Paul Vaute a entrepris, pour Belgicatho, de répondre aux savants et aux scribes qui, à l'occasion de la visite de François en Belgique, n'ont eu de cesse de contredire ou de minimiser ses enseignements, particulièrement ceux qui sont relatifs à la vocation de la femme et au droit à la vie.
Depuis que le Pape est venu en Belgique, nous sommes abreuvés de polémiques à sens massivement unique. Elles visent surtout ses réponses aux interpellations qui lui furent adressées tant à la Katholieke Universiteit Leuven qu'à l'Université catholique de Louvain, ainsi que ses propos tenus au cours du vol de retour à Rome. François n'a pourtant fait que répéter ce que dit l'anthropologie chrétienne des vocations respectives de l'homme et de la femme. Il a rappelé ce qu'aucune science sérieuse ne peut contester, à savoir que celui qui, hors de toute légitime défense, met fin à la vie d'un être humain, quel que soit son stade de développement, est un tueur. Il a réaffirmé, sur des questions sensibles et essentielles, les enseignements permanents du magistère autorisé de l'Eglise, sans se cantonner aux sujets sur lesquels la tribu intellectuelle aime l'entendre (les réfugiés, le climat, les abus dans l'Eglise…).
Tout en rendant compte de la fronde, Cathobel n'a pas manqué d'y ajouter son grain de sel [1]. L'éditorialiste du site d'information qui est aussi "le portail officiel de l'Eglise" en Belgique francophone voit dans la volonté exprimée de relancer le procès en béatification du roi Baudouin "une instrumentalisation par le Pape". Nous sont livrés en outre trois regards de femmes sur le voyage papal avec pour titre: "On savait bien que la question des femmes risquait de fâcher". Egalement conviée, Anne Ferier, présidente du Conseil interdiocésain des laïcs, dénonce l'expression "tueurs à gage" qui constitue, selon elle, "une injure aux situations de détresse".
Les différentes instances du pilier chrétien ou ex-chrétien sont à l'unisson. Toujours à propos de la référence aux sicaires, le président et la vice-présidente de la Mutualité chrétienne parlent d'"une insulte pour tous les prestataires de soins spécialisés dans l'avortement" [2]. Sammy Madhi, président du CD&V (pour rappel, Christen-Democratisch en Vlaams), se justifie d'avoir refusé de rencontrer le Saint-Père, estimant que l'Eglise doit "davantage évoluer avec son temps" [3]. Le jésuite et sociologue Charles Delhez, chroniqueur à La Libre Belgique, Dimanche et la Radio chrétienne francophone (RCF), juge dans un article par ailleurs balancé que la visite du successeur de Pierre est "un fiasco", que ses propos sur l'avortement et la béatification du Roi relèvent de "l'excès verbal" et que le dialogue avec les étudiants à l'UCL "n'a pas vraiment eu lieu" [4].
[2] https://www.lalibre.be/belgique/societe/2024/09/30/visite-papale-en-belgique-les-propos-du-pape-sont-une-insulte-pour-tous-les-prestataires-de-soins-specialises-dans-lavortement-PL7WLNC2VJE55LCFBGCAFRYEOQ/.
[3] Presse, 28-29 sept. 2024.
[4] https://www.facebook.com/search/posts/?q=Charles%20Delhez, 26 oct. 2024.
Parlons-en, du dialogue. Les autorités de l'UCLouvain défendent âprement, comme chacun le sait, le libre débat et la liberté académique – sauf pour ceux qui, comme Stéphane Mercier, plaident pro-vie dans leurs cours. Mais comme on n'est jamais trop prudent, avant même que François ait pris la parole à l'Aula Magna, l'institution universitaire avait exprimé, dans un communiqué prêt à être distribué, "son incompréhension et sa désapprobation" face aux déclarations du Pape, déplorant "les positions conservatrices exprimées par celui-ci quant à la place des femmes dans la société".
Et comme si cela ne suffisait pas, quelques jours plus tard, une vingtaine d'enseignants représentant à peu près les deux tiers de la faculté de théologie ont dégainé une lettre d'où il ressort, entre autres, qu'ils sont moins en communion avec Rome qu'avec une Yvonne Gebara, leur collègue écoféministe, pour qui n'y a pas "d'essences immuables de genre, de sexe, de race, de nature" [5]. Je ne commenterai pas pour le surplus ce qu'on a pu lire dans la "grande" presse, car je risquerais de manquer à la charité chrétienne.
De quel "droit" ?...
Parmi les récurrences sans faille dans ces multiples prises de position, on ne peut manquer de relever l'identité qu'elles établissent, comme allant de soi, entre d'une part, l'affirmation de l'égalité homme-femme et la critique des situations ou des pratiques qui la nient, et d'autre part, la revendication du droit de mettre fin à la vie d'un être humain non né. "Ce ne sera jamais un droit", avait pourtant assuré Simone Veil, qui a donné son nom à la première loi de légalisation de "l'IVG", comme ils disent, en France. Margaret Sanger, qui fonda aux Etats-Unis l'American Birth Control League militant pour l'accès à la contraception, croyait à celle-ci pour "mettre un terme aux horreurs que sont l’avortement et l’infanticide" [6]. Oui, elle mettait les deux sur le même pied. A ses yeux, il ne pouvait pas davantage être question d'un "droit".
Pour être de bon compte, Cathobel, à la différence de l'hebdomadaire Le Vif, a accepté de publier l'opinion d'une jeune maman, Astrid Sergent, pour qui "le pape François, en visitant la Belgique, capitale de l'Europe, a voulu envoyer un message fort au monde occidental pour lutter contre ce qu'il considère être une anesthésie des consciences. Il s'attriste de voir notre société de plus en plus insensible à la souffrance des plus faibles, que ce soient les enfants à naître, les personnes migrantes ou les personnes âgées". Mais seules quelques voix telles que celle-là, non sans courage, ont réussi à émerger du tollé quasi général.
N'est-il pas symptomatique que dans une tribune libre toute récente, le directeur scientifique et une conseillère du Centre Jean Gol, tous deux libéraux et athées selon leurs termes, déplorent que dans les faits, la droite conservatrice "a politiquement disparu en Belgique francophone, alors qu'elle existe bel et bien en Flandre, en France et partout ailleurs. Pourquoi la droite catholique n'a-t-elle plus accès aux médias ?" [7].
La chance d'être femme en chrétienté
Comment s'étonner, en particulier, de la permanence d'un réquisitoire féministe anticatholique quand ses auteurs les plus imaginatifs évoluent au sein même de l'Eglise ou de ses satellites ? C'est après beaucoup d'autres qu'une Myriam Tonus, laïque dominicaine, conférencière et chroniqueuse à La Libre Belgique, signa la perle que voici: "Saint Thomas d'Aquin n'affirmait-il pas que la femme est un "mas abortus", un mâle raté, un avorton ?" [8]. Etrange manière de résumer la pensée du Doctor angelicus, influencé certes par la philosophie antique, mais qui ne s'en opposait pas moins à la biologie d'Aristote, considéré à l'époque comme faisant autorité scientifiquement. L'auteur de la Somme théologique admettait sa vision de la femme comme étant "accidentellement inachevée", mais uniquement au plan corporel et non pour ce qui concerne l'âme. La femme, écrivait-il, est parfaite dans sa nature, toute tendue vers la génération [9].
Du même tonneau revient constamment, avec une remarquable aptitude à ignorer tous les démentis, l'affirmation selon laquelle il aurait fallu un concile pour que soit reconnue l'existence d'une âme chez la femme. Certain(e)s font même durer l'attente jusqu'au concile de Trente! La place éminente de Marie, "mère de Dieu", le baptême des femmes pratiqué dès les débuts de l'Eglise et les nombreuses femmes martyres des premiers siècles ne suffisent apparemment pas à ruiner cette légende. Elle trouverait son origine dans un épisode du concile de Mâcon (585) rapporté par Grégoire de Tours. A un moine qui s'étonnait qu'on parle "des hommes" plutôt que "des hommes et des femmes", il fut répondu que tout le monde et la Bible elle-même s'expriment de la sorte pour désigner toute l'humanité.
Il existe fort heureusement un autre féminisme que celui qui s'est mis à la traîne de Simone de Beauvoir et de l'idéologie soixante-huitarde. Celui de Lucetta Scaraffia, par exemple. Journaliste, historienne, théologienne, éditorialiste à L'Osservatore romano, ayant enseigné à l'Université de Rome La Sapienza, elle rappelle ce que le passé chrétien doit nous inspirer de fierté: "L'Eglise doit se souvenir que c'est le christianisme qui, le premier, a fondé l'égalité spirituelle entre les hommes et les femmes, et que c'est la tradition chrétienne qui a fait germer l'émancipation féminine en Occident" [10].
Les quelques journaux qui s'intéressent encore à ces questions ont salué avec une belle unanimité la nouvelle traduction en français du missel romain, "qui redonne davantage de place aux femmes". Ainsi, dans le Je confesse à Dieu, le passage "je reconnais devant mes frères…" devient "je reconnais devant mes frères et mes sœurs…" Mais notre époque n'a rien inventé. En fait, cette mention des deux sexes, introduite partout où elle était impliquée par le seul masculin, n'est qu'un retour à la tradition la plus ancienne. Elle figure dans le canon des premiers siècles.
L'éducation des filles, la condamnation de la polygamie, la subordination du mariage au consentement des deux époux, l'usage de ne pas marier les jeunes filles avant l'âge de la maturité… constituent des acquis séculaires de la chrétienté qui, en notre temps encore, font défaut dans nombre d'autres zones de civilisation. Ecoutons l'agnostique André Malraux: "J’entends dire que la religion catholique est misogyne. Ce n’est pas sérieux! Une religion qui agenouille les hommes devant une femme couronnée manifeste une misogynie suspecte" [11].
Au plan politique, il n'y a certes pas, dans l'Europe médiévale, un principe d'égalité, mais les pouvoirs sont fréquemment héréditaires. Donc, si un homme n'a pas d'héritier masculin, c'est la fille aînée qui entre en ligne de compte de façon privilégiée, de sorte que beaucoup de dames se retrouvent à la tête de seigneuries ou de royaumes. Ce statut disparaît avec la Révolution et le Code de Napoléon, en France et dans les pays annexés ou sous influence. L'histoire n'est pas linéaire: les progrès n'y sont jamais irréversibles. Sous l'Ancien Régime, il était prévu qu'une femme, au moment de son mariage, reçoive une dot qui appartenait au mari. C'était une affaire entendue et celui-ci la gérait bien ou mal. Mais l'épouse recevait aussi un douaire dont le revenu lui permettait de vivre si elle se retrouvait veuve. Quant à l'autonomie, bien des femmes du XIXe et du début du XXe siècles, sous la bourgeoisie triomphante, pouvaient envier leurs ancêtres nobles d'avant 1789, que des représentations montrent montées à cheval en amazone, participant à la chasse au faucon et même parfois à la chasse à courre qui est plus dangereuse [12].
Nul besoin d'être prêtresses
Il ne s'agit pas de peindre ici un monde parfait. A des degrés divers selon les lieux et les moments, des discriminations ont existé, dont même l'humble sainte Thérèse d'Avila se plaignait. Dans sa lettre apostolique sur la dignité et la vocation de la femme [13], Jean-Paul II en fit mention en les rattachant aux conséquences du péché. "Dans ce qu'écrit le Pape, me déclarait à l'époque la théologienne Marie Hendrickx, il est important de retenir l'insistance sur les racines du symbolisme homme-femme dans la relation du Christ et de l'Eglise. Ce symbolisme, qui est inscrit dans le projet du Créateur, doit être clair et incarné" [14]. Ce n'est pas parce qu'il aurait été dépendant du contexte dans lequel il a vécu que Jésus de Nazareth a choisi ses apôtres exclusivement parmi des hommes. Il y avait des prêtresses dans les religions païennes et le Christ n'hésita pas à aller à contre-courant de bien des coutumes juives de son temps.
La pression exercée sur la hiérarchie en faveur d'un clergé mixte ne cesse pourtant de se renforcer, avec pour argument-massue que le "deuxième sexe" a investi tous les autres métiers. Etre ordonné n'est pourtant, en soi, ni nécessaire, ni suffisant pour jouer un rôle de première importance. Une sainte Hilda, dans l'Angleterre du VIIe siècle, contribua à former cinq futurs évêques et présida l'important synode de Streaneshalch. Nombre d'abbesses, dès le Moyen Age, avaient un pouvoir de juridiction sur les moines comme sur les moniales. Sainte Catherine de Sienne, au XIVe siècle, intervint auprès du pape Grégoire XI pour le faire rentrer d'Avignon à Rome, fut conseillère d'Urbain VI et participa même à la relance de la grande croisade. Au XVIIIe siècle, Maria Antonia de la Paz, simple femme d'Argentine, prêchait si bien les Exercices que l'évêque de Mendoza en vint à exiger de tous ses ordinands qu'ils aient d'abord fait retraite avec elle. Je pourrais multiplier les exemples. S'agissant du temps présent, il n'est pas douteux qu'on se souviendra d'une mère Teresa ou d'une sœur Emmanuelle quand les noms de presque tous les cardinaux et même de bien des papes contemporains auront été oubliés.
Le droit et le devoir d'être différents
En règle générale, même s'il peut toujours y avoir des exceptions, il est apparu depuis les temps les plus éloignés et sous toutes les latitudes que c'étaient les hommes qui chassaient le gros gibier, les femmes (et les enfants) jouant tout au plus le rôle de rabatteurs. La force physique a sans doute été à l'origine de cette répartition des tâches, mais pas que... Il fut aussi pris en considération que les femmes sont plus précieuses que les hommes parce que la transmission de la vie, et donc la survie du groupe, dépendent d'elles. Cette préoccupation a survécu, entre autres, dans la loi non écrite qui veut qu'en cas de péril, on sauve "les femmes et les enfants d'abord".
L'exemple paraîtra peut-être anodin, mais pourquoi ne voit-on aucune femme s'imposer dans le monde de la Formule 1 ? Les obstacles techniques ont pourtant été levés depuis longtemps. "Une forme d'instinct de conservation les tiendrait-elles à l'écart, elles qui donnent la vie, de ce monde potentiellement mortifère ?" La championne de rallyes Michèle Mouton était de cet avis [15].
Le concept – détourné – de patriarcat, qui a détrôné celui de phallocratie, met en cause l'organisation sociale où prévaut (prévalait) l'autorité du père de famille. Mais les réquisitoires courants oublient le plus souvent la contrepartie de ce régime juridique ou social, à savoir l'obligation pour le mâle d'être activement présent sur la place publique, d'y affronter parfois des forces hostiles, d'exercer les métiers à hauts risques, de participer à la défense de la communauté ou du pays, d'y laisser sa peau au besoin. Les extrémistes du féminisme devraient, ne fût-ce qu'une fois, faire le tour de nos grandes nécropoles militaires pour mesurer ce qu'il peut en coûter d'être du côté supposé privilégié du soi-disant ordre patriarcal. Notre génération n'a pas connu la guerre sur notre sol, mais jusqu'à sa suspension en 1995, le service militaire était réservé aux garçons, et je n'ai pas souvenir qu'une organisation féministe ait protesté contre cette inégalité flagrante. Il est certes des hommes qui se sont très bien accommodés de leur assignation. Mais d'autres l'ont trouvée lourde à porter et ont pu en souffrir [16]. Comme les femmes…
Pour autant que le choix demeure possible entre l'exercice d'une profession et le statut de mère au foyer, ce qui est loin d'être le cas pour des raisons matérielles évidentes, l'ouverture de presque toutes les carrières aux femmes ne contrevient pas à une vision de la société inspirée chrétiennement. Mais prétendre qu'il s'agirait là d'une voie impérative d'épanouissement, c'est généraliser abusivement la condition des cadres, des intellectuels et autres cols blancs. Pour les réformistes sociaux au temps de nos grands-parents ou de nos arrière-grands-parents, c'était tout le contraire. L'émancipation des femmes dans le monde ouvrier n'impliquait pas d'accéder au travail industriel considéré comme une plaie, mais bien d'y échapper. Dans un appel publié le 6 janvier 1878, la féministe verviétoise Marie Mineur (1831-1923), qui milita dans les rangs de la Première Internationale ouvrière, posait cette question qui serait jugée inaudible de nos jours: "La femme, dont la tâche devrait se borner exclusivement aux soins du ménage, peut-elle nourrir et élever convenablement ses enfants, lorsqu'elle doit fournir un travail quotidien pour subvenir aux besoins journaliers… ?" [17].
L'Unique nécessaire, l'unique combat
L'exégète et poète Jeanine Moulin, présidente de nos Midis de la poésie et auteur de cet authentique monument que constituent les Huit siècles de poésie féminine [18], observait que "le facteur de rapprochement entre les deux sexes repose moins sur la notion d'égalité que sur celle de complémentarité" [19]. C'est précisément ce que combat la théologie féministe qui entend, selon les termes d'une de ses zélatrices, "faire travailler le christianisme pour la libération des femmes, alors que le sexisme mâle l'a réquisitionné comme garant de la domination masculine". De l'histoire – ce qui a été rappelé ci-dessus étant ignoré – n'est retenue que "l'expérience de l'oppression, de la discrimination et de la marginalisation féminines" [20].
Ce point de vue est rejoint par ceux qui, comme le théologien et professeur émérite André Wénin deux jours après le retour du Pape à Rome, passent à la moulinette les enseignements de tous les Pontifes et tous les conciles sur la protection de la vie humaine, le célibat ecclésiastique, le sacerdoce masculin, le mariage indissoluble et réservé aux couples homme-femme…, le tout étant censé relever d'une "théologie puriste" à laquelle les Eglises locales et leurs pasteurs sont invités à résister pour "éviter de nouvelles erreurs funestes" [21].
Concernés au premier chef par ce concert puisque ce sont eux, tout de même, qui avaient invité François, nos évêques ne se font guère entendre, ou mollement, quand ce n'est pas pour rejoindre la meute avec empressement. Il n'y a malheureusement guère lieu d'en être étonné. A côté de la crainte fort peu évangélique de ne pas être aimé du monde sévit l'illusion d'un certain centrisme ecclésial, qui ne répond ni aux progressistes ni aux traditionalistes ou intégralistes, préférant les renvoyer dos à dos comme inadaptés aux enjeux actuels. Mais qu'ils soient mitrés ou non, ceux qui adoptent cette posture seront toujours de facto plus proches des premiers que des seconds, par une pesanteur à laquelle il est difficile d'échapper. Sur toutes les questions majeures, il n'y a en réalité, entre les conceptions centristes et progressistes, que des différences de degré et non de nature. Elles suivent le même chemin, les secondes ayant seulement quelques années d'avance sur les premières. Le brave centriste acceptera demain ce qu'il refuse aujourd'hui, de la même manière qu'il accepte aujourd'hui ce qu'il refusait hier.
Alors, la réponse au titre de cet article – clin d'œil à une chanson de Jean Ferrat (pas vraiment de nos amis) – est évidemment non. L'avenir, ce n'est ni la femme seulement, ni l'homme seulement. L'avenir, ce sont les hommes et les femmes qui ont tout donné à l'Unique nécessaire et qui, plutôt que de présenter un cahier de revendications à l'Eglise, n'ont pas reculé à l'heure de sacrifier leur vie, des carmélites de Compiègne aux moines de Tibhirine.
L'avenir, pour citer cette fois Jacques Brel, ce sont aussi l'homme et la femme appelés à accomplir leur vocation et témoigner dans le monde, qui peuvent être unis et qui n'ont que l'amour
"A offrir en prière
Pour les maux de la terre
En simple troubadour
…
A offrir à ceux là
Dont l'unique combat
Est de chercher le jour".
PAUL VAUTE
Historien, journaliste honoraire
[5] https://www.lalibre.be/belgique/societe/2024/10/16/a-luclouvain-des-theologiens-apportent-dautres-reponses-que-celles-du-pape-K6UIQ622JBGMTNFGQKPI73VI5A/.
[6] Cité in Angeline DURAND-VALLOT, éd., Margaret Sanger et la croisade pour le contrôle des naissances, trad., ENS Éditions, 2012, https://doi.org/10.4000/books.enseditions.6397.
[7] Corentin de SALLE & Nadia GEERTS, "Instrumentalisé, le cordon sanitaire médiatique érode le pluralisme", dans La Libre Belgique, 22 oct. 2024.
[8] 29-30 nov. 2003.
[9] Saint THOMAS D'AQUIN, Somme théologique (v. 1266 - v. 1273), Ia, quest. 92, arts 1, 3.
[10] Cité in La Libre Belgique, 5 mars 2018.
[11] Entretien dans Le Point, Paris, 17 mars 1975.
[12] Philippe Contamine, Nobles et noblesse en France, 1300-1500, Paris, CNRS, 2021, recueil d'articles dont un sur les dames à cheval.
[13] Mulieris dignitatem, 1988.
[14] Entretien pubié dans La Libre Belgique, 18 oct. 1988.
[15] Cité in Frédéric MONNEYRON & Joël THOMAS, L'automobile. Un imaginaire contemporain, Paris, Auzas-Imago, 2006, ch. VII, "Compétitions".
[16] Nombreuses illustrations dans l'Histoire de la virilité dirigée par Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine & Georges Vigarello, nvelle éd., 3 vols, Paris, Seuil, 2012.
[17] Cité in Freddy JORIS, Marie Mineur, Marie rebelle. Une pionnière féministe en milieu ouvrier au XIXe siècle, Waterloo, Avant-Propos, 2013, p. 166.
[18] Paris, Seghers, 1975.
[19] Cité in La Libre Belgique, 27 nov. 1998.
[20] Alice DEMIENCE, "Théologie de la Femme et théologie féministe", dans la Revue théologique de Louvain, t. 31, Louvain-la-Neuve, 2000, pp. 492-523 (497).
[21] La Libre Belgique, 1er oct. 2024.
Commentaires
Comme d'habitude un ensemble d'informations fiables, d'argumentation rigoureuse et de réflexions profondes. Pour ajouter une pièce à la recension de réactions calamiteuses, on peut mentionner celle de l'Ordre des médecins qui a fait part, le 21 octobre, de son "indignation" face aux propos "offensants" du pape au sujet de l'avortement.
Après s'être tâtés pendant trois semaines, les toubibs dirigeants nous ont livré leur avis éploré, sans doute inspirés par les sommités politiciennes, les fonctionnaires médiatiques, les agents universitaires et les pontes mutuellistes, outre quelques hiérarques de spiritualités diverses. La gestation fut longue et la fécondation multiple, mais les membres de l'instance ont montré au moins qu'ils pouvaient encore accoucher de quelque chose, fût-ce dans la douleur ; et tant pis si le bébé présentait des signes de vieillissement prématuré.
La réaction de l'Ordre est cohérente avec son comportement de ces 4 dernières années, durant lesquelles il a veillé strictement au respect de consignes universelles dont les bénéfices pour la santé publique n'ont pas été flagrants. Des esprits critiques se sont même permis de se demander si l'influence sonnante et trébuchante de délégués pharmaceutiques n'avait pas joué un rôle dans l'expression de certaines préconisations.
Cette organisation a pourtant connu, en des temps pas si lointains, des dirigeants pour lesquels l'engagement à sauver la vie signifiait quelque chose. Le mot d'ordre qui est maintenant substitué est plutôt d'accompagner - très activement - la mort.
L'auguste assemblée proteste contre le pape, mais doit-elle s'arrêter là ? N'est-il pas envisageable d'intenter un procès à Hippocrate, dont le trouble au consensus scientifique est tout de même caractérisé ? Le coupable n'est plus de ce monde ? Peu importe. Il n'y a pas de prescription pour les offenses les plus graves.
Non monsieur Vaute, le pape n'a pas "réaffirmé sur des questions sensibles et essentielles, les enseignements permanents du magistère autorisé de l'Eglise", Une fois de plus il les a à moitié détournés, et dans ce sens, c'est plus grave qu'un "excès verbal" dont parle le Père Delhez. On ne lit en effet nulle part dans le catéchisme de l'Eglise catholique que ceux qui avortent ou coopèrent formellement à un avortement sont des "criminels" (ou des "tueurs", encore moins "à gage") mais que "l'avortement est un crime abominable" (CEC 2271). Autrement dit, c'est l'acte qui est jugé. Non la personne. Si le pape s'en tenait à répéter fidèlement ce que dit vraiment le magistère de l'Eglise sur cette question sensible (et toutes les autres), il n'aurait pas subi les attaques en retour (que doivent maintenant gérer nos évêques).
Ceci dit, comment expliquez-vous ses jugements extrêmement sévères vis-à-vis de ceux qui coopèrent à un avortement, alors qu'il accueille à bras ouvert au Vatican, pour son nouveau projet de « nouvel humanisme » des partisans du contrôle de la population (ce qui inclut le droit à l’avortement et l’aide pour le pratiquer) comme Jeffrey Sachs ?
Et comment expliquez-vous sa visite le jour des élections aux Etats-Unis à Emma Bonino celle qui, selon lui, fait partie des « grands aujourd’hui oubliés en Italie », et est « un exemple de liberté et de résistance » alors qu’elle « reconnait sans culpabilité avoir pratiqué dans sa vie plus de 10.000 avortements » ?
On voit mal comment un crime abominable pourrait être commis en l'absence de tout tueur. Et l'expression "à gages" se justifie puisque, ordinairement, ceux qui pratiquent des avortements et prétendent volontiers le faire en réponse à des situations de détresse extrême, ne le font jamais gratuitement.
Mais qualifier l'auteur d'un fait condamnable ne revient pas à porter sur lui un jugement définitif. Nous n'en avons pas le droit et ne savons pas ce qui se passe ou se passera au plus intime des consciences. Et donc, oui, le Pape peut rendre visite à un tueur. Jean-Paul II rendit même visite à Ali Agça, qui fut à deux doigts d'être son propre assassin.
Enfin, si un quelconque projet de "nouvel humanisme", fût-il d'origine papale, devait aller à l'encontre de ce que l'Eglise n'a cessé d'enseigner depuis la Didachè (Ier siècle) jusqu'à la dernière version du Catéchisme, il devrait être tenu pour nul et non avenu.