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En guise de voeux, deux paroles pour un temps d'inquiétude

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En ces temps d'inquiétude et parfois de tristesse, deux paroles continuent, malgré, tout de faire sens. Ce sont deux paroles que chacun peut faire siennes. Elles bordent nos existences. L'une se tient au seuil de notre naissance. L'autre sur le bord extérieur de la vie. L'une se prononce à propos de la vie donnée. L'autre à l'heure de notre mort. L'une est la vérité de notre venue au monde. L'autre commence à parler après notre ultime au revoir.

« Merci »

Parce qu'elles enveloppent notre vie, ces paroles ne perdent jamais leur vérité, même quand tout, alentour, devient absurde ou mensonger. Elles continuent de briller quand tout paraît obscur et faux. Sans cesse questionnées par les épreuves que nous traversons, ces deux paroles sont à chaque fois ce qu'il y a à répondre, ce qu'il y a à répandre sur les malheurs du temps. Elles sont le commencement de toute prière et, avec elle, apportent la paix. Elles sont la réponse avant toutes nos questions, première et éternellement jeune. Une réponse qu'on peut poser doucement sur les lèvres bavardes des questions qui, le soir, nous empêchent de dormir. 

La première de ces paroles, c'est « Merci ». Car pour vivre une épreuve, quelle qu'elle soit, il faut d'abord avoir reçu la vie. Le don à chacun de la vie qui l'anime est la condition du reste. Nos souffrances, nos tristesses, nos révoltes n'atteignent pas ce don premier : elles le révèlent. Car si la vie n'était pas bonne, le mal nous ferait-il seulement mal ? Si la vie n'était qu'un fait, anodin, sans valeur, l'injustice qui la frappe serait-elle vécue comme telle ? Chacun s'est reçu soi-même comme un don gratuit, immérité, et ce don est si bon qu'il apporte avec lui le sens de la justice et nos refus de la mort. 

Oui, merci. Moi qui suis, qui sens, qui vis, je ne me suis pas donné l'être. Je l'ai reçu de plus loin que moi. Mais vivre n'est pas seulement recevoir. C'est aussi porter du fruit. Ce n'est pas seulement se réjouir d'être. C'est avoir soin de s'accomplir. Le « Merci » par quoi nous recevons le don de la vie ne dit pas tout. Une autre parole se dit, qui nous appelle de l'autre côté du chemin. De même que le « Merci » demeure vrai tout au long de notre vie, de même cette parole accompagne chacun de nos efforts. Elle est vraie, même dans les heures les plus vaines, dans les heures creuses de nos attentes. Elle est même de plus en plus vraie, à mesure que la prise de notre vie semble nous échapper.

« Me voici »

Cette seconde parole, c'est : « Me voici ». Car oui, nous avons été donné à nous-même. Mais non pas pour soi-même. Le philosophe et frère franciscain Jean Duns Scot (1266-1308) pensait l'Incarnation de la seconde Personne de la Trinité comme un cadeau du Père au Fils. La Création est, dans la vie intime de Dieu, la surprise que le Père préparait à son Fils. Si cela peut paraître déconcertant sur le plan des idées, c'est éclairant sur le plan très concret de notre existence. Car à la fois, on le sent, nous sommes un cadeau. Chaque vie est un don. Mais ce don est pour un Autre. Nos vies sont adressées. « Pour lui, dit saint Paul, tout a été fait. » (Romains 11, 36). 

Et c'est parce que notre vie est pour un Autre que notre mort est une offrande, promise à la vie en Dieu. Cela ne signifie pas que Dieu nous attende au tournant avec cette question : « Qu'as-tu fait de tes dons ? » La vie n'est pas un examen, mais un don à recevoir. Mais on ne reçoit jamais mieux qu'en magnifiant ce qui nous fut donné. Et plus le don fut gratuit, plus il nous oblige sans pourtant nous contraindre. Que puis-je faire pour rendre ce dont je suis comblé ? Réponse : « Merci » et « Me voici ». Rendre grâce et rendre l'âme, chaque jour plus belles encore.

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