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  • « La géopolitique ne peut être abordée uniquement à travers les intérêts économiques » – François-Xavier Gicquel , SOS Chrétiens d'Orient

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    D' sur The European Conservative :

    « La géopolitique ne peut être abordée uniquement à travers les intérêts économiques » – François-Xavier Gicquel , SOS Chrétiens d'Orient

    « À long terme, la défense des valeurs et du patrimoine est bien plus importante que l’obtention de quelques contrats commerciaux. »

    François-Xavier Gicquel est le directeur des opérations de SOS Chrétiens d'Orient, une ONG fondée en 2013 qui opère actuellement dans huit pays (Irak, Syrie, Liban, Jordanie, Pakistan, Éthiopie et Arménie) et dont la mission est d'aider les communautés chrétiennes à continuer de vivre dans leur pays d'origine.

    Vous avez dirigé pendant plusieurs années SOS Chrétiens d'Orient en Irak, un pays qui ne bénéficie plus de la même couverture médiatique qu'auparavant. Quelle est la situation actuelle ?

    J'ai dirigé la mission en Irak de 2014 à 2017, une période sombre pour le pays, marquée notamment par l'occupation d'une grande partie de son territoire par l'organisation État islamique. Depuis, le pays peine à se reconstruire, mais on observe néanmoins des évolutions encourageantes.

    Sur le plan sécuritaire, dans le sud, le gouvernement tente, non sans mal, de reprendre le contrôle des milices qui occupent d'importantes portions du territoire. Ces groupes, qui ont participé à la lutte contre l'État islamique, sont puissants, bien armés et souvent soutenus par l'Iran. Des poches de présence de l'État islamique subsistent, mais elles sont sporadiques. Au Kurdistan irakien, l'instabilité politique et le déclin de l'influence du parti dominant, le PDK, ont entraîné des affrontements interclaniques de plus en plus fréquents.

    Sur le plan politique, des élections ont récemment eu lieu dans le sud, et la situation reste inchangée. Cela témoigne à la fois d'une certaine stabilité et, simultanément, d'une absence inquiétante de changements pourtant indispensables. Sur le plan économique, les tensions demeurent vives entre Bagdad et Erbil, ce qui affecte directement le quotidien des habitants du Kurdistan irakien, notamment les fonctionnaires qui ne perçoivent plus leur salaire. Dans le sud, cependant, les autorités s'efforcent de réduire la dépendance au pétrole et, avec l'aide de puissances étrangères – en particulier la Turquie –, investissent massivement dans le développement économique, notamment dans l'agriculture et l'énergie.

    L'arrivée au pouvoir d'al-Jolani [Ahmed al-Assad] a suscité des craintes chez les chrétiens de Syrie, mais son gouvernement bénéficie désormais d'une reconnaissance internationale. Que se passe-t-il en Syrie aujourd'hui ?

    Au départ, Bachar el-Assad parvint à résister seul à des opposants financés par de nombreuses nations étrangères, notamment des États du Golfe et des pays occidentaux. Cependant, il demeurait très faible sur le terrain et perdait même du terrain dans les grandes villes et plusieurs régions. L'intervention iranienne et russe devint indispensable pour qu'il puisse reconquérir du territoire et rétablir la stabilité. Néanmoins, l'embargo aggrava la crise économique du pays et le mécontentement populaire grandit, en particulier au sein de l'armée, sous-payée et mal équipée. Mais ce qui changea surtout la situation, ce fut l'affaiblissement de l'Iran – dû aux fronts ouverts par Israël en Palestine, au Liban et même à l'intérieur même du pays – et l'affaiblissement de la Russie causé par la guerre en Ukraine. Ces facteurs cumulatifs permirent aux rebelles, qui attendaient patiemment dans la poche d'Idlib, de lancer une offensive de grande envergure, soutenue par la Turquie, en direction d'Alep, puis, presque à leur propre insu, vers le sud, en direction de Homs et de Damas.

    Depuis lors, le chef du principal groupe HTS, connu sous le nom d'al-Jolani, puis sous celui d'Ahmed al-Charia, a pris le pouvoir, fait adopter une loi constitutionnelle et se présente désormais officiellement comme le président de transition de la Syrie. L'une de ses priorités est la création d'une commission de justice chargée de juger tous les crimes commis sous l'ancien régime. En revanche, juger les crimes commis sous son propre régime s'avère bien plus complexe. Dès janvier, des atrocités ont été perpétrées contre les populations alaouites sur la côte syrienne – plus de mille morts – suivies au printemps par des exactions massives contre les Druzes. Depuis, des chrétiens isolés sont régulièrement pris pour cible dans ce qui est officiellement qualifié de criminalité isolée, alors que des attaques sont recensées presque quotidiennement. Sans parler de l'attentat terroriste contre une église en plein cœur de Damas, qui a fait près de quarante victimes. Aujourd'hui, les questions essentielles sont de savoir si ces groupes armés – autrefois alliés d'al-Charia – agissent sous son contrôle ou non ; et s'ils ont l'intention, comme ils s'y étaient engagés, d'identifier et de juger les auteurs de ces crimes. et comment cette nouvelle direction parviendra à contrôler toutes les factions djihadistes à l'avenir.

    Parallèlement, sur la scène internationale, des États, guidés par leurs propres intérêts, lèvent les sanctions d'une part et reconnaissent al-Sharaa comme président d'autre part, certains – à l'instar du président français – allant jusqu'à saluer publiquement, à l'ONU, un ancien djihadiste. Les principaux risques résident dans la poursuite, voire l'aggravation, des persécutions, ou dans un effondrement total du pouvoir d'al-Sharaa, pouvant mener à une nouvelle révolution, voire à une guerre civile. Seul l'avenir nous le dira – et malheureusement, il est actuellement écrit par les grandes puissances, guidées avant tout par des intérêts économiques.

    Gaza est une autre source de préoccupation. Pensez-vous que le plan de paix puisse fonctionner ? Comment la guerre a-t-elle affecté les chrétiens palestiniens ?

    À Gaza, le plan de cessez-le-feu, censé être permanent, a été établi il y a près de deux mois. Depuis, certains éléments ont progressé tandis que d'autres sont restés au point mort, nous plongeant dans une profonde incertitude. Le lendemain de l'accord, le Hamas a respecté les délais négociés pour la libération des otages vivants, mais peine toujours à restituer les corps des victimes. Israël accuse le Hamas de faire traîner les choses ; le Hamas invoque l'immensité des destructions à Gaza, qui rendent les recherches extrêmement difficiles. Un désarmement complet du mouvement islamiste était également envisagé, ce que le Hamas juge absolument inacceptable.

    Un autre point crucial est le déploiement d'une force de maintien de la paix. Bien que plusieurs pays aient initialement proposé leur participation, rien de concret ne s'est concrétisé, aucun État ne souhaitant s'enliser dans un conflit qui risque de s'éterniser. L'Indonésie en est un exemple frappant : après avoir proposé 20 000 soldats, elle n'envisage plus que 1 200, et encore, seulement si une pacification totale était obtenue, ce qui est loin d'être le cas, les affrontements se poursuivant et chaque camp rejetant la faute sur l'autre. Nous demeurons dans une dynamique théoriquement positive, mais tout pourrait basculer du jour au lendemain ; la situation est extrêmement fragile.

    Quant à la population chrétienne, sa situation reflète fidèlement celle des Palestiniens en général. Il convient de distinguer les chrétiens de Gaza – touchés sans distinction par le conflit, vivant désormais au milieu des ruines et confrontés à une incertitude profonde quant à leur avenir, à moins d'avoir déjà émigré – et les chrétiens de Cisjordanie, où la pression s'accroît chaque jour. L'armée israélienne établit de nouveaux points de contrôle en plein territoire palestinien, et les attaques de colons – encouragées par les éléments les plus radicaux du gouvernement Netanyahu – sont de plus en plus fréquentes. Le quotidien est extrêmement difficile et l'avenir est profondément incertain.

    Les chrétiens du Moyen-Orient ont fait preuve d'une résilience remarquable face à la persécution. D'où leur vient cette résilience ?

    Deux forces majeures poussent certains chrétiens à émigrer. La première est la crainte de l'avenir, pour eux-mêmes et surtout pour leurs enfants. Après des années de conflit et de crises économiques, il leur est difficile d'envisager un avenir. Le second facteur est que, dans certaines communautés, comme en Syrie ou en Irak, la majorité des chrétiens ont déjà quitté le pays. Pour ceux qui restent, demeurer fidèles est complexe lorsque la plupart de leurs proches vivent désormais en Occident.

    Pourtant, comme vous le soulignez, de nombreux chrétiens continuent de lutter pour rester sur leurs terres. D'abord, par profonde fidélité au Christ et aux devoirs qu'il a confiés à tous les chrétiens : témoigner et être les pierres vivantes de son Église. Ils sont souvent la seule expression visible de la charité chrétienne dans des sociétés qui l'ignorent. Ensuite, ces personnes ne sont pas des invités sur ces terres. Ce sont les habitants originels, ceux qui ont bâti ces civilisations et qui en sont les héritiers légitimes. Ils s'attachent à la terre que leurs ancêtres ont construite, où reposent leurs aïeux, où sont nés leurs enfants, où leurs églises se dressent encore et où résonnent encore des siècles de prière et de fidélité.

    SOS Chrétiens d'Orient est une organisation humanitaire unique. Comment la décririez-vous ?

    SOS Chrétiens d'Orient a été fondée en 2013, inspirée par des organisations établies de longue date qui soutiennent les Églises d'Orient et qui accomplissent un travail exceptionnel depuis des décennies, voire des siècles. Mais notre organisation a également été créée pour offrir une perspective nouvelle. Nous avons compris que, pour que les chrétiens du Moyen-Orient comprennent pleinement le soutien qu'ils reçoivent de leurs frères occidentaux, ce soutien doit être concret . Il ne peut se limiter à une série de virements bancaires ; il doit s'agir d'un témoignage vivant d'attachement filial aux communautés qui nous ont transmis la vraie foi.

    C’est pourquoi SOS Chrétiens d’Orient s’est construit sur l’envoi de nombreux volontaires et l’établissement de missions de terrain au cœur même des communautés que nous soutenons – à la fois pour leur montrer que leurs frères occidentaux ne les ont pas oubliés et pour partager concrètement leurs joies et leurs peines. Cela nous permet aussi de rentrer chez nous et de témoigner du quotidien des chrétiens du Moyen-Orient, de leurs espoirs et du message qu’ils souhaitent nous transmettre. De par notre action, nous sommes clairement identifiés comme une ONG, mais nous nous considérons comme bien plus : une organisation caritative, certes, mais aussi la voix des souffrances et des espoirs des chrétiens du Moyen-Orient.

    SOS Chrétiens d'Orient est également actif en Arménie. Qu'est-il advenu des chrétiens du Haut-Karabakh contraints de fuir leur patrie ? Les autorités azerbaïdjanaises ont-elles respecté les églises et le patrimoine arméniens ?

    Au Haut-Karabakh, terre arménienne depuis 5 000 ans, comme en témoignent ses églises et ses khatchkars séculaires, la situation est tragique. En 2020, la terrible guerre de quarante-quatre jours a décimé une partie de la jeunesse arménienne et s’est soldée par une défaite, une grande partie du territoire étant annexée par l’Azerbaïdjan. Les années suivantes, l’enclave a été complètement coupée du reste du monde en 2022, avant d’être entièrement occupée par les forces azerbaïdjanaises en 2023, poussant près de 120 000 personnes à l’exil vers l’Arménie. Aujourd’hui, ces personnes sont dispersées à travers le pays afin d’éviter toute contestation politique significative du Premier ministre, qui a choisi de les abandonner aux envahisseurs. On ne peut que se demander si elles pourront un jour envisager un avenir au-delà de ce traumatisme.

    Quant au territoire conquis, de nombreux rapports font déjà état de la destruction du patrimoine culturel et religieux. Il ne faut pas oublier le blocus total imposé aux prisonniers : depuis l’annexion par l’Azerbaïdjan, soldats, fonctionnaires et même les dirigeants du Haut-Karabakh demeurent détenus, soit sans procès, soit à l’issue de simulacres de procès en totale violation du droit international. Il apparaît également que les autorités d’Erevan n’ont déployé aucun effort réel pour défendre les droits de ces Arméniens et semblent prêtes à tout sacrifier pour une paix rapide avec Bakou. SOS Chrétiens d’Orient est donc extrêmement préoccupé par l’évolution de la situation, notamment si l’Azerbaïdjan parvient à mener à bien son projet d’annexion de toute la région de Syunik, dans le sud de l’Arménie, afin de la rattacher à son enclave occidentale du Nakhitchevan.

    À quoi ressemble concrètement le travail de SOS Chrétiens d'Orient dans ces zones de conflit ?

    Nous ne cherchons pas à être des héros. Nous sommes des humanitaires professionnels, travaillant selon des procédures rigoureuses, en collaboration avec nos partenaires et prestataires de services, afin d'opérer dans les meilleures conditions possibles. Il est néanmoins primordial pour SOS Chrétiens d'Orient d'être présents auprès des populations touchées par ces conflits, là où les besoins sont les plus urgents et les plus essentiels. C'est pourquoi nous avons toujours réussi à atteindre toutes les communautés les plus exposées à la violence, au dénuement et à la persécution, en agissant avec prudence et conviction.

    Que devraient faire les pays occidentaux pour soutenir les minorités chrétiennes ?

    Premièrement, les sociétés occidentales doivent comprendre que la géopolitique ne peut être abordée uniquement sous l'angle des intérêts économiques. La défense des valeurs et du patrimoine est bien plus importante à long terme que la conclusion de quelques contrats commerciaux. Aujourd'hui, nous constatons que de vieilles nations – d'anciens empires – de la Turquie à la Chine en passant par la Russie, l'ont parfaitement compris. Chacune d'elles a une stratégie à 20, 30, 40, voire 50 ans. Nous, en revanche, sommes incapables d'une telle vision à long terme.

    Là où les États échouent, la société civile prend souvent le relais. Il est donc primordial que les gouvernements occidentaux – et notamment la France, mon pays – soutiennent ces organisations et renforcent leur action dans les régions complexes, plutôt que de gaspiller des milliards d’euros dans des parties du monde avec lesquelles nous n’avons que peu de liens historiques. Enfin, il est essentiel que les populations de nos pays comprennent les raisons de leur identité actuelle et les fondements spirituels de leur civilisation. C’est pourquoi nous leur demandons non seulement un soutien financier, mais aussi une présence concrète à nos côtés et des prières pour notre mission.

    Pour soutenir le travail de SOS Chrétiens d'Orient, veuillez vous rendre sur leur site de dons sécurisé.

    Álvaro Peñas est rédacteur pour europeanconservative.com. Il est également rédacteur en chef de deliberatio.eu et collabore à Disidentia , El American et d'autres médias européens. Analyste international spécialisé dans l'Europe de l'Est, il intervient sur la chaîne de télévision 7NN et est auteur aux Éditions SND.

  • Les évêques indiens dénoncent une « augmentation alarmante » des attaques contre les chrétiens à l'approche de Noël

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    De Luke Coppen sur le Pillar :

    Les évêques indiens déplorent une « augmentation alarmante » des attaques

    Les évêques ont mis en lumière un incident impliquant un responsable local du BJP.

    Les évêques indiens ont condamné mardi une « augmentation alarmante » des attaques contre les chrétiens à l'approche de Noël.

    La Conférence des évêques catholiques d'Inde a exprimé sa « profonde angoisse » face à ces incidents dans une déclaration ferme publiée le 23 décembre.

    La CBCI, qui réunit les évêques latins, syro-malabars et syro-malankaras du pays, a mis en lumière une vidéo du 20 décembre dans laquelle un responsable local appartenant au parti au pouvoir Bharatiya Janata Party a harcelé physiquement une femme malvoyante assistant à un événement de Noël dans la ville de Jabalpur, dans l'État du Madhya Pradesh, au centre de l'Inde.

    Dans la vidéo, largement diffusée sur les réseaux sociaux, on voit Anju Bhargava, vice-présidente du BJP de la ville, debout au-dessus d'une femme assise, identifiée comme Safalta Kartik, lui crier dessus et lui serrer la mâchoire. Une jeune fille est assise à côté de Kartik, tandis qu'un policier se tient derrière, semblant appeler au calme.

    Les médias indiens ont rapporté que l'incident s'est produit dans une église du district de Hawa Bagh, à Jabalpur, lors d'un déjeuner de Noël pour les enfants. Bhargava aurait accusé Kartik de chercher à tirer profit des conversions religieuses et aurait déclaré qu'elle serait « aveugle dans cette vie et dans l'autre ».

    Les évêques ont déclaré : « Face à une conduite aussi odieuse et déshumanisante, la CBCI exige l'exclusion immédiate d'Anju Bhargava du Bharatiya Janata Party. »

    Ratnesh Sonkar, le président du BJP de la ville de Jabalpur, aurait demandé à Bhargava de s'expliquer sur ses actions sous peine de sanctions disciplinaires.

    Le BJP, parti nationaliste hindou fondé en 1980, est le principal partenaire de l'actuelle coalition au pouvoir en Inde, dirigée par le Premier ministre Narendra Modi.

    Supriya Shrinate, porte-parole nationale du Congrès national indien, l'autre grand parti politique du pays, a partagé la vidéo de Bhargava en ligne avec le commentaire suivant : « Cette cruauté est le moyen le plus facile de progresser au sein du BJP. Ces gens sont une honte pour la société. »

    La Conférence des évêques catholiques d'Inde (CBCI) a également condamné la diffusion d'affiches numériques haineuses au Chhattisgarh, un autre État du centre de l'Inde. Ces affiches appelaient à une manifestation contre les chrétiens le 24 décembre. Les évêques ont déclaré que cette manifestation, sous forme de bandh (grève générale), risquait d'exacerber les tensions et d'inciter à de nouvelles violences.

    La CBCI a également mis en lumière les récentes attaques contre « des chanteurs de chants de Noël pacifiques et des fidèles réunis dans des églises pour prier », affirmant qu'elles portaient atteinte aux « garanties constitutionnelles de l'Inde en matière de liberté de religion et de droit de vivre et de pratiquer sa religion sans crainte ».

    Les évêques n'ont pas précisé le lieu de ces incidents. Cependant, les médias indiens ont rapporté qu'un homme avait été arrêté le 21 décembre pour avoir prétendument agressé un groupe de jeunes chanteurs de Noël dans le district de Palakkad, dans l'État du Kerala, au sud de l'Inde. Selon ces mêmes médias, l'accusé serait lié au Rashtriya Swayamsevak Sangh, une organisation influente regroupant des nationalistes hindous.

    La CBCI a condamné les récents incidents « avec la plus grande fermeté », exhortant les gouvernements des États et les autorités nationales à prendre « des mesures urgentes et visibles contre tous les individus et organisations qui répandent la haine et la violence ».

    Les évêques ont appelé Amit Shah, ministre indien de l'Intérieur, à veiller à ce que les chrétiens du pays bénéficient d'une « protection proactive » pendant les célébrations de Noël.

    Environ 2 % des quelque 1,4 milliard d'habitants de l'Inde sont chrétiens, tandis que 80 % sont hindouistes. L' idéologie politique dominante en Inde est l'Hindutva, ou « hindouisme ». Elle affirme que l'Inde est une nation hindoue et présente les minorités religieuses, comme les musulmans et les chrétiens, comme des menaces potentielles pour l'identité du pays.

    Les militants des droits de l'homme accusent le BJP de tolérer tacitement les violations des droits des minorités religieuses depuis son arrivée au pouvoir en 2014. Mais ces dernières années, le Premier ministre Narendra Modi a tissé des liens avec les dirigeants catholiques et le BJP a cherché à rallier les chrétiens du Kerala, où ils constituent un électorat influent.

    La fondation pontificale Aide à l'Église en Détresse a déclaré dans son rapport « La liberté religieuse dans le monde 2025 » que la persécution antichrétienne s'intensifie en Inde, le pays le plus peuplé du monde.

    Le rapport conclut que « le niveau croissant de restrictions imposées aux chrétiens et aux autres minorités religieuses non hindoues, accompagné de violences à motivation religieuse, d'impunité, d'intimidations et de restrictions croissantes à la liberté des individus de pratiquer la religion de leur choix, est profondément inquiétant ».

     
  • « Le plus grand défi de l’homme contemporain est de croire vraiment qu’il est aimé » (Mgr Varden)

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    De didoc.be :

    Erik Varden : « Le plus grand défi de l’homme contemporain est de croire vraiment qu’il est aimé »

    24 décembre 2025

    Erik Varden est l’évêque de Trondheim (Norvège) depuis 2019. Il est moine cistercien et s’est converti dans son adolescence. Il est un observateur attentif de la culture contemporaine. Mgr Varden est l’auteur de plusieurs livres, dont « Chasteté. Une réconciliation des sens ».

    — Vivons-nous déjà dans une ère post-séculière ?

    Je pense que oui. Je l’ai dit à plusieurs reprises au cours de l’année dernière. Et je pense que cela est assez évident en Europe du Nord.

    Nous vivons manifestement à une époque où les tendances culturelles changent extrêmement rapidement. Et les catholiques aiment être rassurés. Nous sommes donc tous très intéressés à pouvoir dire : « Oh, tout ce que nous avons vécu ces dernières années n’était qu’un accident de parcours ». Eh bien, espérons que ce soit le cas. Mais je pense que tout dépend de la façon dont nous accueillons maintenant ce moment providentiel, du type de témoignage que nous donnons, du type d’enseignement que nous proclamons.

    — À quoi attribuez-vous le regain d’intérêt pour le catholicisme ?

    Eh bien, je pense que les gens sont attirés par le catholicisme parce qu’il est vrai. C’est une raison fondamentale. Et je pense que de plus en plus de gens sont déçus par beaucoup d’autres options. Avec tant d’effondrements, en termes d’anciennes certitudes et d’anciennes institutions, avec la grande fragilité de notre vie politique, culturelle, écologique et financière, les gens recherchent des repères qui promettent de résister au déluge.

    — On pourrait donc penser que cette nouvelle curiosité pour la religion n’est qu’une bouée de sauvetage à laquelle s’accrocher, mais qu’elle ne produit pas de véritables conversions.

    Non, non. Je veux dire, je rencontre ces conversions presque quotidiennement. Je dois donc simplement dire qu’une telle affirmation ne correspond pas à la réalité empirique.

    — Nous assistons également au sein de l’Église catholique à un certain essor de ce qu’on appelle le mouvement traditionaliste, très lié à la liturgie et aux jeunes, et qui provoque certaines tensions générationnelles. Qu’en pensez-vous ?

    Eh bien, ce phénomène se produit dans certains endroits, mais pas partout. Je pense à la Pologne, par exemple. Je pense à notre propre pays. Je ne dirais pas que cela provoque beaucoup de tensions. Je pense plutôt que cela est lié à une recherche de repères, d’une certaine beauté. Et l’Église offre cela.

    Tant que nous célébrons bien les mystères… Il existe un principe très simple qui dit que, lorsque vous célébrez la liturgie, « faites ce qui est écrit en rouge et dites ce qui est écrit en noir » [dans le missel catholique, les instructions que le prêtre doit suivre sont écrites en rouge, et les prières qu’il doit prononcer, en noir]. En d’autres termes, faites simplement ce que disent les rubriques et laissez résonner les paroles de l’Église, pas seulement vos propres petites paroles. Je pense que tant que nous nous en tenons à cela, c’est convaincant.

    — On interprète parfois cela comme un phénomène rétrograde, un rejet du Concile Vatican II…

    Je pense qu’il est temps d’être un peu plus souples par rapport à ces paramètres, qui la plupart du temps ne correspondent pas à la réalité.

    Écoutez, on a beaucoup écrit sur le pèlerinage de Chartres. C’est un grand pèlerinage à pied qui se fait chaque Pentecôte, de Paris à Chartres. Et cela a un aspect traditionnel, voire traditionaliste. L’année dernière, il y a eu plus de participants que jamais et les jeunes qui y ont participé étaient tout simplement impossibles à catégoriser, car ils n’étaient pas tous des traditionalistes acharnés portant des cravates ou des jupes longues. Certains d’entre eux, vous savez, pourraient aller à un service charismatique le samedi, assister à la messe en latin le dimanche, et aller travailler avec Caritas et nourrir les pauvres le lundi.

    Ce que je veux dire, c’est que tant que nous continuerons à vouloir classer les gens dans ces catégories étroites, nous ne comprendrons tout simplement pas ce qui se passe.

    — Pensez-vous que le discours progressistes contre conservateurs s’infiltre dans l’Église ?

    Il s’y est infiltré depuis longtemps. Mais je pense que nous devons le renverser doucement, gentiment et peut-être même avec humour.

    Je pense à un érudit bénédictin allemand. C’est un moine de Gerlew qui s’appelle Elmar Salman. Il a enseigné à Saint-Anselme pendant de nombreuses années, et j’ai assisté à sa conférence d’adieu à Rome. Il y a déclaré, avec sa lucidité caractéristique : « Depuis des décennies, les gens essaient de me classer comme conservatore ou liberale ». Puis il a ajouté en italien : « Io preferisco pensarmi classico e liberante » (Je préfère me considérer comme classique et libérateur). Je pense que c’est un excellent exemple de la manière dont nous pouvons approfondir cette conversation et la rendre beaucoup plus fructueuse.

    — Mais ne pensez-vous pas que le christianisme est en train d’émerger comme une identité politique ?

    Il y a certainement des acteurs qui veulent le revendiquer comme tel.

    Nous devons être très prudents face à l’instrumentalisation des symboles et du vocabulaire chrétiens, et face à toute cette rhétorique de choc des civilisations.

    Je pense que nous devons continuer à insister sur le fait qu’il n’est pas légitime d’instrumentaliser la foi à des fins séculières. La foi est censée éclairer, enrichir et approfondir la sphère séculière, mais elle ne peut être prise en otage par celle-ci.

    — Alors, quelle est selon vous la responsabilité d’un chrétien aujourd’hui ?

    Je voudrais citer ce conseil de saint Antoine : « Laisse le Christ être l’air que tu respires ». Il faut essayer de mener une vie chrétienne cohérente et crédible pour témoigner de l’espérance, pratiquer l’hospitalité, témoigner de ce que signifie être un être humain, être attentif à la fois à la douleur et à la joie de la condition humaine, et cultiver une fascination humble pour le mystère de Dieu.

    — Dans votre récente conférence pour First Things, vous parlez de la découverte « linguistique » que l’être humain peut faire lorsqu’il se rend compte qu’« il y a plus à dire et d’autres façons de le dire ». Comment l’Église catholique, qui a déçu beaucoup de gens à cause des cas d’abus, peut-elle convaincre qu’elle est dépositaire de vérités éternelles ?

    Tout d’abord, en étant sincères et en poursuivant ce travail de réparation dans la justice et les larmes. Et peut-être que cette expérience peut aussi nous apprendre à être plus humbles, et donc plus accueillants.

    Pour poursuivre la métaphore du langage, il y a quelque chose qui représente un défi important, mais aussi joyeux, pour l’Église : comment retrouver et renouer avec son langage spécifique. Au cours des dernières décennies, l’Église catholique a eu le sentiment que le monde lui échappait. Et elle n’a cessé de courir pour le rattraper, en apprenant à parler comme lui, à utiliser les signes qu’il utilise et à se mettre sur TikTok et Instagram. Tant que nous continuerons ainsi, nous nous condamnerons simplement à l’insignifiance, car nous aurons toujours au moins dix longueurs de retard sur tous les autres. Mais si nous parlons notre propre langage, si nous parlons le langage des Écritures, le langage de la liturgie, le langage de notre rituel, le langage des sacrements, nous pouvons dire des choses étonnamment fraîches, originales et belles. Et les gens les écoutent.

    — Vous avez écrit, entre autres, sur la chasteté et la souffrance rédemptrice. Ce ne sont pas exactement les thèmes qui viennent immédiatement à l’esprit quand on pense à ce que les gens veulent entendre aujourd’hui… Est-ce que c’est vraiment ce qu’ils veulent ?

    Je suis toujours étonné de l’accueil réservé au livre sur la chasteté. Cela fait trois ans qu’il a été publié et pendant longtemps, il ne s’est pas passé un jour sans que je reçoive des lettres et des courriels, ou même que des gens viennent me voir.

    J’ai été profondément ému de me retrouver devant des publics de jeunes à Oslo, aux États-Unis, au Portugal, en Espagne… Et je constate une grande ouverture d’esprit et un réel désir d’aborder ces questions.

    — Quel est selon vous le rapport avec la recherche du sens du corps aujourd’hui ?

    Je pense que cela a tout à voir. Au Portugal, Quand craque la solitude et Chasteté ont été publiés dans un seul livre, ce qui est tout à fait logique car ils traitent en réalité du même sujet, à savoir ce qu’est un être humain. Le premier parle de la mémoire et des aspirations de l’esprit. Le second, de la manière de gérer la faim, les désirs et les espoirs du corps.

    — Dans votre dernier livre, vous parlez du poème de Gilgamesh et dites que le protagoniste pourrait être un de nos contemporains. Vous le décrivez ainsi : « Un mégalomane amoureux de son habileté mais incertain de son but, obsédé par la mort, perplexe face au désir de son cœur, courageux face à l’absurde mais accablé par la tristesse ». Ces afflictions sont-elles propres à notre époque ? Les hommes et les femmes contemporains sont-ils ainsi ?

    Oui. J’utilise délibérément l’épopée de Gilgamesh car c’est l’une des premières manifestations littéraires que nous connaissons.

    Il y a aussi une petite note d’ironie dans mon choix, car un autre thème que j’essaie d’exprimer de temps en temps est que je ne suis pas du tout convaincu par la doctrine de l’exceptionnalisme culturel qui présuppose que nous sommes très différents aujourd’hui, que personne ne peut nous comprendre, que nous fonctionnons de manière très différente et que nous n’avons rien à apprendre de ce que quelqu’un a dit ou vécu auparavant.

    C’est tout simplement merveilleux de pouvoir pointer du doigt ce texte, vieux de près de 3 000 ans, et de dire : « Eh bien, regarde ce type. Il est exactement comme toi. »

    — Est-ce ce que vous voulez dire quand vous dites que la littérature peut sauver des vies ?

    En partie, oui. Cette capacité tient principalement au simple fait que la littérature (quand elle mérite ce nom, car tous les livres ne sont pas de la littérature) est une tentative d’exprimer ce qu’est réellement la vie.

    Je pense qu’elle peut sauver des vies dans le sens où elle peut m’aider à comprendre que je ne suis pas seul, que quelqu’un d’autre a déjà vécu cela avant moi, que même si dans mon entourage immédiat personne ne peut me comprendre, ou si je pense que personne ne comprend ce qui se passe en moi, je peux tomber sur un roman contemporain, ou un poème du XVIIIe siècle, ou une page des Métamorphoses d’Ovide, et me dire : « Ah ! Mais c’est moi ! ».

    — Et qu’en est-il de la musique ?

    Je pense que la musique nous rapproche autant que possible de l’éternité dans cette vie. Elle a une capacité merveilleuse, celle d’exprimer l’inexprimable. Ce qui dépasse le pouvoir des mots peut, d’une certaine manière, être transmis par la musique.

    — En parlant de culture, vous avez choisi de faire une série sur la sagesse des Pères du désert. Et là encore, je dirais que ce n’est pas la première chose qui vient à l’esprit quand on pense à la culture contemporaine. Que peuvent-ils nous offrir aujourd’hui ?

    Oh, tant de choses. Du réalisme, de la sagesse, un esprit de foi inébranlable, très souvent une délicieuse autodérision, et le sens des proportions.

    — Quel est le plus grand défi qui empêche l’homme contemporain de rencontrer Dieu ?

    Je pense que le plus grand défi est de croire vraiment que nous sommes aimés.

    — Que souhaitez-vous que l’être humain comprenne davantage sur lui-même en ce moment ?

    Son potentiel pour la vie éternelle.

    Source : https://www.aceprensa.com/religion/erik-varden-el-mayor-desafio-del-hombre-contemporaneo-es-creerse-de-verdad-que-es-amado/. Ce texte a été traduit de l’espagnol par Stéphane Seminckx.

  • L'Europe doit redevenir chrétienne. Nous n'avons pas d'autre choix, mais c'est un choix réjouissant.

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    L'éditorial de l'European Conservative pour Noël :

    La chrétienté se relève : un chemin vers l'espoir

    Détail de l'Adoration des Mages (vers 1420), une tempera sur panneau de bois de 115 × 170–183 cm de Lorenzo Monaco (1370-vers 1425), située à la Galerie des Offices à Florence, en Italie.

    Lorenzo Monaco, domaine public, via Wikimedia Commons

    L'Europe doit redevenir chrétienne. Nous n'avons pas d'autre choix, mais c'est un choix réjouissant. Une étoile brille dans le ciel, il nous suffit de la suivre.

    Ce 25 décembre, seule une minorité d'Européens se rendra à l'église pour célébrer cette journée. Parmi les fêtes chrétiennes, Noël est la seule à rester vivante dans l'imaginaire occidental moderne. Il y a une raison à cela : les objets. 

    À Noël, les gens reçoivent des cadeaux. Une société fondée sur le matérialisme et la marchandisation, une société qui a transposé notre désir inné d'infini sur le fini, continuera de célébrer une fête chrétienne si elle peut être présentée comme une occasion d'acquérir davantage de biens.

    Heureusement, partout dans le monde, des gens connaissent encore le véritable sens de Noël. Ils se lèvent et vont à l'église, sachant qu'en chemin, ils risquent d'être lapidés, massacrés à la machette dans la rue, ou encore, arrivés à l'église, réduits en miettes par une bombe soigneusement placée. Je pense aux chrétiens d'Égypte, du Nigeria, du Pakistan et de nombreux autres pays à travers le monde. 

    L'organisation Portes Ouvertes, une organisation non confessionnelle qui soutient les chrétiens persécutés dans le monde entier, a recensé, l'an dernier, 7 679 églises et propriétés chrétiennes incendiées ou gravement endommagées, 4 744 personnes emprisonnées pour leur foi chrétienne et 4 476 chrétiens tués pour leur religion. Pourtant, la plupart d'entre nous, en Occident, ne prenons même pas la peine d'assister à la messe de Noël du quartier. 

    Hormis la Jordanie – un pays qui n'existe que depuis quatre-vingts ans –, il n'existe aucun exemple d'État islamique qui ne persécute pas les chrétiens. Ce constat est significatif, car une montée en puissance de l'islam en Europe pourrait signifier que le vieux continent se retrouve sous domination islamique dans un avenir proche. Les conséquences que cela pourrait avoir pour les chrétiens d'Europe méritent d'être examinées.

    L’hostilité envers les chrétiens, observable à travers le monde, explique peut-être la profonde sympathie que nourrissent nos dirigeants laïcs pour l’islam ; ils voient sans doute en l’islam un moyen essentiel d’exorciser l’Europe de son christianisme. Mais nos élites s’inquiètent. Elles craignent un retour du christianisme, malgré tous leurs efforts pour le saper et l’anéantir. Leur dernière tactique est intéressante : elles prétendent que la droite politique s’approprie cyniquement le christianisme à des fins de division. Les signes d’un réveil chrétien, disent-elles, ne sont rien d’autre qu’un fascisme voilé se faisant passer pour de la piété.

    Mais que se passerait-il si une part importante de la population en venait réellement à croire que sa civilisation ne pouvait survivre sans un retour à la foi chrétienne ?

    Ceux qui sont accusés de « politiser le christianisme » ne font en réalité que reconnaître que le christianisme est déjà intrinsèquement politique. Après tout, le christianisme appelle à faire des disciples parmi toutes les nations (Matthieu 28:19) ; il enseigne qu'il n'y a de pouvoir terrestre que celui qui vient d'en haut (Jean 19:11) ; que tout genou fléchit au nom de Jésus, au ciel, sur la terre et sous la terre (Philippiens 2:10) ; et le christianisme attend avec impatience la résurrection des morts, lorsque toutes les nations de la terre se rassembleront devant l'Agneau (Apocalypse 7:9). Quoi qu'en dise votre pasteur, le christianisme est déjà politique. 

    Nombreux sont ceux qui prennent conscience que des décennies d'athéisme, de laïcité, de progressisme et de matérialisme nous ont affaiblis et rendus efféminés. L'Europe redécouvrira-t-elle l'esprit de Charles Martel et de saint Boniface, que Martel soutint et protégea, ou bien elle s'effondrera-t-elle. Comme l'écrivait le grand historien anglais Christopher Dawson, vers le milieu du siècle dernier :

    Aucune civilisation, pas même celle de la Grèce antique, n'a jamais connu un processus de transformation aussi continu et profond que celui qu'a connu l'Europe occidentale au cours des 900 dernières années. … Le principe de ce changement a été spirituel, et le progrès de la civilisation occidentale est intimement lié à l'éthique dynamique du christianisme occidental.

    Chacun des cinquante mille clochers et tours d'églises à travers l'Europe témoigne que la Foi est l'âme de notre civilisation. Et si Dawson a raison dans ce qu'il écrit plus haut, alors soit le christianisme est politique – en ce sens qu'il anime et influence les sociétés qu'il imprègne –, soit il ne l'est plus, auquel cas il a tout intérêt à le redevenir, car l'alternative est la fin de notre civilisation.

    Il convient de méditer sur le rôle des Rois mages. Ces sages venus d'Orient, probablement des prêtres-astrologues zoroastriens originaires de Perse, sont devenus, dans l'imaginaire chrétien, le symbole des nations. 

    Les Rois mages sont venus représenter tous les peuples de la terre, qui doivent s'humilier et se prosterner devant le Seigneur, et finalement devenir ses disciples. Les nations occidentales ne font pas exception. Si elles ont abandonné le Seigneur dans quelque accès damné d'apostasie hystérique, elles doivent se repentir et revenir à Lui. Et si les athées et les progressistes désespèrent à l'idée d'une telle conversion des nations, nous devrions nous réjouir d'autant plus des premiers signes de celle-ci.

    L'Europe doit redevenir chrétienne. Nous n'avons pas d'autre choix, mais c'est un choix réjouissant. Une étoile brille dans le ciel, il nous suffit de la suivre. 

  • Entretien avec le cardinal Burke sur la liturgie, Noël et le conclave

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    Du Catholic Herald :

     
    25 décembre 2025

    Entretien avec le cardinal Burke sur la liturgie, Noël et le conclave

    Ancien préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique et figure centrale de certains des débats les plus houleux de la vie catholique récente, le cardinal Burke est devenu, pour de nombreux catholiques, un symbole, parfois controversé et souvent mal compris, de continuité, de clarté et de résistance à la dérive théologique. Alors que l'Église entre dans un nouveau pontificat sous le pape Léon XIV et que les questions relatives à la liturgie, à l'autorité, à la jeunesse et à la tradition se font plus pressantes que jamais, les paroles de Burke revêtent une importance particulière.

    Dans cet entretien du jour de Noël, enregistré pour The Catholic Herald , le cardinal Burke parle du mystère de la Nativité, de son expérience du conclave, de ses espoirs pour l'Église et de la surprenante réapparition de jeunes catholiques attirés par la tradition plutôt que par la nouveauté et le spectacle.

    CH : Votre Éminence, Noël approche, et en son cœur se trouve le mystère du Verbe fait chair. Alors que l’Église s’apprête à célébrer la Nativité dans un contexte marqué par l’anxiété culturelle et les tensions ecclésiales, selon vous, à quoi les catholiques sont-ils particulièrement appelés aujourd’hui à se souvenir, ou peut-être à redécouvrir ?

    Cardinal Burke : Je crois que nous sommes appelés avant tout à nous souvenir de cette vérité simple et fondamentale : Dieu le Fils s’est fait homme. Par l’Incarnation, il a uni notre nature humaine à sa nature divine. Il a souffert, il est mort, il est ressuscité, il est monté à la droite du Père, et il est vivant avec nous aujourd’hui, présent dans l’Église et actif dans le monde.

    C’est pourquoi les catholiques doivent être remplis d’espérance. Dans le même temps, nous devons résister à la tentation du découragement, voire à celle d’abandonner notre foi catholique et la vie chrétienne. Le monde d’aujourd’hui est confronté à de nombreuses épreuves, guerres et conflits civils, ainsi qu’à de très graves problèmes moraux. Dans de telles circonstances, même les bons chrétiens peuvent se décourager ou être tentés de se retirer complètement du monde.

    Mais nous savons que le Seigneur est avec nous. Nous sommes dans le monde et nous sommes appelés, avec espérance et courage, à persévérer. Comme nous y exhorte saint Paul, nous devons « combattre le bon combat », rester fermes sur le bon chemin et être des hérauts de la vérité de Noël dans tout ce que nous disons et faisons : que le Christ est venu, qu’il demeure avec nous et qu’il sera avec nous jusqu’à son retour glorieux au dernier jour.

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  • Le pape Léon XIV renoue avec la tradition lors du premier Noël de son pontificat

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    De Victoria Cardiel sur CNA :

    Le pape Léon XIV renoue avec la tradition lors du premier Noël de son pontificatemail sharing buttonsharethis sharing button

    24 décembre 2025

    Le pape Léon XIV a célébré son premier Noël au Vatican en renouant avec la tradition de la messe de Noël célébrée le 25 décembre en la basilique Saint-Pierre, une tradition qu'aucun pape n'a perpétuée depuis 1994.

    Les célébrations de Noël — qui seront marquées par la fermeture des Portes Saintes — ont débuté le soir du 24 décembre, lorsque le pape a célébré la messe de la veille de Noël à 22 heures, heure locale, en la basilique Saint-Pierre.

    Cet horaire marque un changement par rapport aux dernières années, où, pendant la pandémie de COVID-19, la messe de la veillée de Noël avait été déplacée à 19 heures. Avant 2009, elle avait lieu à minuit, jusqu'à ce que Benoît XVI décide de l'avancer.

    La tradition de la messe de Noël rétablie

    Le 25 décembre à 10 heures, Léon XIV a célébré également la messe de Noël dans la basilique Saint-Pierre, une coutume qui n'a pas été observée depuis le pontificat de saint Jean-Paul II. Ensuite, à midi, il a donné la traditionnelle bénédiction « urbi et orbi » (« à la ville et au monde ») depuis le balcon central.

    Le 31 décembre, le pape présidera à 17 h, en la basilique Saint-Pierre, les premières vêpres et le Te Deum en action de grâce pour l'année qui s'achève. Le 1er janvier 2026, solennité de Marie, Mère de Dieu, et 59e Journée mondiale de la paix, il célébrera la messe à 10 h.

    Le message de cette Journée mondiale de la paix, intitulé « Que la paix soit avec vous tous : vers une paix désarmée et désarmante », propose une vision qui rejette la peur, les menaces, la violence et les armes, et plaide pour une paix capable de générer la confiance, l'empathie et l'espoir.

    L'un des moments les plus importants du temps de Noël aura lieu le 6 janvier, jour de la solennité de l'Épiphanie. À 9 h 30, le pape Léon XIV fermera la Porte Sainte de la basilique Saint-Pierre et célébrera la messe de clôture du Jubilé ordinaire de 2025. Les jours précédents, les Portes Saintes des autres basiliques papales – Sainte-Marie-Majeure, Saint-Jean-de-Latran et Saint-Paul-hors-les-Murs – auront également été fermées.

    Ce sera la deuxième fois dans l'histoire qu'une année jubilaire est clôturée par un pape différent de celui qui l'a inaugurée, comme ce fut le cas en 1700, lorsque Innocent XII a ouvert l'année sainte et Clément XI l'a clôturée.

    Les célébrations de Noël s'achèveront liturgiquement le 11 janvier, fête du Baptême du Seigneur. Ce jour-là, le pape célébrera la messe et baptisera plusieurs enfants d'employés du Vatican dans la chapelle Sixtine à 9 h 30, perpétuant ainsi une tradition instituée par saint Jean-Paul II.

    Une crèche pro-vie

    L'esprit de Noël est déjà palpable au Vatican depuis l'illumination du sapin et l'inauguration de la crèche place Saint-Pierre le 15 décembre, événements présidés par sœur Raffaella Petrini, présidente du Gouvernorat de l'État de la Cité du Vatican. Le même jour, Léon XIII a reçu les donateurs du sapin et des crèches, également installées dans la salle d'audience Paul VI.

    La crèche installée dans cet espace, intitulée « Nacimiento Gaudium » (« La naissance qui apporte la joie ») et provenant du Costa Rica, a suscité un intérêt particulier. Jusqu’au 25 décembre, elle représente la Vierge Marie enceinte, symbolisant l’attente et l’espoir.

    Les figurines reposent sur 28 000 rubans blancs portant les noms ou pseudonymes d'enfants sauvés de l'avortement, tandis que dans la crèche, 420 rubans jaunes affichent des messages d'enfants malades hospitalisés.

    Pause à Castel Gandolfo

    Après Noël, le pape se rendra à Castel Gandolfo le 26 décembre pour quelques jours de repos, sans pour autant renoncer à présider les principaux événements liturgiques ni à rencontrer les fidèles lors des grandes fêtes. Par ailleurs, les 7 et 8 janvier, il réunira à Rome tous les cardinaux du monde pour son premier consistoire ordinaire depuis le conclave qui l'a élu.

  • Le message urbi et orbi du pape Léon XIV pour le jour de Noël 2025

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    MESSAGE URBI ET ORBI
    DU PAPE LÉON XIV

    NOËL 2025

    Loggia centrale de la basilique Saint-Pierre
    Jeudi 25 décembre 2025

    Chers frères et sœurs !

    « Tous ensemble, réjouissons-nous dans le Seigneur : notre Sauveur est né sur terre ! Aujourd’hui, pour nous, descend du ciel la paix véritable » (Antienne d’ouverture de la messe de la nuit de Noël). Ainsi chante la liturgie dans la nuit de Noël, et ainsi résonne dans l’Église l’annonce de Bethléem : l’Enfant né de la Vierge Marie est le Christ Seigneur, envoyé par le Père pour nous sauver du péché et de la mort. Il est notre paix, Celui qui a vaincu la haine et l’inimitié par l’amour miséricordieux de Dieu. C’est pourquoi « la Nativité du Seigneur est une Nativité de paix » (Saint Léon le Grand, Sermon 26).

    Jésus est né dans une étable, car il n’y avait pas de place pour Lui dans le logement. À sa naissance, sa mère Marie « l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire » (cf. Lc 2, 7). Le Fils de Dieu, par qui tout a été créé, n’est pas accueilli et son berceau est une pauvre mangeoire d’animaux.

    Le Verbe éternel du Père, que les cieux ne peuvent contenir, a choisi de venir au monde ainsi. Par amour, il a voulu naître d’une femme, afin de partager notre humanité ; par amour, il a accepté la pauvreté et le rejet et il s’est identifié à ceux qui sont mis au rebut et exclus.

    Dans la Nativité de Jésus se profile déjà le choix fondamental qui guidera toute la vie du Fils de Dieu, jusqu’à sa mort sur la croix : le choix de ne pas nous faire porter le poids du péché, mais de le porter Lui-même pour nous, d’en assumer la charge. Lui seul pouvait le faire. Mais Il a montré en même temps ce que nous seuls pouvons faire, c’est-à-dire assumer chacun notre part de responsabilité. Oui, car Dieu, qui nous a créés sans nous, ne peut nous sauver sans nous (cf. saint Augustin, Discours 169, 11. 13), sans notre libre volonté d’aimer. Celui qui n’aime pas n’est pas sauvé, il est perdu. Et celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, ne peut aimer Dieu qu’il ne voit pas (cf. 1 Jn 4, 20).

    Sœurs et frères, voici le chemin de la paix : la responsabilité. Si chacun – à tous les niveaux –, au lieu d’accuser les autres, reconnaissait d’abord ses propres fautes et demandait pardon à Dieu, et en même temps se mettait à la place de ceux qui souffrent, se montrait solidaire des plus faibles et des opprimés, alors le monde changerait.

    Jésus-Christ est notre paix avant tout parce qu’Il nous libère du péché, ensuite parce qu’Il nous montre la voie à suivre pour surmonter les conflits, tous les conflits, des conflits interpersonnels aux conflits internationaux. Sans un cœur libéré du péché, un cœur pardonné, on ne peut être un homme ou une femme pacifique, artisan de paix. C’est pour cela que Jésus est né à Bethléem et qu’il est mort sur la croix : pour nous libérer du péché. Il est le Sauveur. Avec sa grâce, nous pouvons et devons tous faire notre part pour rejeter la haine, la violence, la confrontation et pratiquer le dialogue, la paix, la réconciliation.

    En ce jour de fête, je souhaite adresser un salut chaleureux et paternel à tous les chrétiens, en particulier à ceux qui vivent au Moyen-Orient que j’ai voulu rencontrer récemment lors de mon premier Voyage apostolique. J’ai écouté leurs craintes et je connais bien leur sentiment d’impuissance face à des dynamiques de pouvoir qui les dépassent. L’Enfant qui naît aujourd’hui à Bethléem est le même Jésus qui dit : « Ayez la paix en moi. Dans le monde, vous avez à souffrir, mais courage ! Moi, je suis vainqueur du monde ! » (Jn 16, 33).

    Nous L’invoquons, pour la justice, la paix et la stabilité pour au Liban, en Palestine, en Israël et en Syrie, confiants dans ces paroles divines : « L’œuvre de la justice sera la paix, et la pratique de la justice, le calme et la sécurité pour toujours » (Is 32, 17).

    Nous confions au Prince de la Paix tout le continent européen, en Lui demandant de continuer d’y inspirer un esprit communautaire et de collaboration, fidèle à ses racines chrétiennes et à son histoire, un esprit solidaire et accueillant envers ceux qui sont dans le besoin. Nous prions tout particulièrement pour le peuple ukrainien meurtri : que le bruit des armes cesse et que les parties impliquées, soutenues par l’engagement de la communauté internationale, trouvent le courage de dialoguer de manière sincère, directe et respectueuse.

    Nous supplions l’Enfant de Bethléem d’accorder la paix et la consolation aux les victimes de toutes les guerres en cours dans le monde, en particulier celles qui sont oubliées, et pour tous ceux qui souffrent à cause de l’injustice, de l’instabilité politique, de la persécution religieuse et du terrorisme. Je pense en particulier à nos frères et sœurs du Soudan, du Soudan du Sud, du Mali, du Burkina Faso et de la République Démocratique du Congo.

    En ces derniers jours du Jubilé de l’Espérance, prions le Dieu-fait-homme pour le cher peuple d’Haïti, afin que cesse toute forme de violence dans le pays et qu’il puisse progresser sur la voie de la paix et de la réconciliation.

    Que l’Enfant Jésus inspire tous ceux qui, en Amérique latine, ont des responsabilités politiques afin que, face aux nombreux défis, la place soit donnée au dialogue pour le bien commun et non pas aux préjugés idéologiques et partisans.

    Nous demandons au Prince de la Paix d’éclairer le Myanmar de la lumière d’un avenir de réconciliation. Qu’Il redonne espérance aux jeunes générations, qu’Il guide le peuple birman sur les chemins de la paix et qu’Il accompagne ceux qui sont privés de logement, de sécurité ou de confiance en l’avenir.

    Nous Lui demandons de rétablir l’ancienne amitié entre la Thaïlande et le Cambodge et que les parties concernées continuent à œuvrer pour la réconciliation et la paix.

    Nous Lui confions également les populations d’Asie du Sud et d’Océanie, durement éprouvées par de récentes et dévastatrices catastrophes naturelles qui ont frappé durement des populations entières. Face à ces épreuves, j’invite chacun à renouveler avec conviction l’engagement commun à venir en aide à ceux qui souffrent.

    Chers frères et sœurs,

    dans l’obscurité de la nuit, « la vraie Lumière qui éclaire tout homme » est venue au monde (Jn 1, 9), mais « les siens ne l’ont pas reçue » (Jn 1, 11). Ne nous laissons pas gagner par l’indifférence envers ceux qui souffrent, car Dieu n’est pas indifférent à nos misères.

    En se faisant homme, Jésus prend sur Lui notre fragilité, Il s’identifie à chacun de nous : à ceux qui n’ont plus rien et ont tout perdu, comme les habitants de Gaza ; à ceux qui sont en proie à la faim et à la pauvreté, comme le peuple yéménite ; à ceux qui fuient leur terre pour chercher un avenir ailleurs, comme les nombreux réfugiés et migrants qui traversent la Méditerranée ou parcourent le continent américain ; à ceux qui ont perdu leur emploi et ceux qui en cherchent un, comme tant de jeunes qui peinent à trouver un travail ; à ceux qui sont exploités, comme les trop nombreux travailleurs sous-payés ; à ceux qui sont en prison et vivent souvent dans des conditions inhumaines.

    Au cœur de Dieu parvient l'invocation de paix qui monte de chaque terre, comme l'écrit un poète :

    « Non pas la paix d'un cessez-le-feu,
    ni même la vision du loup et de l'agneau,
    mais plutôt
    comme dans le cœur quand l'excitation est passée
    et qu'on ne peut parler que d'une grande fatigue.
    […]
    Qu'elle vienne
    comme les fleurs sauvages,
    à l'improviste, car le champ
    en a besoin : une paix sauvage ». [1]

    En ce jour saint, ouvrons notre cœur à nos frères et sœurs qui sont dans le besoin et dans la peine. Ce faisant, nous l’ouvrons à l’Enfant Jésus qui nous accueille à bras ouverts et nous révèle sa divinité : « Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu » (Jn 1, 12).

    Dans quelques jours, l’année jubilaire prendra fin. Les portes saintes se fermeront, mais le Christ, notre espérance, restera toujours avec nous ! Il est la Porte toujours ouverte qui nous introduit dans la vie divine. Telle est la bonne nouvelle de ce jour : l’Enfant qui est né est Dieu –fait-homme ; Il ne vient pas pour condamner mais pour sauver ; son apparition n’est pas éphémère, Il vient pour rester et se donner Lui-même. En Lui, chaque blessure est guérie et chaque cœur trouve repos et paix. « La Nativité du Seigneur est une Nativité de paix ».

    Je souhaite de tout cœur à chacun un serein et saint Noël !


    [1] Y. Amichai, « Wildpeace », dans The Poetry of Yehuda Amichai, Farrar, Straus and Giroux, 2015.

  • Homélie du pape Léon XIV pour la messe du jour de Noël

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    SOLENNITÉ DU NOËL DU SEIGNEUR
    MESSE DU JOUR

    HOMÉLIE DU PAPE LÉON XIV

    Basilique Saint-Pierre
    Jeudi 25 décembre 2025

    Chères sœurs et chers frères !

    « Éclatez en cris de joie » (Is 52, 9), crie le messager de paix à ceux qui se trouvent parmi les ruines d’une ville à reconstruire entièrement. Même s’ils sont poussiéreux et blessés, ses pieds sont beaux – écrit le prophète (cf. Is 52, 7) – car, à travers des routes longues et accidentées, ils ont apporté une joyeuse nouvelle, dans laquelle tout renaît désormais. C’est un jour nouveau ! Nous participons nous aussi à ce tournant, auquel personne ne semble encore croire : la paix existe et elle est déjà parmi nous.

    « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne » (Jn 14, 27). C’est ce que Jésus a dit à ses disciples, auxquels il venait de laver les pieds, messagers de paix qui, à partir de ce moment-là, devraient courir de par le monde, sans se lasser, pour révéler à tous « de pouvoir devenir enfants de Dieu » (Jn 1, 12). Aujourd’hui, donc, non seulement nous sommes surpris par la paix qui est déjà là, mais nous célébrons comment ce don nous a été fait. En effet, c’est dans le comment que brille la différence divine qui nous fait éclater en chants de joie. Ainsi, dans le monde entier, Noël est par excellence une fête de musique et de chants.

    Le prologue du quatrième Évangile est également un hymne qui a pour protagoniste le Verbe de Dieu. Le “verbe” est un mot qui agit. C’est une caractéristique de la Parole de Dieu : elle n’est jamais sans effet. À bien y regarder, beaucoup de nos paroles produisent elles aussi des effets, parfois indésirables. Oui, les mots agissent. Mais voici la surprise que nous réserve la liturgie de Noël : le Verbe de Dieu apparaît et ne sait pas parler, il vient à nous comme un nouveau-né qui ne fait que pleurer et vagir. Il « s’est fait chair » (Jn 1, 14) et, même s'il grandira et apprendra un jour la langue de son peuple, pour l'instant, seule sa présence simple et fragile parle. La « chair », c’est la nudité radicale qui, à Bethléem et au Calvaire, manque aussi de mots ; tout comme n’ont pas non plus de paroles beaucoup de nos frères et sœurs dépouillés de leur dignité et réduits au silence. La chair humaine demande des soins, invoque l’accueil et la reconnaissance, recherche des mains capables de tendresse et des esprits disposés à l’écoute, désire de bonnes paroles.

    « Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu » (Jn 1, 11). Voici la manière paradoxale dont la paix est déjà parmi nous : le don de Dieu nous engage, il cherche à être accueilli et suscite le dévouement. Il nous surprend parce qu’il s’expose au rejet, il nous enchante parce qu’il nous arrache à l’indifférence. Devenir enfants de Dieu est un véritable pouvoir : un pouvoir qui reste enfoui tant que nous restons détachés des pleurs des enfants et de la fragilité des personnes âgées, du silence impuissant des victimes et de la mélancolie résignée de ceux qui font le mal qu’ils ne veulent pas.

    Comme l’a écrit le bien-aimé Pape François, pour nous ramener à la joie de l’Évangile : « Parfois, nous sommes tentés d’être des chrétiens qui se maintiennent à une prudente distance des plaies du Seigneur. Pourtant, Jésus veut que nous touchions la misère humaine, la chair souffrante des autres. Il attend que nous renoncions à chercher ces abris personnels ou communautaires qui nous permettent de nous garder distants du cœur des drames humains, afin d’accepter vraiment d’entrer en contact avec l’existence concrète des autres et de connaître la force de la tendresse » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 270).

    Chers frères et sœurs, puisque le Verbe s’est fait chair, c’est désormais la chair qui parle, qui crie le désir divin de nous rencontrer. Le Verbe a établi parmi nous sa fragile tente. Et comment ne pas penser aux tentes de Gaza, exposées depuis des semaines à la pluie, au vent et au froid, et à celles de tant d’autres réfugiés et déplacés sur chaque continent, ou aux abris de fortune de milliers de personnes sans-abri dans nos villes ? Fragile est la chair des populations vulnérables, éprouvées par tant de guerres en cours ou terminées, laissant derrière elles des ruines et des blessures ouvertes. Fragiles sont les esprits et les vies des jeunes contraints de prendre les armes, qui, sur le front, ressentent l’absurdité de ce qui leur est demandé et le mensonge dont sont imprégnés les discours grandiloquents de ceux qui les envoient mourir.

    Lorsque la fragilité d’autrui pénètre notre cœur, lorsque la douleur d’autrui brise nos certitudes granitiques, alors la paix commence déjà. La paix de Dieu naît d’un vagissement accueilli, d’un pleur entendu : elle naît parmi les ruines qui appellent une nouvelle solidarité, elle naît de rêves et de visions qui, comme des prophéties, inversent le cours de l’histoire. Oui, tout cela existe, car Jésus est le Logos, le sens à partir duquel tout a pris forme. « C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui » (Jn 1, 3). Ce mystère nous interpelle depuis les crèches que nous avons construites, il nous ouvre les yeux sur un monde où la Parole résonne encore, “à maintes reprises et de bien des manières” (cf. He 1, 1), et nous appelle encore à la conversion.

    Certes, l’Évangile ne cache pas la résistance des ténèbres à la lumière, il décrit le chemin de la Parole de Dieu comme une route impraticable, semée d’embûches. Jusqu’à aujourd’hui, les authentiques messagers de paix suivent le Verbe sur cette voie, qui finit par atteindre les cœurs : des cœurs inquiets, qui désirent souvent précisément ce à quoi ils résistent. Ainsi, Noël motive de nouveau une Église missionnaire, la poussant sur les chemins que la Parole de Dieu lui a tracés. Nous ne servons pas une parole autoritaire – elles résonnent déjà partout – mais une présence qui suscite le bien, en connaît l’efficacité, n’en revendique pas le monopole.

    Voici le chemin de la mission : un chemin vers l’autre. En Dieu, chaque parole est une parole adressée, une invitation à la conversation, une parole qui n’est jamais la même. C’est le renouveau que le Concile Vatican II a promu et que nous ne verrons fleurir qu’en marchant ensemble avec l’humanité tout entière, sans jamais nous en séparer. Le contraire est mondain : avoir soi-même pour centre. Le mouvement de l’Incarnation est un dynamisme de conversation. Il y aura la paix lorsque nos monologues s’interrompront et que, fécondés par l’écoute, nous tomberons à genoux devant la chair nue de l’autre. La Vierge Marie est précisément en cela la Mère de l’Église, l’Étoile de l’évangélisation, la Reine de la paix. En elle, nous comprenons que rien ne naît de la démonstration de la force et que tout renaît de la puissance silencieuse de la vie accueillie.

  • Les approches actuelles ont aggravé les divisions plutôt que de les apaiser (Cardinal Müller)

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    Du Catholic Herald :

    Le cardinal Müller s'exprime sur le dialogue, la tradition et les tensions internes au sein de l'Église

    23 décembre 2025

    Le cardinal Gerhard Ludwig Müller a accusé le Vatican d'appliquer un double standard préjudiciable, arguant que ses appels constants au dialogue et au respect sont appliqués de manière sélective et trop souvent refusés aux fidèles catholiques eux-mêmes.

    Dans une récente interview accordée à Michael Haynes de Pelican +, l'ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi a déclaré que les approches actuelles avaient aggravé les divisions plutôt que de les apaiser. Il a fait valoir que si les autorités ecclésiastiques insistent souvent sur l'ouverture et le respect dans leur engagement envers les mouvements culturels contemporains, cet esprit n'est pas systématiquement étendu aux catholiques pratiquants, en particulier ceux qui souhaitent assister à la messe traditionnelle en latin.

    Les remarques du cardinal Müller interviennent dans le cadre d'un débat prolongé sur la décision de restreindre la célébration de la messe romaine traditionnelle, une mesure qui a touché les diocèses et les communautés religieuses du monde entier. Interrogé directement sur cette politique, le cardinal allemand a déclaré qu'il n'était « pas très bon » que le pape François ait supprimé le rite tridentin « de manière autoritaire ».

    L'ancien préfet est allé plus loin, suggérant que la rhétorique du pape François avait injustement stigmatisé un groupe important de catholiques fidèles. Le pape François, a déclaré le cardinal Müller, avait « blessé et commis une injustice en accusant tous ceux qui aiment l'ancienne forme du rite d'être contre le Concile Vatican II de manière générale, sans aucune justice différenciée envers les personnes individuelles ».

    Le cardinal a souligné que l'unité de l'Église ne peut être maintenue par des mesures coercitives. « Nous n'avons pas de système policier dans l'Église, et nous n'en avons pas besoin. » Il a ajouté que « le pape et les évêques doivent être de bons bergers ».

    L'évaluation par le cardinal Müller du traitement réservé aux catholiques traditionnels peut sembler évidente pour certains, mais elle soulève une question plus large : l'Église sait-elle encore ce qu'elle cherche à être ? La manière dont l'Église établit ses priorités révèle ce qu'elle croit au sujet de la vérité, de l'autorité et de la personne humaine, et si la doctrine est quelque chose qui doit être vécue et enseignée, ou gérée et mise de côté. La tension actuelle porte donc moins sur la liturgie ou la personnalité que sur un changement dans la culture ecclésiale, où l'image et les gestes remplacent de plus en plus la cohérence théologique.

    C'est dans ce contexte qu'il faut lire les propos du cardinal Gerhard Ludwig Müller. Sa critique de ce qu'il considère comme un double standard à Rome n'est pas une complainte conservatrice pour un passé révolu, mais le diagnostic d'un phénomène plus profond. « Ils parlent sans cesse de dialogue et de respect pour les autres », a déclaré le cardinal, ajoutant que « lorsqu'il s'agit de l'agenda homosexuel et de l'idéologie du genre, ils parlent de respect, mais envers leur propre peuple, ils n'ont aucun respect ».

    Le problème n'est pas que l'engagement avec le monde moderne soit mauvais. L'Église est, par nature, universelle. Le problème survient lorsque cet engagement devient performatif, sélectif et détaché du centre de gravité doctrinal de l'Église.

    Il ne s'agit pas simplement d'une plainte concernant le processus. Cela souligne un échec de la discrimination théologique, une incapacité ou un refus de distinguer entre l'attachement légitime à la tradition et l'opposition idéologique au Concile.

    Il en ressort l'image d'une Église de plus en plus à l'aise avec les spectacles publics à grande échelle, le soutien de célébrités et les messages soigneusement contrôlés, tout en semblant mal à l'aise avec le travail lent et discret de formation doctrinale. Rome est aujourd'hui saturée d'événements, de conférences, de concerts et de rencontres organisées dans le but de projeter une image d'ouverture et de pertinence. Pourtant, les catholiques qui réclament la continuité, la doctrine ou la tradition se retrouvent souvent traités comme des problèmes à contenir plutôt que comme des membres de l'Église catholique romaine.

    Le danger actuel n'est pas que l'Église s'engage dans le monde, mais qu'elle s'oublie elle-même dans ce processus. Lorsque la doctrine est considérée comme un embarras, la tradition comme un handicap et la stabilité comme ennuyeuse, le résultat n'est pas le renouveau, mais la confusion. La crédibilité de l'Église ne repose pas sur le spectacle ou l'approbation, mais sur sa volonté d'être reconnaissable et assumée en tant que catholique.

  • Des groupes armés planifient des attaques coordonnées contre des communautés chrétiennes dans le nord du Nigeria pendant la période de Noël

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    De sur le CWR :

    Les chrétiens nigérians sont à nouveau confrontés à des menaces d'attaques meurtrières pendant la période de Noël.

    Le fondateur de l'organisation « Équiper les persécutés » affirme détenir des informations privilégiées concernant des complots de terroristes et de bandits visant à attaquer des communautés rurales et à tuer le plus de personnes possible le jour de Noël.

    Une organisation humanitaire basée aux États-Unis a lancé un avertissement alarmant : des groupes armés planifient des attaques coordonnées contre des communautés chrétiennes dans le nord du Nigeria pendant la période de Noël.

    L'organisation à but non lucratif Equipping the Persecuted fournit un soutien et des ressources essentiels spécifiquement aux chrétiens persécutés au Nigéria et dans le monde entier.

    Inquiétudes concernant d'éventuels attentats le jour de Noël

    Judd Saul, le fondateur de l'organisation Equipping the Persecuted, affirme détenir des informations privilégiées selon lesquelles des terroristes et des bandits complotent pour attaquer des communautés rurales dans les zones rurales et tuer le plus de personnes possible le jour de Noël.

    « Ils rassemblent des forces autour du Plateau et de la frontière de Nasarawa, le long de la frontière entre Nasarawa et Benue, et le long de la frontière entre Nasarawa et Kaduna. Ils prévoient de frapper le jour de Noël à Riyom, Bokkos et Barkin Ladi », a déclaré Saul lors d'un sommet d'urgence sur les crimes contre les chrétiens qui s'est tenu au Capitole américain le mardi 16 décembre.

    Organisé par le Comité international pour le Nigéria et l'Alliance juive africaine, le sommet a réuni des dirigeants politiques et des experts en matière de persécution, qui ont discuté de statistiques documentant l'ampleur de la persécution des chrétiens dans le monde et les efforts déployés pour la combattre.

    « Nous avons reçu des informations très fiables selon lesquelles ils se préparent à commettre un massacre le jour de Noël. J'implore le gouvernement nigérian et le président Donald Trump d'agir afin d'éviter un massacre de chrétiens au Nigéria », a déclaré Saul.

    Alors que la présidence nigériane a publiquement minimisé la menace, son propre conseiller à la sécurité nationale a secrètement appelé à une vigilance accrue, reconnaissant des risques élevés.

    Cet avertissement est d'une gravité terrifiante, s'inscrivant dans une série de massacres brutaux perpétrés pendant les fêtes. L'an dernier, des militants peuls ont tué onze chrétiens dans l'État de Benue le matin de Noël.

    L’année précédente, une attaque perpétrée la veille de Noël 2023 dans l’État du Plateau avait fait plus de 140 morts et 300 blessés. Il ne s’agit pas d’incidents isolés, mais d’un épisode tragique de l’histoire des attaques de Boko Haram et d’autres groupes contre les fidèles lors de l’un des jours les plus sacrés du calendrier chrétien.

    « Ils préparent un autre massacre de Noël », a averti Saul.

    Le sommet a également vu la participation de Franc Utu, chercheur à l'Université de Central Oklahoma et ancien assistant spécial principal du gouverneur de l'État de Benue, qui a été présenté comme un « survivant des violences peules ».

    Il a apporté un éclairage sur le massacre de juin à Yelwata, au cours duquel au moins 200 personnes ont été tuées.

    « Je viens de Yelwata, l'épicentre des massacres des 13 et 14 juin de cette année, 2025. Je viens de l'État de Benue, qui est le grenier du Nigeria, mais qui s'est malheureusement transformé en cimetière du Nigeria », a déclaré Utu.

    « Mon village, Yelwata, a été attaqué les 13 et 14 juin, du 13 à 21 h au 14 juin à 1 h, par des djihadistes islamistes. Ce n'est qu'une attaque parmi tant d'autres. Depuis dix ans, nous vivons dans un village constamment attaqué par ces djihadistes, chaque mois. »

    Il a déclaré que le massacre de juin était particulièrement choquant, compte tenu du nombre considérable de victimes.

    « En quatre heures, 278 de mes proches ont été anéantis de la manière la plus horrible. Ils n'ont pas seulement été abattus. Beaucoup ont été sauvagement massacrés. »

    Un climat de peur s'empare du pays

    Les éléments recueillis sur le terrain laissent penser qu'une répétition des massacres du passé pourrait se produire au Nigéria, en particulier pendant cette période festive, où beaucoup auraient baissé leur garde.

    « D’après ce que j’ai pu observer sur le terrain, l’inquiétude soulevée par le PDG d’Equipping the Persecuted doit être prise au sérieux », a déclaré Emeka Umeagbalasi, directeur de l’ONG catholique Intersociety (Société internationale pour les libertés civiles et l’État de droit), faisant référence à l’avertissement de l’Américain concernant la possibilité d’attaques contre les chrétiens le jour de Noël.

    Il a déclaré à CWR qu'il était encore plus inquiet du fait que de tels avertissements ne susciteraient aucune prise de conscience au sein de l'appareil sécuritaire nigérian, réitérant les accusations selon lesquelles les forces de sécurité sont complices du meurtre de chrétiens au Nigeria.

    « Les forces de sécurité nigérianes sont devenues si lamentablement incompétentes qu’elles fonctionnent désormais comme des organisations de la société civile ou des organismes de surveillance. Leur rôle se limite à donner l’alerte, confirmer les incidents, transporter les corps et évacuer les blessés après les attaques », a-t-il déclaré à CWR.

    « Même si on leur fournit vingt rapports de renseignement préventifs, ils ne sont pas prêts à réagir », a-t-il déclaré. « Chaque jour, nous continuons de recevoir des rapports inquiétants faisant état de complots, de sabotages, de complicité, d'aide et de soutien de la part des forces de sécurité et de leurs supérieurs. »

    L'incertitude est si profonde que le climat général dans le pays est celui de la peur, la peur de l'inconnu.

    « L'ambiance ici est vraiment très angoissante. Tout le monde a peur », a déclaré Umeagbalasi.

    « Presque toutes les routes du Nigeria sont des pièges mortels. Elles sont assiégées par des djihadistes, des éleveurs peuls et d'autres groupes armés. Il n'y a aucune région du pays où l'on ait envie de se rendre maintenant, même si le voyage est dangereux… »

    Okocha Otoogi, un chrétien laïc de l'État de Plateau, a appelé les jeunes à « se tenir prêts à défendre leur communauté ».

    « Dans de telles circonstances, les prières ne suffiront pas sans combat », a-t-il déclaré.

    « Notre Dieu que nous servons ne permettra pas que nous soyons tués comme des poulets », a déclaré Gabriel Gyang Ishaya, un croyant laïc.

    « Si Dieu permet que nous soyons tués, c’est qu’il veut que nous allions nous reposer auprès de lui au ciel », a-t-il ajouté.

    Des statistiques alarmantes sur la persécution

    L’avertissement glaçant selon lequel les chrétiens nigérians pourraient à nouveau être frappés par des « fleuves de sang », une expression rendue célèbre par l’évêque Matthew Hassan Kukah du diocèse de Sokoto, résonne particulièrement fort à Noël et lors de la célébration de la naissance du Christ.

    Cela rappelle cruellement les atrocités subies par les chrétiens nigérians depuis 2009, date à laquelle l'organisation terroriste Boko Haram a lancé sa campagne meurtrière pour établir un califat à travers le Sahel.

    Intersociety rapporte que depuis lors, au moins 185 000 personnes ont été tuées en raison de leur foi au Nigéria, dont 125 000 chrétiens et 60 000 musulmans non violents.

    Par ailleurs, 19 100 églises ont été réduites en cendres et 1 100 communautés chrétiennes entières ont été prises d’assaut et occupées par des forces djihadistes prétendument soutenues ou protégées par le gouvernement. Les statistiques révèlent également que 600 religieux ont été enlevés et que des dizaines d’autres ont été tués ou ont disparu au cours de la période considérée, tandis que quelque 15 millions de personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers.

    Des repaires de djihadistes découverts à Enugu

    La crainte que la joie de Noël ne se transforme en chaos a été renforcée par la découverte de plus de 20 repaires de djihadistes dans les communautés d'Ezeagu, dans l'État d'Enugu.

    D'après les chercheurs d'Intersociety, ces camps sont extrêmement organisés, suivant une structure à six niveaux. Le rapport indique que chaque niveau est coordonné par un « alhaji », également membre de la Miyetti Allah Cattle Breeders Association of Nigeria (MACABAN), une organisation qui, selon le rapport, bénéficie de la protection des forces de sécurité nigérianes. Ces coordinateurs seraient chargés de vastes zones forestières, laissant leurs troupeaux errer librement et semer la destruction en toute impunité, causant des pertes humaines, matérielles et économiques considérables.

    Intersociety affirme que les opérations djihadistes sont coordonnées depuis un quartier général situé le long du fleuve Ajali et de sa vallée, et que leurs activités s'étendent à au moins 14 communautés touchées. Les villages les plus durement frappés seraient Imezi-Owa, Agu-obu-Owa, Olo, Mgbagbu-Owa et Oghe. L'organisation allègue également que le camp principal se trouve à Agu-obu-Owa, à proximité immédiate d'un lycée.

    Cette situation a engendré de graves conséquences environnementales et économiques, notamment pour les communautés qui dépendent depuis longtemps de la rivière Ajali. Intersociety a mis en lumière la splendeur passée de cette rivière, rappelant qu'elle fut jadis l'une des sources d'eau potable les plus pures du Sud-Est et qu'elle a constitué la base des systèmes d'approvisionnement en eau des États d'Enugu et d'Ebonyi depuis les années 1980.

    La région abritait également l'une des plus importantes industries de noix de cajou et un commerce florissant de manioc. Les terres agricoles fertiles bordant le fleuve produisaient du manioc en quantités industrielles, approvisionnant le marché d'Eke-Abonuzu, autrefois très animé et qui était le plus grand marché de manioc de l'État d'Enugu dans les années 1980.

    L'organisation signale que ce centre économique florissant a été ravagé. La rivière Ajali et ses environs sont « profanés par les exactions djihadistes » depuis 2010, et le grand marché du manioc n'est plus que l'ombre de lui-même, détruisant les moyens de subsistance qu'il assurait autrefois.

    Un pays « particulièrement préoccupant »

    Les attaques contre les chrétiens nigérians ont été si fréquentes et si intenses qu'en octobre 2025, l'administration Trump a reclassé le Nigeria comme pays particulièrement préoccupant, affirmant qu'il se livrait à de graves violations de la liberté religieuse ou les tolérait.

    Le président Trump a affirmé que le Nigeria commettait un génocide contre les chrétiens, des groupes extrémistes comme Boko Haram et les éleveurs peuls figurant parmi les plus de 20 groupes djihadistes responsables d'atrocités contre les chrétiens et les musulmans modérés.

    La première administration Trump a conféré au Nigéria le statut de pays catholique en 2020, mais en novembre 2021, l'administration Biden a inexplicablement retiré cette désignation, s'attirant de vives critiques de la part de la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale (USCIRF).

    Cette désignation récente pourrait permettre au gouvernement américain d'utiliser divers outils pour demander des comptes au gouvernement nigérian, notamment des sanctions ciblées, des restrictions sur l'aide et des pressions diplomatiques pour remédier à la situation.

    Trump a déjà menacé d'une action militaire contre le Nigeria si le gouvernement du pays ne prend pas de mesures pour endiguer la persécution des chrétiens.

  • Pièces grégoriennes pour la Nativité de Notre-Seigneur

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    Du site d'Una Voce :

  • Bois-Seigneur-Isaac : le rayonnement inattendu du monastère Saint-Charbel

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    De Bérangère de Portzamparc sur Aleteia.org :

    En Belgique, le rayonnement inattendu du monastère Saint-Charbel

    23/12/25
     
    C’est dans le village bien nommé Bois-Seigneur-Isaac, en Belgique, que se trouve le monastère saint Charbel, l’un des trois d’Europe. Sur place, cinq prêtres maronites accueillent de nombreux pèlerins pour se recueillir devant quatre reliques sacrées. Reportage.
     

    C'est dans le silence d'un après-midi frais mais ensoleillé de décembre que se découvre le monastère Saint Charbel situé en Belgique, dans le village bien nommé Bois-Seigneur-Isaac, de la commune de Braine-l'Alleud, (province du Brabant-Wallon). Avec son château avoisinant appartenant depuis plusieurs générations à une grande famille de la noblesse belge, les Snoy, l’abbaye constitue le cœur même du village et il y règne depuis plus de 600 ans, une atmosphère toute particulière, empreinte de calme et de spiritualité.

    L’abbaye devient monastère

    Les cinq prêtres et moines du rite maronite se sont installés en 2010 dans cette abbaye séculaire dédiée à la Vierge, construite au XIème siècle par le seigneur Isaac de Valenciennes, tout juste rentré des croisades. Au XVème siècle, lors d’une messe, un miracle eucharistique y a lieu, et l’évêque de Cambrai permet alors que la chapelle devienne un lieu de pèlerinage pour venir se recueillir devant le "Saint-Sang", relique toujours visible aujourd’hui. L’abbaye va accueillir plusieurs ordres au fil des siècles, les Augustins jusqu’à la Révolution puis les Prémontrés jusqu’à l’Ordre libanais maronite aujourd'hui. 

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