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Société

  • Une commission d'enquête sur les abus dans l'Eglise : une réponse justifiée à l'indignation du public ou une récupération à des fins électorales ?

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    De Céline Bouckaert sur le site du Vif :

    Commission d’enquête sur les abus dans l’Eglise: véritable indignation ou récupération politique ?

    29 septembre 2023

    Suite à la diffusion de Godvergeten, l’émission de la VRT qui donne la parole aux victimes d’abus sexuels au sein de l’Eglise, dix partis politiques s’expriment en faveur de l’ouverture d’une commission d’enquête. Tentative de récupération politique ou indignation réelle face à la souffrance des victimes?

    L’émission Godvergeten suit une vingtaine de victimes d’abus sexuels dans leur quête de reconnaissance. Vooruit, Groen, l’Open VLD, le CD&V, la N-VA, le Vlaams Belang, le PS, Ecolo, les Engagés et DéFI, soit la quasi-totalité des partis belges, soutiennent l’initiative d’une commission. Le MR, lui, préconise de bien évaluer la meilleure manière de procéder. « Nous sommes pour la plus grande clarté dans ce dossier et la mise sur pied d’un instrument parlementaire pour aider les victimes. Nous verrons en commission quelle sera la meilleure manière d’y parvenir », a commenté le groupe libéral.

    Caroline Sägesser, chercheuse au Centre de recherche et d’information socio-politiques (CRISP), et spécialisée dans la question des cultes, n’est pas certaine qu’aujourd’hui une commission d’enquête soit la meilleure réponse à la souffrance des victimes de l’Eglise. « Nous assistons davantage à une prise de conscience du public qu’à la révélation de faits nouveaux, puisque la plupart d’entre eux sont déjà connus depuis 2010-2011 », souligne-t-elle.

    Très peu de temps pour la commission d’enquête

    En outre, la commission aurait très peu de temps pour faire toute la lumière dans ce dossier. En fin de législature, les commissions d’enquête sont dissoutes, rappelle la chercheuse. « Ce serait frustrant pour les victimes que cette commission n‘ait pas le temps d’aller au fond du problème. Aussi, il faudrait examiner ce qui n’a pas fonctionné lors de la commission spéciale mise sur pied en 2011 ». En revanche, il serait possible de voter une résolution appelant à la constitution de cette commission dès le lendemain des élections.

    Groen et Ecolo souhaitent que la commission se focalise sur les victimes, mais aussi qu’elle revienne sur l’opération Calice et la manière dont la Justice s’est emparée de l’affaire. « Il ne serait pas très judicieux de refaire tout le travail que nous avons effectué en 2010-2011. Mais nous n’avons peut-être pas suffisamment placé les victimes au centre et nous ne les avons pas suffisamment écoutées« , admet Stefaan Van Hecke, député fédéral Groen et membre de la commission d’enquête de l’époque.

    Une commission spéciale « relative au traitement d’abus sexuels et de faits de pédophilie dans une relation d’autorité, en particulier au sein de l’Eglise » avait en effet vu le jour à la Chambre à l’époque. Elle avait procédé à de nombreuses auditions et approuvé une série de recommandations touchant des domaines divers comme l’allongement des délais de prescription, l’interdiction de résidence d’une personne condamnée dans une zone définie par un juge ou encore l’extension des possibilités de lever le secret professionnel. Un centre temporaire d’arbitrage en matière d’abus sexuels avait par ailleurs été créé à la suite d’un accord passé entre la commission parlementaire et l’Eglise. Il était chargé d’indemniser les victimes dont le dossier était prescrit.

    En 2011, l’enquête judiciaire connue sous le nom d’Opération Calice avait été marquée par un revers retentissant lorsque la chambre des mises en accusation de Bruxelles avaient déclaré nulles les spectaculaires perquisitions menées en 2010 par le juge Wim De Troy au siège de l’archevêché de Malines, à la cathédrale Saint-Rombaut, au domicile privé du cardinal Danneels, aux Archives du Royaume et auprès de la commission Adriaenssens.

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  • Espagne : un suicide démographique ?

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    De zenit.org (Pablo Hertfelder Garcia-Conde:

    Espagne : les experts mettent en garde contre le suicide démographique

    Ils appellent à des engagements

    Barcelone, 27 septembre 2023  – La situation des Espagnols n’est pas seulement catastrophique sur le plan économique. Ces dernières années, un problème s’est développé qui, selon les experts, doit être résolu de toute urgence et avec une véritable attitude d’engagement. 

    Maria Menendez de Zubillaga, présidente de l’Association des familles nombreuses de Madrid (AFNM), a dénoncé auprès de ZENIT un très grand manque d’engagement de la part des partis politiques et de l’État. 

    De son côté, le président de l’Institut de politique familiale (IPF), Mariano Martinez-Aedo, dans des conversations avec ZENIT, a clairement exprimé la position de l’organisation qu’il préside : les familles sont de moins en moins prises en considération, et non seulement cela, mais elles sont constamment ignorées.

    Pour Menendez de Zubillaga, la situation est vraiment critique : « C’est inquiétant, nous assistons à un hiver démographique qui laisse dans son sillage des écoles vides, des maternités vides et des conséquences économiques dévastatrices ». Le président de Familias Numerosas à Madrid souligne que la situation est réversible si l’on fait de la famille une priorité politique une fois pour toutes et met en garde contre la mode de la coparentalité et de la gestation pour autrui, qui est non seulement aberrante, mais aussi à la limite de la perversité et de l’immoralité. 

    Le président de l’IPF, Martinez-Aedo, rappelle qu’en Espagne il y a un divorce toutes les cinq minutes et prévient qu’il faudrait plus de 270 000 naissances pour inverser le grave problème démographique et ajuster ainsi le taux de régénération de la population dont le pays a besoin.

    Les enfants, la meilleure chose pour soutenir la planète, selon les experts

    Menendez de Zubillaga est claire : avoir des enfants est la meilleure chose qui puisse arriver à une famille, qu’elle soit adoptive ou biologique. L’experte de la famille souligne :  » Un enfant n’est pas un fardeau, c’est ce qu’il y a de mieux et la planète n’est pas gâtée par la présence d’enfants, au contraire, les enfants prennent soin de la planète ». 

    Mariano Martínez-Aedo a également affirmé que la famille est le pilier de base de la société sur lequel celle-ci société est construite, rappelant que sans famille il n’y a pas d’avenir, et sans enfants il y aura peu d’espoir pour un pays condamné à la faillite de l’État providence.

    Des mesures urgentes et nécessaires : la famille comme priorité et non comme contrat de pacotille

    L’Instituto de Política Familiar (IPF) et l’Asociación de Familias Numerosas de Madrid (AFNM) s’accordent sur la nécessité d’une réelle volonté politique et expriment leur mécontentement face aux promesses non tenues du PP et du PSOE. Les dirigeants respectifs de ces entités ont exprimé leur mécontentement et ont souligné que sans un engagement réel qui ne reste pas lettre morte, ils ne feront pas confiance et ne voteront pas pour ceux qui légifèrent et consolident les pires lois pour les familles. 

    L’espoir d’un renversement est la dernière chose qu’ils perdent

    L’Institut de politique familiale (IPF), qui travaille sans relâche depuis plus de 22 ans à la défense et à la promotion de la famille, et l’Association des familles nombreuses de Madrid (AFNM) ont convenu que la situation peut être inversée si le rôle fondamental de la famille est mis en évidence et qu’une véritable politique dans une perspective familiale est mise en place.

    Maria Menendez de Zubillaga a conclu par une phrase sur le sujet : « Nous savons que cette bataille a été gagnée, que le Christ a vaincu le monde et que, par conséquent, le bien, la beauté et la vérité l’emportent toujours. Il y a de l’espoir, même s’il reste encore à la société à se réveiller complètement et à voir que la famille doit être la priorité politique et non la grande oubliée ».

  • Belgique : l'Eglise dans le collimateur des acteurs politiques du Nord et du Sud du pays

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    De sur cathobel :

    Accusations d’inaction, remise en question de son financement, commission d’enquête… l’Eglise dans le viseur des politiques

    Les acteurs politiques, du Nord comme du Sud du pays, se sont emparés du dossier des abus sexuels dans l’Eglise, suite au choc provoqué par la diffusion du documentaire Godvergeten – ‘Les oubliés de Dieu’ – en Flandre. Si l’idée d’instaurer une commission d’enquête parlementaire fait consensus, même auprès du clergé flamand, certains politiciens taclent -aujourd’hui encore- l’Eglise pour son manque d’actions concrètes ; quand d’autres vont jusqu’à réclamer une refonte en profondeur du financement des cultes.

    Invité de la radio La 1ère (RTBF) ce matin, Thomas Dermine, secrétaire d’Etat à la relance et aux investissements, est revenu sur l’onde de choc provoquée en Flandre par la diffusion de Godvergeten, cette série-documentaire sur les abus sexuels dans l’Eglise. L’élu socialiste s’est d’abord dit « extrêmement touché » et « ému », lui qui a effectué ses premières années secondaires dans une des écoles mentionnées dans le reportage – l’école abbatiale de Termonde, là où se sont produits plusieurs cas avérés de pédophilie. « Ces événements se sont produits juste après mon passage dans cette école, et j’ai eu la chance de ne pas en être victime » a confié Thomas Dermine.

    Assurant son plein soutien aux victimes, il dénonce un « système qui était absolument scandaleux de la part de l’Eglise » :

    Il y a encore des zones d’ombre. Il faut continuer à travailler et il y a des responsabilités qui doivent être établies.

    Thomas Dermine, la 1ère, 29 septembre 2023

    L’intervieweur de Matin Première, Thomas Gadisseux, avance que des « anciens prédateurs sont encore dans l’Eglise et reçoivent encore une pension de Rome » et demande à son invité « comment cela se fait-il qu’on en est encore là ? ». Thomas Dermine rétorque que des mesures ont été prises, comme dans le cas de son école secondaire qui a été fermée au lendemain des condamnations, et que des actions ont été intentées en justice. Néanmoins, il avance que « dans l’Eglise », bien qu’il y ait « un discours qui est plein de bon sens et de bonnes valeurs » – il cite en exemple le discours du pape à Marseille en faveur des migrants – « parfois il faut joindre les actes ! »

    Ainsi sur les enjeux de migration, le secrétaire d’état estime que les communautés religieuses « doivent se racheter vis-à-vis de l’ensemble de la population » notamment en mettant « les infrastructures qui existent au sein de l’Eglise » à disposition des demandeurs d’asile.

    Enfin, l’adjoint au ministre de l’Economie et du Travail s’est également dit ouvert à la mise sur pied d’une commission d’enquête par le Parlement belge, ainsi qu’à une discussion sur le financement des cultes : « Le financement public des cultes doit, le cas échéant, pouvoir être revu en fonction de dérives, comme ici ».

    Un large consensus en faveur d’une commission d’enquête parlementaire

    Le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) et le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open VLD) ont reçu jeudi après-midi, rue de la Loi, le prêtre Rik Devillé et l’évêque d’Anvers Johan Bonny. Lors de la conversation, Mgr Bonny a promis de coopérer pleinement avec la justice et la police, a déclaré M. De Croo.

    La veille, l’évêque référendaire pour les questions relatives aux abus sexuels s’était dit partisan de la mise sur pied d’une commission d’enquête parlementaire sur les violences sexuelles commises dans l’Église. « Nous sommes un État de droit et ce problème s’est posé au sein de l’Église. Nous avons tout à gagner de la transparence et de la participation démocratique » a déclaré l’évêque.

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  • France : la natalité est au plus bas tandis que l'avortement est au plus haut

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    D' sur le site du Figaro :

    Baisse historique des naissances : pourquoi les Français font-ils moins d'enfants ?

    28 septembre 2023

    Le nombre de naissances en France est au plus bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale

    Aux deux tiers de l'année 2023, les naissances ont baissé de 7% par rapport à 2022. Leur nombre est au plus bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

    2023, année du baby crack ? Chaque nouveau mois qui passe confirme la baisse de la natalité en France. En août, 1896 bébés sont nés en moyenne par jour. Une chute de 8 % par rapport à août 2022, selon les chiffres provisoires publiés par l'Insee jeudi. Aux deux tiers de l'année, on compte déjà « environ 35.000 naissances de moins en 2023 qu'en 2022 », soit « une baisse de 7,2 % ».

    « Si on part de l'hypothèse que cette tendance se poursuit, le nombre de naissances pourrait ne pas dépasser la barre des 700.000 en 2023, un seuil symbolique », projette Chloé Tavan, chef de la division enquêtes et études démographiques de l'Insee. « Pour la natalité française, cela s'annonce comme la pire année depuis 1945 », abonde Laurent Chalard, géographe à l'European Centre for International Affairs. L'année dernière, la chute était déjà sensible avec 726.000 nouveau-nés, soit 2,2 % de moins qu'en 2021.

    Le nombre de naissances est au plus bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, confirme la nouvelle étude de l'Insee portant sur 2022 et le premier semestre 2023. La natalité connaît une baisse presque continue depuis 2011. Si l'on se place dans une perspective plus longue, par rapport « au pic des naissances de l'après-guerre, en 1971 », les naissances « sont en recul de 20,8 % », précise l'Insee. En prenant comme point de comparaison l'année 2010 - où la France vivait encore un « âge d'or » des berceaux - la baisse s'établit à 12,8 %.

    Comment analyser cette chute historique de la natalité ? L'Insee indique que « le nombre de femmes en âge d'avoir des enfants est assez stable » et relie donc cette baisse à celle de la fécondité. Son indice, établi à 1,80 enfant par femme en 2022, pourrait encore se réduire en 2023. Il y a dix ans, il s'élevait à près de 2 enfants par femme, avoisinant le seuil de renouvellement des générations.

    En 2022, les femmes âgées de 25 à 34 ans, au pic de la fertilité, ont fait moins de bébés. Signe du recul constant de l'âge de la maternité, seules les mères de 40 ans ou plus en ont fait d'avantage« Cette tranche d'âge est la seule pour laquelle les naissances sont plus nombreuses en 2022 », relève l'Insee. L'an dernier, les mères étaient âgées en moyenne de 31,2 ans à l'accouchement. Contre 30 ans en 2012, et 26 ans au milieu des années 1970.

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  • Quand Mgr Bonny prend fait et cause en faveur de l'euthanasie

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    De La Libre (Bosco d’Otreppe et Jacques Hermans) du 28 septembre 2023, pp. 4 et 5 :

    "Les générations précédentes n’ont pas pu assumer leurs responsabilités face aux abus"

    L’évêque d’Anvers, Mgr Johan Bonny, regrette que les générations précédentes n’aient pas pu assumer leurs responsabilités en la matière. Le prélat considère aussi que l’euthanasie "n’est pas nécessairement un mal en tant que tel".

    Johan Bonny, évêque d’Anvers, référendaire sur la question des abus, réagit aux révélations sur les abus sexuels commis au sein de l’Église que la série documentaire Godvergeten, les "Oubliés de Dieu", a mis en avant ces dernières semaines sur la chaîne flamande VRT Canvas. En vue du synode (une large réflexion) sur l’avenir de l’Église qui s’ouvre à Rome ce 4 octobre, nous l’avons également interrogé sur la question du pouvoir dans l’Église et sur les positionnements éthiques de cette dernière.

    Pourquoi l’Église n’a-t-elle pas réalisé l’ampleur des abus sexuels commis en son sein ? N’a-t-elle pas voulu ou n’a-t-elle pas pu s’en rendre compte ?

    Si on avait la réponse… Je suis déçu. Je déplore que les générations précédentes n’aient pas pu assumer leurs responsabilités, n’aient pas réagi avec le discernement ni avec l’efficacité qu’il fallait. Les évêques de l’époque savaient bien que ces abus étaient un mal, mais ils n’ont pas prêté aux victimes l’attention nécessaire. En conférence épiscopale, ils évoquaient le cas des abuseurs, ce qu’il fallait faire avec eux, mais ils ne parlaient pas des victimes ni de l’attention qu’il était nécessaire de leur accorder. Quand des victimes arrivaient auprès du cardinal Danneels, ce dernier ne savait pas quoi faire, il ne savait pas réagir, il n’avait ni les bonnes attitudes ni les bonnes
    intuitions pour écouter de tels cas. Les victimes n’ont donc pas pu avoir ce contact direct avec les responsables de l’Église, et cette absence de contact a fait que trop peu a été réalisé avec eux ou pour eux. Notre génération d’évêques est dès lors confrontée à un problème qui aurait dû être réglé il y a 20 ou 30 ans.

    Vous allez rencontrer les victimes ?

    Oui, pour entendre ce qu’elles attendent de l’Église. Il ne serait pas bon que nous, évêques, arrivions directement avec des réponses sans les avoir écoutées préalablement. Il y a eu des systèmes d’écoute, de médiation et de compensation, mais nous devons comprendre leurs attentes ultérieures pour qu’émergent des pistes de solutions. Alors qu’à Rome va s’ouvrir la semaine prochaine le synode (une grande réflexion, NdlR) sur l’avenir de l’Église, nous devons aussi pouvoir les entendre sur les réformes structurelles dont l’Église a besoin à leurs yeux. Il ne faut cependant pas attendre des solutions universelles à ces problèmes locaux. Chaque conférence épiscopale doit réagir sans attendre que Rome décide de tout. Sinon, ce serait le meilleur moyen d’étouffer l’affaire.

    Jusqu’ici, l’essentiel des décisions se prend au Vatican. Souhaitez-vous que les évêques locaux aient plus de pouvoir, comme le désire le pape François ? N’y aurait-il pas un risque pour l’unité de l’Église ?

    Non, je trouve cette idée tout à fait positive : les réalités sont tellement différentes d’une région à l’autre qu’il faut donner beaucoup plus de responsabilités aux évêques locaux. Nous ne pouvons plus attendre que toutes les réponses s’appliquent partout de la même manière et soient décidées depuis Rome. Nous devons donc réfléchir à une méthodologie qui nous permettra d’articuler les différentes responsabilités dans l’Église : celles du Pape, celles des évêques et celles des fidèles.

    Quelles responsabilités nouvelles pourrait-on accorder aux évêques dans leur pays respectif ?

    La possibilité d’ordonner prêtre des hommes mariés, ainsi que celle de donner telle ou telle responsabilité aux femmes. Mais aussi la capacité de répondre à certaines questions éthiques ou familiales : bénir les unions homosexuelles qui s’inscrivent dans la fidélité et l’amour mutuel (c’est ce que souhaitent les évêques en Belgique), offrir des réponses adaptées aux demandes d’euthanasie.

    L’Église pourrait donc adopter des positions différentes quant à la question de l’euthanasie ? Cela voudrait-il dire, qu’aux yeux de l’Église, la valeur de la vie varie en fonction des régions du monde ?

    La philosophie m’a appris à ne jamais me satisfaire des réponses génériques en noir et blanc. Toutes les questions méritent des réponses adaptées à une situation : un jugement moral doit toujours être prononcé en fonction de la situation concrète, de la culture, des circonstances, du contexte.

    Pour vous, l’euthanasie n’est donc pas nécessairement un mal ?

    Non, pas nécessairement en tant que tel.

    C’est la première fois qu’on entend un évêque dire cela…

    Nous serons toujours en faveur des soins palliatifs et nous prônons constamment le respect de la vie, mais je regrette que, depuis le Vatican, la congrégation pour la doctrine de la foi affirme que l’euthanasie est toujours un mal intrinsèque, quelle que soit la circonstance. C’est une réponse trop simple qui ne laisse pas de place au discernement. Nous nous opposerons toujours au souhait de certains d’arrêter une vie trop prématurément, mais nous devons reconnaître qu’une demande d’euthanasie d’un jeune homme de 40 ans n’est pas équivalente à celle d’une personne de 90 ans qui fait face à une maladie incurable. Nous devons apprendre à mieux définir les notions et à mieux distinguer les situations.

    Les "dix commandements" de la Bible - dont "tu ne tueras point" - sont catégoriques et semblent concerner toutes les situations. La Bible est-elle contre la philosophie et le discernement ?

    Il est bon de rappeler que l’on ne peut tuer, et je suis contre tous les meurtres. Mais qu’est-ce que tuer, qu’est-ce qu’un meurtre ? Que dites-vous à quelqu’un qui tue un ennemi au nom de la légitime défense ? Que dites-vous à quelqu’un qui est touché par une maladie incurable depuis des années et qui a décidé de demander une euthanasie après en avoir parlé à sa famille, son médecin, ses proches ? Il faut toujours faire référence à la Bible, mais rien n’est plus difficile que de l’interpréter et de l’appliquer à une situation particulière sans tomber dans du fondamentalisme. Dieu compte sur notre intelligence pour bien comprendre sa parole.

    Êtes-vous satisfait de la loi belge en matière d’euthanasie ?

    Ce n’est pas à un évêque de juger de la loi. Je considère plutôt son application sur le terrain, et c’est clair que tous nous craignons que cette application soit trop libérale et qu’il y ait trop de glissements : que des demandes soient trop vite acceptées sans qu’une solution alternative ne soit recherchée. Mais la réponse a ce glissement ne peut être un carton rouge émis à l’encontre de toutes les euthanasies.

  • Le futur synode : chemin vers la sainteté ou communion à l’esprit du monde ?

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    De Pierre Vétois dans la revue mensuelle « La Nef » n° 361, septembre 2023 :

    Vetois-2023©DR-620x330.jpg«Le Vatican a publié fin juin l’Instrumentum laboris, texte qui pose les bases à partir desquelles pourront se déployer les réflexions du synode sur la synodalité d’octobre. Bases pour le moins préoccupantes, d’après Pierre Vétois, qui se demande si ces pistes aident vraiment l’Église à emprunter un chemin de sainteté.

    Saviez-vous qu’il existe du sel sans sel, plus précisément du sel sans sodium ? Du sel que l’on aurait vidé de sa raison d’être et de ce qui lui donne son goût. C’est à ce « sel sans sel » que nous fait penser la future Église synodale projetée dans l’Instrumentum laboris publié le 20 juin 2023 par le Vatican. En effet, malgré notre volonté d’être un fils aimant de l’Église, on ne peut que s’inquiéter des thèmes énoncés dans ce document. Celui-ci est pourtant le premier fruit officiel du Synode sur la synodalité lancé en 2021 par le pape François. Il ouvre ainsi plusieurs chantiers qu’on qualifiera pudiquement de « novateurs » : l’ordination sacerdotale d’hommes mariés, l’ordination diaconale de femmes, l’évaluation régulière des évêques, l’accueil des divorcés-remariés, des polygames ou des personnes LGBTQ+, voire la décentralisation de l’autorité doctrinale, etc. Nous retrouvons ici un bon résumé des rengaines du progressisme occidental qui ont si bien réussi ces dernières décennies, dans d’autres confessions, comme l’Église anglicane au bord de l’implosion (1).

    À nos inquiétudes, on nous répondra qu’il s’agit seulement d’un document de travail destiné à nourrir la discussion des membres du Synode. On nous dira aussi que c’est une émanation fidèle des consultations menées à l’échelon paroissial à travers le monde. Nous n’entrerons pas dans des débats politico-théologiques hors de notre portée sur la légitimité des hommes d’une époque donnée à révolutionner l’Église de Dieu. On rappellera simplement aux apprentis-sorciers que l’Église cherche toujours à interpréter avec justesse les enseignements du concile Vatican II, et cela plus de 60 ans après…

    Retrouver le chemin de la sainteté

    Non, nous aimerions plutôt poser une simple question aux rédacteurs de ce texte et à leurs soutiens : pensez-vous vraiment que cette Église 2.0 donnera beaucoup de saints ? Permettra-t-elle de sauver beaucoup d’âmes ? Nous craignons fort que non. Au contraire, il nous semble que cette Église synodale sera une Église de la discussion permanente, du débat sans fin, de la confusion, voire de la cacophonie doctrinale… Or la Bible nous met explicitement en garde contre cette tendance : « Celui qui parle beaucoup ne manque pas de pécher, mais celui qui met un frein à ses lèvres est un homme avisé » (Pr 10, 19). De plus, le document nous invite à nous mettre à l’écoute de l’Esprit, mais à la lecture des thèmes choisis, on a plutôt l’impression que c’est l’esprit du Siècle qui a été écouté lors de sa rédaction. On conviendra, je l’espère, que ce dernier n’est pas le meilleur chemin de sainteté possible…

    Oui, cette église « en marche » (vers quoi ? ce n’est pas précisé) ressemble bien à ce sel sans sodium, inodore et sans saveur : « si le sel devient fade, comment lui rendre de la saveur ? Il ne vaut plus rien : on le jette dehors et il est piétiné par les gens » (Mt 5, 13-16). Dans ce contexte de crise existentielle sans précédent, la réponse ne peut être une Église pour l’homme – dans son acception minimale – et qui s’aligne sans combattre sur les idoles contemporaines. Au contraire, toutes les crises dans l’histoire de l’Église ont été surmontées par un surplus, par un trop-plein même de sainteté, par de grandes âmes uniquement centrées sur Jésus-Christ. Ainsi au XIIIe siècle, quand l’Église voit l’Occident s’éveiller et s’enrichir de manière inédite, c’est saint François d’Assise qui se lève pour la rappeler à la pauvreté évangélique. Confronté au défi de la Réforme, c’est saint Ignace de Loyola qui vient se mettre à son service en annonçant la Parole de Dieu à l’autre bout du nouveau monde. Enfin, rappelons-nous des apparitions de Lourdes et Fatima à des jeunes gens très simples alors que l’Église se débattait avec les effets délétères de la révolution industrielle… On remarque ainsi qu’aucun de ces saints n’a eu l’ambition de rendre plus horizontale l’Église malgré ses défauts qui n’étaient pas moins flagrants qu’aujourd’hui.

    Une voie sans doute impopulaire

    Qu’on ne se méprenne pas néanmoins, il ne s’agit pas ici d’un nouveau manifeste en faveur d’un conservatisme étriqué. Au contraire, par-delà les querelles liturgiques, c’est l’intensité du regard porté sur Dieu, et uniquement sur Lui, qui nous intéresse. C’est d’ailleurs tout le programme qu’avait dessiné le pape Benoît XVI en 2019. Celui-ci invitait l’Église à « se remettre à vivre pour Dieu » (2) et non pas pour elle ou pour le monde. Ce théocentrisme est notre guide le plus sûr dans ces temps troublés : « Stat Crux dum volvitur orbis » (3).

    Cette voie, j’en conviens, ne nous rendra pas plus agréables ou sympathiques aux yeux de nos contemporains si loin de Dieu. Il se pourrait même qu’une Église entièrement tendue vers la sainteté et l’annonce de l’Évangile soit proprement insupportable pour notre époque. Mais c’est à ce prix que l’on (re)deviendra vraiment « le sel de la terre » celui qui cicatrise les plaies d’iniquité de ce monde.

    Pierre Vétois

    (1) « Bénédiction des couples homosexuels : la Communion anglicane se fissure », La Croix du 21 février 2023.

    (2) Benoît XVI, Se remettre à vivre pour Dieu. Méditation sur l’avenir de l’Église, 2019.

    (3) « La Croix demeure tandis que le monde tourne », devise informelle des Chartreux.

    Pierre Vétois est l’auteur du blog Ecce Mater Tua : https://medium. com/@pierrevetois

    © LA NEF n°361 Septembre 20223 »

    Dans la ligne de l'article, nous joignons cet autre commentaire, à titre d’information :

    Etienne-Montero.jpg« L’Eglise doit adapter sa doctrine à la société moderne, entend-on souvent aujourd’hui. Mais comment distinguer un vrai développement d’une corruption ? »

    Avec le concours d’un consortium d’associations, l’Union, Cercle Royal des Etudiants Catholiques de Liège, accueillera sur ce thème, le mardi 7 novembre prochain à l’évêché de Liège, la conférence d’un professeur de renom, Etienne Montero, citant ainsi une réflexion conclusive de Newman:

    « Ils se trompent, pensait ce dernier, ceux qui prêchent une religion qui console d’emblée, plutôt qu’une religion qui d’abord inquiète. C’est une grande leçon du converti d’Oxford : la vraie Église est celle qui exige et produit la sainteté. Un christianisme accommodé au monde, ayant fait sa paix avec ce monde, renonçant à sa vocation d’instance critique et de « lumière » pour le monde, n’est qu’un christianisme de décadence »

    Licencié en théologie et Docteur en droit, Etienne Montero a été un Doyen remarqué de la Faculté de Droit de l’Université de Namur avant d’être ordonné, en 2017, prêtre de l’Opus Dei que le prélat, Mgr Fernando Ocáriz, nomma ensuite Vicaire Régional pour la Belgique.

    JPSC

  • Le "droit de vivre jusqu'au bout" : Michel Laigle, 73 ans, porteur d’une maladie auto-immune handicapante et sans rémission possible témoigne

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    De gènéthique.org :

    « Un sommet à conquérir »

    27 septembre 2023

    Fin février, 110 citoyens handicapés, malades ou âgés ont signé un manifeste publié dans le Figaro demandant que soit respecté leur « droit de vivre, de vivre jusqu’au bout » et d’exister tels qu’ils sont (cf. « Manifeste des 110 » : « laissez-nous le droit d’exister, d’exister tels que nous sommes »). Michel Laigle, 73 ans, porteur d’une maladie auto-immune handicapante et sans rémission possible, est l’un d’eux. Il livre à Gènéthique le témoignage de sa vie avec la maladie et nous invite à le suivre.

    Avant la fin de la vie, il y a le chemin, plus ou moins long ou douloureux, qui y mène.

    Je pars ici d’un cancer qui s’est déclaré vers l’âge de 50 ans, il y a maintenant plus de vingt ans, alors que j’exerçais comme instituteur dans une école publique. Cancer qui a été traité par une greffe de sang, anciennement appelé greffe de moelle, nécessitant une longue et quelquefois difficile hospitalisation, et surtout l’abandon de mon poste d’enseignant que je n’ai jamais pu reprendre à temps complet.

    Regarder « l’objectif comme un sommet à conquérir »

    En général, je n’ai pas peur des efforts, ni même de certaines souffrances, ayant connu les dépassements de moi-même par le sport, la randonnée en particulier, et surtout la haute montagne. Je n’ai jamais consenti à ces efforts pour le plaisir de la souffrance en elle-même. Je l’ai toujours limitée à ce que je pouvais supporter. J’ai consenti à ces efforts pour la joie de la conquête d’un sommet, d’un paysage, d’une ambiance, et de ce qu’il y a de sublime dans le dépassement de soi-même. J’y ai consenti pour la conquête de l’inutile, comme certains disent à propos d’admirables alpinistes et amoureux de la montagne.

    C’est dans cet esprit que j’ai abordé ces traitements. En regardant l’objectif comme un sommet à conquérir, un sommet appelé la vie.

    Certes, je n’avais pas le choix, mais aucun résultat n’est jamais vraiment garanti. On sait quand on rentre à l’hôpital, on ne sait pas quand, ni comment on en sortira. Abdiquer ? La pensée même ne m’a pas effleuré. Pendant plus de sept mois, j’ai vécu dans un autre monde, avec ma famille comme seul lien à la vie (cf. « La fin de vie n’est pas avant tout un sujet de liberté individuelle mais de solidarité collective »).

    « Être là » et « regarder le présent »

    Le plus dur est l’aujourd’hui, car les effets secondaires indésirables sont handicapants et m’isolent. Ils m’empêchent totalement de pratiquer la montagne, ne serait-ce qu’en randonnée de moyenne altitude, car le souffle ne tient plus. Je ne peux plus pratiquer le chant choral pour la même raison, mais aussi du fait d’une sécheresse buccale totale. J’ai perdu les glandes salivaires.

    Mais il ne faut pas s’inquiéter pour moi. A l’occasion d’un apéritif ou d’un buffet froid entre amis, je trouve mon plaisir à être là au milieu d’eux, avec un simple verre d’eau (cf. « La lourdeur du jour, comme la joie des petits riens »). Pour les repas, il me faut accepter de demander quelques aménagements, et surtout un peu de patience, car il me faut beaucoup plus de temps que tout le monde pour manger.

    Je n’ai pas d’explication à cette sorte de résilience, dont je ne mesure pas le degré, car c’est non mesurable. Pourtant, elle est bien là. Je crois que cela fait partie de la vie, la vie tout-court, parce qu’elle est la vie. En altitude, dans des parois de granit, je m’étonnais de la présence de papillons et de fleurs à butiner. Combien de splendides reportages nous montrent les prouesses de la vie par l’adaptation d’animaux dans les recoins les plus inhospitaliers ?

    Autour de moi chacun respecte, sans chercher à les commenter, ces difficultés quotidiennes, devenues existentielles. J’en parle peu, et mes proches restent discrets, mais toujours prêts au coup de main (cf. « La mort ne sera jamais la solution. La solution c’est la relation »). Le passé en bonne santé revient de temps en temps, mais la puissance de l’esprit c’est de pouvoir s’en détacher, et donc de ne pas sombrer dans quelconque nostalgie ou regret de celui-ci. Regarder le présent tout en essayant d’organiser le futur, qui de toute façon arrivera !

    « Il faut de l’endurance »

    Il m’est arrivé d’aider une personne à franchir le cap de l’hospitalisation. Une femme attendait, comme moi, un rendez-vous dans une salle d’attente. L’air grave, elle regardait par la fenêtre, elle ne s’était pas assise. La conversation s’est engagée malgré tout, et au détour d’une phrase, elle m’a subitement interrompu. « Si vous aviez à refaire les chimiothérapies, les referiez-vous ? » m’a-t-elle demandé. « Bien sûr ! » lui ai-je répondu, « et plus qu’une fois s’il le fallait ! ». Après un court instant, celle-ci m’a dit, et se l’est dit à elle-même autant qu’à moi : « il fallait que je vous rencontre ». La providence a voulu que je la revoie plusieurs années après. Elle était rayonnante, mais je n’ai pas cherché à me faire reconnaître.

    Je ne veux pas pour autant idéaliser ma situation. Certains moments, comme des retours en hospitalisation et des soins lors d’un suivi, font que le quotidien devient de plus en plus dur. J’ai alors l’impression que le sommet est toujours plus loin, comme cela se passe quelquefois en montagne. Il semble s’éloigner. Il faut de l’endurance, mais la partie, je crois, en vaut la peine, et je n’évoque pas l’idée d’interrompre le chemin. J’aurais l’impression d’un abandon de ce qui m’est le plus cher : vivre.

    Salutaire résilience

    Certains disent croire aux forces de l’esprit. C’est ce que je vis chaque jour, jour après jour, sans aucune monotonie, car aucun jour ne ressemble au précédent. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir, dit-on, et mes amis sont les témoins de cette espérance.

    Sans ôter aucune souffrance, cette résilience salutaire installe une paix qui n’a pas d’équivalent, et qui aide au quotidien. Elle est nécessaire, et à la fois tout à fait étrangère à ce que je pourrais faire par moi-même. Vivre quotidiennement, un pied en dehors de la vie et l’autre pied dedans.

    Lire également : La rencontre de notre vulnérabilité : première étape, pour devenir humain !

  • Migrants : le pape serait-il complètement au sud ?

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    De Louis Daufresne sur "La sélection du jour" :

    Migrants : le pape est-il complètement au sud ?

     « L'Église n'est pas une douane » , s'exclama le pape François à Marseille. La phrase, sans figurer dans son discours, résonna dans sa bouche sur les murs du Pharo comme un cri du cœur lancé aux évêques de la Méditerranée mais aussi à Emmanuel Macron et à Gérald Darmanin. L'aphorisme remua-t-il une opinion ballottée entre la mâchoire d'Antoine Dupont et l'OM écrasée au Parc des Princes ? Pas sûr, d'autant que le président de la République s'empressa de clore le sujet migratoire dès le lendemain soir au JT en disant que  « nous faisons notre part » et qu' « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». .

    Cette séquence, et c'est un comble, permit au locataire de l'Élysée de passer pour un chef plus modéré que le monarque catholique. Le revirement de figures de gauche sur l'immigration, sujet bientôt débattu à l'Assemblée, accrut cette impression de sagesse retrouvée : sur le plateau de C ce soir, Jacques Attali fit un plaidoyer pour les frontières extérieures et Bernard Kouchner déclara sur Radio J qu' "on ne peut pas simplement ouvrir les portes". À neuf mois des élections européennes, alors que l'UE discute du pacte sur la migration et l'asile, un sondage réalisé par Confrontations Europe montre que 50 % des Français sont hostiles à l'immigration légale non européenne. On ne parle même pas des clandestins. C'est dire si le pape stupéfie quand il invite à  « élargir les frontières du cœur, en dépassant les barrières ethniques et culturelles ». Mais déranger, n'est-ce pas le lot des prophètes ?

    On ne peut lui reprocher de faire de la politique ou, plus exactement, d'humaniser la politique, comme ses prédécesseurs, et de monter au front de la dignité humaine. Si le pape ne mettait pas son doigt dans les plaies, nul ne l'écouterait et l'audience de l'Église, y compris dans les media, serait celle du dalaï-lama. François ne veut pas agir comme le prêtre et le lévite du bon Samaritain. Surtout ne pas détourner pas le regard.

    Reste que le discours de François contraste avec celui, plus équilibré, de Benoît XVI jugeant que "les immigrés ont le devoir de respecter les lois et l'identité du pays d'accueil ". S'il postule que  « nos frères et sœurs en difficulté (…) ont le droit tant d'émigrer que de ne pas émigrer », le pontife argentin déroule ensuite un programme à sens unique déjà connu :  « Les migrants doivent être accueillis, protégés, promus et intégrés. » Ces quatre mots disent ce qu'il attend d'une  « responsabilité européenne » devant  « assurer un grand nombre d'entrées légales, régulières et durables ». Point notable : il rejette la tradition républicaine de l'assimilation  « qui (…) reste rigide dans ses paradigmes » pour lui préférer l'intégration, c'est-à-dire venir comme on est.

    François corrige les vieux Européens égoïstes, livrés au  « gaspillage », tentés par les  « nationalismes archaïques et belliqueux » et habités par la peur :  « Ceux qui risquent leur vie en mer n'envahissent pas, ils cherchent l'hospitalité, ils cherchent la vie. »  Celle-ci, à ses yeux, s'épanouit dans le brassage : « Dès l'enfance, ''en se mélangeant'' avec les autres, on peut surmonter beaucoup de barrières et de préjugés en développant sa propre identité dans le contexte d'un enrichissement mutuel. »  Douter de ce modèle multikulti, qui montre ses limites comme au Liban, aboutit selon lui au « naufrage de la civilisation ». Ce mot n'est pas la marque déposée d'une Europe fière de son génie et nostalgique de sa puissance ou de ses vieilles pierres. Pour François, « nous ne sommes pas appelés à regretter les temps passés. (…) L'avenir ne sera pas dans la fermeture qui est (…) une inversion de marche sur le chemin de l'histoire. » 

    Chez lui, la migration n'est pas un problème mais la solution à nos problèmes « L'Église n'est pas une douane » sous-tend que toute frontière doit être franchie, alors que l'Église fait sien le principe de séparation, qu'il s'agisse des baptisés et des non baptisés, des clercs et des laïcs, du bien et du mal, du paradis et de l'enfer, etc. Le Vatican est cerné de remparts et de guérites, le chartreux et la carmélite vivent cloîtrés. L'accueil inconditionnel n'existe pas.

    Ce discours recèle trois impensés :

    - l'impensé de l'histoire : comme celle-ci divise, on se focalise sur la famille humaine à l'instant t, sans la vision dynamique faite de projections dans le passé et l'avenir ;

    - l''impensé des origines : celles-ci s'équivalant toutes, elles se fécondent mécaniquement quand elles entrent en contact l'une avec l'autre ;

    - l'impensé du nombre : il ne change pas la nature des problèmes, toute question se résumant à des trajectoires individuelles.

    Ici, le cœur et la raison s'opposent. L'humanitaire pointe les traitements inhumains infligés par la bureaucratie des États européens à des gens pris isolément, quand le politique jauge lucidement le phénomène dans son ensemble et ses répercussions sur la société. Aujourd'hui, ces deux visions ne se parlent ni ne se comprennent.

    Pour aller plus loin :

    Un pape sans concession sur l’immigration

    >>> Lire sur le JDD

  • "Mentir sur la sexualité humaine en la réduisant à des "pratiques" est une véritable violence faite aux enfants"

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    La tribune d'Inès Pélissié du Rausas publiée sur le site d'Aleteia.org montre que le débat autour de l'EVRAS n'est pas seulement belge et que l'on assiste à une offensive transnationale pour éduquer les enfants à la sexualité "en les orientant toujours plus vers l’éducation au plaisir, au choix de l’orientation sexuelle, du genre et même du sexe, sous couvert de santé sexuelle, de « lutte contre […] les discriminations liées à l’identité de genre ou à l’orientation sexuelle, réelle ou supposée », et de promotion du « consentement »."

    « L’éducation à la sexualité », un abus sur les enfants

    26/09/23

    Le projet d’«éducation à la sexualité" lancé par l’Éducation nationale (en France) vise moins à informer les élèves qu’à redéfinir le sens de la sexualité, en contournant la responsabilité des parents. Pour Inès Pélissié du Rausas, auteur de "Les parents, l'école et la sexualité - Qui dit quoi ?" (Cerf), mentir sur la sexualité humaine en la réduisant à des "pratiques" est une véritable violence faite aux enfants.

    Un projet de formation à « l’éducation à la sexualité » a été lancé par le ministère de l’Éducation nationale pour l’année scolaire 2023/2024, à destination du corps enseignant. Il s’agirait de systématiser, du cours préparatoire à la terminale, les trois séances annuelles déjà prévues en les orientant toujours plus vers l’éducation au plaisir, au choix de l’orientation sexuelle, du genre et même du sexe, sous couvert de santé sexuelle, de « lutte contre […] les discriminations liées à l’identité de genre ou à l’orientation sexuelle, réelle ou supposée », et de promotion du « consentement ».

    Une nouvelle vision de la sexualité

    Comment en est-on arrivé là ? À ses débuts en France, en 1974, l’éducation sexuelle est surtout une information sur la biologie de la « reproduction ». Mais dans les années 1980, la lutte contre le sida conduit à la promotion du préservatif, présenté alors comme moyen de prévention. Cela devient l’occasion de montrer aux jeunes des mises en situation appelant l’usage de ce préservatif, et cela au mépris de l’interdiction de promouvoir des messages à caractère pornographique. 

    En 1996, la circulaire ministérielle « Prévention du sida en milieu scolaire : l’éducation à la sexualité » franchit un pas : il ne s’agit plus seulement d’informer les élèves mais de diffuser une nouvelle vision. Certes, la sexualité humaine est encore déclarée « inséparable de données biologiques », mais sa vision doit être « en ajustement constant », non pas aux réalités de la personne humaine et de son corps sexué, mais aux « situations vécues ». Cette vision intègre et banalise toutes les « pratiques sexuelles » possibles — que Freud appelait dans son Introduction à la psychanalyse des « perversions » — en perdant de vue les deux buts essentiels de la sexualité humaine : la dimension de l’amour et du cœur, l’expression, par l’union dans la chair, de l’amour total et exclusif qui unit les époux et la procréation.

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  • La star brésilienne du football Ronaldo a été baptisé à l'âge de 46 ans

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    De kath.net/news :

    La star brésilienne du football Ronaldo a été baptisée à l'âge de 46 ans.

    24 septembre 2023

    L’ancienne star du football brésilien a écrit sur Instagram que le sacrement du baptême lui faisait se sentir renaître en tant qu’enfant de Dieu.

    L'ancienne star du football brésilien Ronaldo (nom complet Ronaldo Luis Nazario de Lima) a été baptisé à l'âge de 46 ans. Il a partagé quelques photos de son acceptation dans l'Église catholique sur Instagram.

    Il a littéralement écrit : « Aujourd’hui est un jour très spécial. J'ai été baptisé ! La foi chrétienne a toujours été une partie fondamentale de ma vie depuis que je suis enfant, même si je n'étais pas encore baptisé. Grâce à la Sainte-Cène, je me sens vraiment renaître en tant qu’enfant de Dieu – d’une manière nouvelle, plus consciente et plus profonde.

    Il renouvelle son engagement à « parcourir le chemin du bien, de sa propre volonté, dans la foi en l'amour de Jésus, dans l'amour de la solidarité ». Enfin, Ronaldo a remercié deux prêtres et ses deux parrains.

    La vie de Ronaldo n’a pas seulement été façonnée par son talent de footballeur et les succès sportifs et économiques qui y sont associés. Il souffrait de divers problèmes relationnels et souffrait d’hypothyroïdie. Cela a mis fin à sa carrière de footballeur et a donné lieu à plusieurs reprises à des commentaires moqueurs sur sa prise de poids inévitable.

    Ronaldo a remporté la Coupe du monde avec l'équipe nationale brésilienne en 1994 et 2002. En 1997, il remporte la Coupe des vainqueurs de coupe européenne avec le FC Barcelone et en 1998, la Coupe UEFA avec l'Inter Milan. Aujourd'hui, il est propriétaire et président du club de football espagnol Real Valladolid.

  • Belgique : le système de santé défaillant débouche sur une demande d'euthanasie

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Belgique : faute de budget, une femme demande l’euthanasie

    25 SEP, 2023

    Shanna Wouters, une femme belge âgée de 38 ans, est atteinte du syndrome d’Ehlers Danloss, une maladie du tissu conjonctif qui lui cause des douleurs insupportables. Confrontée à un système de santé « défaillant », elle ne « voit pas d’autre solution que de demander l’euthanasie ».

    L’état de santé de Shanna s’est fortement dégradé ces dernières années. Elle est désormais dans un fauteuil roulant et reçoit de fortes doses d’analgésiques. L’an dernier, elle a perdu 11 kilos. Elle dort à peine à cause de la douleur. « Je ne peux plus travailler depuis plusieurs années et j’ai besoin chaque jour de soins infirmiers » précise Shanna.

    « J’attends un budget santé depuis des années, mais je n’ai pas ce temps »

    La Belge doit également se battre avec le « système de santé qui est défaillant » . « J’attends un budget santé depuis des années, mais je n’ai pas ce temps » déplore-t-elle. « Depuis janvier, je reçois environ 20.000 euros de budget personnel par an. Alors que j’étais sur la liste d’attente depuis 2017, je n’ai obtenu mon budget que cette année », regrette Shanna. « Le budget que je reçois est loin d’être suffisant pour répondre à mes besoins réels », dénonce-t-elle (cf. Canada : un homme bientôt sans domicile demande l’euthanasie, feu vert du médecin).

    Face à ces difficultés, Shanna ne voit « plus d’issue » (cf. Face au handicap ou à la pauvreté, l’aide médicale à mourir se généralise au Canada).  « J’aimais beaucoup vivre, mais lorsque vous devez vous battre pour survivre chaque jour, il arrive un moment où cela s’arrête. C’est pourquoi je suis en train de mettre en place les documents nécessaires à mon euthanasie », confie-t-elle (cf. Euthanasie en Belgique : de l’acte exceptionnel à la banalisation).

     

    Source : Sud Info (22/09/2023) 

  • « On ne joue pas avec la vie » (pape François)

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    Du site de Famille Chrétienne :

    Euthanasie : « On ne joue pas avec la vie », assure le pape au sujet du projet de loi français

    23/09/2023

    Après sa visite à Marseille, dans l'avion qui le ramenait à Rome dans la soirée du samedi 23 septembre, le pape François a exprimé son opposition au futur projet de loi sur la fin de vie en France, mais aussi une nouvelle fois sa condamnation de l'avortement. « On ne joue pas avec la vie », a martelé le pape à de nombreuses reprises en répondant aux questions des journalistes qui l'accompagnaient.

    A la question de savoir s'il avait, lors de son entretien à Marseille avec le président français le matin même, évoqué le projet de loi en préparation sur la fin de vie - et retardé en raison de son voyage -, le pape a assuré ne pas avoir abordé la question avec Emmanuel Macron. Mais il a aussitôt expliqué avoir déjà « clairement » fait part de son avis au chef de l'Etat français lors de leur dernière rencontre au Vatican, en octobre 2022.

    « On efface la vie des grands-parents, ils sont vieux, ils ne servent à rien ! »

    « Quand il est venu au Vatican, a ainsi précisé le pape, je lui ai dit mon avis, clairement : avec la vie on ne joue pas, ni au début, ni à la fin, on ne joue pas ! » Mon avis, a-t-il insisté, « c'est qu'il faut protéger la vie ». Il a encore fustigé la soi-disante « euthanasie humaniste », « la mort douce » ou « la sélection avant la naissance », avant d'attirer l'attention sur « les colonisations idéologiques qui vont à l'encontre de la vie humaine ».

    Et le pape d'ajouter : « Je ne dis pas que c'est une question de foi, mais c'est une question humaine, il s'agit d'une mauvaise compassion ». « On efface la vie des grands-parents, ils sont vieux, ils ne servent à rien ! », a encore déploré le pape. « On ne joue pas avec la vie ! », a répété le pape, que ce soit à propos de la loi qui ne laisse pas grandir l'enfant dans le ventre de la mère, ou la loi sur l'euthanasie pour les maladies ou la vieillesse”.

    « Il y a une conscience du phénomène migratoire »

    Lors de cette brève rencontre avec les journalistes, le pape François a aussi été interrogé sur « l'échec » perceptible de ses innombrables appels sur le sort des migrants. « Je ne crois pas [que cela soit un échec, ndlr], cela a grandi lentement », a rétorqué le pape, « aujourd'hui il y a une conscience du phénomène migratoire ». Le pape François a par ailleurs reconnu pouvoir ressentir des frustrations dans l’action diplomatique du Saint-Siège face au conflit russo-ukrainien, mais a une nouvelle fois soutenu le travail de la secrétairerie d’État. « Il y a quelque chose avec les enfants qui avance bien », a-t-il annoncé, sans rentrer dans les détails, à propos des enfants ukrainiens qui se trouvent actuellement en Russie et que le Saint-Siège tente de rapatrier dans leurs familles.