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Persécutions antichrétiennes

  • Le bienheureux Clemens August von Galen : un évêque face au nazisme (22 mars)

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    Clemens August von Galen - évêque, opposant, bienheureux

    Du numero 145 de la revue Sedes Sapientiae (Fraternité Saint-Vincent-Ferrier) :

    Le cardinal von Galen, évêque de Münster de 1933 à 1946, a été béatifié par Benoît XVI le 9 octobre 2005. Jérôme Fehrenbach, dans la biographie qu’il lui consacre [1], s’arrête à sa mort en mars 1946 et n’évoque pas du tout la procédure de béatification engagée à la fin des années 1950 et qui a abouti près d’un demi-siècle plus tard. Incompréhensiblement, il n’utilise pas la très abondante source historique et biographique que constituent les témoignages sous serment recueillis lors du procès de béatification [2]. Sans doute a-t-il estimé que les très importantes et intéressantes archives de la famille von Galen auxquelles il a eu accès (correspondances, etc.) suffisaient à dresser un portrait intime, personnel et spirituel à la fois, du grand évêque. Mais, ce faisant, il s’est privé des résultats d’une enquête systématique qui, comme dans tout procès de béatification, a porté, non seulement sur toutes les étapes de la vie du cardinal von Galen, mais aussi sur la façon dont il a pratiqué les différentes vertus (cardinales et théologales) et sur les questions difficiles qui pouvaient donner lieu à des objections.

    Si cette nouvelle biographie de von Galen apporte beaucoup d’éléments nouveaux, elle peut être complétée par d’autres travaux et d’autres sources pour mieux connaître cette grande figure de l’Église allemande contemporaine et mieux comprendre certaines de ses décisions et certains de ses actes.

    Une famille ancrée dans la tradition catholique

    Mgr von Galen était fier de ses séculaires origines terriennes et westphaliennes. Il les revendiqua publiquement dans un sermon prononcé en novembre 1937 : « C’est un fait établi, assorti de preuves documentaires, que mes ancêtres, des hommes de mon nom et de ma maison, dont le sang coule dans mes veines, depuis plus de 700 années, ont leur fief ici en Münsterland et sur les rives de la Lippe, que mes ancêtres en tant qu’allemands et allemandes ont vécu ici et sont morts ici. »

    C’est une famille de grands propriétaires terriens qui a compté de nombreux officiers, des ecclésiastiques et, au XIXe et XXe siècles, des députés. Déjà curé à Münster, Clemens August écrivait à sa sœur Agnès en 1921 : « Souvent je repense à la chance et au privilège que nous avons eus – et qu’ont vos enfants […] d’avoir en partage la foi catholique et la vie de l’Église catholique comme quelque chose de parfaitement naturel, au point que cela signifierait une rupture avec son propre passé, avec les racines natales, avec le foyer familial, si l’on s’en éloignait [3]. »

    La marque commune à tous les membres de cette famille est l’attachement à la foi catholique, non seulement par une pratique régulière (messe quotidienne et prière du soir dans la chapelle du château ancestral de Dinklage), mais aussi par une vie privée conforme à ses convictions et par un engagement public au service de l’Église.

    Né en 1878, Clemens August fit sa première communion, avec son frère Franz, en 1890, à l’âge tardif de 12 ans, selon la coutume de l’époque que Pie X modifiera vingt ans plus tard. À cette occasion, leur mère leur offrit à chacun un exemplaire de l’Imitation de Jésus-Christ, avec comme dédicace un seul mot : Modicum. Tout un programme de vie.

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  • Les chrétiens d'Arménie et la conscience catholique

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    De Paul Polman sur The Catholic Herald :

    Le coût moral de notre énergie : les chrétiens d'Arménie et la conscience catholique

    17 mars 2025

    Lorsque Mère Teresa parlait de « la soif d'amour », elle nous rappelait que notre foi exige que nous reconnaissions le Christ dans la souffrance d'autrui. Aujourd'hui, ses paroles résonnent avec une douloureuse actualité alors que je songe au sort de Ruben Vardanyan, qui en est à son 23e jour de grève de la faim dans une cellule de prison azerbaïdjanaise. Après avoir enduré 550 jours de détention et de torture, cet homme de foi est confronté à un procès militaire secret pour avoir aidé les chrétiens arméniens du Haut-Karabakh.

    L'Église catholique enseigne depuis longtemps que la solidarité avec les opprimés n'est pas facultative, mais essentielle à notre foi. Cet enseignement prend une importance cruciale alors que la plus ancienne nation chrétienne du monde est confrontée à un effacement systématique, tandis que les puissances occidentales cherchent à conclure des accords énergétiques avec leurs persécuteurs.

    L'enseignement social catholique met l'accent sur l'option préférentielle pour les pauvres et les vulnérables. Pourtant, où cette préférence se manifeste-t-elle dans notre réponse au nettoyage ethnique de 120 000 chrétiens arméniens en Azerbaïdjan ? Leurs églises, dont certaines datent du IVe siècle, sont détruites, leurs communautés dispersées et leurs dirigeants emprisonnés.

    La semaine dernière, l'Azerbaïdjan a expulsé le Comité international de la Croix-Rouge, privant ainsi de leur présence les derniers témoins internationaux du traitement réservé aux prisonniers comme Ruben. Par notre silence, nous devenons complices de la violation des droits humains fondamentaux que notre foi nous appelle à défendre.

    Le principe de subsidiarité nous appelle à soutenir les communautés vulnérables dans leur lutte pour l'autodétermination. Les chrétiens arméniens, sur leur terre ancestrale, cherchaient simplement à préserver leur foi et leur culture, des droits consacrés par l'enseignement catholique sur la dignité humaine. Au lieu de cela, ils ont été abandonnés par les puissances occidentales en quête de sources d'énergie alternatives après le conflit ukrainien.

    Durant mes années à la tête d'Unilever, j'ai été guidé par le principe catholique selon lequel l'activité économique doit servir le bien commun plutôt que des intérêts particuliers. Dans l'Évangile selon Matthieu, Jésus nous enseigne : « Toutes les fois que vous les avez faites à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous les avez faites » (Matthieu 25, 40). Nos partenariats énergétiques actuels avec des régimes autoritaires échouent lamentablement à ce test moral.

    Les chrétiens arméniens appartiennent à notre famille universelle de foi. Leurs Églises sont nos Églises ; leurs souffrances sont nos souffrances. En gardant le silence sur leur persécution tout en tirant profit du commerce avec leurs oppresseurs, nous trahissons cette vérité catholique fondamentale.

    L'indifférence envers les chrétiens persécutés est désormais institutionnalisée dans notre politique étrangère, où les préoccupations relatives aux droits de l'homme sont subordonnées à la sécurité énergétique. Le président azerbaïdjanais se moque ouvertement des valeurs occidentales, tout en recevant un accueil chaleureux à Bruxelles et à Londres.

    La conception catholique de la complicité morale enseigne que nous pouvons pécher par notre inaction. Par nos achats d'énergie et notre silence diplomatique, nous coopérons à la persécution des chrétiens arméniens par l'Azerbaïdjan.

    J'appelle mes frères catholiques à adopter trois actions ancrées dans notre foi : premièrement, pratiquer la solidarité par la prière et le jeûne pour les chrétiens arméniens et pour la libération de Ruben Vardanyan ; deuxièmement, contacter votre évêque et votre député afin de plaider en faveur de conséquences diplomatiques concrètes pour l'Azerbaïdjan ; troisièmement, soutenir les organisations catholiques d'aide humanitaire au service des familles arméniennes déplacées.

    La crise actuelle met à l'épreuve notre profession de foi, allant au-delà d'une rhétorique confortable, pour aller jusqu'au sacrifice significatif. Pour les chrétiens arméniens menacés d'extinction culturelle, notre réponse démontrera si notre foi apporte une lumière dans les ténèbres ou se contente de compenser l'injustice.

    La conversion de l'Arménie au christianisme, au IVe siècle, est antérieure à l'adhésion de nombreuses nations européennes à notre foi. Si nous laissons la plus ancienne nation chrétienne du monde se démembrer tout en poursuivant nos activités comme si de rien n'était, qu'est-ce que cela révèle de la profondeur de notre engagement catholique en faveur de la dignité humaine et de la liberté religieuse ?

    Allons-nous répondre à l’appel de nous tenir aux côtés de nos frères et sœurs arméniens en Christ, ou l’histoire retiendra-t-elle que nous avons choisi l’énergie bon marché plutôt qu’un discipulat coûteux ?

    Paul Polman est l'ancien directeur général d'Unilever (2009-2019) et l'un des principaux défenseurs des droits de l'homme qui a contribué à l'élaboration des Objectifs de développement durable des Nations Unies.

    (Photographie de Ruben Vardanyan avec l'aimable autorisation de sa famille)

  • La transmission de la foi dans l’Église cachée au Japon : un miracle

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    De Solveig Parent sur "1000 raisons de croire" :

    Japon

    De 1587 à 1853

    Le miracle de la transmission de la foi dans l’Église cachée japonaise

    Au Japon, une politique de fermeture du pays débute en 1587 avec l’expulsion des missionnaires chrétiens, puis avec l’interdiction pour les Japonais de sortir du territoire – ou d’y revenir s’ils s’étaient installés outre-mer – et l’expulsion de tous les étrangers illégaux. Un isolement complet vis-à-vis de l’Occident (sakoku) est mis en place, coupant de l’Église les Japonais chrétiens convertis quelques années plus tôt. Les chrétiens sont ensuite violemment persécutés pendant plus de deux cents ans : certains d’entre eux meurent martyrs lors d’exécutions publiques, d’autres continuent de pratiquer leur foi en secret. Il est véritablement exceptionnel que, dans ces circonstances, la foi en Christ ait pu se transmettre sur dix générations jusqu'à ce que le pay mette fin à l'isolement.

    Statue de la Vierge Marie, ressemblant au Kannon bouddhiste (collection Nantoyōsō, Japon) / © CC0, wikimedia.
    Statue de la Vierge Marie, ressemblant au Kannon bouddhiste (collection Nantoyōsō, Japon) / © CC0, wikimedia.

    Les raisons d'y croire :

    • Le christianisme a été introduit au Japon en 1549 par saint François-Xavier et s’est développé rapidement. Bien qu’il s’agisse d’une religion étrangère très différente du bouddhisme et du shintoïsme pratiqués jusqu’alors, on compte jusqu’à 30 000 chrétiens en 1570 et 150 000 dix ans plus tard. Si bien qu’une cinquantaine d’années seulement après le débarquement des premiers missionnaires, ils sont déjà 300 000 chrétiens japonais.
    • Mais le christianisme est interdit en 1614. Les shoguns s’ingénient à éradiquer cette religion : organisation d’un système de surveillance du voisinage, prime à la délation, torture pour pousser à l’apostasie, utilisation régulière de la méthode du fumi-e pour repérer les chrétiens qui refusent de piétiner les images de Jésus et de la Vierge Marie... Malgré la répression violente et durable, le christianisme ne s’éteint pas : des Japonais parviennent à demeurer chrétiens en secret et forment de petites communautés clandestines.
    • Les prières qui leur avaient été apprises sont en latin et, à cause des persécutions, il n’est pas possible de conserver d’écrits. Les communautés chrétiennes sont donc coupées du reste de l’Église, sans prêtres, sans catéchisme, sans bibles, sans livre de prières… Dans de telles conditions, il aurait été logique que le christianisme japonais disparaisse en l’espace de quelques dizaines d'années. Les exemples dont nous disposons ailleurs, dans des circonstances similaires, montrent qu’habituellement, la langue et la religion se perdent au bout de trois générations.
    • Le Japon ne s’ouvre à nouveau aux échanges avec les nations étrangères que deux cent vingt années plus tard, en 1853, mais le christianisme est alors toujours interdit aux Japonais. Un jeune prêtre des Missions étrangères de Paris, le père Bernard Thaddée Petitjean (1829 – 1884) débarque à Nagasaki. Le 17 mars 1865, il voit un groupe de femmes s’approcher, et l’une d’elles lui demande : « Où est la statue de la Vierge ? » À la grande surprise du prêtre, le groupe récite ensuite l’Ave Maria en latin. La femme explique au prêtre : « Notre cœur est semblable au vôtre », et elle ajoute qu’il y en a beaucoup comme eux derrière les collines. Ni le père Petitjean ni aucun autre occidental n’aurait osé espérer que des chrétiens soient encore présents sur la terre nipponne.

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  • Le premier saint du Pakistan ?

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    D'Amy Balog sur The Catholic Herald :

    Le premier saint du Pakistan ?

    15 mars 2025

    Akash Bashir, un agent de sécurité bénévole de 20 ans, s'est sacrifié en empêchant un kamikaze d'entrer dans l'église catholique Saint-Jean de Lahore, au Pakistan, il y a exactement 10 ans, le dimanche 15 mars 2015. Alors qu'il serrait le terroriste dans ses bras, quelques instants avant l'explosion, ses derniers mots furent : « Je mourrai, mais je ne te laisserai pas entrer. »

    Son martyre a sauvé la vie de plus d'un millier de fidèles présents dans l'église à l'époque. Le Vatican l'a déclaré Serviteur de Dieu en février 2022, lui ouvrant ainsi la voie pour devenir le tout premier saint de l'histoire de ce pays à majorité musulmane.

    Les églises au Pakistan ont commencé à recruter des agents de sécurité bénévoles après que deux kamikazes ont tué 127 personnes et blessé 250 autres lors d'une attaque contre l'église anglicane All Saints à Peshawar en septembre 2013. Dans une interview avec l'association caritative catholique Aide à l'Église en Détresse (ACN), la mère d'Akash a déclaré que son fils « a insisté pendant trois mois sur le fait qu'il voulait garder l'église », ajoutant que le jeune homme « était prêt à sacrifier sa vie si Dieu lui donnait une chance de protéger les autres ».

    Ce jour-là, Akash a empêché l'agresseur d'entrer dans l'église, le forçant à faire exploser sa ceinture explosive à l'extérieur. Deux autres personnes ont également été tuées, mais une tragédie encore plus grave a été évitée.

    Sa mère se souvient qu'elle « lavait du linge à la maison » lorsqu'Akash est parti à l'église ce dimanche-là. « Il était tout vêtu de blanc. Quelques instants plus tard, j'ai entendu des coups de feu dehors. Puis notre rue a grondé d'explosions… C'était un garçon simple, mort sur le chemin du Seigneur. »

    Le pasteur chrétien local, Samuel Ashan Khokhar, a prêté main-forte à la morgue après le transfert des corps. Il a raconté : « Ce fut un moment émouvant de voir le visage du garçon. Bien qu'inanimé, j'ai été frappé par sa beauté, profondément touché par le sourire et la sérénité qui émanaient du visage d'Akash. Il dégageait une présence lumineuse et sacrée qui rappelait les premiers martyrs chrétiens. »

    Quelques minutes après le sacrifice d'Akash, un deuxième kamikaze a visé l'église protestante du Christ toute proche. Plus de dix personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées dans cette seconde explosion. 

    Les parents de Bashir se tiennent avec leur curé, le père Francis Gulzar, devant le mémorial de leur fils, Akash | ACN

    Les racines du christianisme au Pakistan remontent au Ier siècle. Saint Thomas l'Apôtre arriva au Kerala, sur le sous-continent indien, en 52 après J.-C., avant de visiter l'actuelle province du Pendjab, où vit encore aujourd'hui la majorité des chrétiens pakistanais. Il aurait été martyrisé à Chennai, en Inde, en 72 après J.-C.

    On estime aujourd'hui à trois millions le nombre de chrétiens au Pakistan, soit moins de 2 % de la population. Ils vivent souvent dans une extrême pauvreté et sont régulièrement traités comme des citoyens de seconde zone, même si la liberté de religion est officiellement garantie par la Constitution. En effet, le pays a été initialement conçu comme un refuge pour les minorités religieuses, où les non-hindous pourraient échapper au système de castes indien.

    Les lois draconiennes du pays sur le blasphème sont également fréquemment utilisées à mauvais escient contre les chrétiens, souvent dans le cadre de vengeances personnelles. Par exemple, Asia Bibi, une mère catholique de cinq enfants, a passé huit ans dans le couloir de la mort pour blasphème après que des collègues l'ont accusée d'avoir insulté le prophète Mahomet lors d'une dispute. Elle a finalement été acquittée en 2018.

    Plus récemment, le 16 août 2023, la ville de Jaranwala, au Pendjab, a été secouée par une vague de violence que les évêques pakistanais ont qualifiée de « pire tragédie contre les chrétiens » de l'histoire du pays. Près d'un millier de personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers après qu'une foule a incendié des dizaines d'églises et des centaines de maisons chrétiennes. Ce carnage a débuté suite à des allégations selon lesquelles deux frères chrétiens auraient arraché des pages du  Coran  – un crime passible de la réclusion à perpétuité. 

    De nombreuses familles chrétiennes ont perdu tous leurs biens lors des émeutes de Jaranwala, et la foule a également profané un cimetière chrétien. Malheureusement, la police n'a pas réagi avant que la situation ne dégénère. Bien qu'au moins 5 000 personnes aient commis des actes de violence ce jour-là, moins de 400 ont été arrêtées. Parmi les personnes détenues, 228 ont été libérées sous caution et 77 ont vu les charges retenues contre elles abandonnées.

    Alors qu'ils vivent dans la crainte de nouvelles violences, les possibilités d'éducation et d'emploi des chrétiens pakistanais sont extrêmement limitées. De nombreux enfants chrétiens sont contraints de travailler dans des conditions inhumaines, et les filles sont particulièrement vulnérables aux mauvais traitements, notamment aux agressions sexuelles et aux mariages forcés.  

    En avril 2020, à Faisalabad, Maira Shahbaz, une adolescente catholique de 14 ans, a été emmenée de force dans une voiture par trois hommes armés, droguée, violée à plusieurs reprises, puis victime de chantage avec une vidéo des abus. Elle a ensuite été forcée de se convertir à l'islam et d'épouser l'un de ses ravisseurs. Des images de vidéosurveillance ont filmé son enlèvement, et l'affaire a été portée devant la Haute Cour de Lahore. Son ravisseur a insisté sur le fait qu'elle avait plus de 16 ans – l'âge minimum du mariage au Pakistan – en utilisant un faux certificat de naissance, tandis que sa mère a produit les documents originaux pour prouver son âge réel. De manière choquante, le tribunal a statué en faveur de l'homme et a contraint Maira à rentrer chez lui. Elle a finalement réussi à s'échapper, mais se cache encore aujourd'hui avec sa famille, menacée de mort après avoir été accusée d'apostasie. Chaque année, jusqu'à un millier de filles issues de minorités religieuses subissent un sort similaire au Pakistan. 

    L'aide d'Aide à l'Église en Détresse au Pakistan comprend des bourses et des programmes pastoraux pour les enfants chrétiens défavorisés, ainsi que des allocations de messe pour les prêtres et un soutien à la formation des séminaristes. La fondation pontificale a également soutenu l'Église au Pakistan en lui fournissant une aide d'urgence suite à des attaques antichrétiennes et en finançant des projets de construction, notamment la construction d'églises. Aide à l'Église en Détresse défend activement les chrétiens persécutés au Pakistan et dans d'autres pays du monde, s'efforçant de donner la parole à nos frères et sœurs en Christ, si souvent contraints de souffrir en silence. 

    Le dixième anniversaire du martyre d'Akash Bashir nous rappelle avec force que les chrétiens sont aujourd'hui plus souvent persécutés que les membres de toute autre religion dans le monde. Réfléchissons à ce que nous pouvons apprendre du courage et de la persévérance de ceux qui risquent leur vie simplement pour vivre la foi que nous partageons avec eux. 

    (Le site du martyre d'Akash Bashir © ACN).

  • Dans la « nouvelle Syrie », un massacre annoncé est en cours

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    De Stefano Chiappalone sur la NBQ :

    Dans la « nouvelle Syrie », un massacre annoncé est en cours

    Le changement de régime syrien n’a pas conduit de la dictature à la liberté, mais à une vague de violence dont les prémices étaient largement prévisibles derrière le visage « démocratique » sous lequel les dirigeants actuels se présentent à l’Occident. Extrait de la rencontre vidéo avec Elisa Gestri et le Père Abdo Raad.

    15_03_2025

    Avec la chute du régime de Bachar al-Assad, la « nouvelle Syrie » d’Ahmad Ḥusayn al-Sharaʿ (dit al-Jūlānī) ne s’avère pas aussi démocratique qu’un certain récit encore répandu le voudrait. Au contraire, ce qui se passe est malheureusement Un massacre annoncé, titre de la rencontre « Vendredis de la boussole » avec la photojournaliste Elisa Gestri et le prêtre libanais Père Abdo Raad, interviewés par Stefano Magni. Entre silence médiatique et quelques poignées de main rassurantes du président syrien autoproclamé aux dirigeants européens (à tel point qu'il est attendu à Bruxelles le 17 mars), une purge est en cours dans le pays au détriment des minorités, dirigée notamment contre la population alaouite (un groupe d'origine chiite, auquel appartient l'ancien président Assad lui-même) et qui n'épargne naturellement pas les chrétiens. Mais comment était-il possible – demande Magni – de ne pas prévoir le bain de sang en cours et ce qui attend la minorité chrétienne en Syrie ?

    « Tous les signaux d'alarme étaient là , avec l'euphorie et l'espoir pour la "nouvelle Syrie", que je ne ressentais pourtant pas personnellement en moi », répond Elisa Gestri, arrivée en Syrie en provenance du Liban le 31 décembre, au lendemain de la chute d'Assad. «Deux semaines plus tard, je ne pouvais plus entrer en tant que journaliste mais seulement en tant que touriste, une autre semaine et ce n’était même plus possible en tant que touriste». Les nouveaux dirigeants syriens étaient bien connus : Hay'at Tahrir al-Sham (le parti d'al-Jūlānī) est une branche d'al-Nuṣra, qui est la variante syrienne d'al-Qaïda : « ils gouvernaient déjà la province d'Idlib depuis 2017 » et « surtout parmi les minorités, il y avait de l'incertitude et de la peur de s'exprimer ». Gestri se souvient d’un détail révélateur, lorsqu’on lui a demandé de porter le hijab : « J’étais déjà allée deux fois en Syrie sous le régime d’Assad et il n’y avait jamais eu de pression dans ce sens, s’il y avait une caractéristique positive des Assad c’était leur laïcité ». De plus, le gouvernement qui s'était défini comme « provisoire » (en vue de nouvelles élections) ne l'est plus : « al-Shara, qui s'est autoproclamé président de la Syrie le 29 janvier, a promulgué la nouvelle Constitution selon laquelle le gouvernement provisoire durera cinq ans et la seule source de loi est le Coran, alors qu'avant le Coran était une source de loi pour la République syrienne ainsi que pour d'autres États arabes, mais pas la seule ».

    Pourquoi les Alaouites sont-ils les victimes privilégiées de ce massacre ?Le père Raad souligne que l'expression « terrorisme » ne suffit pas, car il y a plus : il y a des « fanatiques ou des fondamentalistes » à l'œuvre, qui attaquent quiconque n'accepte pas leur vision, qu'il s'agisse de chrétiens, d'alaouites et même de leurs coreligionnaires sunnites s'ils ne partagent pas leur fondamentalisme. Le premier prétexte est la vengeance politique : « le gouvernement précédent a massacré, alors maintenant c'est notre tour », disent-ils. L'homme religieux confirme l'impression qu'il avait déjà exprimée dans une précédente interview avec La Bussola , à savoir que « le nouveau gouvernement syrien laisse peu d'espoir, car Jūlānī a un background fanatique » et il « sait se soustraire diplomatiquement à ses responsabilités comme il le fait actuellement concernant les massacres ». Elles sont le fruit d’une spirale de vengeance vieille de plusieurs siècles entre factions islamiques, qui ne peut être arrêtée en se faisant l’illusion que la démocratie viendra une fois le dictateur destitué (une illusion démentie par ce qui s’est passé après la chute de Saddam Hussein ou de Kadhafi).

    Les meurtres s'accompagnent d'humiliations , comme le racontent les gens au Père Raad : « Ils font marcher les gens comme des chiens, les forçant à aboyer – particulièrement humiliant puisque le Coran considère les chiens comme des animaux impurs – et ensuite ils les abattent. » Des scènes si absurdes qu’elles semblent impossibles. « Si les sources n’étaient pas fiables, je penserais qu’elles ont été inventées », ajoute Gestri, mais « malheureusement, elles ont réellement existé et ne sont pas si éloignées de l’idéologie salafiste. Des chrétiens crucifiés, des familles entières, même des sunnites expulsés de leurs maisons et fusillés, alors qu'ils n'ont pas eu à subir la torture avant d'être tués.

    Massacres aveugles ou guerre civile ? Le récit qui parvient également en Occident véhicule l'idée d'un règlement de comptes « normal » entre deux factions armées, entre le gouvernement et les rebelles « nostalgiques » d'Assad. « Il y a les deux réalités », dit Gestri. « Il est certain qu’il y a eu des embuscades contre les hommes de l’armée « régulière » » (qui est d’ailleurs « un ensemble de milices syriennes et étrangères largement hors de contrôle »), « mais parallèlement il y a une purge systématique des Alaouites, des Chrétiens, des Sunnites et des Druzes ». D’autant plus qu’« une fois Assad tombé, l’armée a fondu comme neige au soleil ». En d’autres termes, « les chiffres sont trop inégaux » pour parler d’une armée d’Assad face à celle de Jūlānī. Et « le récit se démantèle ».

    « Ce n’est pas une guerre, c’est un massacre », réitère le père Raad: « Vous êtes entré dans un village, vous avez gagné, mais pourquoi tuer des femmes et des enfants ? « C'est un massacre basé sur la vengeance et de terribles concepts religieux. » La situation la plus délicate est précisément celle des chrétiens, qui ne déploient pas de combattants (contrairement à d'autres minorités) et « ne peuvent pas prendre parti, ils veulent simplement l'ordre car le désordre a toujours des répercussions sur les minorités ». Les chrétiens n’étaient pas du côté d’Assad en tant que tel, mais parce que sous son règne ils connaissaient un peu de paix et de liberté. J'ai vécu en Syrie pendant trois ans, pendant les vacances nous pouvions faire des processions dans les rues principales." Si Assad n’est pas bon parce qu’il est un dictateur, les nouveaux dirigeants sont encore pires. « Et les chrétiens se retrouvent au milieu », observe le père Raad, qui pointe du doigt l’incompréhension de l’Occident et le silence qui a suivi la grande médiatisation des jours de la chute d’Assad, rappelée par Elisa Gestri : « une grande médiatisation et un mois de liberté, même de la presse, parce qu’ils voulaient montrer la « libération de la Syrie », alors que maintenant c’est difficile et risqué d’y aller, en fait les journalistes doivent suivre depuis le Liban ou d’autres pays. » Sans parler de la difficulté de « discerner » l’actualité.

    Le Père Raad conclut en lançant un appel à la prière , car « prier, c'est être solidaire » sur un plan surnaturel et pour « empêcher Dieu d'entrer dans nos guerres ». À l'absurdité de ceux qui tuent en invoquant le nom de Dieu, il nous exhorte à répondre en implorant « Seigneur, aie pitié », chaque fois que nous entendons parler de ces massacres. « Le monde n’est pas fait pour vivre ainsi et Dieu ne le veut pas non plus. »

  • En 10 ans, 145 prêtres ont été enlevés au Nigéria

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    AFRIQUE/NIGÉRIA - En 10 ans, 145 prêtres ont été enlevés, dont 11 ont ensuite été tués ; 4 prêtres sont toujours portés disparus

    mercredi, 12 mars 2025
     

    Abuja (Agence Fides) – 145 prêtres ont été enlevés au Nigeria en 10 ans. C'est ce qui ressort de l'analyse effectuée par le Secrétariat catholique du Nigeria (CSN) qui a recueilli les données sur les enlèvements de prêtres nigérians pour la période 2015-2025. Sur les 145 prêtres enlevés, 11 ont ensuite été tués, tandis que 4 sont toujours portés disparus. Tous les autres ont été libérés.
    Le rapport, envoyé à l'Agence Fides, est divisé par provinces ecclésiastiques.
    Nous le publions dans son intégralité.

    A. Les Provinces les plus touchées par le nombre d'enlèvements
    1. La Province d'Owerri (47 cas)
    - Elle a le plus grand nombre d'enlèvements, ce qui indique une région à haut risque pour le clergé.
    - Malgré le nombre élevé, tous les prêtres sauf deux ont été libérés sains et saufs, ce qui suggère des efforts efficaces de libération ou des paiements de rançon.

    2. La Province d'Onitsha (30 cas)
    Elle se classe au deuxième rang pour le nombre d'enlèvements, mais avec un taux de mortalité nettement plus faible (un prêtre tué).

    3. La Province de Kaduna (24 cas, 7 décès)
    - Le plus grand nombre de décès parmi toutes les provinces, indiquant un modèle d'enlèvements plus violent.
    - Cela pourrait être dû à des activités terroristes, à l'influence des insurgés ou à des tensions religieuses accrues dans le nord du Nigeria.

    B. Les Provinces avec le plus grand nombre de victimes
    1. La Province de Kaduna (7 prêtres tués)
    - Elle représente la province la plus dangereuse, où les enlèvements se terminent souvent par des victimes.
    - Elle suggère que les ravisseurs de cette région sont plus agressifs, politiquement motivés ou peu intéressés par les négociations de rançon.

    2. La Province d'Abuja (2 prêtres tués)
    - La région de la capitale fédérale est également touchée, ce qui montre que même les zones supposées sûres ne sont pas à l'abri.

    3. La Province de Benin (1 prêtre tué) et province d'Onitsha (1 prêtre tué)
    - Moins grave que le cas de Kaduna, mais néanmoins préoccupant, indiquant des cas isolés d'enlèvements violents.

    C. Les Pprovinces où des prêtres sont encore portés disparus
    1. La Province de Kaduna (1 prêtre disparu)
    - Compte tenu du nombre élevé de victimes, le prêtre disparu pourrait être en grand danger ou déjà décédé.

    2. La Province du Bénin (1 prêtre disparu)
    - On ne sait pas si cela est dû à un manque d'efforts de secours ou au refus des ravisseurs de négocier.

    3. La Province d'Owerri (2 prêtres disparus)
    - Malgré le taux élevé de libération, deux cas restent non résolus, ce qui suggère que certains ravisseurs pourraient changer de stratégie.

    D. Les Provinces les moins touchées (risque faible)
    1. La Province d'Ibadan (2 cas, tous libérés)
    2. La Province de Calabar (4 cas, tous libérés)
    3. La Province de Lagos (0 cas signalé)
    - Lagos, étant le centre économique du Nigeria, semble être la province la plus sûre pour le clergé catholique.
    - Cela pourrait être dû à une meilleure surveillance, à de meilleures mesures de sécurité urbaine ou à une moindre militance religieuse dans la région.

    Les Points clés
    - Les enlèvements sont fréquents, certaines provinces connaissant des tendances plus violentes (Kaduna, Abuja). - La plupart des enlèvements sont commis à des fins d'extorsion, mais les régions du nord (Kaduna) présentent une tendance plus marquée à l'exécution des prêtres.
    - Lagos reste la province la plus sûre, probablement en raison d'une meilleure présence des forces de l'ordre.
    - Les prêtres disparus restent une préoccupation, car leur sort est incertain dans certaines provinces. (LM) (Agence Fides 12/3/2025)

  • Chrétiens ex-musulmans réfugiés en Europe: l’ECLJ demande plus de protection

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    Du site de l'European Centre for Law & Justice :

    Chrétiens ex-musulmans réfugiés en Europe: l’ECLJ demande plus de protection

    11 Mars 2025

    Des milliers de chrétiens issus de l’islam fuient chaque année la persécution dans leur pays d’origine, où l’apostasie de l’islam est sévèrement punie par la société, sinon par la loi elle-même. Ils espèrent notamment se réfugier en Europe et y reconstruire leur vie en sécurité. Pourtant, ces réfugiés font face à de nouveaux défis: insécurité dans les centres d’accueil, menaces de la part de compatriotes et suspicion des autorités d’asile. Le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) alerte la Rapporteuse spéciale de l’ONU sur la liberté de religion sur cette situation préoccupante et appelle à des mesures de protection renforcées.

    Les témoignages de convertis chrétiens d’arrière-plan musulman recueillis par l’ECLJ sont édifiants. Raha (prénom modifié), une Iranienne réfugiée en Allemagne, a fui son pays après avoir été arrêtée et torturée pour sa foi chrétienne. Arrivée en Europe, elle espérait trouver un refuge, mais elle a vite découvert que même ici, elle n’était pas en sécurité. Bien qu’elle ait présenté des preuves solides de sa conversion chrétienne et de son engagement religieux dans une église, sa demande d’asile a été refusée, et elle a reçu un ordre d’expulsion vers l’Iran. Un policier aurait même rejeté ses inquiétudes en déclarant : « Vous êtes une menteuse, la police iranienne ne tue personne ». Une ignorance ou un mépris total de la réalité de la persécution des convertis chrétiens en Iran, comme le dénonce l’ECLJ dans sa contribution à l’Examen périodique universel.

    Des réfugiés chrétiens menacés sur le sol européen

    Des drames comparables se déroulent en Suède, en Autriche, aux Pays-Bas ou encore en Grèce, où des convertis au Christ ont été agressés et harcelés dans les centres d’accueil. Aux Pays-Bas, un Pakistanais s’est vu interdire l’accès au réfrigérateur commun sous prétexte que sa nourriture n’était pas « halal ». L’Allemagne, pourtant l’un des principaux pays d’accueil des migrants, illustre bien la complexité du problème: selon une étude de l’ONG Portes Ouvertes, 91% des demandeurs d’asile chrétiens ont subi des menaces ou des violences de la part d’autres migrants.

    L’accès à l’asile pour les chrétiens ex-musulmans: un parcours du combattant

    Bien qu’ils soient persécutés dans leur pays d’origine, de nombreux chrétiens ex-musulmans peinent à obtenir l’asile. La sincérité de leur conversion est souvent remise en cause par les autorités, qui soupçonnent des « conversions opportunistes » dans le simple but de faciliter leur immigration en Europe. En Suède entre 2015 et 2018, 68% des convertis afghans au christianisme se sont vu refuser l’asile, les autorités ayant écarté leur conversion comme étant insincère, privilégiant une évaluation basée sur la connaissance théologique plutôt que sur la sincérité de leur foi.

    La situation est similaire en France, où Ata Fathimaharlooei, un Iranien converti, risque l’expulsion vers son pays d’origine où il encourt la peine de mort. En cas d’exécution de cette décision, il serait contraint de quitter son épouse iranienne, elle aussi convertie, ainsi que leurs deux enfants qui resteraient en France sans leur père. Le risque d’arbitrarité de l’évaluation de la crédibilité des demandeurs d’asile soulève l’inquiétude de l’ECLJ. Nous dénonçons des pratiques administratives trop rigides, qui ne tiennent pas compte du contexte religieux et culturel des convertis.

    Le principe de non-refoulement en danger

    Les erreurs ou biais des traducteurs jouent un rôle crucial dans l’échec de nombreuses demandes d’asile. L’ECLJ rapporte plusieurs cas où des traducteurs musulmans biaisés ont déformé les témoignages des convertis, mettant en péril leur demande d’asile. Raha raconte que certains traducteurs sabotent volontairement les dossiers des requérants. Après son propre entretien, elle a réalisé que certaines déclarations écrites ne reflétaient pas fidèlement ce qu’elle avait communiqué.

    Plusieurs convertis chrétiens ex-musulmans expulsés d’Europe ont été arrêtés dès leur retour, confirmant les risques qu’ils avaient signalés. Pourtant, l’article 33 de la Convention de 1951 sur les réfugiés interdit le refoulement d’un réfugié vers un pays où il risque la persécution. Les autorités européennes semblent sous-estimer la menace qui pèse sur les convertis.

    L’ECLJ appelle à des mesures urgentes pour protéger les chrétiens ex-musulmans

    L’Europe, qui se veut un bastion des droits de l’homme et de la liberté religieuse, ne peut ignorer ces dérives. Face à ces dangers, l’ECLJ demande une meilleure protection des chrétiens ex-musulmans réfugiés en Europe. Nous recommandons de:

    • Séparer les convertis chrétiens des autres migrants dans les centres d’accueil, afin de garantir leur sécurité.
    • Former des traducteurs spécialisés et indépendants, pour éviter les erreurs d’interprétation lors des demandes d’asile.
    • Prendre davantage en compte l’avis des responsables religieux qui, en tant que témoins directs du parcours spirituel d’un individu, devraient jouer un rôle central dans l’évaluation de la sincérité des conversions.
    • Mieux surveiller les mosquées et écoles islamiques, où certains prêches appellent encore à la peine de mort pour apostasie.
    Pour la défense des Chrétiens persécutés
    Lire le texte complet de la pétition

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  • Un évêque chinois arrêté pour une messe « illégale »

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    De kath.net/news :

    Un évêque chinois arrêté pour une messe « illégale »

    11 mars 2025

    Selon la police, l'évêque Peter Shao Zhumin a été placé en garde à vue « pour sa propre sécurité ». On ignore où il se trouve et on ne sait pas non plus combien de temps il restera en détention.

    Peter Shao Zhumin, l'évêque catholique clandestin de Wenzhou (RPC) a été arrêté par la police. Il a été arrêté le 7 mars en lien avec une messe qu'il a célébrée publiquement le 27 décembre pour marquer le début de l'Année Sainte. 200 fidèles ont assisté à la messe, rapporte AsiaNews .

    Les autorités chinoises affirment que la célébration de la messe était « illégale » et constitue un « crime grave ». Elle a donc infligé une amende de 200 000 yuans (25 420 euros) à l'évêque. L'évêque Shao a refusé de payer l'amende car, selon lui, aucune loi n'avait été violée lors de la célébration de la messe.

    Selon la police, il a été placé en garde à vue « pour sa propre sécurité ». On ignore où il se trouve et on ne sait pas non plus combien de temps il restera en détention.

    Selon AsiaNews , la police et le Département des affaires religieuses ont mis fin à un pèlerinage de plusieurs centaines de participants de la paroisse de Cangnan. La paroisse fait partie de l'église souterraine de Wenzhou.

    Ces dernières années, des policiers en civil sont entrés dans des églises clandestines chaque dimanche et ont interdit aux enfants et aux jeunes d’assister aux offices. Récemment, la police a commencé à surveiller les églises de 7 heures du matin à midi, non seulement pour empêcher les enfants et les jeunes d'assister à la messe, mais aussi pour empêcher les prêtres de célébrer la messe.

    L’évêque Shao a refusé de rejoindre les organismes catholiques contrôlés par le Parti communiste chinois. Il n’est donc pas reconnu par les autorités.

    En 2007, Mgr Shao, alors âgé de 43 ans, a été nommé évêque coadjuteur et successeur de Vincent Zhi Wei-Fang. Wei-Fang est décédé en septembre 2016.

    Parce que Shao n'a pas rejoint l'Association patriotique catholique chinoise, les autorités chinoises considèrent que l'évêché de Wenzhou est vacant. Ils soutiennent Ma Xianshi, un prêtre de l'Association patriotique, comme chef des catholiques de Wenzhou.

    Le 25 février, l'évêque Shao a invité les fidèles à prier pour le pape François, malade, dans une lettre pastorale.

    La communauté clandestine de Wenzhou a lancé un appel à la prière pour l'évêque Shao.

  • Un évêque nigérian dénonce : le meurtre d'un prêtre n'est pas une « tragédie isolée »

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    Du Père Justine John Dyikuk sur The Pillar :

    Un évêque nigérian : le meurtre d'un prêtre n'est pas une « tragédie isolée »

    11 mars 2025

    Note du Pillar : En conclusion de ce rapport, nous trouvons une photographie du Père Sylvester Okechukwu, prise après son assassinat. Cette photographie est troublante. The Pillar a choisi de la publier, comme un témoignage de la violence perpétrée contre le Père Okechukwu et contre des centaines de chrétiens enlevés et tués dans le nord du Nigeria. Les lecteurs doivent faire preuve de prudence avant de la consulter.

    Alors que les chrétiens recevaient les cendres mercredi dernier pour commencer le Carême, la nouvelle a éclaté au Nigeria qu'un prêtre avait été brutalement assassiné par des ravisseurs, qui avaient pris d'assaut son presbytère la nuit précédente et l'avaient kidnappé.


    Père Sylvester Okechukwu. Photo de courtoisie

    Le diocèse de Kafanchan, dans le centre-nord du Nigeria, a exprimé son indignation suite à l'enlèvement et au meurtre du père Sylvester Okechukwu, 44 ans, par des inconnus. Selon les experts, ce meurtre illustre la situation de violence à laquelle sont confrontés les chrétiens au Nigeria.


    « Avec une profonde tristesse et une juste indignation, je condamne dans les termes les plus forts la vague incessante et tragique d’enlèvements visant des prêtres, des agents pastoraux et des fidèles », a déclaré Mgr Julius Kundi lors d’une conférence de presse le 7 mars, exprimant son indignation « face à l’enlèvement et au meurtre brutal » de son prêtre.

    Selon des sources du diocèse, Okechukwu aurait été ligoté par ses ravisseurs et sa tête aurait été battue avec un objet contondant jusqu'à ce que son crâne se fende.

    Mgr Kundi a décrit l’assassinat comme « l’enlèvement horrible et le meurtre horrible de mon fils », insistant sur le fait qu’il s’agit « d’une attaque cruelle contre notre foi, notre humanité et la paix de notre État ».

    La mort d'Okechukwu n'est pas seulement une attaque contre l'Église, mais un affront direct aux valeurs de justice, de paix et de dignité humaine, a ajouté l'évêque. Le diocèse est en proie à l'angoisse et le pays est lourd de colère.

    Mgr Kundi a appelé à la justice et a exhorté les Nigérians à se rappeler que le meurtre d’Okechukwu « n’est pas une tragédie isolée ».

    L'évêque de Kafanchan a noté d'autres violences contre les chrétiens dans son diocèse : le meurtre du catéchiste Raymond Ya'u le 21 juillet 2021, l'enlèvement et le meurtre du père Johnmark Cheitnum en juillet 2022, le meurtre du séminariste de 25 ans Naaman Stephen Ngofe en septembre 2023 et la disparition du catéchiste Istifanus Katunku, enlevé le 4 juillet 2024 et dont on ignore où il se trouve.

    Outre ces violences, l’évêque a noté « l’enlèvement de nombreux fidèles laïcs » dans la région, « où les criminels continuent de faire des ravages sur des vies innocentes ».

    « Les rançons scandaleuses exigées pour leur libération non seulement dévastent les familles, mais constituent également une grave menace pour la sécurité alimentaire et le bien-être général de la population du diocèse de Kafanchan et du sud de Kaduna dans son ensemble », a déclaré l'évêque.

    Ces violences surviennent dans un contexte de montée de la violence et de l'anarchie au Nigeria, en particulier dans les régions du pays. Certaines attaques peuvent être attribuées à des militants islamistes désireux d'accroître leur influence dans la région, tandis que des bandes criminelles armées ont également profité de la présence réduite de la police dans la région.

    Au cours du mois dernier, six prêtres, un séminariste et plusieurs paroissiens ont été kidnappés dans le nord du Nigeria. Beaucoup d’entre eux sont toujours en captivité, leurs ravisseurs n’ayant pas encore été identifiés.

    En 2024, 13 prêtres ont été enlevés au Nigeria. Selon une analyse récente, près de 200 prêtres et séminaristes ont été enlevés au Nigeria depuis 2015, dont au moins 13 ont été tués au cours de leur enlèvement, en plus d’autres tués lors d’attaques de gangs ou de milices contre des églises et des villages.

    Mgr Kundi a expliqué que les enlèvements – au cours desquels des rançons sont extorquées aux communautés pour libérer les personnes kidnappées – ont des conséquences économiques à long terme.

    « Les enlèvements ont semé la peur au sein des communautés, perturbé les moyens de subsistance et intensifié les difficultés économiques dans une région déjà en difficulté », a déclaré Kundi.

    Notant que six personnes avaient été enlevées ces dernières semaines dans la paroisse Saint-Matthieu du village d'Anchuna, l'évêque a déclaré : « Nous ne pouvons pas rester silencieux alors que notre peuple vit dans la peur, incertain de ce que l'avenir lui réserve. »


    Le mois dernier, aux premières heures du 6 février, le père Cornelius Manzak Damulak, étudiant à l’Université Veritas d’Abuja, a été kidnappé à sa résidence.

    Alors qu'il revenait d'une visite à l'hôpital le 12 février, le père Livinus Maurice de l'église Saint-Patrick d'Isokpo, dans l'État de Rivers, a été kidnappé avec deux paroissiens.

    Le 19 février, un prêtre de l'archidiocèse de Jos, le révérend Moses Gyang, a été enlevé dans sa résidence paroissiale de la paroisse St. Mary Maijuju, en compagnie de sa nièce et de Nyam Ajiji, le président du conseil paroissial. Aijiji aurait été tué. Bien que des rumeurs circulent selon lesquelles Gyang et sa nièce ont été libérés, l'archidiocèse de Jos n'a pas encore confirmé leur libération.

    Le père Abraham Saumam et le père Matthew Dusemi ont été enlevés le 22 février au presbytère de la paroisse de Gwedda Mallam, dans l'État d'Adamawa. Les deux prêtres ont depuis été secourus.

    Le 3 mars, des hommes armés ont attaqué l’église catholique Saint-Pierre à Iviukhua-Agenebode, dans l’État d’Edo, enlevant le père Phillip Ekweli et un séminariste. Ils n’ont pas encore été libérés.


    Pour sa part, Mgr Kundi a déclaré la semaine dernière que les responsables gouvernementaux doivent s’attaquer à la montée de la violence dans le pays.

    « Nous exigeons que le gouvernement et les agences de sécurité prennent des mesures immédiates et décisives pour traduire en justice les auteurs de ces crimes odieux. »

    « Le sang du Père Sylvester Okechukwu et de toutes les autres âmes innocentes réclame justice. »

    Okechukwu est né le 11 décembre 1980 et a été ordonné pour le diocèse de Kafanchan le 11 février 2021. Le prêtre a survécu à des enlèvements précédents en 2022 et 2025, avant d'être tué ce mois-ci.

    Le père Sylvester Okechukwu, 44 ans, tué au Nigéria le 6 mars. Crédit : Diocèse de Kafanchan.

  • Cet État indien pourrait introduire la peine de mort pour les conversions religieuses

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    De Jonah McKeown sur CNA :

    Cet État indien pourrait introduire la peine de mort pour les conversions religieusesbouton de partage sharethis

    Les dirigeants de l'État du Madhya Pradesh, dans le centre de l'Inde, qui compte 72 millions d'habitants, envisagent de punir de mort ceux qui forceraient des personnes à se convertir à une religion - un changement qui, selon les dirigeants chrétiens, pourrait nuire aux chrétiens de l'État, qui sont déjà persécutés par la loi à cause de fausses accusations. 

    Le 8 mars, Mohan Yadav, ministre en chef du Madhya Pradesh, a annoncé qu'il prévoyait de modifier la loi anti-conversion de l'État afin de punir de la peine capitale les personnes qui forcent frauduleusement des personnes à se convertir, ajoutant que « la conversion religieuse ne sera pas tolérée », a rapporté UCA News, un média catholique. Les chrétiens ne représentent que 0,27 % de la population du Madhya Pradesh, a indiqué UCA News. 

    La loi anti-conversion du Madhya Pradesh avait déjà entraîné depuis 2021 des peines de 10 ans de prison pour les contrevenants. 

    Bien que la liberté religieuse soit garantie par la Constitution indienne, les lois anti-conversion constituent un problème croissant pour les dizaines de millions de chrétiens en Inde. Ces dernières années, au moins une douzaine des 28 États indiens ont adopté des lois criminalisant les conversions « forcées », la plupart d’entre elles dans les États dirigés par le parti nationaliste hindou depuis le début des années 2000. 

    Dans la pratique, ces lois ont été utilisées pour empêcher de manière sélective la pratique de la foi chrétienne dans un pays où la population est composée à 80 % d'hindous, à 14 % de musulmans et à seulement 2 % de chrétiens. Ces lois ont conduit à l' arrestation de membres du clergé et à des actes de violence contre les chrétiens.

    En particulier, dans l’État le plus peuplé d’Inde, l’Uttar Pradesh, dans le nord du pays, avec une population de 231 millions d’habitants, des centaines de pasteurs et même de hauts prêtres catholiques ont été emprisonnés pour conversion.

    Malgré les dangers pour les chrétiens, une audience de la Cour suprême indienne en juin dernier a jeté le doute sur la légalité des lois anti-conversion de l'État d'Uttar Pradesh au regard de la constitution du pays, qui stipule dans son article 25 que les Indiens ont le « droit de professer, de pratiquer et de propager librement leur religion ».

    Dans le Madhya Pradesh, l’État qui envisage la peine de mort pour les conversions forcées présumées, un pasteur protestant a été acquitté en 2019 des accusations portées contre lui en vertu des lois anti-conversion en vigueur dans l’État indien. La police avait arrêté le pasteur, sa femme et son fils de 6 ans, les avait dépouillés de leurs vêtements, les avait battus et maintenus en détention sans caution pendant trois jours, condamnant finalement la famille pour avoir forcé la conversion à la foi chrétienne.

  • José Aparicio Sanz et ses 232 compagnons, martyrs victimes des "Rouges" espagnols (11 mars)

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    D'Evangile au Quotidien :

    José Aparicio Sanz et ses 232 compagnons
    Martyrs de la Guerre Civile Espagnole (1936-1939)
    Béatification record du 11 mars 2001 par saint Jean-Paul II
    Mémoire commune : 11 mars
    Mémoire individuelle : ‘dies natalis’ de chacun

    Fruit du grand Jubilé de l'An 2000, cette béatification du 11 mars 2001 est la première du nouveau siècle et du nouveau millénaire. Jamais autant de serviteurs de Dieu n'ont été béatifiés à la fois. (Il faut remonter au Bx Pie IX - Giovanni Maria Mastai Ferretti, 1846-1878, en 1867, pour avoir la béatification de 205 martyrs du Japon.) Chaque cause a été étudiée individuellement. Chacun de ces martyrs avait déjà mené une vie sainte digne de béatification avant que le martyr ne vienne couronner leur carrière. L'Église de Valence, suivie par celles de Barcelone et de Lérida, a commencé à instruire les procès de béatification depuis 50 ans déjà. Une masse de documents a été recueillie.
    Avant cette béatification, saint Jean Paul II avait déjà célébré 10 béatifications pour des martyrs de la guerre civile espagnole, soit, avec ceux de ce jour, 471 martyrs. A savoir: 4 évêques, 43 prêtres séculiers, 379 religieux, 45 laïcs.

    La seconde République instaurée en 1931 amène le "Frente popular" (Front populaire) au pouvoir. Composée de communistes, socialistes et anarchistes, elle est essentiellement anticléricale. Pourtant les évêques ont reconnu au début sa légitimité. Si les violences ne se déclenchent pas tout de suite, néanmoins ce gouvernement révolutionnaire entame d'emblée une persécution juridique : dissolution des ordres religieux et nationalisation de tous leurs biens, approbation du divorce, crucifix retirés des classes.

    Après les lois restrictives vient la persécution sanglante avec la "Révolution des Asturies" en 1934 et les martyrs de Turon.
    En l'été 1936, les "Rouges", comme on les appelle, (à juste titre car leur but est de faire de l'Espagne un état satellite de la Russie), déclenchent la plus grande persécution religieuse qu'ait jamais connu l'Espagne. Sur la liste noire des personnes à abattre figurent en premier lieu tous les prêtres. A cause de sa brièveté dans le temps et de son intensité, c'est un ouragan révolutionnaire comparable à celui de la Révolution française qui s'abat sur toutes les régions où domine leur influence : incendie de couvents, d'évêchés, d'églises, destruction du patrimoine artistique sacré, bref, de tout ce qui rappelle la religion catholique. Mais les révolutionnaires ne sont pas suivis par tout le peuple ; au contraire, il se produit un sursaut de la conscience nationale.

    Une partie de l'armée avec le général Francisco Franco se révolte et crée le "Mouvement national". C'est alors la guerre civile entre "Rouges" et "Nationaux" qui dure de 1936 à 1938. Les révolutionnaires ont vraiment l'intention d'éradiquer l'Église et ils procèdent à des exécutions massives, accompagnées d'une férocité inouïe.
    Sont victimes: 13 évêques, 4184 prêtres, 2365 religieux, 283 religieuses, des milliers et des milliers de laïcs. Ils sont vraiment martyrs car ils ont été tués "en haine de la foi", ce ne sont pas des "victimes de guerre", car ils sont pacifiques et ne prennent pas part aux événements, ni des "victimes politiques ", car ils n'ont pas pris partie. (Notons à ce propos que le parti qui soutenait Franco, la "Phalange", influente surtout au début, avait certaines accointances avec les Nazis.). Conscients de mourir pour leur foi, beaucoup criaient « Vive le Christ-Roi! », ce qui n'est pas sans rappeler la guerre des "Cristeros" au Mexique (1926-1929), et tous, avant de mourir, pardonnaient de tout cœur à leurs bourreaux.

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  • "Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous"

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    De sur The Catholic Thing :

    Vous serez détesté par toutes les nations

    10 mars 2025

    Au cours des derniers jours, des centaines de chrétiens ont été assassinés, violés et torturés en Syrie. Lorsque les médias s’intéressent à ce qui se passe – le New York Times d’hier n’a publié qu’une « mise à jour » d’un article précédent et le dernier article du Washington Post sur les massacres est paru vendredi – ils ne mentionnent généralement que les attaques contre des « civils » ou des Alaouites, la secte islamique à laquelle la famille al-Assad, les anciens dirigeants de la Syrie, a adhéré. Il est vrai que les chrétiens syriens sont pris dans les troubles politiques qui secouent leur pays. Mais comme les chrétiens du monde entier, il est également vrai qu’ils sont tués et persécutés précisément à cause de leur foi.

    Je suis très sensible à ce genre d’injustices, car mon livre Les Martyrs du nouveau millénaire : la persécution mondiale des chrétiens au XXIe siècle sera publié dans quelques semaines. Quiconque examine de manière systématique ce qui est arrivé aux chrétiens au cours du premier quart de notre siècle – et pas seulement au Moyen-Orient, en Afrique, en Chine et en Extrême-Orient, mais même dans notre « Occident » autrefois chrétien – ne peut qu’être choqué. Selon des estimations très sobres, quelque 300 millions de chrétiens dans le monde sont menacés.

    Ce livre est en quelque sorte la suite de mon livre intitulé Les martyrs catholiques du XXe siècle , qui répondait à la demande du pape Jean-Paul II de rendre hommage aux martyrs du siècle précédent dans le cadre des célébrations du Jubilé de l'an 2000. Il avait organisé un événement inspirant au Colisée le 7 mai 2000, où des représentants de l'Église catholique, de l'Église orthodoxe et des protestants avaient raconté l'histoire de leurs martyrs. J'ai remis au pape un exemplaire de mon livre ce matin-là.

    L'Aide à l'Église en Détresse USA m'a demandé d'écrire ce nouveau livre en raison du travail essentiel qu'elle accomplit dans de nombreux pays où les chrétiens non seulement meurent mais ont besoin d'un soutien extérieur. ACN International le traduira en plusieurs langues et le publiera dans plusieurs pays dans le cadre des célébrations du Jubilé de 2025. Et nous espérons, comme en 2000, en remettre un exemplaire au pape en mai.

    Le changement qui s’est produit entre ces deux volumes est révélateur. En 2000, écrire sur les martyrs chrétiens revenait à revenir sur le totalitarisme qui a fait de nombreux morts en Union soviétique, dans les pays du Pacte de Varsovie, en Allemagne nazie, en Chine, dans les guerres civiles mexicaine et espagnole, etc. Les affrontements et les morts ont eu lieu presque entièrement à cause de l’athéisme moderne qui cherchait à éradiquer le christianisme. Le communisme était le champion du monde.

    C’est toujours le cas en Corée du Nord (qui est actuellement championne de l’histoire), en Chine (sans grande résistance de Rome), au Nicaragua, au Venezuela et à Cuba (idem). Mais les plus gros bilans sont désormais de loin ceux des militants de l’islam. Le romancier indien/britannique Salman Rushdie, qui a fait l’objet d’une fatwa de l’ayatollah Khomeini et a été grièvement blessé et rendu aveugle par une fatwa prononcée par un militant musulman à New York, a déclaré : « après avoir vaincu le fascisme, le nazisme et le stalinisme, le monde est désormais confronté à une nouvelle menace mondiale totalitaire : l’islamisme. »

    La menace n’existe pas seulement au Moyen-Orient, même si elle y croît et décroît en fonction des circonstances. Les forces occidentales ont pu réprimer l’EI au Moyen-Orient et en Afrique du Nord pendant un certain temps, même si des organisations affiliées à l’EI et similaires subsistent. Mais l’idéologie a migré vers l’Afrique centrale, où se déroulent aujourd’hui la plupart des persécutions les plus violentes contre les chrétiens.

    Au Nigéria seul, près de 5 000 chrétiens sont assassinés chaque année. (L’administration Biden a retiré le Nigéria de la liste des pays particulièrement préoccupants ; l’administration Trump pourrait rendre un grand service aux chrétiens en y replaçant le Nigéria). Pire encore, des mouvements dans plusieurs pays africains ainsi qu’en Extrême-Orient tentent explicitement de créer un califat islamique mondial.

    Les institutions internationales et les gouvernements occidentaux ne font pas grand-chose pour arrêter cette évolution, et ne disent même pas grand-chose, pour deux raisons, à mon avis.

    Il y a d'abord une forme de racisme implicite. C'est comme si le monde avait décidé qu'il ne pouvait pas s'attendre à ce que les Arabes, les Africains ou les Asiatiques respectent les normes morales de base. Il y a aussi une incapacité à comprendre que le monde n'est pas un endroit où, comme le croient de nombreux Occidentaux à la tête molle, nous pouvons tous nous contenter de nous-mêmes.

    Comme l’a observé un jour l’un de nos premiers contributeurs, le père James Schall, après un attentat suicide islamique, les Occidentaux ont tendance à expliquer ces actes comme des réponses à l’oppression ou comme des violations des normes internationales « généralement définies en termes de philosophie politique occidentale qu’aucun kamikaze ne suivrait jamais ».

    La plupart des musulmans sont pacifiques, du moins à court terme. Mais ce conflit religieux est une réalité inconfortable à laquelle les sociétés pluralistes occidentales vont devoir faire face à long terme.

    Certains le savent déjà. De nombreux catholiques sont au courant de la tristement célèbre décapitation du père Jacques Hamel pendant la messe en France. Mais beaucoup moins sont au courant des trois participants à la messe de Nice dont la gorge a été tranchée peu après, et des nombreux autres incidents impliquant des couteaux en France, en Allemagne et au Royaume-Uni.

    Le Royaume-Uni a même commencé à pratiquer ce que beaucoup appellent une « police à deux vitesses » lorsqu’il s’agit de crimes commis par des immigrants musulmans – en imposant même des lois sur le blasphème contre les personnes qui commentent publiquement des événements aussi évidents et fréquents.

    En Amérique du Nord, nous ne sommes pas à l’abri d’actes antichrétiens. Le Mexique est le pays le plus dangereux au monde pour un prêtre catholique en raison des cartels et de la criminalité généralisée. Aux États-Unis, nos évêques ont recensé des centaines de « crimes haineux » anticatholiques chaque année. Au Canada, des dizaines d’églises ont été incendiées à cause de prétendues fosses communes dans des écoles catholiques il y a un siècle. Le pape François s’est même rendu au Canada pour présenter ses excuses. Mais le gouvernement canadien vient de suspendre l’enquête sur ces « fosses communes », n’ayant rien trouvé.

    Et cela, pour moi, indique la deuxième grande raison pour laquelle l’Occident dit et fait peu de choses au sujet de la violence et de la persécution anti-chrétiennes : nos élites croient que le passé du christianisme est quelque chose de honteux et qu’il faut dépasser – que même, en raison de certaines de ses croyances, il mérite d’être discriminé.

    Certains chrétiens pensent qu’ils nous haïssent à cause de nos faux pas. Mais non. Beaucoup nous haïssent à cause de ce que nous professons à juste titre.

    Le Christ lui-même nous a prévenus : « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde vous aimerait comme si c’étaient ses propres biens. » (Jean 15:18)