et des Égyptiens, se forgeant une réputation d'homme modéré, patient, à l'écoute et au dialogue.

    Fruit de ce profil, le pape François a confié en 2014 à Pizzaballa l’organisation d’une prière pour la paix dans les jardins du Vatican entre le président israélien de l’époque, Shimon Peres, et le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas, en présence du pape et du patriarche orthodoxe Bartholomée de Constantinople.

    En 2016, Pizzaballa a été nommé administrateur apostolique de Jérusalem, succédant ainsi au patriarche jordanien Fouad Twal à la tête de l'Église en Terre Sainte. À l'époque, cette nomination avait suscité quelques interrogations, car la nomination du patriarche Michel Sabbah en 1987, puis de Twal, était considérée comme ayant mis fin au monopole italien sur ce poste et marqué une transition vers l'élévation des patriarches parmi la population catholique locale.

    Pourtant, ceux qui connaissaient la situation sur le terrain rapportaient que le clergé local était divisé et, de toute façon, ils ne considéraient plus Pizzaballa comme un étranger.

    Son premier défi fut de faire face à une profonde crise financière provoquée par l'insistance de Twal à investir massivement – ​​selon certaines estimations, jusqu'à 100 millions de dollars – dans la construction d'une université catholique en Jordanie sans plan d'affaires clair. Pizzaballa finit par redresser la barre grâce à une levée de fonds agressive, des réductions de coûts et la vente d'actifs, notamment de biens immobiliers à Nazareth.

    En 2020, Pizzaballa a officiellement pris ses fonctions de patriarche et, en 2023, il a été créé cardinal par le pape François. Presque immédiatement, la guerre à Gaza a éclaté et, depuis, Pizzaballa se retrouve coincé entre ses amis en Israël et dans le monde juif d'un côté et ses fidèles, majoritairement palestiniens et arabophones, de l'autre. Dans la mesure du possible, il a tenté de faire preuve de sympathie et de compréhension envers les deux camps : il a vivement critiqué ce qu'il considère comme les excès de l'opération militaire israélienne, mais il s'est également offert comme otage en échange des citoyens israéliens détenus par le Hamas.

    Personnellement, Pizzaballa peut paraître un peu brusque au premier contact, mais devient de plus en plus chaleureux et doté d'un sens de l'humour aiguisé à mesure qu'on apprend à le connaître. On dit aussi de lui qu'il a une éthique de travail prodigieuse.

    Pizzaballa devrait-il être nommé pape ?

    Tout d'abord, précisément parce que sa vie a été dominée par les complexités du Moyen-Orient et le clivage israélo-palestinien, il n'a jamais été réellement contraint de prendre publiquement position sur des questions doctrinales et pastorales conflictuelles. Sa position sur, par exemple, la bénédiction des personnes vivant en union homosexuelle ou l'ordination des femmes diacres reste un mystère.

    En conséquence, il n'apporte pas beaucoup de bagages au conclave en termes de controverses ecclésiastiques passées, ce qui le rend potentiellement attrayant à la fois pour ceux qui recherchent la continuité avec le pape François et ceux qui espèrent un changement.

    De plus, le parcours de Pizzaballa, qui a su traverser le clivage israélo-palestinien, en réussissant parfois l'exploit rare de sembler être des deux côtés à la fois, pourrait être un argument de vente dans un conclave où la guérison des divisions catholiques internes déclenchées par l'ère du pape François pourrait bien sembler une priorité.

    La réputation de Pizzaballa en matière de gestion financière avisée serait certainement précieuse à l'heure où le Vatican est confronté à une profonde crise financière, notamment à des déficits imminents de ses fonds de pension. On pourrait espérer qu'en renflouant le Patriarcat de Jérusalem, il pourrait faire de même pour le Saint-Siège.

    De manière totalement antiscientifique, il suffit de regarder Pizzaballa pour voir un pape. Il est grand, a une allure distinguée à la Van Dyck et l'allure d'un homme sérieux. Compte tenu de son parcours et de sa réputation, c'est un ensemble convaincant.

    Une dernière considération : un pape est aussi l’évêque de Rome, et bien que Pizzaballa ne soit pas romain, il a droit à l’affection locale. Son oncle, Pier Luigi Pizzaballa, était gardien de but en Serie A, le championnat italien de football, dans les années 1960 et 1970, et a notamment joué avec l’équipe de Rome de 1966 à 1969. Étant donné la passion des Romains pour le football, ils seraient peut-être tentés d’en transmettre une partie à leur nouvel évêque.

    Les arguments contre ?

    L'argument contre Pizzaballa repose généralement sur son âge, 60 ans, qui pourrait augurer d'un pontificat plus long que certains cardinaux ne le souhaiteraient. Pourtant, son âge pourrait aussi jouer en sa faveur, rassurant les cardinaux en quête de stabilité sur le fait qu'ils n'auront pas à subir de sitôt les bouleversements d'une transition papale.

    De plus, l’absence d’indication claire de la position de Pizzaballa sur de nombreuses questions catholiques controversées pourrait effrayer certains électeurs, les conduisant à considérer le pontificat de Pizzaballa comme un voyage dans l’inconnu.

    Pour tous ceux qui pensent que l'élection d'un autre pape italien serait un pas en arrière plutôt qu'un pas en avant, Pizzaballa serait évidemment disqualifié pour ces raisons, même s'il a passé la majeure partie de sa vie d'adulte hors d'Italie.

    Une dernière note de bas de page.

    En italien, le nom de famille de Pizzaballa signifie littéralement « danse de la pizza ». Le simple fait d'envisager les mèmes de pizza dansante que son élection susciterait suggère qu'il serait également une figure médiatique convaincante, lui offrant peut-être l'occasion de reprendre le flambeau culturel laissé par François.

  • Une époque s’est terminée avec le pontificat du pape François. Quelle ère va s'ouvrir maintenant ?

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    De sur Il Giornale :

    « L'Église ne doit pas être une ONG. Le risque est de décevoir les fidèles. »

    Le cardinal Gerhard Ludwig Müller, ancien préfet de l'ancien Saint-Office, à propos de la Chine : « Nous ne pouvons pas dépendre d'un système athée »

    Le cardinal Gerhard Ludwig Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, s'exprime sur l'avenir de l'Église catholique, quelques jours avant le conclave auquel il participera. Le même qui élira le successeur du pape François.

    Votre Éminence, vous avez dit qu’une époque s’est terminée avec le pontificat du pape François. Quelle ère va s'ouvrir maintenant ?

    « Lors de la magnifique homélie du cardinal Re samedi, à laquelle ont participé des centaines de milliers de fidèles, les gens ont applaudi lorsque les gestes et les actions sociales et humanitaires du pape François ont été évoqués. La grande participation à sa mort dans le monde entier, même de la part de communautés et d’organisations non chrétiennes critiques envers l’Église, a démontré comment le pape François a su affirmer et reconnaître l’autorité morale de la papauté pour la paix et la conscience de l’unité de toute la famille des nations. Nous ne devons cependant pas oublier que le Christ a fondé l'Église comme sacrement du salut du monde, afin que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité par l'unique médiateur entre Dieu et les hommes : le Christ Jésus.

    De nombreuses questions doctrinales sont abordées : de la communion pour les divorcés remariés à l'ouverture aux homosexuels, en passant par le rapport aux autres religions, notamment à l'islam.

    « À proprement parler, les questions évoquées ne sont pas ouvertes. Parce que l'enseignement de l'Église, qui résulte de la révélation de Dieu fondée sur l'Écriture Sainte et sur l'enseignement continu de l'Église, est clair et évident. L’autorité magistérielle de l’Église a le devoir, au nom de Dieu, de démasquer les idéologies athées qui se fondent sur une fausse image de l’humanité et de protéger les personnes des effets dévastateurs d’une fausse morale qui a caché son poison sous une douce apparence. Mais il s’agit d’aider pastoralement et personnellement les personnes en difficulté existentielle, comme le ferait Jésus, le bon pasteur, à trouver le bon chemin qui nous conduit au salut en Dieu. Le dialogue interreligieux est subordonné à la vérité qui vient de Dieu et que les hommes recherchent, mais il ne relativise pas la vérité ni ne la divise entre les partenaires individuels comme des morceaux d'un gâteau.

    Ces dernières années, le risque d’un schisme a été redouté. Est-ce un problème persistant ?

    « Un schisme est toujours un événement historique d’une importance énorme. Mais tout comme il y a une émigration interne, il y a aussi un schisme interne, une émigration interne ou une protestation silencieuse. Le Magistère a pour tâche de confirmer les fidèles dans la foi révélée et contraignante de l’Église. Il faut éviter les fonctions idéologiques qui remplacent l’enseignement authentique de l’Évangile, fondé sur l’Écriture sainte et la tradition apostolique. Il faut également éviter cela lorsqu’on le présente sous le prétexte de la modernisation, qui n’est en réalité qu’une falsification moderniste de la foi.

    La question de l’accord avec la Chine sur la nomination des évêques sera-t-elle au centre du Conclave ? En parlez-vous dans les Congrégations ?

    « Je ne sais pas si et qui soulèvera cette question. En tout cas, l’Église ne doit jamais dépendre d’un système athée.

    L’Église du futur sera-t-elle contre le relativisme ? Ou plutôt une Église de type ONG ?

    « Le problème aujourd’hui n’est pas seulement le relativisme mais sa conséquence, c’est-à-dire le totalitarisme. L'Église est un fondement de Dieu et non une organisation construite par les hommes selon leurs caprices.

    Le futur pape pourrait-il convoquer un nouveau concile ?

    « Un concile œcuménique a pour tâche d’exposer la foi de l’Église et de l’interpréter de manière authentique. De nombreuses questions d’actualité doivent d’abord être discutées par les théologiens.

  • Le conclave va décider de l'orientation de l'Eglise

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    De kath.net/news :

    George Weigel : Le conclave est une décision d'orientation

    29 avril 2025

    Avec l'élection du prochain pape, les cardinaux électeurs décident également de l'orientation que prendra l'Eglise dans ses relations avec le monde moderne, écrit le théologien et biographe du pape américain.

    Lors du prochain conclave, une question qui préoccupe l'Eglise catholique depuis la fin du 18e siècle se trouve en arrière-plan : L'Église doit-elle s'adapter au monde moderne, comme l'a fait le protestantisme libéral et comme tente de le faire aujourd'hui le catholicisme allemand ? Ou l'Église doit-elle travailler à convertir le monde actuel et à donner aux aspirations modernes à la liberté, à l'égalité et à la solidarité un fondement solide dans les vérités que la religion biblique enseigne depuis des millénaires ? C'est le thème du prochain conclave, écrit George Weigel, théologien renommé et biographe de Jean-Paul II, dans une tribune publiée dans le Wall Street Journal du 23 avril.

    Depuis le concile Vatican II, la ligne de fracture au sein de l'Église catholique est déterminée par deux approches concurrentes sur la relation de l'Église avec le monde moderne. L'une des interprétations voit dans le Concile un nouveau départ pour l'Eglise, même si cela implique de modifier ou d'abandonner des vérités qui ont prévalu pendant près de deux mille ans. L'autre approche voit dans Vatican II une réforme de l'Eglise en « continuité dynamique » avec la tradition, écrit Weigel.

    Les deux orientations veulent rendre l'Église attractive pour les chrétiens et les autres qui cherchent une compréhension et une orientation spirituelles dans notre monde chaotique. Mais seule la deuxième direction, que Weigel qualifie d'« orthodoxie dynamique » (dans le sens d'« orthodoxie »), a réussi à attirer les gens en plus grand nombre dans les églises.

    Bien que l'Allemagne, avec le cardinal Reinhard Marx, le cardinal Rainer Maria Woelki et le cardinal Gerhard Ludwig Müller, ne comptera que trois cardinaux électeurs lors du prochain conclave, la situation de l'Eglise en Allemagne influencera les délibérations des cardinaux. Le catholicisme allemand est le « laboratoire le plus important » pour une Eglise adaptée à la modernité, écrit Weigel. L'Eglise en Allemagne est « immensément riche, fortement bureaucratisée et socialement acceptable pour la gauche allemande, notamment en raison des opinions de ses dirigeants sur les questions LGBT, l'idéologie du genre et le mouvement trans », poursuit-il textuellement.

    Mais sur le plan religieux, elle court à sa perte, constate-t-il. Dans certaines zones urbaines, le pourcentage de personnes assistant à la messe le dimanche est inférieur à 2 pour cent. Mais cela n'empêche pas la grande majorité des évêques allemands de considérer leur conception de l'Eglise - que l'on pourrait qualifier d'« Eglise du peut-être » ou de « catholique light » - comme la seule voie possible pour le catholicisme au 21e siècle, remarque Weigel.

    Cette opinion est notamment contredite par le fait que la partie la plus vivante de l'Eglise aux Etats-Unis se trouve dans le camp de « l'orthodoxie dynamique ». Elle est surtout démentie par la croissance considérable de l'Eglise en Afrique subsaharienne, où l'« orthodoxie dynamique » a amené des millions de personnes au Christ. A la fin de ce siècle, l'Afrique sera le « centre démographique » de l'Eglise catholique, prédit Weigel.

    Lors de rencontres internationales d'évêques en 2014 et 2015, les dirigeants du catholicisme allemand auraient fait savoir à leurs homologues africains qu'ils n'étaient pas assez progressistes sur les questions soulevées par la révolution sexuelle. Les dirigeants de l'Eglise africaine ont averti les évêques allemands de ne pas imposer leur décadence occidentale à leurs jeunes communautés en pleine croissance.

  • La priorité : refaire l’unité de l’Église

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    De l'abbé Claude Barthe sur Res Novae :

    Refaire l’unité de l’Église

    Confirma fratres tuos (Lc 22, 32)

    Avant même que ne s’ouvrent les Congrégations générales du pré-conclave, la Ville éternelle est entrée dans une intense ébullition. La question est de savoir si les 135 cardinaux électeurs, dont près de 80% ont été nommés par François, feront accéder au pontificat un homme qui gouvernera dans sa ligne, ou au contraire un cardinal de compromis, qui tiendra compte, plus ou moins selon l’état des forces en présence, des doléances des conservateurs.

    Si l’on s’en tenait là, le rétablissement de l’unité perdue ne serait pas à l’ordre du jour. Les papes de l’après-Vatican II ont finalement échoué à refaire cette unité, tant les papes de « restauration », Jean-Paul II et surtout Benoît XVI, que François, pape de « progrès ». Y échouera de même un pape de progrès tempéré.

    Car le problème de fond est tout autre. Il est magistériel, ou plus exactement tient au non-exercice du magistère comme tel. L’aspect le plus visible de cette déficience est dans l’absence de condamnation de l’hérésie d’où résulte un schisme latent, pire en un sens qu’un schisme ouvert puisque les fidèles du Christ ne savent plus où se trouve la frontière entre la foi et l’erreur.

    Aujourd’hui, de facto, l’autorité s’abstient de jouer le rôle d’instrument d’unité, du moins d’unité au sens classique, unité par la foi, elle se présente au contraire comme gestionnaire d’un certain consensus dans la diversité. Son rôle est plus de fédérer que d’unir, les principes de l’œcuménisme et de la liberté religieuse ayant été intégrés à l’intérieur même du corps ecclésial.

    Depuis un demi-siècle, sauf cas rares ou marginaux, plus aucune sentence d’exclusion de l’Église pour hérésie n’a été prononcée de la part des instances hiérarchiques épiscopales ou romaines. Il y a bien eu, par le passé, des périodes de bouillonnement d’erreurs, sinon aussi graves, du moins dramatiques. Mais aujourd’hui, la diversité n’explose pas en morceaux : des fidèles, des prêtres, des cardinaux, un pape, peuvent émettre des assertions divergentes sur des points de foi ou de morale jadis considérés comme fondamentaux (le respect dû uniquement à la religion du Christ, l’indissolubilité du mariage, par exemple), tout en étant les uns et les autres toujours tenus pour catholiques. Ce qui est évidemment désastreux pour la mission de l’Église, mais aussi d’abord – et l’un explique l’autre – désastreux pour l’être même des catholiques.

    La synodalité, comme tous les objectifs du pontificat du pape François, libéralisation de la morale, extirpation de l’ancienne liturgie, a eu l’avantage si l’on peut dire de dévoiler en les portant au maximum les failles du dessein conciliaire. La synodalité vient parachever la collégialité. La collégialité, s’exprimant spécialement dans le Synode des Évêques voulait imiter quelque peu (les assemblées du Synode ne sont que consultatives) le parlementarisme de la démocratie libérale. La synodalité du pape François veut calquer, également de manière lointaine, une sorte de suffrage universel bénéficiant à l’ensemble du Peuple de Dieu. De même que, dans les démocraties modernes, les lois de l’État ne cherchent plus à être des applications concrètes de la loi naturelle mais une expression de la volonté générale, de même l’enseignement pastoral ne vise plus strictement à faire connaître le contenu de la Révélation mais à interpréter le message évangélique en se mettant à l’écoute de l’humanité présente, avec un ajustement au dogme antérieur.

    « Acceptes-tu ton élection canonique comme souverain pontife ? » (Acceptasne electionem de te canonice factam in Summum Pontificem ?), sera-t-il demandé bientôt dans la Sixtine au nouvel élu. La question à lui posée visera la souveraine autorité christique donnée au Pontife qui succède à Pierre pour confirmer ses frères.

  • 19 "papabili" sous la loupe du "Grand Continent"

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    Du site du Grand Continent :

    Conclave : qui sera le prochain pape ? Le profil des 19 papabiles

    « Qui entre pape au conclave en sort cardinal » dit un adage romain : la plus vieille élection du monde reste aussi la plus imprévisible.

    Mais une analyse granulaire des profils et des prises de positions des 135 cardinaux électeurs nous permet de mettre au jour une tendance.

    Voici pourquoi le prochain pape se trouve peut-être parmi ces 19 cardinaux.

    Les cardinaux n’ont pas de tendance politique clairement affichée : il n’y a dans l’Église romaine ni majorité, ni opposition. Il est toutefois possible de déceler des indices de positionnement selon une grille pertinente depuis le concile Vatican II (1962-1965), qui oppose les tenants progressistes d’une plus grande ouverture de l’Église au monde et de réformes d’ampleur, et des conservateurs partisans de réformes mesurées, du maintien de l’intégralité de la doctrine, et de l’application rigoureuse de l’ancienne discipline ecclésiastique, même quand elle semble en contradiction avec certaines valeurs des sociétés démocratiques.

    Les cardinaux électeurs peuvent également être classés selon une seconde grille, qui évalue cette fois leur proximité avec le pouvoir central de l’Église, ou au contraire leur marginalité.

    Nous avons donc cherché à positionner les cardinaux sur ce double axe : progressiste/conservateur ; périphérique/central.

    Les papabiles (ou papabili en italien…) sont les cardinaux qui cumulent nombre d’atouts pour devenir papes : notoriété, charisme, expérience ecclésiale variée et internationale, multilinguisme, profil équilibré — en âge et sensibilité ecclésiale —, sens du dialogue tout en ayant une personnalité affirmée. À partir de notre analyse granulaire des profils des 135 cardinaux électeurs, nous vous proposons de découvrir le profil politique des 19 cardinaux qui ont le plus de chance d’accéder au trône de Pierre. Vous pouvez consulter à chaque fois leur profil complet en cliquant sur « Lire plus ».

    Nous lançons la plus grande collection de données ouvertes sur les cardinaux électeurs, l’histoire, la géographie et la géopolitique de cette institution singulière. Pour découvrir notre Observatoire du conclave, cliquez ici

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