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La vocation universelle à la sainteté dans l’Église

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Il est de bon ton dans une certaine vision conformiste de la pensée moderne d’opposer une Eglise née de la rupture du Concile et celle qui l’a précédé. Vision qui prend parfois les couleurs de la caricature, comme nous l’avions encore fait remarquer récemment à propos de la conception de la Toussaint.

(cf. http://www.belgicatho.be/archive/2011/10/29/toussaint-ou-halloween.html)

En cette période de Toussaint, l’association du calendrier liturgique entre la fête de tous les saints et la commémoration de tous les fidèles défunts, ce 2 novembre, nous conduit à découvrir – ou à redécouvrir – un texte conciliaire qui concerne tous les disciples du Christ : la vocation à la sainteté.

L’appel à la sainteté dans l’Eglise catholique trouve incontestablement une place de choix dans le Concile Vatican II, et plus particulièrement dans sa constitution dogmatique Lumen gentium. Le raisonnement des pères conciliaires part de la nature même de l’Eglise : « L’Eglise est aux yeux de la foi indéfectiblement sainte. En effet, le Christ, Fils de Dieu, a aimé l’Eglise comme son épouse, il s’est livré pour elle afin de la sanctifier, il se l’est unie comme son Corps et l’a comblée du don de l’Esprit Saint pour la gloire de Dieu ». Et c’est de cette nature sainte de l’Eglise, voulue par le Christ, que Lumen gentium va inférer la conséquence suivante : 

Aussi dans l’Église, tous, qu’ils appartiennent à la hiérarchie ou qu’ils soient régis par elle, sont appelés à la sainteté selon la parole de l’apôtre : « Oui, ce que Dieu veut c’est votre sanctification » (1 Th 4, 3 ; cf. Ep 1, 4). Cette sainteté de l’Église se manifeste en permanence et doit se manifester par les fruits de grâce que l’Esprit produit dans les fidèles ; sous toutes sortes de formes, elle s’exprime en chacun de ceux qui tendent à la charité parfaite, dans leur ligne propre de vie, en édifiant les autres ; elle apparaît d’une manière particulière dans la pratique des conseils qu’on a coutume d’appeler évangéliques. Cette pratique des conseils assumée sous l’impulsion de l’Esprit Saint par un grand nombre de chrétiens, soit à titre privé, soit dans une condition ou un état sanctionnés par l’Église, apporte dans le monde et doit y apporter un lumineux témoignage et un exemple de sainteté.

L’appel universel à la sainteté

Maître divin et modèle de toute perfection, le Seigneur Jésus a prêché à tous et chacun de ses disciples, quelle que soit leur condition, cette sainteté de vie dont il est à la fois l’initiateur et le consommateur : « Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48)…

Appelés par Dieu, non au titre de leurs œuvres mais au titre de son dessein gracieux, justifiés en Jésus notre Seigneur, les disciples du Christ sont véritablement devenus par le baptême de la foi, fils de Dieu, participants de la nature divine et, par la même, réellement saints. Cette sanctification qu’ils ont reçue, il leur faut donc, avec la grâce de Dieu, la conserver et l’achever par leur vie. C’est l’apôtre qui les avertit de vivre « comme il convient à des saints » (Ep 5,3) , de revêtir « comme des élus de Dieu saints et bien-aimés, des sentiments de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de longanimité » (Col 3, 12), portant les fruits de l’Esprit pour leur sanctification (cf. Ga 5, 22 ; Rm 6, 22). Cependant comme nous nous rendons tous fautifs en bien des points (cf. Jc 3, 2), nous avons constamment besoin de la miséricorde de Dieu et nous devons tous les jours dire dans notre prière : « Pardonne-nous nos offenses » (Mt 6, 12).

Il est donc bien évident pour tous que l’appel à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité s’adresse à tous ceux qui croient au Christ, quel que soit leur état ou leur forme de vie ; dans la société terrestre elle-même, cette sainteté contribue à promouvoir plus d’humanité dans les conditions d’existence. Les fidèles doivent s’appliquer de toutes leurs forces, dans la mesure du don du Christ, à obtenir cette perfection, afin que, marchant sur ses traces et se conformant à son image, accomplissant en tout la volonté du Père, ils soient avec toute leur âme voués à la gloire de Dieu et au service du prochain. Ainsi la sainteté du Peuple de Dieu s’épanouira en fruits abondants, comme en témoigne avec éclat à travers la vie de tant de saints l’histoire de l’Église.

Les formes multiples d’exercice de l’unique sainteté

À travers les formes diverses de vie et les charges différentes, il n’y a qu’une seule sainteté cultivée par tous ceux que conduit l’Esprit de Dieu et qui, obéissant à la voix du Père et adorant Dieu le Père en esprit et en vérité, marchent à la suite du Christ pauvre, humble et chargé de sa croix, pour mériter de devenir participants de sa gloire. Chacun doit inlassablement avancer, selon ses propres dons et fonctions, par la voie d’une foi vivante, génératrice d’espérance et ouvrière de charité.

Ceux qui ont reçu la charge de pasteurs à l’égard du troupeau du Christ doivent tout les premiers, à l’image du grand Prêtre éternel, Pasteur et Évêque de nos âmes, remplir leur ministère dans la sainteté et l’ardeur, l’humilité et la force : accompli dans ces conditions, il sera pour eux-mêmes un moyen puissant de sanctification. Choisis pour recevoir la plénitude du sacerdoce, ils bénéficient de la grâce sacramentelle pour exercer en perfection la charge de la charité pastorale par la prière, le sacrifice, la prédication, et sous toutes ses formes, le soin et le service épiscopal, acceptant sans crainte de donner leur vie pour leurs brebis et devenant un modèle pour leur troupeau (cf. 1 P 5, 3), aidant enfin l’Église par leur exemple à avancer chaque jour en sainteté…

Quant aux époux et aux parents chrétiens, il leur faut, en suivant leur propre route, s’aider mutuellement dans la fidélité de l’amour avec l’aide de la grâce, tout le long de leur vie, inculquant aux enfants qu’ils ont reçus de Dieu, avec amour, les vérités chrétiennes et les vertus de l’Évangile. Par là, en effet, ils donnent à tous l’exemple d’un amour inlassable et généreux, ils contribuent à l’édification de la charité fraternelle et apportent à la fécondité de l’Église notre Mère, leur témoignage et leur coopération, en signe et participation de l’amour que le Christ a eu pour son Epouse et qui l’a fait se livrer pour elle. Un exemple semblable est donné par les veuves et les célibataires dont le concours peut être pour la sainteté et l’activité dans l’Église de grande valeur. Pour ceux qui se livrent à des travaux souvent pénibles, leur activité d’homme doit les enrichir personnellement, leur permettre d’aider leurs concitoyens et de contribuer à élever le niveau de la société tout entière et de la création, à imiter enfin, par une charité active, le Christ qui a voulu pratiquer le travail manuel et qui, avec son Père, ne cesse d’agir pour le salut de tous, cela dans une joyeuse espérance, s’aidant mutuellement à porter leurs fardeaux, montant par leur travail quotidien à une sainteté toujours plus haute, même sous la forme apostolique...

Voies et moyens de la sainteté

«Dieu est charité et celui qui demeure dans la charité demeure en Dieu et Dieu en lui» (cf. 1 Jn 4, 16). Sa charité, Dieu l’a répandue dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné (cf. Rm 5, 5). La charité qui nous fait aimer Dieu par-dessus tout et le prochain à cause de lui est par conséquent le don premier et le plus nécessaire. Mais pour que la charité, comme un bon grain, croisse dans l’âme et fructifie, chaque fidèle doit s’ouvrir volontiers à la Parole de Dieu et, avec l’aide de sa grâce, mettre en œuvre sa volonté, participer fréquemment aux sacrements, surtout à l’Eucharistie, et aux actions sacrées, s’appliquer avec persévérance à la prière, à l’abnégation de soi-même, au service actif de ses frères et à l’exercice de toutes les vertus. La charité en effet, étant le lien de la perfection et la plénitude de la loi (cf. Col 3, 14 ; Rm 13, 10), oriente tous les moyens de sanctification, leur donne leur âme et les conduit à leur fin. C’est donc la charité envers Dieu et envers le prochain qui marque le véritable disciple du Christ.

Jésus, le Fils de Dieu, ayant manifesté sa charité en donnant sa vie pour nous, personne ne peut aimer davantage qu’en donnant sa vie pour lui et pour ses frères (cf. 1 Jn 3, 16 ; Jn 15, 13). À ce témoignage suprême d’amour rendu devant tous et surtout devant les persécuteurs, depuis la première heure, quelques-uns parmi les chrétiens ont été appelés et d’autres y seront appelés sans cesse. C’est pourquoi le martyre dans lequel le disciple est assimilé à son maître, acceptant librement la mort pour le salut du monde, et rendu semblable à lui dans l’effusion de son sang, est considéré par l’Église comme une grâce éminente et la preuve suprême de la charité. Que si cela n’est donné qu’à un petit nombre, tous cependant doivent être prêts à confesser le Christ devant les hommes et à le suivre sur le chemin de la croix, à travers les persécutions qui ne manquent jamais à l’Église.

La sainteté de l’Église est entretenue spécialement par les conseils, sous des formes multiples, que le Seigneur, dans l’Évangile, a proposés à l’observation de ses disciples [133]. Parmi ces conseils, en première place, il y a ce don précieux de grâce fait par le Père à certains (cf. Mt 19, 11 ; 1 Co 7, 7) de se vouer à Dieu seul plus facilement sans partage du cœur, dans la virginité ou le célibat (cf. 1 Co 7, 32-34). Cette continence parfaite à cause du règne de Dieu a toujours été l’objet de la part de l’Église d’un honneur spécial, comme signe et stimulant de la charité et comme une source particulière de fécondité spirituelle dans le monde.

L’imitation et le témoignage de cette charité et humilité du Christ s’imposent en vérité aux disciples en permanence ; c’est pourquoi l’Église notre Mère se réjouit de ce qu’il se trouve dans son sein, en grand nombre, des hommes et des femmes pour vouloir suivre de plus près et manifester plus clairement l’anéantissement du Sauveur, en assumant, dans la liberté des fils de Dieu, la pauvreté et en renonçant à leur propre volonté, pour se soumettre à cause de Dieu à une créature humaine, en matière de perfection, allant aussi au-delà de ce qu’exige le précepte, afin de se conformer plus pleinement au Christ obéissant.

Bien des années plus tard, Jean-Paul II approfondira encore le texte de Lumen gentium. Il ne lui échappera pas que le chapitre central que nous venons de parcourir, dédié à la vocation universelle à la sainteté, est et demeure essentiellement lié au chapitre final de la même constitution dogmatique, qui contemple la parfaite sainteté de Marie, que le pape Paul VI lui-même définissait déjà comme « sommet et couronnement » de toute la constitution. Le chemin de l’Eglise en pèlerinage est donc celui d’une progressive configuration avec la Vierge Marie.

 

 

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