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Quels dossiers prioritaires pour le prochain pape ?

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Rémy Brague est interrogé par Charles de Pechpeyrou sur I.media; à la question : "Quels sont les dossiers les plus urgents auxquels le prochain pape devra s’attaquer ? Et les plus importants ?", il répond : 

J’apprécie votre distinction entre l’urgent et l’important, le conjoncturel et le structurel. Pour l’urgent, il est clair qu’il reste pas mal de ménage à faire. Par exemple, Benoît XVI a eu le courage de donner un coup de pied dans la fourmilière pédophile. Un geste que les établissements laïcs : écoles, clubs de sport, maisons spécialisées pour handicapés, orphelinats, etc. feraient d’ailleurs bien d’imiter… Je crains par ailleurs que la France, voire l’Europe occidentale en entier, ne soit pas le meilleur observatoire pour mesurer l’urgence et l’importance des dossiers. Vus du Zaïre, du Brésil, de Corée, etc. certains de nos problèmes dits “sociétaux“ semblent bien provinciaux, ou même ne concerner que des enfants gâtés. Le “sécularisme“ européen a-t-il un avenir ? Il n’a même pas les moyens de montrer qu’il est bon qu’il y en ait un pour l’homme. D’autres prennent une dimension accrue. Quant au religieux, j’en nommerai deux : à l’intérieur du christianisme, les mouvements évangéliques, très affectifs, mais fondés sur une théologie très rudimentaire et peu à même de produire de la culture. A l’extérieur du christianisme, il y a l’islam. Les chrétiens parlent beaucoup de dialogue avec lui. Mais combien connaissent vraiment l’islam ? Et combien de musulmans s’intéressent-ils à ce dialogue ? Quant au domaine profane, devant les problèmes, ou plutôt les scandales mondiaux, il serait évidemment bon que le pape parle encore plus fort contre l’exploitation des pauvres et des enfants, les inégalités qui se creusent, les paradis fiscaux, la dégradation de l’environnement. Mais sans illusions : les médias, si friands de répercuter le moindre bout de phrase rappelant la morale sexuelle la plus banale, baillent et dorment devant les longs développements où les papes abordent ces sujets.

Toute l'interview est ici : http://www.imedia-info.org/depeches/renoncant-a-sa-charge-benoit-xvi-a-eu-courage-se-depouiller-tout-estime-remi-brague-interview,29870.html

Commentaires

  • Le plus important chantier n'est-il pas celui que désigne aujourd'hui Benoît XVI à son successeur, comme à tous les catholiques, en se retirant dans la prière ? C'est-à-dire, réapprendre à tous à se tourner avec humilité et confiance vers Dieu. Et spécialement le réapprendre à certains de nos prêtres qui croient pouvoir s'en passer, un peu à l'instar des pasteurs protestants.

    Or, ces derniers ont plutôt évacué Dieu de leurs célébrations. Dieu n'est pas vraiment présent parmi eux, ils ne font plus qu'en parler, comme d'un vieil et sage ancêtre, dont ils auraient hérité toute la science, mais qui n'aurait plus rien de neuf à leur apprendre. Ils se plaisent donc juste à citer et commenter les écrits qu'ont retranscrit les prophètes et apôtres, à partir de leurs propres contacts personnels et priants avec Dieu.

    On a donc parfois l'impression que Dieu n'aurait plus aucun mystère non plus pour ces prêtres séduits par les sirènes protestantes. Même les miracles de Dieu ne trouvent pas toujours grâce à leurs yeux. Et l'on en voit même qui organisent des groupes de partage d'évangile qui sont de la pure exégèse intellectuelle. Sans même la moindre prière adressée à l'Esprit Saint pour demander son secours. Pourquoi l'invoquerait-on, puisqu'on a tout compris, qu'il n'y a plus aucun mystère à révéler ni miracle à attendre ?

    Notons que les protestants avaient aussi décrété que les moines et moniales étaient des « inutiles à éliminer », des sortes de « parasites », même si ce slogan leur était surtout soufflé par leurs Princes désireux de s'accaparer les biens de ces « parasites ». Ce même slogan fut d'ailleurs repris dans les années 1790 par les révolutionnaires disciples de Voltaire. On sait que pas une abbaye n'est restée intacte en Belgique après le passage de ces hordes païennes.

    Or, ce slogan reviendrait tout bonnement à dire que, pour les protestants et pour ceux qui les imitent, l'humble prière à Dieu serait l'activité la plus inutile qui soit dans une société. Et pourtant, l'on doit bien reconnaître qu'aujourd'hui, c'est encore dans les communautés religieuses catholiques, monastiques et apparentées, que se trouve la majorité de vocations actuelles à la prêtrise. Car la vocation est un appel de Dieu. Comment entendre son appel si l'on ne se met même pas à son écoute ?

    Bref, je trouve que ce geste de Benoît XVI est un témoignage prophétique, encore plus précieux pour l'Église que tous ses écrits, discours et décisions, pourtant déjà si importants et bénéfiques. Il montre à tous les catholiques que les priants ne sont pas des « inutiles à éliminer », ils sont les plus « utiles à conserver » pour toute l'Église.

    « Celui qui prie ne perd pas son temps, même si la situation apparaît réellement urgente et semble pousser uniquement à l'action. » (Benoît XVI, Deus caritas est).

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