Un livre paru récemment devrait nous aider à prendre conscience de ce qui est exigé de la part d'un chrétien aujourd'hui. On n'est pas "sel de la terre" à bon marché. Georges Bernanos s'avère un plus qu'excellent guide dans cette direction et un livre récemment publié l'illustre : "Bernanos, un chrétien dans la Cité" de Cécile Delorme-Reboul
Présentation :
Comment évangéliser la Cité aujourd'hui ? Pour Bernanos, il s'agit d'abord d'une "besogne temporelle", même si elle est "ordonnée à des fins spirituelles". Pour l'accomplir, il faut non réinventer une "Congrégation du Saint Sacrement de l'Autel" mais recouvrer cette vertu humaine qu'est l'honneur. Un homme d'honneur est un homme véritable, capable de ne se laisser contraindre par aucune forme d'oppression, qu'elle soit violente ou sournoise, cléricale, militaire ou totalitaire. Un homme d'honneur est un chrétien "naturel" puisqu'il n'offense ni la foi ni les mœurs. Mais l'inverse n'est pas vrai pour Bernanos : tous les chrétiens ne sont pas automatiquement des hommes d'honneur, ni des hommes libres. "Je crois les gens d'Eglise capables de former des chrétiens moyens, écrit-il, mais le chrétien moyen n'est pas l'Homme chrétien". A mesure que ce dernier a perdu en densité d'être et de grâce, la cité des hommes a gagné sur la cité de Dieu. Alors la voix de "Jeanne, relapse et sainte" a retenti, puis celle de "Frère Martin". Dans ses romans comme dans ses écrits de combat, Georges Bernanos a répercuté le cri de leur âme baptisée mais déchirée par les divisions de la Cité. Non pour entretenir la nostalgie de la Chrétienté mais pour montrer comment l'Homme chrétien, s'il est fidèle aux exigences de sa foi, peut s'imposer au monde par une espèce de dignité, de solidité, qu'aucune leçon ne saurait donner.
(avril 2012, Editeur : Ad Solem, 206 pp.)
Commentaires
Je ne refuse pas en bloc ce point de vue, mais, bien que ce soit le discours que l'on entend le plus souvent, il me paraît tellement sec et pauvrement humaniste ! Je suis persuadé que c'est la prière qui sauvera le monde, et non pas les vertus philanthropiques individuelles. C'est méconnaître le rôle déterminant et sauveur ! des religieux dans l'ombre, dont les prières sont mille fois plus efficientes que nos pauvres efforts. Et la petite pique "il faut non réinventer une "Congrégation du Saint Sacrement de l'Autel" " me semble déplacée, et un rien méprisante pour la piété populaire traditionnelle ?!
@ musard ... D'accord avec vous. Si des chrétiens (Abbé Pierre, Père Damien, Mère Teresa, Soeur Emmanuelle, Père Pire, Abbé Froidure, Moines de Tiberine, ...) furent reconnus comme des chrétiens d'exception, c'est parce qu'ils étaient d'abord et avant tout des hommes et femmes de prière et d'eucharistie, qui forment tous ensemble une vraie "Congrégation du Saint Sacrement de l'Autel". Mais bon, trop de gens ne voient que les actions extérieures et ne se rendent pas compte de ce qui rend possible ces actions extérieures. En citant cette liste de gens assez connus, je devrais faire mémoire aussi de la multitude des hommes et femmes de prière et d'eucharistie qui n'ont pas eu cette visibilité médiatique, et qui ne la recherchaient d'ailleurs pas. Ils agissaient sous le regard de Dieu, pas des hommes.
@ Pauvre Job ... en fait j'ai dû mal m'exprimer, un chouilla ^^ Pas sur la prière, mais j'ai oublié de dire que l'action fait partie de notre vocation de chrétiens, nous avons un devoir de mettre à la disposition de notre prochain les trésors du christianisme, et ce, pas uniquement par l'attente passive. Hop hop hop je me dépêche tout de suite de dire qu'il n'est pas nécessaire d' imaginer que je milite pour un vil prosélytisme menaçant et agressif. Mais je pense aux missionnaires martyrs de l'Histoire, ceux du Grand Nord, les quantités de saints incroyables du XIXè siècle, etc, etc. On est bien loin de considérations de l'ordre de celle-ci :
"Cette vertu humaine qu'est l'honneur" .
En fait on est infiniment plus haut dans la conception du rôle du catholique dans la Cité. Malgré cette heureuse précision, que je salue :
"besogne temporelle", même si elle est "ordonnée à des fins spirituelles".
Cette phrase me plaît beaucoup, elle est représentative de l'esprit d'équilibre, et en même temps de la spiritualité, qui doivent intégralement inspirer nos actions.
Et vous citez comme figures de chrétiens d'exception :
"Abbé Pierre, Père Damien, Mère Teresa, Soeur Emmanuelle, Père Pire, Abbé Froidure, Moines de Tiberine, ..."
Heu, si je puis me permettre, les chrétiens d'exception n'ont pas existé à partir du XIXè, vous me semblez un peu exclusif :D De plus, je vais dire quelque chose qui paraît parfois une hérésie, mais il s'agit d'une opinion personnelle qui ne demande qu'à être remise en question pour être infirmée ou vérifiée ... Mère Térésa, Soeur Emmanuelle, Abbé Pierre, ... je ne connais pas tous ceux que vous citez, mais ceux que je connais, j'ai toujours eu le sentiment étrange que, s'ils accomplissaient à la perfection leur "besogne temporelle", ne manifestaient de subordination à aucune 'fin spirituelle", ou en tout cas pas telle que je me la représente. "Le bonheur de certains appartient, par un mystère de charité, à tout le monde", selon la belle maxime de Claudel. Il me semble qu'il en va de même pour le missionnaire, et le chrétien lambda, vis à vis du salut de l'âme de son prochain. Il nous appartient de nous en soucier, et pour le religieux en terre d'évangélisation, faire découvrir le Christ n'est-il pas la priorité ? Pourquoi alors Mère Térésa jugeait-elle comme un devoir d'aider chacun dans sa religion propre, et lui refusait-elle, d'une certaine manière, la vérité dont il était certainement demandeur, puisque sincère ?