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Quand le plus ancien diocèse d'Allemagne veut fermer une église sur trois

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De Peter Hahne sur kath.net/news :

"Auto-dissolution auto-infligée : le diocèse de Trèves veut fermer une église sur trois"

"Des ventes à prix cassés". Contribution d'invité de Peter Hahne

Trèves (kath.net) Un estimé collègue de Tichys Einblick m'a demandé si je ne voulais pas commenter cette triste nouvelle. Mais comment se fait-il que je ne sois pas triste du tout ? Mieux : je ne suis pas surpris parce que ce qui est arrivé devait arriver. C'est quasiment le bilan logique d'une autodissolution que l'on s'est infligée : A Trèves, le plus ancien diocèse d'Allemagne, une église sur trois doit être fermée. Tabula rasa ! La raison : les départs massifs ont fait fondre les recettes. Les bâtiments, mais aussi le personnel et la diversité bigarrée des institutions ecclésiastiques ne peuvent plus être payés.

Pourquoi cela ne m'ébranle-t-il pas ? Prenons la grande ville badoise de Mannheim. Là-bas, dès le début de l'année, les grands journaux titraient : "Mannheim - bientôt la ville sans églises ?" L'un après l'autre, les lieux de culte, catholiques comme protestants, sont fermés. Les mosquées poussent cependant comme des champignons. Il y a 32 églises protestantes dans la ville, seules 12 peuvent encore être conservées.

Un avertissement avait déjà été lancé il y a deux ans par un organisme compétent : environ un tiers de tous les bâtiments religieux en Allemagne ne seront plus utilisés en 2060. C'est ce que prévoyait le professeur Thomas Erne, directeur de l'Institut pour la construction d'églises à l'université de Marburg. Chacune des deux grandes confessions allemandes entretient environ 25.000 bâtiments religieux. Celui qui se rend par surprise à un service religieux découvre la plupart du temps un vide effrayant et béant. En revanche, des projets d'églises indépendantes, souvent à vocation œcuménique, fleurissent surtout dans les villes. Elles parviennent à peine à gérer l'affluence, organisent leur culte dans des salles de cinéma ou de théâtre ou construisent de grands centres communautaires. Tandis que les églises établies sont dans la même situation que les vieux partis en politique : les membres comme les électeurs s'en vont, déçus.

Tout cela était prévisible. Ce n'est pas (seulement) le scandale des abus qui saigne les catholiques. Non, les protestants perdent autant de membres, souvent même plus. Et ce sont tout sauf des raisons financières qui accélèrent l'exode, lequel mène désormais littéralement à l'exitus.

Chez les catholiques, nous assistons à quelque chose qui, en termes de marketing et de stratégie d'entreprise, est d'une rareté mondiale. C'est tellement absurde qu'il n'y a pas de mots pour le dire : Pour se renouveler, pour regagner des membres perdus ou pour les garder, le clergé catholique prend la mesure de l'Eglise protestante, qui pratique tout ce que l'on aimerait qu'elle pratique, et qui a perdu des millions de membres.

Ce serait comme si le drugstore Rossmann s'orientait stratégiquement vers les magasins Schlecker qui ont fait faillite. C'est fou ! Ceux qui espèrent réussir en appliquant les méthodes d'une entreprise en faillite ne doivent pas s'étonner. Trèves nous fait signe. La protestantisation de l'Eglise catholique conduit à se diviser par deux.

La "voie synodale" est le fossoyeur du catholicisme. On y jette des millions d'impôts ecclésiastiques par la fenêtre pour plaquer sur l'Eglise le "modèle de réussite" du luthéranisme. L'éternelle rengaine du mariage homosexuel, des paroisses arc-en-ciel, du sacerdoce féminin ou de l'abolition du célibat coûte moins cher chez les Verts, dans le mouvement queer ou chez AOK et ADAC. Personne n'a besoin de l'Eglise pour cela.

"Mais quand on avait le plus besoin d'elle", affirment les deux collègues libéraux de gauche Stefan Aust (ex-patron du Spiegel) et Heribert Prantl (ex-patron du Süddeutsche), "l'Eglise nous a laissés tomber". Celle qui laisse les personnes âgées mourir sans les consoler et dépérir dans la solitude, personne n'en veut plus et n'en a besoin. Les deux dernières "années Corona" en ont été la dernière preuve. "Chanter depuis les balcons", c'est la seule chose qui est venue à l'esprit du haut clergé. C'est un crime de se mettre au service des organes de l'Etat par obéissance anticipée, au lieu de se laisser déclarer "organisation d'importance systémique". Et maintenant, c'est la rançon !

Si même certains évangéliques de haut niveau entendent désormais par cercle œcuménique de femmes la collaboration avec des musulmans, alors bonne nuit. Et la contribution officielle de l'Église à la Journée de l'unité allemande, diffusée par la ZDF il y a quelques semaines dans la cathédrale d'Erfurt, n'était-elle pas la dernière preuve de la direction prise par ce qui reste du christianisme organisé ? On l'a appelé de manière mensongère un "service œcuménique", mais en réalité, il s'agissait d'un "Erfurter Allerlei", un théâtre idéologique absurde de protestants, catholiques, athées, juifs, humanistes et musulmans. Tout le monde parlait et priait pêle-mêle, en quelque sorte. On ne peut pas faire mieux en matière d'abandon et d'autodestruction. Les Bonhoeffer et les von Galen, les Dibelius et les Dyba se retournent dans leur tombe.

Il est maintenant trop logique que l'on puisse répartir les églises superflues entre les "confessions" d'Erfurt. Chacun aura sa part des soldes. Si de toute façon tout est pareil. Mais quand on est ouvert à tous les vents, on ne peut pas être tout à fait étanche. Il manque même de l'argent pour réparer les toits.

Je connais suffisamment de paroisses et de pasteurs protestants et catholiques qui ont une recette pour redonner vie aux cathédrales et aux cathédrales, aux églises de village et aux maisons de paroisse et les remplir de gens : prêcher le pur Évangile, proche de la vie et orienté vers la Bible. Jésus au lieu de Marx, Marie au lieu de Greta.

Lorsque des évêques renient la croix en entrant dans une mosquée ou placent Greta dans la triade du Père, du Fils et du Saint-Esprit, l'urgence de la foi et l'urgence de la formation se révèlent être les deux faces d'une même médaille. Aucune personne saine d'esprit n'a besoin de cela. Ou alors, laisser l'arc-en-ciel là où il a sa place dans la Bible et dans l'histoire du salut depuis des milliers d'années : chez Noé, qui a emporté deux sexes dans son arche. Celui qui utilise aujourd'hui l'étoile de genre banalise demain les bloqueurs de puberté. Celui qui interdit Winnetou aujourd'hui, interdira la Bible demain.

À quoi sert l'Église dans ce cas ? Thomas Gottschalk n'a-t-il pas raison lorsqu'il a récemment ironisé avec un saint sérieux : "Plus personne n'a besoin de l'Église et de l'ARD !"

Les chrétiens ne se rendent-ils pas compte de ce qui se passe, de ce que l'heure a sonné ?! Le retour aux racines est la seule méthode pour une réforme intérieure, afin de retrouver un rayonnement vers l'extérieur. Faire briller le cœur de la marque : L'espérance par-delà la mort, la pastorale et la mission.

Et supprimez enfin cet impôt ecclésiastique terrible et mortel, encaissé par l'État, unique en Allemagne ! Devenez, dans l'esprit des deux papes vivants, une "église pauvre". Dépendante de Jésus, pas du fisc. L'impôt ecclésiastique finance toutes les folies qui, dans une Eglise orientée vers les dons comme aux Etats-Unis, auraient disparu depuis longtemps dans le nirvana : des congrès ecclésiastiques pires que n'importe quelle convention de gauche. Cette misérable aberration synodale, ce bois et cette dérive. Ce bradage de la substance de la foi comme marchandise de pacotille à prix cassé.

La seule solution pour les finances serait la recette de l'un des plus grands connaisseurs de la scène ecclésiale depuis 50 ans, Helmut Matthies, longtemps chef de l'agence de presse protestante IDEA : l'argent doit rester dans les paroisses et y être géré de manière responsable, indépendamment des autorités religieuses cléricales. Il expose cela et d'autres propositions de réforme de manière convaincante dans son livre "Gott kann auch anders".

Oui, ni Trèves, ni Mannheim, ni aucune autre ville ne devraient fermer une seule église si ce qui est écrit à l'intérieur était à nouveau respecté : L'enseignement biblique au lieu du vide de la foi et de la formation. Personne n'a besoin d'un emballage trompeur. Il vaut mieux chercher l'original.

Comme le chef du quotidien "Welt", Ulf Poschardt, qui a tweeté après avoir assisté à un service religieux de Noël : "Qui peut encore aller volontairement à une messe de Noël si, à la fin du sermon, il pense avoir passé une soirée chez les #Jusos ou les Jeunes Verts ?" Eh bien, on n'a pas (plus) besoin d'une église pour cela. Dommage qu'elle se rende elle-même superflue. C'est triste !

Comme pour le confirmer, le Welt am Sonntag titrait récemment la citation d'un pasteur : "Nous devons peu à peu nous habituer au fait que plus personne ne nous demande rien".  C'est un pasteur grassement payé qui dit cela, pas un sociologue, un athée ou un politicien de gauche. Celui qui renonce à lui-même n'a plus le droit d'exister.

Et personne ne demande vraiment plus aux chrétiens et à leur message ? Dimanche dernier, j'ai pris la parole dans un petit village près du Sachsenring, lors d'un service religieux pour les agriculteurs. Peu de publicité, le tout en plein air sous un avis de pluie. Plus de 1800 personnes ont afflué. Des foules de jeunes, des familles entières. Je n'oublierai jamais ces images émouvantes. Le chant qui y a été chanté est programmatique : "Il va sans Dieu dans l'obscurité ..." Là où l'Eglise a oublié qu'elle avait oublié Dieu, c'est le noir complet.

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