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Sans moi, vous ne pouvez rien faire

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Mosaïque (pampres de vigne) de l'abside de Saint-Clément (Rome) XIIe s.

Jésus, dans l'évangile du Ve dimanche de Pâques, recourt à l'image de la vigne et des sarments pour nous faire comprendre que nous ne pouvons porter de fruits que si nous sommes unis à Lui. C'est ce que développe cette belle homélie du Frère Jean-Philippe REVEL :

Cette parole est au cœur de l'évangile, est au cœur de notre foi. Nous sommes toujours tentés de penser que pour réussir notre vie, je ne parle pas seulement de réussite professionnelle ou familiale, je ne parle pas de réussite morale ni même de réussite spirituelle, nous sommes toujours tentés de penser que même une réussite religieuse ou chré­tienne de notre vie tient d'abord à l'effort que nous ferons, à la discipline que nous nous imposerons, à l'ensemble de vertus que nous essaierons d'acquérir. Il y a toujours en nous cette pensée qui revient de géné­ration en génération, de cœur en cœur, que nous sommes d'abord responsables de notre propre vie, de notre propre réussite, même au plan le plus profond.

Le Christ nous dit : "Sans Moi, vous ne pouvez rien faire !" rien, c'est-à-dire rien de bon. Tout effort, toute discipline, toute ascèse, toute vertu, si elle n'est pas fondée sur la personne du Christ, ne sert à rien. C'est en quelque sorte le b-a ba de l'évangile et du christianisme. Tant que nous ne comprenons pas cela, nous ne sommes pas encore entrés du tout dans la révélation de l'évangile. Jusque-là nous sommes des stoïciens des philosophes, des humanistes, nous sommes tout ce que vous voudrez, mais pas des chré­tiens, car le christianisme est fondée sur cette parole : "En dehors de Moi, vous ne pouvez rien faire !" ou vous ne pouvez faire que le rien, que des choses qui ne valent rien. Ce n'est pas pour déprécier l'être hu­main, ce n'est pas pour le réduire au néant, ce n'est pas pour mépriser nos efforts, ni pour mépriser notre bonne volonté, c'est pour nous apprendre quelque chose de beaucoup plus radical, de plus fondamental, c'est que notre volonté n'a de sens que si elle est pola­risée par un amour.

Cela ne sert à rien de vouloir pour vouloir, cela ne sert à rien de s'imposer un certain nombre de disciplines ou un but à atteindre, cela ne sert à rien de vouloir réussir, précisément de vouloir réussir sa vie, fût-ce au plan spirituel, la seule chose qui compte, c'est comme le dit saint Paul d'oublier le chemin par­couru, de ne plus tenir compte de ce qui est à droite ou de ce qui est à gauche, devant ou derrière, pour n'avoir plus qu'un seul souci, plus qu'une seule in­quiétude et un seul élan, un seul but, cet appel de Ce­lui qui nous aime et que nous devons apprendre à aimer. Seul l'amour, et l'amour c'est le Christ qui en est la source et c'est Lui seul qui peut nous l'appren­dre, seul l'amour peut donner un sens vrai et authenti­que à notre vie. Tout ce que nous faisons pour n'im­porte quel autre motif, pour n'importe quel but, n'a en définitive, au niveau de l'évangile, aucun intérêt, au­cune valeur. Ou bien nous avons découvert ce que c'est que d'aime, et je ne parle pas simplement d'un sentiment ni d'une affection, mais d'aimer au sens fort du terme, c'est-à-dire de sortir de soi-même, de s'ou­blier à cause de quelqu'un qui s'empare de notre vie, se saisit de notre cœur, et cet amour-là nous pouvons l'éprouver les uns pour les autres, pour ceux qui nous sont chers, mais cet amour-là n'a en définitive de source, de racine, de profondeur, de vérité que dans le Christ. C'est seulement le Christ qui peut nous ap­prendre vraiment à aimer. Sans cela nous risquons fort de nous faire des illusions. C'est seulement si nous apprenons à sortir de notre volonté propre, à sortir des objectifs que nous pouvons nous donner, à sortir de nos désirs trop humains et de nos recherches, même si elles nous semblent nobles, c'est seulement si nous sortons de nous-mêmes, parce que quelqu'un nous a appelés, parce que quelqu'un nous a pris, c'est seulement à ce moment-là que notre vie trouve un sens et a un goût d'évangile.

Il nous faut demander au Christ de nous faire comprendre cela, de nous faire comprendre que notre vie, même chrétienne, surtout chrétienne, n'est pas un beau plan de bataille à accomplir, n'est pas une cer­taine perfection à réaliser, n'est pas un certain modèle à appliquer, n'est pas quelque chose qu'il faut fabri­quer, mais que notre vie c'est quelque chose qu'il faut donner, et qu'il faut pour cela d'abord recevoir. C'est une question d'amour et d'échange, c'est une question de don et avant d'être don il est source. Que le Christ soit la source de notre vie et qu'ainsi nous puissions la lui donner et la donner à nos frères, comme Il nous la donne.

AMEN

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