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International

  • « Sauver des vies africaines » – Le cardinal Ambongo à propos de l'USAID

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    Du Pillar :

    « Sauver des vies africaines » – Le cardinal Ambongo à propos de l'USAID

    « La gratitude est un aspect très puissant de la politique internationale. »

    Depuis que le pape François l’a élevé au Collège des cardinaux en 2019, Ambongo a acquis la réputation de parler directement des besoins de l’Église et des besoins de son peuple.

    Cardinal Fridolin Ambongo. Crédit : Vatican Media.

    Et en tant que président du Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar, Ambongo est parfaitement conscient des besoins ressentis sur son continent.

    Plus tôt ce mois-ci, Ambongo a écrit une chronique dans le Wall Street Journal, exhortant le président Donald Trump à rétablir l’aide internationale américaine et les fonds de développement aux pays africains.

    Le cardinal a soutenu que « la fin du soutien de l’USAID aura des conséquences incalculables pour des générations » en Afrique .

    Dans une interview réalisée par courrier électronique, Ambongo a expliqué pourquoi il pense que l’aide américaine aux nations africaines est « littéralement la différence entre la vie et la mort pour des millions d’Africains » – et pourquoi il espère que les programmes d’aide étrangère supprimés pendant l’administration Trump seront rétablis.

    Quelle différence concrète l'USAID apporte-t-elle aux populations africaines ? Comment améliore-t-elle leurs conditions de vie ?

    L’USAID jouit d’une très solide réputation pour apporter des secours là où les gens souffrent.

    Surtout en temps de catastrophe, de crise ou au lendemain d'un conflit terrible, obtenir de l'aide rapidement est une question de vie ou de mort. L'aide américaine améliore des vies en sauvant des vies. Cela peut être difficile à comprendre pour l'Américain moyen, mais l'aide américaine fait littéralement la différence entre la vie et la mort pour des millions d'Africains.

    Lorsque les gens souffrent de la faim, apporter de la nourriture et d'autres produits de première nécessité est le seul moyen de faire la différence, et l'aide des États-Unis dans ces situations a sauvé des millions de vies. Nos agences Caritas, comme Catholic Relief Services, ont également bénéficié de cette aide en permettant aux travailleurs locaux d'accompagner les personnes en difficulté, en apportant leur expertise là où elle faisait défaut et en facilitant l'acheminement de l'aide.

    Le Plan d’urgence du président pour la lutte contre le sida (PEPFAR) est bien connu pour avoir sauvé des millions de vies, mais il existe de nombreux autres exemples d’aide américaine qui a sauvé des vies africaines.

    L'aide étrangère américaine représente moins de 1 % du budget fédéral américain, mais elle sauve des millions de vies. Comme je l'ai souligné, le gouvernement américain devrait être très prudent dans la manière dont il dépense ses ressources limitées, mais le retour sur investissement ne saurait être surestimé, tant sur le plan moral que stratégique, et les peuples africains sont reconnaissants de la générosité du peuple américain.

    Outre le rétablissement du financement qui a été gelé, existe-t-il des moyens d’améliorer l’action de l’USAID en Afrique ?

    Bien qu'en tant que pasteur, je salue tous les efforts déployés pour aider notre peuple, l'USAID n'a généralement pas travaillé avec les structures de l'Église, telles que les congrégations de sœurs ou de frères, ni même les diocèses ou les séminaires, même lorsque ces groupes ecclésiaux mènent des actions de développement. Je pense que c'est une erreur, motivée en grande partie par la crainte de donner l'impression que l'USAID favorise la religion. Cependant, cela signifie que les milliards de dollars généreusement investis dans des pays comme l'Afrique n'ont pas bénéficié de l'expertise et de l'efficacité considérables d'un réseau comme l'Église et de son action locale dans certaines des régions les plus pauvres du monde.

    L’Église peut être le canal le plus efficace pour les gouvernements, en raison de sa proximité avec les gens et de son réseau institutionnel. Je pense que l’approche qui sépare le travail pastoral et le travail de développement pourrait être repensée.

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  • Les accords de paix entre la RDC et le Rwanda : une nouvelle mascarade ?

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    AFRIQUE/R.D. CONGO - Les accords de paix entre la RDC et le Rwanda : une nouvelle mascarade

    1 juillet 2025  
     

    Kinshasa (Agence Fides) – « L'impression qui ressort des propos de plusieurs personnes à Bukavu, épuisées par plus de quatre mois d'occupation, est la perplexité et le sentiment d'avoir encore été trompées, même si elles ne renoncent pas à l'espoir que quelque chose change sur le terrain. Mais quoi ? De nouvelles informations faisant état de meurtres commis par le M23 parviennent de la ville et de la province ». C'est ce qu'écrit à l'Agence Fides une source de l'Église à Bukavu, capitale du Sud-Kivu occupée depuis la mi-février par les troupes rwandaises et les guérilleros du M-23 (voir Fides 17/2/2025), commentant l'accord de paix signé à Washington le 27 juin par le Rwanda et la République démocratique du Congo sous les auspices de l'administration Trump (voir Fides 27/6/2025).

    L'accord prévoit la « levée des mesures défensives du Rwanda » dans un délai de trois mois, avec le retrait des soldats rwandais de la RDC et la neutralisation par Kinshasa des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), créées par d'anciens dirigeants hutus liés au génocide rwandais de 1994 et considérées par Kigali comme une menace existentielle.

    L'accord comprend également un volet économique qui doit être précisé, mais qui prévoit l'exploitation des ressources minières congolaises par des industries américaines.

    « Beaucoup de gens étaient prêts à renoncer aux minerais du pays pour retrouver la paix, mais même celle-ci est remise en question », rapporte la source de Fides. « Car ici, le Rwanda, qui occupe et exploite les provinces du Nord et du Sud-Kivu sous le couvert du M23, ne semble pas être concerné par l'accord. Donc, pour l'instant, rien ne bouge. Justement là où un changement serait le plus nécessaire ».

    « Il y a un changement fondamental que tout le monde attend, sauf ceux qui ont changé de camp : le départ de tous les militaires rwandais, qu'ils rentrent chez eux. L'accord ne le dit pas ouvertement, il parle seulement de « cessation des hostilités », même s'il cite la résolution 2773 de l'ONU qui demandait ce retour.

    En le lisant, ce texte me semble truffé de pièges. Un autre piège évident est le fait qu'il est question à six reprises de neutraliser les FDLR. Comme si c'était là le véritable problème. On donne du crédit à un prétexte, peut-être pour ne pas dire haut et fort au Rwanda : « Le roi est nu », il a agressé un pays indépendant. Les FDLR sont peu nombreuses, ont été rapatriées à plusieurs reprises et sont absolument incapables de mener une attaque contre le Rwanda. Mais elles sont commodes pour justifier la présence de l'armée rwandaise au Congo.

    Et on demande le désarmement de toutes les milices : donc aussi de celle-ci, certes souvent désorganisée, parfois infiltrée par des bandits, certes, mais qui, seule ou avec les quelques militaires congolais encore actifs, bloque l'avancée du M23. Pendant ce temps, la force d'occupation continue de tuer, de violer, de racketter une population qui est désormais affamée. Il faut vivre au milieu d'eux pour ressentir dans sa chair l'humiliation de ceux qui demandent pourquoi ils ne savent pas comment nourrir leurs enfants et l'impuissance de ceux qui répondent : « Je suis désolé, mais nous n'avons pas d'argent à vous donner parce que les banques sont fermées ».

    Autre piège, le retour des réfugiés. Il n'y a pratiquement pas de réfugiés congolais au Rwanda. Il y a plutôt des foules de soi-disant réfugiés rwandais qui attendent seulement d'entrer au Congo pour s'y installer et continuer à nourrir le rêve d'un grand Rwanda. Il est vrai qu'on fait référence aux institutions traditionnelles : ce sont elles qui devront dire si la personne était vraiment originaire d'un endroit donné ou non. On verra bien.

    Et qu'en est-il de la coopération économique avec un pays qui continue de piller tout ce qui peut l'être, qui traverse les frontières des territoires occupés ? La perspective, comme le disent plusieurs, sera que le Congo reste la grande mine où les gens souffrent et meurent pour peu d'argent, tandis que le Rwanda sera le lieu des industries de raffinage, et que les grandes multinationales et les États qui les soutiennent seront les grands gagnants. Avec la bénédiction de leur ami opportuniste, les États-Unis.

    Est-ce un hasard si le terme « justice » n'apparaît jamais dans le document ? Que dire des millions de victimes, des morts et des survivants traumatisés, des enfants privés d'école, des jeunes privés de leur jeunesse, des adultes privés du minimum vital qui fait la dignité d'une personne ?

    Tout cela ne serait pas arrivé sans l'impulsion des autorités congolaises qui donnent l'impression d'avoir bradé le pays et leur peuple pour conserver le pouvoir.

    Pourtant, la société civile congolaise, en particulier dans l'est de la RDC, avait produit et adressé aux plus hautes autorités de nombreux documents explicatifs, exprimant ses préoccupations. Ils n'ont pas été pris en considération. Le lauréat du prix Nobel, le docteur Mukwege, a élevé la voix dans un discours qui, d'humanitaire, est devenu de plus en plus politique, allant au cœur des problèmes. Comme si personne n'avait rien dit. L'impression générale est donc celle d'une mascarade. Il est mauvais d'opprimer un peuple. Il est encore pire de lui faire croire qu'on l'aide. (Agence Fides 1/7/2025)

  • Une nouvelle période d'incertitude et de martyre... L'archevêque Tobji raconte le présent des chrétiens syriens

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    ASIE/SYRIE - Une nouvelle période d'incertitude et de martyre. L'archevêque Tobji raconte le présent des chrétiens syriens

    1 juillet 2025
     

    Alep (Agence Fides) – Neuf jours se sont écoulés depuis le massacre d'au moins 25 chrétiens tués alors qu'ils assistaient à la messe dans l'église grecque orthodoxe Saint-Élie, à Damas. Ce massacre marque à jamais du sceau du martyre l'époque des chrétiens syriens dans la Syrie post-Assad.

    « Après le massacre », confirme à l'Agence Fides Joseph Tobji, archevêque maronite d'Alep, « quelqu'un a écrit sur le mur d'une église dans le quartier de Hama les mots « votre tour viendra ». Quelqu'un veut faire croire que ce n'est que le début. On m'envoie des photos de tracts collés sur des maisons chrétiennes où l'on peut lire « La terre de Syrie doit être purifiée », avec des dessins de bombes et de kalachnikovs. Des intimidations qui rappellent les inscriptions apparues sur les maisons des chrétiens de Mossoul. Voilà ce qui circule parmi les chrétiens. Ce ne sont peut-être même pas de vraies photos, quelqu'un les génère avec l'intelligence artificielle et les diffuse sur le net. Mais la peur qu'elles suscitent n'est pas « fausse ».

    L'archevêque Tobji décrit une situation incertaine, pleine d'inconnues pour les chrétiens syriens. D'un côté, « ceux qui sont au pouvoir nous répètent sans cesse que les chrétiens ne doivent pas être touchés, qu'ils sont une composante essentielle du pays et de la société syrienne. À Noël et à Pâques, ils ont envoyé leurs forces de sécurité pour protéger les messes dans les églises et les processions. Les services de sécurité ont déjà pris des mesures et mis en place des systèmes de protection. Quand nous les appelons, ils viennent. Mais les gens n'y croient pas. La peur et le découragement prédominent ». Car il apparaît clairement que « toutes les factions et tous les groupes armés ne répondent pas à ceux qui détiennent actuellement le pouvoir ».

    L'actuel président, Ahmed al-Sharaa, lorsqu'il se faisait appeler sous le « nom de guerre » Abu Mohammad al-Jolani, a dirigé pendant les années de la guerre en Syrie Hayat Tahrir al Sham (HTS), l'acronyme islamiste le plus connu parmi ceux impliqués dans l'offensive qui a abouti à la chute du régime de Bachar al-Assad.

    Aujourd'hui, dans la Syrie actuelle, reconnaît l'archevêque Tobji, même une grande partie des musulmans syriens ne soutient pas la mise en place d'un régime islamiste. Mais la mentalité islamiste émerge dans les détails. Elle a des effets sur la vie quotidienne. Avec des ascenseurs réservés aux hommes et aux femmes, dans les bureaux publics, des guichets pour les femmes et d'autres pour les hommes, et ainsi de suite.

    « Il y a quelques jours, un garçon et une fille se promenaient dans la rue le soir, un homme les a arrêtés et leur a demandé pourquoi ils étaient ensemble. Ils ont répondu qu'ils étaient fiancés, et il a commencé à les interroger, il voulait que quelqu'un le confirme, il a appelé la mère de l'un d'eux et a commencé à l'interroger aussi, cette dernière a confirmé que le garçon et la fille étaient fiancés... Avec des épisodes comme celui-ci, beaucoup commencent à dire : ce n'est plus notre pays. Beaucoup de jeunes sont constamment à la recherche d'un visa pour s'expatrier, pour fuir une situation qu'ils considèrent comme irrécupérable ».

    Les évêques catholiques, raconte Joseph Tobji, ont réfléchi ensemble à la manière d'affronter cette période. « Nous partageons l'idée que si le Seigneur nous garde ici, en Syrie, en 2025, c'est qu'il attend quelque chose de nous dans cette situation, que nous ne devons pas nous cacher ou rester les bras croisés : c'est un appel du Seigneur qui attend de nous une action ».

    C'est pourquoi les évêques catholiques d'Alep ont constitué un comité afin de favoriser le dialogue avec toutes les composantes du pays. Il y a quelques semaines, le comité a organisé une conférence de trois jours pour discuter du présent et de l'avenir de la Syrie, dans un esprit de réconciliation nationale. « Nous avons également invité certaines des personnes qui ont rédigé la Déclaration constitutionnelle. Nous avons parlé librement, certains ont critiqué le gouvernement actuel, d'autres l'ont soutenu. Mais ce n'était que le début d'un processus. Nous étudions maintenant comment trouver des moyens de favoriser la paix et la réconciliation ».

    Il apparaît clairement que le groupe au pouvoir actuel ne contrôle pas toutes les factions armées ni toutes les zones. De vastes parties du pays sont contrôlées par les Kurdes et les Druzes. « Il n'y a pas de police dans les rues, la situation est chaotique et les nouveaux arrivés au pouvoir sont encore inexpérimentés en matière de politique et d'administration. Parfois, raconte l'archevêque maronite d'Alep, « ils prennent des décisions irréalistes. Ils ont licencié des milliers et des milliers de fonctionnaires, les qualifiant en masse de corrompus ou de superflus. Et maintenant, même les familles de ces anciens employés de l'État ne savent pas comment survivre. Le pain continue de coûter dix fois plus cher qu'avant, et sans pain, notre peuple ne peut pas survivre. Tout le monde se plaint encore du manque d'électricité et d'eau, et cela dure depuis de nombreuses années. Le pire, ce sont les prix élevés des médicaments, des opérations chirurgicales et des loyers ».

    L'archevêque Tobji a rencontré quatre fois le président al-Sharaa. « Quand il nous parle, dit-il à l'Agence Fides, il montre qu'il a des visions avancées. Mais je ne sais pas s'il parviendra à faire ce qu'il dit vouloir faire. Je l'espère ».

    Entre-temps, les sanctions imposées à la Syrie à l'époque d'Assad ont été levées, mais pour le pays, souligne Tobji, « nous n'avons encore constaté aucun effet positif. On parle de l'arrivée d'hommes d'affaires qui viendront investir. Si l'économie commençait à s'améliorer, tout changerait. Mais jusqu'à présent, il n'y a pas de signes rassurants ».

    Le scénario singulier d'un équilibre du pouvoir dirigé par des groupes d'origine djihadiste, qui trouvent un soutien et une légitimité politique dans les pays de l'Atlantique Nord. « La Syrie - note l'archevêque Tobiji - a fait un virage à 180 degrés. Auparavant, le régime était soutenu par la Russie et l'Iran, maintenant le groupe al Sharaa est soutenu par les États-Unis et l'Europe. Mais je crois que dans ces scénarios et ces changements de camp, il n'y a pas d'amis éternels, ni d'amitiés éternelles. Ce sont les intérêts qui font bouger les choses ».(Agence Fides 1/7/2025)

  • Que pouvons-nous déduire des premiers pas du pontificat de Léon XIV ?

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    D'Andrea Gagliarducci sur Monday Vatican :

    Léon XIV : les premiers pas

    30 juin 2025

    Les premiers pas d'un pontificat sont toujours un exercice de communication : le nouveau pape - quel qu'il soit - fera de petites choses qui en diront long sur ses intentions, et c'est pourquoi il est important d'observer attentivement les nouveaux pontificats et de les analyser avec soin. Le pontificat de Léon XIV n'échappe pas à cette règle, et il sera donc important de décortiquer les indications subtiles mais indubitables qu'il a données, ou que les faits sur le terrain dictent ou laissent supposer aux observateurs

    De même, le pape Léon n'a pas encore commencé à prendre de véritables décisions en matière de gouvernance. Il ne le fera probablement qu'en septembre, après avoir soigneusement examiné toutes les possibilités. Les nominations épiscopales publiées jusqu'à présent ont généralement été décidées à l'avance, dans le cadre d'un processus plus long auquel Léon XIV n'a pas touché. À la Curie, il n'y a pas encore eu ce que l'on appelle communément le « spoils system » (la substitution de fidèles à ceux qui sont en place). Il est donc également important pour les observateurs du nouveau pontificat de ne pas trop chercher à lire dans le marc de café.

    Que pouvons-nous donc comprendre de ces premiers pas du pontificat de Léon XIV ? Quelle sera la direction prise par le Pape ?

    Premier point : Léon XIV donnera du poids et de l'importance aux Églises orientales. Déjà, le 14 mai, peu après son élection, rencontrant les pèlerins des Églises orientales pour leur Jubilé, il dit que « leur témoignage est précieux ». Le 26 juin, rencontrant les membres de la Réunion des œuvres d'entraide pour les Églises orientales, il va même jusqu'à pointer du doigt « les incompréhensions de la communauté catholique elle-même », s'inscrivant ainsi dans la lignée de son prédécesseur Léon XIII. Les historiens évoqueront Benoît XV, qui a redonné de l'importance à l'Orient dans la vie de l'Église universelle, et noteront que Pie X a affirmé avec force la nécessité pour l'Occident de comprendre l'Orient. Mais c'est Léon XIII qui, par sa lettre encyclique de 1894, Orientalium dignitas, a commencé à sortir les Églises orientales du cône d'ombre dans lequel les préjugés de l'Église latine les avaient reléguées.

    Cette attention portée aux Églises orientales n'est pas seulement formelle. Léon XIV montre qu'il apprécie la diversité ; il se rend compte du travail que ces Églises accomplissent au niveau local. Dans de nombreux cas, les Églises catholiques de rite byzantin ont été la bouée de sauvetage des populations chrétiennes persécutées et attaquées au-delà du rideau de fer ou dans un Moyen-Orient ensanglanté. Les Églises orientales sont l'expression d'un peuple, et Léon XIV le sait bien.

    Le deuxième point est d'ordre diplomatique. Dès le début, Léon XIV a établi sa priorité pour une diplomatie de la vérité. Dès le premier Regina Coeli après son élection, il a lancé un appel à la paix en Ukraine qui était précis dans sa manière et sa forme, et de cette manière, tous les appels à la paix qu'il a lancés au cours de ce premier mois et demi de pontificat ont été esquissés. Pour Léon XIV, la diplomatie n'est pas un exercice extemporané, une simple demande aux parties de cesser le feu et de se réunir avec bonne volonté. Elle doit être poursuivie, et le pape le fera avec les membres de son corps diplomatique, à qui il a rappelé, par un anneau hautement symbolique, qu'ils travaillent sous le sceau de Pierre. C'est un signe d'attention, mais il doit aussi s'inscrire dans la nécessité d'apporter une harmonie et une réponse univoque aux grandes crises en cours.

    Le troisième point est d'ordre conceptuel. Léon XIV est précis dans son langage et ne manque pas de se référer à la tradition de l'Église. Il parle du mariage non pas comme d'un idéal mais comme d'un don et balaie ainsi toutes les objections possibles au fait que la vie chrétienne est compliquée et qu'il faut donc accepter des compromis. La vie est complexe. La vie chrétienne est une vocation à poursuivre, mais le fait qu'elle soit difficile ne signifie pas qu'il faille perdre de vue sa vocation dans la vie.

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  • Les chrétiens du Moyen-Orient, menacés d'extinction

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    D'Ermes Dovico sur la NBQ :

    Les chrétiens du Moyen-Orient, menacés d'extinction

    Guerres et persécutions continuent de contraindre les chrétiens à quitter le Moyen-Orient, de la Terre Sainte au Liban, en passant par la Syrie. L'œuvre humanitaire silencieuse de l'Église de Jérusalem. Le rôle de l'Occident. Extrait de la visioconférence de Riccardo Cascioli avec Elisa Gestri et Nicola Scopelliti.

    28_06_2025

    Au Moyen-Orient, en proie aux guerres, aux tensions autour d'Israël et à la prolifération des groupes fondamentalistes islamiques, l'une des premières conséquences est l'exode périodique des chrétiens, qui se trouvent contraints de quitter les terres où Jésus a vécu et qui furent le berceau du christianisme.

    Ce sujet a été abordé hier en direct dans l'émission de Venerdì della Bussola, intitulée « Chrétiens au Moyen-Orient. Risque d'extinction », animée par le réalisateur Riccardo Cascioli, qui avait comme invités deux collaborateurs de notre journal, experts des questions moyen-orientales : Elisa Gestri, connectée depuis Beyrouth, et Nicola Scopelliti, qui fait la navette entre la Vénétie et la Terre Sainte.

    Concernant les chrétiens de Terre Sainte, Scopelliti souligne qu'ils vivent dans des conditions véritablement pitoyables. Ils vivent dans un étau, où d'un côté se trouvent les musulmans et de l'autre les juifs. Selon le journaliste, on ne peut pas parler d'un exode massif de Terre Sainte, mais depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas (octobre 2023), plusieurs familles chrétiennes ont quitté des villes comme Bethléem, Jénine, Ramallah et d'autres. Scopelliti parle d'un « nouvel Hérode » qui persécute les chrétiens de Terre Sainte, d'où « les gens fuient aujourd'hui parce qu'ils ne savent pas comment nourrir leurs enfants ». Il cite également le cas de Bethléem, où « depuis le début de la guerre, presque tous les magasins ont fermé », car ceux qui y travaillaient auparavant ne sont plus autorisés à entrer dans la ville.

    La situation des chrétiens au Liban n'est pas moins critique, observe Gestri. La dernière guerre entre le Hezbollah et Israël – qui a officiellement pris fin le 27 novembre 2024, mais qui a encore des répercussions – a aggravé la crise économique et financière. « Les chrétiens sont en moyenne plus instruits que le reste de la population, ce qui explique peut-être qu'ils aient moins de difficultés à s'intégrer dans le contexte européen et international, et ils partent. Il n'y a pas de travail et, à cause de la crise, les titulaires de comptes ont perdu l'argent accumulé en banque, leurs économies, leurs salaires et leurs retraites. Il n'y a pas d'avenir pour les jeunes, il n'y a pas de vie confortable pour personne. »

    Si dans les années 1970, les chrétiens du Liban représentaient environ 60 % de la population, ils sont aujourd'hui tombés à 40 %. Gestri estime que « notre monde occidental a aussi une part de responsabilité dans la disparition des chrétiens du Liban et des pays du Moyen-Orient en général, dans la mesure où un mode de vie fortement influencé par l'idéologie woke se répand ici aussi ». Parmi les conséquences, explique le journaliste indépendant, figure la disparition des familles nombreuses comme par le passé : cela ne tient pas à de simples considérations économiques, car les musulmans ne sont pas plus prospères que les chrétiens, mais bien démographiquement, n'ayant pas subi la même influence de l'idéologie woke.

    Autre chapitre grave : la Syrie, où les chrétiens comptent parmi les minorités qui paient le plus lourd tribut au changement de régime, comme le rappelle le massacre du dimanche 22 juin dans l’église grecque orthodoxe Saint-Élie, à Damas. Dans ce dossier syrien, selon Gestri, « l’Occident porte une responsabilité directe, car il s’abstient de dénoncer les graves violations des droits humains commises par le gouvernement qui a pris le pouvoir après la chute de Bachar el-Assad. » La Syrie serait passée d’une « dictature laïque » à une « dictature djihadiste », car « Hayat Tahrir al-Sham (HTS) n’est rien d’autre qu’une filiale d’al-Nosra, la version syrienne d’al-Qaïda », note Gestri, ajoutant : « Les gouvernements occidentaux ont intérêt à traiter avec eux [les fondamentalistes islamiques au pouvoir en Syrie] et à sacrifier sur l’autel des intérêts matériels, économiques et géopolitiques des milliers de personnes qui meurent, en particulier parmi les minorités religieuses, notamment les Alaouites, les Druzes et les chrétiens. » Le journaliste explique également qu'il est désormais clair que les forces djihadistes derrière le gouvernement syrien « proclament la charia et ne prévoient l'existence d'aucune autre communauté que la communauté sunnite ». Et dans cette logique, les chrétiens, qualifiés avec mépris de « mangeurs de porc », doivent disparaître.

    Concernant l'aide aux chrétiens, Scopelliti souligne l'action fondamentale de l'Église de Jérusalem, qui « agit très discrètement », sans faire de bruit. Par exemple, le Patriarcat latin de Jérusalem utilise ses propres minibus conduits par des chauffeurs musulmans et déploie un important travail diplomatique, en collaboration avec le nonce apostolique, pour apporter de l'aide à la paroisse de Gaza. Le journaliste souligne également l'efficacité de Léon XIV, qui accorde une grande attention à la paroisse de Gaza, notamment par le biais des « institutions, le Patriarcat et la Nonciature », qui connaissent la situation sur le terrain. Mais ailleurs en Palestine et en Cisjordanie, le Patriarcat de Jérusalem apporte également une aide précieuse aux chrétiens, par exemple en leur confiant des travaux de rénovation qui leur permettent de gagner leur vie et de subvenir aux besoins de leurs familles. De plus, « l'Église œuvre avant tout pour apaiser la haine qui s'est créée entre Israéliens et Arabes », et qui a notamment pour conséquence l'implication des chrétiens. Et puis il y a le soutien qui vient de l'extérieur, des chrétiens occidentaux, qui aident leurs frères « par exemple à travers les Chevaliers du Saint-Sépulcre et l'Ordre de Malte ».

    Concernant la possibilité d'une stabilisation de la situation en Terre Sainte , Scopelliti a déclaré que « tant que le gouvernement dirigé par Netanyahou existera, il n'y aura jamais de paix. En Terre Sainte, Netanyahou est qualifié de « diable ». Le journaliste a d'une part rappelé et blâmé la barbarie du massacre du 7 octobre 2023 perpétré par le Hamas et, d'autre part, l'opacité au sommet d'Israël, même face aux signes avant-coureurs de ce massacre. »

    À Cascioli, qui demandait ce qui pouvait être fait pour maintenir l'attention sur la situation des chrétiens au Moyen-Orient, Scopelliti a répondu : « Avant tout, nous devons prier. » Nous devons prier comme la reine Esther l'a fait pour libérer son peuple de la menace qui pesait sur lui. « Avec les armes, on ne fait rien, on n'apporte que la haine. Les chrétiens n'ont pas besoin de haine, c'est la prière qui les sauve, c'est l'Eucharistie. Savez-vous comme c'est beau – a ajouté le journaliste – de voir des églises pleines en Terre Sainte ? Lorsqu'il entre dans l'église, tout le monde s'agenouille. Comme c'est beau de voir tous les prêtres de Terre Sainte en soutane : un prêtre n'entre pas dans l'église sans soutane, il y a toujours ce respect pour Dieu qui est vraiment présent, pour l'Eucharistie. Voilà ce que nous devons faire : renforcer la foi. Il y a de vrais témoins là-bas, ces pauvres chrétiens sont de vrais témoins et disciples. »

  • "La violence fait rage dans l'Orient chrétien avec « une intensité diabolique » qui fait honte à l'humanité" (Léon XIV)

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    Au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit.

    La paix soit avec vous !

    Éminences et Excellences,
    chers prêtres, frères et sœurs,

    la paix soit avec vous ! Je vous souhaite la bienvenue, heureux de vous rencontrer à l’issue de votre Assemblée plénière. Je salue Son Éminence le Cardinal Gugerotti, les autres Supérieurs du Dicastère, les Officiers et vous tous, membres des Agences de la ROACO.

    « Dieu aime celui qui donne joyeusement » (2 Co 9, 7). Je sais que pour vous, soutenir les Églises Orientales n’est pas d’abord un travail, mais une mission exercée au nom de l’Évangile qui, comme le mot lui-même l’indique, est annonce de joie qui réjouit avant tout le cœur de Dieu, dont la générosité est sans mesure. Merci parce que, avec vos bienfaiteurs, vous semez l’espérance sur les terres de l’Orient chrétien, aujourd’hui plus que jamais bouleversées par les guerres, vidées par les intérêts, enveloppées d’une chape de haine qui rend l’air irrespirable et toxique. Vous êtes la bouteille d’oxygène des Églises Orientales, épuisées par les conflits. Pour tant de populations, pauvres en moyens mais riches de foi, vous êtes une lumière qui brille dans les ténèbres de la haine. Je vous prie, de tout cœur, de toujours faire tout votre possible pour aider ces Églises si précieuses et si éprouvées.

    L’histoire des Églises catholiques orientales a souvent été marquée par la violence qu’elles ont subie ; malheureusement, les oppressions et les incompréhensions n’ont pas manqué, y compris au sein même de la communauté catholique, incapable de reconnaître et d’apprécier la valeur des traditions différentes de la tradition occidentale. Mais aujourd’hui, la violence belliqueuse semble s’abattre sur les territoires de l’Orient chrétien avec une véhémence diabolique jamais vue auparavant. Votre session annuelle en a également souffert, avec l’absence physique de ceux qui auraient dû venir de la Terre Sainte mais qui n’ont pas pu entreprendre le voyage. Le cœur saigne en pensant à l’Ukraine, à la situation tragique et inhumaine de Gaza, et au Moyen-Orient dévasté par la propagation de la guerre. Nous sommes tous appelés, en tant qu’êtres humains, à évaluer les causes de ces conflits, à vérifier celles qui sont réelles et à essayer de les surmonter, et à rejeter celles qui sont fallacieuses, fruit de simulations émotionnelles et de rhétorique, en les démasquant avec détermination. Les gens ne peuvent pas mourir à cause de fausses nouvelles.

    Il est vraiment triste de voir aujourd’hui, dans de nombreux contextes, s’imposer la loi du plus fort, qui légitime les intérêts personnels. Il est désolant de constater que la force du droit international et celle du droit humanitaire ne semblent plus contraindre, remplacées par le prétendu droit de contraindre les autres par la force. Cela est indigne de l’homme, honteux pour l’humanité et pour les responsables des nations. Comment peut-on croire, après des siècles d’histoire, que les actions belliqueuses apportent la paix et ne se retournent pas contre ceux qui les ont menées ? Comment peut-on penser poser les bases de l’avenir sans cohésion, sans une vision d’ensemble animée par le bien commun ? Comment peut-on continuer à trahir les aspirations de paix des peuples par la propagande mensongère du réarmement, dans l’illusion vaine que la suprématie résout les problèmes au lieu d’alimenter la haine et la vengeance ? Les gens sont de moins en moins ignorants des sommes d’argent allant dans les poches des marchands de mort et qui pourraient servir à construire des hôpitaux et des écoles ; au lieu de cela, on détruit ceux qui existent déjà !

    Et je me demande : en tant que chrétiens, outre nous indigner, élever la voix et retrousser nos manches pour être des artisans de paix et favoriser le dialogue, que pouvons-nous faire ? Je crois qu’il faut avant tout prier sincèrement. C’est à nous de faire de chaque nouvelle tragique et image qui nous touchent un cri d’intercession vers Dieu. Et ensuite, aider, comme vous le faites et comme beaucoup le font, et peuvent le faire à travers vous. Mais il y a plus, et je le dis en pensant particulièrement à l’Orient chrétien : il y a le témoignage. C’est l’appel à rester fidèles à Jésus, sans de faire prendre dans les tentacules du pouvoir. C’est imiter le Christ qui a vaincu le mal, en aimant depuis la croix, en montrant une manière de régner différente de celle d’Hérode et de Pilate. L’un, par crainte d’être détrôné, avait tué des enfants qui aujourd’hui ne cessent d’être déchiquetés par les bombes ; l’autre s’était lavé les mains, comme nous risquons de le faire quotidiennement jusqu’au seuil de l’irréparable. Regardons Jésus, qui nous appelle à guérir les blessures de l’histoire par la seule douceur de sa croix glorieuse d’où émanent la force du pardon, l’espoir d’un nouveau départ, le devoir de rester honnête et transparent dans un océan de corruption. Suivons le Christ qui a libéré les cœurs de la haine, et donnons l’exemple permettant de sortir de la logique de la division et de la vengeance. Je voudrais remercier et embrasser par la pensée tous les chrétiens orientaux qui répondent au mal par le bien : merci, frères et sœurs, pour le témoignage que vous donnez, surtout lorsque vous restez sur vos terres comme disciples et comme témoins du Christ.

    Chers amis de la ROACO, dans votre travail, outre les nombreuses misères causées par la guerre et le terrorisme – je pense au récent et terrible attentat dans l’église Saint-Élie à Damas –, vous voyez fleurir aussi les germes de l’Évangile dans le désert. Vous découvrez le peuple de Dieu qui persévère en tournant son regard vers le Ciel, en priant Dieu et en aimant son prochain. Vous touchez du doigt la grâce et la beauté des traditions orientales, des liturgies qui laissent Dieu habiter le temps et l’espace, des chants séculaires imprégnés de louange, de gloire et de mystère, qui élèvent une demande incessante de pardon pour l’humanité. Vous rencontrez des figures qui, souvent dans l’ombre, viennent s’ajouter aux grandes foules de martyrs et de saints de l’Orient chrétien. Dans la nuit des conflits, vous êtes témoins de la lumière de l’Orient.

    Je voudrais que cette lumière de sagesse et de salut soit mieux connue dans l’Église catholique, où il existe encore beaucoup d’ignorance à ce sujet et où, en certains lieux, la foi risque de s’asphyxier, notamment parce que le vœu exprimé à plusieurs reprises par saint Jean-Paul II ne s’est pas réalisé. Il y a 40 ans, il disait: « L’Église doit réapprendre à respirer avec ses deux poumons, celui de l’Orient et celui de l’Occident » (Discours au Sacré Collège des Cardinaux, 28 juin 1985). Cependant, l’Orient chrétien ne peut être préservé que s’il est aimé ; et on ne l’aime que si on le connaît. Il faut, en ce sens, mettre en œuvre les invitations claires du Magistère à faireconnaître ses trésors, par exemple en commençant à organiser des cours de base sur les Églises Orientales dans les séminaires, les facultés de théologie et les centres universitaires catholiques (cf. Saint Jean-Paul II, Lett. ap. Orientale lumen, n. 24 ; Congrégation pour l’Éducation Catholique, Lettre circ. En égard au développement, 9-14). Il est également nécessaire de se rencontrer et de partager l’action pastorale, car les catholiques orientaux ne sont plus aujourd'hui des cousins éloignés qui célèbrent des rites inconnus, mais des frères et sœurs qui, en raison des migrations forcées, vivent à nos côtés. Leur sens du sacré, leur foi cristalline, rendue solide par les épreuves, et leur spiritualité qui embaume du mystère divin peuvent apaiser la soif de Dieu latente mais présente en Occident.

    Confions cette croissance commune dans la foi à l’intercession de la Très Sainte Mère de Dieu et des apôtres Pierre et Paul, qui ont uni l’Orient et l’Occident. Je vous bénis et vous encourage à persévérer dans la charité, animés par l’espérance du Christ. Merci.

  • Papes pour la paix : Léon XIV plus en phase avec Pie XII ?

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    D'Éd. Condon sur The Pillar :

     

    Papes pour la paix : Léon et François, Pie XII et Jean XXIII

    Léon semble être plus en phase avec Pie XII tandis que François faisait écho à saint Jean XXIII

    Dès les premiers mots de sa première apparition, le pape Léon XIV a appelé à la paix.

    En tant que choix stylistique, saluer la foule sur la place Saint-Pierre avec le traditionnel « la paix soit avec vous » était un point de différence avec son prédécesseur immédiat François, qui avait ouvert la fête par un simple « bonsoir ».

    Le pape Pie XII et le futur pape saint Jean XXIII. Domaine public.

    Mais les premiers mots de Léon XIV en tant que pape n’étaient pas simplement une phrase toute faite, puisqu’il a ensuite exposé la nécessité de la paix comme priorité et mission de l’Église dans le monde, appelant à « la paix du Christ ressuscité ».

    Bien sûr, la paix, en particulier dans l’ordre diplomatique mondial, est une question urgente pour François et maintenant pour Léon.

    En fait, la situation mondiale s’est détériorée depuis l’élection de Léon XIV, avec le conflit au Moyen-Orient qui s’étend désormais à l’Iran, en plus de la guerre en cours en Ukraine, de la violence contre les chrétiens dans différentes régions d’Afrique et des tensions mondiales avec la Chine.

    François a bien sûr placé les efforts diplomatiques au premier plan des dernières années de son pontificat, et Léon a commencé à façonner sa propre approche à une époque de conflit mondial.

    Ce faisant, des différences de langage, de ton et d’accent apparaissent déjà entre les papes dans leurs appels communs à la paix, et reflètent peut-être des différences similaires entre les papes du siècle dernier.

    Alors que l'Église attend la première encyclique de Léon XIV, quelle qu'en soit la date, il semble de plus en plus probable qu'elle fasse de l'appel urgent à la paix son thème central. Si tel est le cas, les signes jusqu'à présent suggèrent que Léon pourrait davantage faire écho à Pie XII qu'à saint Jean XXIII.

    La guerre et la menace de guerre ont dominé une grande partie du XXe siècle et, nécessairement, ont dominé l’attention des papes qui ont régné pendant cette période, le plus évidemment Pie XII, élu à la veille de la Seconde Guerre mondiale, et saint Jean XXIII, qui a vu la période d’après-guerre se transformer en guerre froide et en ère nucléaire.

    Dans leurs encycliques respectives Summi pontificatus, publiées quelques semaines seulement après l'invasion de la Pologne par l'Allemagne en 1939, et Pacem in terris, donnée en 1963 dans les mois qui ont suivi la crise des missiles de Cuba, les deux papes ont cherché à s'adresser à un ordre mondial déterminé à se réarmer et au bord d'une violence catastrophique.

    Les deux papes ont mis en garde contre le sentiment d’inévitabilité d’un conflit armé et ont diagnostiqué un déclin plus large de l’ordre moral qui menace la dignité humaine.

    Dans Summi, Pie XII décrit ses efforts pour « empêcher le recours aux armes et maintenir ouverte la voie à une entente honorable pour les deux parties ».

    « Convaincu que l’usage de la force d’un côté serait répondu par le recours aux armes de l’autre », il écrivait qu’il avait fait tout ce qu’il pouvait pour éviter « les horreurs d’une conflagration mondiale, même au risque que nos intentions et nos objectifs soient mal compris ».

    Moins de 25 ans plus tard, Jean XXIII mettait en garde contre la « croyance commune selon laquelle, dans les conditions modernes, la paix ne peut être assurée que sur la base d’un équilibre égal des armements et que ce facteur est la cause probable de ce stockage d’armements ».

    « Par conséquent, les gens vivent sous l'emprise d'une peur constante », écrit Jean XXIII dans Pacem in Teris. « Ils craignent qu'à tout moment la tempête imminente ne s'abatte sur eux avec une violence horrible. Et ils ont de bonnes raisons d'avoir peur, car ces armes ne manquent certainement pas. »

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  • La diplomatie vaticane à l’épreuve des conflits en Iran et à Gaza. Une opinion à contre-courant

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    La diplomatie vaticane à l’épreuve des conflits en Iran et à Gaza. Une opinion à contre-courant

    (s.m.) Je reçois et je publie. L’auteur de cette note, Pietro De Marco, est expert en philosophie, théologie et histoire, il a enseigné la sociologie de la religion à l’Université de Florence et à la Faculté théologique de l’Italie centrale.

    *

    Le Saint-Siège et la conjoncture au Moyen-Orient

    de Pietro De Marco

    1. Médiation et arbitrage

    La suspension des guerres en cours ne passe pas par la mise en œuvre d’un arbitrage classique. En effet, dans aucun des cas de belligérance, de l’Ukraine aux deux fronts du Proche-Orient (Israël-Hamas, Israël-Iran), il ne s’agit de guerres déclarées visant à obtenir « une solution politique par d’autres moyens » dans le but de résoudre un différend, mais bien des guerres de valeurs, qui visent à la destruction d’un ennemi moral et culturel, ou encore des guerres « asymétriques » d’un type nouveau, provoquées et menées par plusieurs sujets et avec une variété de tactiques, par définition non déclarées.

    Dans le cas russo-ukrainien, le caractère idéal et les valeurs invoquées par Poutine sont fictifs et ne sont que pure propagande, et le « casus belli » n’est qu’un prétexte, mais elles demeurent un nœud autour du cou de ceux qui ont initié l’agression.

    Sur la scène du Moyen-Orient, les acteurs agressifs, et par conséquent ceux qui réagissent et s’opposent à eux (Israël, et en partie les États-Unis), se positionnent d’emblée – c’est-à-dire dans la réalité quotidienne des guerres hybrides – hors de l’autorité d’arbitrage des organismes internationaux et du droit international lui-même.

    Ce dernier, en fin de compte, n’est qu’un système sans pouvoir coercitif, et il n’est d’ailleurs pas en mesure de l’obtenir sinon de manière controversée et inefficace. Seul un « dominus » planétaire, seul détenteur d’une coercition légitime, pourrait juger et sanctionner, et donc peut-être prévenir, un conflit entre parties et entre États. Mais il faudrait pour cela qu’il passe d’abord sur le corps de tous les prétendants au trône. Ce qui relève davantage de la dystopie que de l’utopie.

    Nous assistons donc dans les faits à des guerres hybrides de type « guerre révolutionnaire ». Les guerres hybrides sont très étudiées et ne sont pas bien difficiles à identifier ; mais l’opinion publique démocratique, encline à nier que l’Occident puisse avoir des ennemis, réagit encore en condamnant la moindre velléité de puissance de ses opposants. Pareil parmi les juristes.

    L’une caractéristique des guerres hybrides sédimentées depuis longtemps est leur dimension d’endoctrinement capillaire du groupe humain à « libérer », c’est-à-dire à sacrifier en masse le jour où l’on en vient aux armes. L’endoctrinement est en fait la manipulation de l’univers imaginaire des individus pour le peupler d’ennemis moraux à haïr aujourd’hui et à éliminer demain. Un jeune participant au raid du 7 octobre a téléphoné fièrement à ses parents en disant : « Regardez ! J’ai tué pas moins de dix Juifs ! ».

    C’est ainsi que tout à fait ouvertement, dans le projet d’hégémonie chiite au Moyen-Orient, Israël est d’abord et avant tout « inimicus » (l’ennemi moral) et non « hostis » (l’ennemi sur le champ de bataille, l’adversaire), pour reprendre une distinction classique et indispensable. « Inimicus » qui devient aussi « hostis » dans les conflits armés, faisant oublier à certains observateurs que, dans ces guerres atypiques, les hostilités sont en fait l’émergence contingente d’une guerre menée entre deux camps, depuis un certain temps, sous d’autres formes.

    En résumé, les guerres de ces dernières années, ou de ces derniers jours, montrent aussi ce qu’est une guerre hybride « révolutionnaire ». Paradoxalement, l’artisan de paix qui obtiendrait le retrait de l’armée israélienne de Gaza devrait poursuivre à son tour (et comment ?) le travail de liquidation des milices insurgées, sinon il n’y aura pas de paix. La guerre hybride est la condition constante du Sud-Liban, que l’opinion publique ne voit que lorsque les chars israéliens se déplacent.

    Il est donc difficile de se poser en arbitres entre les haines et autres pulsions culturelles non négociables, ou qui ne sont négociables et surmontables qu’entre individus (l’individu juif, l’individu palestinien, l’individu iranien, etc.). Bien sûr, sur le front iranien, il est possible de négocier des contrôles internationaux des sites d’enrichissement d’uranium et de plutonium qui seraient constants et sans entrave. Mais, avec la classe dirigeante iranienne actuelle, ce serait négocier l’impossible. Et s’il est question d’un contrôle extérieur imposé, comme il devra l’être en fin de compte, cela reviendrait à placer sous protection internationale une zone (nucléaire et militaire) de souveraineté nationale iranienne. Ce « vulnus » de souveraineté nécessaire rentrerait alors dans le domaine des interventions préventives obligatoires, relevant de la compétence de l’ONU. Mais la lenteur et la partialité de l’ONU – à tel point que l’on pourrait dire que l’ONU elle-même est partie prenante à une guerre hybride contre Israël depuis des décennies – rend cette organisation internationale peu fiable, incapable de prendre des mesures préventives efficaces, comme cela a été le cas avec le soi-disant confinement du Hezbollah au Sud-Liban.

    Ce contexte confère à l’État juif une grande latitude décisionnelle. Une fois la certitude et l’imminence du risque avérés, cette latitude lui permet d’exercer légitimement la riposte préventive. Même dans le cas de Gaza, on peut soutenir qu’il faille considérer la poursuite de la guerre, après la première réponse de représailles au raid du 7 octobre, comme une prévention légitime contre toute agression analogue dans le futur.

    La légalité de la guerre d’Israël est fortement débattue, particulièrement celle qu’elle vient de déclarer contre l’Iran, tout comme sa vision politique à long terme, avec deux fronts ouverts (qui sont en réalité un même front). Qui vivra verra.

    Selon la doctrine actuelle, la guerre préventive en tant que telle présuppose qu’« il ne peut y avoir de réintégration du droit [dans le cadre international] à travers un processus normal ». Mais cette conviction et ses conséquences portent à légitimer une situation anti-juridique ou pré-juridique (« l’état de nature » de Kant), légalisant de facto ce qui est « ex lege ». Pourtant, il y a des situations limites que le droit reconnaît universellement et qu’il n’abandonne pas à « l’état de nature », mais plutôt à des disciplines : toutes les urgences, et le droit de la guerre tout entier. L’affirmation selon laquelle on ne peut pas être à la fois en faveur de la guerre préventive tout en restant démocratiques dans l’ordre international ne tient pas compte de l’état de nécessité.

    L’action destructrice d’un danger imminent n’a pas et ne peut pas avoir de « stratégie de sortie » en soi. L’urgence étant d’anéantir le danger lui-même, c’est-à-dire l’ennemi en tant que tel. Lorsqu’une guerre hybride émerge comme un combat à proprement parler, la définition de la guerre s’y adapte pleinement. L’élaboration de l’après relève du politique. Le travail des organismes internationaux et des organes politiques devrait se concentrer sur cela, plutôt que sur le cours de la guerre, qui a sa propre logique. Mais, comme on suppose que rien de politique ne se passe à Gaza et qu’il ne s’agit que d’un drame humanitaire, personne ne travaille sérieusement à l’après.

    2. Quelle activité diplomatique pour le Saint-Siège ?

    Dans ce contexte, quel jugement public et quelles actions peut-on attendre du Saint-Siège ? Je parle bien du « Saint-Siège », parce qu’une action aux modalités résolument personnalistes (qui se ferait au détriment de la Secrétairerie d’état et d’autres organismes) comme le faisait le pape François n’était pas et n’est pas destinée à avoir des effets. Pour cesser, les guerres n’ont pas besoin d’une « voix autoritaire » supplémentaire pour prêcher la paix, car il n’y a pas d’énoncés performatifs sans réalités, sans forces, aptes à les mettre en œuvre. Pour cesser, les guerres ont besoin d’une véritable élimination de leurs causes, ou à tout le moins d’une partie nécessaire et suffisante d’entre elles.

    En ce qui concerne le Saint-Siège, à moins d’opter pour un sage silence, la formulation publique d’un jugement « complet » serait quant à elle qualifiante. Pour me faire bien comprendre : je considère par exemple comme incomplète et en fin de compte erronée toute formulation « humanitaire » sur Gaza ne désignant pas explicitement le Hamas comme co-responsable quotidien – et premier responsable – des souffrances actuelles de la population palestinienne.

    Quant au conflit israélo-iranien, on a peut-être entrevu un jugement « complet », même dans le langage de la diplomatie, lors de l’audience jubilaire du 14 juin dernier, au cours de laquelle Léon XIV a déclaré, avec la brièveté qui le caractérise et que nous espérions tant, qu’il n’est pas licite entre les peuples d’attenter à l’existence d’autrui. Dans cet appel, qu’il a intercalé dans les salutations à des groupes de pèlerins, il a déclaré ceci : « Personne ne devrait jamais menacer l’existence d’autrui. Il est du devoir de tous les pays de soutenir la cause de la paix […] en favorisant des solutions garantissant la sécurité et la dignité pour tous ».

    Avec quelques paroles supplémentaires, le Saint-Siège pourrait éventuellement associer d’une manière sans équivoque cette déclaration à la pratique croissante de l’Iran de mener une guerre hybride contre Israël (et indirectement contre les pays arabes) ces vingt dernières années. Prendre position contre, ne serait-ce que par principe, donne de la force et non de la faiblesse à la tierce partie, en l’occurrence à un pape, qui ne se positionne pas en ennemi mais qui montre néanmoins qu’il dispose de critères de jugement.

    Un expert allemand du Moyen-Orient aurait objecté à une observation que le chancelier Merz a laissé échapper (« Israël fait le travail à la place et dans l’intérêt d’un Occident sans défense ») qu’à ce moment-là, ce n’est pas le régime iranien qui était menaçant, mais bien des citoyens iraniens qui étaient menacés. J’ai écrit en son temps que l’intellect occidental contemporain, l’intellect moyen, est en proie à un syndrome le rendant incapable de distinguer le moment empathique du moment rationnel-analytique et qui, en tout cas, privilégie le premier sans discernement. À cause d’une « koinè » philosophique de salon qui, depuis des décennies, fait la part belle au « sentiment ».

    Sinon, comment le « sentiment » de compassion pourrait-il effacer soudainement des consciences le cadre des rapports entre les puissances, les cas de destruction entre les civilisations et l’irréductibilité concrète des guerres à la piété des spectateurs ? Et c’est ce même « sentiment » qui préside chaque jour de manière irrationnelle, à de nombreuses références dilettantes au droit international ou humanitaire ; de manière irrationnelle, non pas parce que la référence à la loi ne serait pas rationnelle, mais parce qu’elle ne peut pas être pensée comme le recours à des formules incantatoires. C’est illusoire et inutile.

    Puisse le Saint-Siège retrouver sa rationalité séculaire et la compassion catholique.

    ———

    Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l’hebdomadaire L’Espresso.
    Tous les articles de son blog Settimo Cielo sont disponibles sur diakonos.be en langue française.

    Ainsi que l’index complet de tous les articles français de www.chiesa, son blog précédent.

  • La « nouvelle Syrie » islamiste est un cauchemar pour les chrétiens

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    D'Elisa Gestri sur la NBQ :

    La « nouvelle Syrie » islamiste est un cauchemar pour les chrétiens

    L'attaque de dimanche dans une église orthodoxe n'est pas la première revendiquée par des groupes djihadistes qui prolifèrent dans un contexte incontrôlable. Mais malgré les ambiguïtés, le « gouvernement de transition » continue de bénéficier du soutien international.

    25_06_2025

    photo par Elisa Gestri

    Le retour de l'État islamique, ou de quiconque le représente, en Syrie est désormais clair et indéniable. Depuis décembre dernier, date de l'arrivée au pouvoir de Hayat Tahrir al Sham, on assiste à la prolifération de groupes djihadistes qui, en partie, coïncident avec HTS (Hayat Tahrir al-Cham (HTS), la coalition islamiste qui a fait chuter le président syrien Bachar al-Assad ndb), en partie sont alliés, en partie rivaux. Certains sont issus de l'EI, d'autres sont ses frères, d'autres encore ont un passé au sein d'Al-Nosra, l'EI syrien, ou d'Al-Qaïda.

    Le mois dernier, l'EI a revendiqué deux attaques en Syrie, l'une dans le désert du sud et l'autre dans le gouvernorat de Soueida. La première visait une patrouille de l'Armée syrienne libre (ASL), milice initialement composée de rebelles contre le régime d'Assad et soutenue par les États-Unis, stationnée sur la base d'al-Tanf, près des frontières jordanienne et irakienne. Depuis la chute du régime d'Assad, il s'agit des premières opérations ouvertement revendiquées par l'EI, ou par celui qui se cache désormais derrière ce sigle. Entre-temps, Dujana al Jubouri, originaire d'Alep et ancien commandant d'al-Nosra, au sein duquel il a occupé des postes de direction jusqu'en 2014, date à laquelle il a rejoint l'État islamique, a été nommé gouverneur d'Alep. C'est l'État islamique lui-même qui a annoncé la nouvelle.

    L'attentat suicide contre l'église grecque orthodoxe  Saint-Élie, perpétré dimanche dernier à 18h15, un quart d'heure après le début de la messe, a fait 27 morts et 63 blessés à Dwela, près de Damas. Il a d'abord été attribué à l'État islamique (mais il s'agissait apparemment d'une opération sous fausse bannière), puis revendiqué par une nouvelle formation appelée Saraya Ansar al-Sunna (Brigade de soutien à la Sunna).

    Les trois assaillants – selon des sources locales, deux combattants étrangers ouzbeks  et un « facilitateur » syrien de HTS – n'étaient pas là par hasard. Ils étaient déjà connus dans le quartier, où ils avaient eu plusieurs affrontements avec des habitants qui s'étaient plaints aux autorités. Selon le communiqué publié sur les réseaux sociaux par Saraya Ansar al-Sunna, le kamikaze Muhammad Zayn al Abidin abu Uthman est l'auteur d'une « opération martyre » ayant entraîné la mort de « dizaines de polythéistes ». Une opération similaire, conclut le communiqué, « sera bientôt répétée à Beyrouth ».

    Qui se cache derrière cette nouvelle formation, pourtant pas si nouvelle ? Dans une interview éclairante accordée en mai dernier au journal libanais An Nahar, Abu al-Fath al-Shami, chef de la « Division Charia » du groupe, a déclaré que l'organisation, fondée en secret à Idlib, rassemble des transfuges de HTS et d'anciens combattants de l'EI et considère al-Charaa comme « un tyran peu fiable et apostat », même si l'opposition au gouvernement syrien ne figure pas parmi ses priorités. Quant à l'EI, Saraya Ansar al-Sunna ne reconnaît pas son autorité, mais, a ajouté al-Shami, « quiconque partage notre avis sur le djihad est notre frère ». Actuellement, l'organisation se concentre sur « l'attaque des alaouites, des druzes, des chiites et des milices kurdes des FDS (Forces démocratiques syriennes) dans le nord-est de la Syrie ». De toute évidence, si les revendications de la milice sont crédibles, elles le sont aussi pour les chrétiens.

    Tout porte à croire que HTS est incapable, ou plutôt peu disposé, à maîtriser ses affiliés djihadistes , quelle que soit leur appartenance, en particulier les combattants étrangers radicalisés désormais intégrés dans ses rangs qui commettent quotidiennement des crimes brutaux, notamment contre les minorités coupables de takfir (apostasie). Depuis le début de l'année, des milliers de personnes ont été tuées en Syrie sans distinction de sexe ou d'âge, uniquement sur la base de leur appartenance religieuse.

    Bien que la situation en Syrie soit clairement hors de contrôle et que les violations des droits humains aient largement dépassé le niveau d'alerte, l'impunité que la communauté internationale accorde au gouvernement d'Ahmed al Charaa est possible grâce au soutien des États-Unis, de la Turquie, du Qatar et de l'UE. Le 23 juin, au lendemain de l'attaque contre l'église Saint-Élie, le Conseil européen a approuvé les conclusions sur la Syrie, réaffirmant l'engagement de l'Europe à soutenir le peuple syrien et le « gouvernement de transition », reconnaissant « son engagement à construire une nouvelle Syrie fondée sur la réconciliation, le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous les Syriens sans distinction, et la préservation de la diversité du pays », peut-on lire dans le communiqué de presse publié ce jour-là. Ces derniers mots résonnent d'une ironie amère lorsqu'on pense aux proches des victimes de Dwela – hommes, femmes et enfants – qui ont perdu leurs proches dans un climat d'une brutalité et d'un sang incroyables. La relation entre le gouvernement d'Al Charaa et Israël est plus ambiguë.

    L'État hébreu et la Syrie sont officiellement en guerre depuis 1948, et Israël continue de bombarder la Syrie presque quotidiennement, en particulier, mais pas seulement, le plateau du Golan, près de la ville de Quneitra, et le sud de la région de Deraa. Il convient de noter que les attaques contre la Syrie (ainsi que contre le sud du Liban et les civils de Gaza) se sont poursuivies même après l'ouverture du « front iranien » par Israël. Depuis son arrivée au pouvoir, al-Charaa a toujours déclaré que la Syrie ne souhaitait pas de conflit avec son puissant voisin, demandant sans grande conviction à la communauté internationale de mettre fin aux attaques israéliennes.

    Lors d'une visite à Damas fin mai, l'envoyé spécial des États-Unis pour la Syrie, Thomas Barrack, a proposé un « pacte de non-agression » comme point de départ d'une détente entre la Syrie et Israël ; mais les relations entre les deux pays semblent se développer davantage en coulisses qu'en public. Les bombardements israéliens des infrastructures de l'armée syrienne semblent avoir pour but d'empêcher la création d'une force armée officielle capable de contrôler la Syrie ; D'un autre côté, certains faits semblent suggérer que Tel-Aviv bénéficie, directement ou indirectement, de groupes djihadistes à l'intérieur et à l'extérieur de la Syrie, à commencer par le renversement d'Assad.

    Il y a quelques semaines, Benjamin Netanyahou, acculé par une déclaration d'Avigdor Lieberman, chef du parti Israël Beiteinu, a admis sans détour qu'Israël armait depuis longtemps des djihadistes pro-EI à Gaza dans un but anti-Hamas. « Qu'a révélé Lieberman ? Quelles sources de sécurité ont activé un clan à Gaza qui s'oppose au Hamas ? Qu'y a-t-il de mal à cela ? », a déclaré Netanyahou sur X. « C'est bien, cela sauve la vie de soldats israéliens dans la bande de Gaza », a-t-il ajouté.

    Selon le Times of Israel,  le gouvernement Netanyahou, qui avait armé le Hamas par le passé , a fourni des kalachnikovs et d'autres armes au groupe pro-EI, même sans le consentement du cabinet de guerre. De plus, les ambitions expansionnistes d'Israël en Syrie, en particulier dans le sud du pays, ne sont un secret pour personne. Au lendemain de la chute d'Assad, les patrouilles de Tsahal, tractées par des bulldozers, ont occupé le Golan et la bande frontalière presque jusqu'à Damas, sans jamais quitter la zone. Un bon accord avec Al Charaa pourrait conduire à l'acquisition par Israël des territoires occupés, de droit comme de fait.

    Une autre conséquence dramatique et inévitable de la résurgence des groupes djihadistes en Syrie est l'expansion de l'extrémisme.hors des frontières du pays. Le 10 mai, Saraya Ansar al-Sunna, alors peu connu, a publié un communiqué annonçant le début de ses activités à Tripoli, dans le nord du Liban. Dans ce communiqué, le groupe menaçait de « frapper les apostats alaouites, chiites et druzes » du pays. Des convois de djihadistes brandissant les drapeaux d'Al-Qaïda et la chahada , symbole des conquêtes arabo-islamiques, ont été aperçus traversant la ville, traditionnellement sunnite, qui, selon des sources locales, ne s'opposerait pas à l'intégration d'un éventuel nouveau califat islamique s'étendant au Liban et à la Jordanie.

    Pendant ce temps, en Syrie, les chrétiens sont descendus dans la rue pour protester contre les violences auxquelles ils sont de plus en plus ouvertement soumis. Le soir même du massacre de Sant'Elia, une manifestation pacifique a eu lieu à Bab Touma, l'un des quartiers chrétiens de Damas, autour d'une grande croix. La marche a réclamé l'expulsion des combattants étrangers  de Syrie et que justice soit rendue aux victimes de toutes les attaques et massacres à motivation religieuse, dont Dwela n'est que le dernier en date.

    Les funérailles des « martyrs de Saint-Élie » ont également été l'occasion de manifester pacifiquement et d'exiger justice. Laure al Nasr est la veuve de Greis Bechara, qui, avec son frère Boutros, a tenté de désarmer l'assaillant avant qu'il ne se fasse exploser. Selon les personnes présentes, la promptitude des frères Bechara a distrait les assaillants et les a empêchés de tirer sur de nombreuses autres personnes avant que l'inévitable ne se produise. Dans un discours public touchant mais lucide, Laure a courageusement demandé à Al Charaa de prendre personnellement en charge les enquêtes, au lieu de présenter de vaines condoléances aux familles des victimes par l'intermédiaire de ses ministres, comme il l'a fait. De vive voix, al Charaa a exprimé sa solidarité au Qatar et aux autres pays du Golfe « face aux menaces sécuritaires liées aux attaques iraniennes », offrant aux gouvernements menacés « le soutien total de la Syrie ».
    Le sentiment est que si les pays occidentaux, encore formellement chrétiens, ne commencent pas à défendre leurs coreligionnaires au niveau international, il est peu probable que ces derniers aient un avenir en Syrie autre que la mort ou l’émigration forcée.

    En relation : Ce que signifie une attaque contre une église pour les chrétiens de Syrie

  • «León de Perú», un documentaire sur les années missionnaires du Pape

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    De Vatican News :

    «León de Perú», un documentaire sur les années missionnaires du Pape

    Un itinéraire à travers Chiclayo, Chulucanas, Callao, Lima, Trujillo, pour découvrir la figure du Pape augustinien à travers les voix et les témoignages de ceux qui l'ont connu, de ceux qui ont collaboré avec lui ou qui ont reçu son aide en tant que missionnaire et pasteur. Bientôt sur les canaux des médias du Saint-Siège.

    Missionnaire, curé, professeur, formateur, évêque, ami. C'est un voyage au Pérou sur les traces de Robert François Prevost, aujourd'hui Pape Léon XIV, que les médias du Vatican présentent dans León de Perú, un documentaire qui reconstitue les années qu'il a passées dans le pays latino-américain. Réalisé par les journalistes Salvatore Cernuzio, Felipe Herrera-Espaliat et Jaime Vizcaíno Haro, le documentaire parcourt Chulucanas, Trujillo, Lima, Callao et Chiclayo, en passant par les petites et grandes villes, les villages, les quartiers, les banlieues, les paroisses, les écoles et les maisons religieuses. Dans ces lieux, le père, puis Mgr Prevost, a célébré, prêché, enseigné, formé des religieux, rencontré des jeunes, célébré des anniversaires, pratiqué une charité vivante au milieu de tragédies telles que les inondations d'El Niño et la pandémie de coronavirus.

    Un travail pastoral et social dont les nombreuses histoires de personnes qui ont collaboré avec le futur Souverain pontife et qui ont reçu de lui une écoute, un soutien et une aide donnent un aperçu. Des témoignages d'évêques, comme les actuels curés de Callao et de Chulucanas, de confrères augustins, ou de curés, comme le jeune p. Cristophe Ntaganzwa, dans le quartier très pauvre de Pachacútec, violemment frappé par le Covid-19. Dans ce territoire, l'administrateur apostolique de l'époque a aidé les personnes sans emploi et affamées en leur envoyant de la nourriture et des médicaments. Une intervention opportune comme celle que, en tant qu'évêque de Chiclayo, Mgr Prevost a apportée à la population à qui les inondations avaient tout pris, en se jetant avec courage -comme le raconte Rocío, l'une des survivantes- dans les rues inondées.

    Toujours, à Chiclayo, le témoignage de Janina Sesa, ancienne directrice de Caritas, sur la campagne pour garantir l'oxygène aux personnes en situation d'urgence, ou de Berta, cuisinière dans l'un des comedores, les cantines créées à Trujillo par «el padre Roberto» pour nourrir les familles des banlieues. Puis des histoires plus intimes: par exemple, celle de Sylvia, sauvée par les religieuses du monde de la prostitution, dont le courage a inspiré à Mgr Prevost la création d'une Commission contre le trafic d'êtres humains, ou celle d'Hector et de sa fille Mildred, dont l'actuel Pape est le parrain de baptême.

    Chacun de ces témoins raconte comment il a vécu le soir de l’élection du 8 mai et adresse son message personnel au Pape. León de Perú sera bientôt diffusé sur les canaux officiels des médias du Saint-Siège.

  • Une déclaration audacieuse du cardinal Zen lors de la messe de la Fête-Dieu célébrée en latin envoie plusieurs messages depuis Hong Kong

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    De Matthew McDonald sur le NCR :

    Une déclaration audacieuse du cardinal Zen lors de la messe de la Fête-Dieu célébrée en latin envoie de multiples messages depuis Hong Kong

    Le cardinal retraité de Hong Kong a dirigé une procession eucharistique après avoir célébré une messe en latin le 22 juin.

    Le cardinal Joseph Zen dirige une procession eucharistique à Hong Kong après avoir célébré la messe latine le 22 juin.
    Le cardinal Joseph Zen dirige une procession eucharistique à Hong Kong après avoir célébré la messe latine le 22 juin. (photo : @Joseph Zen (@CardJosephZen) · X)

    Le cardinal Joseph Zen Ze-Kiun savait exactement ce qu'il faisait lorsqu'il a publié en ligne une photo de lui-même dirigeant une procession eucharistique après avoir dit une messe traditionnelle en latin à Hong Kong, et il envoie plusieurs messages avec cette photo, a déclaré un de ses amis au Register.

    Parmi les destinataires prévus figurent les catholiques du diocèse de Hong Kong et le pape Léon XIV, qui n'a pas encore fait connaître ses intentions concernant la messe latine, a déclaré Mark Simon, qui connaît le cardinal Zen depuis 1996.

    « Il parle à ses fidèles, leur faisant savoir qu'il est toujours là. Et il est, bien sûr, favorable à la messe en latin », a déclaré Simon par téléphone. « Il le dit », dit Simon, faisant référence à la messe latine, « et en le disant, il fait savoir à Léon où il en est. »

    Simon, un Américain, dirige des entreprises appartenant à Jimmy Lai, un catholique partisan de la démocratie à Hong Kong, emprisonné par les autorités locales depuis décembre 2020. Lai est un ami et un partisan du cardinal Zen.

    Le pape François a cherché à restreindre la messe latine, notamment par sa lettre apostolique Traditionis Custodes de juillet 2021 , « afin de poursuivre toujours plus la recherche constante de la communion ecclésiale », selon les termes du document. Le pape Léon XIV, élu le 8 mai, n'a pas encore fait connaître ses intentions concernant la messe latine traditionnelle.

    À l'occasion du dimanche du Corpus Christi, le cardinal Zen, 93 ans, évêque à la retraite de Hong Kong, a publié une photo de lui tenant un ostensoir contenant une hostie consacrée sous un parasol, ainsi qu'un texte de quatre paragraphes en cantonais et en anglais décrivant une procession eucharistique dans une église paroissiale de Hong Kong après une messe célébrée en latin.

    « Après avoir célébré la messe tridentine (forme extraordinaire du rite romain) à la paroisse Marie Auxiliatrice de Hong Kong, j'ai dirigé une procession eucharistique, apportant la Sainte Eucharistie hors de l'église et à travers les rues du campus », a écrit le cardinal Zen dans le message sur les réseaux sociaux dimanche, avec des parenthèses dans l'original.

    Dimanche était la solennité du Très Saint Corps et Sang du Christ, traditionnellement connue sous le nom de Corpus Christi, qui est le jour le plus courant de l'année pour les processions eucharistiques.

    « Jésus est véritablement Emmanuel – Dieu avec nous. Il désire tant être avec nous qu’il nous a laissé ce merveilleux Sacrement, s’offrant sous l’apparence du pain et du vin pour que nous le mangions et le buvions. La nourriture que nous mangeons devient partie intégrante de notre corps, mais lorsque nous recevons Jésus, nous devenons son Corps », a écrit le cardinal Zen.

    Simon a déclaré au Register qu'il n'était pas un porte-parole du cardinal Zen et qu'il ne lui avait pas parlé récemment. Mais il a également déclaré que le cardinal Zen envoie des messages précis avec ses actions publiques. « Il fait ça – la raison pour laquelle vous m'appelez est exactement la raison pour laquelle il fait ça », a déclaré Simon à un journaliste du Register. « Il est très doué en relations publiques. » « Il sait qu'ils ne seront pas contents », a déclaré Simon, faisant référence aux responsables du gouvernement communiste chinois.

    Le cardinal Zen a été arrêté en mai 2022 à Hong Kong, accusé de collusion avec des forces étrangères, et bien qu'il ne soit pas en prison actuellement, il reste sous la surveillance des autorités locales. « Aucune autre figure pro-démocratie ne s'affiche en public. Mais Zen est celui qui a la hache au-dessus de la tête. Ils pourraient l'arrêter et le mettre en prison », a déclaré Simon.

    David Alton, membre de la Chambre des Lords britannique et catholique, a qualifié le cardinal Zen de « chef religieux exceptionnel de notre époque — refusant d’abandonner son peuple et refusant de se conformer aux exigences du Parti communiste chinois », dans un message publié sur les réseaux sociaux .

    Simon a déclaré qu'il ne croyait pas que le cardinal essayait de provoquer le gouvernement, mais qu'il envoyait plutôt un message de solidarité à ses coreligionnaires catholiques qui essayent de rester fidèles à Rome sans se soumettre à l'Association catholique patriotique chinoise, une organisation sanctionnée par le gouvernement et associée au Parti communiste, qui, selon de nombreux catholiques, souille l'Église « non officielle ». « J'ai l'impression qu'avec la messe latine, il montre le drapeau d'une Église indépendante de l'Église patriotique », a déclaré Simon.

    Dans sa publication sur les réseaux sociaux dimanche, le cardinal Zen n'a fait aucune déclaration sur la politique laïque ni aucune déclaration ouverte sur les questions de politique de l'Église, mais s'est plutôt concentré sur l'Eucharistie. « Nous célébrons la solennité du Corpus Christi, une fête que l'Église a instituée précisément pour que les fidèles puissent permettre à Dieu d'entrer plus profondément dans leur vie quotidienne à travers la Sainte Eucharistie », a écrit le cardinal Zen.

    Plus loin dans son message, il a déclaré : « Parfois, nous disons : “Ne laissons pas Jésus seul dans le tabernacle.” Bien sûr, c’est une façon figurée de parler. Lorsque Jésus a révélé son Sacré-Cœur, il a dit : “Ce cœur a tant aimé les hommes, et pourtant il est si peu aimé en retour.” » « Comme s'il avait besoin de notre consolation », a ajouté le cardinal Zen. « En vérité, ce n'est pas Jésus qui a besoin de nous, mais il sait que nous avons besoin de lui. Oublier Jésus est notre plus grande perte. »

  • Syrie : 20 morts dans un attentat suicide contre une église de Damas

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    Massacre dans une église de Damas : un kamikaze fait 20 morts. « L'agresseur est membre de l'EI »

    23 juin 2025
     

    L'attentat suicide pendant la messe dans l'église de Sant'Elias : l'homme a tiré sur les fidèles avant de se faire exploser.

    Ceux qui ont réussi à se cacher dans les bancs ou derrière l'iconostase qui sépare l'espace réservé au clergé de celui des fidèles ont été sauvés. La messe dominicale dans l'église grecque orthodoxe Saint-Élie, à la périphérie de Damas, a tourné au massacre. Au moins 20 personnes ont été tuées et près de 60 blessées. Parmi les victimes figuraient également des enfants. Un kamikaze a réussi à échapper aux contrôles de sécurité à l'entrée. Il a d'abord tiré avec frénésie, puis, lorsque les policiers sont entrés, attirés par les cris, il s'est fait exploser.

    Beaucoup ont immédiatement pensé à la guerre israélo-américaine contre l'Iran. L'hypothèse était que l'ordre de semer le chaos aurait pu venir de Téhéran. La nouvelle orientation syrienne pourrait constituer une cible idéale pour enflammer le Moyen-Orient et s'enflammer pour se venger. Le président Ahmad al-Sharaa est un ancien d'Al-Qaïda et de Daech, autrement dit un ancien terroriste de la Guerre sainte sunnite, un ennemi juré de la Révolution islamique chiite iranienne. Pourtant, dès le début, il n'y avait aucune preuve, aucun indice, aucune affirmation. Logiquement, l'accusation ne tient pas la route. L'Iran est suffisamment occupé à résister à ceux qui l'attaquent réellement et n'a aucun intérêt à frapper la Syrie, désormais réduite à une quasi-impuissance par des mois de bombardements israéliens et des années de guerre civile.

    Au fil des heures, les témoignages de chrétiens survivants, leurs récits des cris du kamikaze, ont permis d'obtenir une piste plus crédible. L'agresseur serait un membre de l'EI, toujours fortement présent dans le pays, mais opposé à la nouvelle orientation de la politique du gouvernement syrien. Son ancien représentant, al-Sharaa, aujourd'hui président, est considéré comme un traître au califat. Les cellules de l'État islamique sont toujours présentes, avec des enlèvements et des demandes de péages dans le désert vers l'Irak. Les célèbres ruines de Palmyre restent difficiles d'accès, précisément pour ces gangs fondamentalistes.

    Le quartier de Dweilaa, où a eu lieu le massacre, est un quartier mixte de la capitale syrienne, peuplé de sunnites, de chrétiens et d'alaouites. Il s'agit de la première attaque de cette ampleur contre la communauté chrétienne en Syrie depuis décembre 2024, date de la chute du régime de Bachar el-Assad. Le ministre de l'Information, Hamza Mostafa, a parlé d'une « attaque terroriste lâche. Nous ne renoncerons pas à notre engagement en faveur de l'égalité entre les citoyens, nous protégerons la société et lutterons contre les organisations criminelles. »