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Quand une catholique répond aux détracteurs d'une "Marche pour la Vie"

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Cette "lettre" est de saison et pourrait tout aussi bien constituer une défense de la Marche pour la Vie qui a eu lieu à Bruxelles, dimanche dernier

"J’ai lu avec beaucoup d’attention votre texte (il s'agit d'un article paru sur riposte laïque en janvier dernier) sur la marche pour la vie, et la catholique que je suis ne peut s’empêcher de vous répondre.

"Je tiens à vous faire remarquer, tout d’abord, que vous vous êtes trompée sur la nature de cette marche (à Paris, en janvier 2011). Vous la présentez comme une marche uniquement composée de catholiques. Ca n’est pas le cas, et si vous aviez lu attentivement le communiqué de presse, vous auriez vu qu’il s’agit bel et bien d’un mouvement aconfessionnel, réunissant aussi bien des athées, des catholiques, que des protestants ou des Juifs.

Je fais partie de ceux qui estiment qu’il y a énormément de débats interdits en France aujourd’hui : de débats de société importants, vitaux même, qui engagent l’avenir de notre pays, et qui sont ostracisés ou caricaturés à peine entamés.

Il en va ainsi pour l’avortement (comme pour l’euthanasie ou la peine de mort). Or j’estime que non seulement ce ne doit pas être un débat interdit, mais qu’il mérite d’être ouvert. Il ne s’agit pas de culpabiliser les femmes, il s’agit de s’interroger honnêtement, paisiblement et courageusement sur la réalité de l’avortement en France aujourd’hui.

Vous comme moi savons que malgré maints moyens de contraceptions mis à la disposition des Français, le nombre d’IVG en France n’a pas baissé, et qu’il est notamment en augmentation chez les adolescentes. Vous l’avez-vous-même dit, on n’avorte pas par plaisir. Est-il souhaitable alors de continuer dans ces conditions ?

Je suis pour une véritable politique d’aide à la vie, une politique familiale qui donne réellement le choix aux femmes. A l’heure où même des familles heureuses voient l’annonce d’une grossesse comme celui de lourds tracas financiers, et subissent le déchirement d’un choix qui n’est pas libre puisque soumis à des contraintes matérielles et financières, ne pensez-vous pas qu’il serait juste de leur donner la possibilité d’un vrai choix ? Quand payer la scolarité d’un enfant, quand le loger dans des conditions décentes et harmonieuses, quand le faire accéder à la culture, quand l’habiller, quand le nourrir, quand lui payer des études provoquent de si terribles angoisses, on ne peut pas dire que l’on choisit l’IVG librement. Quid des jeunes filles qui découvrent, atterrées, que non seulement le père de l’enfant les lâchent si elles le gardent, mais en plus vivent dans un 8 mètres carrés, avec à peine de quoi payer leur carte Navigo et leur loyer ? Je ne jugerai jamais aucune personne pour les choix qu’elle fait et les actes qu’elle pose. Mais je regrette, profondément, que trop de femmes se retrouvent aujourd’hui acculées à cet acte.

Enfin, et si vous êtes logique avec vous-même, vous ne pouvez pas vous accorder la liberté d’expression dans votre soutien à la loi Veil, et la refuser à ceux qui s’opposent à l’avortement d’un point de vue éthique et philosophique. Nous avons tout autant que vous le droit de contester idéologiquement une loi, le droit de ne pas être d’accord, et le droit d’exprimer librement nos opinions sur le sujet. Caricaturer un « adversaire » n’a jamais grandi une cause. Le traîner dans la boue, non plus. Et s’attaquer gratuitement aux catholiques, de la façon dont vous l’avez fait, en les traitant d’hypocrites, de manipulateurs, de sadomasochistes, taper sur les prêtres et leurs ouailles, c’est rentrer dans une logique de terrorisme intellectuel insupportable et inacceptable.

Je vous ferai enfin observer que le droit à manifester fait partie des lois de notre pays, et que les catholiques qui ont marché, ce dimanche, ont une belle autorisation de Monsieur le Préfet, bien signée et tamponnée. J’espère du fond du cœur, chère Madame, que cette obéissance toute citoyenne, paisible et rationnelle, vous rassurera.

Myriam Picard, ici

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