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Le scandale absolu des prêtres et religieux pédophiles

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Plusieurs nouveaux cas de pédophilie dont se sont rendus coupables des membres du clergé ont à nouveau défrayé la chronique durant ces derniers jours. On saluera, à ce propos, le courage d'Eric de Beukelaer, doyen du centre-ville de Liège, qui a accepté de rencontrer sur un plateau de télévision les mères de deux victimes et de répondre aux rudes interpellations du présentateur. Et que pouvait-il faire d'autre sinon exprimer notre honte et notre tristesse face à des comportements que rien ne peut justifier? On retiendra aussi son appel en faveur d'un environnement affectif équilibrant dont doivent bénéficier ceux qui se sont engagés dans un célibat consacré; à ce propos, nous pouvons nous interroger sur la façon dont nous entourons et soutenons nos prêtres...

C'est le moment de reproduire ces propos du cardinal Ouellet formulés il y a quatre ans lors d'une veille de prière pénitentielle en l’église Saint-Ignace de Rome, dans le cadre du symposium sur les abus sexuels sur mineurs organisé par l’Université pontificale grégorienne du 6 au 9 février 2012 :

Abus sexuels : homélie du cardinal Ouellet

Homélie du card. Ouellet

Chers frères évêques et prêtres, chers frères et soeurs dans le Christ

Dans le contexte de la réflexion que nous effectuons au cours de ce Symposium « Vers la guérison et le renouveau », nous nous rappelons que nous sommes ici ce soir non seulement comme croyants, mais aussi comme pénitents.

La tragédie de l’abus sexuel de mineurs perpétré par des chrétiens, spécialement lorsque commis par des membres du clergé, est une source de grande honte et un énorme scandale. C’est un péché contre lequel Jésus lui-même s’est prononcé : « Si on lui attachait au cou une meule de moulin et qu'on le précipite à la mer, ce serait mieux pour lui que d'entraîner au péché un seul de ces petits » (Lc 17, 2). L’abus est un crime qui en fait provoque une authentique expérience de mort pour des victimes innocentes, que Dieu seul peut réellement ressusciter à une vie nouvelle par la puissance de l’Esprit-Saint. Ainsi, avec une profonde conviction et conscience de ce que nous faisons présentement, nous nous tournons vers le Seigneur et nous l’implorons.

Ce geste de purification engage l’Église tout entière, et chacun de nous - évêques, supérieurs religieux, éducateurs, tous les chrétiens – souffre de ce qui est arrivé. Nous demandons que l’Esprit de Dieu, qui guérit et renouvelle radicalement toutes choses, descende sur nous.

Comme membres de l’Église, vous devons avoir le courage de demander humblement le pardon de Dieu, et aussi le pardon de ses « petits » qui ont été blessés ; nous devons demeurer près d’eux sur leur chemin de souffrance, en cherchant de toutes les manières possibles à guérir et soigner leurs blessures selon l’exemple du Bon Samaritain. Le premier pas sur cette route est de les écouter attentivement et de croire leurs histoires douloureuses.

Le chemin de renouveau pour l’Église, qui continuera à éduquer les gens et à établir ses propres structures pour aider à prévenir des crimes semblables, doit inclure le sentiment de « plus jamais ». Comme le disait le Bienheureux Jean-Paul II : « Il n'y a pas de place dans le sacerdoce et dans la vie religieuse pour quiconque pourrait faire du mal aux jeunes » (Allocution aux Cardinaux des États-Unis, 23 avril 2002, n. 3). C’est intolérable que l’abus d’enfants puisse survenir à l’intérieur de l’Église ! Plus jamais !

Avec tristesse, nous voyons tous trop bien que l’abus sexuel des enfants se retrouve partout dans la société moderne. C’est notre profonde espérance que l’engagement de l’Église à affronter ce grand fléau encouragera le renouveau en d’autres communautés et instances de la société affectées par cette tragédie.

Dans ce chemin nouveau, nous, Chrétiens, devons être conscients que seule la foi peut garantir une oeuvre authentique de renouveau dans l’Église : la foi comprise comme personnelle, comme une relation d’amour réelle et vivifiante avec Jésus-Christ. Soucieux de nos propres lacunes de foi vivante, nous demandons au Seigneur Jésus de nous renouveler tous et chacun et de nous conduire par son agonie sur la Croix jusqu’à la joie de la Résurrection.

Quelquefois la violence a été commise par des personnes profondément dérangées ou par d’autres qui ont été elles-mêmes abusées. Il était nécessaire de prendre des mesures à leur endroit et de les empêcher de poursuivre toute forme de ministère dont elles n’étaient évidemment pas dignes. Cela ne s’est pas toujours fait correctement et, une fois encore, nous nous excusons auprès des victimes.

Ayant appris de cette terrible et humiliante expérience, les Pasteurs de l’Église ont le grave devoir d’être responsables du discernement et de l’acceptation des candidats qui veulent servir dans l’Église, en particulier de ceux qui aspirent au ministère ordonné.

Encore choqués par ces tristes événements, nous espérons que cette Veillée liturgique nous aidera à voir ces péchés horribles qui se sont produits dans le Peuple de Dieu à la lumière de l’histoire du salut, une histoire que nous avons retracée ensemble ce soir. C’est une histoire qui parle de notre misère, de nos fautes répétées, mais surtout de la miséricorde infinie de Dieu, dont nous avons toujours besoin.

Aussi nous confions-nous entièrement à la puissante intercession du Fils de Dieu qui s’est « dépouillé lui-même » (Ph 2, 7) dans le mystère de l’Incarnation et de la Rédemption, et qui a pris sur lui toute forme de mal, même ce mal, en détruisant son pouvoir de sorte que celui-ci n’ait pas le dernier mot.

Le Christ ressuscité, en fait, est la garantie et la promesse que la vie triomphe de la mort. Il est capable d’apporter le salut à toute personne.

En poursuivant notre veillée de prière, prions, avec les mots du Pape Benoît XV, pour une appréciation plus profonde de nos vocations respectives, de manière à redécouvrir les racines de notre foi en Jésus-Christ et à nous abreuver profondément à l’eau vive qu’il nous offre par son Église (cfr. Lettre pastorale aux Catholiques d’Irlande).

Puisse l’Esprit Saint, lui qui est Seigneur et qui donne la vie, lui toujours à l’oeuvre dans le monde, descendre sur nous et nous aider par les prières de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Église, dont la puissante intercession nous soutient et nous accompagne pour être dociles et réceptifs à l’amour divin. Amen.

Card. Marc Ouellet

Commentaires

  • Je suis désolé de le dire, au risque de m’attirer les foudres de l’establishment, mais l’Eglise paie la facture d’une crise qui l’affecte depuis maintenant plusieurs dizaines d’années : crise de la foi, crise d’identité, crise d’autorité. Relativisme des convictions religieuses et laxisme moral vont de pair.
    L’hémorragie a commencé peu après le concile Vatican II, vécu par beaucoup comme une libération des contraintes et prémonitoire de la révolution de mai 68. Le sacerdoce en fut la première victime. Comme dit le proverbe chinois : le poisson périt toujours par la tête.
    Qui se souvient encore aujourd’hui de cette prière suppliante d’autrefois : Seigneur, donnez-nous de saints prêtres, donnez-nous de saintes vocations sacerdotales et religieuses…

  • L'Eglise paye en effet les années de "bordel" qui ont suivi le concile Vatican II et la génération "mai 68". Je constate néanmoins que les médias associent systématiquement l'institution avec les coupables, comme si l'Eglise, dans ses règles de base, encourageait la pédophilie, elle qui considère comme illégitime toute sexualité hors du mariage.

    Quand un acte pédophile est commis (ceci est d'ailleurs valable pour tout acte délictuel), il y a un bourreau et une victime. Bien sûr, la victime a droit à notre compassion, mais c'est elle qui, quand-même, devrait porter plainte, immédiatement, et pas via le supérieur hiérarchique du bourreau (qu'il soit évêque, chef de service, voisin de palier ou autre!).

    Les victimes qui n'ont porté plainte que 20 ou 30 ans après les faits ont commis une grave erreur, dans la mesure où elles ont laissé "dans la nature" des prédateurs qui ont eu le loisir de continuer leurs méfaits.

    Et l'attitude qui consiste, aussi longtemps après les faits, à vouloir faire porter le chapeau à l'institution ou à un supérieur hiérarchique (évêque, Pape,...) est tout aussi inacceptable! N'oublions pas que s'il y a une victime, il y a d'abord un bourreau!

  • Cardinal Ouellet: De bonnes paroles, mais peu d'action! Les trois commissions, Harlsberghe, Adriaenssens, Lalieux n'ont rien revele de la verite des crimes commis par les predateurs et par les eveques qui les protegent. Ou sont les dossiers? Ou sont les listes des pretres/pedophiles belges? Et, maintenant que peuvent faire les centaines de victimes (j'en suis) soudoyees et reduites au silence par la procedure d'Arbitrage!

  • Oui, Eric a gardé son sang froid devant les accusatrices camouflées sous perruques et lunettes noires. Dont l'une, bien facile à reconnaître par son fils, en raison de …la voix d'homme sortant de cette personne. Quelles "preuves" ont-elles apporté ? Si le coupable a été suspendu, c'est logique. L'Eglise, composée des "pauvres types" que nous sommes tous, demeure "sans tâche" parce qu'elle est l'Epouse que le Christ s'est choisie.
    Le "plateau" que j'ai vu et entendu a de notre Eglise une vision bien inexacte et cette présentation me paraît n'avoir eu d'autre but que de la salir un peu plus ,dans l'esprit d'un public friand de scandales. Hélas, de tels scandales sont loin d'être l'apanage de l'Eglise: que l'on regarde de plus près toutes les institutions humaines.

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