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En caisses !

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IMG_5341.JPGJusqu’il y a peu, j’ignorais complètement ce que sont des barlotières.

Il a fallu qu’une inspection des vitraux de mon église paroissiale constate le déscellement de ces éléments indispensables au maintien des « lumières », comme disent les maîtres verriers, pour que j'en découvre l'existence et le rôle déterminant. Ces barres transversales, scellées dans les montants, assurent la fixation des verrières. Lorsqu’elles se déscellent, les panneaux ne peuvent que se détacher, choir et se briser. Il faut donc les démonter au plus vite, les déposer et les entreposer en espérant pouvoir, qui sait?, les restaurer avant de les remettre à leur emplacement initial. En attendant, le jour pénétrera crûment dans des lieux désenchantés tandis que les vitraux séjourneront « en caisses » dans l’espoir d’une hypothétique résurrection. C’est ce à quoi il a fallu se résoudre et à quoi procèdent en ce moment des mains expertes.

Ces vitraux de mon église paroissiale, tellement beaux par ailleurs, racontent notamment l’histoire de Julienne, une sainte du XIIIème siècle qui a attiré l’attention sur l’absence, au calendrier liturgique, d’une fête en l’honneur de l’Eucharistie. Grâce à elle, la Fête-Dieu a été instituée au pays de Liège en 1246. En caisses, donc. Cela tombe pile au moment où « le Père Curé » de la paroisse, sans y être contraint d’aucune façon, a décidé d’interrompre les célébrations eucharistiques dominicales dans cette église. Curieuse coïncidence…

La mise en caisses de ces vitraux devrait soulager également ceux dont les noms y sont inscrits et dont les armoiries scintillaient lorsque l’avare soleil de nos contrées en faisait vibrer les couleurs. Une vraie aubaine, ça ! Plus personne ne découvrira les noms compromettants de ces généreux donateurs, notables locaux, eux aussi « en caisses », et dont la descendance a, au fil du temps, délaissé cette église d’un quartier jadis prospère. Ca, c’est du pot, parce que, quand même, c’était gênant de pouvoir lire sur les vitraux la liste de ces familles aux patronymes illustres et qui ont désormais.. abandonné ?, oublié ? déserté ? apostasié ? (Biffer les mentions inutiles.)

Les caisses seront donc entreposées dans un bas-côté de l’église, protégées, m’assure-t-on, par une palissade cadenassée, et par un filet métallique par-dessus. C’est plus sûr, on ne sait jamais… Ainsi peut-on se réjouir de voir ces vitraux séjourner dans d’excellentes conditions de sécurité. Bien plus que lorsqu’ils étaient en place et que de joyeux vandales leur lançaient des pierres ! A se demander si l’idéal, pour des vitraux, ne serait pas de sommeiller "en caisses". Une vraie parabole, en somme.

Sacrées barlotières, va !

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